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1570 - 1680 - Archives de l’état civil protestant - Histoire d’une découverte à Saintes en 1861

jeudi 14 février 2008, par Pierre, 7204 visites.

En 1862, L. de la Morinerie fait le point sur ce qu’il a découvert au milieu du capharnaüm indescriptible que sont devenues les archives de la Mairie et du Palais de Justice de Saintes

Des découvertes qui ont fait le bonheur des historiens et des généalogistes de Charente et de Charente-Maritime : les registres de l’état civil des églises protestantes des XVIe et XVIIe siècles et d’autres merveilles encor.

Cette présentation des travaux de L. de la Morinerie se poursuit avec la présentation des Mémoires inédits de Samuel Robert, lieutenant particulier en l’élection de Saintes (1651-52). Voir la présentation de ce document

Histoire d’une découverte.

Source : Bulletin de la Société de l’histoire du protestantisme français – N° 9-10 - Année 1862 - Books Google

Dans le même numéro de ce Bulletin, un article sur les Anciens Synodes et Colloques de l’Angoumois (1560-1791).

 Registre des temples de Saintes, Pons, Garreau [1], Chalais, Vaux et Royan (1570-1685)

Le rapport du préfet de la Charente Inférieure au conseil général de ce département (session d’août 1862) vient de paraître en un volume in-8° de 220 pages, plus 175 d’annexes.

Parmi ces annexes nous trouvons un très intéressant rapport fait par M. L. de la Morinerie, que le conseil général avait, par délibération du 1er septembre 1860, chargé sur la proposition du préfet d’opérer le classement des anciennes archives de la Mairie et du Présidial de Saintes (greffe du Palais de Justice). Les premières de ces archives ne sont que le résidu d’un chartrier qui fut riche sans doute, mais qui, on l’apprend par un procès verbal de 1735, était déjà presque tombé en pourriture dès cette époque, grâce à la négligence qui l’avait laissé en proie à l’humidité à la vermine, aux animaux rongeurs, ces causes de destruction aussi funestes que la haine des plus grands révolutionnaires, ainsi que l’a très bien dit M. Aimé Champollion, dans son Manuel de l’Archiviste.

Ce chapitre 1er ne nous présente rien à mentionner au point de vue de nos études spéciales. La faute en est surtout aux lacunes considérables que signale M. de la Morinerie. « Ce qui est pénible à constater dit-il, c’est la perte des registres de l’échevinage du milieu du XVIe siècle. Nous perdons avec eux des détails intimes sur l’introduction de la Réforme à Saintes, sur la physionomie de la ville pendant les guerres religieuses, sur les différents sièges, et peut être aussi des révélations sur notre célèbre Palissy. »

Quant aux archives du greffe, il faut lire le pittoresque chapitre II du rapport de M. de la Morinerie pour comprendre les difficultés qu’il a eues à vaincre en abordant ce sanctuaire du tohu-bohu, cette espèce de Cour des Miracles, cet arsenal de la vieille Bohême. « Pêle-mêle gisaient étendus sur le sol, dans le désordre le plus fantastique, des masses de pièces à conviction surannées, jetées là au fur et à mesure, vieux fusils de braconniers, vieux sabres, vieilles guenilles tachées de boue ou de sang, instruments des criminels ou défroques de leurs victimes, fœtus d’enfants qui avaient brisé leurs bouteilles d’alcool, et jusqu’à la tête oubliée là d’un assassin exécuté à Saintes il y a longues années ! [2] C’est derrière cet amas puant le crime que s’étageaient des masses informes de papiers, voilées par un rideau tissé de toiles d’araignées poussiéreuses ». Après que deux hommes de peine eurent déblayé ce local et rendu accessibles les archives qui sommeillaient là sur leurs rayons depuis une trentaine d’années au moins sans avoir reçu un coup d’époussetoir, notre hardi pionnier aborde enfin résolument sa tâche, non sans prendre quelques précautions indispensables pour se garantir des émanations malsaines du lieu.

M. de la Morinerie, pressé par le temps n’a pu inventorier tous les papiers antérieurs à 1790, mais il a trié et rangé sous 14 divisions les divers dépôts accumulés dans ce temple de l’oubli.

Dans la 1ère, Archives du présidial de Saintes, il signale, parmi les liasses qu’il a inventoriées, celles intitulées Sentence contre Prioleau, ministre de la R.P.R., 1679 – Rapt d’Henriette de Beauchamp, 1680 ; - et Arrêts curieux contre les protestants, 1679, 1684, 1685 etc.

La 4e division concerne les Registres de baptêmes, de mariages et d’inhumations des protestants avant la révocation de l’Edit de Nantes. Nous citerons textuellement tout ce passage :

« Derrière un amas de papiers provenant de l’Élection de Saintes, sur le rayon le plus élevé du dépôt, j’ai eu la bonne fortune de découvrir un certain nombre des registres de l’état civil de ceux de la R.P.R. Ces registres avaient été réunis au greffe de la sénéchaussée en exécution des ordres du roi après la révocation de l’Edit de Nantes.

Il n’est guère de sources qui soient plus abondantes en renseignements. L’archéologue y puise des indications exactes sur la naissance, sur la filiation, sur la famille de tous les personnages distingués à tant de titres différents qui ont honoré leur siècle et leur pays et dont il aime à relever la mémoire souvent affaiblie, souvent perdue. C’est aussi une pépinière de rectifications précieuses.

Le plus ancien de ces registres regarde le temple de Saintes ; il remonte à 1570. Quelques années plus loin m’apparaissaient Bernard Palissy et son cortège de doctes amis, Pierre Lamoureux, Nicolas Alain, Pierre Goy, etc. tous zélateurs de la Réforme.

Quoi qu’il en soit, je tiens à consacrer l’intérêt capital qui s’attache à ces registres par quelques indications prises à la hâte en les feuilletant.


 Temple de Saintes transféré à Bussac

Deux registres : le premier de 1570 à 1583 ; le second de 1599 à 1627.
La plupart des familles notables, les gens lettrés, les hommes de robe professaient le culte réformé. Voici les noms principaux que j’ai relevés dans les registres du temple de Saintes

Parmi la noblesse : ceux de La Motte-Fouquet, de Villedon, de La Rochefoucauld, de Vallée, de Bretinauld, de Le Breton, de Ransanne, de Guiton, de Mauleuvrier, etc.

Parmi les lettrés : le célèbre antiquaire et poète Samuel Veyrel, qui publiait en 1635 le catalogue, devenu si rare, de ses collections sous le titre de : Indice du cabinet de Samuel Veyrel, apoticaire à Xaintes. Avec un recueil de quelques antiquités de Xaintes, et observations sur diverses médailles (Bordeaux, P. de la Court, in 4°) ; - le poète Jean Greland, sieur de Senousches, conseiller au Présidial, l’un des condamnés a mort compris dans le fameux arrêt du parlement de Bordeaux du 6 avril 1569 [NDLR : voir ce document ] ; - un autre poète, Jacques Regnauld, également conseiller au Présidial ; - Jean Vivier, ancien du temple de Saintes, savant avocat, d’après le dire de Cosme Béchet, son coreligionnaire ; - François Audebert (Francicus Audebertus, typographus), qui imprimait à Saintes, en 1598, avec la marque de Nicolas Pelletier, de Poitiers, le rarissime traité de Nicolas Alain : De Santonum Regione et Illustrioribus Familiis. Item de factura salis. (In 4°)

Je termine ici mes remarques sur les registres du temple de Saintes, en invitant l’administration à rechercher les volumes qui manquent, de 1555 à 1599 et de 1627 à 1685.


 Temple de Pons (1648 1680)

Ce registre a été tenu par deux célèbres ministres : Jean Constans et Samuel Prioleau. Les meilleures maisons de la noblesse saintongeaises fréquentaient le temple de Pons. Je citerai les Polignac, les Bouchard d’Aubeterre, les Beaumont, les Arnoul, les Blois, les Bonnefoy, les Saint-Mauris, les Gua, les Mehée, les Green de Saint-Marsault, les Saint-Légier, les Saint-Mathieu, les La Cour, les Rabaine, les Ballode, etc.

 Temple de Garreau (1666-1676)

Deux maisons considérables possessionnées du côté de Saint-Georges de Cubillac, de Neulles et de Neuillac, les Audebert et les Pressac, remplissent les feuillets de ce registre.

 Temple de Cozes (1665-1668)

Parmi ses fidèles je note les La Rochefoucauld, seigneurs de Sorlut.


Temple de Mortagne (1666-1676)
Temple de Chalais (1666-1676)
Temple de Vaux et de Royan (1679)

M de la Morinerie n’a rien eu à noter au sujet des registres de ces trois temples [3] ; mais la 5e division de son inventaire, intitulée Archives de l’Election de Saintes, lui a fourni quatre pages qui ont encore pour nous un intérêt tout particulier.

Cette présentation des travaux de L. de la Morinerie se poursuit avec la présentation des Mémoires inédits de Samuel Robert, lieutenant particulier en l’élection de Saintes (1651-52). Voir la présentation de ce document


 Anciens Synodes et Colloques de l’Angoumois

Manuscrit Besson (1560-1791)

Au sujet de la communication due à M. Ant. Bourrel (ci dessus p 107), M. G. Goguel de Sainte-Suzanne (Doubs), nous adresse la note suivante où se trouvent rappelés les intéressants documents qu’il avait lui même signalés, il ya vingt-six ans, dans le travail consacré par lui aux Eglises de l’Angoumois, lorsqu’il était pasteur de celle le Cognac :

Le recueil manuscrit des synodes nationaux qui a appartenu à la duchesse de la Trémoille, mentionné dans l’avant-dernier numéro du BuIletin, nous a fait ouvrir une monographie déjà ancienne, l’Histoire des Eglises de la Charente, publiée à Cognac en 1836, in 12. Nous y avons relu (p. 97) que les « Réponses du Syndic du Clergé d’Angoulême aux Mémoires un Eglises prétendues réformées d’Angoumois », mentionnent plusieurs Synodes et Colloques qui montrent l’origine des Eglises de cette contrée, comme l’indique le tableau suivant :

Colloque à Jarnac 1560 Synode à Jarnac 1579
Id. à Châteauneuf 1570 Id. à Sally 1581
Id. à Cognac 1576 Id. à La Rochefoucauld 1584
Synode à Segonzac 1576 Id. à Jarnac 160I
Id. à Lignères 1578 Colloque à Cognac 1607

Cet ouvrage, qui existe à la bibliothèque d’Angoulême, mérite quelque attention de la part des historiens du protestantisme en France.

Nous avons eu aussi entre les mains un recueil manuscrit des Synodes el Colloques de la province ecclésiastique connue sous le nom de Saintonge, Angoumois et Bordeaux, qui appartenait à M Besson, docteur en médecine à la Tremblade, et qui était un héritage de son père, autrefois pasteur du quartier de Jarnac. Cette collection, en deux volumes in 4°, commence en 1744 et finit en 1791. Plusieurs localités témoins de ces assemblées mémorables sont sans désignation, sans doute dans le but de mettre en défaut l’autorité, qui, venant à se saisir des procès-verbaux, n’aurait pas manqué d’empêcher toute prière et prédication par les voies et moyens dont elle avait contracté l’abominable habitude. On y lit les Actes des Synodes nationaux qui se sont tenus dans ce royaume, en ce siècle, savoir :

Au Désert, dans le Bas-Languedoc 1744
Id. dans les Cévennes 1748
Id. dans les Hautes-Cévennes 1750
Id. dans les Basses-Cévennes 1758
Id. dans le Bas-Languedoc 1763

Actes des Colloques généraux de la Saintonge et de l’Angoumois, depuis 1755 jusques et y compris 1776, au nombre de 16

Deux localités seulement, Courlais et Coze sont indiquées, 1750, 1758.

Actes des Synodes provinciaux depuis 1759 jusques et y compris 1791 au nombre de 26

Les localités indiquées sont :
Bordeaux 1761 ; En Angoumois 1762 ; Royan 1763 ; Bordeaux 1765 ; La Tremblade 1766 ; Artouan 1768 ; En Angoumois 1769 ; Coze 1770 ; Bordeaux 1771 ; Mornac 1772 ; Souhe 1773 ; Jarnac 1774 ; Bordeaux 1775 ; Chez Piet 1777 ; Royan 1778 ; Avallon 1781 ; Luzac 1782 ; Saint-Savinien 1784 ; Courlais 1786 ; Bordeaux 1789 ; Jarnac 1787 ; Gemozac1791.

Le Synode de 1787, dont les registres de la mairie de Mainxe, arrondissement de Cognac, font mention, félicita le pasteur Besson, et l’invita à continuer son recueil. Il s’y disposait lorsque la tourmente révolutionnaire amena un nouvel état de choses et ouvrit une nouvelle ère pour la France. Les destinées de la Réforme changèrent complètement, et les Eglises protestantes n’eurent plus ni assemblées synodales ni colloques, malgré les dispositions de la loi qui parut plus tard par la volonté de Napoléon.

Nous n’avons jamais vu cités nulle part ni les Réponses du Clergé d’Angoulême aux Eglises de l’Angoumois, ni le Recueil Besson, qui il faut l’espérer, se conservera dans cette honorable famille ou dans quelque bibliothèque, de manière à perpétuer de glorieux souvenirs historiques qui se rattachent à cette contrée, le berceau de François 1er et le premier champ de travail du grand Calvin, sur lequel la Société de Toulouse va publier un volume, à côté de celui de M. Bungener.


[1Actuellement, sur la commune de Saint-Georges-Antignac

[2Le vrai peut quelquefois n’être pas vraisemblable et ce tableau hideux en est bien la preuve. Nous avons vu nous-mêmes ailleurs des greffes à peu près semblables. Avis à MM. les officiers des parquets.

[3Disons à cette occasion que nous avons depuis longtemps dans nos porte-feuilles des extraits des registres du temple de Douhet près de Saintes (1678-1728), qui nous ont été communiqués par M. J. de Clervaux, et d’autres extraits relatifs aux abjurations de la paroisse de Laval-Lezay en Poitou, que nous tenons de M. le pasteur Roufineau. Ils ont été mis à profit par MM. Haag pour la France protestante.

Messages

  • Petit résumé d’histoire familiale qui peut éclairer sur l’identité du condamné dont la tête est retrouvée à Saintes en 1861 :

    1840. Condamnation de Honoré Crouail pour meurtre
    En 1840, dans le petit village de Soubise, un double assassinat défraie la chronique. Les victimes sont Madame Lachenaye, et sa servante Marie Pauline Furiany. La veuve Lachenaye était une vieille dame de 73 ans, veuve d’un ancien officier de Marine, Pierre André Lachenaye (1760-1828), ancien conseiller municipal de Soubise. Madame Lachenaye était une demoiselle Pinasseau, son père était notaire et son frère Jean (1767-1848) qui a été plusieurs fois maire de Soubise, était encore conseiller municipal au moment du crime. La servante était la fille du garde champêtre Balthazar Furiany, elle avait 24 ans. Les coupables sont Joseph Chassereau, 44 ans, boucher de Soubise, père de six enfants et... Honoré Crouail, 23 ans, boulanger à Soubise, fils et petit-fils de boulangers. Son grand-père Jacques (1735-1790) qualifié de « notable » de Soubise à sa mort, était l’ami du notaire Pinasseau. Son père Jacque-Honoré (1775-1845) a été conseiller municipal pendant 30 années consécutives à Soubise, de 1810 à l’année du crime. Cette affaire, relatée en détail dans la presse locale (Les Tablettes, Journal de Marennes), a sans aucun doute porté un fort préjudice à la famille du criminel, mais aussi, peut-être, à tous les porteurs du nom Crouail qui vivaient sur les bords de Charente au milieu de XIXème siècle.
    22 septembre 1840. Journal « Les Tablettes ». Nouvelles de l’extérieur :
    Un évènement épouvantable se répand. Une dame âgée et sa servante qui habitaient une petite maison à l’extrémité de Soubise ont été trouvées hier au matin, mutilées et sans vie sur le plancher. Le désordre des meubles indiquait que ces femmes s’étaient long-tems défendues, et que le désir de s’approprier leur argent, a été la cause de leur malheur.
    26 septembre 1840. « Journal de Marennes ». (extraits) :
    Un crime affreux vient d’être commis dans la commune de Soubise. Un double assassinat a jeté l’effroi parmi les habitans de cette localité. Dans la nuit de vendredi à samedi 18, où le bruit de l’orage semblait couvrir le crime, Madame Lachenaye, veuve d’un lieutenant de vaisseau de la république, et Pauline Furiani, sa domestique, ont été égorgées dans leur lit. Il paraîtrait, d’apr`s certains indices, que l’assassin était seul, qu’il s’était introduit dans la maison avant le coucher de ses victimes, et qu’il attendit qu’elles fussent endormies. Profitant de leur sommeil, il alluma une chandelle, s’introduisit d’abord dans la chambre de la domestique qui était au premier, et lui porta un coup d’un instrument tranchant sur la figure. Alors dût s’établir une lutte cruelle entre l’assassin et la victime et ce n’est qu’après que celle-ci a été renversée par terre qu’il a dû lui mettre un genou sur le ventre, d’une main la prendre par les cheveux et de l’autre lui couper la gorge d’un coup de coutelas d’une jugulaire à l’autre, jusqu’à la colonne vertébrale. Celle-ci expédiée, il descendit dans la chambre de la maîtresse, qui était extrêmement sourde, alors au lieu de se servir des mêmes armes, l’assassin lui tira un coup de pistolet à bout portant dans l’oreille et cette seconde victime a reçu la mort dans le plus profond sommeil, sans mouvement ni résistance. Libre dès lors dans la maison, ce monstre a ouvert un tiroir de commode où il savait qu’était déposé l’argent. Il a tout enlevé ainsi que l’argenterie et les bijoux. Ce n’est que lundi 21 vers les 11 heures que le garde-champêtre, père de la jeune fille, qu’il n’avait vue depuis trois ou quatre jours, ouvrit la porte de la maison en présence et par ordre de l’autorité. On peut juger de la stupeur des assistans à la vue de deux cadavres et deux chambres semblables à des mares de sang. [...] On se demande comment il a pu se trouver dans un pays de moeurs si douces un être assez féroce pour commetre un tel crime. [...]
    PS : Au moment de mettre sous presse on nous apprend l’arrestation, avec sa femme, du nommé Chassereau, boucher à Soubise, comme prévenu du double assassinat.
    Je n’ai pas consulté les journaux des semaines suivantes. Le procès eut lieu quelques mois plus tard les 16, 17, 18 et 20 juin 1841 à la Cour d’Assises de Saintes (juges Dangibaud et Guillebaud) :
    26 juin 1841. « Journal de Marennes ». (extraits) :
    Les deux accusés furent introduits. Chassereau était assisté de Me Vacherie avocat distingué de Marennes. Croail (sic) était défendu par Me Limail, avocat célèbre à Saintes.
    Chassereau est d’une taille peu au-dessus de la moyenne, il est d’une consistance nerveuse et robuste quoique mince et sans embonpoint. L’expression de sa figure est remarquable par la fixité et la dureté excessive de ses yeux d’un bleu clair et très vif. Sa pose est impassible. Ses paupières seules témoignent de l’émotion par un clignotement souvent répété aux passages de l’acte d’accusation ou de l’exposé de M. le Procureur du Roi. Ses cheveux sont rares et blonds, il a le front et la partie supérieure de la tête entièrement nus. Les personnes qui le voient de près peuvent apercevoir les traces de l’opération du trépan qu’il a subie étant jeune.
    Crouail est un grand jeune homme très pâle, il porte sur sa figure les traces de la dégradation du vice ; ses yeux noirs et sans expression sont enfoncés dans leur orbite. Les deux angles de sa bouche cachée par un manton saillant s’abaissent contrairement aux règles ordinaires et donnent une expression étrange à une physionomie qui n’inspire qu’un profond dégoût, tant elle se montre stupide et méprisable, sa contenance est celle d’un homme fort abattu. [...] 104 témoins sont venus dévoiler tous les faits de cet horrible drame. Plusieurs charges effrayantes sont venues, par leur poids, confondre les dénégations constantes de Chassereau. Quant à Crouail, ses aveux déjà faits depuis quelques mois n’ont pas été complétés, et cependant on a dû comprendre difficilement que cet homme forcé, comme il l’a dit d’assister à la mort de la fille Furiani, ait pu se décider à tuer à son tour madame Lachenaye alors que pour commetre ce second crime, Chassereau l’avait armé d’un pistolet ! [...]
    Le 20 juin, à onze heures, les deux accusés ont été condamnés à la peine capitale. En écoutant l’arrêt lu par le Greffier, Chassereau est demeuré fort calme, il a seulement protesté de son innocence avec son énergie habituelle. Crouail est tombé par terre affaissé par le remord et la crainte de la mort. Ainsi finit ce triste drame qui avait pendant toute sa durée captivé l’attention et la curiuosité de plus de 2000 personnes. Le public et surtout les habitans de l’arrondissement de Marennes comptaient sur la condamnation des accusés qui par avance étaient déjà jugés par cette puissance de tous, exprimée par ce proverbe vulgaire : vox populi, vox dei.

    Dans les Bulletins des Archives Historiques de l’Aunis et Saintonge (tome 27, pp.245-247), on apprend encore que Chassereau fut le quatrième des sept condamnés qui furent guillotinés à Saintes entre 1833 et 1908 :
    Chassereau expia son crime sur la place du Champ-de-Foire, à Saintes, le 15 septembre 1841, à onze heures du matin. « Il a été conduit par des gendarmes et ceux-ci l’ont aussitôt remis aux mains de l’executeur des arrêts criminels, après quoi ledit Chassereau est monté sur un échafaud et l’exécuteur l’a de suite mis à mort en lui tranchant la tête ». La tête de Chassereau, après l’exécution fut dissequée en vue d’expériences médicales par Mr le Docteur Alphonse Mestreau, frère de Frédéric Mestreau, ancien député de Marennes et sénateur de Charente-Maritime, et son crâne resta pendant très longtemps dans le grenier de ce dernier. En tout cas, d’après un rapport fait par M. de la Moranderie au Conseil Général de la Charente Maritime, le 15 septembre 1862, le crâne de Chassereau se trouvait dans un local du greffe, servant de dépôt aux pièces à conviction

    Honoré Crouail vit sa peine commuée en celle des travaux forcés à perpétuité. En outre, Crouail subit l’exposition publique à Saintes le 23 octobre 1841 : « Honoré Crouail a été livré par la gendarmerie à l’exécuteur des arrêts criminels qui l’a attaché à un poteau, ayant au-dessus de sa tête un écriteau portant, en caractères gros et lisibles, ses noms, sa profession, son domicile, sa peine, et la cause de sa condamnation ; ledit Crouail a été ainsi exposé aux regards du peuple, sur la place publique du Champ-de-Foire, depuis onze heures du matin jusqu’à celle de midi. ».
    Honoré Crouail fut conduit au bagne de Brest. Il y décèdera le 30 janvier 1847, à l’âge de 30 ans.

    Pascal Crouail
    SaintonGénéalogie

    Voir en ligne : http://fr.groups.yahoo.com/group/Sa...

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