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1612 - 1789 - Terres et fiefs relevant de l’Evêché d’Angoulême - 2ème partie

mercredi 29 juillet 2009, par Pierre, 5099 visites.

Dans un long document, Edouard Sénemaud, archiviste méthodique, publie un inventaire des terres et fiefs dressé de 1612 à 1640 par Jean Mesneau, chanoine de la cathédrale d’Angoulême. Puis il prolonge la succession des propriétaires jusqu’à la Révolution, à partir de documents tirés de la série G des Archives Départementales de la Charente.

On regrette que les cotes de ces documents ne soient pas mentionnées, car cet inventaire aurait pu constituer une très solide base de recherche. Mais l’ensemble mérite la visite.

Source : Revue nobiliaire, héraldique et biographique - Angers & Paris - 1865 et 1866 - BNF Gallica

En raison de sa taille, ce document est réparti sur plusieurs pages :

Première partie Deuxième partie Troisième partie

Principaux patronymes cités dans cet article

1ère partie : Acarie, Amboise, Arnaud, Aydie, Barbezières, Bareau, Barry, Belcier, Bochard, Brosse, Bureau de la Rivière, La Charlonie, La Châtaigneraye, Châtillon-Saint-Paul, Chauvigny, Craon, Craon-Châteaudun, Guez de Balzac, Guy, Lambertye, Livenne, Lusignan, Montespan, Nesmond, Normand de la Tranchade, Polignac, la Porte, Rancon, Robuste, Rochefoucauld, Rouault, Saint-Gelais, Sainte-Maure, Taillefer, Talleyrand, Thouars, Tizon d’Argence, Vivonne
2ème partie : Abzac de la Douze de Mayac, Aiguechave, Arnaud, Bardonin, Chapiteau de Guisalle et de Rémondias, Chasteigner, Curzay, Fornel de Limérac, Fornel de Minzac, Gourville, Hauteclaire, Lentilhes, Pérusse d’Escars, Prévost de Sansac, Redon, Regnaud, Valleteau de Chabrefy.
3ème partie : Arnauld, Balathier, Boisson, Broglie, Chambes ou Jambes, Chérade, Corlieu, Damas, Damas de Cormaillon, Goullard, Jaubert, Loménie de Brienne, Mareuil, Montalembert, Montbron, Montmorency, Le Musnier de Lartige, Perry de Saint-Auvent, Pons, Prévost de Sansac, du Puy-Montbrun, La Roche-Chandry, Rochechouart, Rohan, des Ruaux, Saint-Gelais, Sainte-Hermine, de Sault ou Dussaux, du Tillet, Tison d’Argence, Vigier, Vivonne, Voyer de Paulmy d’Argenson

XVII. Fief dans la paroisse de Jaudes.

XVIII. Fiefs dans les paroisses de Gourville et Bonneville.

La terre de Gourville possédait haute, moyenne et basse justice. Elle était située en Poitou à quatre lieues d’Angoulême et dix-huit lieues de Poitiers, et se composait de différents fiefs unis, mais relevant de différents seigneurs. La principale partie comprenait le château consistant en domaines, rentes, agriers, banalités, justice et juridiction, avec le titre de baronnie et droit de chapelle.

On a souvent dit qu’il existait des lettres patentes portant érection de la châtellenie de Gourville en baronnie, mais je ne les ai jamais vues.

Le territoire de cette seigneurie s’étendait dans les paroisses de Gourville et de Bonneville et sur le mas de la Chenade, paroisse de Saint-Cybardeaux. Toute cette partie était tenue à hommage lige et devoir de 1 livre 10 sols de l’abbaye royale de Saint-Cybard d’Angoulême, suivant un dénombrement de 1519 et d’autres titres antérieurs.

Il y avait exception pour le fief de Floret, la justice dudit mas et le fief des Lentilhes, tenus des seigneurs de Gourville, choses que ces derniers reconnaissaient tenir des évêques d’Angoulême. Ces fiefs de Floret et La Brousse, et des Lentilhes, entrés dans le domaine des seigneurs de Gourville, furent ensuite transportes par eux à titre de cens et d’agriers. A la fin du XVIIIe siècle, ils étaient tenus directement de l’évêché.

Aux deux fiefs qui précèdent, tenus par les Gourville, il faut encore ajouter celui d’Aiguechave, et d’autres dans les paroisses de Genac, Bignac, Lanville, Auge, Saint-Médard, Montigné ; car les inféodations et sous-inféodations étaient nombreuses. Ainsi les seigneurs de Gourville tenaient des fiefs à Aiguechave, à la Pouade, à Choumède, à Pontoux, le tout sis en la paroisse de Genac ; les dénombrements en étaient rendus pour une partie par Guillaume Girard, sieur de Saint-Genis, à Hugues d’Aiguechave, le jour de la Saint-Jean de Tan 1324, et par ce même Hugues d’Aiguechave au seigneur de Gourville. Il existait d’autres fiefs dans la paroisse de Rouillac. à La Gascherie et ailleurs, suivant les dénombrements rendus par François Nourrigier à Louis de Rouffignac le 6 mars 1494, et par Aubert de Massougne à Guichard de Rouffignac le 14 décembre 1528. Pour ces derniers objets, les seigneurs de Gourville portaient, comme pour les eaux et pêcheries de la Charente, à Pontoux, l’hommage aux seigneurs de Marcillac, dès le 4 novembre 1445.

Ainsi dans le principe, Gourville devait trois hommages :
1° à l’abbé de Saint-Cybard ;
2° à l’évêque d’Angoulême ;
3° aux seigneurs de Touriers, puis aux seigneurs de La Rochefoucauld, acquéreurs de Touriers et seigneurs de Marcillac. Après 1766, par suite des arrangements pris par l’évêque avec la maison de La Rochefoucauld, qui céda pour indemnité à l’évèché la châtellenie de Genac, l’hommage dû par Gourville aux La Rochefoucauld pour les fiefs situés dans ladite châtellenie de Genac, dut être reporté à l’évèché.

Je ferai suivre ces notes de quelques renseignements sur la généalogie de la première maison de Gourville, qui était une famille d’origine chevaleresque, et qu’on rencontre dans l’histoire de la province dès le commencement du XIe siècle

On trouve des preuves de la maison de Gourville dès le temps du roi de France Henri Ier et du comte d’Angoulême, Geoffroy. A cette époque vivaient Arnaud de Gourville, chevalier, seigneur du dit lieu, et Guillaume de Gourville son frère, nommés dans un titre de l’abbaye de Saint-Amand-de-Boixe.

Arnaud fut père de Pierre, seigneur de Gourville qui, sous le règne de Philippe Ier, donna du consentement de sa femme Arsendis la moitié de l’église de Gourville à Eudes, abbé de Saint-Jean-d’Angély.

Hélie, fils de Pierre, est mentionné dans une charte de Saint-Cybard de l’an 1125.

Il existe ensuite une lacune de plus d’un siècle jusqu’à Hélie de Gourville, chevalier, seigneur de Gourville et du Lindois, en 1238. Peut-être dans cet intervalle pourrait-on placer Baud de Gourville, chevalier, qui rendit hommage à Ranulphe, abbé de Saint-Cybard, vers 1171. Parmi les témoins figurent Josselin, abbé de Saint-Amand-de-Boixe, et P. évêque d’Augoulême. (Gallia christ., t. II.)

Le fils du seigneur de Gourville, nommé Hélie comme lui, fut choisi en 1260 par Eléonore d’Angleterre, comtesse de Leycester, pour arbitre entre elle et ses frères utérins Guy de Lusignan, Geoffroy et Guillaume de Valence.

Cet Hélie de Gourville avait traité en 1259 avec Robert, évêque d’Angoulême. Il est encore mentionné dans deux actes de 1265 et de 1281.

Son fils et successeur, Guillaume de Gourville, dit aussi de Chabanais, seigneur de Gourville, du Lindois et de l’Etang, 1285, — 1308, — 1314, eut une sœur, Sybille, mariée en 1284 à Guy Sénéchal, seigneur de Dienné et de Mortemer.

En 1297, le vendredi avant la Pentecôte, il rendit son aveu à la dame de Touriers, Agnès, fille d’Arnaud Bochard. En 1301, le mercredi avant la fête de Saint-Hilaire, il reçut le dénombrement du fief des Lentilhes, rendu par Emery, seigneur du lieu.

Le mercredi après la Pentecôte de l’an 1307, Guillaume rendit son aveu à Hélie, abbé de Saint-Cybard, avec hommage lige et achaptement de cent sols.

Il mourut après 1314 et laissa deux fils :

  • 1° Hélie, seigneur de Gourville et du Lindois ;
  • 2° Guy de Gourville, d’abord chanoine de l’église d’Angoulême, puis chevalier, seigneur de l’Etang, paroisse de Massignac, et marié avec dame Hilaire Bouchard, de la maison de Pauléon.

Guy testa en 1344 et laissa une fille, Jeanne de Gourville, qui porta la seigneurie de l’Etang dans la maison de Vivonne, par son mariage avec Hugues de Vivonne. La famille de ce nom conserva cette seigneurie jusqu’en 1473, époque à laquelle elle fut vendue par Thomas de Vivonne, seigneur de Fors, à Pierre Chasteigner, chevalier, seigneur de Saint-Georges-de-Rexe.

Hélie de Gourville, dit aussi de Chabanais, seigneur de Gourville et du Lindois, reçut en 1316, le mardi avant la fête de Marie-Madeleine, le dénombrement d’Hugues d’Aiguechave. Il épousa Marquise d’Archiac qui était veuve en 1336. De cette union naquirent un fils, qui suit, et une fille.

Guillaume, seigneur de Gourville et du Lindois, mentionné dans divers actes de 1344 et 1351, épousa Ysabeau Cherchemont, qui ne lui donna point d’enfants. Elle vivait encore en 1393.

La fille d’Hélie et de Marquise d’Archiac, Ysabeau de Gourville, épousa en premières noces en 1336, Gauvain-Chenin, seigneur de Biars en Saintonge et de La Jarrie en Aunis, qui mourut sans enfants, et en secondes noces, Jean Chasteigner, chevalier, seigneur de La Melleraye, de Saint-Georges-de-Rexe et de la Salle d’Aistré, auquel elle apporta la châtellenie du Lindois, vers 1351.

Ysabeau était veuve de Jean Chasteigner en 1378. Elle fit hommage de son hébergement et hôtel du Lindois au seigneur de Montbron, en 1387. Elle vivait encore en 1405, ayant eu de Jean Chasteigner quatre enfants :
1° Hélie ;
2° Simon ;
3° Jean ;
4° Ysabeau, qui épousa Jean de Saint-Gelais, écuyer, seigneur des Ravardières, en Poitou.

La première maison de Gourville se trouve ainsi éteinte vers la fin du XIVe siècle. Elle s’était fondue dans celle des Chasteigners qui existe encore de nos jours et dont une branche réside en Angoumois.

Les Gourville portaient d’or, au lion de gueules, couronné et lampassé d’argent.

La terre de Gourville depuis cette époque jusqu’à la Révolution fut possédée par plusieurs familles.
Je nommerai celles dont j’ai pu retrouver les noms :

  • 1405. Philippe Tanelli, damoiseau, seigneur de Gourville.
  • 1441. Dame Jeanne Paulte, dame de Gourville, nommée encore avec la même qualité dans un titre du 8 mai 1452.
  • 1445. Jean de Rouffignac, seigneur de Gourville.
  • 1472, le 26 décembre, Jean de Rouffignac rend son aveu à Raoul, évêque d’Angoulême.
  • 1494. Louis de Rouffignac.
  • 1519. Guichard de Rouffignac, nommé encore en 1528 et en 1542.

En 1660 et le 25 octobre, par acte d’échange passé devant Gigault notaire à Paris, M. le duc d’Orléans, Mme de Bourbon son épouse, fille de M. le prince de Condé, premier prince du sang, et de Mme de Montmorency, délaissèrent à Jean Héraud Gourville, secrétaire d’état, la terre de Gourville qui était dite relever de l’abbé de Saint-Cybard et de tels autres seigneurs qui se trouveraient.

Elie Héraud, seigneur de Gourville (sans doute le frère de Jean) et secrétaire du Roi, eut d’Anne Prévéraud, une fille nommée Anne, qui par mariage, porta la seigneurie le 13 avril 1676, dans la maison de Hauteclaire. François de Hauteclaire, écuyer, seigneur de Fissac, son époux, en eut un fils, François-Philippe de Hauteclaire, né le 25 août 1685 et qui devint seigneur de Fissac, de Gourville et de Bonneville. Il était capitaine en 1706 dans le régiment de Nivernais, et il épousa le 26 juillet 1718 Henriette-Julie Craste, fille d’un gentilhomme allemand qui lui donna plusieurs enfants.

La famille de Hauteclaire possédait encore Gourville en 1755. Le 23 juin 1780, cette terre fut acquise par licitation par M. Jean Valleteau de Chabrefy, écuyer, receveur des tailles, moyennant 240,000 livres, à la charge de payer deux rentes à l’hôpital de La Rochefoucauld, de trois cents livres chacune.

Héraud de Gourville. — D’argent au chevron d’azur, coupé par la cime, accompagné de trois hermines de sable, posées 2 et 1.

Hauteclaire. — D’azur à une tour a*argent.

Valleteau de Chabrefy. — Parti, d’argent à l’aigle de sable, au vol abaissé, et d’argent à trois monts de sable de trois coupeaux, posés en pyramide ; celui du haut supportant un coq au naturel.

- Fief d’Aiguechave
.
Le fief d’Aiguechave, tenu par les seigneurs de Gourville, était situé dans les paroisses de Genac, Bignac et autres, ainsi que le constate un dénombrement rendu le 26 décembre 1472, par Jean de Rouffignac, seigneur de Gourville, à l’évêque Raoul. Ce dénombrement contient onze articles dont l’un de 60 boisseaux de froment sur les terres et vignes de La Touche-Alis, en la paroisse de Genac, un autre de 5 boisseaux sur d’autres terres audit lieu, un autre de 6 boisseaux sur d’autres terres à La Pouade, etc.

1215. Hugues d’Aiguechave reçoit un dénombrement de Guillaume, Pierre et Arnaud Prévost
1312. Richard d’Aiguechave reçoit un dénombrement de Pierre, Jean et Guillaume Tricard, frères.
1314. Hugues d’Aiguechave.
1316. Le mardi avant la fête de Sainte-Marie-Madeleine, Hugues d’Aiguechave rend son dénombrement à Hélie, seigneur de Gourville.
1323. Le mercredi après la fête de Saint-Pierre et Saint-Paul, Hugues d’Aiguechave reçoit permission d’Amaury de Craon, seigneur de Marcillac, de faire garenne dans les terres et les bois qu’il a proche Pontoux, au lieu appelé La Touche.
1444. Le 23 janvier, Hugues d’Aiguechave rend son dénombrement d’une partie dudit fief à l’abbé de Saint-Cybard.
1446. Jeanne d’Aiguechave, fille et héritière de feu maître Macé d’Aiguechave.
1473. Jean de Rouffignac, seigneur de Gourville et d’Aiguechave, écuyer, rend son dénombrement à Marguerite de La Rochefoucauld, veuve de Jean de La Rochefoucauld et mère et tutrice de François.

- Fiefs de Floret, La Brousse et La Folie.

Le fief de Floret comprenant aussi celui de La Brousse, relevait de l’évêque d’Angoulême ainsi que le prouve un dénombrement rendu par Ytherot Roussigneul à cause de Perrine Reyne, sa femme à Jeanne Paulte, dame de Gourville, le 8 mai 1452. Ce fief se composait de l’hébergement de La Brousse et de plusieurs bâtiments et domaines parmi lesquels je citerai le bois de Combe-Chabot, ceux de La Brousse, les lieux du pré Rougneux, du Peyrat, au sentier de Frédefont, à la voie du pont de La Bretonnière, aux Martres, au Coudret, à la croix de Gagner, au pré de Serigné, au petit Floret, les agriers du Luquet, à Fontanelles ; les agriers du mas Cheray ou la Sigougne de Villeneuve ; les agriers de La Brouce, tout le mas de Floret, du Brouillault, du Coudret et autres aux Méchins.

- Fief des Lentilhes

Le fief des Lentilhes renfermait plus de 160 journaux de domaines, et plusieurs bâtiments dispersés dans les paroisses de Gourville et de Bon neville. Le dénombrement de 1301, rendu par Emery de Lentilhes à Guillaume de Gourville en donne l’énumération en 72 articles. Je citerai ceux qui se trouvaient situés à Ferrières, aux Dognons, à Combe-Bonne, à Lagarde, à Combe-Aubert, aux Courances, aux Rochères, en la rivière de Broc, à Pierre-Fiche, à l’Aligier, au Rivaud, au Puy du Caire, au Chatelars, à Sondreville. J’ajouterai pour terminer, les maisons joignant le four de Gourville, au Breuil, à La Figerasse, à Mont-de-Froy, à La Loge, à Creuse-Font.

1301. Le mercredi avant la fête de Saint-Hilaire d’hiver, Emery de Lentilhes rend son dénombrement à Guillaume de Gourville, pour son fief des Lentilhes.

1405. Le 10 mars, Philippe de Lentilhes, fille de Jean de Lentilhes d’Agenac, épouse de Hélie Laurent, clerc de Vars, rend son aveu et dénombrement à Philippe de Tanelli, damoiseau, seigneur de Gourville, avec achaptement de 5 sols, payables en monnaie courante à mutation de seigneur.

Il résulte de tous les titres dont j’ai donné l’analyse, que les fiefs de Floret ou de La Brousse, et La Folie, et celui des Lentilhes, situés dans les paroisses de Gourville et de Bonneville, ce qui dépendait de la terre de Gourville dans la paroisse de Genac et dans celles de Rouillac, Saint-Cybardeaux, Montigné et autres, relevaient de l’évêché, excepté une partie d’Aiguechave en 23 articles portés par le dénombrement rendu le 23 janvier 1444 par Hugues d’Aiguechave à l’abbé de Saint-Cybard, dont la plupart paraissent avoir la même dénomination que les objets énoncés dans les dénombrements rendus aux évêques d’Angoulême et aux seigneurs de Marcillac, à l’exception encore du fief de La Chenade, situé dans la paroisse de Saint-Cybardeaux.

Ces fiefs étaient composés de domaines, de rentes, d’agriers, avec les droits de justice sur La Rrousse et Floret.

  • Les domaines consistaient, en 1780, dans l’île de Gourville, près les moulins de Pontoux, contenant 16 journaux, plus deux journaux et demi d’autre part, appelés La Treuille, de la valeur de 400 livres de revenu sur le pied de la ferme, faisant au denier vingt, un capital de 8,000 livres
  • Plus le bois de Brousseletier, contenant environ 20 journaux de hauts taillis, de la valeur de . . . 6,000
  • Plus 21 journaux de terres autrefois en vignes, qu’on faisait valoir à la main, de la valeur de. . . 2,400
  • Plus dans les agriers et grange de recette du fief de La Brousse et Floret, affermés 624 1. au capital de 12,480
  • Plus dans les agriers d’Aiguechave affermés 300 l. au capital de...... 6,000
  • Plus dans ceux de Tanges et de Pontoux affermés 1,000 1. au capital de..........20,000 liv.
  • Plus dans ceux du plantier des Croges joignant celui de Tanges, non affermés et portables, ledit plantier de 150 journaux ou environ, de la valeur de 200 livres de revenu, au capital de......4,000
  • Plus dans un petit quartier d’agriers du mas de Tanges, contenant 10 journaux ou environ, non affermés et portables, de la valeur de 15 livres de re-venu,au capital de........... 300

Les rentes seigneuriales répandues dans lesdits fiefs, en 107 articles, consistaient en 31 boisseaux et 1/2 de froment, 26 boisseaux 3/4 d’avoine, mesure de Marcillac, dont le boisseau froment pesait 60 livres et contenait 8 mesures ; plus 41 chapons, 30 gelines, 80 livres 16 sols 7 deniers en argent, une pinte et chopine d’huile, pouvant être évalués, savoir :

  • Le froment à 4 1. 10 s. le boisseau, les 31 boisseaux et 1/2 valant...............142 l.
  • Celui d’avoine à la moitié, les 26 boisseaux 3/4 valant..........60 1.

Les 41 chapons à 18 s. valant 37 1.18 s
Les 30 gelines et 1 /2 à 12 s. valant 18 l.16 s.
L’huile à 20 s....... 11.10 s.
L’argent......... 80 1.16 s. 8 d.

Avant 1780, la terre de Gourville était affermée par bail judiciaire, 10,800 livres, et le bailliste payait en outre aux contrôleurs aux saisies réelles le sou par livre montant à 540 livres, plus 500 livres par an par forme de pot de vin. En ajoutant les frais de bail, du procès-verbal et les impositions, on arrivait, suivant le calcul des gens d’affaire de l’évêque, à une somme qui dépassait 12,000 livres par an.

- XIX. Fiefs dans les paroisses d’Echallat et Saint-Amand-de-Noire.

M. du Chambon.

- XX. Fief dans la paroisse de Villejésus.

- XXI. La terre et seigneurie de Cellefroin.

M. de Sansac.

« La baronnie de Cellefroin, consistant en trois paroisses, appartient principalement à l’abbé et à un ou deux religieux de l’ordre de Saint-Augustin. L’abbaye a dans le bourg de ce nom une ancienne habitation, à présent (1726) en partie ruinée aussi bien que les principales maisons du bourg.

« Le comté de Sansac, érigé sous ce titre en 1657, partage les droits de cette abbaye [1]. »

Le seigneur de Sansac, en faveur duquel la terre fut érigée en comté, était un Bardonin venu de l’Agénois.

- XXII. Fief dans la paroisse de Beaulieu-Cellefroin. M. le marquis de Sonneville.

Ce fief qui se trouvait depuis le XVe siècle dans la famille des Prévost de Sansac, passa vers le milieu du XVIIe aux Bardonin qui vinrent s’établir vers cette époque en Angoumois. Le marquis de Sonneville appartenait à cette dernière famille.

Prévost de Sansac : d’argent à deux fasces de sable accompagnées de six merlettes de même, posées 3, 2,1.

Bardonin, comtes de Sansac, seigneurs de Boisbuchet, de Sonneville, etc. : D’argent, au chevron de gueules, accompagné de trois hures de sanglier arrachées de sable, défendues d’argent.

- XXIII. La terre et seigneurie de La Rochefoucauld.
M. de La Rochefoucauld.

La maison de La Rochefoucauld, si nous en croyons certains généalogistes, serait sortie des anciens sires de Lusignan dont elle porterait les armes avec une brisure de trois chevrons et la Mellusine en cimier. C’est une question que je ne chercherai point à élucider. Je laisserai donc de côté cette tradition respectable et je me contenterai d’ajouter que cette famille remonte à la fin du Xe siècle.

Son premier auteur connu, Foucaud de La Roche, appelé vir nobilissimus, apparaît vers 1019 ; il vivait encore en 1037.

Son fils, Guy Ier, seigneur de La Rochefoucauld, fit donation à Saint-Florent, le 19 mars 1060, avec Aymar son frère, Mayence sa femme, Guy et Arnaud, ses fils, de l’alleu des Coutures, situé dans le pays de Briou, et contenant sept manses, plus la moitié de l’église dudit lieu des Coutures, consacrée d’abord à saint Georges et depuis à saint Nicolas. On connaît une charte donnée la même année par Aymar, châtelain de La Rochefoucauld, Guy, son frère, Guy el Arnaud ses neveux et contenant donation à Saint-Florent d’une petite église située près du susdit château, avec tous les droits et revenus qui en dépendent, pour que les religieux y fondent un monastère et y établissent même un bourg, s’ils le jugent convenable, ladite donation confirmée par le roi de France, les comtes de Poitou et d’Angoulême, et l’évêque de cette ville [2].

La maison de La Rochefoucauld a eu une grande illustration ; on la trouve aux croisades, dans toutes les guerres du moyen âge. Elle a rempli de grandes charges à la cour, a fourni des princes de l’Eglise, a possédé de grands fiefs et s’est alliée aux plus grandes comme aux plus nobles familles.

Guy VIII de La Rochefoucauld, seigneur de La Rochefoucauld, de Marcillac et des quatre quints de Châteauneuf, acquit les seigneuries de Montignac et de Touriers, de Péronnelle, vicomtesse de Thouars. Il servit contre les Anglais, devint chambellan du roi et fut nommé gouverneur d’Angoumois.

Foucaud III ajouta à tous ces titres que possédait son père celui de seigneur de Marthon.

Jean Ier fut sénéchal d’Angoumois et capitaine de Fronsac.

François Ier, baron, puis Comte de La Rochefoucauld, fut chambellan des rois Charles VIII et Louis XII. En 1494, il fut le parrain de François, fils de Charles, comte d’Angoulême, et de Louise de Savoie. Devenu roi, François Ier nomma La Rochefoucauld son chambellan ordinaire et érigea en 1515 la baronnie en comté, c en mémoire, disent les lettres-patentes, des grands, vertueux, très recommandables services qu’icelui François, notre très cher et amé cousin et parrain, a fait à nos prédécesseurs, à la couronne de France et à nous. »

François V, comte, puis duc de La Rochefoucauld, reçut le collier des ordres du roi en 1619 et fut gouverneur du Poitou et de Château-Randan. Louis XIII, par lettres-patentes d’avril 1622, enregistrées le 4 septembre 1631, érigea son comté de La Rochefoucauld en duché-pairie.

François VI, l’auteur des Maximes, prit une part active à la guerre de la Fronde.

François VII, duc de La Rochefoucauld, pair et grand veneur de France, prince de Marcillac, marquis de Guercheville, duc de La Rocheguyon et de Liancourt, baron de Verteuil, chevalier des ordres du roi, grand maître de la garde-robe, devint mestre-de-camp du régiment Royal-Cavalerie en 1666 et fut gouverneur du Berry en 1671.

La famille de La Rochefoucauld s’est divisée en de nombreuses branches dont quelques-unes comptent encore de nos jours des représentants. Le chef de nom et d’armes est M. François-Marie-Auguste-Emilien, duc de la Rochefoucauld et de Liancourt, duc de La Rocheguyon, prince de Marcillac, né en 1794.

Les La Rochefoucauld ont contracté des alliances avec la maison de Bourbon et avec celles de Bauffremont, Borghèse, Castelbajac, Clermont-Tonnerre, Montaut, Pangé, Polignac, Rastignac, Verteillac, Villeneuve, etc.

« La terre particulière de La Rochefoucauld contient vingt paroisses et vaut 10,000 livres de rente » écrit Jean Gervais en 1726 [3].

Cette estimation du revenu n’était plus exacte en 1789.

Vers 1764, l’évêque d’Angoulême avait fait dresser un état du revenu des terres du duché qui relevaient de l’évêché ; on lit dans ce mémoire :
« La Rochefoucauld vaut 14,000 livres de rente, en supposant que le fief vicomtal et les paroisses de cette châtellenie qui relèvent de l’évêché d’Angoulême comprennent la moitié de cette terre ; c’est donc 7,000 livres de rente qui sont dans la mouvance de l’évêché. »

La terre de La Rochefoucauld relevait en effet pour une partie du roi et pour l’autre partie de l’évêché. Voici du reste l’énumération des terres tenues de l’évêché par les sires de La Rochefoucauld au XIIIe siècle ; je la puiserai dans un aveu de 1253.

Par charte datée du lundi après la Quasimodo de 1253, et dans son aveu qu’il fournit à Robert, évêque d’Angoulême, Guy, seigneur de La Rochefoucauld, Marthon, Verteuil, Blanzac et Cellefrouin, déclare que lui et ses prédécesseurs tiennent et ont tenu dès longtemps de l’évêché d’Angoulême des biens dans les paroisses de la Rochette, Fontclaireaux, Saint-Amand de Bonnieure, Brie, Champniers, Saint-Ciers, Saint-Angel, Sainte-Colombe et Marthon, excepté les péages et forteresses de Chastenet, du Cluseau et du Solier, plus, des appartenances à Bois-Grouly, et dans le fief de Guillaume de Bouteville ; dans les châteaux de Montignac et de La Roche-Chandry, dans la paroisse de Saint-Laurent de Belzagot, dans les paroisses de Mouthiers, la Chapelle-Saint-Robert de Varagnes, Chazelles, Saint-Laurent de Céris, Chasseneuil et Vouzan ; dans les ville et faubourgs d’Angoulême et Basseau, dans la paroisse de Soyaux ; la chàtellenie de Cellefrouin, où sont les paroisses de Cellefrouin, Ventoux, La Tache et Beaulieu ; l’hommage du fief de Jourdain de Montecuculli, chevalier, ce qui est tenu dudit sire de La Rochefoucauld aux terroirs de Mesones et de Samalie, diocèse de Limoges, dans le fief de Rochole et dans la paroisse d’Aunac ; il déclare en outre qu’il est obligé de porter l’évêque d’Angoulême à son entrée solennelle par le premier pied gauche de sa chaire depuis le monastère de Saint-Ausone jusqu’à son église cathédrale [4].

Les seigneurs de La Rochefoucauld cherchèrent au XIVe siècle à s’affranchir de cet hommage public qu’ils étaient tenus de rendre à l’évêque. En 1316, Jean III, évêque d’Angoulême, devant faire sa première entrée solennelle dans sa ville épiscopale, le dimanche après la Purification de la bienheureuse vierge Marie, envoya, selon l’usage, des lettres de mandement aux seigneurs appelés à lui rendre hommage en ce jour.

Guy de La Roche, chevalier, seigneur de La Rochefoucauld, de Marthon et de Blanzac, s’excusa de ne pouvoir se rendre à cette injonction, prétextant la dangereuse maladie de sa sœur Agnès, dame de Clay, épouse de Hugues, seigneur de Confolens, et le désir bien légitime qu’il éprouvait de la voir avant sa mort. Il supplia l’évêque de vouloir bien accepter à sa place son cher oncle, le sieur Fargnand de La Roche, chevalier, qu’il lui envoyait pour accomplir les choses qu’il aurait faites lui-même ledit jour, excepté l’hommage et le serment de fidélité pour lesquels il se rendrait auprès du prélat, avec l’aide du Seigneur, le plus tôt qu’il lui serait possible.
Guy parvint-il à s’affranchir encore envers Galhard de Fougères, le successeur de Jean III ? C’est ce qu’il est permis de supposer, quoiqu’il ne nous soit parvenu aucun titre à cet égard. Mais en 1328, la résistance du sire de la Rochefoucauld vint se briser contre la volonté et l’énergie d’un nouvel évêque.

Ayquilin devant faire son entrée solennelle le dimanche avant la fête de sainte Catherine, fit présenter par le curé de Mornac, à Guy de La Rochefoucauld, ses lettres de mandement, par lesquelles il le requérait de venir ce jour là, en personne, lui faire hommage de fidélité et le porter, selon l’usage, avec les autres barons, mais Guy opposa un refus formel à cette demande, et le procès-verbal, dressé en présence des parties et des témoins par Pierre de Cluselles, clerc d’Angoulême et notaire public, nous fait connaître la curieuse et singulière fin de non-recevoir de Guy de La Rochefoucauld.

A l’exhibition des lettres de l’évêque, et lorsqu’elles lui eurent été lues mot à mot et traduites en langue romane « de verbo ad verbum lectis et romana lingua expositis, » Guy répondit qu’il ne saurait les recevoir, disant qu’il avait fait vœu d’aller en pèlerinage à Notre-Dame, et que parce que Notre-Dame est plus grande que le seigneur évêque, il accomplirait son vœu. Il ajoutait, il est vrai, pour adoucir son refus, que s’il avait prévu le jour de la fête dudit seigneur évêque, il n’aurait pas fait un vœu pareil ; que si, du reste, il peut venir en temps opportun, ce sera bien, que, dans le cas contraire, le seigneur évêque n’aura qu’à chercher quelqu’un qui le porte, mais qu’il ne pense pas qu’il sera porté par lui Guy. « ... Idem dommus Guida respondit quod dictas litteras non reciperet, dicens quod ipse voverat ire in peregrinationem ad Nostram Dominam, et, quia Nostra Domina est major dicto domino episcopo, sibi redderet votum suum, afferens etiam idem dominus Guido quod si festum dicti domini episcopi prescivisset, votum hujus modi non fecisset et quod si infra festum ipsius domini episcopi veniat, bene esset ; sin autem quod idem dommus episcopus qucereret qui ipsum portaret et non consideret quod esset deportaturus per ipsum Guy. »

L’évêque Ayquilin répondit en signifiant à Guy de La Rochefoucauld la saisie de l’un de ses fiefs tenus à hommage lige de l’évèché, lui faisant défense de l’exploiter par lui ou par des tiers, et ce, sous peine d’excommunication majeure, soit contre lui, soit contre tous ceux qui exploiteraient ledit fief en son nom ; lui enjoignant en outre, de se rendre personnellement par devant lui, dans un délai fixé, pour lui rendre les autres hommages auxquels il était tenu pour tous les autres fiefs qu’il tenait de l’Eglise d’Angoulême. Guy résista et fit exploiter les fiefs saisis ; alors Ayquilin fulmina contre le seigneur révolté l’excommunication majeure.

« Ayquilin, par la grâce de Dieu, évêque d’Angoulême, aux archiprêtres de Saint-Jean d’Angoulême, de Saint-Projet de La Rochefoucauld, d’Orgedeuil, de Chasseneuil, de Grassac, de Jaudes, et aux chapelains de Saint-Florent de La Rochefoucauld et de l’église collégiale de la bienheureuse Vierge Marie dudit lieu, et à tous les autres archiprêtres et curés des églises ou leurs vicaires auxquels ces présentes lettres parviendront, salut en Notre Seigneur... Nous vous ordonnons, et à chacun de vous solidairement, sous peine d’excommunication que nous portons par ces lettres contre quiconque n’obéira point, que, sans que l’un attende l’autre, vous dénonciez publiquement dans vos églises, tous les jours et principalement les jours de fête et de dimanche, en sonnant les cloches et en éteignant les cierges, ledit Guy excommunié d’excommunication majeure, ainsi que nous vous le dénonçons par ces présentes, et cela jusqu’à ce que vous receviez un autre mandement contraire à ce sujet. »

Cette peine de l’excommunication, si terrible au moyen âge, produisit son effet sur le vassal révolté. Guy se hâta de faire sa soumission et de la faire complète. Il s’humilia, et s’adressant à Ayquilin, qu’il appelait son très-cher seigneur et pour lequel il dit avoir toute révérence et honneur, il protesta que ce n’était point par mépris qu’il ne s’était point trouvé en personne à son entrée dans la ville d’Angoulême, ainsi qu’il le devait, pour lui faire les hommages auxquels il était tenu envers le seigneur évêque, et pour le porter, par le pied senestre de la chaire dans laquelle il est assis lors de son entrée solennelle. Il offrit de jurer, la main sur l’Évangile, à la face de tous les saints, que des causes justes l’ont seules forcé de s’absenter ledit jour, et qu’il n’a pas fait cette absence pour faire injure, soit à l’évêque, soit à l’Église d’Angoulême ; enfin il se soumettait à payer une amende de mille livres pour satisfaire Ayquilin qui a regardé son absence comme un mépris, assurant en outre que, depuis la signification de la saisie de ses fiefs, il ne les a point exploités ni fait exploiter par autrui. Il terminait en redoublant de témoignages de soumission et en s’en remettant à la bonne volonté de son seigneur.

Cette lettre de soumission, datée du mardi avant la fête de saint Georges de l’an 1329, mit fin à la querelle Guy VII de La Rochefoucauld fit son testament en 1344 et mourut sans doute peu de temps après. Son fils Emery, selon Corlieu, fut tué en 1356 à la bataille de Poitiers, laissant un fils, Emery, qui fut seigneur de La Rochefoucauld et mourut en 1362.

En 1789, la terre de La Rochefoucauld appartenait à Louis-Alexandre, duc de La Rochefoucauld et de La Roche-Guyon, prince de Marcillac, marquis de Barbezieux, pair de France, maréchal de camp, membre honoraire de l’Académie des sciences, qui fut convoqué aux assemblées de la noblesse d’Angoulême, de Poitiers, de Meaux, de Paris et de Saintes. Il comparut en personne à celle de Saintes et fut élu député de la noblesse de Paris aux États-Généraux. Il fut massacré à Gisors, le 14 septembre 1792.

La Rochefoucauld : Burelé d’argent et d’azur de dix pièces ; à trois chevrons de gueules, brochant sur le tout, le premier écimé.

Voir, pour la lutte de Guy avec les évêques d’Angoulême, l’intéressante notice de M. Gellibert des Seguins,—Ayquilin, évèque d’Angoulême et Guy VII de La Rochefoucauld, — dans le Bulletin de la Société archéologique et historique de la Charente, 3e série, t. Ier, p. 59-82, travail que j’ai suivi et le plus souvent copié textuellement.

- XXIV. La terre et seigneurie de Saint-Mary.

M. de La Soudière.

En 1274, le samedi après la fête de saint Barnabé, apôtre, Guillaume de Chabanais, chevalier, reconnaît avoir et tenir en fief de l’évêque d’Angoulême, comme ses prédécesseurs l’ont tenu des prédécesseurs dudit évêque, à hommage lige et au devoir d’éperons dorés, tout ce qu’il possède dans les paroisses de Saint-Mary et des Pins, à l’exception de sa maison forte de Saint-Mary.

En 1322,1e mercredi après l’Ascension, Jean de Chabanais, chevalier, rend son aveu et dénombrement pour le même fief à l’évêque Galhard de Fougères.

Le fief de Saint-Mary passe ensuite à divers possesseurs parmi lesquels je citerai :

  • En 1494, Jean de Frondebœuf, damoiseau, seigneur de Rouillac, qui rend son aveu à Octavien de Saint-Gelais ;
  • En 1601, Jean de Curzay, écuyer, sieur de Boisbreteau, Rouillac et Saint-Mary, qui fait deux hommages à l’évêque Jean de Bony, l’un à cause de la terre et seigneurie de Saint-Mary, et l’autre pour la terre et seigneurie de Montembœuf.
    La famille de Curzay, éteinte depuis quelques années et différente de deux anciennes familles poitevines du même nom, éteintes depuis plusieurs siècles, était connue depuis 1382.

M. Regnaud de la Soudière, possesseur en 1789, descendait d’une famille de noblesse ancienne, qui a fourni de nombreux rameaux. On connaît les branches de Massignac et du Repaire, de Maslandry et de Fontaines, de Villognon, de la Courrière, de La Fayole, de La Soudière, de Taponnat et de La Tourette.

Le 23 septembre 1290, Guillaume Regnaud, seigneur de La Soudière, partage avec Jourdain Bœuf, valet, époux de Pétronille Regnaud, et autre Pétronille Regnaud, les successions de feu Constantin Regnaud, valet, père desdites Pétronille, et de feu Guillaume Regnaud, valet, père dudit Constantin, et père de Guillaume.

Les auteurs du Dictionnaire historique, biographique et généalogique des familles de l’ancien Poitou (t. II, 1840-1854, p. 599), établissent la branche de La Soudière comme représentée à cette époque par François-Gabriel Regnaud de La Soudière, époux de Dlle Marie-Catherine-Delphine de Nesmond, dont : 1° Françoise-Hélène-Alexandrie , décédée épouse de M. Jean-Baptiste-Gustave de Gigou ; 2° N., garçon, habitant le château de Saint-Mary, en Angoumois.

Curzay : D’argent, au cœur enflammé de gueules, surmonté d’un croissant du même.

Regnaud : d’azur, à trois pommes de pin d’or (Dictionnaire des familles du Poitou).—L’Armorial général de 1696 et divers nobiliaires donnent pour armes aux Regnaud de la Soudière : d’argent, à trois fasces de pourpre, accompagnées de six merlettes de sable, 3, 2 et 1.

- XXV. Fiefs dans les paroisses de Saint-Angeau et de Saint-Amand de Bonnieure.

- XXVI. Fief dans la paroisse de Bunzac.

Les Deffends. M. le baron du Lindois.

Le possesseur de ce fief, le baron de Chasteigner, appartenait à une ancienne maison du Poitou qui avait pour auteur Thibaut Chasteigner, vivant en 1140. Un autre Thibaut Chasteigner fit partie de la première croisade de saint Louis. Sa présence à cette expédition est prouvée par une quittance d’une somme de 200 livres tournois, qu’Alphonse, comte de Poitiers, avait fait prêter par des marchands génois, sous sa garantie, à ce chevalier, à Reginald ou Regnaud de Montagnac et à Ardouin de Perusse, de la maison d’Escars. Ce titre, qui a valu l’admission de Thibaut Chasteigner au musée de Versailles, est ainsi conçu :
Universis présentes litteras inspecturis, notum sit quod nos, Reginaldus de Montaniaco, Arduinus de Perussa, Armandus de Bosco, et Theobaldus Chasteigner, milites, habuimus et recepimus in pecunia numerata et legali a Scipione de Maferio et Castellino de Piliasta, civibus et mercatoribus Januensibus, ducentas libras turonenses, que nobis mutuate fuerunt ad instanciam illustrissimi domini nostri Alfonsi, comitis Pictaviensis et Tholosani, pro nobis erga dictos mercatores plegii et garantizatoris constituti, mediante omnium bonorum nostrorum obligatione ipsi domino comiti facta. Et nos de dicta quantitate tenemus plenarie pro pagatis, et ipsos mercatores de dicta pecunia liberamus et quictamus. Datum apud Accon, sub sigillo prefati Reginaldi de Montaniaco, anno Domini millesimo ducentesimo quinquageeimo, mense junii [5].

Chasteigner : D’or, au lion passant de sinople.

- XXVII. La terre et seigneurie de Pranzac.

M. d’Escars.

Le fief de Pranzac, avant de passer en 1685 à la maison d’Escars appartint au sieur Alexandre Redon, dit le marquis de Pranzac, qui, pour ses prétentions singulières de se rattacher à la famille des Capets comme descendant de la branche royale de Dreux, fut condamné en 1670 par le parlement de Paris.

Le sieur Guillard, mort en 1694, auteur de généalogies publiées en 1858 dans le Cabinet historique, écrivait vers 1689 ce qui suit sur la maison de Pranzac éteinte déjà dans sa postérité mâle.

« Il y a un certain marquis de Pranzac qui s’est imaginé d’estre prince du sang, luy ou son père estant fils d’un président de Bordeaux, fils ou petit-fils d’un cabaretier. Tous ces gens-là se sont trouvés avoir assez de bien pour faire une despense considérable. Mais il est étonnant et surprenant que l’on souffre cette canaille presqu’à la face de la cour de se faire traiter de princes de sang, au lieu de les envoyer aux petites maisons et de les chastier selon leur mérite. Nous avons obligation au même du Bouchet qui en a fait une sérieuse dissertation, et je viens d’apprendre que cette race est finie par une fille qui est mariée au comte d’Escars en Limousin. »

Les observations de Guillard me paraissent fort justes quant à la prétention absurde du seigneur de Pranzac, mais je n’ai pu vérifier leur exactitude pour ce qui concerne l’origine de cette famille anoblie par l’échevinage. Je puis enfin affirmer que l’aïeul de Redon n’avait jamais exercé la profession de cabaretier. Il suffit pour s’en convaincre de se reporter au recueil de Sanson, les Noms et ordre des maires, eschevins et conseillers de la maison commune d’Angoulesme, depuis la concession des privilèges de noblesse et à l’Histoire de l’Angoumois de Vigier de La Pile. On lit dans Sanson :

« 1577. Ledit Jean Pommaret fut continué maire. Cette année, M. Martial Juglard, advocat au présidial, fut comme premier pair, receu en l’office de conseiller vacquant par le décedz de feu M. Jean Robin, nonobstant la demande qu’en firent, pour la seconde fois M. Pierre d’Estivalle, conseiller au parlement de Bordeaux ; François Redond, receveur du taillon, et Pierre Terrasson esleu, qui tous alléguoient les services rendus par eux aux corps de ville et offroient de quitter des sommes notables qui leur estoient dues par ledit corps.

« 1578. François Redond, escuyer, sieur de Boisbedeuil, fut maire le 21 mars. — François Redond fit racoustrer les couvertures et loges de l’hôpital Saint-Roch, qui par les guerres et séjour des Suisses et aultres malades revenus du camp dudit Brouage l’année précédente, avaient été gastées et démolies, »

On lit ensuite dans Vigier, chap. VII, Noms et ordre de la réception des maires, échevins et conseillers de la maison de ville d’Angoulême, article Redon : — « Redon François, maire en 1578, ensuite échevin jusqu’en 1606 ; il possédait Boisbedeuil, était receveur du taillon et avait fait une fortune considérable. »

Ce François Redon apparaît sur les registres du corps de ville depuis 1578 jusqu’à sa mort arrivée en 1607. La fortune qu’il avait acquise dans sa charge de receveur du taillon, lui permit dans une circonstance difficile, de prêter 50,000 écus au duc d’Epernon, gouverneur de la province d’Angoumois, en 1595 ; il prenait la qualification d’écuyer, sieur de Pranzac et de Neuillac, et rendait à l’évèché d’Angoulême son aveu et dénombrement comme ayant droit de très-haut et très-excellent prince Mgr François de Bourbon, duc de Montpensier, pair de France, comme héritier de feue dame Gabrielle de Mareuil, marquise de Mézières, sa grand’mère.

Le fief de Pranzac se trouvait en 1643, dans les mains de son petit-fils Alexandre qui prenait dès cette époque les titres de chevalier, seigneur de Pranzac, marquis d’Esne et autres places. En 1666, Redon est ainsi qualifié dans un acte public : « Alexandre de Redon de Dreux, chevalier seigneur marquis de Pranzac, Montfort et Esne, comte de Chastillon, de Trie et de Mondonville, souverain d’Argiliers et autres places. »

Alexandre Redon était très-riche. Il avait épousé Claude de Pouilly, marquise d’Esne, issue d’une ancienne famille de chevalerie lorraine. Il était créancier pour de fortes sommes de quelques grandes maisons d’Angoumois. Ce fut alors que ses prétentions nobiliaires s’accrurent avec sa fortune et qu’il fit publier pour être présenté au roi Louis XIV un livre ainsi conçu : — Déduction de la branche y mentionnée de la maison de Dreux suivant les preuves, 1665, — suivi de la requête présentée au Roi par Hercule, seigneur châtelain de Fossay, etc., Henry, seigneur de Ramberville et Alexandre, marquis de Pranzac et autres, souverain d’Argiliers, in-fol.

Ces deux livres appelèrent des répliques. Je citerai : —Remarques sur la déduction généalogique en abrégé de la maison de Dreux d’où prétend être descendu M. le marquis de Pranzac, 1666. — Placet présenté au roi le 13 septembre 1667 par le marquis de Pranzac au sujet de cette prétention ; — réponse à la requête de M. de Pranzac, prince du sang imaginaire, par du Bouchet, Paris, 1676, in-fol.

Cette polémique fit du bruit et attira l’attention de la justice. A la suite d’enquêtes et de contre-enquêtes, et de mémoires échangés, le parlement de Paris qui avait été saisi de l’affaire rendit le 6 février 1670 son arrêt que je reproduis d’après l’extrait que j’ai copié en 1858 sur les registres du greffe de la sénéchaussée et présidial d’Angoumois.

Extrait des registres du Parlement (de Paris).

Veu par la cour, la grande chambre et tournelle assemblées, le procès criminel faict et l’ordonnance de laditte cour à la requeste du procureur général du roy, défenseur et accusateur contre Alexandre de Redon, marquis de Pranzat, accusé, arrêt du 46 novembre 1667, rendu sur la plainte et requête dudit procureur général, par lequel il aurait été ordonné qu’à sa requête il serait informé par le conseiller commis en cette ville et par le lieutenant général d’Angoulême, sur les lieux, comme ledit de Pranzat avoit fait débiter un livre intitulé : Déduction généalogique ou abrégé de la branche y mentionnée de la maison de Dreux, dédié au roy, par laquelle il a prétendu prouver qu’il descend des princes du sang dont il avoit prins le nom, les armes mesme, publié un second livre de réponse à ses remarques qui avoient été faites sur cette vision, et fait Imprimer un placet dans ce même dessein qu’il a adressé au roy, où il se donne encore le nom de Dreux, qui est un crime de lèze-majesté, permis audit procureur général de compulser tous les titres, chartes, mémoires, enjoint aux huissiers et autres qui en seront dépositaires, de les représenter à la première sommation qui leur en sera faite, sinon contraints par toutes voyes par ce fait, communiqué au procureur général, ordonne ce que de raison ; information faite en conséquence, tant par ledit commissaire commis les 19 et 20 dudit mois de novembre 1667, que par ledit lieutenant général d’Angoulême, les 19 décembre 1667, 4 et 7 janvier 1668 ;

Autre arrêt du 18 dudit mois de novembre 1667, par lequel la cour auroit ordonné que Huby et Masson huissiers en icelle, se transporteraient en la maison dudit de Pranzat, size en cette tille de Paris et ailleurs où besoin serait, pour procéder à la description des armes que ledit de Pranzat avoit fait mettre à son carosse pour justifier son usurpation, à cette fin luy auroit esté enjoint de faire ouverture de ladite maison et de représenter auxdits huissiers tant ledit carosse que sa vaisselle et autres meubles où il avoit fait mettre lesdites armes, pour estre dressé procès-verbal pour ce fait et communiqué au procureur général requérir ce que de raison ;

Procès-verbal fait par lesdits Huby et Masson, huissiers, en conséquence dudit arrêt, autres arrêts du 26 du même mois de novembre 1667, par lequel auroit esté ordonné que ledit de Pranzat serait assigné en la cour pour estre ouy et interrogé par le conseiller commis sur les faits résultant desdites informations et procès-verbal interrogatoire fait audit de Pranzat le 3 décembre 1667 par le conseiller commis, contenant ses réponses, confessions et dénégations et protestations ;

Autre arrêt du 10 dudit mois de décembre au dit an, par lequel auroit esté ordonné que dans 8e après la signification d’icelluy à la personne, au domicile dudit de Pranzat, il soit tenu de représenter et mettre au greffe de la cour tous les titres qu’il prétendait avoir pour justifier de sa prétendue généalogie et descente par luy articullés au livre qu’il a reconnu avoir esté imprimé à sa diligence, ensemble les contrats de mariage, partages, contrats d’acquisition et aultres tiltres et les poursuivre, lesquels seraient cotés et paraphés par premier et dernier pour estre communiqués audit procureur général pour requérir ce que de raison ;

Requête présentée par ledit de Pranzat le 31 dudit mois de décembre 1667, à ce que acte luy fût donné de ce qu’il se désistoit de la requête par luy présentée le 20 dudit mois de décembre, par laquelle il avoit demandé un dellay de trois mois pour représenter les autres pièces justificatives de ladite déduction généalogique imprimée sous le nom de ses aînés, demeurant en la Franche-Comté et pays de Luxembourg, et soubs le sien conjointement, et de ce qu’il luy est impossible de faire apporter lesdites pièces en cette ville de Paris ni de les représenter, et après la déclaration qu’il fiait qu’il ne prétand point être des-sandu de la maison ni de la branche royale de Dreux, ny estre, ny se dire prince du sang et qu’il se tient au nom de Redon et aux armes de sa famille, qui sont d’azur, à trois besants d’or, le ranvoyer des demandes, fins et conclusions contre luy prises par ledit procureur général sur laquelle est l’ordonnance de la cour portant soyt communiqué au procureur général ;

Autres requestes dudit de Pranzat, du 18 janvier 1668, à ce que acte luy fust donné de ce qu’en expliquant en tant que besoing est ou serait la déclaration par luy faite par ladite requeste du 31 décembre précédant y ajoutant déclarer d’abondant qu’il renonçoit à tous droits quelconques qui pourraient être prétendus à ladite maison et à ladite branche royale de Dreui, soubs prétexte et en conséquence de la déduction généalogique dont est question et des titres énoncés en icelle, et qu’il se tient aux nom », armes, prérogatives, biens et droits de la maison de Redon, sur laquelle est aussy l’ordonnance de la cour, portant soit communiqué au procureur général ;

Interrogatoire du 17 dudit mois de janvier 1668 faict au nommé François Redon, sergent royal, prisonnier en la Conciergerie, à la requeste dudit procureur général sur le sujet de ses parants, contenant ses réponses, confessions et dénégations ;

Autre interrogatoire fait audit de Pranzat par le conseiller commis sur le fait des pièces par luy mises au greffe, en exécution de l’arrêt du Xe décembre 1667, contenant les réponses, confessions et dénégations ;

Arrêt du 19 avril 1668, par lequel aurait été ordonné que ledit de Pranzat serait tenu de comparoir en l’étude du nommé Durand, notaire à Angoulême, huitaine après la signification dudit arrêt » pour être procédé au compulsoire des pièces dont ledit de Pranzat prétend se servir danB la quinzaine suivante, synon et à faute de ce faire, serait proce’ddé au jugement du procès sur ce quy se trouverait par devers la cour ;

Arrêt du 12 avril 1668 par lequel aurait esté ordonné que les témoings, ouyes et informations faites par le conseiller commis, seraient confrontés audit de Pranzat par M. Denis de Pallueau, conseiller, confrontation faite en conséquence le 16 juin audit an audit de Pranzat ;

Arrêt donné entre ledit de Pranzat et en requestes par luy présantées les 9 et 14 juillet 1668 à ce que les conclusions par luy prises par sa requeste du 22 novembre 1667, en ce qui est de l’opposition à la permission d’informer, estre déchargé de l’accusation, et par les requestes des 31 décembre audit an 1667 et 20 janvier 1668, par lesquelles il a déclaré qu’il ne prétendoit point estre dessandu de la maison ny de la branche royale, ny estre ou se déziner prince du sang » et qu’il se tenoit au nom de Redon et aux armes de sa famille, et par celle du 18 janvier aurait déclaré d’abondant qu’il renonçoit à tous droits quelconques qu’il pourrait prétendre à ladite maison et branche royale de Dreux, à cet effet qu’il fut receu opposant à l’exécution des arrêts des 16 et 26 novembre 1667, et appelant de toutes les procédures ; le tout pour bien relevé, ordonner que sur lesdites requestes desdits jours 31 décembre 1667 et 18 janvier 1668, qu’il réitérait d’abondant et en requeste du 14 dudit mois de juillet, à ce qu’il plût à la cour d’entériner les lettres en forme de requeste civille par luy obtenues en chancellerie le 13 dudit mois de juillet contre lesdits arrêts des 16 et 26 novembre 1667 et mettre les parties en tel et semblable estat qu’elles estoient auparavant iceux ce faisant renvoyer quitte et absous desdites fins et conclusions prises contre lui d’une part et ledit procureur général du roy, défendeur d’autre part, lequel arrêt, après avoir ouy à l’audience Abraham, avocat dudit de Pranzat, et Talon pour le procureur général du roy, icelluy de Pranzat aurait esté déboutté de ses lettres en forme de requeste civille et opposition, et a joint le surplus desdites requestes au procès, pour en jugeant y avoir tel esgard que de raison, ledit de Pranzat, condamner en deux amendes et aux despens ;

Requeste dudit de Pranzat, du 18 décembre 1668, servant de déffanse par alternation et advertissement, production faite tant par ledit procureur général que par ledit de Pranzat, production nouvelle dudit procureur général, requeste dudit de Pranzat, du 18 février 1668 employée pour contredit, autre requeste dudit procureur général, du 26 mars 1669, servant de contredit aux requestes et escriptures dudit de Pranzat ; antre requeste dudit de Pranzat, du 25 juin audit au, par laquelle il réitère les déclarations, désistements et renonciations servant de réponse à celle dudit procureur général, du 28 mars ; autre production nouvelle dudit procureur général, requeste dudit de Pranzat, dudit jour 25 juin, employé pour responses et contredits à l’induction tirée de la lettre de cachet produite par ledit procureur général ; requeste dudit de Pranzat à ce que, attendu qu’il a l’honneur d’estre né gentilhomme, il fût ordonné que pour procéder au jugement du procès pendant en la chambre entre ledit procureur général, défendeur et accusateur, et ledit de Pranzat, accusé, les chambres seroient assemblées, conclusions dudit procureur général sur ladite requeste, contenant sa déclaration qu’il se rapportoit à la cour n’en ordonner ; arrêt du 4 décembre 1669, par lequel auroit esté ordonné que ledit procès seroit jugé et les deux chambres assemblées, escroue des prisons de la conciergerie du Palais, du 7 février 1670, par lequel appert que ledit de Pranzat s’est volontairement randu prisonnier esdites prisons pour estre à droit ; conclusions dudit procureur général par escript, et ouy et interrogé en la cour ledit de Pranzat sur les cas à lui imposés ;

Tout considéré, dit a esté que ladite cour, pour les cas résultant du procès, condamne ledit Alexandre Redon à comparoir en la chambre et là, nue teste et debout, dire et déclarer que faussement, témérairement et comme mal advisé, il a pris le nom et les armes de la maison de Dreux et fait imprimer et publier une table généalogique et autres livres pour la soutenir, dont il se repend ; et outre ( ) en trois mille ( ) d’aumosnes applicables : un tiers à l’Hôtel-Dieu, un autre à l’Hôpital général et l’autre tiers au pain des pauvres prisonniers de la conciergerie du Palais. Sera ladite table généalogique et imprimés lacérés en sa présence par le greffier, fait deffense à toute personne de les vendre, publier et débiter ; ordonne que tous les exemplaires seront apportés au greffe de la cour pour estre supprimés, et que dans tous les actes où ledit Redon auroit pris la qualité, elle sera rayée, luy fait défiance à l’advenir de la prendre à peine de punition corporelle.

Sera le présent arrest leu, publié partout où besoin sera, et enregistré au Chastellet et en la sénéchaussée d’Angoulême. Fait en Parlement, le septième février 1670 et prononcé à l’instant audit de Redon en la chambre de la Tournelle où les chambres étoient assemblées, quy a fait la déclaration portée par ledit arrest, et ladite table généalogique et autres imprimés rompus et lacérés en sa présence. Collationné et (Signé : S. Robert.) enregistré au treizième volume des Bannières du Chastelet de Paris, suivant et conformément audit arrest et ce requérant M. le procureur du roy audit Chastelet, par moy greffier des insignations dudit Chastelet et gardien des bannières d’icelluy. Signé : Garnier.

Le présent arrest, représenté par le syndicq a esté leu et publié en la communauté des notaires du Chastelet de Paris, par moy greffier de ladite communauté, soussigné, ce requérant pour monseigneur le procureur général, M. le procureur du roy audit Chastelet, son substitut, pour estre observé selon sa forme et teneur, le dimanche vingt-trois mai mil six cent soixante-dix. Signé : Duart.

Registré au greffe ordinaire de la sénéchaussée et présidial d’Angoumois, requérant Jehan Lambert, escuyer, sieur des Andreaux et du Mesne-Boinpart, conseiller du roy et son procureur audit siège, le quatrième juin mil six cent soixante-dix. Dubois, greffier.

Après sa condamnation qui réduisait à néant ses prétentions à une descendance princière, Alexandre Redon se retira en Angoumois, dans sa terre de Pranzac où il mourut vers 1685. La branche qu’il représentait tomba en quenouille. Sa fille Marie-Barbe-Françoise, qu’il avait eue de Claude-Angélique de Pouilly, avait épousé en 1682 François de Pérusse, de la branche d’Escars, comte d’Escars, seigneur de Saint-Bonnet, Saint-Ibars, Juillac, La Renaudie, etc., capitaine d’une compagnie de cavalerie qu’il avait levée à ses dépens sous Louis XIV, et devenu marquis de Pranzac par son mariage*

De cette union naquirent : 1° Louis-François, qui suit ; 2° Marie-Françoise, morte célibataire.

Louis-François de Pérusse, comte d’Escars, marquis de Pranzac, etc., né en 1688, entra au service en 1704 dans les mousquetaires noirs, avec lesquels il fit les campagnes de 1705 à 1707. Retiré pour cause de blessures, il épousa en 1708, Marie-Françoise-Victoire de Verthamon dont il eut 10 enfants. L’aîné, qui suit, lui succéda dans son marquisat de Pranzac.

François-Marie de Pérusse, comte d’Escars, etc., naquit le 6 octobre 1709 et mourut en 1769 ; il fut maréchal des camps et armées du roi, son lieutenant-général en la province du haut et bas Limousin depuis 1754, et menin du dauphin, père de Louis XVI. Marié le 4 septembre 1736 à Emilie de Fitz-James, fille de Jacques de Berwick, maréchal de France, il en eut quatre enfants, dont le suivant, Louis-Marie-François de Pérusse, comte d’Escars, brigadier des armées du Roi, son lieutenant-général au gouvernement de Limousin, chevalier de ses ordres et son premier maître d’hôtel, fut le dernier marquis de Pranzac. Né en 1737, il fut nommé député de l’ordre de la noblesse du Limousin aux Etats généraux de 1789, émigra en 1791 et servit à l’armée des princes ; retiré en Angleterre en 1801, il y mourut le 31 mars 1814 sans laisser de postérité de N., du Traisnel, fille aînée du marquis de Traisnel, lieutenant-général des armées Ju roi, et de N., de Goyon-Matignon ; elle était veuve du comte de Roseu Kleinroop [6].

Redon. — d’azur à trois besans d’or.

Perusse d’Escars. — De gueules au pal de vair appointé et renversé.

Devise. Au commencement du siècle dernier, Louis-François de Perusse d’Escars, marquis de Pranzac, qui épousa Marie de Verthamon, adopta la devise de cette maison : Fays ce que doys, advienne que pourra.

- XXVIII. Fief de Cougeant (Coulgens).
M. de Cougeant et M. Constantin, lieutenant de police. Vers 1750, ce fief était possédée par Roch du Rousseau, connu sous le nom de sieur de Coulgens.

- XXIX. Fief dans la paroisse de Marthon.

M. de Limérac.

En 1248, Robert Odon, chevalier de Marthon, rendit son dénombrement à l’évêque d’Angoulême. Il y est question de la dîme du bourg et paroisse de Feuillade, du maine des forêts dans la dite paroisse, de la dîme de Marthon et de la huitième partie de la dîme de Grassac, etc.

En 1281, Odon Rernard, au nom de Sybille sa femme, fille de Fouchier de Villebois et de Jeanne, faisait hommage de tout ce qu’elle avait et autres pour elle dans les bourgs et paroisses de Feuillade, Charras, Minzac, Souffrignac, Grassac, etc., et de tout ce qu’il possédait au château de Marthon, et pour raison dudit ijef, il reconnaissait devoir porter l’étendard de l’évêque s’il arrivait que le prélat fût obligé d’aller à la guerre. Cet hommage fut renouvelé par Sybille devenue veuve et par son fils aîné.

En 1289, une partie des objets portés au précédent dénombrement se trouvaient en la possession de Pierre Vigier, qui les transmit à ses descendants. Dans le XVIIe siècle, ces divers hommages furent perdus pour l’évêché et transportés au seigneur de Marthon, qui était un La Rochefoucauld. On connaît une transaction du 23 juillet 1665, passée entre M. François de Roye de La Rochefoucauld, seigneur de Marthon, et dame Marie-Jacquette Vigier, veuve de François de Saint-Laurent, seigneur de Feuillade, par laquelle sur les contestations élevées entre les parties au sujet de la justice dudit Feuillade, la dite dame s’est obligée de tenir à hommage du comte de Roye à cause de sa terre de Marthon, sa maison, terre et seigneurie, justice haute, moyenne et basse de la paroisse de Feuillade.

Fornel de Limérac.— D’azur à la croix pommetée d’or, cantonnée de vingt billettes de même, et surmontée de deux vols d’or, au chef cousu de gueules, chargé d’une aiglette d’or à dextre, et d’une étoile de même à senestre.

- XXX. Terre et seigneurie de Sers et Nanteuil.

MM. Cazeaud possèdent Nanteuil, et M. de Jensac possède Sers.

Nanteuil fut possédé aux XVIe et XVIIe siècles par la famille La Garde. Le 13 juin 1652, F. de Lagarde, seigneur de Nanteuil, est cité dans un contrat de bail à rente à Michel Sauveur, hermite à Bellevaux, d’une maison, jardin et place situés audit Bellevaux.

- XXXI. Terre et seigneurie de Minzac.

M. Fornel de Minzac.

Le 21 septembre 1521, il y eut exploit et saisie faite par Fenyou, sergent royal, de certains fiefs et terres situés dans la paroisse de Minzac, au profit de M. l’évêque d’Angoulême pour défaut d’hommage et dénombrement à lui non rendus.

Le 5 septembre 1588, Jean de Feydeau, Gautier de Feydeau son fils, et Gabrielle-Elie de Coulonge, vendirent à Denis Chapiteau, sieur de Raymondias, plusieurs rentes dans la paroisse de Minzac, déclarées relever de Marthon à tel hommage que les parties ne purent déclarer.

Le 16 mai 1595, par arrêt rendu au parlement de Paris entre M. de Bony, évêque d’Angoulême, le seigneur de Marthon, Marguerite de Saint-Mathieu, veuve de Louis de Villars, dame de Minzac, et Denis Chapiteau, la mouvance directe du fief fut adjugée à l’évêque contre les prétentions de la dame de Saint-Mathieu sur les articles 2, 3, 4, 5, 6, 7, 9, 10, 13, 14,16,17,19 et 21, des rentes seigneuriales acquises par le dit Chapiteau par contrat du 5 décembre 1588 et l’hommage fut reconnu appartenir au seigneiu de Marthon pour les articles 1, 8, 11, 12, 15, 18 et 20 des rentes qui lui furent adjugées par ledit arrêt.

Salomon Chapiteau, dans son aveu du 6 juin 1646, porta à l’évêché différents articles de rentes seigneuriales tels qu’ils sont énoncés en l’arrêt de 1595, puis il porta le surplus des rentes au seigneur de Marthon ainsi que son fief de Raymondias qu’il dit arrière-fief de La Motte de Feuillade.

Le 10 juin 1789, l’évêque fit écrire à M. Salomon Chapiteau, seigneur de Raymondias, pour qu’il eût à faire travailler à ses dénombrements des fiefs de Raymondias et de Minzac.

La famille Chapiteau fut anoblie par l’échevinage. Pierre Chapiteau, échevin en 1570, fut nommé maire d’Angoulême la même année en remplacement de Jean Girard. Denis Chapiteau, écuyer, sieur de Raymondias, fut maire en 1586, puis conseiller en 1594. Les descendants de Pierre Chapiteau formèrent deux branches : l’aînée possédait le fief de Raymondias, paroisse de Minzac, châtellenie de Marthon, et la cadette était connue sous le nom de Guissalle, du nom d’un fief situé en la paroisse de Vindelle. . On trouve mentionnés dans le catalogue des gentilshommes d’Angoumois qui firent partie de l’assemblée particulière de l’ordre de la noblesse en mars 1789, MM. de Rémondias et le chevalier de Rémondias.

Chapiteau de Guisalle et de Rémondias. —D’azur à trois étoiles d’or, rangées en fasce, accompagnées de trois chapiteaux de même, 2 en chef et 1 en pointe, celui de la pointe soutenu d’un croissant d’argent.

Fornel de Minzac. — D’azur, à la croix pommetée d’or, cantonnée de vingt billettes de même, et surmontée de deux vols d’or ; au chef cousu de gueules, chargé dune aiglette d’or à dextre, et d’une étoile de même à senestre.

- XXXII. Terre et seigneurie de Boue (Bouex).

M. Arnaud du Chesne.

Les Arnaud furent anoblis par l’échevinage, Jean Arnaud, conseiller de la maison de ville d’Angoulême en 1558, était à la même époque lieutenant-général. Il fut député le même année à Paris, dit Vigier [7], pour y soutenir un procès que le corps de ville avait au grand Conseil. C’était un homme plein d’intégrité, suivant le témoignage de Pasquier, dans son plaidoyer pour la ville d’Angoulême. Il fut étranglé dans sa maison en 1568 par les Calvinistes qui s’étaient emparés d’Angoulême. Vigier nous dit que Pierre Arnaud, avocat du roi et conseiller de l’hôtel delà maison de ville en 1653, est devenu la souche commune des Arnaud qui existaient de son temps.
Noël Arnaud, seigneur de Bouex, fut d’abord second président au présidial. Il fut ensuite appelé à Paris, à l’occasion de son mariage avec la fille unique de Guyot de Chesne, célèbre avocat au Parlement. Il y fut conseiller et se distingua fort dans la grande affaire de Cartouche et de ses complices dont il se trouva rapporteur. Il devint maître des requêtes. Ses deux sœurs furent mariées aux seigneurs de Charras et de Chenon-Dommezac.

Ce Noël Arnaud trouva place dans le régiment de la Calotte. On peut lire dans un recueil manuscrit le brevet de procureur général des minuties qui lui fut envoyé.

La terre de Bouex, avant d’entrer dans la famille Arnaud, avait appartenu au XVIe siècle à une branche de la famille de Livenne. Le dernier de cette branche, François de Livenne, écuyer, laissa une fille, Esther, son unique héritière qui devint la seconde femme d’Isaac d’Abzac, écuyer, seigneur de Mayac, le 20 mai 1629. De ce mariage naquirent deux fils, dont l’aîné, François d’Abzac, seigneur de Bouex, épousa le 15 novembre 1661, à Paris, Béatrix-Françoise d’Atraupé, fille de Louis, seigneur d’Atraupé en Bourgogne.

Livenne. —D’argent, à la fasce de sable, frettée d’or de dix pièces, accompagnée de trois étoiles de sable, 2 en chef et 1 en pointe [8].

Abzac de la Douze de Mayac — D’argent, à la bande et à la bordure d’azur, chargée de neuf besans tfor 3, 3 el 3.

Arnaud.— d’azur, au croissant d’argent, surmonté dune étoile d’or.

- XXXIII. Terre et seigneurie de Montembœuf.

M. Dulaud de Châteaurocher.

Première partie Deuxième partie Troisième partie

[1Mémoire sur l’Angoumois, par Jean Gervais, publié par M. G. Babinet de Rencogne. 1 vol. in-8°, Paris, 1864.

[2Livre Noir de Saint-Florent de Saumur.

[3Mémoire sur l’Angoumois.

[4Item conflteor quod ego debeo portare episcopnm Engolismensem in intronisatione sua solempni de monasterio sancti Ausonii ad suam ecclesiam cathedralem ut est in talibus consuetum, per sinistrum pedem chatedre primum, etc.

[5Que tous ceux qui ces présentes lettres verront sachent que nous Regnauld de Montagnac, Ardouin de Perusse, Armand du Bois et Thibaut Chasteigner, chevaliers, avons eu et reçu en numéraire loyal de Scipion de Maferio et Castellin de Piliasta, citoyens et marchands génois, deux cents livres tournois qui nous ont été comptées sur les instances de cotre très-illustre seigneur Alphonse, comte de Poitiers et de Toulouse, plége et caution pour nous vis-à-vis desdits marchands, et moyennant l’obligation de tous nos biens que nous avons consentie audit seigneur comte. Et de ladite somme nous nous déclarons bien payés et tenons quittes et libérés lesdits marchands.

Fait à Acre, sous le sceau de Regnauld de Montagnac, précité, l’an du Seigneur 1250, au mois de juin.

[6La branche des ducs d’Escars ou des Gars a pour auteur, Louis-Nicolas de Perusse, fils puîné de Louis-François et de Marie-Françoise-Victoire de Verthamon, né le 8 juin 1724, maréchal de camp en 176S et retiré dans le Poitou après l’affaire de Clostercamp où il reçut sept blessures. Il émigra en 1791, servit à l’armée des princes en qualité de commandant de la deuxième division d’infanterie noble et des compagnies de gentilshommes du Poitou, et mourut à Paderborn, en Westphalie en octobre 1795. Il avait épousé le 1er septembre 1750, Jeanne-Marie-Victoire de la Hette d’Artaguette dont il eut : 1* Louis, né en 1758, mort jeune ; — 2* François Nicolas-René, qui suit ; — 3* Emilie-Geneviève-Michelle-Jacqueline, née le 7 mars 1769, morte à Poitiers.

François-Nicolas-René de Perusse, comte des Gars, né en Poitou, le 14 mars 1759, fut nommé en 1789, député aux États généraux par la noblesse du Châtelleraudais. Il émigra eu 1790, rentra en France avec les Bourbons, fut nommé pair de France en 1815, lieutenant-général etc., et mourut à Paris le 30 décembre 1822. — Son fils, Amédée-François-Régis, né à Chambéry le 30 septembre « 90, lieutenant-général à la suite de la campagne d’Espagne de 1823, reçut le titre de duc par ordonnance royale du 80 mars 1825.

[7Histoire de l’Angoumois.

[8La Chenaye Desbois donne à cette famille pour armes : D’argent, à la fasce d’azur, losangée d’argent et accompagnée de trois étoiles de gueules.

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