Histoire Passion - Saintonge Aunis Angoumois

Accueil > Chronologie de l’histoire locale > La naissance des États-nations > 1617 - 1629 - Les révoltes protestantes - les sièges de St Jean (...) > La Rochelle > 1628 - La Rochelle (17) : les habitants assiégés appellent le Roi (...)

1628 - La Rochelle (17) : les habitants assiégés appellent le Roi d’Angleterre à leur secours

mardi 5 août 2008, par Pierre, 1317 visites.

Les Rochelais, assiégés depuis des mois, au bout du rouleau, appellent désespérément à leur secours le Roi d’Angleterre et sa flotte.

Source : Richelieu, Mazarin, la Fronde et le règne de Louis XIV - Jean-Baptiste Honoré Raymond Capefigue – Paris – 1835 – Books Google

Le document ci-dessous est cité dans ce livre, avec les références suivantes : Juillet 1628 – Mss. Colbert, vol XVII, fol. 422.

Les malheureux Rochelois se défendaient avec une énergie, une activité que rien ne pouvait affaiblir ; tandis que les ministres continuaient le prêche, réveillant dans toutes les âmes les puissantes paroles de l’Évangile, les braves matelots faisaient chaque jour des sorties contre la flotte de France, et tous les habitans, sans distinction d’âge et de sexe, combattaient sur les remparts. Mais pouvaient-ils se sauver sans les secours du roi d’Angleterre ? Avaient-ils une autre espérance de salut ? Aussi adressèrent-ils, par l’organe de plusieurs députés, très-humbles remontrances au roi de la Grande-Bretagne. Ils y disaient, dans leur langage pieusement résigné :

Sire, la douleur qui nous oblige à remplir de nos cris les oreilles de Votre Majesté et à les réitérer si souvent, doit bien être du tout extrême. Nous voici à vos pieds pour les mouiller de nos larmes, et Dieu veuille que bientôt nous y rendions le dernier soupir ; car nous ne saurions vous celer notre situation, Sire, et l’état déplorable de notre ville ; elle est aux derniers abois par le manque de secours qui nous met au désespoir, lesquels cependant avoient été si solennellement promis par Votre Majesté ; et pourtant notre pauvre ville s’est-elle rendue indigne de votre protection ? N’a-t-elle pas tenu bon, par un miracle de constance, pendant un an entier, souffrant encore aujourd’hui les horreurs les plus épouvantables de la famine ? et tout cela pour donner loisir à Votre Majesté de lui envoyer le secours qu’il lui a plu promettre, voire que toute l’Europe attendoit et croyoit aussi !...

Mais nous n’en pouvons plus, et nous avons risqué même notre dernière perte pour ne pas manquer à nos promesses, et témoigner que nous avions quelque défiance de la certitude des vôtres. Et peut-être si nous n’y avions pas cru si aveuglément, ne nous fussions pas rendus irréconciliables de ceux par devers lesquels notre grâce eût auparavant été possible. Pardonnez, Sire, à ceux qui gémissent et qui expirent d’exprimer ces plaintes ; mais c’est votre justice, votre pitié que nous cherchons à éclairer ; car, bien que monseigneur Buckingham, votre grand amiral, et ceux de votre conseil, s’emploient bien pour nous, encore est-il visible qu’une main puissante, cachée, arrête le zèle des autres.

C’est l’ordinaire de la misère d’être soupçonneuse ; mais vous nous croirez, Sire, car les menées vous sont connues et viennent de vos adversaires seuls, par qui l’argent et les séductions sont répandus dans votre cour. Que, par grâce, votre flotte, Sire, puisse mettre à la voile, et nous tirer des bras de la mort ; et que Votre Majesté songe qu’un jour de délai peut être cause de notre ruine.

Et ici, Sire, nous ploierons le genou devant Votre Majesté avec une très-ardente prière à Dieu, à ce qu’il lui plaise nous faire de plus en plus trouver grâce devant vous, tellement que si, après ces mêmes bouches qui maintenant vous supplient , venoient vous rendre nos humbles reconnoissances comme à notre libérateur , nous en recommanderions encore la mémoire à nos enfans , comme bienfaits d’un souverain auquel, après Dieu, nous devrions le bien , l’honneur et la vie.

Cette supplique, adressée au roi d’Angleterre, était signée par les députés de La Rochelle, les ministres Jean David et Pierre Vincent , ardens apôtres de la résistance.


L’intervention de la Flotte britannique au large de la Rochelle, quelques semaines plus tard, se heurte à la digue construite par Richelieu et à la Flotte française. C’est un échec.

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Se connecter
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Lien hypertexte

(Si votre message se réfère à un article publié sur le Web, ou à une page fournissant plus d’informations, vous pouvez indiquer ci-après le titre de la page et son adresse.)

Ajouter un document

Rechercher dans le site

Un conseil : Pour obtenir le meilleur résultat, mettez le mot ou les mots entre guillemets [exemple : "mot"]. Cette méthode vaut également pour tous les moteurs de recherche sur internet.