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1655 - Puybollier, près d’Echallat (16) - Séquestrée, obligée à signer un contrat de mariage et rackettée

samedi 14 février 2009, par Pierre, 1618 visites.

Un fait divers pas banal : Sarra Pascault, de Montermenoux, paroisse d’Ambernac (16) -voir la carte- , est séquestrée à Puybollier, paroisse d’Echallat (16) -voir la carte- par toute une famille et leur amis qui la contraignent à signer un contrat de mariage, puis la rackettent. Elle en réchappe et porte plainte. Toute l’affaire dans les archives du Présidial d’Angoulême, minutieusement relevées par Gabriel Delage.

Source : AD 16 - Sénéchaussée et présidial d’Angoumois - cote B1 987 - Relevé par Gabriel Delage - Association Généalogique de la Charente.

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 23 décembre 1655 - Plainte au lieutenant criminel d’Angoumois par Sarra Pascaud, veuve de François Pastouraud, vivant écuyer seigneur du Puynode

disant qu’il est notoire que la suppliante est honnêtement assortie des biens de la fortune et qu’après le décès dudit feu sieur de Puynode, plusieurs personnes de condition et de mérite l’auraient recherché en mariage, à quoi elle n’aurait voulu entendre, ce qui n’a pas déplu à quelques-uns.

Et étant arrivé que la suppliante serait partie de sa maison de Montermenou, paroisse d’Ambernat, sur la fin du mois de novembre dernier, pour venir en cette ville à cause de plusieurs affaires importantes qu’elle il y a, se retirant, elle aurait été en la maison de Jean Deroche, écuyer, sieur de Douzac, son beau-frère, pour lui rendre sa visite, dans lequel voyage elle n’avait personne pour sa conduite qu’un valet à cheval, espérant de elle y retirer du jour au lendemain chez elle, et marchant sur la foi publique.

Et étant arrivée à la maison du dit sieur de Douzac, le vendredi 3e du présent mois de décembre, elle y aurait couché et séjourné tout le lendemain, jour de samedi, où le même jour au matin, Seguin Des Montis, écuyer, sieur de Boisbelet, homme noyé et obéré de dettes, et ayant appris que la suppliante y était, serait venu lui rendre visite, et se serait retiré après avoir demandé à la suppliante si elle ferait long séjour au pays. À quoi elle aurait répondu que le lendemain, jour de dimanche, 5e dudit mois, elle avait fait dessein de rendre visite à la damoizelle de Limerat, demeurant à une lieue ou environ dudit lieu de Douzat.

Et le lendemain étant venu, la suppliante se préparant pour partir afin de se rendre chez ladite damoizelle de Limerat, serait survenus audit lieu de Douzat, le sieur de Beaupoil, Jacquette Geoffroy, femme dudit sieur de Boisbelet, et Charles Desmontis leur fils. Lesquels officieusement et civilement aurait offert à la suppliante de lui faire compagnie et de la conduire audit lieu de Limerat. Et en effet, l’auraient conduite audit lieu de Limerat, n’ayant personne avec elle qu’un valet.

Et étant tous arrivés audit lieu de Limerat, après que la suppliante audit rendu sa visite à la damoizelle dudit lieu, elle désira se retirer. Mais ladite damoizelle de Limerat l’aurait retenue à coucher ledit jour de dimanche 5e du présent mois, chez elle. Ce qui aurait obligé lesdits sieurs de Beaupoil, Jacquette Geoffroy, Charles Desmontis et ledit sieur de Boisbelet qui s’étaient rendus audit lieu de Limerat, de se retirer et prendre congé de la suppliante.

Laquelle fut extrêmement surprise de ce que le lendemain, jour de lundi 6e dudit mois, dès le grand matin, elle vit entrer en sa chambre, elle étant encore au lit, lesdits sieurs de Beaupoil, Jacquette Geoffroy, et Charles Desmontis leur fils, ayant avec eux un homme que la suppliante ne connaissait point, qu’on lui avait dit être un notaire.

Et de fait, le dit sieur de Beaupoil ayant pris la parole, s’adressant à la suppliante, lui aurait dit qu’ils lui avaient amené un homme pour la lier, et qu’il y avait trop longtemps qu’elle leur donnait de la peine, par ce que quand il la croyait en orient, elle était en occident, et que maintenant qu’ils tenaient, elle ne s’échapperait point sans signer un contrat de mariage entre le dit sieur Desmontis et elle.

Laquelle proposition ladite suppliante tâcha de faire passer en dérision. Mais lesdits Beaupoil, Boisbelet, Geoffroy, et leur fils, persistèrent, et ledit Beaupoil lui dit pour l’intimider et donner de la crainte et terreur, qu’elle était entre leurs mains et que si elle ne signait ledit contrat, ils la dépêcheraient à cinquante lieux de là, ce qui donna grand sujet de crainte à la suppliante, laquelle voyant une si forte et dangereuse résolution presqu’inévitable, aurait pour se défaire, proposé aux dessusdits qu’elle viendrait en cette ville d’Angoulême, pourvu qu’on lui donnât la liberté, et que là elle ferait dresser le contrat de mariage qu’on lui avait proposé, par avis du sieur Chevraud, avocat.

Mais que de le passer autrement, étant seule et dépourvue de conseil, cela n’était honnête ni avantageux.

Mais lieu de la laisser libre, le dessus dits auraient persisté et le est notamment entre ledit de Beaupoil qui aurait commandé au notaire d’écrire, à quoi ledit notaire obéit et, ne sachant le nom de la suppliante, le lui aurait demandé. À quoi elle aurait réparti, dans la crainte et appréhension où elle était, qu’elle s’appelait Suzanne, quoique ce ne soit pas son nom véritable, étant bien aise de donner quelques marques qu’elle ne consentait pas volontairement audit contrat, lequel on fit comme on aurait voulu, et led. Beaupoil disait qu’il était établi conseil de la suppliante. Et après avoir fait rédiger ledit contrat, Charles Desmontis signa et présenta la plume à la suppliante pour le signer aussi, ce qu’elle refusa à trois fois. Et à la fin, pressée et sollicitée de ce faire, et n’ayant pas l’usage de sa volonté libre, par contrainte, intimidation, crainte de pis, pensant se mieux tirer de leurs mains, elle aurait signé, non pas de son nom véritable, mais celui de Suzanne.

Et ce fait, ledit de Beaupoil aurait dit à Charles Desmontis qu’il devait faire un complément à la suppliante, de quoi s’étant voulu mettre en devoir, la suppliante, émue de juste douleur, aurait dit qu’elle en remerciait et qu’on lui avait fait signer un contrat, mais qu’elle ne l’épouserait jamais.

Et après la passation dudit contrat, la suppliante monta à cheval pour s’en retourner audit lieu de Douzat. À cent pas ou environ dudit lieu de Limerat, lesdits de Beaupoil, Boisbelet et sa femme, et deux hommes de pied, la suivirent, et l’ayant approchée, lui dirent que si elle n’eût pas dit qu’elle m’épouse serai jamais Charles Desmontis, ils l’auraient laissé en liberté, mais que leur ayant témoigné sa résolution de n’épouser jamais ledit Charles, ils auraient menée contre son gré au lieu de Puybolié, demeure et résidence dudit sieur et damoizelle de Boisbelet.

Comme la suppliante résistait à y aller, et que c’était contre l’honneur et bienséance d’une personne de sa qualité, cela même en la maison d’un homme pour lequel elle n’avait aucune inclination de mariage, et aurait instamment demandé qu’on l’amenât en une autre maison, ou bien qu’ils eussent à agir en vertu du prétendu contrat.

Mais au lieu de ce, le sieur de Beaupoil aurait dit, comme aussi les dits de Boisbelet et sa femme, que si ladite suppliante étant au lieu de Puybolié, où ledit Charles Desmontis se devait rendre le soir, elle persistait à ne vouloir pas épouser ledit Charles Desmontis, et ils lui engageaient leur honneur et leur foi, de la ramener le lendemain audit lieu de Douzat, où il l’avait prise.

Néanmoins, quoiqu’en leur présence, la suppliante eut réitéré audit Charles Desmontis qu’elle ne l’épouserait jamais, et ayant lors ladite suppliante requis le lendemain lesdits de Beaupoil et de Boisbelet de la retourner audit lieu de Douzat, ils en auraient fait refus.

Et ledit de Beaupoil par une malignité étrange, parlant au dit Charles Desmontis, lui aurait inspiré que la suppliante était à lui, qu’il en devait user à sa volonté et que s’il ne le faisait, on se moquerait de lui, et qu’il serait le premier à s’en moquer. Et encore que la suppliante ne voulût pas l’épouser, on l’obligerait bien à cela, et qu’il n’était plus temps de dire non.

Par force et par violence, retinrent ladite suppliante audit Puybolié et l’auraient fait coucher en une chambre basse où il y avait deux lits, l’un pour la suppliante et l’autre pour la fille desdits sieur et damoizelle de Boisbelet. Et ne se serait ladite suppliante jamais couchée sans fermer la porte avec un verrouil qui était sur le derrière d’icelle, de crainte qu’on ne lui fît insulte.

Néanmoins, le dit Charles Desmontis, le lendemain de la première nuit que la suppliante aurait couché audit lieu de Puybolié, il serait entré avant-jour, en la chambre de la suppliante, ayant ouvert la porte à la faveur d’un trou qui était à icelle, serait venu au lit de la suppliante est faite tout ce qu’il aurait pu pour la déshonorer.

Et en se retirant, tout ému et en colère, fâchée de n’avoir pas exécuté son pernicieux dessein, en jurant …, aurait dit à la suppliante qu’il n’aurait jamais d’amitié pour elle, et qui lui ferait bien sentir.

Et dans cette occasion, ladite suppliante aurait appelé à diverses fois la fille dudit de Boisbelet qui était couchée en sa chambre, laquelle n’aurait aucunement répondu.

Et le lendemain, ledit de Beaupoil se retirant, et voyant qu’il n’avait rien pu gagner sur l’esprit de la suppliante, lui aurait dit en colère que s’il avait une femme de son humeur, pour s’en venger il la donnerait à un valet, ayant ledit de Beaupoil usé de plusieurs autres indignités et opprobres envers la suppliante, ledit de Boisbelet les continuant, étant un jour entré en la chambre de la suppliante, lui aurait dit pourquoi elle ne voulait pas obéir au dit Charles Desmontis, et qu’elle abusait de sa bonté, par la même violence, et en les continuant de plus en plus par paroles piquantes et deshonnêtes, auraient retenu ladite suppliante comme captive et prisonnière audit lieu de Puybolié jusqu’au 14e du présent mois, sans lui vouloir permettre de sortir en façon quelconque. Pendant sa détention, lesdits de Boisbelet et sa femme auraient usé de tous les artifices imaginables pour parvenir au mariage qu’il s’était proposés.

Et les dames de Vaux et de Coulonge, et la damoizelle de Grosbost, étant venues audit lieu de Puybolié pendant le séjour de la suppliante, elle leur aurait ouvertement témoigné et déclaré la cruauté dont l’on usait en son endroit, la retenant prisonnière pour lui faire épouser par force ledit Charles Desmontis pour lequel elle avait adversion, et aimerais mieux mourir que de l’épouser,

de laquelle détention, les sieurs de Douzat et de Roche, père et fils, ayant eu avis par le valet de la suppliante, seraient venus audit lieu de Puybolié pour tâcher d’obtenir sa liberté, ce qui leur aurait été impossible,

ce qui aurait obligé le sieur du Chastelard, de Saint-Front, beau-frère de la suppliante, en ayant eu avis, de se rendre audit lieu de Puybolié pour la retirer des mains desdits de Boisbelet et son fils. Et pour y parvenir, aurait été contraint de donner audit de Boisbelet la somme de 500 livres, comme il résulte de l’acte dudit jour 14e décembre, reçu Gratereau notaire royal ; outre un billet de 82 livres qu’ils auraient extorqué d’elle pour des marchandises prises en la boutique de Taschier, marchand de cette ville (Angoulême) et cinq écus blancs, et un tour de perles qu’ils auraient pris dans la bourse de la suppliante, dont ils n’ont rien rendu que les perles.

Et ladite suppliante s’étant retirée en sa maison, audit lieu de Montermenou, toute incommodée en sa personne d’afflictions et chagrin qu’elle aurait reçu pendant sa détention, elle se serait faite traiter par médecins et apothicaires.

Et sitôt qu’elle a eu repris des forces et que sa santé le lui a pu permettre, elle s’est rendue en cette ville (Angoulême) afin de vous en rendre sa plainte.

Signé : Sara Pascault

 23 décembre 1655 - Information par le lieutenant criminel lui-même (Souchet)

Jean de Roche, 63 ans, écuyer, seigneur de Douzac, y demeurant

Le 3e du présent mois, ladite Pascaud, veuve du Sr. de Puynode, serait arrivée en sa maison en la compagnie de Samuel de Roche, fils du déposant, et du sieur Desmontis père, lesquels couchèrent à en sa maison, et le lendemain, le sieur Desmontis serait parti, ayant parlé à ladite Pascaud dans la chambre où elle était couchée.

Et le dimanche ensuivant, le sieur Desmontis fils, avec sa mère et un nommé le sieur de Beaupoil, vinrent en la maison du déposant, ou était aussi ladite Pascaud, la conduisirent à la messe au lieu de Douzat. Et après avoir dîné tous ensemble, ladite Pascaud dit au déposant qu’elle avait promis de rendre visite à la damoizelle de Limerat, qui n’était éloignée qu’environ un quart de lieue, auquel lieu lesdits Desmontis, sa mère et le Sr de Beaupoil offrirent de l’accompagner.

Ce que le déposant ayant appris, étant au lit malade, il aurait fait appeler ladite Pascaud et lui dit qu’il ne lui conseillait pas d’aller avec lesdits Desmontis et de Beaupoil, étant seule.

À quoi elle fit réponse qu’elle ne se méfiait pas d’eux et qu’elle les croyait gens d’honneur, et à l’instant partirent tous et s’en allèrent chez ladite damoizelle de Limerat.

Et le mardi 7e dudit mois, le déposant ouyt dire par sa femme et par ledit de Roche son fils qui venaient de la campagne, que ladite Pascaud était fiancée avec led. Desmontis fils … dans sa maison.

Et à l’instant, lui qui dépose aurait envoyé un homme, avec une lettre de sa part, chez le sieur Desmontis père, pour savoir la vérité de ce mariage. Et ledit valet étant revenu dit au déposant qu’il n’avait pu donner sa lettre à lad. Pascaud, et que lesdits sieurs Desmontis, père et fils, ne l’avaient voulu laisser parler à icelle.

Et le lendemain, jour de mercredi, ladite Pascaud envoya par son valet un billet au déposant contenant qu’elle lui faisait reproche de ne l’aller pas voir en sa nécessité. Et le lendemain, jour de jeudi, le déposant se transporta en la maison desdits sieurs de Boisbelet père et fils, sise au village de Puybolié, paroisses d’Echallat. Et en entrant dans la chambre de ladite Pascaud, qui était au lit, il trouva led. Desmontis fils et le sieur de la Sansonnerie son oncle, et autres, auxquel led. déposant dit qu’il était venu voir lad. dame Pascaud suivant le billet qu’elle lui avait écrit, et pour la servir, et s’adressant à elle, lui dit « si elle voulait venir chez lui à Douzat ou ailleurs, il la conduirait au elle voudrait aller ». Laquelle fit réponse qu’elle voulait venir à Douzat, chez le déposant. Et lors, il demanda auxdits sieurs Desmontis fils et de la Sansonniere s’il lui voulaient permettre, lesquels firent réponse que non. Et que le sieur Desmontis père n’y était pas. Et de là peu de temps, led. Desmontis père étant arrivé, lui qui dépose, lui dit s’il ne voulait pas donner la liberté à ladite Pascaud d’aller chez lui à Douzat comme elle désirait. Lequel aurait fait réponse que cela dépendait de son fils et qu’il n’était plus le maître chez lui. Ce qui obligea lui qui dépose de continuer sa demande aud. Desmontis fils, qui lui fit réponse qu’elle ne sortirait d’entre ses mains qu’elle ne l’eût épousé..

Et à l’instant, lui qui dépose, se retira en ses biens, chez lui.

Et le samedi suivant, le déposant s’en allant au bourg d’Echallat, chez le Sr Amblard, avocat, il fit rencontre, proche dudit bourg, du Sr Desmontis père, et parlant de la rétention de lad. dame Pascaud, icelui Desmontis père dit qu’il était prêt de la séquestrer, et que son fils et le Sr de la Sansonnerie son frère aurait tout charge ? - ce qui occasionna le déposant de prendre ledit sieur Amblard avecq lui et s’en allèrent tous deux en partant du bourg d’Echallat aud lieu de Puybolier, virent lad. Pascaud à laquelle ils demandèrent si elle voulait être séquestrée en la maison du sieur de Lhaumond, ou du sieur de Grosbost. Laquelle fit réponse qu’elle n’avait dessein que de sortir de la misère dans laquelle elle était, et qu’elle n’épouserait jamais le Sr Desmontis fils. Le déposant demanda au Sr de la Sansonniere, Desmontis fils, … autour de leurs amis présents, de donner la liberté à lad. Pascaud d’aller, ou de la faire conduire, en l’une des maisons dud Sr de Lhaumond ou de Grosbost, laquelle ils voudraient,

lequel Desmontis fils fit réponse qu’il fallait attendre son père, et en même temps le déposant se retira, aussi led. Sr Amblard.

Et le dimanche suivant, au soir dudit jour, les sieurs de Chastellard St Front, beau-frère de ladite Pascaud et Chanteloube vinrent audit Douzat, suivant mendement du déposant.

Et le lendemain, jour de lundi furent tous trois audit lieu de Puybolier, à dessein de retirer lad. Pascaud ou la faire séquestrer, ce qu’il ne purent obtenir ; et au contraire lesdits sieurs Desmontis père et fils, de la Sansonnerie, Beaupoil et plusieurs autres ne voulurent en aucune sorte permettre sa liberté, sinon qu’elle leur promît la somme de 500 livres, laquelle leur fut donnée par ladite Pascaud le mardi suivant, et après, la laissèrent sortir avec lesdits sieurs Chastellard, Chanteloube et le déposant.

 Clément Vincent, 24 ans, serviteur domestique de ladite Pascaud

… Étant venu dans cette ville (Angoulême) avec lad. Pascaud, elle serait allée le vendredi 3e décembre au lieu de Douzat, en la compagnie du sieur de Douzat fils, et de Boisbelet père, auquel le lieu de Douzat le sieur de Boisbelet père coucha. Et le samedi au matin, alla dans la chambre de lad. Pascaud, sans savoir quelles paroles il lui dit, et s’en alla.

Et le dimanche au matin, le sieur de Boisbelet fils, et de Beaupoil, vinrent aud. Douzat, et conduisirent lad. Pascaud à la messe, en l’église de Douzat, le Sr de Beaupoil tenant lad. Pascaud. Et après dîner, 20 la mer dud. Sr de Boisbelet fils, et ouyt que lesdits sieurs de Boisbelet, sa mère et de Beaupoil, dire qu’ils voulaient aller chez la damoizelle de Limerat ; et que lad. Pascaud dit qu’elle voulait aller lui rendre visite, et s’en allèrent tous ensemble au lieu de Beaucaire, en la maison de ladite damoizelle de Limerat et le déposant avec eux,

où étant arrivés, se mirent à jouer aux cartes. Et le soir, lad. Pascaud commanda à lui qui dépose, de retourner ses chevaux à Douzat, ce qu’entendu par led. Desmontis fils, dit qu’il fallait les mener chez lui, a Puybollier, à cause que le lieu était plus proche, à quoi lad. Pascaud ne fit de réponse, de sorte que lui qui dépose mena lesdits chevaux audit lieu de Puybollier, à la maison desdits sieurs Desmontis père et fils.

Dépose en outre que lorsqu’ils arrivèrent en la maison de la damoizelle de Limerat, le sieur de Boisbelet père y était, et demeura avec lad. Pascaud, et lesd. sieurs Desmontis et de Beaupoil, allèrent avec le déposant audit lieu de Puybollier, où étant arrivés, ledit sieur de Boisbelet fit commande à un homme d’Echallat qui était en lad. maison de s’en aller prendre la jument de la damoizelle de Boisbelet sa mère, et la mener à Gratereau notaire royal et lui dire de sa part qu’il vint dès le même soir audit lieu de Puybollier. Et de fait environ deux heures en la nuit, le déposant vit arriver ledit Gratereau, lequel avec lesdits sieurs Desmontis fils, Beaupoil et la mer dudit Desmontis fils se mirent dans une chambre, et led. Desmontis fils commanda au déposant de se retirer et de s’aller coucher, ce qu’il fit.

Et le lendemain, jour de lundi, à la point du jour, le déposant partit du lieu de Puybollier avec lesdits sieurs Desmontis fils, de Beaupoil et la mère Desmontis fils, et led. Gratereau, et s’en allèrent audit lieu de Beaucaire, en la maison de lad. damoizelle de Limerat. Où étant, lesdits sieurs de Beaupoil, Desmontis, Gratereau, et lad. damoizelle Desmontis, montèrent en une chambre haute où lad. Pascaud était couchée. Et le déposant s’en alla mettre ses chevaux dans l’écurie… Après, il serait allé en la chambre où étaient lad. Pascaud qui était levée, et vit le déposant qu’il y avait un papier écrit sur la table de lad. chambre, dans lequel lesdits Desmontis père et fils voulaient faire signer lad. Pascaud, ce qu’elle ne voulait faire.

Les lors, led. Desmontis fils lui présenta la plume à deux diverses fois, lui disant de signer, mais elle ne le voulut faire, disant qu’elle signerait le lendemain. À quoi ledit Gratereau notaire répartit qu’il fallait signer, d’autant que le lendemain il n’y serait pas et qu’il voulait venir en cette ville (Angoulême) et derechef, ledit Desmontis fils présenta à lad. Pascaud la plume, laquelle elle prit entre les mains, et fort triste, disant qu’elle ne savait ce qu’elle faisait, et en même temps écrivit sur ledit papier, et incontinent, dit ces mots « Ils m’ont fait signer un contrat de mariage, mais je ne l’épouserai jamais ».

Après quoi, ledit sieur de Beaupoil dit au sieur Desmontis fils qu’il fallait le faire embrasser avec lad. Pascaud. Et ledit Desmontis fils voulant s’avancer pour saluer ladite Pascaud, elle le repoussa du bras, lui disant qu’elle ne voulait pas le baiser.

Et une heure après, led. Desmontis fils monta à cheval et s’en alla avec led. Gratereau, notaire, audit lieu de Puybollier. Et le sieur Desmontis père avec le sieur de Beaupoil et la femme du dit Desmontis emmenèrent lad. Pascaud, lui disant qu’il la retourneraient au lieu de Douzat. Et étant arrivés au lieu de Puybollier, après avoir dîné, lad. Pascaud s’en voulut retourner aud. Douzat, mais le sieur Desmontis père et le sieur de Beaupoil l’en empêchèrent et lui promirent qu’il l’emmèneraient bien toujours à Douzat. Le sieur de Boisbelet fils s’en étant allé avec ledit Gratereau au bourg d’Echallat. Et lad. Pascaud voyant qu’on la retenait, elle se plaignit audit Desmontis père, lui demandant ce qu’ils voulaient faire d’elle. À quoi il fit réponse que lorsque son fils serait de retour, on la conduirait à Douzat. Et ledit Desmonti fils étant arrivé, le même jour, ils l’auraient obligée à coucher en leur maison. Et le lendemain, elle pria derechef lesdits Desmontis père et fils et de Beaupoil, de la faire conduire à Douzat, ce qu’ils refusèrent. Et lad. Pascaud étant en colère de ce qu’on ne la voulait laisser aller, elle leur dit qu’ils ne gagneraient rien et qu’elle n’épouserait jamais ledit Desmontis fils. À quoi elle résistait et se plaignait d’être prisonnière.

Pendant lequel temps, les sieurs de Douzat, père et fils, la seraient venus visiter et firent leur possible pour obliger lesdits Desmonti et Beaupoil de la laisser aller. Mais ils ne voulurent point leur accorder leur demande,

et firent publier deux bans en l’église d’Echallat.

Et un certain jour, pendant la détention de lad. Pascaud, elle bailla un billet au déposant pour le porter secrètement au sieur du Chastellard St Front, son beau-frère, ce qu’il fit. Et deux jours après, le sieur de Chastellard, le sieur de Chanteloube son frère et les sieurs de Douzat père et fils, vinrent en la maison desdits Desmontis,

et après que le sieur de Chastellard eut donné la somme de 500 livres et quelques hardes auxdits Desmontis, il laissèrent aller ladite Pascaud et s’en alla au lieu de Douzat.

Dépose aussi que pendant que lad. Pascaud à demeurer dans la maisons desdits Desmontis, ils ne la laissaient parler à personne sans qu’ils fussent présents.


Le lieutenant-criminel décrète prise de corps contre Desmontis père et fils, la femme Desmontis, Beaupoil et Gratereau le notaire.


B1-988

 5 janvier 1656 — audition de Seguin Desmontis, 46 ans, écuyer, sieur de Boisbelet, demeurant au lieu de Puybollier paroisse d’Echallat

Il y a environ sept à huit mois qu’il connaît Sarra Pascaud, veuve de défunt Pastoureau, écuyer Sr de Puynode. N’a pas connu son défunt mari. Il a ouy dire qu’il était mort à la fin de l’année 1654. Il sait qu’après la mort de son mari, le sieur de Beaumond ? l’a recherchée en mariage, à quoi elle n’aurait voulu entendre.

Interrogé si au commencement du mois de décembre dernier, la promouvante désirant aller rendre visite au Sr de Douzat son beau-frère, si il ne l’aurait pas accompagnée depuis Angoulême jusqu’à la maison dudit Sr de Douzat.

A dit qu’étant venu en cette ville, en se retirant, il alla de compagnie avec la promouvante jusqu’à la maison du Sr de Douzat, (ou plutôt il quitta la promouvante et le fr. dud. sieur de Douzat, au bourg de Fleurac). La promouvante avait aussi un valet avec elle.

À dit qu’elle le pria que le lendemain, samedi, il fit venir Charles Desmontis son fils audit lieu de Douzat pour jouer avec elle à cause que led. Sr de Douzat son beau-frère était malade, et qu’elle désirait se divertir avec ledit Desmontis, son fils.

À dit qu’il coucha au lieu de Douzat, la promouvante l’ayant prié d’attendre au lendemain et de faire amener une de ses juments en la maison du nommé Boisnard, maréchal, afin de la traiter une maladie qu’elle avait.

Le samedi, elle le pria derechef de faire aller son fils audit lieu, le même jour. Et le dimanche suivant elle pria aussi d’y faire rendre la femme du répondant, afin d’aller toute compagnie chez la damoizelle de Limérac.

Son fils ne s’étant rencontré chez lui, ledit jour de samedi, il l’envoya chercher chez le sieur de Boisauroux où on lui dit qu’il était ; et led. jour de samedi, environ soleil couché, sondit fils s’en allant aud. lieu de Douzat avec le valet de lad. promouvante qui était venu quérir la jument que lui qui répond avait envoyée chez le maréchal, sondit fils rencontra le sieur de Beaupoil qui venait de cette ville, et ils s’en retournèrent tous de la maison dudit répondant où ils couchèrent est firent résolution d’aller voir lad. promouvante led. jour de dimanche au matin. Et de fait, y furent et la femme de lui qui répond après avoir dîné s’en alla aussi aud. lieu de Douzat afin de faire compagnie à lad. promouvante chez lad. damoizelle de Limérac ainsi qu’il avait été arrêté entre la promouvante et le répondant.

Interrogé s’il sait que lad. promouvante serait allée en la compagnie de sa femme, de son fils et dud. sieur de Beaupoil, audit lieu de Beaucaire, chez la damoizelle de Limérac.

A dit que le jour de dimanche, étant audit lieu de Beaucaire chez lad. damoizelle de Limérac, il y vit arriver la promouvante, environ les deux heures après midi, avec la femme du répondant, son fils et le Sr de Beaupoil. Et environ une heure après, le fils du sieur de Douzat et arrive aussi avec de gentilshommes nommés les sieurs de Grosbost et de La Porte.

Et peu de temps après, ladite Pascaud qui jouait avec led Sr de Beaupoil quitta le jeu et mena le répondant dans un bois proche de la porte et lui dit qu’elle ne pourrait rien faire à cause de son neveu de Douzat et qu’elle priait le répondant de dire à la damoizelle de Limerac de le prier de coucher chez elle
afin que sondit neveu et ceux de sa compagnie étant retirés, elle fit passer son contrat de mariage avec le fils du répondant, lequel elle avait projeté dans cette ville, et même avait proposé au répondant de se trouver avec son fils audit lieu de Douzat afin de s’en aller avec elle au lieu de Beaucaire passer son contrat,
de sorte que le répondant pria lad. damoizelle de Limerac de vouloir retenir à coucher les dames de Puynode, ce qu’elle fit, les sieurs de Beaupoil, le fils du répondant, Des Roches et autres s’étant retirés, à la réserve de lad. dame Pascaud, et le répondant qui demeurèrent à coucher aud. lieu de Beaucaire.

Et le lendemain la femme du répondant, son fils, le Sr de Beaupoil et le nommer Gratereau notaire royal, vinrent au lieu de Beaucaire, où étant, le notaire aurait écrit le contrat de mariage de lad. Pascaud en sa présence, avec le fils du répondant. Et ensuite, lecture fut faite dud. contrat, en présence de la damoizelle de Limérac, le nommé Thoulouze archer Boislambert du bourg de Genac, et autres de lad. Maison,

auquel contrat la promouvante fit ajouter deux clauses, l’une que quoiqu’il fût porté par ledit contrat qu’elle faisait communauté avec les Sr de Legroux que par les conventions qu’elle voulait que les successions qui leur pourraient échoir leur censées de nature de propre ; l’autre que parce qu’elle avait promis de payer à la damoizelle de la Vigerie à la décharge de répondant la somme de 6000 livres et qu’elle avait aussi promis au préparlé la somme de 500 livres par usufruit sa vie durant, elle voulait que la rente de 6000 livres fut comprise dans celle des 500 livres, et que partant ses héritiers ne seraient obligés que de lui donner annuellement la somme de 200 livres.

Après lesquelles clauses écrites par le notaire, le proparlé signa le contrat, et lad. promouvante ensuite, et tous ce qui étaient en lad. maison avec le notaire.

Et la promouvante désirant aller épouser ? à Puybollier en la maison dud. répondant, elle lui voulut donner ses clefs pour aller chercher de la vaisselle d’argent que le répondant lui avait apportée de Poitiers, ses hardes et argent monnaie qu’elle avait laissé chez le sieur de Douzat.

Mais le répondant lui dit que lorsqu’ils seraient chez lui, ils enverraient chercher ledit argent. Et incontinent ladite promouvante monta à cheval avec le répondant, sa femme et le Sr de Beaupoil le fils du répondant s’étant retiré quelque temps auparavant afin de pouvoir congédier quelques gentilshommes qui étaient chez lui, d’autant que lad. promouvante ne les voulait point voir.

à suivre ...


Voir en ligne : Association Généalogique de la Charente

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