Histoire Passion - Saintonge Aunis Angoumois

Accueil > Chronologie de l’histoire locale > La Renaissance > 1533 - 1850 - Le protestantisme en Angoumois, Aunis et Saintonge > De l’Edit de Nantes à sa révocation (1598-1685) > 1681 - Les protestants de Marennes et Brouage en appellent au Roi et au (...)

1681 - Les protestants de Marennes et Brouage en appellent au Roi et au Parlement

samedi 1er novembre 2008, par Pierre, 1034 visites.

L’Edit de Nantes n’est pas encore révoqué (octobre 1685), mais ses dispositions ne sont plus appliquées par les autorités. Persécutés, les protestants espèrent encore que le Roi et le Parlement de Bordeaux feront respecter la loi et garantiront leur tranquillité. Il n’en sera rien, et beaucoup devront se résoudre à prendre le chemin de l’exil.

Source : Les derniers efforts de l’innocence affligée, ou entretiens curieux de deux Catholiques Romains, l’un Parisien & l’autre Provincial sur les moyen dont on se sert aujourd huy pour détruire la Religion Protestante dans ce Royaume - Pierre Jurieu - Amsterdam - 1682 - Books Google

 Au Roy

Sire,

Vos Sujets de la R. P. R. de Marennes en Saintonge & Gouvernement de Brouage , prosternez aux pieds de Vôtre Majesté luy remontrent tres-respectueusement, que quoy qu’ils se soient toujours comportez selon les Édits & Declarations de Vôtre Majesté & qu’ils soient fort persuadez, que son intention est, qu’ils vivent en repos & ne soient forcez dans leurs consciences ; Néanmoins le Sieur Gouverneur de Brouage ne laisse pas avec sa garnison d’aller de lieu en lieu & de Village en Village pour contraindre par toutes sortes de voyes ceux de-ladite Religion d’aller à la Messe, en traînant les uns par force dans l’Église, menaçant les autres de les tuer s’ils refusent d’abjurer, & logeant ses Soldats dans leurs maisons qu’ils pillent, & vendent les meubles, les contraignant d’abandonner tout, pour chercher ailleurs le repos qu’ils ne peuvent trouver dans leur patrie.

Cela, Sire, s’est fait au Bourg Dhier proche-dudit Brouage. On a attaché un nommé Blanchet Charpentier de Navire sur une table, on luy a fait entrer par force des pierres dans la bouche, & aiguisé les dents avec des cailloux.

On porte diverses personnes dans les Eglises, on leur fait mettre par force la main sur un livre, & par là on prétend qu’ils sont bons Catholiques, & en suite par les menaces qu’on leur fait, on les oblige à signer, qu’ils ont abjuré leur Religion, sans y avoir été contraints ni induits par aucune manière

On a fait les dernières violences aux nommez Chadenne Marinier, Ardouin & Rambert. Et le nommé Voyer s’étant réfugié à Marennes y a été suivi par un Sergent & quatre Soldats, qui à la veuë de tout le monde luy ont donné plusieurs coups de plat d’épée & du bout des crosses de leurs fusils dans l’estomach, & l’ayant mis en état de ne pouvoir marcher, ils l’ont porté sur un brancart dans la prison.

Aux Villages du Breuil, la Ménardiere & autres, les Soldats de ladite garnison sont entrez par force dans les maisons, ont emporté & vendu publiquement les meubles de ceux qui s’étoient retirez pour être à couvert des violences qu’ils avoient vû faire chez leurs voisins, entr’autres chez les nommez Ardouin, le Comte, Hervé & Baudry.

Au lieu de Peufecié, des Officiers de la même Garnison ont mis l’épée & le pistolet a la gorge d’un nommé Chasseriau, disant qu’ils le vouloient tuer s’il ne changeoit de Religion, & qu’il fit sa prière, ledit Chasseriau s’étant mis à genoux & fait sa prière, ils l’ont outragé de coups & dit mille injures, parce qu’il n’a pas voulu changer de Religion.

Au Bourg de Marennes, on emprisonne tous les jours plusieurs personnes, sans aucune formalité de Justice. On a enlevé de la même manière les meubles d’un nommé Fougeron Capitaine de Navire. Le nommé Soleil a été battu & jetté dans la prison pour n’avoir pas voulu abjurer. Et enfin on menace tous les habitans desdits lieux de les contraindre par toutes sortes de voyes violentes d’aller à la Messe.

Toutes ces violences, Sire, & celles qui se font dans les Isles d’Oleron, la Tremblade & Soubise, obligent tous les jours vos Matelots & autres Sujets de la R. P. R. à abandonner le Royaume. Les Supplians demandent justice à Vôtre Majesté. Et ils l’espèrent d’autant plus de vôtre clémence, qu’ils ont toujours été tres-soumis à ses ordres, & ont fait paroître en toutes occasions un zele & une fidélité inébranlable à vôtre service, étant encore prêts de sacrifier leurs biens & leurs vies. Ils ne demandent pour toute grâce que la liberté de leurs consciences ; Qu’il plaise à Vôtre Majesté d’arrêter le cours des violences qu’on leur fait, & qu’ils puissent vivre dans vôtre Royaume suivant vos Edits & Déclarations ; Et ils continueront leurs vœux & leurs prières pour la Personne sacrée de Votre Majesté & la prospérité de fon Règne.

 Requête présentée au Parlement de Guyenne par les Habitans des Isles de Saintonge au Gouvernement de Broüage.

Supplient humblement les Habitans des Isles de Saintonge au Gouvernement de Brouage faisant profession de la R. P. R. disant que quoy que suivant les Edits & Déclarations de sa Majesté, & même suivant l’Arrest du Conseil du 19. May dernier, ils doivent vivre en pleine liberté de même que les autres Sujets du Roy. Néanmoins le Sieur de Carnavalet Gouverneur audit Brouage accompagné de partie des Capitaines de sa Garnison & de plusieurs Soldats, exercent des violences horribles contre les Supplians, saccageant des maisons, leur donnant une infinité de coups de bâton, des bouts de pistolets & de mousquetons, les traînant par les cheveux, leur brûlant la barbe pour les forcer à changer de Religion, à cause dequoy les Supplians sont obligez à avoir recours à la justice & à l’autorité de la Cour, pour obtenir qu’Elle enyoye & députe des Commissaires du Corps de la Cour pour informer de la vérité des choses, & instruire toute la procédure afin d’arrêter ces inhumanitez si contraires à la volonté du Roy & à la tranquillité publique, n’étant pas possible de trouver sur les lieux des Officiers qui veulent faire aucuns actes contre un Gouverneur. Ce consideré ; Il vous plaise de vos grâces octroyer Acte aux Supplians de leurs plaintes, & en conséquence envoyer & députer tel de Vous, Nosseigneurs, qu’il vous plaira, pour se transporter sur les lieux & informer de la vérité des choses, & instruire la procédure pour réprimer lesdites inhumanitez, & cependant mettre les Supplians sous la protection & sauvegarde du Roy & de la Cour, & ferez bien.

Signé, CHAILLE, en consequence de ma Procuration.
BONNIN, en consequence de ma Procuration.
J. PAVILLON, en consequence de ma Procuration.

Signé, LARTIGUET, Procureur ;

Et au dessous est écrit,

Nous soussignez n’ayant pu ni faire appointer la susdite Requête ni la faire signifier, en avons nous-mêmes porté une pareille & semblable copie à Monsieur de Pontac Procureur General qui l’a prise & reçue en presence de Monsieur Dalon Avocat General.

A la Reole le 8. Septembre 1681.

Signé, BONNIN, J. PAVILLON, CHAILLE.

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Se connecter
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Lien hypertexte

(Si votre message se réfère à un article publié sur le Web, ou à une page fournissant plus d’informations, vous pouvez indiquer ci-après le titre de la page et son adresse.)

Ajouter un document

Rechercher dans le site

Un conseil : Pour obtenir le meilleur résultat, mettez le mot ou les mots entre guillemets [exemple : "mot"]. Cette méthode vaut également pour tous les moteurs de recherche sur internet.