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1756 - Noce à Cognac - Un charivari - Des intrus s’invitent en force - La violoniste a le coup d’archet vengeur

samedi 26 septembre 2009, par Pierre, 864 visites.

Un charivari : une façon bruyante et parfois violente de s’inviter à une noce où on n’est pas attendu. La fête tourne au pugilat - du bruit - des curieux - les passants qui essayent de profiter de l’aubaine - des coups - la violoniste, un peu éméchée, casse son archet sur la tête de l’intrus. Les témoignages, comme toujours, sont contradictoires. Au juge de s’y retrouver !

Source : Extrait des dossiers de la justice du Siège Royal de Cognac, relevé par Gabriel Delage - Cote B2 - 136

Un charivari à Cognac (1756)

Son père se remariait. Elle jouait du violon au repas de noces. Les gens du charivari arrivent. Elle casse l’archet de son violon sur la tête du chef des manifestants.

 18 février 1756 – plainte au lieutenant criminel du siège royal de Cognac

par Jean Ollivier, marchand de toile, et damoiselle Marie Cornifleau son épouse, Disant que Laurent Cornifleau, lasseur de peigne ?, père et beau père des suppliants, se serait marié le jour d’hier avec Marie Babin,

et ces derniers auraient demandé aux suppliants de leur prêter la chambre basse de leur maison pour faire le festin de la noce, ce que les suppliants leurs auraient accordé.

Et sur les 9 heures du soir dudit jour d’hier, que les personnes conviées à la noce étaient à table, on aurait entendu frapper à la porte avec beaucoup de violence, ne sachant qui c’était qui venait les troubler dans leur divertissement.

On fut obligé de leur ouvrir, Après avoir frappé d’une telle force, voulant enfoncer... dans le dedans... même commencé à enfoncer une planche de la boutique, cassé une cheville de fer qui soutenait ladite planche, Marquée en plusieurs endroits la porte à force de frapper.

Et non content de ce, le nommé Roumaigneau qui était à la tête d’un grand nombre de personnes, étant parvenu à la porte d’entrée de la chambre basse des suppliants, où les personnes étaient à table, ladite Cornifleau qui était à ladite porte avec son violon pour divertir la compagnie de la noce, ledit Roumaigneau aurait commencé par casser son archet de violon, lui donna un coup de poing au visage, lui déchira son mouchoir de col, la prit aux deux bras dont il lui a fait plusieurs contusions, étant même grosse de deux mois dont elle croit être blessée,

qui avait un chaudron à la main écoulant environ trois siau, avec un bâton dedans afin de faire du bruit, et animant les personnes qui étaient avec lui de faire le tapage et carillon,
entre en ladite chambre avec violence, accompagné de plusieurs personnes en toute apparence, qui avait formé le dessein comme lui de faire des violences.

En effet, tirèrent du vin, emportèrent les bouteilles, chandelles de suif qui étaient sur la table...

 Rapport des chirurgiens (même jour) – beaucoup de contusions

Marie Cornifleau, gisante au lit, qui nous a déclaré être enceinte de deux mois, et qu’au moment de la querelle, hier soir, elle s’est trouvée avoir une grande perte qu’il a obligée de se mettre au lit, ressentant beaucoup de douleur dans les reins... ce qui nous fait craindre un avortement prochain.

 19 février 1756 – information

- Jacques Monchastel, 18 ans, cordonnier à Cognac
mardi dernier, environ les 9 heures du soir, le déposant était venu dans la rue au-devant de la maison de Cornifleau et vit led. Roumaigneau qui tenait un chaudron à la main, Qui était dans la maison dudit Cornifleau et le déposant entendit que Roumaigneau traita lad. Cornifleau femme dud. Ollivier, de bougresse, et qu’il lui donnerait son chaudron par la tête, et qu’elle était saoule.

- Jeanne Tabois, 38 ans, femme de Jean Babin, gabarrier à Cognac
La déposante était dans la maison dud. Ollivier.
Roumaigneau entra avec son chaudron à la main, faisant beaucoup de bruit, pris l’archet du violon et le cassa, donna un soufflet à lad. Cornifleau et lui déchira son mouchoir de col.
(Et il y a d’autres témoins qui disent la même chose)

 27 février 1756 – audition de Guillaume Puymoyen dit Roumaigneau

, 26 ans, marchand poellier, demeurant à Cognac.

Répond que led. jour, le répondant fut à la maison du dit Ollivier avec plusieurs personnes, et au moment qu’il entra dans la maison d’Ollivier, après qu’on lui eut fait beaucoup d’instance pour y entrer, la Cornifleau, femme d’Ollivier, Prit son archet de violon et lui en donna par le visage, Ce que voulant éviter a plusieurs fois, le répondant ayant porté la main au-devant dudit coup d’archet, il se cassa à la main du répondant. Dans le même mouvement, attrapa le mouchoir de col de ladite Cornifleau qui déchira, mais le répondant dénie avoir donné un coup de poing.

Il est vrai que le répondant avait un chaudron pour faire du bruit en donnant le charivari au père de la Cornifleau qui s’était marié le même jour. Mais led. Olivier, mari de lad. Cornifleau, pria le répondant d’entrer dans la maison, sans quoi il n’y aurait pas entré.

 20 février 1756 – plainte de Guillaume Puymoyen dit Roumaigneau

Mardi dernier, vers les 7 à 8 heures du soir, y ayant un grand concours de peuple au-devant de la maison du nommé Olivier, pour donner ce qu’on appelle charivary à Laurent Cornifleau père qui se maria le même jour... Le suppliant qui était chez la demoiselle Ferraud qui demeurait dans le voisinage, ayant sorti, muni d’un chaudron, se présenta avec beaucoup d’autres à la porte de la maison... Et ayant été reconnu par le nommé Olivier père, et Babin, gabarrier, qui étaient de la noce, il fut sollicité par eux est même pris par la manche pour entrer boire avec eux. Et étant dans la chambre, lad. Cornifleau qui jouait du violon, s’avança au suppliant et lui donna deux coups d’archet par le visage. Et ayant elle-même cassé l’archet avec lequel elle déchira aussi son mouchoir de col. Chagrine sans doute de cela, elle donna aussi un soufflet au suppliant qui aima mieux se retirer que de se venger.

Et la femme du suppliant, ayant appris ce qui s’était passé, alla chez lad. Cornifleau, et elle lui proposa de lui payer l’archet, et de lui donner un autre mouchoir, ce que la Cornifleau accepta... (Il nie pourtant d’apprendre qu’elle a déposé sa plainte ; c’est pourquoi il dépose la sienne).

Au cours de son audition, le 29 février, Marie Cornifleau, 27 ans, confirme ses accusations, Mais reconnaît qu’elle eut aussi dispute avec des lanterniers, venu après Roumaigneau, qui ne voulaient pas sortir et qui lui donnèrent un coup sur la tête.

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