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1779 - Les ressources minières de la généralité de Limoges

dimanche 23 mars 2008, par Pierre, 4119 visites.

Bien que les ressources de l’Angoumois soient modestes dans cette description, il m’a semblé intéressant de publier le texte intégral de ce recensement, qui peut donner envie aux géologues amateurs ou non d’aller faire un petit tour sur le terrain, à la recherche de ces mines oubliées.

Source : Les anciens minéralogistes du Royaume de France - M. Gobet - Paris - 1779 - Books Google

A la fin du premier article, les ressources minières de l’Angoumois, de la Saintonge, du Poitou, et du Périgord.

 Des Mines de la Généralité de Limoges avec les indications des Carrières de Pierres singulieres. Par M. Desmarest, de l’Ac. des Sciences.

On trouve dans cette Généralité des Mines de Plomb, de Cuivre, d’Antimoine, de Fer & de Charbon de terre.

 Mines de Plomb.

I. Nous mettrons a la tête de ces Mines, celle dont les filons font répandus dans les Paroisss de Glanges, de Vic & de Saint-Hilaire-Bonneval, à deux lieues de Pierre-Buffiere & à cinq lieues de Limoges, parce qu’elle est la seule exploitée. Il n’existe aucun monument ni aucun vestige d’anciens travaux d’où l’on puisse conclure que cette Mine ait été travaillée en grand avant les tentatives qui furent faites en 1724. Mais de temps immémorial les habitans des paroisses circonvoisines ont ramassé de cette Mine pour la vendre aux Potiers de terre de Magnac Bourg & de Saint-Junien qui s’en servent pour vernisser leurs poteries. Ces potiers mêlent à la chaux de plomb un quartz blanc pulvérisé , qui sert de base à leur Email.

La facilité qu’ont trouvée ces habitants a ramasser de la mine, prouve que les filons se montrent à découvert sur les croupes des vallons approfondis qui sont fort multipliés dans toute l’étendue que parcourent ces filons.

La mine de Glanges est la seule qu’on ait travaillée un peu en grand. Les travaux furent établis en 1724, sur une hauteur au midi de Glanges : On ouvrit quelques puits & on poussa des Galleries qui fournirent pour plus de dix mil écus de mine. M. Morin fondeur de la Monnoye de Limoges, prétend avoir tiré 60 livres de plomb d’un quintal de cette mine.

Tous ces travaux ont été abandonnés entièrement depuis 1725. Ils ont été repris en 1762 par M. le Marquis de Mirabeau [1] qui a déjà fait de grandes dépenses pour s’assurer de la nature & de la richesse des filons, soit en r’ouvrant les travaux des premiers entrepreneurs déjà comblés & dégradés, soit en creusant de nouveaux puits & de nouvelles galeries. Ces travaux ont appris que la direction du filon étoit du Nord au Sud : & qu’il étoit assés suivi dans certaines parties. On avoit trouvé à 45 pieds des houtons de Mine assez pesants très-purs, mais enveloppés d’une croûte ou chapeau de fer qui empêchoit le Minéral de faire corps : mais à 52 pieds on a commencé à voir : le filon bien suivi & dans un Spath cristallisé qui succède à la partie ferrugineuse : dans le progrès de cette fouille, on a observé que le filon qui n’avoit d’abord qu’un pouce, marquoit 4 pouces à 40 pieds, & 6 pouces a 52.

Le rocher dans lequel se trouve cette mine est d’une extrême dureté, ce qui retarde les progrès des travaux & en augmente les frais. On ne peut l’entamer qu’à l’aide de la poudre. Il est grisâtre : on voit parmi quelques cristaux d’une substance calcaire que l’eau paroit y avoir déposée en filtrant à travers le toit de la mine : & enfin quelques veines de Spath fusible.

On a fait aussi une fouille proche le Village de Fargeas d’où l’on a extrait une certaine quantité de Plomb cubique enveloppé dans une partie ferrugineuse : quelques morceaux de cette mine offrent sur leurs faces des masses de cristaux de Plomb vert.

II. On voit les vestiges d’une fouille d’où l’on a tiré du plomb, proche Ventadour dans le bas Limosîn à deux lieues d’Eglettons. Cette mine a été abandonnée par la modicité de son produit ou par la mauvaise exploitation.

III. Il y a une mine de plomb tenant argent à Menet proche Montbron en Angoumois, dont l’exploitation a été abandonnée, il y a quelques années par les mêmes raisons.

 Mines de Cuivre.

I. Mine de Cuivre pyriteuse à Segur, à deux lieues de Saint-Yrieix. Cette Mine n’a pas été exploitée. Il seroit à propos d’y faire faire quelques travaux pour en reconnoître plus particulièrement la nature, la qualité & l’abondance du filon. Les morceaux que j’en ai vus ont été tirés par des fouilles très-superficielles.

II. Mine de Cuivre aux environs d’Ayen & de Saint-Robert dans le bas Limosin à cinq lieues de Brive. Cette Mine avoit été reconnue vers 1710 : & entamée en 1716, mais sans aucun succès. En 1741. M de Tourny, Intendant de Limoges, chargea deux -Entrepreneurs des Ponts & Chaussées & M. Morin Fondeur de la Monnoye de s’y transporter & de faire des fouilles pour s’instruire de la nature & de la richesse du filon. On ouvrit en conséquence plusieurs fouilles : au Prunesart près de la butte de Saint-Robert, à la Bréache Paroisse d’Ayen au dessous du Puy d’Ayen, à Peyrepeza le Blanc, à la Pompadoire proche Issandon ; on trouva que le filon où les veines de Métal étoient sans suite à Peyrepeza & à Saint-Robert, mais qu’elles donnoient le tiers du poids en Cuivre de Rosette, que le filon se continuoit sans interruption dans la fouille de la Bréache & qu’elle rendoit le quart en Cuivre de Rosette. M. Morin auroit suivi l’exploitation de ces différentes veines s’il eut eû des fonds : & les produits qu’il avoit tirés de ses premiers travaux étoient de surs garants d’un plein succès : mais on en resta aux simples essais. L’exploitation de cette espèce de mine est fort aisée : les galeries sont creusees dans une pierre de sable rougeâtre, en couches horisontales, qu’on nomme Brasier dans le pays. Son filon n’a pas plus d’un pouce de largeur : elle est de l’espèce de celles qu’on nomme Mines de transport.

M. Morin Fondeur de la Monnoye de Limoges, s’est occupé depuis longtemps de l’art de convertit le cuivre rouge en laiton en le fondant avec la calamine, qui est une mine de zinc dans un état d’ochre. Quoique cette composition ne fût pas un secret, puisque M. Rouelle l’exécute depuis longtems dans son cours de Chymie, & qu’il la met au nombre de ses procédés ordinaires ; cependant il y a toujours dans une opération de cette espèce, un certain tour de main, de certaines petites attentions pour réussir : & M. Morin les doit à ses essais & à ses reflexions. Le cuivre jaune qui sort de ses fontes est de la même qualité que celui qui nous vient de l’étranger.

On ne peut trop donner d’éloges à M. Morin pere & fils sur le courage & les ressources dont ils ont eu besoin pour former des ouvriers en se mettant eux-mêmes à la besogne & au martinet.

Comme leur premier établissement étoit placé sur un ruisseau. qui manquoit d’eau la plus grande partie de l’année, M. Morin vient de transporter ses martinets au moulin de Prouhet sur la Vienne & son atelier consiste en deux roues, lesquelles font mouvoir six marteaux qui frappent environ quatre-vingt dix-mille coups par heure. Des ouvriers marteleurs qu’il a attirés de Namur, sont étonnés eux-mêmes de la vitesse des roues & de l’effet des martinets, tant on a sçu ménager l’action de l’eau, qui fournira continuellement au besoin de l’attelier.

 Mines d’Antimoine

Mines d’antimoine dans la forêt des Bias proche le Château de Bias, Paroisse de Saint-Eloy, à trois lieues de Saint-Yrieix On exploite ces mines en creusant des tranchées à voye ouverte, qu’on pratique autour du filon, dans l’épaisseur des croupes des vallons dont la pente facilite l’écoulement des eaux Ces filons sont perpendiculaires à l’horison., & ne paroissent pas affecter une allure où une direction déterminée ; j’en ai vu sur plusieurs directions. La partie supérieure du filon paroit détruite & n’offre qu’une substance ferrugineuse avec des débris de granite noircis par l’antimoine : cette partie va percer jusqu’à la surface de la terre & y forme une traînée reconnoissable qui interrompt la continuité du rocher. Le filon qui donne de la mine, est à plus de 15 pieds de profondeur : l’antimoine s’y trouve d’abord comme par rognons, & enveloppé dans une partie de fer fort abondante. A mesure que le filon s’enfonce, il devient plus suivi & plus large ; à la partie ferrugineuse, succède un quartz fort dur qui n’a pas beaucoup d’épaisseur : la pierre du rocher qui renferme le tout est un granite à bandes fort tendre.

J’ai dans ma collection plusieurs échantillons curieux de cette mine qui contiennent les preuves de tous ces détails : je donnerai la note de trois : de ces échantillons.
- 1. Morceaux du quartz qui accompagnent le filon. On y voit, sur quelques faces de la pierre, plusieurs filets ou aiguilles d’antimoine qui forment des étoiles & d’autres grouppes de crystaux irréguliers.
- 2. De semblables morceaux avec des matières imprégnées de souffre ; c’est une partie surabondante de souffre qui n’a point été combinée avec l’antimoine, & qui a formé a part des crystallisations peu distinctes.
- 3. Morceau du filon avec le chapeau ou enveloppe de fer qui le suit dans les parties les plus superficielles : Il y a des indices de souffre mêlés au fer.

Après qu’on a extrait l’antimoine de la mine, il reçoit une préparation assez curieuse dont je donnerai ici le détail. On commence par bâtir un Fourneau fort simple : ce sont d’abord deux petits murs parallèles d’environ vingt pieds de longueur sur deux pieds de hauteur à une distance d’environ trois pieds : à une des deux extrémités de ces murs on élève un mur en retour de même hauteur, qui les réunit & ferme l’enceinte de ce côté : l’autre bout est ouvert. On place ensuite dans cette enceinte, deux rangées de pots de terre, qu’on recouvre de semblables pots percés par le fond, qui peuvent s’engager de quelques lignes dans l’ouverture des pots inférieurs. On remplit ces pots supérieurs de la mine d’antimoine qu’on a eu soin de casser en petits morceaux, pour en détacher toutes les parties du quartz, du granite & du fer. Tout étant ainsi disposé, on fait un feu modéré autour des pots supérieurs. On arrange le bois suivant la longueur des murs, en l’insinuant dans les vuides qui sont entre les pots & les murs parallèles de l’enceinte. On a soin que la flamme donne dans l’ouverture des pots : par ce moyen la partie de souffre qui est en excès dans la mine d’antimoine, recevant le contact de la flamme, se brûle & se consomme, pendant que le métal fondu coule par les ouvertures des pots supérieurs dans les pots inférieurs & s’y fige en une feule masse, Lorsqu’on casse ces pots , on remarque dans toute la masse de l’antimoine & sur les débris des pots, plusieurs systèmes de faisceaux de filets ou d’aiguilles fort longues, lesquelles paroissent jettées en tous sens & partir de différents centres. Ces points sont probablement ceux par où ont commencé le refroidissement & la crystallisation du métal fondu.

On fait a Saint-Yrieix quelques préparations d’antimoine à l’usage des chevaux, mais le principal commerce est en antimoine crud. On en verse à Bordeaux par Bergerac, lequel se vend aux Hollandois qui nous le rapportent ou en verre ou autrement. Il se débite aussi à Orléans ; là on le dégage de la partie du souffre qui lui est unie, pour en faire le régule : c’est ce régule qui entre en grande proportion dans la composition métallique des Caracteres d’Imprimerie : on le vend aussi dans l’état d’antimoine crud à Paris.

L’antimoine du Limosîn a la réputation d’une qualité supérieure à ceux qu’on tire des autres Provinces. Ce qui fait qu’on le vend 40 sols par quintal de plus. Il y a dans la Province plusieurs filons de mine d’antimoine dispersés : on en trouve des indices à Rillac, vers Isle & dans d’autres endroits des environs de Limoges ; mais il n’y a en exploitation que les filons des environs de Saint-Yrieix, comme les plus abondants & les plus à portée du bois nécessaire pour la préparation de la mine dont j’ai donné le détail. C’est M. Laforêt de-Saint-Yrieix qui suit l’exploitation de ces mines & qui en fait le principal commerce : il a de l’activité & de l’intelligence,

 Mines de Fer

I. On trouve une mine de Fer au Village de Plaudeix, Paroisse de Saint-Bonnet de la Rivière. ,Ce fer est dans une espèce de granite fort tendre, dont les principes sont distribués par bandes. M. Lavau de Saint-Etienne avoit formé le projet de mettre ces mines en valeur & d’établir des fourneaux de fonderie qui auroient procuré la consommation de ses bois, & outre cela, fourni aux petites forges des environs la gueuse qu’elles tirent à grands frais du Périgord. Mais cette entreprise a été troublée par des obstacles qu’il seroit bonde lever, si la mine se trouve en certaine abondance.

II On ramasse de la mine de fer en rognons sur la plate-forme du puy d’Ayen , sur celles de Saint-Robert, de Perepeza & du Temple. Dans les forges du I.imosin où il y a des fourneaux de fonderie, on emploie cette mine qu’on mêle en certaine proportion avec celle d’Excydeuil en Périgord.

III On trouve une quantité considérable de mines de fer proche Montberon & Marthon en Angoumois. Ces mines sont employées dans les forges des environs, pour les Canons &c. Voici les principaux endroits où il y a des fouilles.
- A Feuillade près de Marthon & dans presque tout le territoire de cette Paroisse. Ces mines sont les plus estimées de l’’Angoumois,
- Dans la Paroisse de Pranzac, au Village de Lugé
- Au Bourg d’Orgedeuil près Montberon.
- Dans la Paroisse de Voulton, proche Montberon, au dessous du Village de Sainte-Catherine.
- Dans la Paroisse de Cers & dans celle de Montalambert, proche les forges de Plancheminier.
- Au Village du Mas. Paroisse Saint-Etaury, à une lieue & demie de la Rochefoucault.

IV. On trouve aussi, aux environs de Ruffec une mine de fer employée dans une forge qui dépend du Marquisat de Ruffec.
Mines de charbon de terre
- 1. Il y a une mine de charbon de terre dans un Village proche la petite Ville de Maymac dans le bas Limosin. Elle est exploité par des particuliers qui fouillent dans leurs fonds : le filon en est assez considérable, mais il s’enfonce trop rapidement pour que ces particuliers puissent le suivre ; & d’ailleurs le peu de débit du charbon rallentit leur exploitation : ils en versent à Tulle & en^ débitent aux Maréchaux des principaux endroits circonvoisins.

- II. On voit sur des croupes escarpées au midi de Bourganeuf des portions de filons à découvert. On en retrouve la suite du côté de l’Abbaïe du Palais, & la continuation traverse la route de Bourganeuf à Guéret. Le filon paroit avoir dans cet endroit 5 à sîx toises de largeur en y comprenant toutes les substances noires qui l’accompagnent. On a extrait de ce charbon dans un fond, vers l’Abbaïe du Palais.

 Carrieres de Pierres singulieres.

I. On trouve à Sussac, proche Châteauneuf , une masse de marbre dont on fait de la chaux fort bonne pour la bâtisse : elle n’est pas également propre pour les Tanneries. La masse de ce marbre est divisee en petits trapezoïdes ; cependant on pourroit en tirer des blocs d’une certaine grosseur : mais il seroit bon en général à débiter en carreaux qui serviroient à carreler les appartemens : & il feroit un assez bon effet si on le méloit en échiquier avec de semblables carreaux de la Serpentine du Limosin.

II. Cette serpentine se trouve à la Roche-l’Abeille proche la route de Limoges à Saint-Yrieix, à deux lieues & demie de Saint-Yrieix & à 5 lieues de Limoges. On en voit aussi une masse considérable à Petabruna sur la route de Toulouse. A une lieue au-delà de Magnac. Cette masse de Perabruna (pierre brune)est correspondante à celle de la Roche-l’Abeille : cependant je n’ai trouvé, sur la route qui va du Vigen à Libersat, aucune masse qui fît suite dans l’intervalle.

Cette serpentine prend un assez beau poli : il est fort aisé d’en tirer de grands blocs : mais il faudroit faire des approfondissements çonsidérables, car les parties superficielles offrent des filets blancs qui coupent en tous sens les blocs, & qui n’ont pas une certaine solidité. Le grain de cette serpentine est un fond verdâtre sur lequel on voit de petits filets de crystallisations plus ou moins distinctes, qui unissent les différentes parties de ce fond : elle perd son poli à l’air & y éprouve une sorte de décomposition.

On peut remarquer, dans les Edifices publics de. Limoges, plusieurs morceaux de cette serpentine : mais on en trouve des échantillons plus çonsidérables dans la cour du Château des Cars. Et il paroit par cette insçrjption, qu’on lit sur la porte de ce Château, que l’on est redevable de la découverte de cette Pierre singuliere à un Comte de cette Maison qui l’employa le premier :
Charles Seigneur Comte des Cars,
Fort amateur des Arts,
Fut le premier qui, par merveille,
Inventa ce beau Mabre en son Roche-l’Abeille.

J’observe que cette serpentine n’est point un marbre, parce qu’elle ne peut pas faire de chaux [2]

III. A Travesac proche Donzenac, à 3 lieues de Brive, il y a plusieurs carrières d’ardoise : on en voit une masse correspondante sur les bords escarpés de la Vezere au Saillant. Elle s’exploite à Traversac en creusant de larges tranchées dans le massif des croupes qui entourent ce Village. Cette Ardoise est d’un grain fort gros & fort pesant, elle a de la consistance & résiste fort bien aux injures de l’air : mais elle ne se fend point par des tranches nettes & en lames d’une certaine étendue.

On en exploite aussi une carrière sur les bords du Haut Veser à une lieue & demie d’Excydeuil : le grain en est fort fin, fort léger : elle se fend nettement, mais les lames en sont petites & remplies de crans ou plis.

IV. A Grandmqnt proche Brive , on taille dans une pierre de sable grise des meules à aiguiser dont il se fait un grand débit.

V. On voit une Ochriere dans un Village de la Paroisse d’Eybouleuf à deux lieues de Saint-Léonard. Les essais de cet Ochre qui ont été faits par un de nos plus habiles Peintres d’Histoire prouvent qu’il est d’une bonne qualité, qu’il soutient bien l’huile, & qu’il donne une couleur franche & décidée. Cela doit engager les possesseurs du terrein où il se trouve à en extraire avec choix les plus beaux morceaux pour en faire des envois à Paris.


L’Angoumois a des Privilèges spéciaux, pour les mines & forges de fer, accordés par Henri II, au mois de Janvier 1548 & 28 Mai 1549, confirmés aux Maîtres des mines & forges, en Janvier 1559, registrés au Parlement le 4 Janvier 1560.
Dans cette Province on voit les mines de fer du Bandiat près la rivière de ce nom dans les bois de la Garde.

La forge de Rencogne a trois fourneaux ; les mines & la forge de Plancheminier en ont deux : la forge de Montizon, la Forge de Ruelle appartenante au-Roi, sur la Touvre où M. le M. de Montalembert a établi la fonte des plus gros canons, & la forge de Ruffec sur la Charente, ont aussideux fourneaux.

A Menet près Montbrun, une mine d’antimoine où il se trouvoit de l’argent.

 Saintonge

Sur la côte de Royan, des cailloux plus durs & plus beaux que les crystaux d’Alençon. Dans cette contrée & dans le pays d’Aunis, il faut consulter les œuvres de Bernard Palissy.

 Mines du Poitou.

Il y a quatre forges dans le Poitou. A la Peyrat appartenant à Monseigneur Comte d’Artois, elle approvisionne le bas Poitou. A Verrières qui est au Duc de Mortemart. A la Gaubreté, & à Luchapt. On estime qu’elles donnent annuellement 1.500.000 m. de fonte & 1.100.000 m. de barres- ; les mines sont de bonne qualité, le fer est pliant & ductile. On n’y fabrique ni acier, ni quincaillerie. Cependant sous Philippe Auguste & sous Philippe le Bel, il étoit question de l’acier Poitevin. On fabriquoit à Nieul, près Poitiers, des épées, sur lesquelles on gravoit ce mot l’espoir. Ce mot l’espoir, est devenu le surnom qu’on a donné au Bourg de Nioeuil, on voyoit encore des vestiges de ces forges il y a environ 60 ans.

A Benest, près Charroux, on fait de belles poteries.

On a trouvé de l’ambre gris, dans une étendue de quatre à cinq lieues vers le Havre de Saint-Gilles Sur-vie, Saint-Jean de Monts & Notre-Dame de Monts. Bacquet cite un Arrêt du Parlement de Bordeaux qui maintint le Duc d’Epernon, dans le droit de prendre de l’ambre gris sur les bords de la mer. Conformément aux indications de Bernard Palissy, on a trouvé de la marne dans plusieurs parties du Poitou : on en fait usage à Chatelleraut.

Mines de Charbon de terre à Puyrimon dans la Paroisse d’Antigné, à deux lieues de Fontenay le Comte, appartenant à M. de Lavau : il est de bonne qualité.

Sur la pente de la Fontaine au Chien, Paroisse de Smarbre, une espèce de pierre de ponce.

Grotte d’albâtre d’un très-beau blanc & dur, aux environs de Civrai, sur le chemin de la-Roche à Savigné, au milieu du coteau vis-à-vis d’une blancherie. Autre grotte de pétrifications curieuses , à une lieue de Mirebeau. On a cru avoir retrouvé à Croutelle & à la Carliere près Vivonne , la pierre qui put, dure & brillante avec laquelle on a élevé un tombeau antique à Saint-Hilaire de Poitiers & le dessus de la porte des Mathurins de Paris vis-à-vis le Cloître Saint- Benoit. Voyez Journal de Verdun, may 1751,
Affiches de Poitou , 29 Sept. 1776, & le riche cabinet de M. Deromé de l’Isle.

Les Religieux de l’Abbaye de Noirlac, ont des titres de cinq cens ans, qui les rendent, disent-ils, propriétaires d’une mine d’or & d’autres métaux dans l’étendue de leur Abbaye. Il seroit nécessaire de faire connoitre ces Actes, en les faisant imprimer dans les Affiches de Poitou.

L’on vient de découvrir dans les environs du Château de Traversay, à six mille toises de Civrai, à peu de distance du grand chemin, une mine de cuivre jaune. Elle est en masses fort grosses, couvertes d’une croûte peu épaisse, qui paroit être de la mine de fer ; la surface en est anguleuse. Elle est de l’espèce de celle que l’on nomme mine de cuivre hépatique, puisqu’elle est, comme elle, un peu ferrugineuse à la superficie, & traversée d’un cuivre jaune en quelque sorte natif. Le Tillot en Lorraine, Freyberg en Saxe, & Sainte-Catherine en Bohême offrent de cette sorte de mine qui se diftingue par le nom de mine de brique. Affiches de Poitou , 10 Avril 1777.

On a découvert depuis peu à Confollens une mine de plomb que quelques personnes prenoient pour de l’antimoine ; mais par l’examen & l’épreuve qu’on a faits, on s’est convaincu que c’étoit de la galène, ou mine de plomb tessulaire , Galena tessulata. Elle se rompt par cubes, lorsqu’on veut la casser avec un marteau ; elle est à facettes, brillante, bleuâtre, couleur d’acier, & très-pesante ; elle abonde en soufre, puisqu’elle s’enflamme lorsqu’elle est mise sur du fer rouge. On en a fait brûler plusieurs morceaux, qui ont répandu une flamme azurée, sans que leur volume en ait souffert aucune diminution ; on les a ensuite pulvérisés & donnés à des Potiers de terre, qui en ont fait usage sur leurs pots. Le vernis que cette poussière a répandu dans le four, leur a paru supérieur à celui dont ils se servent ordinairement. La position de cette mine est singulière & différente des autres du même genre. On sait que la Ville de Çonfollens est entourée de rochers de granit de couleur grisâtre, mêlée de rose & de noir. Ces rochers sont immenses ; ceux du côté de Saint-Germain ont plus de seize brasses de haut ; c’est à la crête d’un de ceux-ci, situé auprès d’un ruisseau, que l’on nomme de temps immémorial le Ruisseau de la mine qu’on a découvert celle-ci. Le filon d’un pouce d’épaisseur & de dix de large, s’étendoit perpendiculairement dans le rocher, dans une profondeur de huit pieds : il a été facile de le suivre, parce qu’on cassoit le rocher du haut en bas, pour en tirer une espèce de moellon. On a employé à ce même usage les morceaux de cette mine, dont on faisoit peu de cas. Très-peu de personnes en ont conservé par curiosité. Il est : à présumer que ces rochers ne contenoient pas ce seul filon, & que d’autres recherches procureroient des découvertes encore plus intéressantes. Le nom même du ruisseau annonceroit que l’on a découvert autrefois des mines dans ce canton. Affiches de Poitou 4 Sept. 1777.

Louis XIV , donna un Edit à Versailles au mois de Juillet 1705 , registré au Parlement le 8 du même mois & à la Cour des Aydes le 14 Août suivant, pour l’ouverture des mines d’or, d’argent & autres métaux, nouvellement découvertes dans les terres du Vigean & de l’Isle en Jourdain sur la Vienne en Poitou ; il en est fait mention aussi dans les Annales Politiques de l’Abbé de Saint-Pierre : ces mines furent exploitées par des ignorans qui n’avoient jamais entendu parler de mines.

Mine d’antimoine près le Château de la Ramée, Paroisse du Bonpaire en bas Poitou ; en 1773, il y avoit trente à quarante ouvriers occupés & le produit en étoit considérable, elle appartient au Seigneur de Pouzaugues.

On apprend dans la nouvelle édition des Essays du Docteur Jean Rey, vivant en 1630, imprimés à Paris chez Ruault en 1777, que l’on trouvoit un antimoine rouge abondant en mercure, en un lieu de Poitou appellé Bressuire ( p. 172 ) ce doit être une mine de cinabre, dont l’exploitation apporteroit des richesses dans cette Province. On lit dans les Affiches de Poitou 21 Nov. 1776, que près de la Ville de Bressuire, chemin de Montcontour, on trouve une terre du plus beau rouge possible.

Carrière de marbre à la Bonardeliere Paroisse de Saint-Pierre d’Excydeuil près Civrav, appartenante au Marquis de Cerzé. Elle est placée sur la pente d’une coline & ce marbre représente des figures qu’on voit sur les marbres de Hesse & de Florence ; on le distingue sur les lieux en petit gris, en nuancé & figuré : son exploitation a de très-grands succès ; on peut encore observer la pierre chenine à la Jarrie-Audouin qui peut aussi se polir.

Les marbres de la Bonardeliere pourront un jour se transporter sur le canal du Clain.& de la Charente.

Au lieu de la Dene, près Saint-Michel en l’Herm , in Heremo, de grandes montagnes composées de bancs d’huîtres entières pétrifiées.

Mine d’ocre de plusieurs couleurs, surtout noir, qui donne un vernis approchant des cabarets de la Chine, trouvée en 1771, dans la terre de la Verrie entre Soullans & Challans en bas Poitou, appartenante à M. le Baron de Lezardiere : ces ocres sont préférables à l’ocre de rue ; l’Académie de Peinture de Paris en a fait des épreuves & a déclaré qu’elles égaloient en beauté celles d’Italie, comme on l’apprend d’un certificat du 10 Juillet 1771.

On a trouvé de l’ocre jaune & rouge à Blanzay sur Boutonne en 1774,

Sur le chemin de Pugny au Breuil-Bernard, une terre noire ocracée. V. Aff. de Poit. 21 Nov. 1776.

 Mines du Périgord

Mines de fer du Bandiat dans les bois de la Garde, les forges de Forge-neuve, de Jomellière, de la Motte, de la Chapelle, de Rudeau, de Bon-recueil , de Combier près la terre de la Roche-Beaucourt, de Pont-Roucheau, d’Etouars des Canaux, d’Ans près Perigueux.

Le fer du Bandiat près la rivière de ce nom, est très-doux. Voyez à ce sujet, Mémoire historique sur la fonte des Canons de fer, par M. le Marquis de Montalembert, in-4. Paris, Grangé 1758, avec une carte, 164 p. & 33. Et les Essais de Jean Rey.

Périgord ad locum qui vulgo Roche appellatur multa terra rubicunda eruitur, ejusdem fere coloris ac viriun cum bolo armeno, cujus loco eam substituunt pharmacopolae quidam. Louis Guyon dit qu’on trouve de la terre sigillée en Périgord & en Limosin, notamment au Bourg de Perpensac-le-blanc, auprès de la maison de M. Dupuy, dans une grotte. Voyez aussi les œuvres de Palissy, nouv. édit.


[1On peut consulter un petit livret, qui fut imprimé lors de la formation de la Compagnie dont Messire Victor de Riqueti Marquis de Mirabeau, & M. Henri Charles Baron de Gleichen, étoient associés par acte du 25 Mars 1765 : on y voit l’historique de cette mine, le détail des recherches & de l’exploitation préliminaire faite au frais du propriétaire ; enfin le Précis du Mémoire de M. Duhamel Ingénieur des mines, qui depuis s’engagea avec M. le Comte de Broglie pour les forges de Ruffec : suivant un autre petit Mémoire intitulé Récit abrégé de la manutention passée, & de l’état actuel de la mine de Glanges. 37 pages, on y trouve partout des filons suiyis, & toujours du minéral dans les galeries qui sont exploitées, partout des indices qui s’étendent à plusieurs lieues à la ronde & toujours sur de justes directions. Une vjsite de M. Peltier correspondant général des mines prouve la bonté de cette mine ; c’est dans cette mine que périt le Sieur Morin Pere, homme industrieux, habile pour les machines & constructions, qui avoit des fonderies & qui envoyoit son fils visiter les mines d’Allemagne : il fut écrasé par un éboulement. Les actionaires se sont plaint vivement de M. Monnet bon Minéralogiste , Naturaliste, & Chymiste, & qu’on disoit entendu aux Mines, voyez la page 26 de la brochure citée.

[2Cette pierre ollaire peut être employée à des vases, des ustencilles de toutes les. formes possibles, elle peut être travaillée au tour. Dans un besoin elle serviroit à faire des caffetieres, &c. parce quelle soutient le feu. On en peut composer des colonnes, des cheminées & tous les ornement de l’Architecture ; des Marbriers ont estimé les granits, & la serpentine des Cars, depuis 60 à 120 livres, le pied cube. Cette carrière mériteroit l’attention de M. le Comte des Cars qui en est le propriétaire. Il a d’autant plus de facilité qu’elle n’est située qu’à une demi-lieue de la route de Toulouse.

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