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1780 (c) La prison de La Rochelle pour les fous

samedi 15 octobre 2011, par Pierre, 707 visites.

Pierre Jouyneau, vigneron à Dompierre, a un fils de 23 ans atteint de folie. Il maltraite les membres de sa famille et trouble les offices en chantant à tue-tête ce qui lui vient à la bouche. De grâce, Monsieur l’Intendant, pour régler ce cas difficile, autorisez son incarcération dans la maison de force de La Rochelle.

Document sans date (entre 1780 et 1789)

Source : Archives Départementales de Charente-Maritime - C226 - Transcription par Pierre Collenot

Monseigneur

Monsieur l’intendant de la Généralité de La Rochelle.

Suplie humblement Jean Jouyneau, vigneron, de la paroisse de Dompierre

Disant qu’outre trois petits enfants, nés d’une seconde femme, il a le malheur d’être chargé d’un fils nommé Pierre Jouyneau, agé de vingt trois ans, lequel est entièrement privé de raison, que ledit Pierre Jouyneau a raison de sa folie est absolument hors d’état de travailler et de gagner sa vie, ne faisant la pluspart du tems que courir dans la campagne, et ne paroissant chés le supliant que pour s’y retirer et prendre sa nourriture qu’il lui faut très copieuse, que jusqu’à présent ledit Pierre Jouyneau ne s’étoit livré chés le supliant et dans le public à des excès que rarement, pourquoi le supliant et sa femme ayant pitié de lui, l’avoient souffert, et lui avoient fourni sa nourriture et son vêtement, malgré leur excessive pauvreté, mais que de plus en plus ledit Jouyneau devenoit méchant, qu’il battoit ses frères et sœurs, et frappoit son père dans des moments de fureur, ou lorsqu’il vouloit soit des vêtements, soit de la nourriture, que se rendant exactement à l’église de Dompierre les dimanches et fêtes il y donnoit fréquemment des scandales et y troublait le service divin, entr’autres en chantant tout haut, tout ce qui lui venoit à la bouche, faisant ainsi rire ceux qui étoient autour de lui, qu’indocile comme tous les malheureux privés de raison, il n’écoutoit personne, et frappoit même ceux qui voulloient le faire taire, comme il étoit arrivé particulièrement le jour de l’Ascension au sindic de la paroisse et premier marguiller à qui ledit Jouyneau porta son coup dans le visage pendant la Messe.

Que le supliant est hors d’état de payer une pension pour tenir son fils à l’hopital ou autre maison de force, et cependant seroit continuellement dans la crainte de quelques excès funeste de la part dudit Jouyneau vis à vis de ses petits frères et sœurs en l’absence du supliant et de sa femme.

D’après cela le supliant réclame votre bonté Monseigneur et demande que vous vouliés ordonner que ledit Pierre Jouyneau soit anfermé pendant quelques mois à la maison de force de la Rochelle, pour le mettre hors d’état de troubler la société et la maison du supliant, et le supliant ne cessera d’adresser ses vœux au ciel pour votre Grandeur.

Je curé soussigné certifie l’exposé cy dessus sincère et véritable – Pillonneau, curé de Dompierre

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