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1789 - Angoulême (16) : cahier de doléances des maîtres selliers et charrons de la ville et faubourgs d’Angoulême

vendredi 20 juin 2008, par Pierre, 818 visites.

Procès-verbal d’assemblée et cahier de doléances des maîtres selliers et charrons de la ville et faubourgs d’Angoulême.

(Orig. ms., 3 p. grand in-4°, Arch. mun. Angoulême, BB 19.)

Source : Cahiers de doléances de la Sénéchaussée d’Angoulême et du siège royal de Cognac pour les États généraux de 1789 - P. Boissonnade - Paris - 1907 - Archives.org

Réunion le 24 février, dans la maison du sieur Charrier.

Présents : Panier, Petit, Urbain Dupré, sellier, paroisse Saint-André ; P. Trouillier. syndic, paroisse Saint-Antonin ; Granger, sellier, paroisse Saint-André ; Jean Bubot, dit Latreille, sellier, paroisse Saint-Antonin ; Dumergue jeune, paroisse Saint-André : Jacques Coulaud , dit Saintonge, charron, paroisse de l’Houmeau : Jacques Ralland, bourrelier, même paroisse ; A. Charrier, fils, charron (idem) ; Guillaume Caminade lils, bourrelier (idem) ; Jacques Laraud (idem), Saint-Sourdin jeune ; Martin l’ainé ; Pierre Caminade père ; Martin ; Planson, charron ; veuve Fermond, agrégée, sellier à l’Houmeau ; Dumergue l’aîné ; Durand, charron ; Pierre Charrier père ; Jourdain ; Antoine Cazaing pour Jacques Tharaud, son beau-père.

Election, à la pluralité des voix, d’un député, Charrier père.

A la suite des pouvoirs, et après la date est inséré le cahier de la communauté, intitulé : Cahier des plaintes et doléances des corps des selliers, bourreliers et charrons de la ville d’Angoulême, ainsi conçu :

- 1° Les cuirs que nous faisons venir de différentes manufactures, soit de notre province, de l’intérieur du rovaume ou de l’étranger, nous sommes obligés d’en conserver la marque jusques aux derniers morceaux de chaque pièce, et non contents des droits énormes, des différentes entraves, aussi gênantes qu’inutiles, [qui] non seulement ralentissent nos travaux, causent la perte de notre temps, font que le fruit de notre industrie suffit à peine à l’entretien de notre vie, mais encore nous courons souvent les plus injustes procès. Les préposés, dont les fréquentes visites importunent nos ateliers, nous font des saisies sur des emprunts qu’ils ont eux-mêmes faits, les taxent de faux et nous font payer de fortes amendes arbitraires, et, si nous voulons nous défendre, on nous entraine dans le désastre de la plus abominable chicane. Et là n’ayant le moyen de poursuivre, on nous condamne par défaut, et les frais considérables qu’on nous fait payer nous enlèvent le peu qui nous reste ; nous avons parmi nous de tristes victimes deces horribles tyrans.

- 2° Depuis quelques années, on a aussi levé un droit arbitraire qui s’accroît successivement sur les objets de consommation : nous payons un prix égal pour grosse ou petite charretée de toute espèce généralement quelconque de foins. Comme il est défendu de rien toucher à l’arrivée des objets, que la déclaration n’en soit faite, si la nécessité urgente, le besoin de mettre à couvert les boeufs ou chevaux inondés de sueur et fatigués oblige le bouvier d’en agir autrement, quoique la charretée soit bien complète, on nous condamne arbitrairement à une amende considérable. Pour se procurer plus souvent les moyens de la répéter, les commis nous font attendre, ou se font absenter, ou ne peuvent nous expédier de billet ; mille autres traits qu’on nous fait et dont nous sommes journellement vexés.

- 3° Dans notre administration municipale, tout est illégal, soit dans l’élection des officiers, soit dans la distribution des revenus de l’hôtel de ville ; nous disons dans l’élection des officiers, qui, loin d’être faite par l’assemblée générale de la cité, gît dans un petit nombre, attendu qu’ils se nomment entr’eux et ne rendent jamais compte à la commune de l’emploi des deniers publics.

- 4° Loin de tenir la main à la conservation de nos droits et usages, tant sur les objets nécessaires à la vie que sur les différents articles qui nous sont utiles et sujets à leur inspection, l’officier de police et ses agents n’y prennent aucun intérêt. Le bœuf, la vache, l’ouaille et le mouton sont toujours au même prix [1]. Ils se sont néanmoins acquis le droit de nous faire payer arbitrairement chaque année par individu 4 livres, pour quatre différentes visites, dont les motifs nous sont parfaitement inconnus.

- 5° Le droit d’industrie que nous payons chaque année n’est pas en proportion des affaires de chacun ; et en outre primo, trop fort ; secundo, mal réparti ; tercio, injuste(". Il en est de même de la taille, relativement à nos biens, qui est excessive.

- 6° Quant à la justice distributive, les procès sont sujets à tant de tours et de chicanes, que les moins conséquents deviennent par la suite très onéreux, que nous pouvons à peine en obtenir jugement, très souvent même en voir la fin.

- 7° Nous laissons à la sagesse et prudence de nos députés aux Etats généraux de rédiger nos plaintes à demander sur l’abolition des douanes intérieures, sur la suppression de tous les commis et autres préposés, et généralement sur tout ce qui porte obstacle à la libre circulation de nos marchandises, et sur tous les autres articles qui portent atteinte à notre liberté. Désirons que notre province se réunisse en pays d’Etats libres, et leur donnons la facilité de remplacer les droits jugés nécessaires à établir, d’une manière moins gênante.

Suivent 19 signatures. Les autres comparants ne savent signer.


[1Allusion au droit de taxer les objets de première nécessité qui appartenait aux officiers de police. (Ordonnances sur le prix des vivres, Arch. mun. Ang., HH 1 à 4 ; et Arch. dép. Charente, série B.)

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