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1845 - Colonie agricole de la Vallade (17 Rétaud) : archives

jeudi 16 décembre 2010, par Pierre, 556 visites.

Plan général de cette étude Références et bibliographie

L’administration départementale fait son possible pour faciliter le démarrage de la colonie agricole de la Vallade. Mais les administrateurs des hospices soulèvent quelques problèmes de fonctionnement.

Source : AD17 - Cote CX373 - Transcription par Pierre Collenot

Liste des documents d’archives

- 24/09/1845 - Lettre du Préfet de la Charente-Inférieure aux membres de la commission administrative des hospices de Saintes et de La Rochelle, pour les inciter à envoyer des enfants à La Vallade (voir ce document)
- 29/10/1845 - État nominatif des enfants trouvés de l’hospice civil de la Rochelle envoyés à la Vallade (voir ce document)
- 04/11/1845 - Le Préfet de la Charente-Inférieure informe le Comte de Luc de la subvention votée par le Conseil Général (voir ce document) - Confirmation du 31/01/1846 (voir ce document)
- 06/11/1845 - La commission administrative des hospices civils de la Rochelle s’inquiète auprès du préfet des dysfonctionnements de la Vallade (voir ce document)
- 15/11/1845 - Rapport d’inspection au Préfet de la Charente-Inférieure sur le fonctionnement de l’établissement de la Vallade. (voir ce document)
- 24/11/1845 - Le Préfet de la Charente-Inférieure tente de rassurer les membres de la commission administrative de l’hospice civil de la Rochelle sur le fonctionnement de la Vallade. (voir ce document)

 Lettre du Préfet de la Charente-Inférieure à MM les membres de la commission administrative des hospices de Saintes et de La Rochelle

Le 24 septembre 1845

Messieurs,

L’honorable M. Dufaure, Président du Conseil Général, a exposé à cette assemblée, qu’il avait visité la petite colonie agricole de Vallade, commune de Rétaud, où M. le Cte de Luc reçoit de jeunes élèves des hospices, et il a rendu le meilleur témoignage de la tenue de cet établissement, où ces enfants trouvent réuni à un bien-être matériel, une éducation morale et religieuse qui les prépare à l’instruction professionnelle qui leur est donnée plus tard.

La Colonie de Vallade est donc pour les enfants trouvés un asile bien préférable aux nourrissiers de la campagne, chez lesquels ces pauvres enfants n’ont pas toujours le nécessaire.

Je désire donc, Messieurs, que votre hospice pût, dès à présent, envoyer à la Vallade, tous les enfants âgés de 30 mois à 4 ans, qui ne seraient pas convenablement placés ; vous aurez soin de m’en indiquer le nombre, et je vous ferai ensuite connaître l’époque à laquelle ils pourraient être dirigés sur cet établissement.

Lors de la mesure du déplacement que je compte faire effectuer l’année prochaine, il nous deviendra plus facile d’envoyer un plus grand nombre d’enfants à la colonie de Vallade, qui, aujourd’hui, ne pourrait en recevoir que 25, au premier janvier prochain 25 autres, et plus tard, dans le courant de l’année 1846, 50.

Il est bien entendu que M. le Cte de Luc recevra pour chacun de ces enfants, la rétribution mensuelle attribuée aux nourriciers ordinaires.


 État nominatif des enfans trouvés de l’hospice civil de la Rochelle, dirigés le 29 octobre 1845 vers la colonie agricole de Valade, en vertu d’une décision de Mr le Préfet, en date du 6 dudit mois.

N°  N° d’enregistrement sur les registres de l’hospice Nom des enfants Dates de naissance Observations
1 1175 Zéphirin Edouard 23 janvier 1842 1848 ’ 1849 ’ 1851 ’ 1852
2 1188 Forteau Auguste 10 février 1842 1848 ’ 1849 ’ 1851
3 1193 Tabourin Jacques 16 février 1842 néant
4 1198 Poussard Pierre Gabriel 8 mars 1842 1848 ’ 1849 ’ 1851 ’ 1852
5 1208 Plator Joseph 18 mars 1842 1848 ’ 1849 ’ 1851
6 1211 Vespuce Pierre Philibert 30 mars 1842 1848
7 1214 Nieul Henri Théodore 5 avril 1842 1848 ’ 1849 ’ 1851
8 1221 Theil Léon 19 avril 1842 1848 ’ 1849 ’ 1851
9 1232 Thilon Paul Benoit 31 mai 1842 1848 ’ 1849 ’ 1851 ’ 1852
10 1235 Ligranne Joseph André 14 juin 1842 1848 ’ 1849 ’ 1851 ’ 1852
11 1236 Donat Landry 27 juin 1842 1848 ’ 1849
12 1270 Gomer Victor 11 octobre 1842 1848 ’ 1849
13 1307 Gladon Jean 5 février 1843 1848 ’ 1849 ’ 1851

Certifié par nous, membres de la Commission administrative de l’hospice civil.

A la Rochelle, le 29 octobre 1845


 Le Préfet de la Charente-Inférieure à M. le Comte de Luc (à la Valade, près Saintes)

Le 4 novembre 1845,

Monsieur le Comte,

J’ai l’honneur de vous adresser ci-joint copie d’une délibération par laquelle le Conseil Général de mon département, a alloué, sur ma proposition, une somme de 1000 F à la colonie de Valade, pour l’année 1846.

Cette somme sera mandatée en votre nom aussitôt après que le budget départemental de cet exercice aura été approuvé par ordonnance royale.


 Le Préfet de la Charente-Inférieure à M. le Comte de Luc (à la Valade, près Saintes)

Le 31 janvier 1846,

Monsieur le Comte,

Par ma lettre du 4 novembre 1845, j’ai eu l’honneur de vous adresser copie ... pour l’année 1846

Je vous envoie ci-joint, Monsieur le Comte, le mandat de cette subvention.

Sans chercher à m’immiscer dans l’emploi qui sera fait de cette allocation, je crois devoir appeler votre attention particulière sur le couchage de vos élèves, qui, d’après les rapports du reste satisfaisants qui en ont été faits sur votre très utile établissement, devrait être amélioré.


 La commission administrative des hospices civils de la Rochelle au Préfet de la Charente-Inférieure

Ville de La Rochelle - Commission administrative des hospices civils

La Rochelle, le 6 novembre 1845

Monsieur le Préfet,

Quelques renseignements peu favorables nous ont été donnés sur la colonie agricole de Vallade. Sans ajouter une foi entière à ce qui nous a été dit, nous croyons néanmoins qu’il est de notre devoir de vous en instruire.

Il paraîtrait que les enfants trouvés qui sont placés dans cette colonie y sont mal soignés, que leurs vêtements seraient insuffisants et malpropres ; que la nourriture qui leur est donnée ne serait ni suffisante ni distribuée ainsi qu’il conviendrait à leur âge ; que le coucher laisserait également beaucoup à désirer. Enfin on assure que leur seule occupation consisterait à aller mener paître des bestiaux.

S’il en était ainsi, les enfants seraient assurément moins bien placés dans cette colonie que chez les nourriciers des campagnes, et le but que vous vous êtes proposé en les y envoyant serait complètement manqué.

En vous faisant cet exposé, nous n’avons d’autre intention que de provoquer une inspection consciencieuse de la colonie de la Vallade. Vous jugerez sans doute à propos, Monsieur le Préfet, de l’ordonner, et de prescrire les mesures qui auront pour effet de faire cesser un état de choses qui, s’il existait, serait vraiment déplorable, et ne pourrait que nuire essentiellement au bien-être futur des enfants trouvés qui sont confiés à Mr le Directeur de cet établissement.

Nous sommes avec respect, Monsieur le Préfet, vos très humbles et obéissants serviteurs.


 Rapport d’inspection fait au Préfet de la Charente-Inférieure

Saintes, le 15 novembre 1845

Département de la Charente-Inférieure – Inspection du service des enfans trouvés et abandonnés

Monsieur le Préfet,

Conformément aux ordres que vous m’avez donnés par votre lettre du 11 novembre courant, je me suis transporté auprès de Monsieur le Sous-Préfet de Saintes qui m’a adjoint Monsieur le Docteur Briault, médecin de l’hospice de cette ville, et hier 14 nous nous sommes rendus à l’asile de La Valade à l’effet de recueillir des renseignements exacts et détaillés sur l’état des enfants trouvés qui ont été placés dans cet établissement.

Mr le Docteur Briault et moi nous avons l’honneur de vous présenter ici le résultat de l’enquête à laquelle nous nous sommes livrés.

Nombre des enfants et catégories d’âge

54 enfants trouvés ou abandonnés se trouvent en ce moment à La Valade.
- 20 y ont été placés par l’hospice de Saintes,
- 18 par celui de Rochefort,
- 16 par celui de La Rochelle
Sous le rapport de l’âge, ils offrent le classement suivant :
- 2 ont dans leur 10e année (et occasionnent une dépense mensuelle de 5 F chacun)
- 1 est dans sa 9ème (id)
- 1 est dans sa 8ème (id)
- 3 sont dans leur 7ème (id)
- 5 sont dans leur 6ème (45 jours au prix de 6 F par mois)
- 17 sont dans leur 5ème (id)
- 23 sont dans leur 4ème (id)
- 2 sont dans leur 3ème (2 mois à 8 F par mois)

Total égal 54 pour lesquels la dépense est par mois de 321 F, c’est à dire de 321 Fpour 1620 journées, ou enfin de 0 F 20 c en moyenne par journée d’enfant.

Au moment de notre arrivée tous les jeunes enfants étaient en promenade dans le voisinage de l’asile. Pendant que sur notre invitation on était allé les chercher, nous avons visité les dortoirs et les autres parties de l’établissement.

Disposition du local

Le local est vaste et en bon état. Les jeunes enfants couchent dans trois pièces du rez-de-chaussée, toutes trois sont parquetées et éclairées par de hautes croisées au couchant ou au levant. Deux salles d’égale étendue contiennent chacune 20 lits ou berceaux. Une autre plus petite n’en contient que 10. Les enfants les plus grands couchent dans une vaste pièce située au 1er étage. Entre les deux grands dortoirs du rez-de-chaussée se trouve un vestibule, bien clos par des doubles portes dans lequel est monté un poële dont les tuyaux traversent les dortoirs en y répandant une chaleur suffisante. Ce poële est entouré d’une balustrade.

A la suite des dortoirs, au midi, se trouve le réfectoire des petits enfants ; un peu plus loin, celui des plus grands ; ce dernier touche à la cuisine, qui est vste, et près de laquelle est un four où se prépare le pain nécessaire au nombreux personnel de l’établissement. Une vaste cour, environnée de bâtiments où sont les ateliers et les écuries, se trouve devant la maison ; de grands jardins sont situés derrière elle ; des bois, des prairies, des champs avoisinnent les bâtiments et les dépendances de l’asile. Le local offre donc les dispositions les plus favorables à la salubrité.

État sanitaire des enfants

En visitant les dortoirs, nous avons trouvé quatre enfants alités : l’un d’eux avait un peu de fièvre, suite d’un rhume ; deux autres ont depuis deux ou trois jours seulement une diarrhée qui les affaiblit beaucoup ; un quatrième, qui est un orphelin nouvellement admis à l’hospice de Saintes, et placé depuis peu de temps à La Valade, est atteint d’une dyssenterie assez intense. Ces enfants reçoivent les soins qu’exige leur état, mais nous avons dû faire remarquer que la présence de ces malades dans les dortoirs communs empêchait d’aérer convenablement les salles et pouvait compromettre la santé des autres enfants. Nous avons invité Monsieur Deluc, Directeur de l’asile, à établir au plus tôt une infirmerie dans une chambre du 1er étage. Mr Deluc nous a donné l’assurance qu’il allait s’occuper immédiatement de réaliser nos intentions. Tous les enfants gagneraient d’autant plus à cette disposition que, dans l’état actuel, par suite de l’arrivée des 16 enfants de La Rochelle, et de la rentrée 10 ou 12 autres qui avaient été placés à la Sausaie, les dortoirs du rez-de-chaussée se trouvent un peu encombrés. Il a été convenu avec Mr le Directeur que 4 lits seraient enlevés de chacune des grandes salles, et 2, de la plus petite. Les enfants les plus âgés (qui acuellement couchent au rez-de-chaussée) seront très bien dans le grand dortoir du 1er étage.

Nous avons examiné avec soin tous les autres enfants et tous sont en bonne santé. L’état de propreté de leur tête, du visage, des pieds et des mains prouve qu’ils reçoivent les soins que réclame leur âge ; mais aussi qu’ils ne sont pas donnés par des femmes.

Vêture des enfants

Tous les enfants qui sont sortis dernièrement de l’hospice de La Rochelle ayant été complètement habillés avant d’être conduits à La Valade, sont convenablement vêtus ; et leur état sous ce rapport fait ressortir d’une manière peu favorable la vêture des enfants provenant des hospices de Saintes et de Rochefort. Ceux-ci sont couverts d’une longue robe d’une forte étoffe de laine grise ou beige ; la coiffure n’est pas uniforme et n’est pas pour tous en très bon état. Tous les enfants ont des sabots et des chaussons de litière ; mais les plus jeunes seulement portent des bas en cette saison. Mr Deluc nous a déclaré qu’en hiver, aux premiers froids, il donnerait des bas de laine à tous ses élèves ; une association de plusieurs dames charitables de Saintes doit en donner prochainement. Dans leur état actuel, les enfants de l’asile de Lavalade sont certainement mieux couverts que le plus grand nombre des enfants de même âge placés chez les cultivateurs du département.

Coucher des enfants

Tous les enfants qui déjà sont propres, couchent sur une paillasse garnie de balle d’avoine et recouverte d’une toile blanche qui est plutôt un drapeau qu’un drap. Les dimensions en sont trop petites pour que l’enfant ait de la toile sur et sous lui. 120 draps de 2 m 50 sur 1 m 20 seraient nécessaires à l’établissement ; leur acquisition obligerait à une dépense qu’il n’a pas été possible de faire jusqu’à ce jour, mais qui sera faite dès qu’on le pourra. Les jeunes enfants qui urinent encore étant au lit, couchent sur la paillasse garnie de paille de froment. On la renouvelle souvent ; on ne pourrait en faire autant de la balle d’avoine, qui est fort rare, et, par conséquence, d’un prix élevé. Chaque lit est muni en ce moment d’une couverture de laine pliée en double. En hiver, on ajoute une seconde couverture à chaque coucher. Les enfants qui couchent au 1er étage ont chacun une couchette en une literie semblable à celle des lits des frères surveillants ; c’est à dire : une paillère de balle d’avoine, un traversin, un drap, et une ou deux couvertures, selon la saison.

Nourriture

Les enfants font trois repas par jour. Le matin, on leur donne ordinairement du riz ou du lait ; à midi, des fruits ou du fromage ou du raisiné ; le soir, de la soupe et des légumes. Le pain, fabriqué dans la maison, est bon quoique bis. Leur boisson ordinaire est ce qu’en Saintonge on nomme du rapé. Celui que nous avons goûté est de bonne qualité. Nous avons vu préparer le repas du soir ; la soupe de pain bouilli, les pommes de terre au sel, et des pommes. On ne donne de la viande (de mouton le plus souvent) qu’une ou deux fois par semaine. Cette nourriture est celle des habitants des campagnes. Elle est donnée aux enfants en quantité suffisante. L’état de santé, la fraîcheur et l’embonpoint de presque tous, le prouve suffisamment.

Instruction donnée aux enfants

Les huit ou dix enfants âgés de plus de cinq ans reçoivent, en hiver surtout, des leçons de religion, de lecture, d’écriture et de calcul. Nous avons visité la classe, examiné les cahiers ; les enfants sont peu avancés ; le déplacement qu’ils ont éprouvé l’été dernier leur a nui sous ce rapport. Les plus jeunes enfants sont occupés de temps en temps aux plus simples exercices des salles d’asile. Mais cette partie est peu avancée : on nous a assuré que sous peu elle ne laisserait rien à désirer.

Manière dont ils sont occupés

Les grands élèves sont employés, les uns dans l’atelier du sabotier qui s’est fixé dans l’établissement, d’autres dans les jardins, d’autres encore (des enfants de cinq ans) sont chargés de la garde d’une brebis ; plus tard, quand ils grandissent, de la garde d’une vache, qu’ils tiennent par une corde. A notre sortie de l’établissement, nous avons rencontré quatre de ces apprentis bergers conduisant chacun sa vache ou sa brebis. Chacun était enveloppé d’une sorte de manteau de laine. Nous avons remarqué que, de même que les bergers du pays, ils avaient des chaussons dans leurs sabots mais n’avaient pas de bas.

Mr Deluc nous a annoncé qu’il lui était arrivé un frère tailleur et un autre menuisier, et qu’incessamment il pourrait confier deux ou trois enfants à la onfection des chaussons de litière, et aussi à essayer de faire tricoter des bretelles, puis des bas, par les enfants de 4, 5 et 6 ans. L’essai sera fait cet hiver.

Tel est, Monsieur le Préfet, la situation exacte de l’asile de La Valade. Cette situation est satisfaisante sous plusieurs rapports. L’établissement d’une infirmerie, la diminution du nombre des lits dans les dortoirs des petits enfants, l’adoption de draps de lit plus grands, rendront cet établissement tel qu’il doit être. Sa création est encore nouvelle ; les ressources affectées à l’entretien et à la nourriture des enfants sont si modiques, les dépenses d’ameublement ont été si élevées, qu’il n’y a pas lieu de s’étonner que tout ne soit pas encore dans l’état qu’on pourrait désirer. La santé des enfants est généralement bonne ; ils sont à l’abri d’exemples ou de discours pernicieux ; leur direction et ses aides leur donnent au contraire l’exemple d’un travail continuel, de la patience, des privations, et s’efforcent par leurs leçons de développer en eux le sentiment du bien et du juste. Ces avantages incontestables font regretter qu’il n’existe pas d’établissements de ce genre où il soit possible de réunir tous les garçons, et surtout toutes les filles, de 3 à 12 ans qui, dans les campagnes, sont exposées prématurément à tant de fâcheuses influences.

Agréez, Monsieur le Préfet, l’expression de notre profond respect.

L. Payen du service des enfants trouvés et le commissaire délégué
Briault


 Le Préfet de la Charente-Inférieure à MM les membres de la commission administrative de l’hospice civil de la Rochelle

Le 24 novembre 1845

Messieurs,

L’établissement agricole de Valade vient d’être l’objet d’une inspection consciencieuse et détaillée, et M. Payen, Inspecteur du service des enfants trouvés, auquel j’avais adjoint M. Briault, docteur médecin à Saintes, m’a transmis un rapport circonstancié sur le résultat de la mission que je leur avais confiée, et que les renseignements contenus dans la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire le 11 de ce mois ont dû provoquer. La visite de ces messieurs a été tout à fait inopinée.

J’ai eu lieu de reconnaître, par l’examen de ce rapport, que MM Payen et Briault avaient procédé avec une attention scrupuleuse, et je suis satisfait, Messieurs, de pouvoir, aujourd’hui, détruire l’opinion peu favorable qu’on nous avait fait concevoir sur la manière dont vos pupilles étaient traités dans la colonie agricole dirigée par le Comte de Luc.

Le local de Valade est vaste et en bon état ; les jeunes enfants dans uns vaste pièce située au rez-de-chaussée, les plus grands dans une vaste pièce située au 1er étage ; un poêle dont les tuyaux traversent les dortoirs y répand une chaleur suffisante ; de vastes réfectoires sont convenablement appropriés à leur destination ; les ateliers sont bien distribués dans les bâtiments que précède une immense cour ; enfin toutes les dépendances de l’asile ont chacun une destination spéciale et parfaitement en rapport avec les besoins du service.

Le fraîcheur, l’embonpoint de presque tous les enfants attestent d’un bon état sanitaire ; le travail est proportionné à leurs forces, l’instruction qu’on leur donne s’étend à des leçons de religion, de lecture, d’écriture et de calcul, et la sollicitude toute paternelle dont ils sont environnés témoignent des résultats avantageux qu’on peut attendre de leur séjour dans la colonie.

Le coucher est loin de répondre à l’état général que je viens de signaler : il consiste dans une paillasse garnie de balle d’avoine et recouverte d’une toile blanche ; chaque lit est muni d’une couverte de laine pliée en double, et en hiver on y ajoute une seconde couverture également en laine. Si le coucher des enfants laisse à désirer, ce que M. Duluc reconnaît, c’est qu’il n’a pas encore pu se procurer les ressources nécessaires pour l’améliorer.

Je suis convaincu, Messieurs, que d’ici à un temps peu éloigné, M. de Luc fera en sorte que cette partie de l’intéressant établissement qu’il a créé soit aussi satisfaisante. Je l’engagerai à y porter tous ses soins.

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