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1851 - l’abbé Landmann renonce à son projet et quitte Medjez-Amar

mercredi 15 juin 2022, par Pierre, 91 visites.

L’abbé Landman, qui diri­geait cette institution, ne fut pas très heureux dans son entreprise. « Une dizaine de Frères de La Croix fondés par M. de Luc, ancien officier, vinrent l’y rejoindre, écrit Mgr Pons. En 1851, ils avaient 87 enfants. Les installations furent défectueuses. Les terres étaient incul­tes au bout de quelque temps ; les Frères d’abord, puis l’abbé Landman renoncèrent à leur œuvre. »

Source : La Nouvelle Eglise d’Afrique ou Le Catholicisme en Algé­rie, en Tunisie et au Maroc depuis 1830, p. 83. — Librairie Louis Namura, 15, Avenue de France, Tunis.

Mgr Pons ajoute : « Elle passa de mains en mains, même dans celles d’un capitaine et de quelques capo­raux. En désespoir de cause, Mgr Pavy offrit l’établis­sement aux religieux Augustins de Saint-Maurice au Valais. Le voisinage de Souk-Ahras (Thagaste), le ber­ceau de leur illustre patron, les avait séduits autant que les jeunes orphelins. »

Source : Echos de Saint-Maurice, 1935, tome 34, p. 25-134

L’orphelinat de garçons de la province de Constantine a été placé à Medjez-Amar, entre Guelma et les Eaux-Chaudes de Hammam-Meskhoutine, dans un bassin formé au confluent du Bouham et de l’Oued-Cherf. Lors de l’expédition de Constantine en 1846, l’armée, partie de Bône, suivit l’ancienne route arabe, et un camp fut établi en cet endroit. Un rideau de montagnes y abrite parfaitement des vents du nord ; -mais on y reste exposé à ceux du midi. Les deux rivières qui, réunies, prennent le nom de Seybouse, débordent à l’époque des pluies, et leurs eaux, stagnant dans les parties basses, causent, pendant la saison d’été, des fièvres d’une malignité excessive.
Le sol est fertile, malgré les couches imperméables d’argile sur lesquelles il repose ; la terre végétale a près d’un mètre de hauteur dans une partie des terres arables. Ces terres, ainsi que celles propres au pâturage, comprennent la moitié environ du territoire ; l’autre moitié est couverte de massifs d’oliviers et de massifs plus étendus de broussailles improductives.
Les eaux potables sont peu abondantes. Deux sources, qui filtrent à travers des rochers, disparaissent en été ; il ne reste alors qu’une fontaine d’un faible débit, qui est située à 300 mètres de l’établissement.
M. l’abbé Landemann 1 s’installa, en 1849, avec 15 orphelins dans les bâtiments construits par le génie, qui lui furent abandonnés avec une concession de 500 hectares. Il reçut de plus une subvention extraordinaire de 20,000 fr. La généreuse protection du général de Saint-Arnauld, alors commandant supérieur de la province de Constantine, l’aida dans ses débuts.
Il avait pour coopérateur et pour associé M. de Luc, ancien militaire, qui avait quitté l’épaulette pour endos1
endos

1 l’abbé Landemann, en 1841, avait publié un projet de colonisation sous le titre de Fermes du Petit-Atlas, et depuis avait adressé plusieurs Mémoires au roi Louis-Philippe pour la colonisation de l’Algérie. Il est aujourd’hui curé de l’une des paroisses d’Alger, qu’il édifi e par son dévouement charitable.

ser une bure grossière de moine. Ce saint religieux s’était voué depuis plusieurs années à l’éducation des enfants, s’était attaché quelques disciples et avait fondé avec eux, aux environs de Saintes, dans le département de la CharenteInférieure, un établissement agricole. Une dizaine de Frères de la Croix et 27 enfants l’avaient suivi en Afrique. Ces enfants, joints à tous ceux que la province de Constantine n’avait cessé d’envoyer, dès la fin de 1851 avaient élevé à 87 le nombre des orphelins de Medjez-Amar.
Toutefois, après deux années de continuels mécomptes, M. de Luc retira ses Frères, et M. l’abbé Landemann dut renoncer à son établissement. L’autorité militaire prit alors la direction de l’orphelinat. En avril 1852, un autre prêtre séculier fut envoyé à Medjez-Amar. Des difficultés de tout genre et, par-dessus tout, les fièvres dispersèrent bientôt le nombreux personnel amené par le nouveau directeur avec l’espoir d’un meilleur succès.
L’autorité militaire reprit l’administration de l’orphelinat en janvier 1853, et mit tout en oeuvre pour le remettre à flot. Des avances considérables furent versées dans la caisse du directeur ; desthuizzas (corvées arabes) furent successivement accordées pour ensemencer les terres et pour faire les moissons ; un poste militaire vint s’établir à Medjez-Amar et fut employé aux cultures et aux défrichements : ainsi puissamment secondée, la Direction parvint à rembourser les sommes avancées.
Les orphelins de la province de Constantine se trouvaient alors sous la tutelle d’un capitaine et de quelques caporaux. Leurs nouveaux mentors prenaient d’eux des soins véritablement dignes d’éloges ; ils les faisaient marcher au son du tambour et les passaient en inspection plusieurs fois par jour : mais pouvaient-ils leur apprendre une autre vie que celle des camps, leur parler de choses qu’ils ne pratiquaient pas, leur inspirer des sentiments auxquels ils étaient eux-mêmes étrangers ? Obligés, par ordre supérieur, de se faire maîtres d’école, ils étaient les premiers à reconnaître tout ce qu’avait d’incomplet l’éducation qu’ils pouvaient donner à ces pauvres orphelins, et désiraient ardemment qu’on les déchargeât d’une aussi délicate mission.
L’Administration faisait de vains efforts pour attirer en cet endroit les Frères des Ecoles chrétiennes nouvellement établis en Algérie, lorsque la Providence lui envoya, du couventsuisse de Saint-Maurice, en Valais, M. le comte Bagnoud, évêque de Bethléem, supérieur général des chanoines de Saint-Augustin.
Ces prêtres réguliers se disent les héritiers privilégiés de l’évêque d’Hippone : ils étaient désireux de reparaître sur le sol africain qui avait été leur berceau.
Un traité fut conclu avec eux : les bâtiments et les terres de l’orphelinat de Medjez-Amar leur furent concédés. Mais, dans l’ardeur de marcher sur les glorieuses traces de leur fondateur, ils se laissèrent un peu éblouir et acceptèrent les yeux fermés des conditions très-onéreuses. Un inventaire fut dressé lors de l’installation des chanoines ; le directeur militaire, à qui ce soin fut confié, devait naturellement chercher à faire -ressortir l’excellence de son administration. D’un autre côté, il était assez difficile à des étrangers de bien apprécier la valeur des choses. Ils ne furent pas longtemps à s’apercevoir qu’ils étaient loin de compte, et que la succession acceptée sous bénéfice d’inventaire était une charge très-onéreuse. Ainsi, les chars et les ustensiles aratoires se trouvaient hors d’usage dès les premiers jours où l’on voulut s’en servir. Au temps de la fenaison, il fallut acheter du fourrage pour l’entretien des chevaux et des mulets. La récolte avait été évaluée à un chiffre énorme lors de l’inventaire ; quand vint la moisson la déception fut complète : on récolta à peine de quoi ensemencer les terres. Il n’y avait ni blé, ni farine, ni autres provisions dans les greniers ou dans les magasins de l’établissement ; il fallut donc tout acheter, et les jardins eux-mêmes étaient incultes.

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