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1855 - Qu’est devenu le projet d’aménagement du fleuve Charente pour la navigation ?

jeudi 8 novembre 2018, par Pierre, 630 visites.

Les royaumes, les empires et les républiques passent et le projet d’aménagement du fleuve Charente pour la navigation est quasiment revenu à son état de 1776, quand Turgot, intendant du Limousin avait obtenu du Roi Louis XV les fonds nécessaires pour le réaliser.

En 1855, il n’est plus question de rendre le fleuve navigable de Civray à la mer. Les 9 écluses construites en amont d’Angoulême, jusqu’à Montignac, sont à l’abandon, et il n’est pas envisagé de les réparer.

Le livre d’où nous tirons cet article comporte une carte avec les premières lignes de chemin de fer. Voilà qui va rapidement porter un coup fatal à la navigation commerciale sur fleuves et rivières.

Dans cet article le lecteur pourra s’intéresser aux données statistiques sur les produits transportés sur le fleuve Charente à cette époque.

Source : Précis historique et statistique des voies navigables de la France et d’une partie de la Belgique contenant tous les renseignements relatifs a la perception des droits de navigation et de péage avec une carte commerciale de la Navigation, des Chemins de fer de la France, de la Belglque et des États riverains du Rhin - Par Ernest Grangez, chef de bureau au ministère de l’agriculture, du commerce et des travaux publics - Paris - 1855 - Google livres

CHARENTE.

Le tableau annexé à l’ordonnance du 10 juillet 1835, sur la pêche fluviale, indique cette rivière comme étant navigable depuis Montignac jusqu’à son embouchure dans la mer ; mais aujourd’hui la navigation ne remonte plus au delà de l’écluse de Saint-Cybard, sous Angoulême. De ce point à Saintes, elle est exclusivement fluviale. Entre Saintes et Tonnay-Charente, les transports s’opèrent concurremment par cette navigation et par les bâtiments à quille ; de Tonnay-Charente à la mer, la navigation est exclusivement maritime.

En amont de Montignac jusqu’à Ambérac, à 21 kilomètres au-dessus, le flottage en trains avait lieu autrefois pour l’exploitation de la forêt de Tusson : il est depuis longtemps complètement abandonné.

Les affluents navigables de la Charente sont la Boutonne, le canal de Brouage et celui de Charras.

Originairement, la Charente n’était navigable naturellement qu’à partir de Cognac ; mais en 1776 on entreprit de prolonger la navigation au-dessus de cette ville. Cette utile opération fut lentement continuée jusqu’en 1807, époque à laquelle on avait établi 15 écluses entre Cognac et Angoulême et 9 d’Angoulême à Montignac ; mais ces ouvrages, négligés depuis leur construction, étaient tombés dans un état de dégradation qui en rendait l’usage impossible. Des réparations étaient indispensables : la loi du 19 juillet 1837 y a pourvu par l’allocation d’un fonds de 1,900,000f applicable non-seulement aux travaux à faire en amont de Cognac, mais aussi aux diverses améliorations que réclamait l’état du fleuve au-dessous de cette ville.

Dans la partie comprise entre Montignac et Angoulême, dont la longueur est de 25k, on s’est borné à remplacer les portes des écluses qui tombaient en ruine et à réparer l’écluse de Chalonnes. Quoi qu’il en soit, la navigation n’existe plus dans cette partie, et la voie de terre est préférée pour les transports. C’est ce qui avait déjà lieu il y a près de vingt ans, ainsi que l’indique l’exposé des motifs de la loi de 1837.

Dans la partie inférieure, on a également réparé les anciens ouvrages, exécuté des dragages, établi des chemins de halage, amélioré des ports de chargement et de déchargement, etc. On a exécuté en outre un travail fort important pour la navigation ; ce travail, qui a été terminé en 1842, consiste dans la construction d’une écluse en dérivation et d’un barrage submersible dans le lit de la rivière, à l’étier de la Baine, pour augmènter le tirant d’eau sur le radier de l’écluse de Cognac. Aujourd’hui le fonds accordé par la loi du 19 juillet 1837 est complètement absorbé, et cependant les dépenses restant à faire pour compléter le perfectionnement de la Charente ne sont pas évaluées à moins de 1,800,000f. Parmi les travaux les plus essentiels à exécuter encore, figurent l’amélioration des chemins de halage, la construction d’un barrage avec.écluse et dérivation à Bourg- Charente, et notamment celle d’une écluse à Saint-Savinien, où la pente de la rivière est trop forte pour que de simples dragages la puissent faire disparaître.

Le développement total du cours de la Charente, d’Angoulême à la mer, est de 167,598m, savoir :
- Dans le département de la Charente, de 67,500m
-  de la Charente-Inférieure, de . . 100,098m

Sous le rapport delà navigation, cette longueur se divise ainsi :
- D’Angoulême à Saintes, où commence la navigation maritime 97,435m
- De ce dernier point à Tonnay-Charente, où cesse la navigation fluviale 40,663m
- De Tonnay-Charente à la mer 29,500m.

La pente de la rivière est, dans sa partie supérieure jusque sur le confluent du Né, de 0m40 par kilomètre, à l’étiage ; elle est de 0m 375 environ en aval de ce confluent.

Cette pente, entre Montignac et Port-l’Houmeau, est rachetée par 9 écluses, non compris celle de Saint-Cybard, et 17 autres rachètent celle qui existe depuis ce dernier point jusqu’à l’écluse récemment construite en aval de Cognac. Ces écluses ont 6m 50 de largeur et 35m de longueur.

Le tirant d’eau, à l’étiage, en amont du Né, est de 1m 25 au moins dans les biefs ; sur les buses des écluses, il varie de 1m70 à 0m80, et s’abaisse même à 0m70 dans les extrêmes basses eaux, mais sur une seule écluse.

En aval du Né, le tirant d’eau est généralement de 1m50, et il existe sur toute l’étendue de la rivière, sauf aux abords et devant Saint-Savinien, où il ne reste que 0m50 à 0m60 pendant les basses eaux. Cette hauteur d’eau suffit pour les gabares de 60 à 80t qui naviguent dans cette partie ; elles attendent la marée pour franchir le passage dont il s’agit.

Les bâtiments à quille destinés à la navigation maritime peuvent remonter pendant la marée jusqu’à Taillebourg, avec un tirant d’eau de 3m, et jusqu’à Saintes, avec un tirant d’eau de 2m30.

La marée se fait sentir jusqu’au port du Lys ; mais il faut que les trois circonstances de l’étiage, des marées d’équinoxe et des vents violents d’ouest se trouvent réunies ; la hauteur du flux y est alors de 0m06 à 0m12. Elle n’agit d’une manière régulière et constante que jusqu’à Saintes, et elle s’y élève :
- Dans les mortes marées, de 0m40 à 0m60 en étiage, et de 0m00 dans les crues ordinaires.
- Dans les vives eaux .... 0m90 1m20 — — 0m60 —
- Dans les grandes malines. . 1m60 0m00 — — 1m00

Dans les grandes crues, la marée est insensible à Saintes.

A mesure que l’on descend la rivière, la hauteur des marées devient de plus en plus considérable dans chaque circonstance. Au port de Tonnay-Charente, cette hauteur atteint 5m50 dans les malines, pendant l’étiage.

La charge moyenne des bateaux affectés à la navigation fluviale est de 25 à 30t en amont de Cognac, et de 55t en aval de ce point ; leur charge maximum est de 80t

Les bâtiments à quille, tirant de 1m66 à 3m d’eau, jaugent de 50 à 150t ; ce sont ceux qui naviguent au-dessous de Taillebourg à l’aide de la marée. Ceux qui remontent jusqu’à Saintes jaugent 80t.

Dans la partie de la rivière qui s’étend en amont de Saintes, le halage se fait par des bœufs, sauf entre les écluses de Vibrac et de Saintonges, où l’usage prévaut de le faire à bras d’homme. Des femmes et des enfants, réunis en grand nombre, concourent au halage sur ce point de la rivière.

Au passage des bateaux, à Jarnac, on ferme, quand l’état de la rivière l’exige, les pertuis des vannes ouvrières des moulins pour faire gonfler les eaux en amont. L’usage est de percevoir sur les gabariers une rétribution de 0f10 par roue de moulin, au profit des meuniers.

Le prix du fret tend à s’abaisser de plus en plus depuis quelques années. Il revient actuellement en moyenne, déduction faite du droit, à 0f 05 par tonne et par kilomètre à la remonte, et à 0f 024 à la descente.

En aval de Saintes, le halage se fait généralement par des hommes ; on n’emploie des bœufs que pour franchir le passage de Saint-Savinien, où le courant est très-rapide.

Le prix moyen des transports est de 0f065 par tonne et par kilomètre, droit déduit, pour les eaux-de-vie, et de 0f055 pour les autres marchandises.

La durée des voyages est généralement, entre Angoulême et Tonnay-Charente, de quatre à cinq jours ; on met un jour de plus pour la remonte.

Le trajet, aller et retour, demande dix jours de Cognac à Charente ou Rocheforl, six jours de Saintes à Cognac, cinq jours de Saintes à Charente ou à Rocheforl, et quatre jours de Saint-Savinien à Rochefort.

La Charente est imposée au droit de navigation, au profit du Trésor.

La perception s’opère, pour la navigation fluviale, conformément à la loi du 9 juillet 1836 et d’après le tarif général des rivières (voy. p. 8) ; et pour la navigation maritime, suivant les dispositions de l’arrêté du gouvernement du 27 vendémiaire an XII (20 octobre 1803), portant règlement, pour la perception de l’octroi de navigation dans le bassin de la Charente.

Les distances légales servant de base au calcul du montant des droits, proportionnellement au trajet parcouru, ont été déterminées ainsi qu’il suit par l’administration des contributions indirectes, pour l’exécution de la loi du 9 juillet 1836 :
- 1° De Montignac à Port-l’Houmeau, sous Angoulême 25k
- 2° De Port-l’Houmeau à la mer 167k.

Les 167k formant la partie réellement navigable de la Charente se répartissent de la manière suivante entre les principaux ports situés sur son cours :

Les droits auxquels est imposée la navigation maritime ont été fixés ainsi qu’il suit, par l’arrêté du gouvernement du 27 vendémiaire an XII, modifié par une ordonnance du 30 mars 1826, savoir :

Chaque bâtiment ou navire destiné à prendre mer paiera par tonne de chargement possible :

Ces taxes sont passibles du décime par franc, conformément à la loi du 25 mars 1817.

Les bureaux établis pour la perception de ces deux natures de droits sont situés au Port-l’Houmeau, à Cognac, Saintes, Saint-Savmien, Tonnay-Charente et Rochefort ; ceux de Cognac, de Saintes et de Rochefort fonctionnent en même temps comme bureaux de jaugeage.

Les produits des droits de navigation perçus d’après l’un et l’autre tarif sont résumés dans le tableau suivant :

Les chiffres des produits de 1853 comprennent les sommes non perçues pour céréales et dont le montant s’élève à 1,725f 36, dont 1,037f83 applicables à la navigation fluviale.

Le tonnage des marchandises dont le transport s’opère par la voie de la navigation fluviale présente les résultats suivants, extraits des documents publiés par l’administration des contributions indirectes :

Ramenés au parcours total des 142k, du port d’Angoulême à Tonnay- Charente, sur lesquels a lieu la navigation fluviale, ce tonnage et celui des trois années précédentes donnent pour résultat :

Les chiffres suivants, produits par MM. les ingénieurs, font connaître le mouvement des marchandises, en 1852, à quatre points de la rivière :

Quant à la navigation maritime, on ne saurait indiquer le chiffre du tonnage des marchandises qu’elle transporte dans la partie du fleuve où cette navigation s’effectue concurremment avec les bateaux plats qui font le service de la partie exclusivement fluviale. Le port de Tonnay-Charente et les ports réunis de Rochefort et de la Cabane-Carrée ainsi que celui de Soubise sont les seuls qui figurent dans les tableaux de mouvement publiés par l’administration des douanes. Les résultats indiqués pour le port de Tonnay-Charente comprennent une partie du tonnage des marchandises transportées en amont de ce port jusqu’à Saint-Savinien, Taillebourg et Saintes : c’est cette quantité qu’il n’est pas possible de déterminer. Les chiffres portés dans le tableau suivant ne font donc connaître le mouvement de la navigation maritime qu’entre Tonnay-Charente et la mer. Ces chiffres représentent le tonnage possible des bâtiments chargés.


En ce qui concerne le port de Soubise, les documents des douanes n’en font pas mention en 1852 ; et pour 1851, ces documents n’accusent qu’un tonnage de 177t, dont 112t à l’entrée et 65t à la sortie.

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