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Biographie des principaux acteurs de la Fronde en Angoumois (1651-1652)

samedi 13 octobre 2018, par Pierre, 324 visites.

Le lecteur trouvera ici quelques notices sur la vie des principaux personnages dont il est parlé dans le recueil "La Fronde en Angoumois (1651-1652)" écrit par Paul de Lacroix en 1863.

CHAPITRE BIOGRAPHIQUE.

Le lecteur trouvera ci-après quelques notices sur la vie des principaux personnages dont il est parlé dans ce recueil, notices que leur étendue n’a pas permis de mettre en renvoi au bas des pages. Si un livre est un ami, comme le prétendait le chantre de Laure, Pétrarque, il ne doit pas seulement nous intéresser aux événements qu’il raconte, il doit encore nous renseigner sur les acteurs qui y furent mêlés. Par exemple, quand on lit l’histoire de France, il semble que, pour la bien comprendre, il est nécessaire d’avoir sous la main une biographie générale qui trace le portrait des héros, pendant que le narrateur déroule la série de leurs hauts faits. Mais chacun sait qu’un gros volume biographique n’est pas chose portative, et qu’une brochure suit son lecteur partout. C’est ce qui nous a décidé à donner les biographies que l’on va lire. Les noms de d’Harcourt, de Bellefonds, de Condé, de la Rochefoucauld, de Tarante, de Montausier, d’Ars, ont été prononcés trop souvent ici pour qu’on soit indifférent à leur égard.

 LE COMTE D’HARCOURT.

Henri de Lorraine, comte d’Harcourt [1] : l’un des généraux les plus distingués de son siècle, qui en produisit un si grand nombre, naquit le 20 mars 1601. Il était fils de Charles de Lorraine, duc d’EIbeuf, et de Marguerite de Chabot, comtesse de Charny. Son éducation fut toute militaire. Il fit ses premières armes en Allemagne, et commença à se signaler à la bataille de Prague, en 1620. Il servit ensuite comme volontaire dans la guerre contre les Huguenots, et se trouva aux sièges de Saint-Jean- d’Angély, de Montauban, de l’ile de Ré et de la Rochelle. Louis XIII récompensa la valeur qu’il avait montrée à l’attaque du Pas-de-Suze, en 1629, en lui accordant le collier de ses ordres. Ce même prince lui confia, en 1637, une flottille dans la Méditerranée, avec laquelle il se rendit maître de la ville d’Oristani, en Sardaigne, et enleva aux Espagnols les villes de Saint-Honorat et de Sainte-Marguerite, dont ils s’étaient emparés. En 1639, le roi l’ayant chargé du commandement de l’armée de Piémont, avec un corps de 8,000 hommes, il battit devant Quiers 20,000 Espagnols. « Si j’étais roi de France, lui fit dire le marquis de Leganez, je ferais couper la tête au comte d’Harcourt pour avoir hasardé une bataille contre une armée beaucoup plus forte que la sienne. — Et moi, si j’étais roi d’Espagne, répondit d’Harcourt, je ferais couper la tête au marquis de Leganez pour s’être fait battre par une armée beaucoup plus faible que la sienne. »

En 1640, le comte d’Harcourt remporta un second avantage sur les Espagnols devant Casal, força leurs lignes, s’approcha de Turin, et, malgré les efforts de l’ennemi, obligea cette ville à capituler après une résistance de trois mois. On rapporte que le fameux Jean de Wert dit à cette occasion qu’il aimerait mieux être d’Harcourt qu’empereur. Dans toutes ses campagnes il fut constamment heureux, sl l’on excepte le siège de Lérida qu’il fut obligé de lever, en 1646 ; il est vrai que le prince de Condé ne fut pas plus heureux devant la même place l’année suivante. Envoyé en Flandre en 1649 contre les Espagnols, il investit Cambrai, battit les ennemis près de Valenciennes et prit la ville de Condé. Pendant les troubles de la Fronde, le comte d’Harcourt embrassa franchement le parti d’Anne d’Autriche. Il conduisit en Normandie le jeune Louis XIV, et parvint à y faire respecter son autorité, malgré les intrigues de la duchesse de Longueville. En 1651, comme on le voit ici, il fit lever le siège de Cognac au prince de Condé, et continua de maintenir la Guienne dans le devoir. L’année suivante, après avoir sollicité sans succès le maréchalat général qu’il avait bien mérité, le comte d’Harcourt, se trouvant mal payé de ses services, quitta tout à coup la France et s’engagea dans les troupes étrangères, qu’il conduisit en Alsace [2]. Mais il fit bientôt sa paix avec la cour. On lui donna le gouvernement de l’Anjou, où il se retira. Le comte d’Harcourt était, depuis 1643, grand écuyer de France. Il mourut d’apoplexie dans l’abbaye de Royaumont, le 25 juillet 1666, laissant de Marguerite du Cambout, qu’il avait épousée en 1639, une nombreuse postérité. L’aîné a pris le titre de comte d’Armagnac, et un des cadets a fait la branche des comtes de Marsan, sires de Pons en Saintonge.

 BELLEFONDS.

Bernardin Gigault, marquis de Bellefonds, né en 1630, gouverneur du château de Valognes, était en Normandie en 1669, pendant les troubles, lorsqu’il empêcha que cette province envoyât des levées qu’elle avait faites au secours de la ville de Paris, et se défendit courageusement dans le petit château de Valognes contre les attaques qu’on lui fit jusqu’à la publication de la paix. Il servit ensuite en Catalogne en qualité de mestre de camp du régiment de Champagne, pendant les années 1650 et 1651, et en Guienne sous le comte d’Harcourt. Ayant été fait maréchal de camp, il défendit la ville de Cognac et prit Barbezieux sur les rebelles. Il suivit ensuite le marquis du Plessis-Bellière en Catalogne, en 1653, fut fait lieutenant-général des armées du roi l’année suivante, et se trouva, en 1655, à la prise du camp de Quiers, à celles de Castillon et de Cadagne, et il obtint la même année le gouvernement de Castillon. En 1657, il passa à l’armée de Flandre, et battit les ennemis près de Toumay. Il commanda ensuite en Italie un corps de troupes pour le service du duc de Parme et de Modène, auquel le pape refusait de restituer certaines places. Plus tard, il passa en Hollande, où il contribua, en 1666, à sauver l’armée navale de Louis XIV, compromise par une faute du duc de Beaufort. Envoyé contre les Espagnols l’année suivante, il fut fait maréchal de France le 8 juillet 1668. Ambassadeur extraordinaire en Angleterre, en 1670 et 1678, il reçut, en 1684, le commandement de l’armée de Hollande. Écuyer de madame la dauphine, chevalier des ordres du roi en 1688, commandeur de Saint-Louis en 1693, le marquis de Bellefonds mourut à l’âge de 64 ans, au château de Vincennes, dont il était gouverneur, le 4 décembre 1694, et fut enterré dans le chœur de la chapelle de ce château. Il s’était marié en 1655 à Madeleine Fouquet, de laquelle il eut deux garçons et sept filles. Son fils aîné avait épousé une petite-nièce de Mazarin, et mourut avant lui des blessures reçues à la bataille de Steinkerque.

 DU PLESSIS-BELLIÈRE.

Jacques de Rougé, dit le marquis du Plessis-Bellière, né en 1602, se distingua au siège de la Rochelle, en 1628, et surtout dans la campagne de Flandre. Étant gouverneur d’Armentières, il fit des prodiges de valeur pour conserver cette ville au roi. Promu au grade de lieutenant-général, il se signala encore dans plusieurs autres affaires. Il commandait un corps d’armée à la bataille de Rethel, où fut battu le vicomte de Turenne, qui combattait contre la cour. II servit ensuite en Angoumois et en Saintonge contre les Princes, et contribua à la prise du faubourg de Cognac, des tours de la Rochelle, des villes de Saintes et de Taillebourg. Il fut, peu après, nommé commandant dans le Roussillon, battit les Espagnols à Roses, à Castillon-d’Ampurias, au fort de la Jonquière. En 1654, il fit partie de l’expédition du duc de Guise contre le royaume de Naples. Débarqué le 11 novembre de cette année sur la plage de Castellamare, du Plessis-Belïière, qui commandait une partie des troupes, fut grièvement blessé, et mourut dans la même ville le 24 de ce mois, âgé de 52 ans.

 SAINTE-MAURE.

Charles de Sainte-Maure, marquis, puis duc de Montausier, naquit le 6 octobre 1620. Il se trouva au siège de Casal, à l’attaque de Brisac en Alsace, à la bataille de Cerné, où il prit trois étendards aux ennemis. En 1645, le marquis de Montausier eut le gouvernement des provinces d’Angoumois et de Saintonge, et épousa Julie-Lucie d’Angennes, dite mademoiselle de Rambouillet, une des femmes les plus célèbres de son siècle. Il mourut à Paris le 17 mai 1690.

 LE BARON D’ARS.

Jean-Louis de Brémond d’Ars, baron et marquis d’Ars, seigneur d’Orlac, de Gimeux, Dompierre, etc., fils puîné de Josias de Brémond d’Ars, en son vivant conseiller du roi en ses conseils d’État et privé, maréchal de ses camps et armées, et de Marie de la Rochefoucauld-Montendre, naquit en 1606, et eut pour parrain Jean-Louis de la Valette, duc d’Épemon. Ayant été, jusqu’à la mort de son frère aîné, François de Brémond d’Ars, destiné à l’ordre de Malte, il fit ses premières armes au siège de Saint- Jean-d’Angély, où François fut tué d’un coup d’arquebuse ; il servit ensuite aux sièges de Royan et de la Rochelle, où il accompagnait son père, et fut du petit nombre de ces courageux volontaires qui allèrent au secours de l’île de Ré. En 1624 il suivit le roi Louis XIII en Béarn, et en 1630, il accompagna le duc de la Force, son oncle, en Savoie, où il resta jusqu’au mois de juillet, époque à laquelle son père, Josias de Brémond d’Ars, vint le chercher pour le ramener en Angoumois [3].

Revenu dans sa famille, Jean-Louis de Brémond d’Ars épousa, par contrat du 30 décembre 1630, passé au château d’Orlac, Marie-Guillemette de Verdelin, fille de messîre Jacques de Verdelin, chevalier, seigneur d’Orlac, du Fresne, etc., enseigne de la compagnie des gens d’armes du duc d’Épemon, et lieutenant-colonel du régiment de Navarre, et de Jeanne de Vinsonneau de la Péruse, de la ville de Cognac.

En 1641, Jean-Louis de Brémond d’Ars commandait une compagnie dans le régiment d’Enghien au siège de Tarragone en Espagne, et se signala par sa valeur le 10 juillet de cette année [4]. Le prince de Condé ayant levé l’étendard de la révolte et envoyé le duc de la Rochefoucauld assiéger Cognac, Jean-Louis de Brémond se renferma dans la ville, et contribua par son exemple à entretenir la population dans les sentiments qui l’animaient et à la maintenir dans la résolution de se défendre jusqu’à la dernière extrémité. Le seigneur d’Ars n’était obligé envers le seigneur châtelain de Cognac, dont il était l’homme-lige, qu’à la défense, en cas de siège, de la porle d’Angoulême, et ce avec deux hommes d’armes et à ses frais et dépens [5]. Les rudes travaux auxquels le baron d’Ars s’était livré pendant le siège de Cognac, et la valeur dont il fit preuve, méritèrent les plus grands éloges. Dans une sortie qu’il fit avec les assiégés sur les barricades des ennemis, il reçut deux coups de mousquet qui lui occasionnèrent des blessures graves. Il languit longtemps et mourut le 27 mai 1652, à peine âgé de 66 ans. Il laissa une nombreuse postérité, Jacques, son troisième fils, continua la descendance des marquis d’Ars, et épousa, en 1662, Marie de la Tour de Saint-Fort.

 LE MARQUIS D’ARS.

Josias de Brémond d’Ars, IIe du nom, marquis d’Ars et de Migré, né le 20 septembre 1632, au château d’Orlac, en Saintonge, fils aîné de Jean-Louis de Brémond d’Ars et de. Marie Guillemette de Verdelin. Formé à l’école d’une telle mère, il donna de bonne heure de grandes espérances. A dix-huit ans, il composa un traité sur la tactique militaire. Suivant l’exemple de ses pères, il avait embrassé de bonne heure la profession des armes, et s’était rangé à la cause royale. Il prit part à la défense de Cognac et au combat de Saint-André peu de temps après. Il suivit ensuite le marquis de Montausier en Périgord, et était enseigne de son régiment lorsque, le 15 juin 1652, à l’attaque du bourg de Montançays, les royalistes furent enveloppés par les Frondeurs sous la conduite de Balthazar, bien supérieurs en nombre. La mêlée fut sanglante et les troupes du roi furent contraintes de céder. Le marquis d’Ars est tout à coup séparé des siens et bientôt environné d’ennemis nombreux qui s’efforcent de lui arracher le drapeau qu’il défend si vaillamment. Il se bat à outrance, mais, voyant qu’il allait enfin succomber, le jeune héros s’enveloppe dans les plis de son étendard, et tombe percé de dix-sept coups d’épée. Ce jeune guerrier n’était âgé que de dix-neuf ans, et il emportait dans la tombe l’honneur d’être mort sans avoir lâché le drapeau confié à sa bravoure toute française.

Un de ses frères puîné, Pierre de Brémond d’Ars, déploya aussi, dans ce combat, une grande valeur. Criblé de blessures, il fut fait prisonnier et emmené à Périgueux, où il mourut peu de jours après (Biographie saintongeaise).

 MADAME DE VERDELIN.

Marie de Verdelin, fille de Jacques de Verdelin, seigneur d’Orlac, et de Jeanne de Vinsonneau, naquit à Cognac, en 1609. La maison de Verdelin, d’ancienne chevalerie, originaire d’Écosse ou d’Angleterre, s’établit au comtat Venaissin au XIIIe siècle, et de là se répandit dans les provinces voisines. Jacques de Verdelin fut le premier de sa famille qui s’établit en Angoumois, en épousant, le 1er décembre 1608, Jeanne de Vinsonneau, dame de la Rouhanderïe, près de Richemont. II servit en Piémont en 1629, y fut blessé mortellement et vint mourir au Port en Gapençois, le 19 août 1630.

A vingt ans, Marie de Verdelin se maria à Jean-Louis de Brémond d’Ars, et, dans le cours de sa longue carrière, elle sut allier à un grand courage la pratique des vertus chrétiennes les plus éminentes. Plusieurs biographes citent ses traits d’héroïsme pendant le siège de Cognac en 1651. Elle s’aventura plusieurs fois à porter des vivres et à conduire des secours aux assiégés, parmi lesquels se trouvait son mari, et, par les approvisionnements quelle leur fit ainsi passer, elle contribua autant qu’elle le pouvait à conserver la ville au roi. De plus, par son énergie et son intrépidité, maintint sous l’autorité royale le château d’Ars, voisin de Cognac, occupé par une garnison pour le service du Roi. Le 15 novembre 1651, elle reçut les députés qui venaient de la cour, alors à Poitiers, et chercha à leur faciliter, suivant les instructions dont ils étaient porteurs, l’entrée de la place, à travers l’armée du prince de Condé. Madame la marquise d’Ars eut à supporter de cuisantes douleurs de famille : quelques mois après le siège de Cognac, elle perdit son mari, qui succomba à ses blessures ; puis, au combat de Montançays, deux de ses enfants ; deux autres moururent encore avant elle ; la religion seule pouvait adoucir des peines aussi cruelles. Madame d’Ars mourut au château d’Orlac le 3 octobre 1687, et fut inhumée dans le caveau de la famille de son mari, dans l’église d’Ars.

 LE PRINCE DE CONDÉ.

Louis de Bourbon, IIe du nom, prince de Condé, surnommé le Grand, né à Paris le 8 septembre 1621, Il eut pendant la vie du prince de Condé, son père, le titre de duc d’Enghien, et se fit connaître sous ce nom au siège et prise d’Arras en 1640, et à celui d’Aire en 1641, et de Perpignan en 1642. Le prince de Condé avait fait ses premières études à Bourges, et avait montré des dispositions très-remarquables pour les sciences. « Il était né général. L’art de la guerre était en lui, dit Voltaire, un instinct naturel. » Il avait fait ses premières armes à 17 ans. A vingt, son père lui fit épouser, malgré lui, dit- on, la nièce du cardinal de Richelieu, Claire-Clémence de Maillé-Brézé. Le roi lui ayant donné, en 1642, le commandement de ses armées en Flandre et dans les Pays-Bas, il gagna sur les Espagnols la fameuse bataille de Rocroi ; et quoiqu’ils eussent l’avantage du nombre et de la position, il les défit entièrement. Après cette glorieuse journée, Condé ne fit plus que marcher de succès en succès. Thionville, dont le siège pouvait traîner en longueur, est pris avant la fin de la campagne, et rend les Français maîtres du cours de la Moselle. L’année suivante, il attaqua le général Mercy sous les murs de Fribourg, et sa gloire s’augmenta de ce nouveau succès. Il battit encore ce même général à Nordlingen, où il remporta une victoire complète (3 août 1645) : l’armée allemande fut mise en pleine déroute ; Mercy mourut de ses blessures. Condé, épuisé de fatigues, tomba malade ; mais on le voit bientôt après entrer en Flandre et se rendre maître de Dunkerque. Le roi l’envoya, en 1647, en Catalogne ; il mit le siège devant Lérida, qui n’eût pas un heureux succès. Il servit en Flandre en 1648, prit Ypres, reprit Fumes, et gagna le 20 août la bataille de Lens. Étant arrivé à Paris, des troubles y survinrent ; il fut chargé de les dissiper et en vint à bout en peu de mois. La grande réputation que le prince de Condé s’était acquise en devint plus redoutable à Mazarin, qui gouvernait seul sous l’autorité de la reine. Ce ministre le fit arrêter et conduire à Vincennes, avec son frère et son beau-frère. Il resta treize mois enfermé, « Je suis entré dans cette prison, disait-il dans un âge plus avancé, le plus innocent des hommes, mais j’en suis sorti le plus coupable. » Ne songeant plus alors qu’à la vengeance, il lève des troupes, fait la guerre en Guienne, à Cognac, à Tonnay-Charente, à Agen, etc., et après Le combat du faubourg Saint-Antoine (2 juillet 1652), il passe en Champagne. Désespérant d’obtenir son pardon de la cour, après une faute si éclatante, il prit la fuite, et passa dans les rangs Espagnols. Il resta six années à l’étranger. La paix des Pyrénées (1660) lui assura l’oubli de ses torts. Condé revint à Paris et fut présenté au roi par le cardinal Mazarin. Il servit encore la France avec éclat dans différents commandements qui lui furent donnés, en 1663, en Franche-Comté, et en 1672, dans la guerre contre la Hollande. Ayant désiré, en 1675, prendre sa retraite, à cause des douleurs de la goutte dont il était tourmenté, il se retira alors à Chantilly, et ce fut à cette époque qu’il orna ce séjour avec autant de goût que de magnificence. Il mourut le 11 décembre 1686.

 LA ROCHEFOUCAULD.

François de La Rochefoucauld, VIe du nom, d’abord prince de Marsillac, puis duc de La Rochefoucauld, naquit le 15 décembre 1613. Son père voulant attirer les honneurs sur son fils, le fit entrer de bonne heure dans la carrière des armes. A seize ans, il était devant Casal, mestre de camp du régiment d’Auvergne, se signala ensuite à la bataille d’Avein en 1635, fut gouverneur du Poitou en 1646, servit dignement le roi dans sa minorité ; mais s’étant brouillé avec le cardinal Mazarin, il embrassa le parti des Princes. Dès 1626, il avait épousé Andrée de Vivonne, dame de La Châtaigneraie, et il aurait pu être heureux, si son caractère aventureux ne l’eût porté aux intrigues et aux amours romanesques. Ses liaisons précoces avec madame de Longueville le jetèrent dans les factions. « II avait, dit madame de Maintenon, une physionomie heureuse, l’air grand, beaucoup d’esprit et peu de savoir. » En effet, son éducation première avait été négligée : un heureux naturel y suppléa. Lorsque éclatèrent les troubles de la Fronde, le duc de La Rochefoucauld s’y jeta sans réserve. Doué de tous les avantages personnels, et l’un des hommes les plus aimables de son temps, il était plus propre que personne à jouer un rôle dans une guerre où rien ne se faisait que par et pour les dames. II s’y montra tour à tour comme négociateur et comme guerrier, et signala sa valeur au siège de Bordeaux et au combat du faubourg Saint-Antoine, où il fut blessé d’un coup de mousquet, qui le priva pendant quelque temps de la vue. Lorsque le succès fut assuré aux armes du roi, il se retira dans ses terres. Désabusé des passions de sa jeunesse, il vécut loin des partis et consacra les dernières années de sa vie à l’étude et à des amitiés célèbres. Il mourut le 17 mars 1680. On a de lui un livre de Maximes et des Mémoires très-intéressants.

 TARENTE.

Henri-Charles de la Trémouille, prince de Tarente, comte de Laval et de Taillebourg, etc., fils aîné de Henri duc de la Trémouille et de Marie de La Tour d’Auvergne, naquit à Thouars le 17 décembre 1620. Son père étant rentré dans le sein de l’Église par une abjuration solennelle, le fit instruire des vérités de la religion ; mais sa mère, protestante zélée, ne négligea rien pour préparer son retour au culte de ses ancêtres. Dès qu’il eut terminé ses études à Poitiers, il résolut d’aller en Hollande faire ses premières armes, sous le prince d’Orange, son grand oncle, où il resta plusieurs années. Le prince de Tarente ayant fait la campagne de 1640 comme volontaire, obtint un régiment de cavalerie, et acquit bientôt la réputation d’un excellent officier. Il avait conçu l’amour le plus vif pour la princesse d’Orange, qui partageait ses sentiments ; mais cette princesse ayant été mariée au fils de l’électeur de Brandebourg, il en éprouva un vif chagrin. Cet événement et la mort du prince d’Orange qui le suivit de près (1647) le décidèrent à quitter la Hollande pour revenir dans sa famille. Peu de temps après, sa mère, qui l’avait rendu protestant comme elle, lui fit épouser la princesse Amélie de Hesse-Gassel, fille du landgrave de ce nom (1er mai 1648). Avec l’agrément du roi, il leva deux régiments, l’un d’infanterie et l’autre de cavalerie, et se montra dévoué aux intérêts de la cour ; mais irrité de n’avoir pu tirer du cardinal Mazarin que de belles paroles et des promesses sans effet, il entra dans la ligne des Princes contre le premier ministre, et prit l’engagement de faire déclarer en leur faveur les villes de la Saintonge et du Poitou, dans lesquelles il avait des intelligences. Le prince de Tarente assiégea Cognac avec le duc de la Rochefoucauld, et se signala au combat du faubourg Saint-Antoine (1652), où il eut un cheval tué sous lui d’un coup de canon ; l’armée des Princes ayant été forcée de se replier, il enleva plusieurs villes de la Champagne aux troupes royales. Peu après il se retira en Hollande. En 1655, il obtint l’autorisation de revenir dans sa famille. Il passa le reste de sa vie dans la retraite, et mourut à Thouars le 14 septembre 1672.

 NEMOURS.

Charles-Amédée de Savoie, duc de Nemours, de Genevois et d’Aumale, pair de France, né le 12 avril 1624, servit en qualité de volontaire aux sièges de Gravelines, en 1644, de Béthune, de Lens, en 1648, commanda la cavalerie légère à celui de Courtrai. Il reçut une mousquetade à la jambe au siège de Mardick, le 13 août de la même année. Dès le 9 juillet 1643, il avait épousé, à Paris, Élisabeth de Vendôme, fille de César et de Françoise de Lorraine-Mercœur, contrat qui fut passé en présence du roi et de la régente, et qui attribuait une dot de 900,000 livres à la future. Le duc de Nemours embrassa le parti des Princes de 1649 à 1652 ; accompagna Condé au siège de Cognac et à Tonnay-Charente ; fut blessé de deux coups de mousquet à la main au combat du faubourg Saint-Antoine, et n’était pas encore bien guéri lorsqu’il eut un démêlé avec le duc de Beaufort, son beau-frère, avec lequel il se battit en duel à Paris, derrière l’hôtel de Vendôme, et y fut tué le 30 juillet 1652, sur les sept heures du soir. « Sa mort, dit madame de Motteville, fut pleurée de tous ceux qui connaissaient le mérite de ce prince, infiniment aimable, et doué de beaucoup de belles qualités. »

 GUITAUT.

Guillaume de Pechpeirou-Comminge, comte de Guitaut, né le 5 octobre 1626, chambellan et premier gentilhomme du prince de Condé, capitaine de sa compagnie de chevau-Iégers, alors âgé de 25 ans. Il était fils de Louis, seigneur de Guitaut, et de Jeanne d’Aigua. En 1646, il avait fait la campagne de Catalogne en qualité de volontaire, puis les deux années suivantes en qualité d’enseigne de la compagnie des chevau-Iégers du prince de Condé. En 1648, il fut pourvu du gouvernement des Iles Sainte-Marguerite et Saint-Honorat de Lerins. S’étant attaché au prince de Condé, il demeura toujours fidèle à sa fortune. Ce prince l’eut toujours à ses côtés dans les plus grandes occasions, et se reposa sur lui du soin des plus grandes choses ; il l’envoya devant Cognac en novembre 1651, pour voir les dispositions du siège, qui ne le satisfirent pas. On vit plus d’une fois le comte de Guitaut, en qualité de lieutenant-général, commander en chef ses armées, quoiqu’il ne fût pas âgé de trente ans. En 1659, lorsqu’il s’agit de négocier la réconciliation du prince de Condé avec la cour, il fut envoyé au roi de sa part ; et dans la promotion qui suivit de près, il fut fait chevalier de l’ordre du Saint-Esprit. Il eut aussi le gouvernement de Châtillon-sur-Seine, et fut grand bailli d’Auxois. Il mourut à Paris le 27 décembre 1685, dans sa soixantième année. Dès 1661, il avait épousé Madeleine de La Grange, marquise d’Espoisses, de laquelle il eut plusieurs enfants.

 CHOUPPES.

Aimar, marquis de Chouppes, naquit en 1612. Il entra de bonne heure dans la carrière des armes. Protégé par Richelieu, qui remploya dans plusieurs missions, il fut placé comme aide de camp près de la Meilleraye, grand-maître de l’artillerie, devint lieutenant-général de cette arme en 1643, fit plusieurs campagnes en Flandre, en Italie et en Espagne, et commanda, en 1650, l’artillerie au siège de Bordeaux, où il fut grièvement blessé. Il s’engagea sans motif dans la guerre civile avec le prince de Condé, qu’il accompagna au siège de Cognac ; mais il se réconcilia avec la cour, et fut nommé lieutenant-général du Roussillon, puis gouverneur de Belle-Isle. Chouppes fit encore la campagne de Portugal en 1663. Il a laissé des Mémoires publiés en 1753, in-12.


[1On l’appelait aussi Cadet la Perle, parce qu’il était le cadet de la maison de Lorraine-Elbeuf, et qu’il portait une perle à l’oreille.

[2En 1652, le comte d’Harcourt leva le siège de Villeneuve-d’Agen et s’éloigna. « Il n’était point content de la cour, dit Montglat dans ses Mémoires ; et, quoi qu’il eût toute sa vie servi le Roi fort glorieusement et avec beaucoup de fidélité, il se trouvait fort pauvre ; en sorte qu’il fut contraint, durant qu’il commandait l’armée du Roi, de mettre ses meubles et sa vaisselle d’argent en gage pour la subsistance de sa femme et de ses enfants. Ce traitement le fâchait au dernier point. »

[3Mercure français, annexe 1624, tome VII, page 520. — Archives de la maison de Caumont La Force.

[4Gazette de France, 1641.

[5Beauchet-Filleau, Familles de l’ancien Poitou.

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