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La famille Boisdon de La Rochelle : branches canadiennes et rattachement

lundi 11 août 2008, par Henri Boutet, 5556 visites.

De la famille Boisdon, qui comprend de nombreuses branches rochelaises, cette page présente plus particulièrement celle qui a fourni plusieurs émigrants vers la Nouvelle France.

Voir les autres pages concernant la famille Boisdon

Branches canadiennes des Boisdon et rattachement

Jacques Boisdon (frère de Pierre Boisdon voir branche précédente) et Jeanne Delacour –mariés avant 1627.
Jacques Boisdon décède avant 1643 (mariage de son fils Jacques). Il est tailleur d’habits à la Rochelle.

Naissent de leur union :
- 1. Jacques Boisdon, aubergiste à Québec. –sans doute frère des précédents – Il y a beaucoup de recherches à faire le concernant mais son « bref passage » a quand même donné lieu à beaucoup d’écrits puisque actuellement il reste une référence en matière hôtelière. Voir l’école hôtelière de la Capitale.

Jacques Boisdon appelé parfois Jean, mais à tort, premier aubergiste et cabaretier de Québec en 1648.

Signature de Jacques Boisdon

- 2. Jacques Boisdon vers 1620.
Pâtissier il vit en 1643 à La Rochelle.
Il se mariera 3 fois et son premier contrat avec Renée Geoffroy est signé le 20 septembre 1643 devant Pierre Teuleron notaire à la Rochelle.

Contrat de mariage du 21 septembre 1643

Première noce :
Le 21 septembre 1643 il épouse Renée Geoffroy de St Rogatien, fille de Jacques Geoffroy dit l’Aîné et de Marguerite Ferrand à Saint-Barthélemy de la Rochelle. On note sur le contrat les présences de Jacques Grenot (notaire) et Pierre Boisdon. A l’église vont signer deux Boisdon, Jacques Geoffroy et J. Gibaud. Jacques Boisdon est marchand et maître pâtissier.
De cette union naissent :
- 1. Jeanne Boisdon baptisée le 12 août 1646 à Sainte-Marguerite-de-Cogne. Elle est inhumée le 9 avril 1657
- 2. Jacques Boisdon baptisé le 24 janvier 1647 à Sainte-Marguerite-de-Cogne, (filleul d’Anne Javelot et Robert Philippe.) Il est inhumé le 9 avril 1657 à Saint-Barthélemy.
- 3. Olivier Boisdon naît en 1649
Agé de 19 ans en 1668, il épouse Marie Baston. Il est maître pâtissier, reçu dans la confrérie des Maîtres pâtissiers en 1672 (audience de police). Il décède avant 1680. – souvent cité comme parrain, il habite la Rochelle.
En 1680, Marie Baston sa veuve fait sommation à la veuve « duClou » (notaire Giane de la Jarrie). Autre sommation en 1681 à Etienne Tabutteau, laisné.. (elle signe)
Elle se remarie par contrat passé chez Giane le 24 novembre 1681 avec Jean Corbet, chirurgien à la Rochelle (répertoire 3E 2070 AD la Rochelle).
De leur union :
Barthélémy Boisdon le 9 juin 1675. Rejoignant ses oncles curés de Niort, il sera gantier (voir tige A page 108) et y fondera famille.
- 4. Louise Boisdon baptisée à Saint Jean le dimanche 28 août 1650 – (parrain noble homme André Auboyneau, conseiller du Roi en l’élection de La Rochelle et marraine Catherine Fleury.)
Louise Boidon est marraine le 8 juillet 1669 de Louize Boisdon fille de Pierre Boisdon et Catherine Sauvageau. Le parrain est Jean Sauvageau.
Le 26 novembre 1670 elle épouse à Saint-Jean sous seing privé (contrat de mariage chez Teuleron, not. à la Rochelle 25 nov. 1670) Claude Pothier, maître patissier fils de Guillaume Pothier et Marie Picauldeau et baptisé à Saint Jean du Perrot le 5 juillet 1648.

Le port de la Rochelle vu de la petite rive
par Joseph Claude Vernet qui y arriva le 7 juillet 1761

Le 21 octobre 1670 (chez Buzet notaire ) promesse avait été faite avec toutes les recommandations d’usage.Y participaient : Claude Pothier, Marie Raoult Jacques Geoffroy, Jacques Boisdon, Ollivier Boisdon, Bénigaud et (Trignau ou Frignau, notaire)

Claude Pothier qualifié parfois de marchand va se fixer à Montréal avec sa famille vers 1682.

Louise Boisdon est inhumée le 11 juin 1702 à Montréal, Île de Montréal, Québec, Canada. Claude Pothier a du décéder à l’âge de 51 ans.
Naissent au moins à la Rochelle :
- 1. Marie Poictiers le 27 novembre 1672 fille de messire Claude Poictiers (maître pâtissier) et de Louise Boisdon (parrain Simon Poictiers –maître pâtissier et marraine Dame Marie Jauffroy).
Marie Pothier épouse le jeudi 12 mai 1689 à Montréal Charles Milot (contrat de mariage, le 5 mai, devant le notaire Antoine Adhémar)
Elle décède le 15 mars 1734 à Lachine (Québec)
Et aussi sans doute nés au Canada ? :
- 2. Charles Poictiers (Pothier) épouse en premières noces le 7 janvier 1716 à Montréal Marie Angélique Maillet et en secondes noces le 30 juillet 1731 Marguerite Jeanne Roy.
- 3. Marie Anne Poictiers née vers 1689 épouse en premières noces à Montréal vers 1702 Michel Priand dit Lafontaine et le 5 décembre 1707 à Lachine (Québec) Jean Bineau dit La Jeunesse.

- 5. Isaac Boisdon baptisé le 11 février 1652 à Saint-Barthélemy (filleul de Jacques Vesinat et de Barbe Ernu ) Il décède à Saint Xandre le 17 avril 1653.
- 6. Marguerite Boisdon baptisée le 26 janvier 1653.
Deux unions
Première union :Le 25 février 1675 à Saint-Jean-du-Perrot avec Jean Dubois, fils de Jean Dubois et Judith Harmillon
Deuxième union Le 18 novembre 1680 à Saint-Sauveur-de-Nouaillé, La Rochelle. Elle épouse René Devissac, fils de Louis Devissac et Jeanne Girard

Seconde noce :

En 1656, veuf Jacques Boisdon vit à Champdolent il épouse Marie Feniou, fille de Guillaume Feniou et Françoise Gaigneur.
Guillaume Feniou frère de Marie partira au Canada) (CM des parents Feniou- Gaigneur chez Combault not. le 17 mai 1615.

Le contrat de cette nouvelle union est signé le 17 mai 1656 par devant Savin notaire.
De cette seconde union naît au moins à la paroisse Saint Barthélémy de la Rochelle :

- 7. André Boisdon le 17 avril 1658 ( parrain André Meurguier et marraine Marie Gaigneur). Il décède le 6 décembre 1660 à St Barthélémy. (ou 16)
- 8. Jean Boisdon le 17 avril 1658 (parrain Jean Gaigneur et marraine Françoise Citar)
- 9. Marie Boisdon le 5 mai 1659 (parrain Jacques Chalumault et marraine Marie Porchereau)
- 10. Marie-Anne Boisdon le 27 juillet 1660 (parrain Etienne Tuffet et marraine Marie Meurguier)
- 11. Marguerite Boisdon. le 3 juin 1663 ( parrain Sébastien Sanglard et marraine Marguerite Feniou) Elle épousera Jean Drillan en la paroisse de Saint Barthélémy de la Rochelle le 18 janvier 1683 ? voir tige B – page 109.

Troisième noce :
En 1668, troisième veuvage de Jacques Boisdon. Il épouse Marie Raoul veuve Courtois le 27 juin 1668 à Saint-Jean-du-Perrot, en présence de Jacques Merot, Jean Chessé et Pierre Boisdon.
Le contrat de mariage de Jacques Boisdon et Marie Raoul est signé le 21 juin 1668 par devant Pierre Teuleron.
Jacques Boisdon sera présent au mariage de Jeanne Girault et Louis Geoffroy.

De cette troisième union :
- 12. Estienne Boisdon le 23 avril 1669. Il décède le 7 août 1669 à l’âge de 4 mois.
- 13. Gaspard Boisdon né le 3 février 1671 (parrain Mr Gaspard Gassier et Damoiselle Catherine Roy, marchand).. Marchand, il épouse le 19 mai 1696 à St Sauveur de la Rochelle Marie Geoffroy, fille de Jacques Geoffroy et Marie David en présence de Louis Boisdon et Jean Drillant dit le Jeune.

Le 6 mars 1705 Gaspard Boisdon de la Rochelle transporte 350 livres à Jacques Lambert demeurant à Saint Rogatien(Gariteau notaire à la Rochelle)

Le 3 juillet 1705 – Gaspard Boisdon, héritier de Jacques Boisdon, maître patissier et de Marie Raoul accepte la somme de 297 livres de Louis Boisdon maître tonnelier et Françoise Bonat sa femme, pour le rachat de la rente foncière qui lui est dû (Gariteau notaire à la Rochelle)

- 1. Jean Antoine Boisdon le 17 novembre 1700 à St Sauveur.
- 2. Marie-Anne Boisdon le 27 mai 1702 à Sauveur
- 3. Marie Boisdon le 5 juillet 1696 (parrain Anthoine Billier, marchand et marraine Marie Raoul)
- 4. Marguerite Boisdon le 14 juillet 1697 à Saint Jean du Perrot(parrain Jean Drillant oncle et Marguerite Boisdon).. Elle décède 5 jours plus tard le 14 juillet 1697
- 5. Gaspard Jacques Boisdon le 25 septembre 1698 (parrain Jacques Poitiers maître chirurgien et marraine Françoise Geoffroy).
- 6. Marie Anne Boisdon le 28 novembre 1699 (parrain. Jean PAUL procureur au siège présidial de la Rochelle et demoiselle Marie Pentecoste Marchand).
- 7. Elisabeth Boisdon, 11 septembre 1703 à St Jean du Perrot (parrain. Jean Charles Belivaux Sr procureur au présidial de la Rochelle et Marguerite Néelle du Rocher épouse de Sr Barron maître chirurgien.)
- 8. Madeleine Boisdon née le ? (de Gaspard + et Marie Geoffroy) Le 1 juin 1739 elle épouse Pierre Bégoule (de Jean + et Marie Lalaurie – Saint Sardos -Agen) à Notre Dame.)

- 14. Jacques Boisdon le 8 juin 1673 (parrain Olivier Boisdon maître pâtissier et Marguerite Boisdon). Décède âgé de 3ans le 14 avril 1676.

Les pâtissiers de la Rochelle

La confrérie des pâtissiers est l’une des plus anciennes ; elle a pour saint patron, Saint Michel le 27 septembre. Jaillot pense qu’elle existait en 1292.
Les pâtissiers ne pouvaient être plus de douze et chacun ne devait avoir plus d’un valet pour le jour et deux pour la nuit. Ceux-ci parcouraient les rues le soir et criaient les « oublies » qui sortaient du four, on les appelait les « oublayers » Il faut croire que l’on veillait très tard car les marchandises s’écoulaient très bien.

D’après plusieurs rapports l’hygiène n’était pas au rendez-vous des pâtissiers. Ainsi par deux fois – relevé en 1645 et 1668 à l’audience de police de la Rochelle : « Jacques Boisdon, maître pâtissier condamné à l’amende pour avoir laissé quantité d’immondices sur le pavé d’une maison rue Bazoges qui lui appartient » En 1668, ils sont plusieurs artisans à être taxés de 5 à 10 sols d’amende pour les mêmes raisons.

3. Jean Boisdon . Il épouse Marie Bardin avant 1615.
Naissent au moins de leur union :
- Marie Boisdon le 28 décembre 1615 à Saint-Rogatien (aussi connue sous le nom de Marie Boydeau et Marie Bourdon) à sept kilomètres de la Rochelle.
Elle épouse vers 1641 à Puyravault Jacques Vezina tonnelier né à Puyravault vers 1642, près de Rochefort
o Le 5 avril 1659 elle ratifie une obligation de 600 livres contractée par son mari envers Jacques Bonneau et Jean Boullanger de la Rochelle le 23 février 1659 sur laquelle il a remboursé 300 livres. (Juppin notaire à la Rochelle)
o Au cours de l’été 1659 ils viennent s’établir à l’Ange Gardien avec les cinq enfants vivants.

On n’a pas encore trouvé les noms des bateaux qui ont amené nos lointains ancêtres au Québec. Alors il nous est permis de rêver sur un modèle des bateaux de l’époque.

o Le 11 janvier 1660, Jacques Vézina tonnelier achète une terre dans la seigneurie de Beaupré tout comme Léonard Pilote –originaire de la Rochelle qui signe son acte.
o Jacques Vézina, Marie Boisdon, Cyprien Martin, François Vézinat et Marie Vézina vivent en 1667 à la côte de Beaupré, Montmorency, Québec, Canada, Jacques Vézina possédait trois bestiaux et huit arpents de terre en valeur
o Jacques Vézina et Marie Boisdon vivent en 1681 à la seigneurie de Beaupré, Montmorency

Marie Boisdon décède le 28 décembre 1687, elle est inhumée le 31 à L’Ange-Gardien, Montmorency.

Ils ont du avoir au moins huit enfants.
- 1. François Vézina est baptisé le 20 janvier 1642 à Sainte Marguerite de la Rochelle. Le 29 octobre 1670, il épouse par contrat à Château Richer Québec (Romain Becquet du 26 septembre 1670) Jeanne Marie du diocèse de la Rochelle (père Denis Marie et mère Madeleine Bienvenu de St Sulpice de Paris.)
- 2. Marie Vézina (1649 - ) Le 5 octobre 1671 elle épouse par contrat (Paul Vachon le 5 octobre 1671) au Temple calviniste de l’Ange Gardien, Antoine Ossant.
- 3. Anne Vézina (1651 - 1687) épouse René Brisson-dit-Brissot, de « le Thou –Charente » le 6 septembre 1664 à l’Ange-Gardien, Québec. René Brisson originaire de l’Ardillère, rattaché à Saint Xandre est arrivé au Canada par le « le Noir » Contrat de mariage passé chez le notaire Paul Vachon le 6 septembre 1664 à son étude de l’Ange-Gardien Ils auront au moins 10 enfants (4 nommés ici)

  • 1. Jean Brisson
  • 2. René Brisson, -Mariage le 20 juin 1707 à Rivière-Ouelle, Qc, Canada avec Dancosse.
  • 3. Marie-Anne Brisson,
  • 4. Marie-Marthe Brisson.

- 4. Louise Vézinat (1652 - 1714). Le 21 décembre 1664 elle épouse Charles Garnier (Claude Auber notaire) du Calvados Présence de Léonard Pilote qui est devenu fermier de la veuve Duplessis-Kerbodot non loin de la rivière Beauport et voisine de Notre des Anges.
- 5. Jacques Vézinat (1654 -)
- 6. Pierre Vézinat baptisé le 15 juin 1655 à St Nicolas de la Rochelle. Il décède en 1656.
- 7. François Vézinat baptisé le 28 août 1657 à la paroisse Saint Sauveur de la Rochelle. Le 10 avril 1679 il épouse à l’Ange Gardien Marie Clément du Faubourg St Pierre de Laleu (contrat Paul Vachon du 31 janvier 1679). Il décède à l’Ange Gardien le 10 juin 1703.
- 8. Jeanne Vézinat (1659 - 1659)

Pour consulter la nombreuse descendance Vezinat ou Vezina x Boisdon, aller sur le site

De la carrière de Jacques Boisdon, nous ne connaissons rien, si ce n’est que, le 19 septembre 1648, le Conseil de la Nouvelle-France lui permettait « à l’exclusion de tout autre […] de tenir boutique de patisserie et hostellerie pour tout allans et venans ». A cette occasion, le conseil élabora la plus ancienne législation relative à la tenue des auberges et des cabarets en Nouvelle-France. Jacques Boisdon devait faire sa demeure sur la place publique, non loin de l’église ; empêcher tout scandale, ivrognerie, blasphème ou jeu de hasard dans sa maison ; fermer son établissement les dimanches et fêtes, pendant les offices religieux ; enfin d’une façon générale, il était soumis aux ordonnances et règlements en vigueur pour le commerce. Ces quelques règles de base vont se retrouver dans toutes les législations subséquentes sur les auberges et débits de boisson. D’autre part le Conseil assurait à Jacques Boisdon le transport de France à Québec de « huit tonneaux gratis » et l’usage pendant trois ans de la brasserie de la Communauté des Habitants. Ce monopole lui étant accordé pour une période six ans ; on ne sait dire pourtant combien de temps l’aubergiste tînt boutique à Québec.
ASQ. Documents Faribault, 79. – Philéas Gagnon, le premier Cabaret tenu à Québec, BRH, IV (1898) : 116s.

L’auberge de Jacques Boisdon servit de cadre au romancier-chroniqueur canadien Joseph Marmette (1844-1895) dans son écrit « Le chevalier de Mornac »

Nous sommes le 18 septembre 1664 à l’extrémité de la Pointe Lévi sur les flancs onduleux de la Belle île d’Orléans.

« …Le trois-mâts apparut, sa voilure coquettement inclinée à bâbord…
En ce moment maître Jacques Boisdon, l’unique hôtelier de Québec, ouvrait les contrevents de son hôtellerie, sise sur la rue Notre Dame et près de la grand place de la haute-ville. Le bonnet rouge de l’hôtelier était gaillardement rabattu sur sa bonne grosse figure enluminée, les aiguillettes de son haut-de-chausse lui retombaient jusqu’au genou en décrivant un quart de cercle sur la respectable rotondité de son ventre, tandis que le vent du matin se jouait dans le collet déboutonné de sa chemise de toile commune de Bretagne et caressait de sa fraîche haleine les chairs grasses du cou trapu de l’aubergiste.
Ceux qui ont lu François de Bienville, se rappelleront sans doute que l’illustre Jean Boisdon était le fils du premier hôtelier de Québec, Jacques Boisdon que nous mettons en scène aujourd’hui.

une note en marge : Parmi les actes officiels qui nous restent du Conseil établi au Québec par M. D’Ailleboust et d’après un règlement royal donné le cinq mars 1648, on en trouve un en date du 19 septembre de la même année, par lequel Jacques Boisdon est établi hôtelier à l’exclusion de tout autre. « Il se logera » y est-il dit « sur la grand place près de l’Eglise, afin que tous puissent aller se chauffer chez lui. Il ne gardera personne pendant la grand’messe, le sermon, le catéchisme et les vêpres. » Cet acte est signé M. d’Ailleboust, gouverneur, le Père J. Lalemant et les sieurs de Chavigny, Godefroy et Giffard.

Et le romancier-chroniqueur de poursuivre :
Bien qu’ambitieux, Jacques, premier du nom au canada n’avait pas cette soif du gain qui fut si fatale à son sacripant de fils. C’était un brave homme qu le gros père Boisdon, aimant à rire à ses heures et à lever le coude…en tous temps. Sous ce dernier rapport, maître Jean son fils lui devait ressembler.
Boisdon, père aimait bien un peu l’argent, non par vil estime du métal, mais bien plutôt pour les jouissances matérielles qu’il procure. S’il faisait un peu la cour à sa clientèle, c’est qu’il songeait en lui versant bonne et fréquente mesure, que le menu de ses trois abondants repas quotidiens s’en augmentait d’autant , et que la bonne chère adoucissait singulièrement aussi l’humeur tant soit peu revêche de Perpétue, sa digne épouse.
Comme il achevait d’ouvrir son dernier volet, il entendit le bruit réjouissant des casseroles que sa vaillante moitié agitait à l’intérieur. La seule idée de la belle omelette au jambon de Bayonne, qui l’attendrait bientôt, toute fumante et dorée, sur la table du déjeuner, le fit sourire, et se sentant les jambes engourdies par le sommeil, il enfonça ses deux mains dans les poches profondes de son haut-de-chausses, et fit quelques pas dans la rue pour se dégourdir et se remettre en appétit.
Il allait ainsi, longeant la grande église et se dandinant avec béatitude, vers la demeure de Mgr de Laval, lorsqu’un cri de joyeuse surprise lui échappa.
Ses regards venaient de tomber sur la rade, qui alors était parfaitement visible de la haute ville ; car cet amas de maisons qui s’élèvent maintenant en face du nouveau bureau de poste, ne masquait pas la vue en ces temps reculés, tandis qu’à l’endroit où quelques vingt-cinq ans plus tard, devait d’élever le premier évêché, il n’y avait qu’une seule maison appartenant au procureur général, Mr Ruette d’Auteuil.
Après un instant de contemplation, il tourna brusquement sur lui-même et se prit à courir ou plutôt à rouler vers son logis. Il arriva chez lui tout essoufflé, et cria en levant la porte de l’hôtellerie :

- Perpétue !… Perpétue !

- Allons ! qu’est ce qu’il y a fit dame Boisdon, qui cassait en ce moment un œuf frais, dont le jaune en se répandant dans la poêle, autour des tranches roses de jambon saupoudrées de brindille de persil, semblait un petit lac dont les flots d’or baigneraient les îlots de corail et d’émeraude.
Boisdon sentit que l’eau lui en venait aux lèvres.

- C’est bon, dit-il en clignant de l’œil. Mais au lieu d’une omelette c’est dix au moins qu’il faut faire.
Dame Boisdon se retourna tout d’une pièce, et se cambrait sur sa hanche droite, le poing armé d’une énorme cuiller, elle repartit d’un ton aigre :

- Comment ! Perds-tu la tête, vieux gourmand ? Dix omelettes pour ton déjeuner !

- Non, non, Pétue, fit Boisdon, en passant sa grosse main sous le menton osseux et pointu de sa longue et sèche femme. C’est que, vois-tu…(il était essoufflé) je viens de voir un vaisseau d’outre-mer…qui entre à pleines voiles dans le port…Dans un quart-d’heure.. il aura jeté l’ancre…Je cours à la basse-ville…et sur la chaloupe du père Jérôme Thibault…je me rends à bord du bâtiment…ouf !…pour voir s’il y a des gens qui se retireront chez nous…chose dont je ne doute pas. Allons ! vite mon pourpoint, Pétue, mon pourpoint !

- Eh bien ! laisse-moi le temps d’aller le chercher. Il est en haut sur le pied de la couchette.
De ses deux longues jambes, Perpétue gravit l’escalier en un clin d’œil et redescendit de même.

- Allons ! bon ! fit l’hôtelier, et il endossa son habit avec quelque difficulté. Fais une dizaine d’omelettes. Il n’est que six heures. Je serai revenu avant huit avec des voyageurs je l’espère. Tu tireras aussi un grand pot de vin d’Espagne, du petit tonneau bleu, tu sais celui du fond. C’est du meilleur.
Et Boisdon sortit en trottinant.

- Tiens le voilà qui oublie son chapeau et qui part avec son bonnet rouge sur la tête. Ces hommes ! ils sont tous un peu fous ! Jacques ! Jacques ! dit-elle en se penchant par l’ouverture de la porte entrebâillée.
Mais son mari ne l’entendait pas et courait aussi vite que le lui permettait ses grosses jambes courtes, vers la rue qui descendait au magasin….. »

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