Histoire Passion - Saintonge Aunis Angoumois

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Quand on comptait 4,5 habitants par feu

jeudi 7 mai 2020, par Christian, 2243 visites.

Trouver un document des années 1760 dont l’auteur prétend dénombrer à la fois les feux et les habitants des principales localités du royaume est une aubaine trop rare pour qu’on la néglige… et pour qu’on ne se méfie pas ! Il est en effet plus facile de disqualifier que de valider de telles données. Une comparaison avec d’autres statistiques, antérieures ou contemporaines, permettra de cerner les éléments les plus douteux des unes et des autres, le plus problématique étant sans doute l’application plus ou moins généralisée d’un multiplicateur déterminé à des nombres de feux souvent inchangés au fil des décennies.

 Les dénombrements

Un certain Pierre-François Dumoulin, qui se déclare « officier réformé » et dont nul ne semble savoir grand-chose, [1] a publié entre 1762 et 1767 une Géographie, ou Description générale du Royaume de France dont les tomes V (p. 125-194) et VI (p. 120-134) traitent des généralités de La Rochelle et de Limoges en donnant et le nombre de feux, et la population de quelque 260 villes et bourgs – à l’exclusion donc des villages et petites communautés affouagées [2].
• Les villes ne se distinguent pas des bourgs par la taille (la limite de 2 000 ou 2 500 habitants ne sera utilisée qu’ultérieurement), mais par l’existence, présente ou passée, de remparts ou par leur statut de sièges de châtellenie et/ou de communes.
• La population n’est donnée comme « approximative » que pour les principales villes : La Rochelle, Saint-Jean d’Angély, Angoulême, Saintes, Pons, Marennes, ainsi que pour Brouage, Soubise et Jarnac.
On a reporté ces données dans le fichier Excel ci-joint de manière à calculer le nombre d’habitants par feu. En moyenne, il oscille entre 3,7 (élection de La Rochelle) et 4,8 (élection d’Angoulême), mais le détail montre une assez forte dispersion (de 1,7 pour La Tremblade à 10 pour Blanzac !).

Dans ces tableaux, élection par élection et en nous en tenant aux localités citées par Dumoulin, nous avons confronté les chiffres de ce dernier avec ceux que fournissent quatre autres ouvrages. Il s’agit, pour les feux :
• du Dénombrement du royaume par généralités…(D, t. I, p. 254-271 et 316-335), paru chez Saugrain en 1709, dont les données peuvent remonter jusqu’en 1686 (pour l’élection de Limoges) et au plus tard à 1697 [3] ;
• du Nouveau Dénombrement (ND, t. I, p. 181-194 et 205-208), qui, publié par le même en 1720, comporte des éléments plus récents, mais s’apparente encore à un « pot-pourri » [4] ;
• du Dictionnaire géographique, historique et politique des Gaules et de la France d’Expilly (E), de 1762-1770 – ouvrage donc contemporain de celui de Dumoulin, mais malheureusement inachevé et qui, de toute façon, reprend les chiffres du Nouveau Dénombrement [5] alors même que l’auteur prétendait démontrer un accroissement de population depuis 1720. Toutefois, les nombres diffèrent, parfois fortement, pour une dizaine de localités : Nieul-lès-Saintes, Chalais, Barbezieux et Corme-Royal (élection de Saintes), Merpins et Saint-Laurent (élection de Cognac), Champniers, Châteaurenaud et Verteuil (élection d’Angoulême), ainsi que les deux Tonnay (élection de Saint-Jean d’Angély), pour lesquels on retrouve les chiffres du Dénombrement. Mais plusieurs de ces écarts sont peut-être dus à des erreurs de transcription, en particulier lorsqu’ils portent sur le seul chiffre des centaines (Chalais, Nieul, Merpins, Saint-Laurent).
S’agissant de la population, la comparaison n’est possible qu’avec le Dictionnaire universel (DS) de Saugrain (1726). Expilly s’en tient en effet, au moins dans un premier temps, au nombre de feux, au motif que seuls ceux-ci ont été comptés.
Les estimations en désaccord avec le Nouveau Dénombrement et avec le Dictionnaire universel figurent en rouge dans les tableaux et on a mis à part les bourgs cités dans la Géographie mais oubliés par Saugrain.

 Que ressort-il de cette confrontation de statistiques ?

Dumoulin, à la différence d’Expilly, n’a pas recopié le Nouveau Dénombrement ; certes, les deux séries de chiffres concordent la plupart du temps, mais il y en a tout de même 20 % qui diffèrent, et, sur ces 53, près de la moitié (25) sont identiques à ceux du Dénombrement. On constate d’ailleurs d’autres similitudes avec ce dernier : mention d’Échebrune, Échillais et Épargne absents du Nouveau Dénombrement ; graphies « Esviers », « Brassac », « Augeac » pour Yviers, Brossac et Angeac ; présence d’un « Montuac » et d’un « Chamers » non identifiés, ainsi que d’Escuras là où les ouvrages ultérieurs de Saugrain inventeront un « Esemats » … Cependant, Géographie et Dénombrement ne donnent pas tout à fait la même liste de bourgs, ni n’accordent le même nombre de feux à Brassac/Brossac par exemple ; Dumoulin seul confond Champagne et Champagnac, Rouffiac et Rouffignac, place Cellefrouin à la fois dans l’élection de Saint-Jean d’Angély et dans celle d’Angoulême, mentionne « Chanieres » (Chaniers) en sus de « Chamers » qu’il situe à huit lieues de Saintes ; il se distingue aussi en écrivant « Fouqueuvres » et « Boissac » pour Fouqueures et Roissac.
Surtout, pour 28 bourgs, le nombre de feux ne concorde pas avec ceux des deux Dénombrements : Ars-en-Ré – 128 feux au lieu de 620 ! –, Ciré, Esnandes, Le Thou, Périgny (La Rochelle), Asnières, Beauvais (Saint-Jean d’Angély), Allas-Champagne, Avis, Brossac, Jarnac-Champagne, La Barde, Nieul-lès-Saintes, Réaux, Rioux-Martin, Romegoux (Saintes), Châteauneuf, Bassac, Chassors, Malaville, Mansle, Merpins, Rouillac, Saint-Amant de Boixe, Saint-Même (Cognac), Chabanais, Écuras, Montmoreau (Angoulême). On peut donc supposer que Dumoulin a, pour une grande part, eu accès aux mêmes sources (diverses) que Saugrain plutôt qu’il n’a recopié celui-ci, et qu’il en a ajouté d’autres – peut-être plus récentes car, dans son tome Ier, ses références en matière d’impôt sont datées de 1749.
La transcription de longues séries de nombres expose à maintes erreurs. Grâce à la comparaison que permettent nos tableaux, on peut en repérer certaines, ou en soupçonner d’autres. Il est par exemple étrange que, dans l’élection de La Rochelle, on ait des estimations de la population qui ne diffèrent que par le chiffre de la centaine (Charon : 533/733 ; Ciré : 590/890 ; Croix-Chapeau : 359/459 ; Forges : 372/672 ; Salles : 818/918 ; de même pour Surgères, Saint-Christophe, Saint-Georges du Bois, Saint-Pierre de Surgères). Le constat se répète d’ailleurs dans l’élection d’Angoulême pour Aubeterre et Châteaurenaud ou, s’agissant des feux, pour Chalais et Nieul-lès-Saintes. Pour Esnandes, Dumoulin a peut-être interverti des chiffres (147 vs 174 chez Saugrain) à moins qu’il n’y ait eu confusion avec Forges, qui suit et qui est porté partout comme ayant 147 feux. Il arrive même chez Expilly, au moins une fois, qu’on ait deux nombres de feux différents pour une même ville : le cas est celui de Blanzac, qui compterait 60 feux selon la liste des paroisses de l’élection d’Angoulême, mais 160 selon l’article consacré à la ville.
Mais il est tout simplement aberrant que le nombre d’habitants soit presque égal, voire inférieur à celui des feux, comme à Genté, Marsay et Saint-Aulaye selon Saugrain !
Les gros écarts, assez fréquents en sus des erreurs possibles sur le chiffre des centaines, sont également suspects sans qu’on sache toujours quel nombre rejeter. Montendre (516 ou 169 habitants ?), Gémozac (1 260 ou 2 435 ?), Genté (499 ou 171 ?), Mansle (450 ou 788 ?), Mérignac (533 ou 910 ?) n’en sont que quelques exemples. Mais non Saintes, dont le nombre de feux est tantôt évalué à 578, tantôt à 1 814. Dans le premier cas, sont pris en compte à part les faubourgs Saint-Pallais (420 feux) et Saint-Vivien (280 feux) ainsi que le bourg et les villages de Saint-Eutrope (239 et 207 feux), ce qui porterait le total à 1 724 feux. Quant à la population, le Dictionnaire universel qui la fixe à 2 620 âmes en ajoute 1 898 pour Saint-Pallais, 1 170 pour Saint-Vivien et 935 pour les villages de Saint-Eutrope (le bourg Saint-Eutrope est omis), soit un total de 6 623 habitants, cette fois bien supérieur à celui que donne Dumoulin.
Cette différence de traitement explique, pour les villes et bourgs de l’élection de Saintes, une apparente augmentation de 8 % du nombre de feux et de 2 % de la population par rapport à Saugrain. Si l’on remplace les chiffres que donnait ce dernier par ceux que nous venons d’énumérer, les augmentations ne seraient plus, respectivement, que de 1,4 et 3,1 %. Dans les autres élections, le nombre des feux apparaît de même en assez légère progression : + 0,2 % pour celle de La Rochelle [6], + 1,1 % pour celle de Marennes, + 1,4 % pour celle de Cognac, + 2,4 % pour celle d’Angoulême, + 4,3 % pour celle de Saint-Jean d’Angély. Pour ce qui est de la population, hormis pour Angoulême (+ 4 %), l’évolution serait très en retrait : + 0,9 % pour Saint-Jean d’Angély, et surtout – 0,6 % pour Marennes, - 5,2 % pour Cognac et – 8,2 % pour La Rochelle.

 Un multiplicateur dominant, puis contesté

Le constat qui précède conduit à nous intéresser au rapport entre feux et population. On observera en premier lieu que, chez Dumoulin, le multiplicateur est de 4,5 dans 94 cas, soit 36 % des villes et bourgs. Si l’on considère en outre qu’il y a 8 fois des feux de 4,4 habitants et, surtout, 15 fois des feux à 4,6 (le deuxième nombre en importance), ce qui porte la proportion à 45 %, on peut estimer qu’en multipliant un nombre de feux donné par 4,5, on aurait presque une chance sur deux d’aboutir à une bonne évaluation de la population… et un peu plus de se tromper ! L’erreur aurait toute chance de consister en une surestimation, la moyenne s’établissant à 4,1.
En revanche, un coefficient 5 est nettement exclu : si l’on compte les occurrences par multiplicateur mesuré au dixième près, la courbe tombe là (de même que pour 5,1) à zéro [7]. Et cette même courbe s’infléchit assez nettement entre 3,9 et 4,2, ce qui semble exclure aussi les coefficients 4 et 4,1, qui ne sont donc que proches de la moyenne.

Toutefois, on peut difficilement soutenir que Dumoulin aurait, plus d’une fois sur trois, multiplié le nombre des feux par 4,5 pour évaluer la population. Dans l’élection d’Angoulême par exemple, et pour prendre des nombres voisins, 1 336 (Ruffec) n’est pas égal à 296 x 4,5 (1 332), et 1 338 (Brie) n’est pas davantage égal à 300 x 4,5 (1 350). Les seuls contre-exemples sont, outre deux villes (La Rochelle et Jarnac), les bourgs de Saulgond (360 x 4,5 = 1 620), Mosnac, Corme-Royal, Chalais, Champagnac, Condéon, Consac et Écoyeux, ainsi que de rares autres comme Floirac pour lesquels la multiplication d’un nombre de feux impair créerait un demi-habitant (199 x 4,5 = 895,5 arrondi à 896) [8]
Si l’on rapporte les chiffres de population trouvés dans le Dictionnaire universel à ceux des feux du Dénombrement, la proportion des feux de 4,4 à 4,6 habitants tombe à 26 % – avec de grandes différences : elle est nulle pour l’élection d’Angoulême, mais atteint 80 % dans celle de Cognac. Au contraire, si l’on remplace le Dénombrement par le Nouveau Dénombrement, la proportion monte à 84 % pour l’ensemble des six élections, dont 71 % correspondant exactement au coefficient 4,5 ! Même constat en ce qui concerne Expilly qui, selon Esmonin [9], aurait conclu en faveur de ce multiplicateur sur le fondement de certains dénombrements (Provence, Comtat Venaissin). L’évolution différenciée du nombre de feux et de la population ne serait-elle donc due qu’à la quasi-généralisation du coefficient 4,5 ?
Expilly attribue le choix de ce coefficient (presque) universel à certains de ses prédécesseurs [10], comme en témoigne l’article Feux de son dictionnaire, lorsqu’il s’agit d’évaluer la population du royaume en évitant de traiter identiquement pays de taille réelle et pays de taille personnelle :

« FEUX, Fouage & Affouagement. Dans presque toutes les provinces du royaume, les paroisses ou communautés sont divisées en Feux ; mais ces feux ne sont pas par-tout les mêmes. Il est vrai qu’assez généralement on entend par le nom de Feu un ménage ou une famille ; c’est-à-dire, qu’une paroisse ou communauté affouagée à raison de cent feux, est censée contenir cent familles. Mais cette acception du nom de feu ne sçauroit convenir à plusieurs provinces, telles, par exemple, que la Provence, le Dauphiné, &c. où par le nom de feu, on entend non pas un ménage ou une famille, mais une certaine quantité de biens-fonds propre à supporter telle ou telle imposition. [...] Les provinces ou généralités où le nom de feu signifie autre chose qu’un ménage ou une famille, sont celles qui suivent : partie de celle d’Ausch & tout le Béarn & la Navarre ; la province de Bretagne, celle de Dauphiné, toute la généralité de Montauban & la Provence. [...] Il suit de-là que c’est avec peu de fondement que plusieurs Ecrivains, sur-tout dans ces derniers temps, ont prétendu conclure la population actuelle du royaume, du nombre total de feux qu’on y comprend. Ils ont supposé, ce qui est vrai, que la France ne contient que trois millions & demi de feu[x] ou environ, non-compris néanmoins ceux de la ville de Paris. Ils ont fait ensuite l’opération qui suit :
3 500 000 feux à 5 personnes pour chaque feu, donnent 27 500 000 personnes [+] Pour la ville de Paris 700 000 ames. Total 18 200 000 ames.
Aussi-tôt d’autres se sont récriés, peut-être avec raison ; & en convenant du nombre de feux, contre lequel il n’y a rien à objecter, puisqu’ils ont été comptés, ils ont dit que c’étoit les évaluer trop haut que de donner cinq personnes pour chaque feu. Ils ont fait la déduction du cinquieme, & en opérant à raison de quatre personnes seulement pour chaque feu, ils ont dit,
3 500 000 feux à 4 personnes pour chaque feu, donnent 14 000 000 personnes [+] Pour la ville de Paris 700 000 ames. Total 14 700 000 ames.
Cette déduction qui a paru trop forte, a excité des clameurs & a fait des mécontents. A la bonne heure, ont dit quelques Ecrivains, que le nombre de cinq personnes pour chaque feu soit trop fort, mais aussi celui de quatre personnes est trop foible ; car il est évident que si de cent familles il y en a vingt qui ne soient composées que du pere de la mere & de deux enfants ou d’un seul, il y en a soixante autres qui, outre le pere & la mere, comprennent au-delà de trois enfants. Raisonnant en conséquence, ils ont dit qu’il convenoit de prendre un milieu, & de multiplier les feux à raison de quatre personnes & demie pour chaque feu, ou de neuf personnes pour deux feux. Voici quelle a été leur opération :
3 500 000 feux à 4 personnes & demie pour chaque feu, donnent 15 750 000 personnes [+] Pour la ville de Paris 700 000 ames. Total 16 450 000 ames.
C’est d’après ces diverses opérations qu’on a dit & que l’on dit encore assez généralement, que la France ne contient que seize millions d’ames ou environ. Mais est-ce être instruit de l’état des choses que d’avancer une pareille assertion ? & étoit-il permis de se décider sur un sujet aussi important, par de simples conjectures ? » (Dictionnaire géographique, vol. 3, p. 121-122)

Suit un tableau dans lequel Expilly rectifie les chiffres des pays de taille réelle, en calculant leur population d’après un nombre de familles très supérieur à celui des feux (par exemple, pour la Bretagne, 316 850 au lieu de 32 427) et en intégrant le résultat de ses propres recherches [11] ainsi que du « travail très bien fait qui nous est venu de plusieurs généralités & départements de la part de personnes en place ». Mais, pour les généralités de La Rochelle et de Limoges, pays de taille personnelle, il retient un nombre de familles identique à celui des feux – et c’est ainsi qu’il finit par évaluer la population de la France à près de 21 millions d’habitants ou, plus probablement, de vingt-deux millions dans la mesure où, « depuis soixante ans ou environ, la population est augmentée au moins d’un septième dans plusieurs contrées du royaume ».

Déjà, dans son Avertissement du tome Ier, il tenait le même raisonnement :

« Quant à la population du Royaume, nous l’avons suivie non-seulement Province par Province, mais encore par Bailliages, par Elections & même par Communautés. D’après cette méthode que nous croyons plus sûre & plus exacte qu’aucune autre, nous avons trouvé que le Royaume est plus peuplé qu’on ne le pense communément, au moins de deux millions d’âmes. Plusieurs personnes qui ont écrit avant nous sur cette matière, ont déterminé la population du Royaume d’après le nombre de feux qu’on y compte ; & elles ont dit que, puisque selon les états d’affouagement, la France ne contenoit que quatre millions de feux ou environ, on ne devoit y compter que seize millions d’âmes, à raison de quatre personnes par feu. Mais ces Ecrivains n’ont pas fait attention que l’affouagement n’est pas le même dans toutes les Provinces du Royaume. Il est vrai qu’assez communément on entend par feu une famille ; mais cette acception ne peut servir ni en Provence, ni en Dauphiné, ni en Bretagne, ni dans la Généralité de Montauban, ni dans plusieurs Pays qui dépendent de la Généralité d’Ausch. Par exemple, en Provence on ne compte en tout que trois mille trois cens trente feux ou environ ; ce qui, à raison de cinq personnes par feu, ne donneroit que le nombre total de seize mille six cens cinquante personnes. Il en est à peu près de même dans les autres Provinces & Généralités que nous venons de nommer. Voici à ce sujet une regle plus sûre pour calculer en gros la population du Royaume. Indépendamment des Généralités de Provence, de Dauphiné, &c., on compte en France environ trois millions & demi de feux ou familles, non-compris la Ville de Paris : à raison de cinq personnes par feu, cela donne dix-sept millions cinq cens mille personnes. Pour les Provinces de Provence, Dauphiné, Bretagne, pour la Généralité de Montauban, & pour plusieurs Pays qui dépendent de celle d’Ausch, deux millions huit cens mille âmes ; ce qui, étant ajouté au premier total, donne un total général de vingt millions trois cens mille ames, non-compris les Habitants de la Ville de Paris. »

Mais il faisait aussitôt état d’évaluations pour de grandes villes qui aboutissaient à des multiplicateurs très élevés : 7,5 pour Montpellier, 11,1 pour Nîmes, 13,5 pour Rouen et jusqu’à 16 pour Lyon et Bordeaux [12] ! Il confortait ainsi sa thèse d’une croissance démographique due à la paix relative qui a suivi le traité d’Utrecht, ainsi qu’à un mouvement des campagnes vers les villes. D’où une réévaluation, mais qui ne concernait pas les villages.

« Pour prouver que l’évaluation des feux, à raison de cinq personnes par feu, n’est point trop forte, nous citerons pour exemple quelques Villes du Royaume. Celle de Lyon n’est comptée que pour sept mille sept cens quatre-vingts feux, ce qui ne donne que trente-huit mille neuf cens personnes, à cinq personnes par feu ; cependant il est certain & bien avéré que cette Ville contient plus de cent vingt-cinq mille ames. On compte à Bordeaux à-peu-près le même nombre de feux & le même nombre d’habitants qu’à Lyon ; à Rouen, sept mille quatre cens feux & plus de cent mille ames ; à Nismes, quatre mille cinq cens feux & environ cinquante mille ames ; à Montpellier, huit mille feux & plus de soixante mille ames, &c. Nous sçavons qu’on peut nous répondre que si les Villes du Royaume sont plus peuplées que ne le porte le nombre de feux qu’on y compte, à raison de cinq personnes par feu, il n’en est pas de même dans les Bourgs & les Villages de la Campagne. Mais que suit-il de cette observation, sinon que la population des Villes & gros Bourgs peut être calculée au moins sur le pied de six personnes pour chaque feu qu’on y compte, & celle des Villages un peu au-dessous, c’est-à-dire, à raison de quatre ou cinq personnes pour chaque feu [13]. Et il faut bien que cela soit ainsi, pour supposer, ce qui doit être, que la population se soutienne constamment sur le même pied ; autrement il serait possible de calculer & de fixer par des à-peu-près le temps de l’extinction totale d’une Nation quelque considérable qu’elle fût ; ce qui est certainement au-dessus de l’intelligence & de la sagacité des foibles mortels, dont les lumières sont toujours plus bornées qu’ils ne pensent. Selon la constitution actuelle de presque tous les Etats de l’Europe, un homme n’épouse qu’une seule femme, & par ce moyen l’espece se reproduit & se conserve. Si des familles s’éteignent, d’autres se doublent & remplacent celles qui manquent. Deux êtres de l’espece humaine produisans, & deux êtres semblables produits & subsistans avec les premiers, donnent quatre personnes par feu. Une cinquième personne est ajoutée à ce nombre, & il est nécessaire qu’elle existe pour fournir aux divers accidents qui peuvent occasionner du vuide dans le nombre des quatre premières personnes. Ce vuide peut venir ou d’un défaut de fécondité de la part des individus préposés à la conservation de l’espece, ou il peut être occasionné par les guerres, par des maladies épidémiques suivies de mortalités, ou par quelque autre cause également destructive. S’il ne survient aucune cause de cette espece, la population gagne insensiblement, parce qu’il n’est pas à supposer que la cinquième personne de chaque feu, de chaque famille s’éteigne toujours sans postérité.
Dès l’année 1700. on comptoit en France, selon le rapport de M. le Maréchal de Vauban, dix-neuf millions quatre-vingt-quatorze mille cent quarante-six personnes. On a cru que depuis ce temps la population du Royaume avoit souffert considérablement, soit à cause des différentes guerres où la France est entrée dans le cours de ce siècle, soit à cause d’un certain esprit de luxe qui s’est répandu dans les Campagnes & en a chassé un grand nombre d’habitants pour les faire entrer dans les Villes où, à ce qu’on assure, la population est toujours moins forte en proportion. Mais il est très-facile de répondre à ces deux objections. Premièrement, quelque longues & quelque meurtrieres qu’aient été les guerres auxquelles les François ont pris part, dans le siècle où nous sommes, ces guerres ne sont point à comparer à celles qui les avoient précédées, principalement quant à la durée. Tout le monde sçait que le dix-septieme siecle fut un siecle presque entier de guerres, de quelles guerres ! Non-seulement les François étoient obligés de repousser les efforts d’ennemis étrangers, de faire face à la plus grande partie de l’Europe confédérée contre eux, mais outre cela ils se trouvoient souvent dans la triste & dure nécessité de s’armer contre leurs propres Compatriotes & de s’exterminer les uns les autres.
Il n’en a pas été de même dans les guerres qui sont venues après la paix d’Utrecht. D’ailleurs, il n’est peut-être point de siecle depuis l’établissement de la Monarchie Françoise, où l’on compte sans interruption une paix de vingt années, ainsi que cela est arrivé depuis 1713. jusqu’en 1733. ; car on ne doit compter pour rien, ou du moins que pour fort peu de chose la guerre passagere de 1718. En second lieu, si le luxe s’est introduit dans les Campagnes du Royaume, ce n’a certainement pas été au détriment de la population au point qu’on le suppose. Il est vrai que depuis environ quatre-vingts ans, les Villes se sont peuplées d’un grand nombre d’habitants de la Campagne, qui ont préféré les arts à la culture des terres ; mais cette révolution n’a altéré que très-faiblement la masse de la population des Campagnes, & celle des Villes y a beaucoup gagné. Bien plus, nous estimons que nonobstant cette émigration d’un certain nombre d’habitants de la Campagne, la population en est toujours la même, si elle n’a pas augmenté. Les défrichements sont presque continuels, ce qui suppose nécessairement une augmentation continuelle d’habitants. S’il reste des terres en friche dans le Royaume, c’est parce que la population n’est point assez forte pour fournir à la culture totale des terres : pour remplir cet objet, au lieu de vingt-un ou de vingt-deux millions d’ames, à quoi se monte la population actuelle du Royaume, il faudrait encore trois ou quatre millions d’habitants. »

 Vers un recensement "tête par tête" : Angoulême et Cognac

Qu’Expilly ait souvent recopié le Nouveau Dénombrement de Saugrain n’est guère cohérent avec cet exposé. Cependant, il a sollicité des correspondants ou obtenu les résultats de quelques enquêtes. C’est ainsi que, dans son tome IV (1766), p. 239-241, il donne des chiffres différents de ceux du tome Ier (1762) pour l’élection d’Angoulême – excepté pour les feux d’Angoulême même –, ainsi que des données récentes sur la population de la ville. Celle-ci, qui était évaluée dans le tome Ier à « environ 11 200 personnes de tout âge, de tout sexe & de tout état [distribuées] entre douze paroisses », l’est maintenant à un peu plus de 12 000 habitants, contre 10 000 chez Dumoulin, 9 000 chez Saugrain et 8 000 selon l’intendant Bernage en 1698 (voir le deuxième tableau figurant sous l’onglet ANGOULÊME). Belle progression, qui continuera puisque la population sera estimée à 13 000 habitants en 1789, selon Prosper Boissonnade, et progression qui s’étend modérément au reste de l’élection, celle-ci gagnant au total un millier de feux (37 888 au lieu de 36 787 [14]).

« La population de la ville d’Angoulême, l’une des plus considérables de la généralité [de Limoges], est augmentée depuis 1720 au moins d’un douzième. On n’y comptoit alors que 2240. feux, qui, à raison même de cinq personnes pour chaque feu, ne donnoient que onze mille 200. personnes, &, selon le dénombrement fait dans cette même ville, au commencement de juin 1764, il s’y est trouvé 12. mille 174. personnes. Ce dénombrement est tel qui suit :

  • 2283 hommes.
  • 2439 femmes.
  • 2928 garçons.
  • 3306 filles.
  • 41 prêtres séculiers.
  • 56 religieux.
  • 138 religieuses.
  • 302 ouvriers étrangers.
  • 436 servantes ou filles de chambres.
  • 245 domestiques.
  • Total 12174

Vers ce temps, il avoit été fait par les curés de la ville d’Angoulême, un autre dénombrement des habitants de leurs paroisses respectives, & dans lequel ils ne comprenoient que les adultes [15] ; c’est celui-ci :

Paroisse de St. Jean, environ 400 communiants
Paroisse de St. Cybard-en-Ville 300
Paroisse de St. André 1 300
Paroisse de St. Antonin 400
Paroisse de Notre-Dame des Peines 300
Paroisse de Beaulieu 550
Paroisse de St. Paul 400
Paroisse de St. Martial (y compris Labussate & les franchises de cette paroisse) 1 780
Paroisse de St. Auzonne 500
Paroisse de Lhoumeau 1100
Paroisse de St. Martin 650
Paroisse de St. Cybard-hors-la ville 460
Total 8 140
À ajouter le tiers pour les enfants, 2 713
Total 10 853

Le second dénombrement fait seulement par estimation, par les curés de la ville d’Angoulême, ne donnoit donc qu’environ 8140. adultes ou personnes de communion, & par-conséquent il étoit au-dessous du nombre effectif, d’un sixième ou environ, s’il est vrai que l’on ne doive ajouter que le tiers en-sus pour le nombre d’enfants : il sera au contraire à-peu-près exact, si, pour le nombre d’enfants, l’on prend la moitié du premier nombre total puisque l’on aura alors pour la totalité le nombre de douze mille 210. personnes. »

Le multiplicateur s’établirait alors à 5,4, approchant du 6 qu’Expilly suggère de retenir pour les villes. Cela implique toutefois d’en rester comme Dumoulin aux 2 240 feux déclarés en 1709. Or il existe d’autres évaluations, peu conciliables avec celle-là : pour 1726, le Mémoire de Gervais (p. 409) fait état de 850 feux dans l’enceinte de la ville et « environ autant » dans les « faubourgs et franchises » et en 1736, selon Vigier de la Pile [16], on en aurait compté 879 dans la seule enceinte, maisons religieuses non comprises. Ces nombres se rapprochent suffisamment de celui de l’État des paroisses de la généralité de Limoges [17] de 1686 (1 478 feux) pour qu’on se demande s’il n’y a pas, ici aussi, un problème de délimitation de la ville, d’autant que les autres données de cet état (qui ne pouvait déjà prendre en compte les départs de protestants) sont pour une part non négligeable supérieures à celles de Saugrain, même si c’est ici dans une bien moindre proportion que pour l’élection de Saint-Jean d’Angély. En revanche, un autre dénombrement rapporté par Brun, continuateur de Sanson [18], – 2 392 « maisons » en 1769 – se concilie mieux avec celui du trio Saugrain-Dumoulin-Expilly. Reste qu’on ne pourrait imaginer une séquence régulièrement croissante 1 478/ 850 x 2 / 879 x 2 / 2 240 / 2 392 qu’en faisant fi des dénombrements rapportés par Saugrain et de leur date.
Le cas de Cognac est différent mais tout aussi difficile. Nos auteurs lui attribuent unanimement 847 feux et, pour ceux qui donnent la population, 3 809 habitants, soit 4,5 habitants par feu, à deux ou trois unités près (847 x 4,5 = 3 811,5 !). Mais, selon Marvaud [19], il y aurait eu 1 080 feux en 1710, « d’après un registre de l’état civil de Saint-Léger », et 847 en 1750 [20], puis, en 1765, on « reconnut […] qu’il y avait à Cognac 936 feux, dont plusieurs n’occupaient qu’une seule et même chambre, ou une petite maison, et qu’on les avait néanmoins comptés séparément ; qu’il y avait 1 502 chefs de famille, en y comprenant les filles et les hommes non mariés, 1 300 enfants légitimes ou bâtards, 334 domestiques des deux sexes, étrangers, ceux de la ville étant comptés avec leurs pères et leurs mères comme enfants de famille, et 62 clercs, commis et ouvriers étrangers : en tout 3 198 personnes ». Ce dernier dénombrement de 1765 impliquerait une multiplication par 3,4 seulement, à ceci près qu’on semble avoir oublié les femmes ! D’autre part, l’écart entre le nombre de familles et celui des feux (1502 – 936 = 566), est peu compréhensible, surtout si l’on a surestimé le second. La difficulté pourrait être levée si l’on considérait que les femmes sont comprises dans les chefs de famille, avec les célibataires, comme le suggère l’expression « comptés avec leurs pères et mères ». On aurait alors 566 couples et 370 célibataires… En revanche, si l’on peut admettre comme Boissonnade (op. cit. p. 40-41) que le développement de l’Angoumois n’aurait été sensible qu’à partir de 1750 environ, il paraît douteux que la population de la ville ait connu une sorte de pic en 1710, juste après les dures épreuves de 1709 et alors que le nombre de 847 feux avait déjà été enregistré. Cette fois encore, il paraît impossible d’accepter tous les chiffres ou de reconstituer une séquence crédible, même si l’on peut supposer que les dénombrements, mis à jour à intervalles aléatoires, ont enregistré des variations en dents de scie.
Dès lors, on ne peut que faire sienne la mise en garde adressée par Saugrain, dans son Avertissement du Dénombrement de 1709 : « On doit regarder le nombre des Feux de chaque lieu comme plus curieux que sûr, parce qu’il n’y a rien de plus sujet au changement, mais comme donnant cependant une idée approchante de sa consistance & de sa grosseur » – ce qui suppose de l’appréhender au sein d’une série, si possible homogène quant à la date. En comparant les données de Dumoulin avec un classement actuel de nos villes par ordre décroissant de population, on mesurera par exemple le poids considérable de villes comme Marennes et Marans (respectivement 4e et 7e en importance) dans ce premier XVIIIe siècle, ou on découvrira que Saint-Pierre d’Oleron faisait jeu égal avec Saint-Jean d’Angély et dépassait Cognac. Plus généralement, sur les 25 villes comptant le plus grand nombre de feux selon Dumoulin, 14, notées en vert sur la carte qui suit, sont aujourd’hui supplantées, notamment, par les communes de la couronne de La Rochelle et d’Angoulême.


Voir en ligne : Dumoulin, {Géographie, ou Description générale du Royaume de France}, 1762-1767


[1Auteur de livres sur plusieurs campagnes militaires du début du siècle et, en 1758, d’une Histoire des révolutions d’Écosse et d’Irlande, il se présente aussi comme commis du département de la Guerre. Le Dépôt de la Guerre est d’ailleurs la seule source qu’il mentionne au premier tome de sa Géographie.

[2Dont le nombre de feux est toutefois indiqué dans des encarts, mais ceux-ci n’ont pas été dépliés lors de la numérisation de sorte qu’une très faible partie en est visible.

[3Selon Jacques Hussenet, « Les dénombrements Saugrain. Genèse et hypothèses », Annales de démographie historique, 1996, p. 307. Mais l’État des paroisses de l’élection de Limoges (1786), retrouvé au moment de clore cet article et dont nous avons inséré les données sous les onglets “Angoulême” et “Saint-Jean d’Angély”, ne concorde nullement avec le Dénombrement.

[4Ibidem, p. 301-302.

[5Voir Edmond Esmonin, « L’abbé Expilly et ses travaux de statistique », Revue d’histoire moderne et contemporaine, 1957, p. 273.

[6Pour laquelle Expilly donne, villages compris, un nombre de feux différent de celui que retient Dumoulin (voir l’onglet GENERALITES) : 19 465 au lieu de 16 415, mais c’est en y intégrant les 3 050 feux de l’île de Ré.

[7Pourtant, en retirant les neuf évaluations déclarées approximatives, les nombres d’habitants se terminant par “0” représentent 34 % du total et ceux qui finissent par “5”, 14 %. Le test suggéré par J. Dupâquier (« Problèmes de contrôle des dénombrements », in Annales de démographie historique, 1972, p. 203-214), consistant à évaluer la fiabilité des dénombrements à l’aune de la « fréquence du chiffre des unités », révèle, en l’espèce, non l’utilisation d’un multiplicateur 5, mais seulement qu’une propension à arrondir à la dizaine.

[8On ne peut ajouter à la liste que Dompierre, Chaillevette, Fouqueures, Rignac et Rioux.

[9Art. cité, p. 274.

[10Sans doute pense-t-il à Saugrain, mais Voltaire se prononce dans le même sens en 1763, dans la XIXe de ses Remarques pour servir de supplément à l’Essai sur les mœurs.

[11Il fait relever dans les paroisses le nombre des mariages, baptêmes et sépultures enregistrés pendant les périodes 1690-1701 et 1752-63 pour conforter sa thèse d’un accroissement de la population, et il prétend calculer celle-ci en multipliant le nombre des naissances par un coefficient (voisin de 25) calculé à partir de quelques dénombrements effectifs. Mais notre région ne semble pas avoir été concernée par ces essais. Voir Esmonin, art. cit., p. 261-262.

[12On notera que la population attribuée à ces cinq villes est largement supérieure à celle qui sera trouvée en 1793 : de l’ordre de 102 000 pour Lyon, de 104 000 pour Bordeaux, de 84 300 pour Rouen, de 40 000 pour Nîmes et de 32 900 pour Montpellier. Tous chiffres plus compatibles avec les estimations de Saugrain (sauf pour Bordeaux et Montpellier, peut-être en raison d’une autre délimitation de ces villes, comme pour Saintes) : respectivement 95 000, 40 000, 80 690, 29 660 et 72 000 habitants

[13En 1778, Moheau, dans ses Recherches et considérations sur la population de la France (p. 28-29), proposera une multiplication par « près de six » pour les villes et par quatre et demi pour les campagnes.

[14Mais Dumoulin n’en comptait que 32 787.

[15La question se pose de savoir si les communiants sont tous adultes : ne le devenait-on pas à partir de douze ans à peu près ?

[16J. H. Michon éd., Histoire de l’Angoumois, 1846, p. LI.

[18Histoire de l’Angoumois, p. 143.

[19Études historiques sur la ville de Cognac, II, p. 262 et note p. 282.

[20Boissonnade (Essai sur la géographie historique et sur la démographie de la province d’Angoumois, 1890, p. 50 et 136) reprend ces chiffres en multipliant le nombre de feux tantôt par 4, tantôt par 5.

Messages

  • Merci pour cette magnifique étude sur un sujet qui interpelle le généalogiste qui trouve un recensement de village en feux. Sur 1000 couples d’ancêtres, j’ai une moyenne de 8 enfants (dont on a retrouvé la déclaration de naissance...) par famille. Donc en faisant une moyenne entre les jeunes couples et les anciens, on est proche du multiplicateur donné.
    Comme cette notion de feu semble être plus fiscale que démographique, les enfants en bas âge ne sont effectivement probablement pas comptés. D’un autre côté, il y a des feux célibataires. Une veuve pouvant avoir des enfants en bas-âge. Je ne serais pas étonné au final qu’un multiplicateur de 4.5 sous-estime la population réelle.

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