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Vibrac (Charente) et son vieux château
mercredi 18 décembre 2019, par , 1200 visites.
Le château de Vibrac est une ruine discrète. De visiteurs, il y a plus de bovins que d’humains et seuls quelques détails révèlent à un regard attentif la présence d’une ruine importante.
Le château va-t’il retrouver une nouvelle jeunesse ? Une opération de financement participatif menée par une jeune start-up, est en cours pour sa restauration.
C’est l’occasion de fouiller dans les archives et de publier quelques documents sur ce lieu discret.
Document : LE CHÂTEAU DE VIBRAC SUR LE CADASTRE NAPOLEONIEN (1834)
Source : Archives Départementales de la Charente
Document : VIBRAC ET SON VIEUX CHÂTEAU
Source : Études locales : bulletin de la Société charentaise des études locales
Vibrac est à 5 kilomètres de Châteauneuf sur la route de Jarnac.
L’église, qui remonte au XIIe siècle, a beaucoup souffert à l’époque des guerres. On a relevé au XVIe siècle la travée occidentale, mais ce n’est plus qu’un long bâtiment dépourvu de style, sans voûte, aux murailles nues, sur lesquelles on aperçoit encore, comme une ombre, des anciens piliers disparus ; Il y a au midi une chapelle dans le goût de l’église, et au nord, dans le mur de la nef, un enfoncement en forme d’arcature plein-cintre ornée de moulures et portant, avec le millésime 1594, deux monogrammes formés l’un des lettres D H M G, l’autre des lettres S I entrelacées.
En entrant dans l’église, on voit à droite l’ancien presbytère vendu comme bien national le 24 prairial an VI (12 juin 1796). Vibrac, n’ayant pas été reconnu paroisse après la Révolution, est demeuré depuis lors réuni pour le culte à Saint Simon dont il est très rapproché.
Vibrac était le siège d’une seigneurie qui, outre cette paroisse, comprenait Angeac-Charente, Saint-Amant-de-Graves en partie et la portion Est de Saint-Simon avec Hautemoure. Elle appartenait au moyen-âge aux seigneurs de Montchaude. Jovide, fille de Hugues de Montchaude, épousa au xrve siècle Raymond de Mareuil, seigneur de Villebois, et lui porta Vibrac dont l’histoire resta dès lors intimement liée à celle de la seigneurie de Villebois.
Le château de Vibrac, aujourd’hui complètement en ruines, existait lors des guerres de religion, car il est mentionné dans le rapport du duc d’Anjou à Charles IX sur la bataille de Jarnac, le 13 mars 1569.
Bâti par les seigneurs de Mareuil, il était délicieusement assis dans une île de la Charente qui, en cet endroit, se ramifie en mille manières pour former une infinité d’îles et d’îlots boisés.
Tous ces cours d’eau, outre l’agrément qu’ils procuraient, formaient un système de défenses naturelles.sans compter que le château lui-même est bastionné.
On y accède par plusieurs ponts de pierre successifs. Le long de la façade règne une large terrasse à balustres en pierre, soutenue par trois grandes arcades voûtées et sur laquelle viennent s’ouvrir les appartements. Deux de ces arcades sont surbaissées ; la troisième, celle du milieu, est en plein-cintre et correspond au portail d’entrée au-dessus duquel on voit, sculptés dans la pierre, les insignes de l’ordre royal du Saint-Esprit : la colombe aux ailes étendues sur la croix à huit pointes. Le corps de logis était vaste et avait la forme d’un quadrilatère entourant la cour d’honneur. Un des côtés est totalement^ détruit et le reste n’en vaut guère mieux. On ne voit partout, ; que murs écroulés, fenêtres brisées, escaliers démolis, voûtes et planchers effondrés. La ruine va très vite depuis quelques, années et l’on est même étonné de voir ces pans de murs ; découverts résister si longtemps aux tempêtes et aux inondations.
Le château de Vibrac ne paraît pas avoir été beaucoup habité par ses maîtres, surtout à partir du XVIIe siècle : les grands seigneurs qui le possédaient avaient d’autres terres et châteaux. A peine trouvons-nous dans les registres un ou deux actes où il est mentionné. C’est ainsi qu’en 1651 nous lisons dans un acte de baptême : « Parrain M, Vignial, capitaine, pour M. le duc d’Espernon au chasteau de Vibrac. » Ce titre de capitaine et cette date de 1651 nous rappelle que nous sommes au temps de la Fronde et en l’année même du siège de Cognac par les révoltés. Nous trouvons encore l’année suivante, le 31 mai 1652, le baptême de Gabriel Vignial, fils de Gabriel Vignial « Receveur de M. le duc d’Espernon, es province d’Angoulmois, de Xaintonge et capitaine au chasteau de Vibrac. »
Et c’est tout ou à peu près ; au XVIIIe siècle, Mme de Courcillon, qui en était la propriétaire, est dite, dans plusieurs titres, habitant à Paris en son hôtel ; Vibrac était alors affermé.
Si jamais vous allez visiter le château de Vibrac, choisissez un beau jour d’été, asseyez-vous sur l’herbe et là, tandis que vos oreilles seront frappées parle.bruissement du vent à travers cette forêt de saules et de peupliers et par le fracas monotone des chutes d’eau, barrages, essarts et moulins, vous sentirez votre âme inondée d’une mélancolique pitié, en portant les yeux sur ce vieux cadavre de pierre, gisant au milieu de cette nature si vivante, si animée.
D’aprés TRICOIRE, Le Château d’Ardennes.
- Document - 1446 : Un aveu non vérifié rendu par Jean, seigneur de Mareuil et de Vibrac au duc d’Epernon
Source : « Estat des seigneuries terres et fiefs mouvants du duché et chasteau d’Angoulesme ». Bulletin de la Société archéologique et historique de la Charente. - 1905
ViBRAC, faisant partye de ladite duché de La Vallette apartient à Monsieur le ducq d’Espernon, et tient ladite terre à hommage lige de Sa Majesté, dont adveu a été randu et hommage par Jean, sieur de Mareuil et de Vibrac, le 12 aoust 1446, et lequel adveu n’a point esté vérisfié.
Document : Vibrac, dans Géographie historique et communale de la Charente.... Tome 2 / par J. Martin-Buchey - 1914-1923
Dans un site ravissant, au milieu d’une île entourée par la Charente et cachée par un rideau de verdure, s’élève une vaste construction, aujourd’hui abandonnée, et dont les pierres se détachent les unes après les autres sous l’action du temps et des intempéries. C’est l’ancien château de Vibrac, construit au quinzième siècle par les seigneurs de Mareuil.
Si nous en jugeons par ce qu’il en reste, notamment par la façade tout le long de laquelle règne une large terrasse à balustres, soutenue par trois grandes arcades voûtées, ce château devait être très important, et pourtant, à partir du dix-septième siècle, il fut peu habité par ses possesseurs qui, appartenant tous à d’illustres familles, en abandonnaient la garde à des intendants.
Au Moyen-Age, la terre de Vibrac appartenait à la famille de Montchaude. Hugues de Montchaude, qui possédait Vibrac au quatorzième siècle, maria sa fille, Jovide, à Raymond de Mareuil, seigneur de Villebois, qui par ce mariage devint également seigneur Je Vibrac.
Un neveu de Hugues de Montchaude avait embrassé la cause des Anglais, qui ravageaient alors la France (c’était l’époque désastreuse de la guerre de Cent ans). Pour le punir de sa défection, le roi Jean le dépouilla de tous ses biens en faveur de Raymond de Mareuil, qui s’était toujours montré un chaud partisan de la cause nationale et qui s’était battu vaillamment contre les ennemis de son pays.
La famille de Mareuil conserva Vibrac jusque vers le milieu du seizième siècle. Guy II de Mareuil fut sénéchal d’Angoumois sous les rois Louis XII et François Ier et mourut en 1519. De ses deux
mariages il eut cinq enfants, qui tous moururent de bonne heure, à l’exception de la plus jeune, Gabrielle.
Cette dernière fut mariée, en 1541, à Nicolas d’Anjou, marquis de Mézières, et lui porta en dot la seigneurie de Vibrac. C’est ce marquis de Mézières, qui fut gouverneur d’Angoulême en 1568, lors du siège de cette ville par les protestants. Il n’eut lui-même qu’une fille, Renée, qui en 1566 épousa, François de Bourbon, duc de Montpensier, dont le fils unique vendit, vers 1597, les terres de Villebois et de Vibrac à Jean-Louis de Nogaret de la Vallette, duc d’Epernon.
Le rôle de ce dernier est trop connu pour que nous ayons à retracer son histoire ; du reste, nous avons eu l’occasion, dans une autre partie de notre récit, de raconter le rôle important qu’il a joué dans notre histoire locale.
En 1660, la seigneurie de La Valette, comprenant les chàtellenies d’Angeac et de Vibrac, fut vendue par le duc d’Epernon au maréchal de Navailles, qui mourut en 1684, laissant pour héritières trois filles ; la plus jeune, Gabrielle, prit pour époux le marquis de Pompadour, dont elle eut une fille, Françoise, qui épousa messire Philippe de Courcillon, marquis de Dangeau, gouverneur de Touraine.
Cette dernière fut veuve de bonne heure ; le marquis de Courcillon était criblé de dettes ; aussi ses biens furent-ils saisis et vendus en partie pour satisfaire ses créanciers. Vibrac passa à ses héritiers, qui le vendirent un peu après 1784, à la veille de la Révolution.
Le château de Vibrac appartient aujourd’hui [NDLR en 1913] à M. Frédéric-Jacques, des Granges de Ste-Sévère.
Un autre petit logis, que l’on voit coquettement assis sur le bord du coteau qui domine le bourg de Vibrac, les Courades, dépendait du château de Vibrac.
C’était une seigneurie qui, à la fin du seizième siècle, appartenait à la famille de Lestang. Le dernier représentant de cette famille, Aymar de Lestang, mourut vers la fin du seizième siècle. Il ne laissait qu’une fille, Marie de Lestang, qui épousa, le 31 janvier 1607, Josias Mehée, sieur de La Ferrière, et lui porta en dot la terre des Courades.
Par son mariage avec Isaïe Méhée, fils de Josias, Anne le Musnier, fille du seigneur d’Ardenne, devint maîtresse des Courades. Isaïe Méhée était beaucoup plus âgé que sa femme. Aussi, après sa mort, cette dernière étant encore jeune, se remaria avec un parent de son premier mari, René Méhée, seigneur d’Anqueville.
Pendant son veuvage et après son second mariage, elle continua d’habiter le logis des Courades. Mais lorsq ue, par le partage de ses biens en 1691, son père lui eût laissé la propriété du domaine d’Ardenne, elle réunit les deux domaines d’Ardenne et des Courades, qu’elle transmit à son fils du premier lit, Pierre Méhée, le plus remarquable des seigneurs d’Ardenne.
Ce dernier étant mort sans enfants en 1760, la terre des Courades passa à M. Cyprien-Gabriel de Terrasson. En 1821, les héritiers de M. de Terrasson vendirent le domaine, qui fut morcelé. Aujour- d’hui le logis appartient à Madame veuve Richard.
Document - En 1598, la tempête à Vibrac
Source : Texte trouvé dans le registre paroissial de Vibrac (16), relevé par Dominique BOUCHET assisté de Bruno VEILLON pour le compte de l’association généalogique de la Charente. (Mars 2005)
Transcription :
NOTA
Le 9° jour du mois de Juillet 1598, le Jeudi
soir entre soleilh couche et jour failhy s est leve une
sy grande tempeste avec esclairs et thonnerre et grand
mouvement de vent telement quil ne y avait personne
qui peust ressister dehors et dura lad(ite) esmotion
de vant environ une heure et demye lequel vant
arracha ung nombre infiny d arbres fructiers
et porta fort grand domage en ce pays d ang(oulmois)
et estant a p(rese)nt residant en ce lieu de vibrac
disant " a fulgure et tempestate deffende nobis
d(omi)ne " fait par moy vicaire soubssigné
Descescauld (?) [1]
[1] L’abbé Tricoire, dans son livre sur la seigneurie d’Ardenne, écrit Degozaud