Histoire Passion - Saintonge Aunis Angoumois

Accueil > Grands thèmes d’histoire locale > Villes, bourgs et villages > 17 Rochefort > 1671 - Rochefort (17) - Inspection du port par Colbert

1671 - Rochefort (17) - Inspection du port par Colbert

samedi 28 juillet 2007, par Razine, 4170 visites.

Rochefort (17) - La Corderie Royale
Photo : P. Collenot - 2006

Source : Mémoire et instructions du Ministre Colbert à son cousin l’intendant Colbert du Terron, suite à sa visite du port de Rochefort alors en construction. - Publié dans "L’Aunis et la Saintonge de Henri IV à la révolution" Par L. CANET Inspecteur d’académie, agrégé d’histoire - Ed. F. PIJOLLET, La Rochelle - 1934

A l’origine, le possesseur de Rochefort est Jacques Henry, seigneur de Cheusses, qui possède encore Laleu, la Jarrie et Fronsac. Il est exproprié de ses terres moyennant 50 000 écus qu’il ne touchera jamais pour permettre la construction d’une ville et d’un arsenal et surtout d’un port sur le fleuve Charente.

A l’origine on dessine le plan d’une ville qui devrait atteindre la superficie de Bordeaux. "Ce serait un grand avantage" écrit Colbert à l’intendant, "si par le moyen des grâces, que le roi a accordées au bourg de Rochefort, vous pouviez en faire un second Saardam [1] de Hollande". Dès 1673, la population est de près de 20.000 âmes mais disparate : on compte parmi elle nombre d’aventuriers et coupe-jarrets.

La ville n’est créée que pour le port et l’arsenal. Colbert écrit à le Vau : "Travaillez à perfectionner le plan que vous avez fait, de façon qu’il soit conforme à la grandeur, à la magnificence que je me suis proposée. Il pourra servir de modèle aux autres arsenaux".

Colbert supervise tout et il engage une correspondance abondante avec son cousin Colbert du Terron pour qu’il lui rende compte de l’avancement des travaux.

En 1670 Colbert fait l’objet de violentes critiques à propos du lieu choisi, (terrain peu solide, climat malsain) et des millions de livres englouties. Le mercredi après les fêtes de Pâques en 1671, il décide de faire une visite à Rochefort. Comme il a été malade et n’a pu ni tout voir, ni tout savoir, il rédige pour Du Terron un mémoire contenant ses instructions en date du 24 avril :

" se promener chaque jour dans les ateliers, faire construire la machine pour master les vaisseaux, avancer les magasins, ce qu’il y a de plus beau", visiter la fontaine Saint-Nazaire pour que le Roy voit une grande abondance d’eau, car si "j’entrois dans le détail, j’y trouverois perpétuellement quelque chose à polir".

La visite du roi est annoncée, c’est un branle-bas général mais elle sera décommandée à la suite de la mort du duc d’Anjou. Les préparatifs de la réception sont décrits dans une lettre adressée par Colbert à Clément du Terron :

"on a ordonné et approprié tous les magasins, l’arsenal, les vaisseaux de la quille au dernier funin, pressé la couverture des magasins, fait construire un chemin de terre de Tonnay à Rochefort, mis en ordre la salle d’armes, la halle aux mâts, celle des tonneliers. On s’est préparé à master un vaisseau en présence du Roi, à fabriquer devant lui une grosse ancre, à donner carène à un vaisseau ; à assembler les eaux à la fontaine Saint-Nazaire. On a pris toutes mesures pour donner au Roi à voir à construire un vaisseau tout nu un matin et à le mettre en estat d’estre mis à la voile en une journée de temps avec équipement complet".

L’élan donné ne s’arrêtera plus, Colbert puis son successeur Seigneulay avec du Muin et Bégon contribuèrent au lancement et à l’essor de Rochefort qui allait concurrencer sérieusement la Hollande et l’Angleterre.

Grâce à Colbert, Rochefort jouera un rôle essentiel dans la lutte maritime des guerres du grand règne.


[1Encyclopédie : Saardam ou Sardam, aujoud’hui Zaandam, (Géog. mod.) village à une lieue d’Amsterdam sur l’Ye ; mais c’est un village aussi grand, aussi riche, & plus propre que beaucoup de villes opulentes. Le czar Pierre y vint en 1697 pour y voir travailler à la construction d’un vaisseau, & voulut y travailler aussi, menant la même vie que les artisans de Sardam, s’habillant, se nourrissant comme eux, maniant le compas & la hache. Il travailla dans les forges, dans les corderies, dans ces moulins dont la quantité prodigieuse borde le village, & dans lesquels on scie le sapin & le chêne, on tire l’huile, on pulvérise le tabac, on fabrique le papier, on file les métaux ductiles. L’on construisoit alors à Sardam beaucoup plus de vaisseaux encore qu’aujourd’hui. (D. J.)

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Se connecter
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Lien hypertexte

(Si votre message se réfère à un article publié sur le Web, ou à une page fournissant plus d’informations, vous pouvez indiquer ci-après le titre de la page et son adresse.)

Ajouter un document

Rechercher dans le site

Un conseil : Pour obtenir le meilleur résultat, mettez le mot ou les mots entre guillemets [exemple : "mot"]. Cette méthode vaut également pour tous les moteurs de recherche sur internet.