En 1777, le ministre Necker lance une enquête nationale sur les établissements capables d’accueillir des enfants abandonnés. Son questionnaire est transmis par voie hiérarchique aux intendants des Généralités (équivalent moderne : préfecture), puis aux subdélégations (équiv. : sous-préfecture). Les réponses permettent de se faire une idée d’un problème de société déjà ancien, mal résolu.
Les réponses à l’enquête de Necker par de Bonnegens, administrateur de l’élection de Saint-Jean d’Angély, quelques années avant la Révolution. Un document un peu long et ampoulé, sur un problème de société révélateur d’une mauvaise conscience collective. On y trouve matière à réflexion :
sur la misogynie ambiante (ces enfants, « preuve de la faute des mères »),
sur l’hypocrisie du clergé (« De leurs réponses, il semble résulter que la dissolution dont on se plaint tant, ne règne point dans ce pays cy, que tous les habitans y vivent dans la plus grande innocence, et ne doivent tous leur origine qu’à l’alliance la plus légitime. »),
sur la courte vue d’un administrateur, plus soucieux de l’intérêt économique de sa ville que d’une véritable solution du problème social. Cependant, les propositions de De Bonnegens sur le mode de recrutement des nourrices (question n° 9) ne manquent pas d’intérêt.
sur l’absence totale de statistique sur le nombre d’enfants exposés, résultat d’un silence unanime des acteurs concernés.