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1360(c) - Statuts de l’ordre de chevalerie du Tiercelet (ou de l’Epervier)

dimanche 8 janvier 2017, par Pierre, 498 visites.

Un document au parcours atypique. Il a été découvert à Pau, en 1780 par un un archiviste qui a eu la bonne idée de le publier en janvier 1781 dans les "Affiches de Poitou".

Vers 1360-1380 un groupe de nobles originaires du Poitou et de la Saintonge créèrent le Corps et Ordre du Tiercelet, avec un objectif d’assistance mutuelle et d’encouragement moral.

’Tiercelet’ est, selon Buffon, le nom générique du mâle pour plusieurs espèces d’oiseaux de proie (éperviers, faucons, gerfauts). On l’appellerait ainsi parce qu’il est d’un tiers plus petit que la femelle.

Affiches de Poitou du Jeudi 4 Janvier 1781.

3e Lettre de M. de Lanoue, Notaire & Archiviste, à M. Jouyneau Desloges.

Vos Feuilles, M., étant le dépôt des curiosités Littéraires & Historiques, qui ont raport à la Province du Poitou, j’ai cru vous faire plaisir en vous informant d’une découverte de ce genre , que je viens de faire. C’est une pièce du quatorzième siecle, tirée des Archives de Pau, Armoires de Périgord, inventoriée dans le Répertoire de Périgord, au chap. 7, liasse 1, art. 18. En voici la copie exacte :

Statuts d’un Ordre de Chevalerie sous le nom du Tiercelet (ou de l’Epervier) arrêtés entre plusieurs Seigneurs d’Aquitaine.

" C’est le Corps & Ordre institué, promis & juré entre nobles & puissants Seigneurs Messire Regnaud de Vivonne Sire de Thors [1], Messire Regnaud de Thouars , Messire Dreux Bonet, Messire Pierre de Monfaucon, Messire Pont de Montendre, Messire Guillaume Dappellevoysin [2], Messire Pierre Dupuydufou. (Nous avons sur cette Maison, que l’on croit éteinte, un mémoire généalogique, que nous donnerons incessament pour faire plaisir aux Maisons qui peuvent lui être alliées.) Messire Denis des Granges, Messire Hugues de Baumont, Messire Hugues Giras, Messire Jean Bonet, Louis Fouchier, Guillaume de Bayrie, Louis de Montendre, Guillaume de la Roche Mathelin-Herbert, Jean Desgranges & Jean Barotea ; à l’honeur, révérence & obéissance de Dieu, de Notre-Dame, & de toute la compagnie Célestiau [3] ; & à l’obéissance, protection & garde du Roi de France & de Sa Majesté & de son Réaume, ô (avec) protestations ; car si aucun desdits freres falloit chouse qui fut contre Dieu & contre la Loy Divine ou contre le Roy, Sa Majesté, son Réaume ou aucuns des Réaux, que il n’est l’entente desdits freres de aveer (avouer) à faire ne soubstenir celi qui en ce pecheroit.

Et premièrement, il est promis & juré que lesdits frères & en dépends de chacun feront dire & célébrer à l’honeur & révérence de Dieu & de Notre-Dame & de toute la compagnie Celestiau, un Service par chacun an le jour de la Fête de Notre-Dame d’Aoust, & le lendemain de ladite Fête, en l’Eglise des Frères Prescheurs de Fontenay-Le-Comte, par (pour) la rédemption des âmes des Freres trépassés dudit Ordre.

Item , que lesdits Freres obéiront & serviront au Rey de France & à Sa Majesté & ès Réaux de France, & à iceux seront féaux & léaux, & l’Etat de la Couronne de France conserveront à leur pouvoir.

Item , que lesdits Freres & qui par le tems avenir seront, obéiront soubs l’obéissance susdite audit noble Frere de Thors comme à leur chep, lequel par leur chep ils ont ordrené & promis tenir ; & se il avenoit que lesdits Freres fussent en aucun lieu où ledit noble ne fust, ils obéiront audit noble Regnaud de Thouars comme frere & compagnon du Sr de Thors.

Item, que lesdits Freres qui sont & seront dudit Ordre seront féaux & léaux l’un à l’autre, & seront l’un à l’autre contre toute persone qui mal leur voudroit porter, excepté le Rey & les Réaux de France, & les Seigneurs dont lesdits Freres seraint hommes de foy liges ou plains, & leurs freres, cousins germains & néz de germains ; ainsi que celi desdits freres qui haura à faire des autres, il leur notiffira & fera à savoir, & ils seront tenus de le servir à sa nécessité & à leur dépends.

Item, l’enseigne dudit Ordre est & sera un Tercelet, duquel les ortailx & ongles seront d’azur, & celi desdits Freres qui sera en Pruce, (Sans doute pour secourir les Chevaliers Teutoniques, qui faisoient alors la guerre aux idolâtres de ce pays.) & fera la Reize sans bataille, portera d’un ortait 2) d’or dudit Tercelet.

Item, pour chacune bataille que chacun desdits Frères fera en compagnie de Rey ou Lieutenanr de Rey, il portera d’un ortail & ongle d’or dudit Tercelet ; & si la Ville ou Château où seroit ledit siége étoit pris par assault, & en cas qu’il le seroit, l’on ne porteroit que d’un ortail d’or dudit Tercelet.

Item, ceux qui seront à tiers remontrés, ils porteront un ongle & ortail d’or dudit Tercelet.

Item, si aucuns des Seigneurs du pays combattoit à leurs ennemis, si ceux desdits Freres qui seront à ladite bataille porteront d’un ortail dudit Tercelet.

Item, si aucuns desdits Freres combattoit en gage, & il obtint, il porteroit un ortail & ongle d’or dudit Tercelet.

Item, celi qui fera faute en armes, perdera le meilleur ortail dudit Tercelet, & l’autre ortail emprès pour chacune faute que il fera.

Fin des Statuts."

Ces Statuts , M. , ont beaucoup de raport avec les adoptions en freres d’armes, si usitées dans les beaux temps de la Chevalerie. Tel fut, entr’autres, le traité de Bertrand Duguesclin avec Olivier de Clisson, fait à Pontorson, le 28 Octobre 1370. Ces adoptions sont le sujet de la 21e dissertation de Ducange sur Joinville ; & M. de la Curne de Ste Palaye a réuni ce qu’on en sait de plus curieux dans ses Mémoires sur l’anciene Chevalerie. Quoique les Statuts que vous venez de lire soient sans date précise, on peut avec certitude la fixer au milieu du 14e siecle, sous Charles V, à en juger par la fabrique du papier en grande feuille fort épaisse & avec de gros filets, signes certains auxquels un Feudiste ne se méprend pas sur l’époque, & tel que Dom Tassin le raporte dans la nouvele Diplomatique, tom. 1, pag 524 ; & sur-tout par l’existence de Guillaume III Dappellevoisin, Chevalier, qui épousa vers 1350, Yde de Montfaucon, fille de Pierre de Montfaucon, Chevalier de cet Ordre, ainsi que son gendre Guillaume Dappellevoysin, lequel mourut en 1416. Comme cette pièce historique peut-être de quelque utilité aux maisons dont les auteurs sont compris en cette noble institution, je crois devoir vous la communiquer. (Au Château du Fou, près Châtelleraud , 8 Décembre 1780.)


[1Renaud 1er de Vivonne, seigneur de Thors (Charente-Maritime) - ca 1340-1392, marié à Catherine d’Ancenis, dame d’Esnandes

[2Voir la généalogie de cette famille sur le site de Jean-Marie Ouvrard

[3Céleste

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