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1683 - 1762 - Recettes et dépenses de l’abbaye de la Grâce-Dieu à Benon

lundi 28 novembre 2016, par Pierre, 419 visites.

Quelques livres de comptabilité échappés à la destruction font pénétrer dans les détails des opérations journalières de l’abbaye. Le relevé des points les plus saillants de cette comptabilité permet de mettre en lumière quelques traits de l’existence des religieux et de fournir des données intéressantes sur le prix des choses à quelques siècles en arrière.

Source : Archives Historiques de Saintonge et d’Aunis - T XXVII - 1898 - Etude de Georges Musset

Voir : Benon

état supposé de l’abbaye de Benon au 18ème siècle

§ 7. — La vie matérielle.

L’absence de documents précis rend absolument impossible l’examen de la condition matérielle de la vie des religieux jusqu’à la fin du XVIIe siècle. Il n’en est pas de même pour les années qui suivent. Quelques livres de comptabilité échappés à la destruction font pénétrer dans les détails des opérations journalières de l’abbaye. Le relevé des points les plus saillants de cette comptabilité permet de mettre en lumière quelques traits de l’existence des religieux et de fournir des données intéressantes sur le prix des choses à un ou deux siècles en arrière. Ces relevés ne sont point insignifiants, car ils peuvent servir de comparaison avec les usages des temps modernes. Tel est le motif qui semble justifier les considérations qui vont suivre.

 Revenus de l’abbaye.

Ces revenus peuvent s’établir d’une façon certaine de 1683 à 1741.
De 1683 à 1709, ils ne dépassent pas 2,000 livres qui suffisent, à 150 livres près en moyenne, aux besoins de l’abbaye. Pendant cette période de temps, les abbés avaient appliqué tout leur soin à remettre l’abbaye en possession des biens qui avaient été accaparés par des usurpateurs à la faveur des guerres de religion. Ils avaient même pris soin d’aller rechercher dans tous les fonds d’archives, et jusqu’en Angleterre, les titres et les documents qui permettaient de retrouver et de faire valoir en justice les droits des religieux. Et leurs efforts avaient été souvent couronnés de succès.

Aussi, à partir de 1709, les revenus de l’abbaye s’augmentent-ils, et dès 1712 les voit-on dépasser 5,000 livres. En 1712, ils sont de 6,666 livres 6 sols 2 deniers ; en 1734, de 12,251 livres 11 sols ; en 1738, de 22,342 livres 13 sols 2 deniers. Les années suivantes ils varient de 15,000 à 18,000 livres. Aussi pendant ces dernières années les revenus dépassaient-ils les dépenses de 1,000 à 1,500 livres en moyenne.

 Les dépenses de l’abbaye

Les dépenses consistaient en travaux de réparations et de constructions de l’abbaye, en fournitures pour la sacristie, en dépenses d’exploitation, de vêtements, de mobilier, de bibliothèque, de voyages, de médecins, d’œuvres charitables, dont les principaux traits seront mis en lumière dans les chapitres suivants.

La comptabilité était tenue d’une façon rigoureuse, sous la surveillance de commissaires et de vérificateurs délégués par la maison-mère de Clairvaux.

§ 10. — Vestiaire, bibliothèque, mobilier, table.

Les cisterciens de La Grâce-Dieu n’avaient pas conservé le rigorisme méthodique du costume des premiers représentants de l’ordre. Rappelons que les vêtements des « moynes blancs », comme on appelait les cisterciens, étaient, au xne siècle, la gonne ou étamine ayant quelquefois en dessous un pelisson sans manches pendant les mois froids, le scapulaire ou chaperon monastique, la robe appelée froc, et enfin la chape.
D’après les comptes ouverts aux religieux, aux xvi® et xvii® siècles, à La Grâce-Dieu, le costume habituel paraît se composer d’une robe, d’un chaperon, d’un scapulaire et d’une culotte. La couleur en paraît ordinairement blanche, bien que parfois se rencontrent le noir, le gris et le gris d’épine.
Dans les comptes de l’abbaye, on constate toutefois une assez grande variété de vêtements et d’objets de toilette.

En voici un résumé sommaire : Souliers, quelquefois à doubles et à triples semelles. — Pantoufles, bottes et bottines. — Chaperons et scapulaires en serge de seigneur, en étamine, quelquefois noire ; la serge est fréquemment employée.— « Caneçons de toile. » — Bas fins, bas de peaux, bas de Saint-Maixent, bas de laine, de coton, de coton de Troyes, bas de Ségovie, bas fins de Saint-Maixent. — Culottes de laine, de peau, de Saint-Lô (peut-être en finette), de drap, de doublure de peau, de peau de daim, de toile grise. — Chapeaux, les uns avec le cordon, chapeaux de demi-castor. — Robes de chambre. — Vestes de drap blanc, de finette de Saint-Lô, avec doublure, bougran et boutons ; vestes de toile grise, de lin doublé. — Robes d’étamine. — Ceintures de laine. — Justaucorps en serge de seigneur à 4 livres l’aune, quelquefois doublés. — Chaussons, bas et gants fourrés pour un père goutteux.— Bonnets de nuit. — Coules. — Chemises de toile. — Habits de campagne. — Manteaux. — Redingotes. — Chaussons de toile et de laine. — Mouchoirs ordinaires et mouchoirs des Indes. — Boucles d’argent pour le prieur Lequeux en 1733. — Gants de Ségovie. — Gilets de basin. — Guêtres. — Peaux de castor blanc et noir. — Montres avec cordons en étoffes.

Bibliothèque. — Les maisons religieuses avaient habituellement des bibliothèques assez importantes dont les épaves existent encore dans nos bibliothèques publiques, bien qu’un certain nombre de livres aient été certainement dispersés pendant les troubles qui agitèrent notre pays. II est donc difficile de dire en quoi pouvait consister la collection de livres de La Grâce-Dieu, à défaut d’inventaires qui ne nous sont pas restés. Les comptes des deux derniers siècles conservent cependant la mention des dépenses qui étaient faites à cette occasion. Voici la liste des livres avec leurs prix :

Traités de paix, 6 livres. — Dictionnaire de Richelet, 30 livres. — Catéchisme de Montpellier, 8 livres. — Théologie morale de Grenoble, 14 livres. — Sermons de Bourdaloue et de Massillon, 20 livres. — Rituel romain, 1 livre 15 sols. — Des Ordos à 5 sols l’un. — Des Jubilés à 12 sols. — Des Catéchismes à 5 sols l’un. — La nouvelle maison rustique, 12 livres 10 sols. — Des Colomba [1] et des étrennes mignonnes, à 3 livres 12 sols. — Un grand Missel in-folio, 22 livres. — Trois Processionnaires, 10 livres 10 sols. — Le tome premier de l’Histoire de La Rochelle, acquis en 1757, 12 livres, incontestablement l’œuvre du P. Arcère. — 21 volumes sans indication de titres sont acquis à Mlle Macaulif, au prix de 35 livres 15 sols. — Des Almanachs de La Rochelle. — En reliure, on dépense une fois 66 livres 6 sols pour des grands livres de chant, des psautiers et des graduels.

Les religieux recevaient en outre des périodiques, parmi lesquels nous voyons figurer la Gazette de France, en 1741, au prix de 5 livres, puis des Gazettes, Mercures et Journaux historiques fournis par le libraire Salvin.

Les différentes maisons religieuses de la région avaient d’ailleurs l’excellente habitude de se prêter leurs ouvrages ; c’est ainsi que l’on trouve sur les registres de comptabilité de l’abbaye de Charron [2], la mention de prêts faits aux religieux de La Grâce-Dieu. Ainsi,le 16 janvier 1689, Charron prête à dom Babin, de La Grâce-Dieu, l’Histoire de la ligue, par le P. Maimbourg, « in-duodecimo » ; le 9 mai 1688, deux volumes du P. Maimbourg au P. Dominique, augustin de La Rochelle ; — le lundi 1er novembre 1688, à dom Babin, de La Grâce-Dieu, les deux volumes du Calvinisme, parle P. Maimbourg, avec la mention qu’ils ont été rendus en janvier 1689. Le père procureur de Charron insère encore les mentions suivantes : « M. du Souchet, auprès de Moreilles, a entre les mains les deux volumes du Schisme d’occident du P. Maimbourg, que dom Clément lui avait prêtés dans
le temps qu’il demeuroit icy. J’ai presté l’esté dernier à M. le curé de Marans les œuvres de saint Ambroise, en deux volumes reliés en veau et in-folio. J’ay presté l’esté dernier au P. Dominique, augustin de La Rochelle, un livre in-quarto, relié en veau, intitulé Saint Augustin, victorieux de Calvin et Molina ; un autre in-octavo aussy relié en veau intitulé les Misteres de la Vierge, par le P. Birouart. »

Les frais de bureau consistaient en papier soit en mains, soit en rames, au grand cornet, en papier à lettres fin ou autre ; en encre, drogues à faire de l’encre, barils de noir, cire d’Espagne, « gannifs », boîtes de petits pains, plumes de Hollande ou autres et paquets de plumes.

Mobilier. — Il ne peut rentrer dans le cadre de cette étude de relever tous les objets de mobilier courant achetés pour le service de l’abbaye. Il est opportun toutefois d’indiquer, avec leurs prix, tous ceux qui touchent à l’histoire de l’art ou de la curiosité. En voici le relevé :

- 1683. Une fontaine d’étain, 6 livres.
- 1684. A M. Gilbert, payé pour la façon de six cuillers et six fourchettes d’argent, 25 livres 10 sols. — Trois pots à eau de faïence, 30 sols. — Un fusil, 8 livres.
- 1685. A une cavale malade, le maréchal fait prendre 4 onces et demi de giptiaca, egyptiaca ou egyptia (vert-de-gris ?), à 5 sols l’once.
- 1686. Un pot de terre pour faire la « petisanne » au P. Frigoule. — Une douzaine de serviettes fines, 5 liv. 5 s. — D’autres assez fines, 4 liv. 10 sols.
- 1710. Des brûlebouts. 3 sols.— Une grande nappe ouvrée, 12 liv. — Un lit avec son châlit de noyer, la garniture de cadis vert, une courte-pointe d’indienne, une catalogne, un matelas, un lit de plumes, un traversier et une paillasse, 160 liv. — Un autre lit avec châlit, matelas, lit de plumes, traversier, paillasse, tour de lit vert, 92 liv. — Un grand fauteuil garni de tripes de velours, 25 liv. — Une tapisserie de point de « Honguerie », 12 chaises peintes avec chacune leur coussin, et un grand miroir, 200 livres.
- 1711. Un râtelier à mettre des broches et un fusil au-dessus de la cheminée de la cuisine.
- 1712. Une demi-pièce de ruban aurore pour les rideaux, 6 livres 15 sols. — Une autre de ruban citron, 2 livres 14 sols. — Dix-huit aunes de ruban bleu, 1 livre 16 sols. — Une demi-pièce de ruban aurore pour border de vieux rideaux, 3 livres.
- 1713. Des pantoufles pour les hôtes, 5 livres.
- 1714. Deux sucriers de cristal, 24 sols.
- 1716. Un cabaret, six tasses avec leurs soucoupes, un tapis de drap violet, 15 sols.
- 1717. Des assiettes, des plats et une éguière d’étain, à 23 sols la livre. — La façon d’une armoire pour mettre les titres, 17 livres 10 sols.
- 1718. Des verres et six cloches, 11 livres 10 sols. — Une cloche de fonte, 3 livres 12 sols.
- 1721. Un tapis et deux couvertures de chaises de tapisserie, 23 livres. — Une cafetière de cuivre, 5 livres.
- 1723. Deux saladiers de faïence, 1 livre 16 sols. — Un pâté de terre, 2 livres 10 sols. — Un panier à mettre l’argenterie.
- 1724. Deux cannettes à huile et vinaigre, de cristal.
- 1725. Un flasque, 7 livres. — Deux fontaines, 30 sols. — Une douzaine de couteaux de table à manches d’ébène, 9 livres.
- 1726. Une pierre d’autel, 1 livre 10 sols. — Un fusil, 30 livres.
- 1729. Deux chandeliers de cuivre, 5 livres.
- 1731. Des mouchettes et porte-mouchettes d’argent « achée », 4 livres. — Six savonnettes, 12 sols. — Un fer à marquer, 3 livres 10 sols. — Une garniture de pistolets, 2 livres 1 sol 3 deniers. — Six écrans, 1 livre 10 sols.
- 1732. Deux écuelles de faïence et deux salières en cristal, 5 livres. — Deux chandeliers, deux mouchettes et deux porte-mouchettes d’argent, 19 livres.
- 1734. Une grande fontaine et son bassin de cuivre, 91 livres 10 sols.
- 1735. Un huilier de cristal, 3 livres 10 sols. — Un baromètre, 1 livre.
- 1736. Un fusil, 18 livres. — Deux chandeliers d’argent « achée » et le porte-mouchettes, 16 livres. — Six moules d’étain à faire la chandelle et deux cents mèches, 7 livres 15 sols. — Des traquenards en fer, 4 livres.
- 1737. Un cuisinier françaisi en trois volumes, 7 livres 10 sols. — Des balais des Iles, 4 livres 10 sols. — Un grand tapis de velours, 75 livres. — Des verres de Hollande. — Quatre binets d’argent aché, 5 livres.
- 1738. Quatre tableaux de la Chine, 14 livres. — Quatre chandeliers, girandoles et mouchettes, et pour avoir raccommodé ceux d’argent, 46 livres.
- 1739. Des paniers à pigeons. — Cinquante jetons d’ivoire. — Deux tapis de table et deux grandes râpes. — Cinq images et des cordes, 4 livres 12 sols.
- 1740. « À l’orlogeur » pour avoir raccommodé une montre, 9 livres. — Raccommodé une cane. — Un fouet de « balaine » et le cordon, 5 livres. — Une tabatière d’écaille, 6 livres. — Une tabatière d’écaille, à Poitiers, 4 livres 4 sols. — Une feuille de râpe et du noir de fumée, 1 livre.
- 1741. Trois paires de lunettes et étuis, 1 livre 16 sols. — A M. de Thurin, pour les meubles de feu M. l’évêque d’Angoulême, qui restaient dans le logis abbatial, 283 livres. — Lunettes, babouche, boîte à savonnettes et ruban, 8 livres 14 sols.
- 1755. « Au sieur Ganet, orfèvre à La Rochelle, pour un cachet d’argent, y compris la gravure, qui sont les armes et sceau de la maison, ledit cachet monté sur une poignée de bois des isles, 20 livres. » — Cent vingt-huit aunes de ras de Lusignan pour faire trois lits, à 42 sols l’aune. — Façon de vaisselle d’étain, à 38 sols la livre, et une livre d’étain de glace mise dans ladite vaisselle, 3 livres. — Un alambic de cuivre rouge acheté à Surgères, 26 livres. — Une garniture de deux lits de siamoise chinée avec leurs courtes-pointes et de quoi tapisser une chambre, y compris les garnitures, Fil, soie, galons, boucles et façon, 318 livres 9 sols. — Six tasses à café avec leurs soucoupes, un sucrier, une théyère à mettre le café, le tout fort propre, de la Chine, 18 livres 15 sols. — Deux paires de cannettes pour l’église. — Un grand nombre de pièces de faïence et de cristal. — Un fer à marquer les barriques d’eau-de-vie.
- 1757. Des mazarines. — Une douzaine de verres et des flacons de cristal taillé. — Une boule d’étain à mettre les herbes au pot. — Trois pièces de ruban jaune, trois onces de soie jaune et du galon pour trois garnitures de lit, à 11 sols la pièce de ruban et 50 sols l’once de soie. — Argenterie : A M. Michau, orfèvre à La Rochelle, 1.758 livres pour argenterie de table, consistant en vingt-quatre couverts, une grande cuillère à soupe, quatre cuillères à ragoût, une cuillère à olives, douze cuillères à café, une cuillère à moutarde et un porte-huilier ; le tout propre et gravé aux armes de la maison, de même qu’un sucrier et deux chandeliers, dont il faut rabattre 515 livres 8 sols ; la gravure de l’argenterie qui est à 62 livres 12 sols ; défalqué pour la vieille argenterie 579 livres, et la nouvelle avec la gravure à 1.821 livres 2 sols. — Une fontaine en cuivre rouge avec son bassin sur laquelle il y a les armes de la maison « sizellées » en relief, pesant trente livres, et sur le marché, la vieille fontaine. — Paulette à mettre autour des paniers du cheval de charge. — Boîte de fer battu à faire brûler le café, 2 livres. — Serrures de bois. — Deux sonnettes à mettre au cou des chevaux quand ils vont au bois, 2 livres. — Deux clairons ou sonnettes pour les vaches, 1 livre 4 sols. — Au maréchal de Saint-Sauveur pour une « égrusoire » qui est une espèce de poignée pour tirer la graine de chanvre, 5 livres. — Liège pour frotter les meubles.
- 1758. « M. Garneau, orloger à La Rochelle », une pendule ou « petit horloge », 150 livres ; vendu « le vieux », 48 livres : reste à 102 livres. — Quinze aunes de ras à 44 sols l’aune, pour rideaux de lit. — Demi-aune de drap vert, pour garnir une table. — Un quart de Lodève à faire une chausse pour passer la liqueur. — Quatre cafetières de terre, 1 livre 4 sols. — Port du tableau de l’Assomption, de Paris, 10 livres.
- 1762. Trois douzaines d’assiettes de faïence de Rouen, un huilier garni de cristal, six tasses grandes et propres à prendre le thé. — Etoffe jaune à faire deux lits. — Boule d’étain pour les malades, 10 livres. — Indienne pour les meubles de la chambre des hôtes, à 3 livres 10 sols l’aune. — Une table avec tapis de Turquie. — Une lampe de nuit avec la bougie pour M. le prieur, 3 livres. — Une pompe de cuivre pour soutirer le vin et l’eau-de-vie, 18 livres. — Quatre douzaines de pots de fleurs, à 4 livres la treizaine. — Huit chandeliers ou queux de fer blanc. - Deux grilles de râpe à tabac.

Table. — Les dépenses de la table étaient assez considérables. Il ne faut pas oublier en effet que la maison était ouverte aux passants, personnages de marque ou autres, et que les soins à donner aux hôtes étaient un des principaux devoirs des religieux. Les objets et le mobilier de luxe dont les traces se retrouvent dans le chapitre précédent, justifient cette habitude et donnent la raison des aliments choisis qui figurent sur les comptes de l’abbaye. A l’occasion, à l’abbaye de Charron, on prend soin d’indiquer les noms de ces hôtes de passage ; ici on n en prend point la peine, mais la preuve de ces visites ressort des obligations où se trouvent les religieux d’envoyer fréquemment chercher des provisions dans les villes voisines, La Rochelle, Marans et Surgères.

On peut relever, pour le plus grand profit des études économiques, un certain nombre des victuailles achetées par les religieux.

- 1678. Un demi-boisseau de châtaignes, 18 sols. — Un quarteron d’oranges, 4 sols et 5 sols.
- 1683. Les œufs valent 3 sols 6 deniers et 4 sols la douzaine. — Le fromage de Hollande, 4 sols 6 deniers la livre. Les bécassines, 1 sol pièce. — Le poulet, 3 sols 6 deniers. Deux boîtes de prunes Sainte-Catherine, 3 livres 10 sols.
- 1684. On y voit figurer des bécasses, des bécassines, des sarcelles et des oiseaux de rivière ; — des « sardaignes », à 10 sols le cent ; du saumon, des morues vertes ; des carpes, des macreuses ;— des pigeonneaux, des levrauts, des cailles, des vanneaux, des « railles » ; dix oranges tant de la Chine que de Portugal valent 20 sols ; — le tonneau de froment, 12 livres ; — le boisseau de seigle, 1 livre ; — le boisseau de sel, 45 sols ; — 4 livres 8 onces de sucre, 46 sols ; — la livre d’amandes, 7 sols ; — une demi-livre d’écorce de citron, 12 sols ; — vingt livres de viande, 3 livres 3 sols ; — le beurre, 5 sols la livre ; — la livre de poivre, 16 sols ; — la caille, 1 sol ; — l’huile de poisson, 3 sols la pinte ; — le pain, 3 livres la douzaine ; — la paire de poulets, 6 sols et 7 sols ; — les cerises, 16 deniers la livre ; — les oisons, 7 sols 6 deniers ; — la bécassine, 2 sols à 4 sols ; — le râle, 1 sol ; — la bécasse, 4 sols ; — les chappons, 9 sols.
- 1685. Les oiseaux de rivière sont à 6 sols ; — les poulets, à 6 sols ; les canots, à 5 sols ; les oisons, à 10 sols ; — la morue, à 13 sols la poignée ; — les « sardignes » à 22 sols le cent ; —le cent de « harang saurct », à 44 sols ; — le beurre, à 5 sols 6 deniers et 6 sols la livre ; — le sucre, à 8 sols 6 deniers la livre ; les amandes, à 6 sols la livre ; les figues, à 2 sols la livre ; la girofle et la muscade, à6 livres la livre ; du vinaigre, du verjus et de l’huile de noix ; — l’huile d’olive, à 8 sols la livre ; les fèves, à 12 sols le picotin ; des câpres (capes), â 7 sols 6 deniers la livre ; un baril d’olives, à 45 sols ; — le picotin de pois, à 7 sols 6 deniers ; le picotin de châtaignes, à 9 sols ; — des pommes, à 10 sols le cent.
- 1686. La viande vaut 2 sols 6 deniers la livre ; une tête de veau, 6 deniers ; — un ventre de veau, 6 sols ; une tête d’agneau, 3 sols ; — les poulets sont â 5 sols le couple ; les canets, à 6 sols ; les dindons, à 8 sols 6 deniers ; les cochons,â 12 livres ; les canards, à 4 sols ; les bécassines, à 1 sol 13 deniers : les œufs, à 3 sols 6 deniers et 4 sols 6 deniers la douzaine ; le beurre, â 5 sols 6 deniers la livre ; le sucre, à 9 sols la livre : la douzaine de harengs, à 6 sols : le quarteron de sardines, à 4 sols 6 deniers ; — des saumons ; des girolles, muscades, figues, raisins, amandes ; l’huile d’olive, à 8 sols la livre ; l’huile de noix, â 16 sols la pinte ; des pommes, à 18 sols 12 deniers le cent ; des cerises, à 5 sols 6 deniers et 8 deniers la livre ; quatre oranges, 4 sols ; des châtaignes, à 16 deniers le cent ; la baillarge vaut 12 sols le boisseau ; le seigle, 30 sols ; l’avoine, 10 sols ; le froment,40 sols ; la méture, pour les valets, 20 sols ; la jarousse, 30 sols, et la garobe, 30 sols ; :— le pain se paye au prix de 5 sols (sans indication de poids).
- 1710. — La viande vaut 3 sols la livre ; les chapons, 12 sols 6 deniers ; — les poulets, 4 sols ; un cochon de lait, 1 livre 5 ; — le beurre, 7 sols la livre en mars, 5 sols en mai, 6 sols en juillet ; les œufs, 4 sols la douzaine en janvier et 3 sols les autres mois ; le fromage de Hollande, 6 sols 6 deniers la livre ; comme poisson, des brochets, brochetons, carpes, tanches, morues, harengs blancs et sorets, raies, soles ; des « ouitres ». En mars, dix livres de raisins de cabas, à 8 sols la livre ; douze oranges, 48 sols ; deux livres de petits citrons, 2 livres 10 sols ; un panier de cerises, 33 sols.
Le sel se prend à Angoulins.
- 1716. Un baril de cuisses d’oies de Bordeaux, 4 livres 10 sols.
- 1718. Un baril d’eau-de-vie, 6 livres ; deux barils de six pintes chacun de sirop et liqueurs, port et emballage, 53 livres 11 sols.
- 1720. Eau-de-vie, 10 livres ; liqueurs, 12 livres.
- 1755. Viande à 4 sols la livre ; six livres café Moka, 12 livres ; six livres café des Iles, 5 20 sols la livre ; sucre, à 18 sols la livre.
- 1757. Pain, à 1 sol 9 deniers et à 2 deniers la livre ; viande, à 4 sols et à 4 sols 3 deniers la livre ; thé ; café, à 24 sols la livre ; huile de noix, à 12 sols la livre ; sel, à 85 sols le boisseau.
- 1758. Pain, à 2 sols la livre ; un cochon, 20 livres ; viande, à Surgères, à 4 sols 6 deniers la livre ; café, en carême, pour un religieux malade, à 21 sols la livre ; baillarge, à 45 sols le boisseau.
- 1762. Huit oranges douces, pour les malades, 1 livre 8 sols ; boîte de prunes de Tours pesant 27 livres et port, à 6 sols la livre ; demi-quarteron d’oranges douces, 1 livre 12 sols ; douze livres de café, 14 livres 8 sols ; deux bouteilles de sirop de limon et orgeat, 13 livres ; cassonnade blanche, à 22 sols la livre ; un boisseau pois verts et mogettes, 12 livres ; sel, a 40 sols le boisseau.

Voici en outre le relevé du prix du vin et des liqueurs achetés par l’abbaye. Le prix du vin est établi au tonneau.

- 1683. Vin rouge, 140 livres ; vin blanc, 84 livres.
- 1684. Vin rouge, 86 livres.
- 1685. Vin rouge, 60 livres.
- 1686. Vin rouge, 61 livres 10 sols et 46 livres 16 sols ; vin blanc logé, 36 livres.
- 1709. Vin rouge de La Roulière, 120 livres ; du Gué d’Alleré, 125 livres.
- 1710. Vin rouge de Ferrières, 178 livres ; vin blanc, 112 livres ; vin blanc de Benon, 120 livres.
- 1711. Vin rouge, 77 livres, — et 52 livres 10 sols avec pot-de-vin ; vin blanc et clairet, 55 livres ; râpé rouge, 66 livres.
- 1712. Vin rouge, 75 livres ; vin blanc, 30 livres.
- 1713. Vin rouge, 115 livres ; vin blanc, 68 livres.
- 1714. Vin rouge, 160 livres ; vin chauché, 132 livres.
- 1721. Vin rouge, 85 livres et 80 livres.
- 1722. Vin de La Foye-Monjault, 190 livres, 220 livres ; plus le pot-de-vin, qui est d’une pistolle, soit 10 livres pour six barriques.
- 1723. Vin rouge, 130 livres, 125 livres ; vin rouge de Benon, 125 livres ; vin blanc pour domestiques, 110 livres.
- 1724. Vin, 92 livres et 85 livres.
- 1725. Vin, 95 livres.
- 1726. Vin rouge, 101 livres 10 sols ; vin de Puyravault, 154 livres ; vin de Lousignac, 162 livres.
- 1727. Vin blanc, 50 livres ; — vin de Lousignac, 111 livres.
- 1728. Vin de La Rochénard, 104 livres 4 sols.
- 1730. Vin rouge de Beauvoir, 100 livres.
- 1731. Vin rouge de Beauvoir, 98 livres.
- 1732. Vin rouge, 85 livres.
- 1733. Un tierçon de vin, 6 livres.
- 1734. Vin rouge de Beauvoir, 97 livres.
- 1735. Vin rouge, 84 livres et 80 livres.
- 1736. Vin nouveau et vieux, 105 livres. — Vin vieux rouge, 124 livres.
- 1737. Vin rouge de Beauvoir, 140 livres.
- 1738. Vin rouge de Saintonge, 80 livres ; vin blanc, 80 livres.
- 1739. Vin rouge de Beauvais [3], en Saintonge, 156 livres ; vin blanc, 80 livres.
- 1740. Vin rouge de La Roche-Eynard, 132 livres ; vin rouge de Saintonge, 150 livres ; vin blanc, 44 livres. — Pot-de-vin pour tonneau, 6 livres. .
- 1741. Vin de Mauzé, 150 livres ; deux tierçons de vin de Jurançon, 102 livres. — Vin rouge, 180 livres.— Vin de La Foye-Monjault, 150 livres.
- 1755. Vin rouge de La Foye-Monjault, 80 livres.
- 1758. Trois tierçons de vin de Saint-Emilion, y compris les droits d’aide de 23 livres 16 sols, rendus à Marans, 119 livres 16 deniers.
- 1762. Vin chauché, de Périgny, 110 livres.

A quoi il y a lieu d’ajouter les achats suivants :

- 1709, un baril de trois pintes et demie de coriande, 5 livres 12 sols ;
- 1710, deux bouteilles de vin d’Espagne, 3 livres ; deux bouteilles de coriande et une de genièvre, 2 livres 10 sols.
- 1721, douze bouteilles de « guiniolet [4] » 12 livres ; un panier de vin de Champagne de « 120 bouteilles peur recevoir monseigneur notre révérendissime, dont on a beu 78, 140 livres ».
- 1722, vin de Frontignan, 21 livres 10 sols.
- 1728, bière, 20 livres 10 sols.
- 1730, baril de sirop de capillaire, 6 livres.
- 1732, quatre bouteilles de vin de Frontignan, 9 livres.
- 1734, une velte d’eau-de-vie, 3 livres 3 sols. — Un panier de vin de Champagne, 185 livres ; voiture dudit panier, 27 livres 6 sols ; douze bouteilles de vin de Frontignan, 24 livres.
- 1735, six pintes de fenouillette [5], 9 livres 4 sols ; six bouteilles de vin de Champagne et quatre de Frontignan, 22 livres 12 sols.
- 1736, vingt bouteilles de vin de liqueur, 38 livres 12 ; une bouteille de sirop de capillaire, 2 livres 12 sols ; un tierçon de bière, 1 livre 4 sols ; trente-deux bouteilles de vin étranger, 63 livres.
- 1737, six pintes de fenouillette, 9 livres 15 sols ; six bouteilles de vin de Frontignan, 12 livres ; une bouteille de « cirop », 2 livres 15 sols ; soixante bouteilles de vin de Champagne, 152 livres 5 sols.
- 1738, une bouteille de sirop de capillaire, 2 livres ; une barrique de vinaigre, 25 livres ; liqueurs, 22 livres ; six demi-bouteilles de vin de Canarie, 6 livres.
- 1739, quatre-vingt-deux bouteilles de vin de Champagne, 166 livres ; liqueurs, 18 livres.
- 1740, une bouteille d’eau de coing, 3 livres ; soixante-six bouteilles de vin de Grave rouge, a 10 sols l’une, 33 livres.
- 1741, une bouteille de liqueur, 2 livres 10 sols.
- 1755, vin de Malaga, ratafia, fenouillette et autres, 116 livres.

En l’année 1755 et les années suivantes, il est fait mention de la fabrication d’eau-de-vie par les religieux qui payaient pour droit annuel aux commis, à cette occasion, 7 livres 16 sols ; les brûleurs étaient payés à raison de 1 livre par jour ; d’autres journées, en 1762, sont payées au prix de 15 sols l une ; un tonnelier occupé au même travail pendant deux mois et demi, reçoit 10 livres par mois. En 1762, les religieux fabriquent 5 pièces ou 11 barriques d’eau-de-vie, et il leur faut trente-cinq journées pour ce travail.

§11. — Maladies.— Charges diverses.— Tabacs. —Voyages.— Postes. — Exploitation. —Jardins.

Au chapitre des maladies, figurent les noms des médecins, Clavery, de La Barde, Fouchereau, Landeau, d’Estrapièrc qui prend 40 livres pour un voyage de La Rochelle.
Les chirurgiens habituels de l’abbaye sont Godineau, de Benon, Guesdon, Cernin, La Faye, Pinzon et Chaboceau. En dehors des soins qu’on leur demandait, ils étaient chargés de « faire le poil », la couronne et les saignées. Ils prenaient 3 livres pour arracher une dent.
Le salaire du chirurgien est habituellement de 12 livres par an.

Les médicaments consistaient en « casse, senné, cristal minéral, sirop de noir prune, médecines, rhubarbe, thé, café, thériacalle, huile d’anis, noix vomiques, ptisanes, orviétan, baume, pierre vulnéraire, arsenic, thé Péco, huile de philosophe, huile de sapience, eau d’orange, eau de milice, huile de copahu, cristal minéral, quinquina, blanc de baleine, sel Seignette, eaux tirées d’Àvaille en Limousin pour monsieur le prieur.

Tabac. — La consommation du tabac ôtait assez considérable. Voici le relevé des livres à cet égard :
- 1731, 51 livres d’argent ;
- 1732, 45 livres ;
- 1733, 58 livres ;
- 1737, 33 livres 15 sols ;
- 1738, tabac d’Hollande, 70 livres 7 sols ;
- 1739, tabac d’Hollande, 86 livres 17 sols ;
- 1740, 80 livres ;
- 1741, tabac d’Hollande, à 56 sols la livre, 147 livres 3 sols.

Voyages. — Un chapitre des comptes est consacré aux voyages, tant des religieux, des visiteurs que des serviteurs de la maison, C’est La Rochelle qui est le but habituel, mais Poitiers, Surgères, Marans, ou encore les abbayes des Châtelliers, de Valence, de La Frenade, de Moreilles, de Charron, de Saint-Léonard des Chaumes, de La Boissière reçoivent la visite des religieux. Quand l’abbé était à Angoulême, on allait fréquemment dans cette ville ; aussi à Paris, à cause des nombreuses affaires portées au parlement ou au conseil du roi. En 1723, dom Lequeux et dom Favereau font une visite à Clairvaux. Quelquefois les religieux peuvent aller voir leur famille.
La somme donnée au voyageur porte parfois le nom de viatique.

Le 13 décembre 1740, les eaux étaient tellement hautes, que dom Didetot et les religieux qui l’accompagnaient, furent contraints de prendre des guides pour les conduire à Andilly et à Charron.

Postes. — La correspondance de l’abbaye ne paraît pas avoir été très considérable au XVIIIe siècle. Les comptes permettent d’établir le relevé suivant :
- 1710, 43 lettres et paquets ;
- 1711, 45 ;
- 1712, 57 ;
- 1713, 51 ;
- 1714, 48.
Le prix des ports est très variable, étant naturellement corrélatif à l’éloignement du point de départ. Ainsi, un exemple : quatre lettres coûteront, suivant les cas, 1 livre 14 sols ; 18 sols ; 1 livre 1 sol ; 1 livre 5 sols ; 2 livres 2 sols ; 1 livre 6 sols.
En 1717, une caisse pesant 29 livres venant de Bordeaux paye 4 livres 9 sols 6 deniers ; en 1718, une lettre de La Rochelle, 9 sols ; deux paquets venant de Paris, en 1755, coûtent 5 livres de port.

Au commencement du XVIIIe siècle, l’abbaye paraît dépenser en ports de lettres, de 40 à 50 livres par an. En 1739, toutefois, on paye 100 livres 9 sols à Mousseau, maître de poste à Courçon. En 1714, la seule correspondance avec M. le prieur, alors à Paris, avait coûté 100 livres.

Les maîtres de poste étaient les suivants : De 1719 à 1727, Luneau ; 1730-1737, Collon ; 1738, Collon et Mousseau ; 1739-1741, Mousseau ; 1755, Collon ; 1757-1762, Grégoyreau.

Ces maîtres de poste étaient vraisemblablement ceux qui faisaient le courrier de Paris, l’abbaye étant tout proche de la route royale de Paris à La Rochelle.

Personnel. — Ce personnel se composait de gens à gages et de journaliers. Dans la première catégorie rentraient les serviteurs suivants, dont les gages sont indiqués quand les comptes ont pu en fournir la mention.

C’étaient le cuisinier, aussi appelé cuisinier-boulanger, aux gages de 51 livres, 54 livres, 60 livres, 70 livres, 80 livres, 95 livres, 100 livres et 106 livres, suivant les cas ; le chasseur et garde, qui recevait habituellement 30 livres, quelquefois 36 livres et 50 livres ; le procureur fiscal, 10 livres ; le chirurgien ; le valet d’écurie, payé ordinairement 50 livres ; les domestiques, au nombre de trois parfois, 30 livres, 25 livres, 45 livres, 60 livres ; le choriste appelé à l’occasion choriste et valet d’hôtes, 30 livres et 53 livres ; les servantes et servantes de peine, 45 livres ; le jardinier, 60 livres, mais une année, 66 livres ; le garçon d’hôte, 30 livres ; le garde des bois, 30 livres ; les valets de peine, 50 livres ; la gouvernante, 45 livres et 50 livres ; la servante pour les brebis, 24 livres ; la cuisinière, 39 livres ; la lessiveuse, 30 livres. On donnait en plus aux membres du personnel des souliers, des chapeaux, des perruques, des paires de bas et des sabots.

Le chapitre des journaliers contient des données intéressantes au point de vue des salaires ; le détail en est bon à conserver ; le voici par années.

- 1685. Ouvrières, 7 sols par jour ; ouvriers, 8 sols ; tailleurs, 7 sols ; jardiniers, 7 sols ; faucheurs, 5 sols ; tonneliers, 15 sols ; femmes à vendanger, 4 sols.
- 1712. Jardiniers, 10 sols ; maçons, 15 sols.
- 1713. Manœuvres, 10 sols ; maçons, 15 sols ; tailleurs, 10 sols.
- 1714. Manœuvres, 15 sols ; tailleurs, 8 sols.
- 1716. Tailleurs, 8 sols ; ouvriers, 10 sols.
- 1717. Ouvriers, 5 sols.
- 1718. Ouvriers pour fumiers et terrassements, 10 sols ; tailleurs, 8 sols.
- 1719. Manœuvres, 12 sols.
- 1720. Tailleurs, 8 sols ; manœuvres, 14 sols et 12 sols.
- 1721. Journaliers, 6 sols, 10 sols, 12 sols ; charpentiers, 26 sols.
- 1722. Journaliers, 10 sols ; charpentiers, 20 sols.
- 1723. Journaliers, 12 sols.
- 1724. Journaliers, 10 sols et 12 sols ; charpentiers, 1 livre 4 sols.
- 1725. Maçons, 1 livre ; charpentiers, 1 livre ; lessiveuses, 5 sols.
- 1726. Charbonniers, 1 livre.
- 1728. Bûcherons, 1 livre ; lessiveuses, 5 sols ; lingères, 4 sols ; vendangeurs, 12 sols.
- 1730. Lessiveuses, 6 sols ; journaliers, 8 sols.
- 1731. Lessiveuses, 5 sols ; couturières, 8 sols ; journaliers, 13 sols.
- 1732. Journaliers, 9 sols ; vendangeurs, 18 sols ; carreyeurs, 1 livre 10 sols.
- 1734. Maçons, 1 livre, 2 livres.
- 1739. Complanteurs [6] , 15 sols ; lessiveuses, 5 sols.
- 1755. Tonneliers, 15 sols ; lessiveuses, 5 sols ; tailleurs, 8 sols ; manœuvres, 10 sols.
- 1757. Tailleurs, 8 sols ; charpentiers, 15 sols ; maçons, 15 sols et 18 sols ; jardiniers, 10 sols ; charrons, 18 sols ; menuisiers pour façon de bois d’ouvrages, 1 livre ; femmes pour les fossés, 8 sols ; faucheurs, 10 sols ; tonneliers, 1 livre 1 denier.
- 1758. Charpentiers, 15 sols ; charrons, 18 sols ; faucheurs, 12 sols ; maçons, 18 sols ; manœuvres pour répandre du fumier, 10 sols ; vendangeurs, 13 sols ; complanteurs, 15 sols.
- 1762. Lessiveuses, 6 sols ; breyeuses de lin, 5 sols ; flasqueuses, 6 sols ; feneuses, 7 sols ; charpentiers, 15 sols ; vendangeurs, 13 sols et 15 sols ; maçons, 18 sols ; goujats, 15 sols ; tailleurs de pierres, 15 sols ; manœuvres pour battre le froment, 12 sols ; jardiniers, 10 sols et 12 sols ; manœuvres, 20 sols ; bûcherons, 20 sols.

Exploitation. — L’exploitation des métairies et notamment de celle qui était appelée La Basse-Cour, constituait une dépendance immédiate de l’abbaye et occasionnait de grosses dépenses.

Le personnel se composait habituellement d’un toucheron, d’une servante de peine, d’une bergère, de trois valets de charrue, d’un vacher, d’un petit vacher. Le salaire des hommes varie de 45 livres à 80 livres ; celui des femmes, de 36 livres à 50 livres, plus des salaires accessoires, tels que fournitures de sabots, deniers à Dieu, etc.

Parmi les instruments d’exploitation, on voit figurer quantité d’objets connus, dont quelques uns, au moins pour le nom qu’ils portaient, méritent un souvenir ; ce sont les charrettes, les garde-oreilles, courbatons, boutons de chalots, boutons de bideau, curoux, coutres, muettes, achaux, tairières, lies, jantes, rayes, baterelles, grèles, bernes, chartious, aiguilles de charrettes, maïles, chaîneaux, esses, charruages, étréels, housses de cheval, étrieux, surfaits, enferges, boissettes, caparaçons, maquichons (ou maquichous), petites poches de selles, éperons, sangles et contre-sanglons, paires de bottes molles, trousses en drap violet, joulles ou attaches à lier les bœufs, surfais de selles, selles de maître pour M. le prieur, etc.

Le cheptel se composait de bœufs dont le prix varie de 135 livres à 180 livres ; de vaches, de 30 livres à 50 livres ; de moutons, à 3 livres ; de jeunes moutons, à 2 livres ; de jeunes brebis, à 2 livres ; d’ouailles, à 2 livres ; d’agneaux, à 1 livre ; de veaux, à 43 livres ; les chevaux sont payés 120 livres, 180 livres et 235 livres ; les juments, de 100 livres à 250 livres ; de petits cochons, 12 livres.

On paye pour faire saillir, « servir » ou « couvrir » les juments, 3 livres en moyenne ; pour faire couper la queue à une jument, 1 livre 4 sols ; pour « faire » un cheval et garnir deux fois une truie goronnière, 2 livres 5 sols ; pour couper un cheval et tourner un veau, 12 livres ; pour couper un jeune cheval de trois ans, 6 livres.

Il paraît piquant de noter les noms que l’on donnait au bétail en général et aux boeufs en particulier.

Conformément à un vieil usage, on appliquait le nom d’aumailles, bêtes aumailles, aux bêtes à cornes ; aux brebis, celui de bellinaille ou bélinail. Une jeune vache est appelée beude, et un jeune veau, un bedet, expressions encore employées d’ailleurs en Aunis ; un beudet tetron, et une tore d’un an « qui devenait fille » figurent aussi dans les comptes.

Une paire de vieux bœufs « coyreaux » désigne une paire de vieux bœufs « ruinés » qu’on change pour des jeunes avec un retour. Par troupeau de brebis il y avait un « brelau ».

Les bœufs portent privativement les noms de Cholet, Brunet, Février, Nouzillet, Marjollet, Dieulegard, Brichet, Tardy, Fro-menty, Luneau, Violet, Nobliet (prononcé Nobiet en Aunis), Joly, Gaillard, Cadet, Roquet, Turpin, Rouzeau, Rouzet, Rossignol, Rouet, Matelot, Mareschaux, Estourneaux, Arondeau, Chastin ; les vaches sont appelées Rouzée, Alouette, Rozette.

Les semences employées dans les métairies, coûtent : le froment, 103 livres le tonneau, 140 livres (1757) ; la baillarge, 46 livres (1733), 86 livres et 90 livres (1758) ; l’orge, 40, 60, 76 livres ; 44 livres (1732) et 33 livres 6 sols (1757) ; le lin, 2 livres le boisseau ; la garobe, le même prix ; l’avoine, 30 et 31 livres le tonneau ; puis 50 livres(172û), 37 livres (1721), 42 livres(1722), 54 livres (1723), 52 livres (1724), 38 livres (1728), 50 livres (1730).

Les charretées de rouche se payent de 1 livre à 2 livres 10 sols ; les charretées de fumier, 1 livre ; de foin, de 15 à 20 livres ; de paille de froment, 8 livres ; une pochée de son pour les volailles vaut 1 livre 9 sols.

Jardins. — Les arbres et arbustes employés dans les jardins sont les ifs, buis, espaliers, sauvageons, poirasses, charmilles à 12 sols le plant, arbres d’Orléans à 18 livres les six douzaines, jasmins d’Arabie, noyers, arbres de Tours et de La Rochelle, à 10 sols en haute tige et 4 sols en basse tige.

Les antes constituent une grosse dépense des jardins : vingt-quatre pieds d’antes poiriers coûtent 4 livres 11 sols ; cinquante-cinq antes à fruits tant hautes que basses, 25 livres.

Parmi les légumes, on rencontre des asperges à 4 livres 10 sols le cent ; des choux-fleurs, choux cabus, choux pommés ; des pois, oignons, échalotes, fèves ; du mil, du chanvre, de 2 livres à 5 livres 15 sols le boisseau ; du céleri, des laitues.
On achète des pots pour faire blanchir la chicorée, et trois douzaines de pots à mettre des fleurs au prix de 6 livres.


[1Colombat, almanach qui avait pris son nom de son éditeur.

[2Archives départementales de la Charente-Inférieure, H. 21-23. Reg. fol. 3, 4, 5.

[3Beauvais-sur-Matha

[4Liqueur faite avec des guignes. Du guignolet. Voir Littré.

[5La fenouillette, faite avec la graine du fenouil (Anethum fœniculum, Lin.), était une liqueur très en vogue jusqu’au commencement du siècle et analogue à l’anisette. La plus prisée était celle qui se fabriquait à l’ile de Ré.

[6Les complanteurs étaient ceux qui étaient chargés de planter la vigne.

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