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1794 - Fête de la Raison à Saint-Sulpice de Cognac

mardi 12 janvier 2016, par Pierre, 511 visites.

Mars 1794. A Saint-Sulpice de Cognac, rebaptisé Sulpice-l’Antaine (la rivière l’Antenne qui traverse la commune), c’est encore l’enthousiasme des débuts de la Révolution. La fête de la déesse Raison, dans l’église, est un grand moment de liesse populaire.

Source : Bulletin de la Société des archives historiques de la Saintonge et de l’Aunis T III – 1880-1882

La commune de Saint-Sulpice, canton de Cognac, appelée Sulpice-l’Antenne pendant la révolution, inaugura le temple de la Raison le second décadi de germinal an II [9 avril 1794]. La déesse est nommée dans le procès-verbal de la fête, resté inédit jusqu’à ce jour, et dont voici la reproduction

« Procès-verbal de la fête de l’inauguration du temple de la Raison, célébrée à Sulpice-Lantaine, ci-devant Saint-Sulpice, le second décadi de germinal, deuxième année républicaine.

 » A l’imitation de nos frères et braves républicains de la société populaire, les autorités constituées et autres citoyens, sans culottes montagnards de la commune de Cognac, le conseil général de Sulpice-Lantaine, ci-devant Saint-Sulpice, méditant depuis longtems une fête à la Raison, il arrête qu’elle seroit célébrée dans le courant du mois de germinal. Le dix.dudit mois, jour de décadi, un membre monte à la tribune, annonce au peuple assemblé les préparatifs de cette fête auguste. Tous les citoyens se sont voués à satisfaire aux ordres qu’on leur donneroit pour aider à construire la montagne qu’on se proposoit d’édifier. Le conseil général adopte les propositions du citoyen Prunier, commandant en second du 4e bataillon de Cognac, pour que l’édification de la montagne fût de suite commencée, pour que la fête fût célébrée le décadi suivant, vingt germinal.

Les citoyens, redoublant d’activité pour cette fête civique, se sont rendus aux ordres qu’on leur a donné pour aider de leur travail à cette opération, sous la conduite du citoyen Prunier qui, par ses talens et son zèle, a réussi dans ses projets et fait l’admiration de tous les citoyens des différentes communes qui ont assisté à cette fête, touché les cœurs, élevé leurs âmes, et voyent, par son ensemble, l’entière destruction du fanatisme, renversé les autels de la superstition et des anciens préjugés, anéanti l’aristocratie et montré le spectacle heureux de jouir des délices de la liberté, de l’égalité, de l’union et de la fraternité.

Ledit jour, vingt germinal, à neuf heures du matin, le conseil général, les citoyens et citoyennes assemblés dans la cour de la maison commune, se mirent en marche pour se rendre au temple de la Raison. La citoyenne Busquet, représentant la déesse, vêtue de blanc, décorée de rubans tricolors, sa tête ornée de fleurs, un grand manteau de taffetas blanc flotant sur ses épaules, tenant à la main une branche de laurier, accompagnée de quantité de jeunes citoyennes aussi vêtues de blanc, ayant pour ceintures des rubans tricolors et tenant aussi à la main une branche de verdure, se présente à la tête de l’assemblée, escortée d’un picquet de la garde nationale armé de picques.

Les tambours, battant aux champs, se mirent en marche pour se rendre au temple. Suivoit de suite le corps municipal décoré de ses écharpes, marchant sur deux de hauteur, accompagné du citoyen Busquet, juge de paix du canton. Ensuite étoit la compagnie de l’Espérance, qui avoit en tête le citoyen Brossard, vétérant, qui la commandoit. Ensuite marchoit la compagnie des vétérans sur quatre de hauteur.
Suivoit la garde nationale dont les officiers faisoient observer le plus grand ordre et un profond silence. Un grouppe nombreux de citoyens et citoyennes de différentes communes réunies marchoient en masse à la suite pour avoir part à la fête sublime que nous allions célébrer, dont tous les cœurs étoient émus de joie et chantoient avec enthousiasme des hymnes patriotiques.

 » La ci-devant église, servant aujourd’hui de temple, étoit entièrement gazonnée de mousse et, au milieu de l’ancien chœur, s’élevoit une montagne d’environ quinze pieds de hauteur, ornée tout autour de différentes verdures. Y étant arrivés, la Raison paraît sur la montagne, accompagnée du citoyen maire de la commune et de quatre jeunes citoyennes. Le conseil général et le juge de paix prennent place au bas de ladite montagne, faisant face à la Raison, la compagnie de l’Espérance suivant, portant pour enseignes différentes bannières sur lesquelles étoient écrits plusieurs emblêmes analogues à la jeunesse et aux circonstances. Ensuite venoient la compagnie des vétérans, la garde nationale et le grouppe entier des citoyens et citoyennes dont chacun a pris sa place dans le plus grand ordre.

 » Le citoyen Poiraut, officier municipal, chargé de rendre hommage à la Raison, s’avance et dit en ces termes « Le conseil général de Sulpice-Lantaine se présente aujourd’hui pour rendre son hommage à la Raison. Plaise à l’Être suprême les maintenir dans la justice et l’équité pour l’exécution des lois, la prospérité de la patrie, mériter la bienveillance de la nation, la liberté et l’égalité. Les cris de « Vive la République Vive la Nation la Montagne » ont été plusieurs fois répétés.

Un des officiers municipaux est monté à la tribune et a fait lecture des lois qui leur ont été adressées. A la suite de cette lecture, la Raison a prononcé un discours analogue à la fête qu’on célébroit. Son discours fini, les cris souvent répétés par l’assemblée « Vive la République ! la montagne ! la liberté ! l’égalité » se sont fait entendre avec allégresse.

 » Le citoyen Busquet, juge de paix du canton, a monté à la tribune, a prononcé un discours dans lequel il a expliqué les motifs de la fête de la Raison, avec des instructions civiques de se comporter en bons patriotes et vrais républicains. Ce discours fini, la Raison a chanté différentes hymnes patriotiques et, à la fin de chacune, les cris ont souvent été répétés de « Vive la République ! la montagne ! la liberté ! l’égalité !

Ensuite, plusieurs citoyens et citoyennes ont aussi chanté plusieurs hymnes dédiées à la patrie ; et l’assemblée a répondu avec enthousiasme et répété, à la fin de chaque hymne, des cris de « Vive la nation ! »

 » La cérémonie finie, le cortège est sorti dans le même ordre qu’il étoit entré, la Raison à la tête, accompagnée du maire. L’assemblée entière a fait le tour de l’arbre de la liberté et s’est rendue en bon ordre à la maison commune, et on a retourné au temple en chantant différons airs patriotiques, où, étant rendus, un repas frugal et champêtre a été servi. Chaque citoyen étant réuni s’est partagé les mets communs avec fraternité, en répétant ensemble de vivre avec union et amitié. A la fin du repas, plusieurs citoyens et citoyennes ont dansé au son de quelques instrumens champêtres. Cette fête a fait l’admiration de l’assemblée, qui s’est vouée mutuellement l’amitié fraternelle.

 » J. ANGEVAIN, maire. J. MORILLAUD, secrétaire-greffier.

Transcription : Pierre Collenot

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