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1872-1900 - Le Phylloxéra en Charente et Charente-Inférieure

En 1874 l’Académie des Sciences fait l’inventaire de l’épidémie. Elle en est à ses débuts

lundi 9 mai 2022, par Pierre, 1075 visites.

Les tout premiers symptômes de la présence du Phylloxéra en Charente datent de 1872 dans la région de Cognac et se répandent en Charente et en Charente-Maritime à partir de 1873. En 1874, la situation commence à être alarmante. Pour sauvegarder leur réputation, beaucoup de vignerons sont tentés de dissimuler l’état réel de leurs vignes. Le rapport de Maurice Girard, de l’Académie des sciences est méthodique. Il laisse imaginer la catastrophe qui s’annonce.
En 1875, la production viticole française atteignait 84,5 millions d’hectolitres. Elle chute à 23,4 millions en 1889.
L’épidémie prendra fin avec le remplacement des plants d’origine par des plants américains. Elle s’achèvera en France vers 1900.
Encore aujourd’hui plusieurs pays sont atteints par l’insecte voyageur (Turquie, Australie et Nouvelle-Zélande)

Mémoires présentés par divers savants a l’Académie des Sciences de l’Institut de France, et imprimés par son ordre
Tome vingt-cinquième deuxième série
Paris
Imprimerie Nationale
M DCCC LXXVII
Source : Google Livres

Études sur la maladie de la vigne dans les Charentes, par Maurice GIRARD, de l’Académie des Sciences.

CHAPITRE PREMIER. INDICATIONS GÉNÉRALES SUR LES VIGNOBLES DES CHARENTES.

L’invasion du Phylloxéra dans les Charentes, qui remonte à plusieurs années, présente un caractère de gravité considérable pour l’avenir, en raison de circonstances particulières à ces départements.

La faveur croissante qui s’attache, dans le monde entier, aux eaux-de-vie dites de Cognac, a amené progressivement la culture en vignobles de terres autrefois plantées en forêts, ce qu’indiquent les noms déçois, de Borderies (confins des bois), donnés aux anciens défrichés et aux produits alcooliques qui en proviennent, par opposition à celui de Champagne (campus, champ), désignant les régions cultivées en vignes, en céréales, en fourrages et légumes depuis un temps immémorial.

L’absence actuelle des nombreux rideaux de bois qui existaient jadis est la cause de l’extension rapide, foudroyante parfois, de l’insecte destructeur. Les vignes formant une série non interrompue de cultures offrent toujours aux femelles ailées d’août et de sep­tembre une alimentation et un asile propice pour leurs pontes ; de là, dans les étés secs et chauds surtout, comme celui de 1874, la propagation assurée et rapide de la funeste espèce. Partout, au contraire, où existent de grandes étendues de forêts ou de prairies, les femelles ailées ont chance de rencontrer des végétaux impropres à nourrir l’espèce, et le plus grand nombre, toutes même le plus souvent, doivent mourir, épuisées et faméliques, sans force pour arriver jusqu’aux vignes éloignées. Aucun remède actuel ne peut être apporté à ces conditions de culture. Le béné­fice a été toujours croissant, soit en eaux-de-vie, soit en vins de pays, recherchés en nature depuis plusieurs années, et emportés par le roulage dans les départements limitrophes, surtout dans*le Limousin, en raison de la cherté de cette boisson alimentaire. Aussi cultive-t-on aujourd’hui en vignes les terrains les moins favorables par leur sol ou par leur exposition, car on a reconnu qu’une seule année de récolte compense les pertes de plusieurs années de gelées.

La nature du terrain, le plus souvent caillouteux et calcaire, est une autre cause de la rapide propagation du mal, les terrains argi­leux et mouillés étant atteints moins aisément. Les sols légers et perméables sont, en effet, les meilleures conditions pour que les insectes aptères puissent pénétrer par toutes les fissures et arriver le plus vite possible aux racines encore saines. En outre, toute fa­cilité est donnée aux nymphes pour monter à la surface, déployer les ailes enveloppées dans les moignons de cette période transi­toire, et fournir en grand nombre ces femelles aux ailes fortement nervulées, essaims de désastre qui peuvent s’envoler même dans un air calme et se servir des vents comme auxiliaires, mais non comme d’indispensables véhicules.

Il est nécessaire de faire remarquer aux inventeurs si nombreux de remèdes contre la maladie de la vigne que les Cbarentes ne se trouvent pas dans le même cas que les riches vignobles de l’Hé­rault, ou du Médoc et de la Bourgogne, ces deux dernières caté­gories encore heureusement indemnes (en 1874 du moins). Quand le vignoble rapporte un fort revenu à l’hectare, il est hors de doute que les propriétaires n’hésiteront pas à faire tous les sacrifices pécu­niaires, s’il leur reste encore un bénéfice rémunérateur plus élevé que celui offert par d’autres aménagements ; mais que répondre à ces nombreux cultivateurs des Charentes, pour lesquels l’hectare de vigne représente seulement quelques centaines de francs de revenu net annuel ? Ils se refuseront aux dépenses que des régions plus favorisées pourront accepter. C’est surtout pour les Charentes que les personnes qui poursuivent le problème difficile de guérir les vignes doivent se pénétrer du texte si sage de la loi, qui exige, pour la haute récompense votée éventuellement par l’Assemblée nationale, non-seulement un remède efficace, mais un remède éco­nomique. [1]

Loin de moi la pensée de décourager les tentatives si dignes d’estime de tant de personnes qui effectuent de grandes dépenses dans les essais préliminaires de leurs inventions. Je trouve même, au sein des Sociétés savantes et agricoles, une certaine prévention fâcheuse à l’égard de leurs propositions. On parait enclin, et à tort, à accueillir avec défaveur ce que viennent dire des hommes convaincus de l’excellence de leur système, du mérite de leurs procédés de destruction, quand on reconnaît qu’il y a chez eux l’espoir d’une rémunération fort légitime. Il est peu probable qu’on doive espérer la guérison de nos vignes de la seule philan­thropie , de l’amour désintéressé du bien public ; ici comme ailleurs, il faut se soumettre aux conditions de l’humanité. Aussi je regrette que la station de Montpellier soit encore la seule officiellement
consacrée aux expérimentations premières des inventeurs. Malgré le zèle au-dessus de tout éloge que montre à cet égard la Société d’agriculture de l’Hérault, il est certain qu’elle est débordée parle travail qui s’impose à elle et l’insuffisance de ses ressources. Il me parait indispensable, dans notre pays, dépourvu d’initiative per­sonnelle, que l’administration inaugure au plus tôt de nouveaux laboratoires et de nouveaux vignobles d’expérience. Les inventeurs y trouveront une facilité plus grande, sans déplacements aussi con­sidérables pour beaucoup d’entre eux. Maintenant que le mal a envahi de nombreux départements, et remonte au Nord de chaque côté du plateau central, il faut opérer avec d’autres conditions de climat, de sol, de cépages, que dans l’unique et insuffisant vignoble du mas de la Sorre. Il est très-utile pour tous que des procédés d’une inefficacité certaine puissent être tout de suite abandonnés, et que les cultivateurs soient mis promptement en garde contre les audaces du charlatanisme. Aussi je ne cesserai de demander l’ins­tallation de ces laboratoires en quelque sorte publics, obligatoire­ment accessibles à tous. Trop souvent les inventeurs viennent frapper aux portes d’établissements privés, et se plaignent avec vé­hémence qu’on n’encourage pas leurs tentatives. Ils ont à la fois tort et raison. Les laboratoires privés, comme celui qui est dû à l’intelligente prévision du Comité de Cognac, ont un droit absolu et naturel, celui d’admettre ou de refuser à l’essai les divers sys­tèmes qui sont proposés tous les jours. Ils sont destinés à des re­cherches inspirées par leurs fondateurs ; mais, pour empêcher toute plainte, l’établissement des autres expériences dont j’ai parlé me semble aussi rentrer dans la justice et dans l’intérêt gé­néral.

Mais je crois nécessaire de recommander à tous les réflexions suivantes. Il faudra renouveler par intervalles les moyens destruc­teurs du Phylloxéra, car le mal reparaîtra au bout d’un certain temps. On oubliera toujours quelques vignes ; des racines lointaines et des lambrusques égarées conserveront l’insecte, qui, avec sa fé­condité désastreuse et sous l’influence d’un été propice, reprendra ses anciens domaines. Donc il faudra de nouveaux frais pour l’ap­plication répétée du remède. La question redoutable à l’égard des insectes destructeurs est l’absence d’une loi obligatoire et générale. Il y a des propriétaires récalcitrants qui s’obstinent, ou par avarice ou par suite de systèmes préconçus, à conserver chez eux les fléaux, et qui envoient naturellement ensuite chez leurs voisins les insectes nuisibles, à la destruction desquels ils s’opposent. C’est ce qui empê­chera jusqu’à nouvel ordre la diminution sensible des hannetons [2] et nous explique l’apathie de tant de propriétaires, dont les champs, après un ramassage onéreux, finissent par être aussi ravagés que les cultures limitrophes, les insectes se jetant toujours sur la pâture la plus fraîche.

La question du Phylloxéra dans les Charentes se complique encore d’un autre élément défavorable. Beaucoup de terres sont impropres à d’autres cultures qu’à celle de la vigne, et bien des villages où les cultivateurs sont dans une aisance qui atteint souvent la richesse subiront, au contraire, les atteintes d’une gêne cruelle, si la vigne vient à leur manquer. Dans beaucoup de loca­lités où mes investigations m’ont conduit, j’ai été frappé des graves qu’entraînera une mise en culture autre que celle du vignoble, quand la nature du sol n’y mettra pas un obstacle absolu. Je ne veux pas entrer dans cette question irri­tante du Phylloxéra cause ou effet, qui stérilise tous les efforts depuis le début du mal, et qui paraît véritablement une maladie de notre esprit national, car elle a été soulevée dans des termes presque identiques au début de l’apparition de l’oïdium, ainsi que le prouvent tant d’écrits publiés à cette époque, notamment dans le Bordelais. [3] Il est toutefois indispensable de faire remarquer aux partisans de la régénération de la vigne par les engrais toutes les difficultés qu’ils rencontreront dans les Charentes pour l’appli­cation de leurs systèmes. En effet, les paysans charentais ne fument pas leurs vignes, craignant, disent-ils, d’altérer la finesse exquise de l’eau-de-vie. Aucun engrais n’y est apporté quand elles sont cultivées en plein, et elles ne profitent de l’engrais que d’une façon indirecte partout où elles sont plantées en rangées, qui alternent avec des céréales, des fourrages artificiels, des pommes de terre, etc. Aussi le bétail est-il très-peu abondant, et l’on comprend tout de suite quels déboursés premiers et con­sidérables exigera le remplacement des vignes, si la science ne parvient pas à empêcher cette terminaison désastreuse. Beaucoup de cultivateurs des Charentes ne donnent aux vignes que les fa­çons indispensables, se préoccupent peu des herbes parasites qui poussent en tant d’endroits entre les ceps et à leur détriment. On a moins de produit, c’est vrai ; mais la dépense est réduite au mi­nimum, et la perte aussi, en cas de gelée.

Je ne prétends nullement approuver de pareils errements, mais ils existent, et rien n’est plus difficile à détruire chez le paysan que la routinière habitude. Il faut bien remarquer aussi que nos eaux- de-vie des Charentes, excellentes et sans rivales, ne peuvent pas supporter une augmentation de prix trop exagérée. Malgré la faveur si justifiée avec laquelle les accueille le marché étranger, principale­ment l’Angleterre, l’Amérique, la Russie, la consommation s’arrête­rait devant une exigence trop grande des producteurs. Les autres pays vinicoles amélioreraient leurs procédés distillatoires ; on per­fectionnerait les alcools qui n’ont pas le raisin pour origine, et l’on délaisserait une denrée trop chère.

Je ne crains pas de présenter au début ces considérations, un peu sévères au gré de quelques personnes, parce que je crois que la vérité est mon devoir absolu, parce que j’estime assez haut les efforts des savants et le patronage éminent que l’Académie des sciences accorde à la question du Phylloxéra pour oser montrer le mal tel qu’il est. La vie de l’humanité, c’est la lutte de tous les jours ; aux nouveaux fléaux le génie de l’homme répond par de nouvelles découvertes.

Après ce préambule se placent naturellement une étude géogra­phique et géologique sommaire des Charentes, au point de vue vi- nicole, et l’indication des principaux cépages.

Les vignobles des Charentes fournissent la matière première d’un commerce unique dans le monde entier. Leurs eaux-de-vie ont tous les peuples pour tributaires, et, par l’exportation univer­selle, restent indépendantes de toute crise locale. La guerre dé­sastreuse de 1870 n’a pas empêché la prospérité de ces régions privilégiées, et l’imbécillité populaire accusait les gros négociants d’avoir peur et de sauver chez l’étranger les barriques amoncelées dans leurs chais, quand il s’agissait simplement de la livraison des commandes du dehors.

C’est le terroir, bien plus que le cépage, qui fait l’eau-de-vie, et cela doit rassurer contre les espérances de contrefaçon. Il est bien douteux, si le Phylloxéra devait arriver à détruire le vignoble charentais, qu’on puisse retrouver en aucun pays, et même en suivant les procédés minutieux de la distillation en usage dans les Cha­rentes, une liqueur pareille à la bonne et véritable eau-de-vie de Cognac. Le sol ajoute au glucose des raisins certains principes des­tinés à adoucir le liquide alcoolique, et à lui donner un arrière- goût parfumé, tandis que de légères doses d’essences infectes rendent impotable le même liquide provenant des betteraves ou des pommes de terre.

Les limites géographiques des territoires à eaux-de-vie ne peuvent se préciser rigoureusement sur une carte, et varient sou­vent d’un vignoble au vignoble voisin, suivant les conditions de son exposition ; c’est la dégustation des courtiers parcourant les campagnes pour les achats chez les vignerons, bouilleurs de cru, qui établit la classification principale.

Elle est en outre en rapport, d’une manière générale, avec les conditions géologiques des couches superficielles du terrain.

La Grande Champagne, d’où provient l’excellente liqueur dite fine champagne, est comprise entre le Né et la Charente, d’une part, et, d’autre part, une ligne sinueuse allant sensiblement de la Ma­deleine à Jarnac ; le centre géographique de ce territoire se trouve à peu près à Segonzac. Elle renferme la partie méridionale de l’arrondissement de Cognac, c’est-à-dire les coteaux qui, entre Segonzac et Barbezieux, courent parallèlement à la Charente, et forment une bande continue jusqu’à la rivière du Né. La partie com­prenant les territoires de Blanzac, Archiac, Echebrune, Pérignac, est classée généralement, comme qualité de l’eau-de-vie, dans la Petite Champagne. Le sous-sol est toujours calcaire, et appartient surtout aux couches friables de la craie supérieure (étage cam- panien de Coquand), caractérisées par ï’Oslrea vesicularis. Dès que le sous-sol se mélange d’argile ou de sable, les eaux-de-vie prennent un goût moins fin.

La Petite Champagne est surtout renfermée entre le Né, la Cha­rente, la Seugne et son affluent le Trèfle. C’est la plaine crayeuse qui, depuis Cognac jusqu’à Châteauneuf, forme une dépression limitée, au sud, par les coteaux de la Grande Champagne, et, au nord, par le bourrelet rocheux qui domine la Charente et la borde sur sa rive gauche jusqu’à Châteauneuf. On peut lui donner à peu près, comme confins extrêmes, Barbezieux au sud, Jurignac à l’est ;
elle rejoint la Charente vers Mosnac, comprenant Saint-Même, Châ­teauneuf, Malaville, Nonaville, Saint-Médard, etc. Le terroir est sur­tout formé par les couches crayeuses inférieures aux précédentes, et constituant l’étage santonien de Coquand, ayant pour fossile dia­gnostique le Micraster brevis. Le commerce admet des catégories variées dans les eaux-de-vie dites de Champagne i ainsi on nomme moyenne champagne la-qualité intermédiaire entre la grande et la petite, et provenant surtout des vignobles limitrophes des deux régions. Tous ces territoires étaient peut-être déjà cultivés en vignes à l’époque gallo-romaine, dont les restes monumentaux se ren­contrent fréquemment ; tous les villages ont des églises romanes, d’une époque postérieure, mais indice d’une ancienne extension de l’homme civilisé.

Les terrains boisés, dont le défrichement a été provoqué par les bénéfices toujours croissants de la vente des eaux-de-vie, ont amené la dénomination générale de Bois (bons bois ou fins bois, moyens bois, etc.) pour les autres parties du territoire desCharentes sur lesquelles on brûle (c’est-à-dire on distille) les vins destinés à la préparation des eaux-de-vie. Les régions ainsi désignées sont sur­tout rejetées sur la rive droite de la Charente. Leur sol est formé principalement par les calcaires compactes à hippurites et à caprines de la craie inférieure, par les calcaires de l’oolithe supérieure (ter­rain jurassique) et enfin par des dépôts sableux et argileux super­ficiels de l’époque tertiaire. Dans cette classification, les premières des eaux-de-vie de seconde qualité sont celles des Borderies (les bords des Champagnes et des Bois), comprenant les Petites et les Grandes Borderies. Les eaux-de-vie des fins bois se vendent, au reste, presque aussi cher que celles de Petite Champagne. On com­prend dans les Borderies Crouin et Javrezac, communes de la banlieue de Cognac, des premières atteintes parle Phylloxéra dans le canton de Cognac ; en outre, Saint-Laurent, Chérac, Louzac, Saint-André, Richemont, partie de Cherves et de Saint-Sulpice. Si nous allons en décroissant dans la qualité de l’eau-de-vie, nous trouvons le Pays bas, plaine gypseuse s’étendant depuis les carrières de plâtre de Mmdidars jusqu’à Matha ; le Pays haut ou la partie septentrionale de la région précédente, reposant sur le calcaire portlandien. Ce mot ne se rapporte pas à l’altitude, car il y a dans cette région des plaines basses et des coteaux. Elle va jusqu’au Poitou, comprenant Bredon, Neuvic, Rouillac, Vaux, Hiersac, etc. Le Bocage ou bois éloignés donne les eaux-de-vie au delà de la Seugne, et hors des limites de la carte du cru de Cognac. Ce sont des eaux-de-vie de moindre qualité, ayant un goût peu agréable, semblables à la plupart des eaux-de-vie du Midi. Il faut encore si­gnaler les eaux-de-vie de l’Aunis, dites de Surgères, à goût pro­noncé de terroir, celles des îles de Ré et d’Oléron, où les vignes, fumées au varech, donnent au produit une saveur spéciale. La fraude cherche malheureusement trop souvent à travailler ces eaux-
de-vie inférieures, de manière à les faire passer comme une pro­venance du cru de Cognac.

Il était indispensable de faire connaître ces qualilications, alin de faire comprendre les dénominations que nous aurons à em­ployer fréquemment dans l’étude topographique des vignobles atteints plus ou moins follement aujourd’hui par la maladie phyl- loxérienne. Les noms des sous-sols cultivés en vigne ont aussi une très-grande importance à ce point de vue, et sont d’un grand in­térêt pour la valeur vénale des terrains ainsi plantés. On appelle hanche tout sous-sol crétacé (craie grise marneuse). Les sols de groies sont estimés comme bonnes terres à vigne. Ils appartiennent au terrain crétacé, et souvent à un mélange des couches de la craie inférieure et des roches du terrain jurassique supérieur, constituant des stratifications de petite épaisseur. On rencontre aussi dans les Charentes les terrains tertiaires, qui se nomment terres de varennes. On les divise : i” en varennes proprement dites, qui sont argilo-calcaires, avec cailloux calcaires ; 2° en doucins, terres argilo-siliceuses, avec cailloux siliceux ; 3° en brizards, terres argileuses, humides, imperméables, où les racines des vignes restent très-mouillées en hiver. Il y a là une bonne condition pour résister le plus possible aux atteintes du Phylloxéra ; mais il faut dire que ces terrains sont, en général, situés dans des positions où la vigne gèle souvent. Ces terres sont un exemple de ce que j’ai déjà dit, que les bénéfices vinicoles sont tels que, malgré les chances fré­quentes d’insuccès, on a planté en vignes les terrains les moins ap­propriés à cette culture. Enfin les terres de bri et les terres franches appartiennent au terrain d’alluvion de la. période quaternaire.

Les cépages (variétés du Vitis vinifera, Linn.) les plus générale­ment plantés dans les terroirs à eaux-de-vie sont les suivants : dans la Grande Champagne, la folle (raisin jaune ou blanc), le balzac (noir), le colombert ou colombar (blanc), le saint-émilion (blanc), le jurançon (blanc), le charles (noir), le bouillot (blanc), le maroquin (noir) ; dans la Petite Champagne : la folle, le balzac, le colombert, le saint-émilion, le jurançon, le charles, le gros-pierre (blanc). Les terres dites des Bois présentent les mêmes cépages que la Petite Champagne, plus deux variétés, le dégouttant et le pineau blanc (un des cépages bourguignons), qui sont fort peu répandus, et aussi le balzac blanc. Des divers cépages mentionnés plus haut, ceux qui paraissent le mieux convenir au terrain et qui produisent le plus sont le balzac noir et la folle jaune, ce dernier cépage donnant un vin blanc qui fait la meilleure eau-de-vie. On met à l’alambic ce vin tout récent, aussitôt la fermentation opérée, sans clarifi­cation et avec sa lie, qui donne de l’arome à l’eau-de-vie. Au reste, les divers cépages peuvent se transporter indifféremment sans chan­ger beaucoup la nature de l’eau-de-vie, qui dépend presque unique­ment du sous-sol. On plante de préférence le cépage noir dans les terrains bas, car il craint beaucoup moins la gelée que le cépage blanc.

Dans la Grande Champagne et dans les Bois, la vigne est le plus souvent cultivée seule ; dans la Petite Champagne, on intercale assez généralement une autre culture entre les rangées de vignes. On comprend qu’il n’y a rien de régulier à cet égard, l’intérêt par­ticulier de chaque propriétaire variant beaucoup. Il est facile de concevoir que les rangées alternes sont avantageuses au point de vue des migrations du Phylloxéra aptère, qui a beaucoup plus de peine à gagner les vignes séparées par plusieurs mètres d’autres végétaux. En outre, la vigne, plus aérée, se porte mieux et profite indirectement de la fumure de la bande voisine. L’expérience apprend vite au cultivateur le moyen d’utiliser la terre avec le plus grand bénéfice ; ainsi, dans les excellentes terres arables des envi­rons d’Agen, les vignes sont sur un seul rang et forment les haies qui séparent les champs. Ce système rendra très-difficile l’invasion de l’insecte destructeur, et permettra d’y porter un prompt re­mède, si quelque ponte de femelle ailée, et venant d’une grande distance, tombe par hasard sur un cep. Dans les Charentes, la vigne est cultivée sans échalas, sans direction forcée des sarments ; les ceps, projetant de tous côtés des branches à fruit, sont très-espacés, souvent de quatre à cinq mille seulement à l’hectare ; nous n’avons pas ici ces ceps si nombreux et si serrés de la Bour­gogne, et surtout de la Champagne, où parfois l’hectare offre plus de quarante mille ceps. Près de Barbezieux, j’ai rencontré des cultures de vignes en cordons.

On pratique la taille courte à coursons, en ne laissant que deux à cinq yeux au plus, à partir du bois de l’année précédente. Ce genre de taille, qui maintient les ceps tous espacés et isolés, à ra­cines pivotantes et verticales si la terre est forte, est en rapport avec un mode de traitement curatif où l’on devra compter par cep le travail et la dépense. Au contraire, dans l’Orléanais et la Champagne (non charentaise), les vignes sont provignées tous les
ans. On couche le sarment, qui se couvre de colliers de racines adventives à chaque nœud enterré. 11 en résulte finalement des ra­cines peu profondes, à peu près horizontales et non verticales. Ici il faudra traiter le vignoble par mètre carré et non par cep, si jamais le Phylloxéra y parvient, et la dépense du traitement devra se calculer différemment.

Il est très-difficile de répondre d’une manière satisfaisante aux questions, souvent trop théoriques, des statistiques officielles, car la quantité des ceps de l’hectare peut varier beaucoup. C’est à examiner de place en place, avec une grande circonspection pour gé­néraliser. On comprend combien ce nombre est important pour les frais des méthodes préventives ou curatives. Les ceps très-rapprochés exigeront bien plus de trous au pal ou à la tarière, si cela est nécessité par le procédé curatif ; mais on rencontrera bien plus aisément les racines phylloxérées. Avec les ceps espacés, on opère la recherche des racines fort au hasard, surtout quand elles tracent au loin sur les sols maigres ou s’infiltrent profondément entre les roches. C’est là. que doivent se porter toutes les méditations des inventeurs de remèdes ; il ne faut pas se contenter des essais res­treints du laboratoire sur des vignes en pots, ou dans un unique champ d’expérience, à carrés de ceps morcelés. Le moment est venu où, avec les puissantes substances toxiques des chimistes, et surtout avec les sulfo-carbonates que nous devons à M. Dumas, il importe d’expérimenter en grand, sur des hectares entiers, à pentes variées, à sous-sols et à expositions diverses, etc. Le paysan s’occupe peu des travaux de laboratoire, et même il n’y croit pas ; qu’on lui montre un hectare sauvé, verdoyant, chargé de raisins, au milieu de vignobles desséchés et mourants, aussitôt tout changera de face, l’argent en réserve abondera, et, sans qu’il soit besoin d’aucune excitation officielle, les vignerons sauront se procurer les précieux insecticides, avec la même ardeur qu’ils ont mise à employer le soufrage contre l’oïdium.

L’invasion du Phylloxéra dans les Charentes (départements de la Charente et de la Charente-Inférieure) est encore partielle. Beaucoup de cantons sont épargnés jusqu’à présent, un certain nombre n’ont été envahis qu’à la fin de l’été et au début de l’au­tomne de 1874, si particulièrement chauds et secs ; quelques lo­calités seulement sont atteintes depuis un temps plus reculé et présentent un dommage appréciable.

Il s’est produit, pour le centre d’infections ayant probablement Bordeaux pour origine, le même fait que pour celui du Midi, originaire du plateau de Pujaut, près de Roquemaure (Gard). Une récolte d’une abondance exceptionnelle a détourné beaucoup d’esprits superficiels de leurs préoccupations à l’égard de la maladie des vignes ; dans l’Hérault, notamment, les plaintes des proprié­taires dont les vignobles ont été détruits se trouvent comme noyées dans le rendement excessif de la majorité non encore atteinte ; l’at­tention du Gouvernement, en raison d’une plus-value des recettes fiscales, qui présentent aux pouvoirs publics des résultats d’ensemble et non de détail, n’a pas été appelée sur ce point d’une manière aussi pressante que s’il y avait eu un déficit dans le rendement ha­bituel de l’impôt. Cela est encore plus vrai pour l’invasion du Sud- Ouest, dont les Charentes font partie. Comme le mal est ici bien plus localisé et moins grave que dans les régions méridionales, il n’a eu aucune influence sensible sur le rendement. Aussi, j’ai dù entendre certains légers propos au sujet des alarmes jetées par l’apparition du Phylloxéra, puisqu’il y avait, en fin de compte, une excellente récolte. De là à nier toute influence funeste, même pour l’avenir, il n’y avait qu’une faible distance, bientôt franchie par quelques personnes, peu habituées à raisonner et aimant à se reposer sur le mol oreiller de la quiétude.

Les résultats de mes investigations paraîtront assez restreints à un examen premier et superficiel, ce qui exige de ma part les explications suivantes. Je me suis chargé, d’un commun accord avec les autres délégués de l’Académie, d’établir la topographie du mal actuel dans les Charentes, et cette tâche, si facile en appa­rence, est fort longue dans la pratique. J’étais obligé, par de nom­breuses visites aux propriétaires de vignobles et aux cultivateurs, de préparer en quelque sorte le terrain à une constatation défini­tive. Je ne pouvais me présenter au hasard dans les villages, et perdre un temps précieux, si j’étais tombé dans des localités encore complètement indemnes. En outre, je ne me suis jamais contenté de l’examen des caractères extérieurs, comme l’étiolement du feuillage ou la lâche d’huile. Ces effets peuvent être dus à d’autres affections, par exemple à la jaunisse, assez fréquente pour les jeunes vignes, à des cryptogames attaquant les racines, aux larves de l’Eumolpe ou Ecrivain (Bromius vitis, Fabr., Coléopt.), etc. J’ai tou­jours voidu acquérir la certitude de la présence du Phylloxéra sur les racines, le plus souvent par mes visites personnelles, d’autres fois par les rapports d’hommes instruits, comprenant l’importance du mal, habitués à voir l’insecte. Je dois adresser tous mes remerciements à cet égard à plusieurs personnes, à M.H. Delamain, de Jarnac, entomologiste distingué ; à M. le docteur Lecler, de Rouillac ; à M. Xambeu, professeur de physique au collège de Saintes et rapporteur de la commission du Phylloxéra du Comice agricole de Saintes ; à M. de Tinseau, sous-préfet de Saint-Jean-d’Angely, etc. J’ai toujours eu soin de consulter, dans les bureaux des préfectures et sous-préfectures, les réponses aux questionnaires officiels con­cernant la maladie de la vigne, questionnaires adressés aux maires des communes par la sollicitude de la Commission du Phylloxéra de l’Assemblée nationale. Maisje dois dire qu’il est arrivé ici ce qui se présente souvent dans les enquêtes de cette nature. A côté de quelques documents très-utiles et bien dressés, il y a chez beau­coup de maires de village une absence de réponses tenant à la né­gligence ou à des préventions dont les paysans sont assez coutu­miers : on a parfois gardé le silence, de peur d’être contraint à l’arrachage des vignes. J’ai vu plusieurs fois de ces prétendus arra­chages opérés par des propriétaires, toujours d’une manière illu­soire, sur des ceps morts ou mourants, en maintenant autour d’eux une bordure de vignes phylloxérées. Le paysan ne sait pas se décider à enlever un cep chargé de raisins, même avec la chance d’une destruction complète du vignoble pour l’année suivante. Je me garderai bien d’entrer dans cette question irritante de l’arra­chage obligatoire. Il n’est plus temps de le faire pour les Cha- rentes ; mais ma conviction est que la Commission académique est dans le vrai pour la zone non encore envahie, bien entendu en opérant tout au début du mal, avec un empoisonnement radical du sol et en sacrifiant toutes les bordures encore intactes.

Je me propose de passer en revue les divers arrondissements, en ayant soin de noter l’ancienneté de l’invasion, la nature des sols et des cépages, l’exposition des vignobles, les remarques particu­lières, etc. Je rendrai compte des essais qui ont été tentés par divers propriétaires, soit isolément, soit sous l’inspiration des co­mices agricoles ou des sociétés d’agriculture. Je n’ai pas à m’occuper ici des expériences faites à Cognac ou ailleurs par les délégués qui dirigent le laboratoire expérimental de cette station. A la question principale de l’étude de h’ maladie de la vigne dans les Charentes se rattachent, d’une manière naturelle, quelques indications sur l’infection phylloxérienne dans les départements limitrophes. Enfin, un chapitre accessoire présentera des considérations sur les caractères diagnostiques du mal, sur la question des insectes auxiliaires ou parasites, et les résultats de quelques expériences personnelles.

CHAPITRE IL DÉPARTEMENT DE LA CHARENTE.
Le département de la Charente comprend cinq arrondissements : ceux d’Angoulême, de Barbezieux, de Cognac, de Confolens et de Ruffec. Nous commencerons l’étude de la maladie de la vigne dans ce département par l’arrondissement de Cognac, qui a été atteint le premier, et peut être considéré comme complètement en­vahi par le Phylloxéra, à des degrés fort variables, à la fin de 1874.
La statistique officielle de 1874 donne à ce département 115.579 hectares de vignobles, répartis comme il suit par arron­dissements : Angoulème, 51.782 ; Cognac, 30,791 ; Barbezieux, 17.340 ; Ruffec, 10,782 ; Confolens, 4,934.

ARRONDISSEMENT DE COGNAC.

Canton de Cognac. — Le canton de Cognac (7,424 hectares en vignes) est celui sur lequel j’ai pu recueillir les premiers renseigne­ments, à mon arrivée à Cognac, en juin 1874, et j’avais établi dans cette ville ma résidence principale. Il est fort difficile de préciser l’époque première du mal, car on peut regarder l’invasion de l’in­secte, qui amène peu à peu la destruction des racines, comme remontant pour le moins à l’année qui précède les premiers signes extérieurs de dépérissement offerts par le végétal. Aussi, en portant à 1872 l’apparition du mal pour certains vignobles ; nous demeurons dans la conviction que cette date est postérieure souvent à l’époque réelle ; mais comme le Phylloxéra n’a été officiellement constaté dans la Charente qu’à l’automne de 1873, où MM. Lecoq de Boisbaudran et M. Cornu, après avoir reconnu l’insecte sur les racines, en firent l’objet d’une communication à l’Académie des sciences, on comprend combien restent hypothétiques toutes les dates anté­rieures. Comme personne n’avait vu l’insecte, on ne peut s’appuyer que sur des souvenirs assez vagues de caractères extérieurs, capables de tromper. On comprendra donc ma réserve pour quelques points épars, où la maladie remonte certainement à une époque anté­rieure à 1872, mais sans démonstration péremptoire.

On a essayé de rattacher l’invasion phylloxérienne du canton de Cognac à des introductions de plants américains enracinés. Nous pensons qu’il faut s’abstenir aujourd’hui de ces enquêtes rétrospectives. Il conviendrait d’avoir vu les racines ou les feuilles de ces vignes alors qu’elles ont été apportées, et non lorsque le mal est depuis cinq ans au moins dans une localité. Il est impos­sible de savoir si les pieds américains ont contaminé les vignes françaises voisines, ou si la réciproque ne serait pas vraie. Les plants américains ont été amenés dans tous les pays vinicoles, comme curiosité ou pour fournir des raisins de table. Ils sont loin d’être la seule cause qui produit aujourd’hui le Phylloxéra. L’insecte peut provenir de plants français originaires de régions infectées, de femelles ailées voyageant par étapes ou posées sur des voitures, des wagons, des raisins en grappes, des pampres servant d’enveloppe, etc. Le mieux, comme l’a si bien dit M. Drouyn de Lhuys au congrès de Montpellier, est de ne plus chercher l’o­rigine première ou secondaire d’un mal bien avéré et ancien ; peu importe aujourd’hui comment le Phylloxéra est venu ; tous les efforts doivent tendre à le faire disparaître.

Les premiers renseignements que j’ai obtenus se rapportent na­turellement aux localités les plus voisines de Cognac. La commune de Merpins (300 hectares de vignes), cru de Champagne, rive gauche de la Charente, et ses dépendances, entre autres le hameau de Montignac, sont fortement attaquées depuis au moins trois ou quatre ans. En septembre 1873, M. Lecoq de Boisbaudrany cons­tatait des taches remontant à trois années, offrant, au centre, des vignes arrachées, puis un contour de vignes n’ayant que trois à quatre centimètres de pousse, une enceinte plus extérieure de vignes à feuilles jaunies, et enfin, tout autour, de belles vignes vertes, mais phylloxérées sur leurs racines. Le mal a donc com­mencé bien peu de temps après que sa présence a été signalée dans le Bordelais. L’habile observateur que nous avons cité a parfaitement reconnu que l’âge des vignes ne fait rien à l’égard du inal : ainsi il a constaté une tache partagée par moitié entre un vignoble de trois ans et un autre de soixante.

A Montignac, entre Cognac et Merpins, la maladie était déjà visible sur un point en 1872 par les caractères extérieurs de quelques ceps. Près de là, à Château-Bernard (5oo hectares de vignes), dépendant de Merpins, le 12 novembre 1874, en exami­nant les racines situées dans un sol léger et crayeux, je les trouvais chargées de Phylloxéras, la plus grande partie encore jaunes et dodus, un petit nombre déjà cuivrés, en hibernation. Nous signa­lerons encore, dans la même commune de Merpins, des vignobles ayant appartenu à M. Guillot de Fontenelle et atteints depuis trois à quatre ans. M. Renollot, à Lavie, commune de Merpins, a aussi ses vignes très-malades.

Du même coté de la Charente, en cru de Champagne, nous si­gnalerons deux domaines de la banlieue de Cognac, clos de murs, et qui ont servi aux expériences de plusieurs délégués de l’Académie. L’un est le domaine de la Chaudrolle, d’environ 15 hec­tares, appartenant à M. E. Jaulin, et où le mal, reconnu seulement en j1874 était général à la fin de celte année ; l’autre, absolument dans les mêmes conditions de sol et cultivé en folle jaune, le do­maine du Breuil, est la propriété de M. Cottuau, qui se livre avec les plus grands soins à la culture de la vigne et à la distillation, sur un terrain de 7 à 8 hectares. Le vignoble était couvert de taches, dont plusieurs avaient déjà été vues en 1873 et prises pour des effets de gelée ; certaines, dont les ceps centraux étaient morts, remontaient au moins, comme origine, à 1872. Il y avait des vignes de six à dix ans, plantées en terre neuve, d’autres de douze ans et de vingt ans, et toutes avaient également des taches, ce qui montre bien que l’âge des vignes est sans influence. Dans le courant d’août, où le mal avait augmenté considérablement eu égard à ce qu’il était au mois de juin, j’ai constaté de nombreux cas foudroyants.c’est-à-dire sans taches préalables.

Il y avait des vignes dont le raisin se flétrissait. Des ceps, superbes quinze jours auparavant, avaient leurs feuilles flétries et rouges, aux bords contournés, et les racines étaient criblées de Phylloxéras, au point de paraître jaunâtres et de laisser une trace jaune aux doigts qui les pressaient. La sécheresse et la chaleur sont cause que ce qui reste de racines saines est insuffisant pour con­tinuer à nourrir le cep. Un amandier mourait desséché contre une tache à Phylloxéras ; ses racines, examinées, n’en offraient aucune trace. J’ai fait cet examen, convaincu à l’avance du résultat, mais afin de combattre l’opinion erronée de beaucoup de personnes, que l’insecte n’est pas exclusif à la vigne, et que sa présence dépend de conditions végétatives défavorables.

A quelque distance, contre un mur, une vigne de treille mourait jaunie et rougie, ses racines également dépourvues de Phylloxéras. Comme on sait, les vignes de treille sont entourées de terre trop battue et trop dure pour que l’insecte arrive aisément aux racines. C’est en raison de l’abondance exceptionnelle de 1874 que ces vi­gnobles ont encore donné à peu près demi-récolte. Je dois encore signaler comme très-atteint, moins cependant, le vignoble de M. Girardin, très-voisin de Cognac, sur la route d’Angoulème. C’est dans les vignobles de MM. Jardin, Cottuau. Girardin, ainsi que dans ceux de Crouin, sur l’autre rive de la Charente, que j’ai le plus souvent recueilli les insectes qui volent dans les vignes, comme je le dirai à propos de la question des insectes auxiliaires. Aux alen­tours de Saint-Brice (3a5 hectares), notamment aux Moulins, ce n’est qu’en 1874 que la maladie de la vigne s’est manifestée par des signes extérieurs.

La rive droite de la Charente, qui n’appartient plus aux mêmes crus, n’a pas moins été maltraitée aux environs de Cognac, qui possède, dans ses limites actuelles, 5oo hectares de vignobles. Il faut surtout signaler les vignobles de Javrezac (210 hectares de vignes) et de Crouin, ce dernier village récemment réuni à la commune de Cognac. A Crouin, le mal a été étudié avec beau­coup d’intelligence par M. Thibaud, adjoint au maire de Cognac. Ce sont des crus de Borderies. On peut dire que tous les vignobles de Crouin placés sur la rive gauche de l’Antenne, petit affluent de la Charente, sont infectés, et les racines des ceps encore sains en apparence étaient garnies de renflements, devant bientôt ame­ner la pourriture. Il y avait encore un grand nombre de proprié­taires qui ignoraient la cause du mal.

M. Thibaud se rappelle avoir remarqué à Crouin, vers le milieu de juillet 1872, une tache circulaire à feuilles jaunies, de 1 2 à 1 5 mètres de diamètre, dont il ignorait encore la cause. En 1873, en juin, il reconnut, sur le même plateau de Crouin, plusieurs nouvelles taches, et bientôt M. Lecoq de Boisbaudran et lui ob­servaient sur les racines la présence du Phylloxéra. L’insecte fut également constaté, peu de temps après, par M. M. Cornu, de sorte que son existence dans la Charente fut officiellement commu­niquée à l’Académie des sciences. Au Portail, chez M. Brisson, tout près de Cognac, dans une vallée continuant Crouin, un hec­tare de vignes malades fut arraché dans l’hiver de 1873-1874. A l’Ormeau, près de Crouin, un petit vignoble, appartenant à M. Simon, offrit des vignes malades dès 1872, et une partie fut arrachée dans l’hiver 1872-1873 ; chez le voisin, M. Maillot, se trouvaient également des vignes malades ; toutes ces vignes étaient très-vieilles, estimées à cent cinquante ans d ’âge. Plus loin, à 6 kilomètres de Cognac, dans la commune de Cherves (Borderies), qui a 1,460 hectares de vignes, au domaine de Bois-Boche, ù M. Cadussaud, se trouvait une tache de trois ares environ et d’une centaine de ceps, et le Phylloxéra était constaté sur les racines, en terre de petite groie, avec le cépage de folle blanche. J’ai pu observer l’insecte en juin, dès mon arrivée à Cognac, dans la commune de Boutiers, cru des Bois ( 190 hectares), à l’ouest du canton de Cognac, chez M. Daniaud, adjoint du maire, où le mal existait depuis environ deux ans, et l’on peut dire que depuis il a augmenté à chaque quinzaine. A cette époque, les vignobles du maire de la même commune, M. Raimbaud, étaient encore in­demnes, ce qui tenait surtout à ce que ces vignobles, situés dans le bas et près de la Charente, étaient régulièrement inondés chaque hiver, ce qui explique la préservation ; ils furent envahis à l’automne de 1874, et l’on put y constater l’insecte sur de belles vignes vertes, intactes en apparence, et centres de taches pour 1875, si l’inondation de l’hiver n’y porte remède. On s’aperçut aussi, du même côté de la Charente, de taches visibles en 1874, à Saint- Laurent (Borderies), de 558 hectares de vignes, où M. E. Martell, député de la Charente, possède des propriétés ; à Richemont, à Saint-Sulpice, à Louzac (Borderies), au nord de Saint-Laurent et près de Chérac. Louzac possède 280 hectares de vignobles, et Saint-Sulpice, 1,145. A la limite septentrionale du canton de Cognac, à Bréville, terre argileuse sans cailloux, parfois avec mé­lange de sable, le mal n’existait pas encore en juin 1874. Les vignobles de cette commune sont situés en plein fond du pays bas, et les vignes sont très-mouillées au pied en hiver, au grand ennui des propriétaires, qui y établissent de nombreuses rigoles d’écoulement. Il y avait là les mêmes causes d’immunité que nous retrouverons pour les fortes terres argileuses qui avoisinent Jarnac ; toutes les vignes de cette sorte n’ont été atteintes que dans l’automne de 1874, à la suite de la chaleur et de la grande sécheresse crevassant l’argile. Partout où j’ai rencontré ces condi­tions agricoles, j’ai donné le conseil de renoncer à toutes rigoles, et de favoriser au contraire, tant qu’on pourrait, la stagnation des eaux en hiver.

D’autres insectes peuvent très-bien coexister avec le Phylloxéra. Ainsi, dès les premiers jours d’août 1874, à Lamotte, commune de Saint-Sulpice-de-Cognac, sur la route de Taillebourg, chez M. Sicard, dans un vignoble non encore phylloxéré, se trouvaient sur les feuilles des myriades de larves sauteuses d’une minuscule cicadelle, très-agiles, à abdomen conique, à forts yeux noirs, les mêmes que je voyais à Montils (Charente-Inférieure) quelques semaines auparavant, en pleins vignobles malades. En outre, chez M. Sicard, beaucoup d’Eumolpes adultes (Bromius vitis, Fabr.) ron­geaient les raisins, et le propriétaire estimait qu’ils lui feraient perdre soixante barriques de vin.

Comme remarques particulières au canton de Cognac, M. Thibaud, un des meilleurs observateurs du mal, m’a dit avoir re­connu, à propos’des attaques de Crouin et Javrezac, que les coteaux exposés au sud-ouest, c’est-à-dire du côté des premières atteintes du mal dans la Charente-Inférieure, et qui viennent peut-être du Libournais, sont ceux où les taches se manifestèrent d’abord. Nous devons encore faire cette observation que, sur la rive droite de la Charente, ainsi qu’à Crouin, on déchausse peu les vignes en hiver. Il n’en est pas de même dans la Champagne, sur la rive gauche, notamment à Château-Bernard ; les ceps sont déchaussés en hiver de 10 à 15 centimètres, une égale profondeur de terre végétale restant au-dessus des grosses racines ; or les vignes ont été sensi­blement envahies, autant dans un cas que dans l’autre. On peut donc dire que l’influence du froid de l’hiver, plus forte sur les vignes déchaussées, n’a pas eu d’action appréciable.

Je dois ajouter encore qu’il a été constaté à Boutiers qu’une jeune vigne, plantée sur un terrain vierge fait avec les décombres d’une ancienne abbaye, est très-attaquée. Des faits tout à fait ana­logues se sont produits dans les paluds du Libournais pour des vignes plantées en terre nouvelle. Il est bon de faire connaître tant qu’on peut de pareilles circonstances, en présence de ces affir­mations obstinées, que la maladie de la vigne est due à l’épuise­ment des sols par une culture séculaire.

Un certain nombre d’expériences ont été tentées, dans le canton de Cognac, en vue de détruire le Phylloxéra. On a essayé à Crouin, en février et mars 1874, par les soins de MM. Lecoq de Boisbaudran et Thibaud, l’action des vapeurs de sulfure de carbone, au moyen « du liquide employé directement. Il était contenu dans des tubes de verre, trois par cep, enfoncés verticalement par des trous de pal, le haut des tubes couvert d’un tampon de foin, au milieu des racines et sous une couche de terre labourée, de ma­nière à avoir une évaporation lente, qui a duré plus d’un mois. L’action a été nulle, en ce sens que, l’emploi de ces vapeurs toxiques n’ayant pas été continué, les insectes ont pu revenir. On a également mis, en février 1874, du poussier de houille contre des racines de vigne, en déchaussant le cep sur 5 à 6 centi­mètres et plaçant environ 1 centimètre d’épaisseur de houille sur 30 centimètres de rayon ; les ceps ainsi traités étaient situés aux bords d’une tache. En juin 1874, on examina les racines des ceps ainsi entourés de houille : elles offraient des Phylloxéras, mais en petite quantité.

L’insecticide Peyrat, dont le principe actif est la naphtaline, fut aussi essayé de la même manière. On sait que la naphtaline, jetée en poudre sur les champs, agit d’une manière très-efficace (pro­cédé E. Pelouze) pour écarter les Altises (Chrysoméliens, Coléo­ptères). La vigne avait été déchaussée, comme pour la houille, et on mettait une bonne poignée d’insecticide Peyrat par cep. Ces vignes eurent leurs feuilles jaunies, et on trouva les insectes sur les racines.

Je citerai pour mémoire deux autres tentatives, qui devaient a priori, être sans succès. Sur le conseil d’une personne, des ceps furent frottés au collet avec de l’onguent mercuriel, efficace, comme on le sait, contre divers insectes épizoïques, mais qui ne pouvait avoir aucun effet à distance sur les Phylloxéras fixés aux racines par leur suçoir. Enfin, on imagina d’injecter de l’essence de térébenthine, au moyen d’un trou fait à la mèche dans les ceps, à la naissance des branches. Ce procédé a été préconisé de divers côtés. Il repose sur une erreur de botanique, qui fait de la sève descendante la contre-partie de la sève ascendante, ce qui est faux. En outre, quand on supposerait que du liquide a pu descendre, je ne sais comment, au centre des racines, il serait hors de la portée d’insectes très-petits, dont la trompe perforante ne s’enfonce que dans la partie la plus superficielle des racines.

Dans la première quinzaine de juillet 1874, j’ai été informé qu’à Montignac, hameau dépendant de Crouin et très-voisin de Cognac, un propriétaire employait une dizaine d’ouvriers à faire dans ses vignes des expériences avec un engrais antiphylloxérique ; je n’ai rien appris sur les résultats.

Un propriétaire de Crouin, M. Fouchez, a fait, au commence­ment d’octobre 1874 après la vendange, des expériences de traite­ment des vignes. D’une part, deux à trois cents ceps ont été soumis à la râpe, c’est-à-dire au résidu du pressoir, après déchaussement puis rechaussement. Cette substance était fort préconisée à Co­gnac, comme remède curatif, par quelques personnes. En outre, un petit nombre de ceps reçurent de l’insecticide liquide Vicat, dont la partie principale est le résidu de la distillation de la houille servant à faire le gaz à éclairage, avec addition de sulfure de car­bone et de potasse, destinée à agir comme engrais. Les vapeurs de ce mélange, mêlées à l’air, tuent le Phylloxéra, ainsi que je l’ai reconnu ; mais toute la question revient à une diffusion suffisante. Ce liquide fut introduit par M. Fouchez, au moyen de la tarière tubulaire Vicat, avec un seul trou par cep, et la dose de 0,15 l de li­quide. Environ trois semaines après, le 21 octobre 1874, je fis, avec M. Fouchez, une visite aux expériences. Je pus constater d’abord que la râpe n’avait produit aucun effet sensible. Les racines des ceps traités offraient des Phylloxéras, tout autant que celles des ceps voisins non traités. Au reste, les insectes étaient dans ce vi­gnoble en quantité médiocre, l’attaque étant assez récente. Quant aux racines, en trop petit nombre, soumises à l’insecticide Vicat, j’ai pu constater, autour de beaucoup d’entre elles, la persistance d’une légère odeur de sulfure de carbone. Un certain nombre de Phylloxéras étaient morts et noircis, mais il y en avait encore de vivants. Je dois faire observer qu’un seul’ trou était évidem­ment insuffisant pour faire pénétrer le liquide autour de toutes les racines, car les vapeurs de sulfure de carbone ne peuvent avoir leur effet que sur des points assez voisins. Je me garderai bien de juger le produit de M. Vicat sur une aussi incomplète expérience, sachant d’ailleurs que cet honorable industriel, bien connu par ses insecticides, doit soumettre son invention au contrôle de nom­breuses expériences.

Les vignes de M. Fouchez, situées dans la vallée de Crouin, sont entourées de vignobles où j’apercevais partout de nombreuses taches, les centres de quelques-unes remontant au moins à 1872. Le sol est ici une riche et forte terre argileuse, sans cailloux, peu éloignée de la Charente, cultivée en cépage de folle blanche, âgée de sept à huit ans. J’ai remarqué que les vignes placées sous les noyers et les cerisiers sont moins phylloxérées que celles en pleine lumière, et ont mieux conservé leurs feuilles ; la terre, plus froide, semble moins convenir aux insectes. M. Fouchez, dans l’intention de détruire le Phylloxéra, compte déchausser profondément ses vignes cet hiver, au risque de les geler.

Des expériences à la râpe après déchaussement du cep, et non suivies de bons résultats certains, ont aussi été faites par M. Cami- nade, du même côté de la Charente que les précédentes, dans un vignoble limitrophe entre Saint-Laurent et Louzac. Je m’abstiens d’en parler avec détail, car elles ont été suivies par M. Mouillefert, délégué de l’Académie, qui doit, je pense, en rendre compte.

Canton de Segonzac (10,137 hectares de vignobles). — Les communes du canton de Segonzac appartiennent à la Grande Champagne ; elles sont loin d’être attaquées aussi fortement et depuis aussi longtemps que certaines communes du canton de Co­gnac. Il n’y avait que très-peu de mal reconnu au mors de juin 187/1 ; mais il n’en a pas été de même depuis. Ainsi, autour du chef-lieu même, le maire de Segonzac, M. Lacroix, qui n’avait rien constaté à cette époque, m’informait en septembre de l’exis­tence de dix à douze taches récemment visibles, et accompagnées dp Phylloxéras sur les racines. Le mal se montrait aussi, à la même époque, à Salles et à Angles (990 hect.), à Chadenac, peu grave encore. Il y avait notamment des taches dans des vignes plantées en allées alternatives, chez M. Ciraud, propriétaire à Angles, et, à Juillac-le-Coq (855 hect.), une tache circulaire, chez M.Boulineau, aux Epis. Toutes ces localités produisent d’exquises eaux-de-vie de fine champagne. Nous citerons encore comme atteints les vi-, gnobles de la commune de Gensac-la-Pallue (1,400 hect.). On voit de nombreuses taches d’attaque tout le long de la voie ferrée de Cognac à Gensac, puis de Gensac à Jarnac, et encore au delà ; elles sont surtout bien apparentes dans les vignobles cultivés en plein. Nous citerons encore les communes d’Angeac-Champagne (432 hect.) et de Saint-Même (769 hect.) ; le mal était bien notable dans cette dernière commune en octobre 1874. Les communes mêmes de Criteuil-Magdeleine et Bourg-Charente ne sont que fai­blement éprouvées (514 hect. de vignes pour la première, 202 pour la seconde),’mais il y a dans les dépendances de Bourg-Cha­rente, à Tdloux, à Veillard, des vignobles atteints au moins dès 1873, car on y trouve des ccps déjà morts, et de même sur la commune de Mainxe.

Dans la commune de Gondeville il y a 140 hectares plantés en vignes. Le mal existait un peu partout en septembre 1874^ et les paysans assuraient voir d’assez nombreux Phylloxéras ailés sur les pampres des ceps les plus vigoureux. 11 est bien facile, remarquons- le, de confondre les femelles ailées agames des Phylloxéras du chêne et de la vigne. La partie la plus atteinte de cette commune se trouve comprise entre le bourg de Gondeville, les hameaux de l’Epine, des Frégonnières, de la Barde et la voie ferrée de Cha­rente. Quelques ares sont fortement endommagés, et ont des ceps morts, ce qui doit faire remonter le mal au moins à 1 878, et tous les cépages, folle blanche, balzac, saint-émilion et colombar, cul­tivés sur cette commune, sont indifféremment phylloxérés. Il faut remarquer que les terrains bas de Gondeville sont habituellement très-mouillés en hiver, mais l’ont été très-peu en 1872-1873 et pas du tout en 1873-1874 ; cela explique l’invasion de l’insecte, malgré ces conditions mauvaises pour lui, et permet d’espérer une amélioration si l’hiver prochain est très-humide.

M. J. Touchet m’a fait parvenir une note d’expériences qu’il a faites, aux environs de Bourg-Charente, pour détruire le Phylloxera, sur des vignes où l’on n’a reconnu le mal qu’en 1874, bien qu’il remonte au moins à 1873, puisqu’il y a des ceps détruits. Il emploie par cep 10 litres d’eau mêlée d’une substance qu’il tient secrète. Il a traité : le 17 août, dix ceps, dont quatre plus malades et touchant à des ceps détruits, dans la vigne de M. Faneaud, de Veillard, située à Tilloux, vigne en allées sur deux rangs, ne paraissant pas vigoureuse, en terre demi-forte, avec sous-sol de calcaire tendre, sur un plateau offrant la moitié des vignes détruites ; le 6 sep­tembre, dix ceps, dont quatre plus malades et touchant à des ceps détruits, à Veillard, dans la vigne de M. Martin, de Veillard, en allées sur deux rangs, avec ceps petits, mais paraissant en très-bon état, à terre légère de groie, avec sous-sol de roc ayant peu de profondeur, sur le haut d’une butte, trois allées étant attaquées sur la longueur d’une douzaine de ceps ; le 12 septembre, onze ceps à peu près égaux pour l’état de maladie, et attenants à trois ceps plus malades, sur la route de Segonzac, en face de Garancille (commune de Mainxe), dans la vigne de M. Rodrigue, de la Vérolle, en allées sur trois rangs, paraissant assez forte ailleurs, mais ayant eu une croissance assez difficile dans l’endroit attaqué, qui est à proximité d’un bois, en terre forte, avec sous-sol de calcaire tendre, en plaine, cinq allées étant attaquées à une extrémité, et trois ayant la lon­gueur d’une douzaine de ceps détruits ; le 18 septembre, dix ceps en rond, égaux pour le mal, quatre renfermés par les six autres, au plantier de Chez-Chapron (commune de Mainxe), dans la vigne de M. Martineaud, de la Vallade, vigne en plein, mal cultivée, avec ceps très-irréguliers, en terre légère, avec sous-sol de terre blanche à bâtir, de 5 mètres d’épaisseur, sur un plateau, la place attaquée mesurant environ quarante pas de large, dans une légère dépres­sion.

J’ai rapporté ces essais, bien que les remèdes tenus secrets soient fort peu de mon goût, mais afin d’éviter toute réclamation, et surtout afin de permettre au public de juger de l’efficacité du procédé, les expériences étant faites dans toutes les conditions de sol et de culture qui se rencontrent dans le canton de Segonzac. L’usage de l’eau est un inconvénient très-grave.

Je dois faire remarquer que dans la Champagne, dont les terres du canton de Segonzac font presque exclusivement partie, se rencontre très-fréquemment ce qu’on nomme dans le pays la banche, avec un sous-sol crétacé blanc très-perméable, qui rend les vignes cultivées sur ce terrain impossibles à submerger artificiellement, c’est-à-dire à guérir par le procédé de M. L. Faucon, le seul re­connu efficace par expérience en grand, jusqu’à présent du moins.

Il est fort difficile de donner des notions précises sur le nombre de ceps cultivés par hectare, qui a une importance capitale au point de vue de la dépense pour tous les procédés de destruction de la maladie. En Champagne, dans le mode de plantation en allées, avec cultures intercalaires, on peut l’évaluer en moyenne de 2,000 à 2,5oo ; en pays de Bois, où la vigne se cultive généralement en plein, de 5,000 à 5,400 à l’hectare.

Canton de Jarnac (7,802 hectares de vignobles). — Les com­munes qui dépendent de la ville de Jarnac ont leurs vignobles appartenant aux Bois. Jarnac, sur la rive droite de la Charente, surgit comme un plateau de calcaire portlandien sur une bande d’argile de plusieurs kilomètres de large, allant, avec des intermit­tences, jusqu’à Rochefort, et synchrone, d’après Coquand, des ar­giles de Purbeck. Ce sont des terres fortes, très-humides, où l’on fait des rigoles pendant l’hiver, en raison du mouillage des ceps ; lors de mon arrivée en juin, ces vignobles n’avaient pas de Phylloxéras.

La partie la plus anciennement envahie de ce canton est la com­mune de Sigogne, qui, à la fin de juin 1874, était entourée de toute part de taches d’attaque. Elle possède 1,078 hectares de vignes. Cette localité est du terrain portlandien sur la carte de Coquand, et l’on y trouve partout une terre couverte de cailloux calcaires. Située au nord-est du canton de Jarnac, elle confine à l’arrondissement d’Angoulême. Le cru de Sigogne fournit un vin rouge de table très-estimé, qui se vend surtout dans le Limou­sin, et aussi à Bordeaux, pour mêler aux vins de la Gironde. Le vignoble de la Métairie est le plus anciennement phylloxéré, au moins depuis 1872 ; on y voit une trentaine d’ares de ceps morts, formant une seule grande tache, entremêlés d’allées de blé. Le propriétaire, M. Martin, avait remarqué en 1872 quelques ceps malades, une cinquantaine en 1873, des centaines en 1874.

A la Borderie (même commune de Sigogne), le propriétaire, M. Saunier, s’est aperçu du mal en 1873 ; dans un autre vignoble, distant du précédent de 8 à 4 kilomètres, au fief de Ridouard, le Phylloxéra était aussi très-abondant, et on voyait, commençant à se former, plusieurs taches. Dans une autre excursion que je fis au même endroit à la fin de juillet, j’ai pu constater les progrès du mal. A Sigogne, chez M. Bonnejean, où il n’y avait aucun mal apparent quelques semaines plus tôt, on trouvait environ deux cents ceps atteints.

C’est presque exclusivement en 1874 que l’insecte destructeur des vignobles s’est répandu dans les autres communes. Ainsi, dans la commune même de Jarnac, au fief de Chauvignac, entre Jarnac et Chassors, sur le calcaire portlandien, le Phylloxéra fut reconnu à la fin de septembre par M. H. Delamain. Le coteau de Chauvignac, en face de la Gibauderie et près de Jarnac, portait une attaque, datant de 1873, dans la vigne de M. Félix Faure, offrant une tache très-nette, et ce même coteau avait plusieurs autres taches. . La vigne de M. Corniaud, à Bois-Marron, près de Jarnac, dans un terrain argileux, très-mouillé en hiver,.était envahie récemment.

Le Phylloxéra se montrait aussi dans la commune de Chassors (720 hectares de vignes), ainsi au hameau de Guitre, chez M. Paquier, chez M. Ducloux, qui arrachait ses ceps malades ; de même aux Bouges, sur la commune des Métairies ; toutes ces localités sont du pays bas, en terrain lacustre. Dans la commune de Réparsac (400 hectares), aussi en pays bas, le Phylloxéra a très-fortement attaqué les groies, situées sur les hauteurs et qui sont des terres très-crétacées pleines de cailloux calcaires, avec fond de petites pierrailles mêlées d’argile ; tandis que les terres argileuses jaunâtres ou rougeâtres, sans cailloux, des lieux plus bas sont peu prises. A Chassors même on trouve beaucoup de vignes dont la pousse s’est arrêtée. Le mal existe encore près de là, à Monjourdain, qui est en région des Bois, comme Jarnac, et constitué pareillement par un îlot de calcaire portlandien. La commune de Sainte-Sevère (635 hectares), offrant les vignes en terre argileuse très-mouillée, à demi inondées en hiver, était encore indemne en août, mais attaquée à la fin de septembre. Je puis signaler pareillement dans ce canton, comme phylloxérées, les commîmes de Fleurac (88 hec­tares), de Foussignac (963 hectares), de Julienne (280 hectares), de Mérignac (930 hectares). Dans cette dernière commune existe notamment une forte tache entre Bouras et le logis de Lafont, propriété de M. Jules Robin.

Canton de Châteauneuf (5,967 hectares de vignes). — Le canton de Châteauneuf est le seul de l’arrondissement de Cognac qu’on puisse regarder comme peu phylloxéré en 1874, et des rensei­gnements, tant du milieu de 1874 que tout récents, tendraient, mais à tort, à le présenter comme indemne. On comprend que beau­coup de propriétaires tiennent à conserver le plus longtemps pos­sible cette bonne réputation à leurs vignobles. Cependant je trouve , marquée dans mes notes la visite, au laboratoire de Cognac, de M. Michaud, propriétaire des environs de Châteauneuf, apportant à l’examen des racines chargées de Phylloxéras.

ARRONDISSEMENT D’ANGOULÊME.

Canton de Rouillac. — Le canton de Rouillac, attenant à celui de Jarnac et composé aussi de vignobles de Bois, est de beaucoup le plus attaqué dans l’arrondissement d’Angoulème. Il possède 8,571 hec­tares en vignobles. La maladie est intense et très-ancienne, et doit être antérieure à 1872, dans la commune de Vaux-Rouillac (522 hec­tares de vignes). Il y avait, à ma première visite, au commencement de juillet 1874, environ 8 à 10 journaux (le journal est de 32 ares) détruits, et 50 à 60 parsemés de taches d’attaque. Le maire de Vaux, M. Brochet, avait constaté de nombreux points d’attaque en 1873, sans connaître la cause du mal. Cette localité, ainsi que l’indique son nom, est formée d’une série de vallées et de coteaux. C’est la partie la plus élevée du plateau qui a été envahie la première, et le meilleur vignoble de ce Cru renommé pour ses vins et ses eaux-de-vie ne forme plus que deux vastes taches à feuilles jaunies, où l’on reconnaît une infection par deux foyers. Cette prédisposition des sommets à la maladie se retrouve partout, notamment dans les communes les plus ravagées de la Charente-Inférieure, et s’explique très-naturellement par le transport, aidé du vent, des femelles ailées.
Les vignes, très-anciennes, passent, dans le pays, pour avoir deux cents ans ; le raisin cesse de grossir sur les ceps les plus atteints, et les ceps encore vigoureux ont leurs racines couvertes de Phylloxéras. Le maire estime l’étendue superficielle du mal dans sa commune à environ 50 hectares, et la culture en rangées alternes, fréquente dans la localité, n’a pas empêché l’invasion ; il faut remar­quer que souvent les racines de vignes remplissent l’espace occupé en dessus par les plantes intercalaires. Il y avait, à quelque distance de cette vieille vigne si attaquée, une vigne de six ans avec une assez forte tache. Ce fait, qui se répétera souvent dans mon rap­port, est important à noter, en raison de l’opinion de certaines per­sonnes, que l’âge de la vigne est une des causes de la maladie. Le terrain de tous ces vignobles est calcaire et rempli de cailloux calcaires.

Je constate également le Phylloxéra à la limite des communes de Vaux et de Rouillac, dans une tache près de la borne n° 36 du chemin, et le mal remonte au moins à 1873, car il y a, dans une vigne âgée d’au moins cinquante ans, 5o à 60 ceps anciennement atteints. A 15o mètres plus loin à droite, sur la commune de Vaux, je vois une tache naissante, datant de cette année, et j’y trouve l’in­secte ; à 3oo mètres de distance (les Justices, avant Vaux), une jeune vigne de dix à douze ans, plantée en rangées, présente deux taches, remontant au moins à 1873, passant d’une rangée à l’autre, et les racines des ceps voisins des taches sont chargées de Phylloxéras, au point de jaunir les doigts qui les pressent. Plus loin, et notamment au bout du vignoble, l’attaque ne fait que commencer, et les ceps, encore superbes, offrent leurs racines remplies d’une multitude de renflements. Les cultures intercalaires n’ont pas empêché le passage de l’insecte, et souvent, au reste, les racines de vigne remplissent l’allée intermédiaire.

Entre Plaisac (102 hectares de vignes) et Vaux, sur la commune de Vaux, au lieu dit les Places, je vérifie la présence de l’insecte dans quatre taches d’attaque, et de même, entre les Villers et Plaisac, sur une tache très-nettement accusée. A la fin d’août, se trouvaient, à Vaux, environ vingt-cinq points d’attaque nouveaux, s’étant manifestés, par suite de la chaleur et de la sécheresse, depuis ma dernière visite. Les paysans, instruits de la cause du mal, se couchant sur la terre, y voyaient marcher de nombreux Phylloxéras.

Aux environs de Rouillac même, qui a 1,004 hectares de vignes, se présentent de nombreux cas de maladie de la vigne. M. le doc­teur Lecler, de Rouillac, a constaté, à diverses reprises, dans les intervalles de mes excursions, la présence de l’insecte dans un grand nombre de vignobles. Lors de mes premières investigations, au commencement de juillet, je vérifie le mal dans une tache considérable à Loret, sur la route de Rouillac, chez M. Bonnenfant, tache existant depuis trois ans, dans un terrain calcaire caillouteux. Le propriétaire, effrayé du mal, déclare qu’il va faire procéder aussitôt à l’arrachage. Entre Loret et Rouillac, tout contre Rouillac, je reconnais la maladie dans une tache, et, de même, dans une autre entre Rouillac et Sigogne. On m’indique plusieurs autres taches autour de Rouillac, moins fortement atteint que Vaux, et où le mal paraît, en beaucoup de points, à son début. Comme à l’ordinaire, les sols sont d’autant plus attaqués qu’ils sont plus cal­caires.

Sur la route qui va de Vaux à Plaisac, au plantier en Bornet, au sud du chemin, des vignes appartenant à trois propriétaires de Vaux, MM. Pierre Saisy, Jean Jalet, Etienne Blain, offrent des racines chargées d’insectes, avec une tache de 12 à 15 mètres de diamètre. Un mal considérable, sur une étendue de 3 à 4 hectares, existe entre Vaux et les Brapdes, principalement au point dit en Boursanquin ; les vignes appartiennent à divers propriétaires de Vaux, ainsi à MM. Vincent, Donjon, ancien maire. Berger, Thomas Condé, Sabouraud.
IL y avait des racines jaunes, tant elles étaient couvertes de jeunes Phylloxéras.
La maladie se voit également sur les vignes du Temple de Rouil- lac (commune de Rouillac) et sur les vignes qui bordent la route des Villers à Vaux, et sur celle du chemin du bois de Vaux.

A Fougeard de Rouillac, dans une vigne appartenant à M. Cholet, située sur le côté ouest du chemin de Fougeard au Plessis, se trou­vent quelques ceps malades. Dans la commune de Rouillac, sur le chemin de Labrousse au Temple, du côté ouest du chemin et avant d’arriver à la forêt du Boisauroux, une vigne, dont le propriétaire est M. Maurin, ancien maire de Rouillac, laisse voir un léger point d’attaque. Sur le même chemin et du même côté, après le chemin qui va à Montigné, une vigne appartenant à M. Piet, du Temple de Rouillac, offre un fort point d’attaque. (Toutes ces vérifications sont d’août 1874, ainsi que les suivantes.)

Les racines d’une vigne située entre Loret et le Temple de Rouillac. et appartenant à M. Dubois, de Rouillac, sont couvertes de Phylloxéras.

Sur la commune de Rouillac, entre la Gimbaudière et Lignère, dans une vigne située au champ des Mares, et appartenant à M. Gastinon, existe un fort point d’attaque, de 15 mètres de dia­mètre ; en 1873, cette vigne ne présentait aucune trace de maladie. Un autre fort point d’attaque est constaté dans une vigne à M. Marot, du Breuil de Gourville, placée au sud de ce village, sur la route de Rouillac à Aigre, entre les bornes 33 et 34. Sur la même route et de l’autre côté, c’est-à-dire à l’ouest, en face du village de la Vallée, commune de Rouillac, deux allées de vignes sont attaquées, mais chacune ne parait encore avoir qu’un très-petit nombre de ceps malades.

Si j’entre dans tous ces minutieux détails sur la topographie de la maladie phylloxérienne, ce n’est nullement pour mettre en relief mes investigations patientes, mais afin de permettre à tous de vé­rifier, en 1875, si le mal persiste et continue à s’étendre, ou s’il s’arrête et disparaît de lui-même, par des causes naturelles, comme le prétendent beaucoup de personnes ; je fais appel à l’expérience future.

J’ai eu des nouvelles de l’arrachage exécuté à Loret par M. Bonnenfant ; il a été complètement illusoire, comme le sont en général les opérations de ce genre laissées à l’initiative des propriétaires. Dix mètres au delà de la partie arrachée, les racines étaient couvertes de nombreux insectes. Les vignerons n’enlèvent que les vignes très-malades, ne pouvant se résoudre à extirper du sol des ceps chargés de raisins.

La commune de Mareuil (649 hect. en vignes) est également éprouvée. Nous citerons notamment une attaque au bourg des Dames, chez M. Bussac, qui essaye d’arrêter le mal par des tran­chées ; de même le Phylloxéra a été reconnu à Basinet, à Boisauroux. Entre le Plessis et Puygard (Charente-Inférieure), il y a aussi 2 hectares de vignobles atteints certainement dès 1872, car on a arraché des ceps en 1873.

Entre Plaisac et le Plessis, dans les vignes appartenant à M. Martin de Maisonneuve, il y a un très-fort point d’attaque. Sur le côté sud du chemin allant du Plessis à Puygard, entre la route de Sonneville à Mareuil et un autre chemin allant à Mareuil, se voient 2 à 3 hec­tares de vignes malades (visite du mois d’août) ; il y a aussi un fort point d’attaque presqu’en face, un peu plus près du Plessis.

La commune de Saint-Cybardeaux possède également le mal dans ses excellents vignobles, répandus sur 673 hectares. Aux Bouchauds, 2 hectares sont atteints depuis deux ans. Au lieu dit en Vanneau, à l’extrémité sud du chemin de Dauve à Grosville. en face de la Font-Pèlerine, on trouve des points d’attaque multipliés à l’est du chemin et un à l’ouest. Une vigne appartenant à M. An­toine Guerrin, des Bouchauds, et située au plantier de la Pèle­rine, près la Font-Pèlerine et le village de Dauve, est malade dans une grande étendue.

La commune de Genac (870 hect.), limitrophe de la com­mune de Saint-Cybardeaux, célèbre par la fine champagne qui s’y fabrique, n’est pas épargnée. Ainsi une vigne placée dans le plantier dit de Marcillac, d’une superficie de 40 ares, âgée de quinze ans et plantée en folle, présente des racines chargées de Phylloxéras dans une étendue de 15 ares. Une autre, de 16 ares de surface, âgée de six ans seulement et plantée en folle, au nord de la précédente, dont elle est séparée par un champ de blé de 20 à 30 mètres de large, est atteinte dans les trois quarts de sa grandeur, offrant de nombreux insectes sur ses racines ; son propriétaire est M. Pierre Bernard, des Bouchauds.

Canton d’Angoulême. — Le canton même du chef-lieu du dépar­tement n’était que légèrement atteint dans l’été et l’automne de 1874. Il n’y avait pas de mal, du moins encore signalé, aux envi­rons mêmes d’Angoulème ; il commençait à apparaître entre la Couronne et Roullet (fins bois). Des indices premiers de taches étaient visibles peu avant d’arriver au château de Fonfrède, de M. Paul Guérin, agronome distingué. Le mal n’existait pas encore dans la commune de Saint-Estèphe, dont dépend ce château.

M. P. Guérin était, à ma connaissance, le seul propriétaire du canton d’Angoulême et du département de la Charente qui se fut préoccupé, en 1874, de l’introduction des vignes américaines et de leur avenir possible, point sur lequel j’ai soin de faire toutes réserves. Il faut remarquer, avec M. Planchon, que la Charente étant aujourd’hui infectée de Phylloxéras, se trouve malheureuse­ment dans la seule condition où il soit permis de planter des vignes américaines. M. P. Guérin a suivi les indications de M. Le Hardy de Beaulieu [4], qui lui a servi d’intermédiaire pour les plants américains encore très-jeunes essayés au château de Fonfrède, où je les ai visités à la fin d’août. Il a rejeté les cépages des types labrusca, cordifolia, œstivalis, etc., plus ou moins sujets à la destruction, pour le seul type bien indemne : vulpina ou rotundifolia, à feuille arrondie et glabre, propre aux Etats-Unis du Sud (les Carolines, Louisiane, Floride, Mississipi, Alabama, Géorgie), répandu sur­tout aux abords des cours d’eau. Les œstivalis, labrusca, etc. ont de la moelle et des écorces caduques, comme la vigne d’Europe, tandis que le type rotundifolia offre l’écorce lisse et adhérente, ainsi que l’ormeau, à moelle imperceptible, ce qui rend le boutu­rage presque impossible, et oblige à propager les variétés dont on a acquis les mères souches par le marcottage ou provignage. Il v avait chez M. P. Guérin des pieds de scuppernong, cépage à gros raisins blancs, et des pieds d’autres cépages du même type à rai­sins rouges, souvent avec arôme musqué de cassis : lejlowers, à grappes de vingt-cinq grains au maximum, ovales, d’un noir pourpre luisant, à jus sucré et agréable, moins aromatisé cepen­dant que celui du scuppernong ; le Thomas’s, de la Caroline du Sud, à fruit pourpre, moins gros que celui du scuppernong, mûrissant à la même époque ; enfin le tenderpulp, de la Caroline du Nord, à pulpe fondante, juteuse, douce et parfumée d’un arôme délicat. Nous devons faire observer que, par le semis, la plupart de ces variétés ne donneront que des pieds mâles stériles, car le type rotundifolia est polygamo-dioïque.

Canton de Villebois-la-Vallette. — Je puis désigner avec certitude dans ce canton la commune de Blanzaguet-Saint-Cybàrd (490 hect. en vignes), où beaucoup de vignes sont atteintes. Le maire a en­voyé , par l’intermédiaire de la préfecture, des racines phylloxérées au laboratoire de Cognac, et il rapporte dans sa lettre qu’il les voyait recouvertes de petits insectes jaunes, tachant les doigts en jaune. Il faut y ajouter la commune de Magnac, à 2 kilomètres de la Vallette (550 hect.), où l’on voit, à gauche de la route qui se rend à la Vallette, un grand point d’attaque dans une jeune vigne de douze à quinze ans, et celle de Fouquebrune (820 hect.)
.
Canton de Blanzac. — Ce canton est regardé, fort à tort (j’en ai eu la preuve au printemps de 1875), comme indemne ; cepen­dant on soupçonne le mal dans la commune de Jurignac. Je n’affirme rien à cet égard.

Je n’ai pas eu d’indications sur le canton de Saint-Amant-de-Boixe. Mes lettres au maire de cette ville, ainsi qu’à celui de la commune de Vars, sont restées sans réponses. On a des indices de la maladie dans le vignoble dit le Fouilloux, sur la commune de la Chapelle, près de Marcillac. Je ne me prononce pas encore à cet égard, et j’omets à dessein cette localité, sur ma carte, dési­rant que celle-ci ne présente que des localités bien certainement envahies, et soit plutôt au-dessous qu’au delà de la vérité.

De même, je n’ai eu aucune information préliminaire sur les cantons d’Hiersac, de la Rochefoucauld et de Montbron. En l’ab­sence de tout indice, je ne pouvais faire des investigations au hasard, au risque de perdre le temps dont je dois compte à l’Académie des sciences. Toutefois le canton d’Hiersac me paraît, d’après son voisinage, avoir reçu les premiers insectes à la fin de 1874, dans la commune d’Échallat.

ARRONDISSEMENT DE RUFFEC.

L’arrondissement de Ruffec compte 10,782 hectares de vignes.

Le Phylloxéra existe en plusieurs places dans le canton d’Aigre, un des quatre de cet arrondissement, entre Aigre et Marcillac-Lanville. On peut notamment l’observer, à Marcillac-Lanville, dans les vignobles de M. Plantevigne, ancien conseiller général.

ARRONDISSEMENT DE BARBEZIELX.

En vertu d’un fait inexpliqué encore, dû probablement à d’heu­reux hasards, cet arrondissement, qui offre 17,340 hectares cul­tivés en vignes, présente une immunité à peu près complète, et sur ce point les renseignements tout récents que j’ai reçus con­cordent avec mes investigations de l’été dernier. Barbezieux est classé par la plupart des négociants en eaux-de-vie dans la Petite Champagne, et l’arrondissement a de nombreux vignobles esti­més ; il se trouve, dans la carte de Coquand, sur la limite extrême de la Grande Champagne. Les cantons de Barbezieux, Baignes, Brossac, Chalais et Montmoreau ne m’ont offert aucun indice préliminaire de maladie, en ce sens qu’aucune plainte, officielle ou privée, sur l’état de santé des vignes, n’est arrivée à ma connais­sance. J’ai visité tout près de Barbezieux les belles vignes, cul­tivées en cordon, de M. Bertin et de M. Gellineau ; j’ai examiné de nombreuses racines, sans y rencontrer aucun Phylloxéra. L’as­pect extérieur eût parfois permis des doutes, car j’ai vu chez M. Gellineau quelques vieilles vignes à feuilles rôties, à racines à moitié pourries, mais sans l’insecte. L’examen des racines est indis­pensable avant de rien dire. Des renseignements assez contradic­toires me sont parvenus sur le canton d’Aubeterre. Des vignes phylloxérées ont offert des signes de dépérissement, et l’on a es­sayé un lavage avec le soufre et la chaux. Ce canton d’Aubeterre n’est probablement pas le seul atteint ; celui de Barbezieux même doit avoir reçu le Phylloxéra en 1874 ; mais les propriétaires, ai­mant à se faire illusion, ne font aucune investigation, et se pro­clament indemnes. Ils attendent le caractère de la tache, c’est-à-dire une attaque déjà ancienne. L’arrondissement de Barbezieux est entouré de pays très-phylloxérés, comme l’arrondissement de Cognac au nord, celui de Saintes au nord-ouest, et n’est pas séparé, au sud, de Libourne, par une distance telle que le vent ne puisse apporter, avec des relais, les femelles ailées de cet arrondissement si infecté. Je me contente de signaler cette immunité, sans tenter de l’expliquer jusqu’à plus ample examen.

Les Charentes et le Bordelais n’offrent pas cette extension par larges taches toujours croissantes, apanage de nos départements les plus méridionaux ; le mal est beaucoup plus lent à progresser, au moins en certaines régions ; en outre, des lacunes dans le vi­gnoble s’intercalent, de sorte que l’aspect général des cartes du Sud-Ouest ne sera pas le même que celui des cartes de M. Duclaux.

ARRONDISSEMENT DE CONFOLENS.

L’arrondissement de Confolens, élevé et froid, confinant au Li­mousin, n’a que très-peu de vignobles, seulement 4,934 hectares. Il produit parfois à peine le vin nécessaire à sa consommation. Le terrain y est très-propice aux prairies, et on s’y livre à l’élevage de la race bovine.

CHAPITRE III. DÉPARTEMENT DE LA CHARENTE-INFÉRIEURE.

La maladie de la vigne est aussi intense et aussi ancienne dans certaines parties de ce département, de beaucoup le plus étendu des deux Charentes, qu’en divers points de celui de la Charente. C’est ce qui a lieu pour les cantons de Saintes, de Pons, de Burie, de Matha, de Gémozac.

ARRONDISSEMENT DE SAINTES.

Le mal a marché avec le vent de mer, c’est-à-dire de l’ouest à l’est, et on a observé, dans les points attaqués les premiers et suc­cessivement, sinon simultanément, Montils, Colombiers, la Jard, Berneuil, etc., que les portions envahies d’abord étaient les coteaux regardant l’ouest.

Les terrains du sud et du sud-ouest des environs de Saintes sont crétacés et à couche arable, en général, peu profonde, et ce sont ceux qui ont été envahis les premiers ; ce n’est que bien plus tard que le mal paraît au nord, où le sol est argilo-siliceux.

Le mal a suivi les deux rives de la Charente, d’abord sur la rive gauche (Montils, Colombiers, la Jard, Saint-Léger, Pons, etc.), puis, à très-peu d’intervalle, sur la rive droite (Dompierre, Saint- Sauvant, Chérac, etc.). Il semble venir de la Dordogne, avec de larges intermittences, de préférence sur le terrain crétacé inférieur, et, en même temps qu’il traversait la Charente, être entré dans la Charente-Inférieure vers Montils, point peu éloigné des régions si infectées qui avoisinent Cognac. Saintes produit de l’eau-de-vie moins estimée que celle de Cognac ; la rive gauche de la Charente y est comptée comme Borderies, et la rive droite comme Bois. Les localités voisines, très-atteintes du Phylloxéra, sont de Petite Champagne.

J’ai trouvé répandue à Saintes, comme à Bordeaux, cette idée absurde, que l’insecte a été engendré soit par le guano, soit par le fumier de ville.

Canton de Pons. — Les cantons de Pons et de Saintes (partie sud) paraissent avoir été envahis en même temps. Les vignobles de la commune de Montils sont ceux où la présence du Phylloxéra dans le département a été signalée pour la première fois, en octobre 1873. Cette commune est située sur la rive gauche de la Charente et sur la rive droite de son affluent, la Seugne ; elle appartient à la Petite Champagne. Il y a environ quatre ans que cette localité est atteinte. Ainsi, en octobre 1873, M. Bisseuil, propriétaire et minotier au moulin de Montils, près des ponts de Colombiers, a fait arracher environ 2 hectares de vignes qui ne produisaient rien depuis deux ans, sans qu’on sût par quelle cause, et a mis du froment à la place ; tout le reste du vignoble est abandonné et très-malade. Le mal était considérable sur de jeunes plants de trois ans comme sur de vieilles vignes. Il y a également beaucoup de mal chez M. Sarrazin. Aux Trois-Ormeaux, chez M. Jules Guy, on voyait plusieurs taches en 1873, une entre autres de 25 ceps, qui en comprenait bien 300 en 1874, où tout le vignoble était infecté. La commission du Phylloxéra du Comice agricole de Saintes a parcouru le territoire de la commune de Montils dans la première quinzaine de juin 1874, et a vu partout le mal sur une superficie d’environ 200 hectares, soit par taches, soit uni­formément. Il y avait des vignes mortes ou mourantes et des vignes arrachées. On a examiné sur ce grand espace environ 60 ceps arrachés, et qui étaient tous phylloxérés, les plus vigou­reux plus que les autres, comme offrant à l’insecte destructeur une plus abondante nourriture. On a fait cette remarque au Co­mice agricole de Saintes, que le mal, qui date à Montils de plu­sieurs années, indique une marche beaucoup plus lente et une action moins intense que dans le midi de la France, en raison de circonstances locales de terrain et de température ; l’insecte semble s’acclimater moins aisément à mesure qu’il remonte vers le Nord. Il est possible que les points d’attaque soient plus lents à s’établir par ces causes, mais le mal peut marcher vite, une fois les pre­mières taches un peu nombreuses, comme le montre l’expérience désastreuse de 1874. Plusieurs des membres du Comice agri­cole de Saintes ont cette idée, que le Phylloxéra est un simple effet, qui disparaîtra de lui-même. Cet optimisme, très-répandu dans les Charentes, en rapport avec celte tendance paresseuse de l’esprit humain à prendre ses désirs pour des faits, est le grand obs­tacle aux tentatives qu’on devrait faire pour détruire la maladie. Un arrachage sévère, avec empoisonnement du sol. à Montils et dans les territoires voisins du canton sud de Saintes, aurait probable­ment ajourné ou empêché le fléau. Il est beaucoup trop tard maintenant. Il faut chercher à faire vivre la vigne en tolérance avec le Phylloxéra, suivant l’expression si juste de M. Dumas, au moyen des sulfo carbonates alcalins, suivis d’une application d’en­grais. Je n’ai pas eu connaissance d’expériences antiphylloxériques à Montils. 11 faut ajouter dans ce canton, comme reconnues malades dans l’été de 1874, les communes de Pérignac (assez fai­blement), de Meussac, de Marignac, où les vignes ont été arrachées, chez M. Bisseuil, de Rouffiac, de Brives, où le mal existe notam­ment près de la gare, de Saint-Léger, du chef-lieu Pons, où l’on citait au milieu de l’année 1874 de 60 à 70 hectares de vignobles atteints. En ce moment, on peut regarder ce canton comme phylloxéré en entier. Aux Quatre-Moulins, un point très-fortement frappé, cultivé en folle, est sur craie tufau à Ostrea vesicularis.

Canton de Saintes [sud). — On est amené à porter aujourd’hui le même jugement sur le canton sud de Saintes, où le mal a d’abord envahi les communes de Colombiers et de la Jard, sur la rive gauche de la Charente et la rive gauche de la Seugne, à vignobles de Petite Champagne, communes très-voisines de Montils, de même sol, situées dans une enclave entre les cantons de Pons et de Gémozac. Dans la commune de Colombiers le mal existe depuis 1871, et des taches très-nettes se montraient en 1873, année à la fin de laquelle l’insecte fut constaté sur les racines. Nous avons examiné les vignes de M. Chausserouge, où le sol est de l’étage de la craie grise marneuse, avec mélange de silex en certains endroits ; elles sont plantées dans des terres profondes, les racines pénétrant dans une couche de terre arable jusqu’à 40 centimètres de pro­fondeur. Les cépages cultivés sont la folle blanche et le jurançon, celui-ci, plus vigoureux, attaqué tout comme l’autre.

En avril 1874, propriétaire a commencé des essais de subs­tances insecticides ou fertilisantes sur des vignes où le Phylloxéra fut reconnu en novembre 1873, vignes atteintes depuis plus de deux ans, et ayant offert en 1873 tous les symptômes extérieurs de la maladie : feuilles jaunes, rougeâtres sur les bords, et sarments rabougris ; elles ont donné un faible rendement. J’ai constaté, le 5 juillet, les résultats obtenus, en même temps que trois membres de la commission du Phylloxéra du Comice agricole de Saintes. M. Izambard, secrétaire du comice, M. Xainbeu, rapporteur, et M. Chausserouge, à qui appartient le vignoble [5]. Voici ce que nous avons trouvé : 1° 200 ceps en trois rangées, traités par l’engrais Joulie, dit superphosphate de chaux (c’est le résidu des préparations du phosphore, avec phosphate acide monobasique de chaux, so­luble et assimilable), à 200 grammes par cep, revenant à 870 francs par hectare dans ces conditions ; il n’y a pas d’effet contre l’insecte ; la substance a agi seulement comme engrais ; les vignes sont plus belles que dans les rangées où ont eu lieu d’autres essais, et les plantes parasites sont fortes et nombreuses ; 2° insecticide Peyrat, 200 ceps traités sur deux rangs ; rien contre l’insecte ni comme engrais ; 3° guano, 200 ceps traités ; effet nid sur l’insecte, ceps ayant conservé leur vigueur, et autour d’eux des herbes puissantes ; 4° cendres de sarments, ayant servi à faire des nuages artificiels ; 60 ceps traités ; rien contre l’insecte ni comme engrais ; 5° culture de pois chiches en rangées alternes avec les vignes ; rien contre le Phylloxéra. Nous observons que l’insecte existe tout autour sur des vignes très-vigoureuses en apparence, ayant jusqu’à 25 et 30 raisins par pied, ce qui n’empêche pas les racines de présenter tous les caractères morbides connus : nodosités, renflements, pourriture gagnant de proche en proche les racines les plus grosses, radicelles entièrement couvertes d’insectes.

La commission du Phylloxéra a fait faire un nouvel essai à la fin de juillet, d’après les indications rationnelles émanées de l’Académie des sciences. On a creusé un fossé en demi-lune, tournant sa convexité vers l’est, contenant une tache de 10 ceps malades et plusieurs ceps non phylloxérés, et on a répandu dans ce fossé un mélange de 6 kilogrammes de sulfure de potassium mêlés à 5 kilogrammes de sulfate d’ammoniaque. On a reconnu depuis que l’insecte n’a pas franchi le fossé, mais s’est propagé rapide­ment sur les ceps voisins dans les directions libres.

Ces substances paraissent d’un prix bien élevé en raison du pro­duit des vignes dans ces localités ; il faut remarquer que, prises en petite quantité, elles ont dû être payées fort cher. On se proposait d’essayer une décoction de feuilles de noyer et de brou de noix, avec savon noir, et un engrais de M. Martineau, pharmacien à Saint-Porchaire (arrondissement de Saintes), mélange de soufre et de cendres de varech, du prix de 200 francs les 1,000 kilo­grammes. Dans notre visite des racines avec M. Xambeu, je dois rappeler que nous avons trouvé quelques sujets d’un Acarien blanc, allongé, très-agile et courant sur la racine. Il n’est nullement oc­cupé à nuire aux Phylloxéras, mais, comme beaucoup d’Acariens, il doit vivre des tissus décomposés des racines.

La commune voisine, celle de la Jard, présente le même terrain que Colombiers, un sol calcaire de craie tufau, avec Ostrea vesicularis, un sous-sol argileux et parfois une terre végétale of­frant une épaisseur de 60 centimètres. Les premières parties atteintes sont les moins profondes. M. Mériot, maire de la com­mune et l’un des principaux propriétaires, a reconnu le mal déjà avancé en 1873 et vu l’insecte à la fin de celte année, ce qui permet d’assigner 1872 pour date de l’invasion. Il regarde comme certain que, sur une étendue de 500 hectares autour de la com­mune , il y en avait bien 300 atteints en juillet 1874. Dès le com­mencement de cette année, M. Mériot, comme M. Chausserouge à Colombiers, a entrepris des essais, suivant les indications diverses qu’il recevait. Dans les deux localités, les substances étaient dé­posées au pied de chaque cep, après déchaussement. Les cépages chez M. Mériot sont la folle blanche et le jurançon. Les résultats des expériences ont été vérifiés par M. Xambeu, à la fin de juillet et au commencement de novembre 1874.

Voici le détail :

1° En janvier, sous l’influence sans doute de cette idée qu’il suflit de fortifier la vigne par l’engrais, 300 ceps reçurent du fu­mier de ferme, et en mars on y ajouta de la suie, en arrosant le mé­lange avec 10 litres par cep d’un autre mélange formé de 9 litres eau et 1 litre marc de chaudière. Résultats nuis.— 2° Fin mars, 300 ceps traités par le superphosphate Joulie, à 150 grammes par cep. Per­sistance de l’insecte ; les ceps très-phylloxérés restent pareils, ceux faiblement atteints prennent un regain de vigueur. — 3° Fin mars, engrais Fischet, de Vincennes (probablement phosphate avec goudron de gaz), et fumier de ferme placé précédemment ; 90 ceps traités, 30 par 3 litres du liquide et 27 litres d’eau (1 litre par cep), 30 par 3 litres du liquide et 19,5 l d’eau (0,50 l par cep). Le Phylloxéra a disparu sur les radicelles touchées par le liquide, persistant sur les autres ; plus tard, il est revenu sur les ra­dicelles abandonnées, et les nouvelles radicelles adventives formées après les pluies ont présenté tout de suite des renflements et des insectes. — 4° Au commencement de mai, 800 ceps traités par l’en­grais noir de Léon Ducasse, de Bordeaux, à 260 grammes par cep ; la vigne traitée moins atteinte que les autres et ayant une belle vé­gétation. Rien contre l’insecte ; la vigne se maintient par les nou­velles radicelles formées autour du collet du cep par l’action de l’engrais. — 5° Pouzzolane ou cendre pulvérulente du Vésuve, re­commandée par le Journal d’agriculture pratique, 130 grammes par cep, sur 600 ceps nouvellement atteints. Résultats nuis, l’insecte vivant entouré de la cendre ; la vigne a repris pendant quelque temps de la vigueur, les nouvelles radicelles formées depuis la pluie sont couvertes de renflements et de Phylloxéras. — 6° Sulfure de car­bone en vapeur, 15 ceps traités ; un flacon débouché, contenant 60 grammes de sulfure de carbone, a été enterré à 25 centimètres de profondeur, de manière que le flacon incliné ne laissât pas ré­pandre de liquide. Disparition de l’insecte à 30 centimètres tout autour du flacon, persistance sur les racines plus éloignées ; sur trois ceps, la terre, non tassée autour du flacon, a laissé échapper des vapeurs de sulfure de carbone, qui ont produit sur les tiges et les feuilles du cep le même effet qu’une brûlure de soleil.— 70 Marc de bière. Résultats nuls ; les ceps sont restés phylloxérés. — 8° En sep­tembre 1874, 3 ceps traités par 5o litres de résidu de distillation de vin avec 1 litre de chaux vive. L’insecte a disparu seulement sur • les points touchés. M. Xambeu a recherché les rendements obtenus après la vendange de 1874 : 100 ceps non atteints ont donné ia5 litres de moût ; 100 ceps phylloxérés depuis peu de temps, gô litres ; 100 ceps phylloxérés et traités par les divers engrais. 80 litres ; 100 ceps phylloxérés non traités, 65 litres.

Les engrais ont produit, comme toujours, un supplément de vigueur, mais la présence de l’insecte, toute théorie réservée, at­teste la persistance du mal. En octobre, M. Mériot, de même que plusieurs personnes près de Cognac, a employé la râpe ou résidu de la cuve de vendange. Enfin il s’est servi aussi, comme plantes intercalaires, de chanvre et de sarrasin, qui éloignent fortement les Altises, Coléoptères aériens, et dont M. le docteur Ménudier avait eu beaucoup à se louer pour un champ de raves.

On peut citer près de la Jard, comme points envahis, Rouillaud, la Brande, Lausandière, Vaumandois, présentant des vignes à ceps morts, ce qui permet d’assigner 1872 comme première attaque.

Près de la ville de Saintes, à 2 kilomètres, au hameau des Rabanières, le vignoble offrait trois taches en 1873 ; le reste a été pris en 1874, avec de nombreux ceps en pleine vigueur présentant des cas foudroyants. Le mal est venu, comme partout aux environs de Saintes, de l’ouest à l’est, et d’un vignoble situé plus haut, où le mal remonte à 1872, car là tous les ceps sont rabougris. Quand j’ai visité les Rabanières, je voyais des taches dans toutes les direc­tions sur les coteaux voisins. La commission du Comice agricole de Saintes a établi un champ d’expériences dans une vigne des Rabanières, en octobre 1874 : 1° 50 ceps ont été traités par le sulfure de potassium et le sulfate d’ammoniaque ; 20 50 ceps par l’engrais de ferme, le sel et le soufre ; 3° 50 ceps ont eu leurs racines entourées de fumier et de sable ; 4° 100 ceps ont été traités par les râpes et le soufre ; 5° 20 ceps par la limaille de fer et le soufre (un volcan de Lémery) ; 6° 20 ceps ont eu leurs racines entourées de feuilles et de tiges de tomates ; 7° 50 ceps seront traités par le sulfocarbonate de potassium. La commission compte vérifier les résultats en mai 1875, avant le concours régional qui se tiendra à Saintes à la fin de ce mois. Citons encore, près de Saintes, Bellevue, où le mal est récent, Paban, etc.

Canton de Saintes (nord). — Le mal est beaucoup moins pro­noncé que dans le canton sud, en raison de la nature différente du sol, où il y a beaucoup de terres de brizard, c’est-à-dire argileuses avec rognons de silex. Nous devons citer comme atteintes les com­munes de Chaniers et de la Chapelle-des-Pots.

Canton de Gémozac. — Ce canton, qu’on peut regarder comme atteint en entier en ce moment, bien entendu par places, comme cela est l’ordinaire dans les Charentes, offrait, au milieu de 1874. autour de Gémozac, des vignes détruites parle Phylloxéra sur plu­sieurs kilomètres d’étendue, ce qui autorise à faire remonter l’in­vasion à 1872. A Berneuil, sur la rive gauche de la Charente, avec sol de craie tufau et cépage de folle, la maladie, plus récente d’une année, date de 1873. La commune limitrophe de Tesson a été atteinte en 1874, et l’on a prétendu dans le pays que l’infection est due à l’emploi d’une charrue portée d’un vignoble infecté dé­pendant de Berneuil et séparé par un cours d’eau d’un vignoble encore sain. Il y a près de Tesson des terrains argileux trés-mouillés en hiver, en raison d’un sous-sol imperméable ; on a mis en vignes beaucoup de terrains de prairie, à cause du prix énorme des eaux- de-vie en 1855 ; ces circonstances géologiques expliquent l’im­munité première de ces vignobles, dont la sécheresse de 1874 a fini par amener l’infection.

Canton de Burie. — On peut encore regarder, de même que le canton de Pons, comme phylloxéré dans son ensemble, mais par places, ce canton, qui est limitrophe de la partie nord-ouest du canton de Cognac, et sur la rive droite de la Charente, tandis que celui de Pons l’est de la partie sud-ouest, sur la rive gauche du fleuve. On a de justes motifs de soupçonner que le Phylloxéra a été introduit dans le canton de Burie par suite d’une importation de plants d’aramon, venant de l’Hérault, et qui devinrent ensuite malades. La commune atteinte d’abord est celle de Dompierre, où l’on arrachait en 1874 des vignes mortes après trois ans de dépérissement, ce qui donne quatre à cinq ans pour la première attaque de l’insecte. Il faut y joindre ensuite la commune de Chérac (Borderies), où j’ai vu les traces de la maladie de la vigne chez M. Sicard (domaine de la Coinche), avec une grande tache sur le coteau, pleine de ceps à feuilles jaunies et rougies, et avec des ceps morts, ce qui atteste un mal remontant à l’été de 1872 au moins ; les vignes du bas avaient été gelées. Un autre coteau offrait, chez M. Larret, une trentaine d’ares, perdus au milieu d’un grand vignoble. La commune de Saint-Sauvant est pareillement fort éprouvée. C’est sous l’influence du désastre qui atteint le canton de Burie, et en prévision d’un avenir redoutable, que M. le docteur A. Aubert, de Saint-Sauvant, a fondé une Société séricicole des Cha­rentes, pour introduire dans ces départements la culture du mûrier et l’élevage du ver à soie de cet arbre et de celui du chêne (Allacus yama-maï, G. Mén.), qui réussit bien dans le climat des Charentes. Je cite ces faits pour montrer que je n’exagère nulle­ment la gravité du mal en certains points, puisqu’il a provoqué de pareilles craintes dans le pays. Ajoutons, comme attaques bien vérifiées, les communes de Migron et du Seure.

Canton de Cozes. — Le canton de Cozes, qui dans son étendue confine au fleuve de la Gironde, n’était que très-partiellement atteint au milieu de l’année 1874. Dans la commune d’Arces, ter­rain de craie tufau, le mal remonte à 1873 ; il existe également chez M. Ard et chez plusieurs propriétaires voisins. Les territoires de ces communes occupent la partie médiane du canton.

Cantons de Saint-Porchaire et de Saujon. — Ces deux cantons occupent la partie nord-ouest de l’arrondissement de Saintes, celui de Saint-Porchaire au nord de l’autre. Je n’ai pas eu d’indications relatives à l’état de leurs vignobles en 1874. On soupçonnait tou­tefois la maladie à Pont-l’Abbé, du canton de Saint-Porchaire. Les vérifications en 1873 sont indiquées avec urgence pour ces deux cantons, en raison de leur situation.

ARRONDISSEMENT DE JONZAC.

L’arrondissement de Jonzac, le plus méridional de la Charente-Inférieure, touche au département de la Gironde dans sa plus grande étendue, à celui de la Dordogne dans sa pointe sud-ouest, et enfin, à l’ouest, à l’arrondissement de Barbezieux, de la Charente. Il n’était atteint que très-partiellement dans l’été de 1874. Il ne faut pas s’étonner de ces immunités partielles, en voyant des territoires plus voisins du centre d’infection bordelais presque épargnés, tandis que le mal frappe gravement les arrondissements plus éloignés de Saintes et de Cognac. Cela dépend de la nature des sols et surtout de l’agglomération des vignobles, qui offrent aux femelles ailées transportées au loin les chances de ne pas perdre leurs pontes, et de vivre à peu près partout où elles tom­bent, et enfin peut-être d’importations de plants étrangers, soit américains, soit français. Ces importations étaient continuelles ; aujourd’hui les enquêtes à cet égard ne peuvent donner que des résultats sans preuve authentique, et par suite sont inutiles.

Canton d’Archiac. — Ce canton appartient à la Champagne et avoisine les cantons infectés de l’arrondissement de Cognac. Le Phylloxéra existe aux environs d’Archiac et dans les communes voisines : ainsi à Sainte-Lheurine, où plusieurs points d’attaque sont signalés récemment, et à Jarnac-Champagne, dont le mal est ma peu plus ancien. Plusieurs propriétaires ont institué des expé­riences qu’ils tiennent secrètes. Ainsi M. Fagot dit avoir expéri­menté un remède liquide, composé par M. Bonnemaison, de Jonzac, et se propose, aussitôt sa vendange faite, d’en essayer un autre, de son invention. Si l’on remarque que le canton d’Archiac est situé entre l’arrondissement de Cognac et le canton de Jonzac, où le mal existe aussi, on peut le regarder comme complètement envahi à la fin de 1874.

Canton de Jonzac. — Il existe des vignes malades aux alentours de Jonzac : ainsi dans les vignobles voisins des propriétés de M. Dupuis. On en signale également dans la commune de Réaux, qui touche le canton d’Archiac. A Jonzac, M. Bonnemaison, prési­dent de la Société d’agriculture de Jonzac et du comice agricole, a une méthode curative dont il garde le secret.

Canton de Saint-Genis. — Le canton de Saint-Genis touche le littoral sur un point. Un commencement d’attaque existe dans la commune de Clam, attenante aux cantons d’Archiac et de Jonzac, précédemment atteints.
La maladie paraît avoir épargné les autres cantons de l’arron­dissement, au milieu de 1874- Trois de ces cantons sont dits de lande, offrant de vastes espaces stériles, où ne croissent, en végé­taux utiles, que les pins ; ce sont les cantons de Montguyon, de Montlieu et de Montendre. Il en est de même du canton de Miram- beau, attenant au littoral par sa partie orientale, et présentant beaucoup de terrains très-sablonneux. Les communes de Sémillac, de Saint-Sorlin-de-Conac, de Saint-Thomas-de-Conac, qui produisent des vins très-estimés, ont leurs vignes en partie dans les sables. Comme toujours, on le voit, la nature particulière des ter­rains conserve son influence considérable.

ARRONDISSEMENT DE SAINT-JEAN-D’ANGELY.

Lors de mes investigations, l’arrondissement de Saint-Jean-d’Angely, situé au nord de celui de Saintes, ne présentait de ma­ladie que dans deux de ses cantons, celui d’Aulnay et surtout celui de Matha, ce dernier infecté en raison de son voisinage des can­tons de Burie, de Cognac et de Rouillac (Charente), et même des points gravement et anciennement atteints, contre des localités les plus compromises du canton de Rouillac.

Canton de Matha. — Le mal est très-prononcé dans les environs de Neuvicq, près des communes de Mareuil et de Vaux-Rouillac (Charente) ; tout le coteau de Puygard est attaqué (vignobles de Bois), pays sec, produisant d’excellent vin. Il y avait, chez M. Courjaud, une tache datant de 1873, ce qui donne 1872 pour le début du mal ; de même chez M. Longueteau, et des taches nom­breuses chez plusieurs propriétaires voisins, entre Mareuil et Puy­gard ; ces terres, que j’ai visitées, sont d’argile rouge, avec nom­breux calcaires.

Dans la commune de Macqueville, le mal remonte à 1873. Le maire de cette commune, M. Pelletier, que j’ai eu occasion de voir, a eu peu de récolte sur les ceps phylloxérés. Il a employé, en août, pour détruire le Phylloxéra, de la fiente de volaille, placée en tas de 2 à 3 kilogrammes au pied des ceps déchaussés, comme pour une fumure, avec déchaussage, puis arrosage ; au bout d’un jour, la moi­tié des insectes étaient morts et noircis, et tous étaient morts deux jours après. M. Pelletier m’a soumis deux racines arrachées à deux ceps voisins, l’un traité par la fiente, l’autre où le Phylloxéra était resté. La première s’était refaite sous l’action énergique de l’engrais, et montrait sous l’écorce une surface séveuse, tandis que l’autre était séchée sous l’écorce. J’admets parfaitement l’efficacité du moyen de M. Pelletier, qui se propose de le réitérer au printemps de 1875 sur tous ses ceps atteints ; mais il est évident qu’un en­grais aussi coûteux (35 francs les 100 kilogr.) que la colombine, et à pareille dose, est tout à fait impraticable en grand, et que, s’il se trouve économiquement à la disposition de M. Pelletier, c’est en raison de circonstances spéciales de son exploitation agricole. Ajoutons aux localités où le Phylloxéra a été vu la commune de Haimps, dans le même canton. Il existait aussi près de Matha, et par places dans le reste du canton, qu’on peut regarder comme phylloxéré à la fin de 1874, mais toujours par attaques restreintes et isolées, ce qui est encore heureusement le cas presque exclusif des deux Charentes.

Canton d’Aulnay. — Les vignobles de la commune de Salles-lez-Aulnay ont été attaqués en 1873, et les ceps atteints donneront à peine de récolte. Le mal existait aussi en 1874 sur les communes de Saint-Mandé, de Cherbonnières et de Saint-Pierre de Julliers. Les terres des deux cantons déjà cités et de celui de Saint-Jean-d’Angely présentent beaucoup de sols calcaires avec nombreux cailloux ; les cépages usités sont la folle blanche, le balzac, le dé­gouttant.

Lors d’une excursion que je fis à Saint-Jean-d’Angely dans les premiers jours d’octobre 1874, on ne signalait pas de mal dans les cantons de Saint-Jean, de Saint-Savinien, de Saint-Hilaire, de Loulay et de Tonnay-Boutonne. Nous remarquerons que l’arron­dissement est envahi non-seulement dans ses parties sud et sud- est, touchant le département de la Charente, mais aussi sur deux points éloignés, Salles et Saint-Mandé.

ARRONDISSEMENT DE MARENNES.

Pendant la campagne d’observation de 1874, des indices me firent soupçonner l’existence du Phylloxéra dans l’arrondissement de Marennes, et me déterminèrent à écrire à ce sujet à M. le sous-préfet. Sa réponse m’apprit qu’il regardait ce pays comme indemne. Il ajoutait : « Nous sommes ici entourés de marais ; les gens qui s’occupent de la culture de la vigne sont des cultivateurs très-indifférents, de sorte que mes conseils auraient peu de chance d’être écoutés. » Je fus donc détourné d’un voyage qui me parut alors inutile. Depuis, à la session des agriculteurs de France, M. le docteur Ménudier, de Saintes, a annoncé positivement l’exis­tence du fléau dans la partie continentale de l’arrondissement.

ARRONDISSEMENTS DE ROCHEFORT ET DE LA ROCHELLE.

M. Jouvin, président de la Société d’agriculture de Rochefort, m’a déclaré qu’il n’avait aucune connaissance de vignes malades en 1874 dans l’arrondissement de Rochefort. Le canton d’Aigrefeuille possède beaucoup de vignobles à eaux-de-vie, cultivés en folle blanche.
Je n’ai pas trouvé de mal aux alentours de la Rochelle. J’ai vi­sité notamment le vignoble placé autour de la ferme-école de Puilboreau, sous l’habile direction de M. Bouscasse. Il y avait dans le cépage grossier du balzac rouge des apparences de taches, avec des ceps morts. Le mal n’était pas dù au Phylloxéra, mais à une affec­tion spéciale à ce cépage, et appelée dans le pays le cotis, affection que suit la chlorose des feuilles, amenant la mort de certains ceps, et que M. Bouscasse observe depuis longtemps. Dans les vignes de l’école normale dirigée par M. Rivoire et placée dans la commune de Lagord, à 3 kilomètres au nord de la Rochelle, il y avait quel­ques ceps malades, offrant sur les racines des galeries creusées par les mandibules d’une larve, très-probablement celle de l’Eumolpe (Bromius vitis, Fabr. Coléopt. chrysomélien), mais dont je n’ai pas trouvé d’exemplaire vivant. Les cépages cultivés étaient la folle et le colombar, ce dernier mourant vite.

Les îles d’Oléron et de Ré sont très-prospères aujourd’hui par leurs vignobles, dont beaucoup appartiennent à des propriétaires riches et intelligents. Ces vignes, placées en majorité dans des terrains sablonneux et humides, sans cesse balayés par les vents, ne sont pas phylloxérées. Elles sont attaquées par intervalles par la Pyrale (Œnophthira Pilleriana, Lépid.), et sont souvent atteintes par l’oïdium, dont se préoccupent peu les vignerons, habitués à l’emploi du soufrage, procédé dont ils ùe se servent pas toujours adroitement, avec une humidité suffisante pour maintenir la pous­sière de soufre.

...


[1Loi. — « Article premier. Un prix de 3oo,ooo francs, auquel pourront venir « s’ajouter les souscriptions volontaires des départements, des communes, des com- « pagnies et des particuliers, sera accordé par l’Etat à l’inventeur d’un moyen efficace « et économiquement applicable, dans la généralité des terrains, pour détruire le « Phylloxéra ou en empêcher les ravages.

[2Maurice Girard, Traité élément, d’entomologie ; Paris, J. B. Baillière et lils, 1873, I, p. 453

[3Voir, par exemple : Maladies de la vigne, Téièphe Desmartis ; Rapport de la Commission entomologique en 1853 (Actes Soc. linn. de Bordeaux, 1853, XIX, 32 1). — Charles des Moulins, Lettre à M. le D’ Montagne , en réponse à son mé­moire intitulé : Coup d’œil rapide sur l’état actuel de la question relative à la maladie de la vigne (op. cit. p. 253).

[4Le Hardy de Beaulieu, Les cépages indemnes d*introduction récente, br. in 8° 1874, Augusta, Géorgie.

[5Xambeu, Rapport sur le Phylloxéra au Comice agricole de Saintes, broch. in-1/8 Saintes, 1874.

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