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1371 – Le sire de Pons devient Français – sa femme reste Anglaise ! - Chronique de Froissart

lundi 7 janvier 2008, par Pierre, 1423 visites.

A la veille du siège de Moncontour (à ne pas confondre avec la bataille qui s’y déroula en 1569), convaincu par les arguments de Charles V, le sire de Pons est passé dans le camp Français. Sa femme ne l’entend pas de cette oreille et reste Anglaise. Froissart dit que la situation est "entouillée", sans préciser en quelle langue ils échangeaient leurs amabilités !

Ce chapitre du célèbre chroniqueur nous fait aussi rencontrer tout un groupe de seigneurs de Saintonge et d’Angoumois qui ont bien du mal à s’y retrouver dans les désordres de la guerre de Cent Ans.

Source : Chroniques de Froissart – Chap DCXLVII

Comment le sire de Pons se tourna François et comment le sénéchal de Poitou fit son mandement pour aller assiéger Montcontour.

Assez tôt après la revenue de Montpaon et que ces seigneurs de Poitou furent retraits (retirés) en leur pays, qui tenoient frontière aux François, il eut secrets traités entre monseigneur Louis de Saint Julien, le vicomte de Rochechouart et autres François, d’un côté, et le seigneur de Pons ; et tant parlementèrent et tant exploitèrent les François, parmi grands pourchas qui vinrent du roi de France qui nuit et jour travailloit à attraire (amener) ceux de Poitou à son accord, que le sire de Pons se tourna François, outre la volonté de madame sa femme, et ceux de sa ville de Pons en Poitou [1] ; et demeura à ce donc la dame Angloise et le sire François. De ces nouvelles furent moult courroucés les barons et les chevaliers de Poitou qui Anglois étoient ; car le sire de Pons étoit malement grand seigneur.

Quand le duc de Lancastre l’entendit, si en eut grand mautalent (mécontentement) et tint grand mal du seigneur de Pons et grand bien de madame sa femme et de ceux qui se vouloient tenir Anglois qui demeuroient en la dite ville de Pons ; et pour aider et conseiller la dame fut ordonné un chevalier qui s’appeloit messire Aymemon de Bourg, hardi homme et vaillant durement. Si couroit presque tous les jours le sire de Pons devant la ville et ne les déportoit (effrayoit) en rien ; et telle fois y venoit qu’il en étoit rebouté et rechassé et qu’il s’en retournoit à dommage.

Ainsi étoient là les choses entouillées (embarrassées) et les seigneurs et les chevaliers l’un contre l’autre et y fouloit le fort le foible, ni on n’y faisoit droit ni loi, ni raison à nullui (personne) ; et étoient les villes et les châteaux entrelacés les uns dedans les autres, les uns Anglois et les autres François, qui couroient et rançonnoient et pilloient l’un sur l’autre sans point de déport.

Or s’avisèrent aucuns barons et chevaliers du Poitou, qui Anglois se tenoient, que ceux de la garnison de Montcontour les travailloient plus que nuls autres, et qu’ils se trairoient (rendroient) cette part, et qu’ils les iroient assiéger. Si firent un mandement en la ville de Poitiers au nom du sénéchal de Poitou, messire Thomas de Percy, auquel commandement obéirent tous chevaliers et écuyers, et furent bien cinq cents lances et deux mille brigands paveschiés (armés de boucliers), parmi les archers qui là étoient. Là étoient messire Guichard d’Angle, messire Louis de Harcourt, le sire de Parthenay, le sire de Poiane, le sire de Tonnaibouton, le sire de Crupignac, messire Percevaux de Cologne, messire Geffroy d’Argenton, messire Hugues de Vivone, le sire de Tors, le sire de Puisances, messire James de Surgières, messire Maubrun de Linières, et plusieurs autres ; et aussi des chevaliers Anglois qui pour le temps se tenoient en Poitou, pour cause d’office ou pour aider à garder le pays, tels que monseigneur Baudouin de Frainville, messire d’Agonse (Angus), messire Gautier Huet, monseigneur Richard de Pontchardon et des autres. Quand ils se furent tous assemblés à Poitiers et ils eurent ordonné leurs besognes, leur arroy et leur charroy, ils s’en partirent à grand exploit et prirent le chemin de Montcontour, tous ordonnés et appareillés ainsi que pour l’assiéger


[1La ville de Pons est en Saintonge, sur la Suigne [Seugne], à quatre lieues de Saintes. Ces erreurs géographiques ne sont pas rares dans Froissart

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