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1543 - 1685 - A la Rochefoucauld (16), un journal familial raconte le temps des guerres de religion

vendredi 4 juillet 2008, par Jean-Claude, Razine, 1770 visites.

Détail du balcon du château de La Rochefoucauld
Dessin de Jean-Claude Chambrelent.

Le récit retrace sur plusieurs décennies, les troubles occasionnés par les catholiques et les calvinistes pendant les guerres de religion. Il donne des indications intéressantes sur l’état d’esprit des habitants de la cité, les conditions climatiques de l’époque, les destructions et reconstructions des édifices religieux et stigmatise l’étendue des atrocités commises par les deux partis. Il existe trois versions de la relation de ces curieux récits, dont celle de Jean Pillard, chanoine de la collégiale de la ville. Le journal en fait mention à plusieurs reprises.

Sources – Livre domestique de la famille de Lâge de Luget – Annales de La Rochefoucauld – Curieux récits de faits accomplis dans cette ville du temps des guerres de religion XVIe et XVIIe siècles publiés par Emile BIAIS - lecture faite pour la première fois le 11 mai 1870 à la société archéologique et historique de la Charente.

JOURNAL DES EVENEMENTS

15 janvier 1543 Il fit une gelée si grande que les deux tiers des tombes du cimetière furent fendues.
15 juin 1552 Furent remises les cloches de la grande église qui étaient au château, moyennant 60 livres, 10 sols qu’on a payé au roi.
25 mars 1555 On fit faire les deux cloches et celle qui sonne la messe de la paroisse aujourd’hui qui sont à la grande église de La Rochefoucauld ; quelque temps après, furent prises et emportées au château de cette ville.
L’an 1561 Les huguenots rompirent et démolirent les images, la chapelle du grand cimetière de La Rochefoucauld. Le dernier juillet de 1561, la reine de Navarre arriva en cette ville, voulut faire prêcher dans la grande église, mais les catholiques avaient si bien fermé les portes qu’elle n’y put entrer. Toutes les églises cessèrent de faire l’office divin.
10 mai 1562 Les huguenots firent montre de tous leurs gens avec tambours en cette ville.
20 septembre 1562 Fut commencé à rebâtir le grand portail de la grande église de cette ville. Dieu veuille qu’on puisse continuer ! Ledit Pillard qui laisse ce mémoire dit qu’il fut cause de la hauteur dudit portail, à cause qu’il donna cinq sols au maître maçon pour cela.
2 janvier 1563 Les deux petites cloches qui sont présentement au clocher de ladite grande église furent données par les habitants catholiques de cette ville.
7 août 1563 Fut rebâti le grand portail de l’église des pères Carmes de cette ville.
9 août 1563 Charlotte comtesse de cette ville, fit faire défense de sonner les cloches.
2 novembre 1563 On commença à bâtir les murailles de la grande église. Dieu veuille que l’on continue !
25 août 1565 Furent remis tous les prêtres et carmes dans leurs églises en cette ville, par M. de La Caste, maître des requêtes de Bretagne, Jean Arnaud, lieutenant général d’Angoumois, commissaires pour le roi, qui furent par tout l’Angoumois pour ce sujet.
3 novembre 1565 M. Le Comte défendit de ne plus sonner les cloches. Le 17 dudit mois, Simon Piaud, assesseur obéit à tout ce qu’on voulut.
1er janvier 1568 Les huguenots contraignirent les prêtres d’aller au prêche, sous peine de mort.
15 avril 1568 Jour du vendredi saint, lesdits huguenots mirent le feu dans la grande église de cette ville, emportant tout ce qu’ils purent ; mirent la sainte hostie au gibet au grand canton de cette ville, la clouèrent à la potence.
15 octobre 1568 La ville d’Angoulême fut assiégée et canonnée si furieusement par les huguenots qu’elle fut obligée de se rendre.
2 novembre 1568 Passèrent ici, par cette ville de La Rochefoucauld, Messieurs les princes de Navarre, de Condé, le comte de La Rochefoucauld, l’amiral de France M. D’Andelot et plusieurs grands seigneurs et capitaines. Le commun bruit fut qu’ils étaient au nombre de cent mille combattants, de quoi tout le pays souffrit beaucoup ; là où ils passaient, ils mettaient le feu à toutes les églises et mettaient à mort tous les prêtres qu’ils trouvaient, s’ils ne voulaient renoncer à l’ordre de prêtrise ; mais y ayant renoncé, ils les laissaient aller payant rançon. Maïtre Jean Pillard, chanoine de l’église collégiale de Notre Dame de La Rochefoucauld, fut pris à rançon de 53 écus sols valant chacun 56 sols la pièce ; ne purent jamais le faire renoncer à l’ordre de prêtrise à cause qu’il était homme de bien ayant la crainte de Dieu en lui, qu’il eut aussi de bons amis qui le firent sauver.
Année 1569 Il y avait un ministre de La Rochefoucauld qui prêchait le prophète Jean, qui était du pays du Languedoc lequel était tellement contraire aux gens d’église, aux pauvres prêtres, que c’était pitié des pauvres chanoines, leur ayant ôté tous leurs revenus et réduits à la dernière pauvreté, que c’était grande misère.
22 novembre 1569 Les pauvres prêtres étaient en grande peur des coureurs reniés qui sans cesse les cherchaient pour les massacrer ; ils étaient enfermés et n’osaient se montrer ni regarder aux fenêtres.
11 janvier 1570 Furent rompus et abattus les voiles ( ?) du temple de la grande église de La Rochefoucauld, les Carmes, Saint-Florent, la Basse-ville, laquelle perte fut estimée deux cent mille éscus, qui n’est au regard des autres temples qui ont été démolis e par toute l’Europe. Les principaux étaient Messieurs de Châtillon, le prince de Condé, l’amiral de France, le comte de La Rochefoucauld et plusieurs autres seigneurs capitaines.
3 septembre 1570 Il tomba à la Rochefoucauld une grêle plus grosse que des œufs qui fit un grand dommage à tout le pays.
6 décembre 1570 M. le duc d’Anjou, frère du Roi de France arriva dans cette ville de La Rouchefauld, y demeura huit jours, ce qui fut cause d’une grande cherté et mortalité dans le pays, la pinte de vin coûtait 5 sols, le membre de mouton 10 sols.
Année 1571 La veille de l’Ascension de Notre Seigneur Jésus-Christ, les soldats jetèrent un religieux de Saint-Florent dans la Tardouëre et le firent noyer à cause qu’il avait reçu la prêtrise et s’était rendu huguenot ; on l’appelait maître Derays, curé de Saint-Vincent, proche Chasseneuil. Ledit Pillard qui a écrit ledit mémoire raconte qu’il y avait deux chevaliers de l’ordre logés dans la maison, qui la ruinèrent absolument et qui néanmoins étaient huguenots. Le même auteur rapporte que François Mathurin, Bouillaud furent les principaux auteurs de ce qu’on abattit le grand temple de La Rochefaucauld, toutes les autres églises dudut lieu, qu’on les ruina toutes, qu’on y mit le feu le 29 août 1570, dont était présent ledit chanoine Pillard. O grande pauvreté et douleur ! a signé dans l’original où j’ai pris cette copie, Jean Pillard, chanoine de l’église collégiale de Notre Mère Dame de La Rochefoucauld.
8 octobre 1571 On a commencé à dire la sainte messe laquelle on avait cessé de dire à cause de la grande persécution que faisaient les huguenots.
15 avril 1572 Dame Charlotte de Roys, comtesse de La Rochefoucauld mourut à Verteuil.
25 août 1572 Les principaux huguenots de France furent massacrés tant le jour que la nuit.
30 avril 1572 On reçut la nouvelle que M. de La Rochefoucauld et plusieurs et plusieurs grands seigneurs avaient été tués à Paris. L’auteur de ce mémoire dit que Dieu leur fasse pardon, mais qu’il ne se fait rien que par la providence de Dieu.
3 avril 1583 Jour des Rameaux, il faisait fort beau temps, fort clair, les huguenots faisaient leurs prêches entre huit et neuf heures du matin dans la maison de maître Jean Goisé, ils eurent une telle frayeur qu’ils croyaient être tous perdus ; ils se jetaient par les fenêtres et par les portes, les uns sur les autres, croyant que la maison allait tomber sur eux, criant à haute voix miséricorde, sans qu’il y fût personne qui les tourmentât que quelques démons qui étaient entr’eux ; tellement que ceux qui étaient par la ville prirent les armes et ne furent plus au prêche de ladite maison. Quelques temps après, ils bâtirent un prêche, par la permission de M. le comte de La Rochefoucauld, à la porte de la ville qui a vue du côté du château où ils ont toujours fait leurs exercices, avec un collège où il y a toujours eu beaucoup d’étrangers hollandais, anglais et autres nations, qui fait que les pauvres catholiques n’osèrent dire mot. Dieu veuille par sa grâce y mettre la main !

Il y a beaucoup de choses considérables qui sont arrivées depuis l’année 1583 jusqu’à l’année que Dialot, procureur au siège de La Rochefoucauld, donna un soufflet à M. Cailliot, chanoine de La Rochefoucauld, au bourg de Saint-Florent, et rompirent la pyramide et le feu de joie que l’on avait préparé pour la naissance de notre grand monarque Louis XIV qui règne aujourd’hui. Dieu veuille lui donner de longues années par sa sainte grâce ! Depuis ce temps, les hugenots ont toujours assez bien vécu avec les catholiques jusqu’à l’année 1696 que maître Philippe Piet, curé de la grande église de La Rochefoucauld, les a commencé à observer et a fait exécuter les édits de Sa Majesté ; mais il fut obligé d’aller à Paris, où il mourut àSaint-Sulpice l’année 1670.

Fut nommé à sa place curé, Maître Jacques Piet, son frère, qui ne donna plus de repos aux huguenots et les fit inviolablement subir aux déclarations du Roi, jusqu’à l’année 1685 qu’ils conspirèrent contre lui pour l’assassiner, et ne pouvant le trouver où ils allaient, tuèrent son valet qu’ils trouvèrent sur le pont de Saint-Florent la nuit, le jetèrent dans la rivière six heures après sans être corrompu, et lorsqu’il fut sorti de l’eau, il revint aussi vermeil que s’il eût eu la vie. Ce que lesdits huguenots avaient contre lui était qu’il avait été témoin contre leur ministre Dillon qui avait souffert à son prêche un renégat nommé Miout, contre les ordonnances du Roi. Cela fut cause que l’on fit le procès dudit ministre et que leur prêche fut condamné à être rasé.

La même année M. de Gourville fut demander au Roi le prêche pour y fonder une chapelle en l’honneur de Saint Jean-Baptiste, où il a donné six mille livres pour faire un fonds pour y entretenir les pauvres, où il y a plusieurs filles de condition et de vertu qui y ont porté leurs biens et gouvernent les malades.
29 septembre 1685 Il arriva dans cette ville deux compagnies de dragons rouges conduits par M. le marquis d’Argenson, lieutenant général d’Angoumois. M. l’évêque et M. l’intendant arrivèrent deux jours après, qui firent convertir plus que quatre cents huguenots tant de la ville que des environs.

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