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1740 - 1760 - Disputes entre riverains de l’Antenne pour le droit de pêche

samedi 29 mai 2010, par Pierre, 1360 visites.

Une affaire très classique : deux seigneurs, Guillouet d’Orvilliers (sr. de Château-Chesnel à Cherves) et Badiffe de Vaujompe (sr. de St Sulpice-de-Cognac) tous deux propriétaires d’un côté de la rivière l’Antenne, se disputent le droit de pêche. Insultes, menaces avec armes, filet confisqué : l’affaire s’envenime. Madame de Vaujompe, veuve avec six enfants mineurs à charge, semble avoir du mal à maîtriser son petit monde turbulent. Vingt ans plus tard, pour sortir de l’impasse, une tentative de conciliation est engagée. Peut-être aurons-nous la chance de découvrir le document qui raconte l’épilogue de cette affaire.

Source : Archives Départementales 17 - Fonds Frétard-Chesnel - cote 20 J 26 - 3 documents - Transcription : Pierre Collenot. - L’orthographe originale a été conservée.

Rives de l’Antenne à Cherves-Richemond (16)
Photo : Pierre Collenot - 05/2005

 1740 : Mr d’Ecoyeux écrit au Marquis de Charras pour se plaindre des violences des de Vaujompe

Plainte de Mr d’Escoyeux, chef d’escadre, à Monseigneur le Marquis de Charras, lieutenant général en Angoumois, contre le Sr de Vaujompe

A Messieurs les marechaux de France en leur [mots effacés]
A Monseigneur le marquis de Charas leur lieutenant dans l’Engoumois et dans [mots effacés] dans le ressort de Coignac

Des Coyeux [1] chef des casdre [2] des armée de sa majesté a l’honneur de vous represanter qu’ayant envoyé mercredy 6 de ce mois deux de ses vallets pescher dans la riviere de l’anteine, le fils du sieur de Vaujompe se trouva sur le bord de la riviere lequel avec des juremens terrible menassant de tuer ces deux hommes et ayant le fusil à la main prest à les tirer les obligea à luy jetter le tramail [3] dont ils se servaient et ayant envoyé le lendemain demander le dit tramail à la dame de Vaujompe elle luy a escrit une lettre des plus ridicule dont la copie est sy jointe [4], ledit Des Coyeux vous suplie monseigneur de vouloir avoir la bonté de luy randre justice en luy faisant randre son tramail et que deffance soit faitte aux dits sieurs de Vaujompe d’empescher les gens du dit Descoyeux de pescher pour luy, les eaux estant mytoyene et y ayant fait pescher de tout tems, que deffance soit faitte audits Vaujompe de chasser sur ce qui apartient ou releve du dit sieur Des Coyeux à qui il ne convient point d’user de violance quoy que j’aye esté tres offancé, je ne demande que la paix et la justice

 1740 - Le Marquis de Charras dresse procès-verbal aux de Vaujompe

Bertrand de la Lorancie, Marquis de Charras, seigneur des chastellenies de Nevic [5] et Mossion et des seigneuries d’Herpe et Le Vergier, Baron du Seurre, chevallier de l’ordre millitaire de Saint Louis et lieutenant de nos Seigneurs les mareschaux de France dans les bailliages de Saint Jean et de Cognac

Sceau du Marquis de Charras
ce sceau était apposé au bas de ce document - Photo P. Collenot - AD 17

sur l’avis qui nous a esté donné que les sieurs de Vaujompe frères insultoient journellement les domestiques de Monsieur le Marquis d’Escoyeux, chef des armées navalles du Roy, et qu’ils les menassoient de les tuer à coups de fuzils et les empescher de pescher dans les eaux appartenant audit sieur d’Escoyeux, affain de prevenir les suittes fascheuses quy pourroient arriver de pareil proceddé, nous faisons deffance de la part du Roy et de nos Seigneurs les Mareschaux de France auxdits Srs de Vaujompe freres d’insulter ny menasser les domestiques et gens appartenant aud Sr Marquis d’Escoyeux ny les empescher de pescher dans les eaux à luy apartenant à peine de desobeissance, en outre leur faisons deffances d’uzer d’aucunes voix de fait directement ou indirectement soubs les peines portées par les esditz et declarations du Roy et reglements de nos seigneurs les Mareschaux de France

Mandons au premier garde de la constablie ou archer de la Mareschaussée sur ce requis de signiffier notre presante ordonnance et nous en faire raport

Donné dans notre chasteau de Nevic, le seize mars 1740

Charras

 1760 - Tentative de conciliation

Entre Messire Louis Guillouet chevallier seigneur d’Orvilliers, chevallier de l’ordre royal et millitaire de St Louis, capitaine des vaisseaux du Roy et commandant de la compagnie de MM les gardes de la Marine, et dame Marie Anne Thérèze de Chesnel de Coyeux son épouze dame de Ménac et de Chazotte et de la Roche de Cherve, et laditte dame de Chesnel dud seigneur d’Orvilliers bien et dheument autorisée pour l’effet des prezante, demeurant l’un et l’autre en la ville et port de Rochefort, d’une part, et dame Madelaine Suzanne Bertrand veuve et non commune de messire Henry Badiffe chevallier seigneur de Vaujompe et St Sulpice, au nom et comme mere tutrice de Louis et autre Louis, Pierre, Antoine, Suzanne, une autre Suzanne, Madelaine, et de ses six enfants mineurs [mots effacés] de Vaujompe demeurant au logis noble dud Vaujompe paroisse de St Sulpice d’autre part, a esté dit que tient [mots effacés] considérable à l’occasion d’un droit de pesche sur l’Anteine qu’on appelle communément la riviere des [mots effacés] Coulonge descendant des moulins de Vergné et moulin Neuf [mots effacés] Coulonge et ensuitte à Preziers, droi... [mots effacés] lesdits seigneurs et dame pretendent commun entre led seigneur de Ménac et de Chazotte et celle de Vaujompe et Saint Sulpice depuis le moulin de Coulonge jusqu’à la Caillefourche et exclusif de [mots effacés] ditte Caillefourche jusqu’au moulin de Preziers à cauze de leurs seigneuries de Ménac et de la Roche de Cherve, lequel droit la dame Bertrand au nom de ses dits enfants mineurs soutient au contraire luy apartenir exclusivement à qui que ce soit comme seule propriétaire des dittes eaux depuis le lieu appellé la Fosse de Merpins jusqu’au moulin de la Cassotte, leur inclination pour la paix et le désir qu’ils ont de l’entretenir pour toujours, les ont determinez unanimement à convenir des chauze cy après, sçavoir est :

1° que pour terminer et décider ledit differend, circonstance et dependance quelconque sans aucune exception, ils choisiraient comme de fait ils choisissent part ses presentes pour arbitres et amiables compansiteurs Monsieur Compagnon conseiller du Roy et son avocat au siège presidial de Saintes, y demeurant, et Monsieur Perodeau avocat en la Cour de Parlement demeurant à Saint Jean d’Angély, auxquels ils donnent par ces mêmes prezantes plein pouvoir de juger et terminer le dit differend sur les titres, pièces et memoires que lesdittes parties promettent de remettre devant eux dans un mois pour tout delay, priant les dits sieurs Compagnon et Perrodeau de rendre leur jugement et sentence arbitralle dans l’intervalle de six mois à compter de ce jour

2° que suposé que lesdits sieurs arbitres ne puissent pas convenir d’avis entre eux, les dittes parties leur donnent pouvoir par ces mêmes presentes de prandre un super arbitre tel qu’il leur plaira

3° que les dittes parties s’obligent aux peines cy après expliquées de se soumettre à la sentence qui interviendra, comme cy cetait un arest de cour souveraine, ensemble d’y faire soumettre leurs enfans, heritiers ou ayant cause à peine de mille livres de dommages et interets, laquelle peine ne poura dans aucun cas être réputée comminatoire

4° que la dame Bertrand s’oblige aux mêmes peines à faires ratiffier laditte sentence arbitralle par ses dits enfans mineurs, aussy tôt qu’ils auront atteint lage de majorité

5° que dans le cas que l’une des parties voulût [mots effacés] laditte sentence arbitralle, soit elle même, soit [mots effacés] heritiers, elle ne pourra, ni ses dits enfans ou heritiers être re... [mots effacés] ledit appel qu’au prealable ils n’ayent payé à l’autre partie ou à ses héritiers et ayant cause laditte somme de mille livres montant des dommages et interets cy dessus specifiez, et qu’ils n’ayent fait aparoir par quittance en forme du payement qui aura été fait de laditte somme de mille livres

tout ce que dessus lesdits seigneur d’Orvilliers et dame de Chesnel d’Ecoyeux son épouse et la dame Bertrand au nom de ses dits enfans mineurs ont voulu, stipulé, consenty et accepté, pour avoir sa pleine et entière execution aux peines ci dessus portées, à l’effet de quoy ils ont obligé et hipotiqué soliderement tous leurs biens presents et à venir sans division, ni discution, à quoy ils ont renoncé par ses prézantes

fait et passé qu’adruple entre nous à château Chesnel paroisse de Cherve le vingt trois de novembre mil sept cent soixante

[ajouté de la main de Mme de Vaujompe]
Japrouve et je consens le compromis si desus et des aux trepras avec tout ses clauce à la piene de mil livre contre les conte venens fait le jour et en susdit
Bertrand veuve de Vaujompe

Au dos est écrit :
Com promis [sic]
entre Mr et Madame d’Orvilliers et Madame de Vaujompe pour raison des droits de pesche sur la rivierre de l’Antaine, quy sonts en contestation

23e novembre 1760


[1Monsieur d’Escoyeux (Ecoyeux)

[2d’escadre

[3tramail : filet de pêche

[4Ce document n’a pas été retrouvé

[5Nevic : Neuvicq-le-Château (Charente-Maritime)

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