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1500-1549 Ephémérides historiques de la Rochelle revisitées

jeudi 16 avril 2020, par Pierre, 182 visites.

Les Éphémérides historiques de La Rochelle, publiées par J-B Jourdan en 1861, sont une véritable mine d’informations sur l’histoire de cette ville. Cet ouvrage essentiel est composé de 847 notices sur les événements du riche passé de cette ville. Pour chacune de ces notices, les sources d’archives sont mentionnées, et l’auteur compare les sources, leurs éventuelles contradictions.
Un ouvrage qui est aussi déconcertant pour le lecteur, puisque les événements y sont classés du 1er janvier au 31 décembre, toutes années confondues, ce qui rend impossible d’y retrouver la chronologie sous-jacente.
Nous avons "revisité" cet ouvrage en reclassant les 847 notices dans leur ordre chronologique du 21 mars 1089 au 12 novembre 1858.
Réalisée en période de confinement, propice aux travaux au long cours, cette nouvelle présentation facilitera, nous le pensons, les recherches des amateurs de l’histoire de cette ville au riche passé.
Nous avons conservé l’intégralité du contenu des 847 notices, avec leurs notes de bas de page. Pour faciliter la lecture, ces notes suivent immédiatement le texte principal de chaque notice

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ÉPHÉMÉRIDES ROCHELAISES.
Tout le monde sait que ce fut par un édit de Charles IX , donné à Roussillon, en Dauphiné, le 9 août 1564, que le premier jour de l’année fut fixé pour l’avenir au 1er janvier. Antérieurement dans l’Aquitaine , dont faisait partie la Rochelle, l’année commençait le 25 mars, contrairement à l’ancienne coutume de France, qui fixait le premier de l’an au jour de Pâques. Toutefois, l’année municipale rochelaise continua de s’ouvrir le jeudi après la Quasimodo, jour de l’installation du Maire, dont l’élection avait lieu chaque année le dimanche de la Quasimodo.


1500
1500 02 19. — On ne connaît pas aussi exactement l’époque de la fondation de l’église de Saint-Sauveur, due aussi aux religieux de l’île d’Aix ; mais elle suivit sans doute d’assez près celle de Saint-Barthélémy, car toutes deux furent en même temps érigées en églises paroissiales, par le pape Ponce II, en 1217. L’église de Saint-Sauveur n’était primitivement qu’une simple chapelle dédiée à sainte Marguerite. Par des lettres patentes dit 19 février 1500, Louis XII prit sous sa sauvegarde les biens de l’église et de la fabrique de Saint-Sauveur, en déclarant l’église de fondation royale, et en s’intitulant : Chef et maystre de la confrairie du corps de Christ et de Saint-Marsault, desservie dans ladite église ; titre qu’avaient déjà porté avant lui Louis XI et Charles VIII. (Reg. de Saint-Sauveur. — Jaillot.)
1501 09 11. — Par acte passé par Bureau, notaire à la Rochelle, le corps de ville achète à Guillaume Regnault, un cours d’eau venant d’un jardin de Lafons par deux covrans, et l’année suivante fut commencé à bastir la fontayne de la ville, près les puits doux. (A. Barbot. — Bruneau.) — V. 22 août.
1503 08 21 (1) — Bulle du Pape Alexandre VI, qui défend de citer les Rochelais en justice hors de leur ville, en vertu de quelque privilège que ce soit , fors celuy des commença ux du Roy, et qui confère aux abbés de Charron, de Saint-Léonard et de l’ile de Ré , le pouvoir de lever les excommunications , qui pourraient être lancées contre eux, pour n’avoir pas obéi à une citation qui les aurait appelés devant un juge étranger. (Invent, des privil. — Baudouin. — Ms. n° 1977. ) Ce privilège si important de n’être pas tenus de comparaître devant d’autres magistrats que ceux de leur ville , avait été octroyé aux Rochelais par Louis XI, en 1461. Le Pape ne le rappelait sans doute que parce que l’évêque et les ecclésiastiques, à l’occasion de la dîme, n’en avaient tenu aucun compte et avaient eu recours à l’arme ordinaire de l’excommunication (F. 13 juin) ; car peu de temps après, le procureur du Roi fesait sommer l’évêque de Saintes et autres gens d’église d’avoir à lever les sentences d’excommunication prononcées contre les Maire , eschevins, pairs, bourgeois, manans et habilans de la ville de la Rochelle. (Invent. des privil. ) Nos pères, dont un éminent prélat exaltait naguères bien haut la profonde piété et l’ardente foi catholique (2), étaient, on le voit, bons catholiques comme ils étaient bons royalistes, fesant passer leurs privilèges et leurs franchises avant leur soumission au Roi et à l’Eglise. (3)

(1) Il est donné à cette bulle des dates très diverses. Dans deux pas-sages différents , l’inventaire des privilèges lui attribue celles de 1500 et de 1504, tandis que Baudouin lui donne celle de 1501. Toutes trois sont nécessairement fausses , puisque le court pontificat d’Alexandre VI est renfermé dans l’année 1503. D’après l’inventaire des privilèges , elle serait du mois de novembre ; mais Baudoin en fixe la date au 21 août.

(2) V. le discours prononcé , le 2 août 1855 , pour la clôture du concile de la Rochelle par Msr Villecourt.

(3) Cette faveur du Pape était due a la haute influence du cardinal Raymond Pérauld, originaire de Surgères, qui, sous la pourpre romaine, n’avait pas oublié que, venu à la Rochelle pauvre maître d’école , sans ressources , le Maire et le corps de ville l’avaient soutenu et protégé , de telle sorte qu’il y était devenu archidiacre d’Aunis. Aussi dès qu’il avait été nommé cardinal, en 1493 , s’était-il empressé de le « faire sçavoir à Messieurs de ceste ville, en les remerciant des grands biens qu’ilz luy avoient faitz par cy-devant, et que par leur moyen il estoit venu en ceste dignité d’estre cardinal, soy offrant de toute sa puissance à eulx en particulier et en général. » (Ms. No 1977.)


1503 08 31. — « Le dernier jour d’aoust, a esté bruslé tout vif ung sorcier de Nieul, à la place du Chasteau. » (Bergier.) Quelques jours auparavant il en avait été brûlé deux autres, dont l’un d’Esnandes, qui confessa qu’ils estaient sorciers et en accusa plusieurs autres. (Idem.)
1505 09 13. — On connaît déjà les causes qui déterminèrent Charles IX et sa mère à venir à la Rochelle. (V. 12 mai.) Ils s’étaient fait précéder par le connétable Anne de Montmorency , qui, par un sentiment de défiance, dont furent blessés les habitans, ordonna de transporter dans la prée Maubec l’artillerie, qui avait été placée sur les remparts et sur la place du Château, pour saluer l’arrivée de leurs Majestés. Après avoir dîné à la Jarrie , le Roi, accompagné du duc d’Orléans, son frère , et du jeune prince de Béarn ( Henri IV), arriva, dans la soirée du 13 septembre, au faubourg Saint-Eloy, où l’attendaient le gouverneur Jarnac, « le clergé des cinq églises paroissiales et collégiales, avec les religieux et ordres des quatre mendians, avec tous leurs ornements de chapes, croix et bannières, plus les président, lieutenants, conseillers du siège présidial, avec tous les autres juges royaux ; ensuite desquels estoient les avocats, procureurs et généralement les officiers et gens de justice, ayant leurs robes longues et bonnets carrés, et finalement le Maire et ceux du corps de ville, avec leurs gagers, sergens à verge, archers, portiers et canonniers, ayant leurs casaques et livrées de la ville ; les Maire, échevins, pairs et notables bourgeois, qui les accompagnoient, estans richement vestus d’incarnat, blanc et bleu, qui estoient les couleurs du Roy ». Quatre compagnies d’habitans, portant l’uniforme aux mêmes couleurs , bien armés et morions en teste, formaient l’escorte. Le Maire, Michel Guy, seigneur de la Bataille , présenta les clés de la ville au Roi, qui les lui remit aussitôt ; ensuite, l’échevin Jean Blandin harangua Sa Majesté au nom des habitans. La Reine mère et sa fille (la princesse Marguerite, qui devait épouser plus tard le Roi de Navarre) , n’étant pas encore arrivées, Charles IX remit au lendemain son entrée solennelle et passa la nuit au vieux monastère de Saint-Jean dehors , situé à une très petite distance de la porte de Cougnes. (1) — (Abel Jouan. — A. Barb. — Bruneau. — Chron. de Langon.)

(1) Selon A. Barbot le Roi coucha dans la maison noble de Faye , située au même faubourg et vis-à-vis le couvent des religieux de Saint-Jean dehors ; mais Abel Jouan , qui accompagnait Charles IX , et la Chronique contemporaine de Langon , désignent positivement le monastère , et m’ont paru plus dignes de foi.


1509 02 16. - Anne de Salm, cette princesse de Lorraine, qui, éprise d’une passion romanesque pour François de Coligny, sieur d’Andelot, colonel-général de l’infanterie française, avait épousé ce noble et digne frère de l’amiral, étant accouchée à la Rochelle (où peu de mois auparavant elle avait suivi l’amiral de Coligny et sa famille), de son second fils Benjamin, l’enfant fut présenté au baptême, le 16 février, par le comte François de la Rochefoucault et par Catherine de Parthenay, alors femme de Ch. de Quelenec, vicomte du Fou, baron de Pons, seigneur de Soubise, &c,’. (Regist. des bapt. protestants.) — V. 13 février 1509.
1510
1511 03 27-42. — Des procès-verbaux d’élection, dressés à ces dates par les notaires Macaing et Roy, complètent les renseignements fournis par A. Barbot sur l’organisation municipale, que François Ier, aux instigations du Gouverneur Chabot de Jarnac, avait substituée, en 1535, à l’antique statut communal de la Rochelle. — L’ancien corps de ville se composait d’un Maire, choisi par le Roi ou par son principal représentant, sur une liste de trois candidats, élus chaque année par le corps de ville tout entier ; de vingt-quatre échevins inamovibles (1), chargés plus spécialement d’assister le Maire dans l’administration, et de soixante-quinze pairs , nommés aussi par élection et à vie, comme les échevins, mais avec cette différence que les échevins étaient élus par les échevins seuls, "et que les pairs l’étaient par les cent membres composant le corps de ville. François Ier rendit la mairie perpétuelle et, l’érigeant en office, en gratifia Jarnac lui-même, qui devait s’adjoindre chaque année un sous-maire. Il remplaça l’ancien corps de ville par vingt échevins biennaux, nommés la première fois par Jarnac, et qui devaient se renouveler annuellement par moitié, au moyen de l’élection de dix nouveaux candidats élus par la totalité des bourgeois. A cet effet, quinze jours avant l’expiration de l’année municipale, les fabriqueurs ou marguilliers de chacune des cinq paroisses invitaient, au prône, les bourgeois à se réunir, le dimanche suivant, dans leur église paroissiale." Convoqués au son de la cloche, ceux-ci nommaient alors dix électeurs par paroisse, et ces derniers, après avoir prêté serment, sur les sacrées reliques et devant un notaire qui en dressait acte, de choisir entr’eux deux des plus suffisans et capables, désignaient ceux qui devaient exercer les fonctions d’échevins. Les dix élus étaient ensuit6 présentés au Maire perpétuel, qui était tenu de les accepter et installer, s’il n’existait contre eux aucune cause d’incapacité. — Ce système d’élection à deux degrés, par le suffrage universel, pourrait paraître, même aujourd’hui, très-libéral ; cependant sa substitution à l’ancien régime est regardée par A. Barbot comme la plus grande plaie qui put affliger la commune et la plus grave atteinte portée à son repos et à ses libertés. Il souleva une si vive opposition « .qu’un seul gibet n’étant pas suffisant pour retenir en crainte ceux qui ne pouvoient aisément digérer cette nouvelle et rude domination, le prévost, à la requête du Procureur du Roy, fit dresser deux nouvelles potences, lesquelles furent rompues et brisées le neufviesme jour par le peuple. » (A. Barbot.)

(1) Douze d’entr’eux étaient plus spécialement désignés par le titre d’échevins et connaissaient en appel des causes jugées en première instance par le juge de la Mairie. Les douze autres s’appelaient conseillers , parce qu’ils conseillaient et assistaient le maire dans ses fonctions administratives de chaque jour. A chacune des installations de maire, on arrêtait, tous les ans, par un roulement régulier, la liste des échevins et celle des conseillers. (Statuts du corps de ville).


1512 10 13. - Le pape Jules II ayant réussi à entraîner le Roi d’Angleterre , Henri VIII, dans la ligue qu’il avait formée contre la France, Louis XII avait senti le besoin de fortifier sa marine, et s’était adressé aux Rochelais pour qu’ils lui envoyassent quelques navires. Ceux-ci lui avaient fait don de la grande nef, nommée le Saint-Sauveur, de 4 à 500 tonneaux, que la commune avait fait construire quelque temps auparavant (1), et qui lui avait coûté près de 10,000 livres. En reconnaissance, le Roi les avait exemptés de l’imposition foraine, qui était de quatre deniers par livre. Mais quand Louis XII leur avait en outre demandé l’artillerie nécessaire pour armer le Saint-Sauveur, ils avaient répondu qu’ils avaient besoin de toute leur artillerie pour défendre leur ville contre les Anglais ( qui de jour à autre se venoient rader près la ville et prendre les navires marchands), le priant même de leur envoyer quelque seigneur expert au fait de la guerre, pour les conseiller et faire percer et remparer la ville, dehors et dedans. S’en rapportant à la fidélité de ses bons subjects les habitans de la Rochelle, le Roi les avait assurés qu’il ne les abandonnerait pas si les Anglais venaient les attaquer et leur avait expédié du Chillou, sous la direction duquel avaient été entrepris de très grands travaux aux fortifications. Le 13 octobre 1512 , il écrivit au corps de ville pour lui annoncer que, n’ayant plus besoin de la nef le Saint-Sauveur, il la remettrait aux mains de la commune, avec toutes les munitions qui s’y trouvaient, aussitôt qu’elle serait de retour de son service. (Bruneau. — A. Barb. — Ms. n° 1,977, invent. des privil. — Appoint. D’Avranches. )

(1) On lit dans le manuscrit n° 1,977 que ce fut J. Guybert , maire de 1507 , qui fit parachever la grand’nef nommée le Saint-Sauveur. Arcère s’est donc trompé doublement en disant que c’était en lolo que , sur la demande du Roi, les Rochelais avaient fait construire ce navire.


1514 08 27. — Lettres de commission de Louis XII à M. Thibaut Baillet, président au parlement de Paris, et Roger Barme, avocat du Roi à la même cour, pour qu’ils aient à procéder à la réformation ou plutôt à la rédaction de la coutume de la Rochelle, qui jusqu’alors n’avait point encore été rédigée par écrit et était confiée seulement à la fragile mémoire des hommes. Il ne faut pas croire cependant que notre ville fut en cela dans une situation exceptionnelle : c’était celle de presque toutes les villes du royaume. En vain la grande ordonnance de Charles VII, du mois d’avril 1453, avait-elle, dans son article cent vingt-cinq , commandé la rédaction « des coustumes, usages et styles de tous les païs du royaulme, afin d’abroger les procès, diminuer les frais, mettre certainetô dans les jugemens, tant que faire se pourra , et oster toute matière de variations et contrariétés. » ; en vain Louis XI et Charles VIII avaient fait leurs efforts pour arriver au même but, ils n’avaient pu vaincre l’énergique résistance qu’opposent trop souvent l’intérêt personnel et les préjugés aux projets les plus justes et les plus raisonnables. Bruneau rapporte qu’en 1408 « deux commissaires ayant été nommés pour cognoistre des excès, extorsions, abus de justice , faux, contrats usuraires et autres griefs faits par les officiers royaux et autres, il leur fut représenté le privilège portant exemption de réformation, et ils reconnurent que nul n’avait le droit de réformer les Rochelois. » N’avons-nous pas vu d’un autre côté quelle futile cause avait fait échouer la réformation de la coutume tentée par Henri III, en 1584 (V. 11 août). Louis XII fut plus heureux que ne l’avaient été ses prédécesseurs : A. Thierry constate que, de 1505 à 1515 , vingt coutumes de pays ou de villes importantes furent recueillies, examinées et publiées avec la sanction définitive ; c’est de cette époque que date le coutumier général du païs , ville et gouvernement de la Rochelle, qui est resté la loi de l’Aunis jusqu’à la révolution. (1)

(1) La publication des coutumes ne fut terminée que sous le règne d’Henri III. Il n’y avait pas à cette époque moins de deux cent quatre-vingt-cinq coutumes ; mais il n’y en avait qu’une soixantaine de principales. (Cheruel.)


1514 09 30. Publication, en l’auditoire de la ville et gouvernement, du coustumier général du païs, ville et gouvernement de la Rochelle, mis en ordre et rédigé en 68 articles par les commissaires royaux Baillet et Barme (V. 27 août), en présence des fondés de pouvoir du cardinal Debolterne , évêque de Saintes, du baron de Surgères (en même temps archidiacre d’Aunis), des abbayes de Charron , de l’ile de Ré, de Saint-Léonard des chaumes et de Nuaillé, des compagnons et chapelains de Saint-Bartttelémy, de Saint-Sauveur et du curé de Saint-Martin (île de Ré), des procureurs du duc de Longueville , prince de Châtelaillon, de Louis de la Trimouille, comte de Benon et seigneur de Marans et de l’île de Ré, du prince de Talmont, seigneur de Rochefort, de Jacq. Galiot, maître de l’artillerie du Roi, seigneur de Laleu, de René, de Bretagne , comte de Penthièvre, seigneur de Fourras et d’Esnandes, de Pierre Langlois , seigneur de Montroy, de Claude Furgon, seigneur de Saint-Cristophe, de Jean de Partenay, seigneur de la Brande, de Jean de Biens, seigneur de Saint-Vivien , de Pierre de Marlonges, seigneur dud. lieu, de Jacq. du Lyon, maire et capitaine de la Rochelle, enfin du lieutenant-général, de l’avocat et du procureur du Roi, du garde du scel, du prévôt et de plusieurs autres, tant gens d’église, nobles, praticiens et bourgeois. Le corps de ville, nous apprend A. Barbot, forma opposition aux 42e et 49e articles qui, contrairement à l’ancienne coutume, déclaraient caduques et nulles les donations faites entre conjoints, quand il existait des enfans nés de leur mariage ; mais les dispositions de ces articles n’en furent pas moins maintenues, « La brièveté de notre coutume , dit son savant commentateur Valin, laisse bien des questions indécises, dont il faut chercher la solution dans les ordonnances du royaume et en d’autres sources. L’usage y a suppléé en partie : en effet nous avons un grand nombre de points d’usage, que personne ne révoque en doute ; les uns se sont formés de l’esprit de la coutume, d’autres dérivent du droit romain ; ceux-ci de la coutume de Paris, ceux-là enfin n’ont point de source connue. » L’article premier contient cette disposition remarquable : « En la ville de la Rochelle, n’y a que grande assise, laquelle se tient quatre fois l’an par le gouverneur de la Rochelle ou son lieutenant ; car en ladite ville n’y a comte, vicomte, baron, ne chastelain que le Roy. » Il n’en était pas ainsi en 1224, puisque nous avons vu qu’à cette époque les Templiers, les Hospitaliers de Jérusalem et le monastère de Ste-Catherine étaient seigneurs de trois quartiers de la Rochelle, et ce n’était plus exact, après la création , en 1628 , du fief de Saint-Louis (V. 29 septembre) érigé plus tard en comté, sous le titre de comté de Rasse. (Coutumier gén. — Nouveau commentaire.)
1518 07 11. — Depuis qu’en 1535, François Ier avait supprimé la Mairie annale et l’ancien corps de ville de la Rochelle, pour y substituer un Maire perpétuel et vingt échevins biennaux (V. 27 mars), les Rochelais n’avaient cessé de réclamer contre cette violation de leur statut communal, et de demander le rétablissement de leur antique constitution municipale. Mais leur gouverneur Jarnac, qui s’était fait attribuer en même temps le titre de maire perpétuel, avait réussi à déjouer tous leurs efforts. Aussitôt que François Ier fut mort (1547), ils renouvelèrent leurs instances auprès de son successeur ; ils lui exposèrent que les funestes changements dont ils se plaignaient avaient éloigné de la Rochelle la plupart des notables personnages et habitants riches , qui composaient naguères le grand conseil de la commune et qui s’étaient retirés dans leurs terres ; que la commune n’était plus administrée que par des échevins, en grande partie artisans et gens méchaniques ou de basse condition , n’ayant ni l’expérience, ni l’intelligence nécessaires, et qui se dispensaient de se rendre aux séances du conseil pour ne pas se déranger de leurs occupations, ou avouaient franchement, quand on leur demandait leur avis, qu’ils n’entendoient telles affaires et n’y avaient jamais esté nourris ; qu’un tel état de chose était tellement préjudiciable à la ville, que s’il n’y était promptement pourvu , il entraînerait la totale ruyne et destruction de la Rochelle. (Titres de la Rochelle.) Touché par ces raisons et malgré l’opposition de Jarnac , Henri II7 par des lettres patentes du Il juillet 1548, rétablit la Mairie et le corps de ville dans son ancienne forme, à la charge toutefois de continuer à Jarnac, pendant sa vie, les gages qu’il touchait annuellement comme Maire perpétuel, et que les Maires, qui seraient élus à l’avenir , se conformeraient à la louable et ancienne coustume de. donner à la ville, à la fin du temps de leur mairie, une pièce d’artillerie de telle valeur qu’il leur plairoit, ès quelle, pour leur mémoire et libéralité, ils pourraient, si bon leur semble, faire apposer leurs armoiries. (Lettres patentes.) — V. 3 mars. — En conséquence, les membres de l’ancien corps de ville furent rétablis dans leurs titres et dignités ; il fut pourvu au remplacement de ceux qui étaient décédés, et Claude Guy , écnyer , seigneur de Chessou , fut élu Maire. (A. Barbot.) Pour célébrer cette heureuse restauration des antiques institutions, le jour de l’Ascension, eut lieu dans la rue de l’Hôtel-de-Ville , que l’on avait fait couvrir et parqueter , un somptueux festin , auquel il y avoit vingt cinq tables, bien garnies de bons vivres , et bon nombre d’habitants. (Bruneau.)
1518 08 10. — Horrible tempête, qui submerge une partie de l’île de Ré (A. Barbot.)
1519 02 01. — Premier voyage de François Ier à la Rochelle. — L’évêque de Saintes, à la tête de son clergé, que suivaient tous les corps de métier, en habits de fête, de même couleur que leur bannière, avec musique, bedauts et suisses ; le Maire et les membres du corps de ville à cheval, précédés des sergens à verge, des archers et canonniers de la commune, tous portant la livrée de la ville, allèrent au-devant du monarque jusqu’au pont des Salines. A l’arrivée du roi, le maire Vincent Nicolas, seigneur de Coureilles, mit le genou en terre pour le haranguer et lui présenta les clés de la porte de Cougnes, que portait, sur un coussin de satin cramoisi, Jean du Perat, seigneur de l’lmmagine, capitaine de la -tour de la Chaîne. Quand le cortège approcha de la ville, il fut salué par une salve de toute l’artillerie des remparts. A l’entrée de la porte de Cougnes, l’ancien maire, sire Seguin Gentilz, que François Ier, à son avènement à la couronne, avait créé chevalier, arrêta par la bride la haquenée du Roi, et, après avoir adressé au monarque une nouvelle harangue, le pria, avant de pénétrer dans la ville, de jurer par serment, selon l’antique usage , de respecter les franchises et privilèges delà Rochelle et spécialement de ne la détacher jamais de la couronne de France. Après avoir accompli cette formalité, le roi fut reçu sous un dais de drap d’or et d’argent magnifiquement brodé, que portaient huitmembres du corps de ville. Il trouva sur son passage toutes les rues, (qu’emcombrait une foule immense), sablées et tendues de tapisseries. Aux différents carrefours étaient dressés, des théâtres, sur lesquels des troupes d’enfants, habillés de taffetas rouge et blanc, couleurs du roi, et tenant en main des bannières aux armes de France, chantaient des vers à sa louange etfaisaientretentir l’air des cris de : vive le Roi ! répétés par des milliers de voix. Après avoir conduit le roi à l’hôtel d’Huré (bâti par Mérichon) (1), le cortège alla recevoir la duchesse d’Angoulême, mère de François Ier, et sa femme, Claude de France, fille de Louis XII (2), qu’il accompagna jusqu’à ia demeure du Roi, sous un nouveau dais de velours cramoisi, enrichi de broderies d’argent et porté par six autres membres du corps de ville. Pendant leur séjour, François 1er et les princesses furent fêtés avec cette magnificence que les Rochelais surent toujours déployer dans ces sortes de circonstance. (Livre de la Paterne.- A. Barb. — Bruneau, &.)

(1) V. 1er janvier 1519.

(2) Arcère dit Eléonore d’Autriche, mais celle-ci n’épousa François Ier qu’en 1530, et Claude de France, sa première femme, ne mourut qu’en 1524.


1519 02 28. — Décret de la chambre des comptes, qui consacre le droit des bourgeois de la Rochelle, de ne pouvoir être contraints de sortir de la ville pour aller aux exécutions de Injustice du Roi. Déjà des lettres patentes de Charles VI, de 1406, les avaient dispensés d’assister aux exécutions à mort des bourgeois rochelais. (lnvent. des privil.) Si ces sanglants spectacles, si fréquents à cette époque , pouvaient avoir l’avantage d’imposer aux âmes perverses une crainte salutaire, ils avaient le fâcheux inconvénient d’endurcir le cœur du peuple, en l’accoutumant à d’horribles scènes de mort, qu’accompagnaient presque toujours les plus affreux raffinements de cruauté.
1520
1525 11 29. — François Ier était prisonnier de Charles-Quint. La Reine mère, déployant autant d’activité que d’habileté pour conjurer les malheurs qu’elle avaient attirés sur son fils et sur la France , était parvenue à signer avec Henri VIII un traité de paix et d’alliance défensive ( 30 août) ; mais elle avait chèrement acheté cet appui de l’Angleterre. Dans les conditions du traité, se trouvait une clause (dont n’ont pas parlé les historiens), qui attribuait pour douaire les revenus du gouvernement de la Rochelle et du grand fief d’Aunis à Marie d’Angleterre, cette jeune sœur d’Henri VIII, qui, mariée à seize ans à Louis XII, alors âgé de cinquante-trois ans, était devenue veuve deux mois et demi après son mariage. Deux commissaires, P. re Perdrier, seigneur de Beaubigny et de Maizières , et Sébastien Sauvaige, étaient arrivés à la Rochelle pour prendre possession des domaines concédés à la princesse. Le 29 novembre, ils réunirent tous les officiers du Roi, auxquels ils communiquèrent leurs commissions, trois jours après, ils firent la même communication au corps de ville. Celui-ci déclara qu’il ne s’opposait pas à ce que ladite Dame prît possession de son douaire, mais « sans entendre par là desroger, ne entreprendre sur les droitz, prévilèges, concessions et octroys des Roys, arrêts de parlement, grand conseil et généraux de la justice, concédés et obtenus par les Maires, eschevins, pairs, bourgeois, manans et habitans de ladite ville. » Les commissaires objectèrent bien que cette réponse n’était pas assez explicite, mais les magistrats municipaux répliquèrent qu’elle était satisfaisante et conforme aux lettres patentes de la régente. (Ms. de la bibl., n° 1,947.)
1530
1530 05 04. — C’est la date de l’acte que nos annalistes appellent l’appointement d’Avranches, c’est-à-dire la sentence rendue par Jehan de Langehac, évêque d’Avranches, commissaire nommé par la cour pour juger les longues contestations et apaiser les vives animosités, qui, depuis plusieurs années, divisaient les bourgeois et les magistrats de la commune et avaient jeté le trouble et causé les plus graves désordres dans la ville de la Rochelle. De nombreux abus d’autorité de la part du Maire et du corps de ville, des dépenses exagérées, qui avaient obligé de recourir à l’aliénation d’une partie des biens communaux et, ce qui était plus fâcheux encore, de vendre des charges ou offices municipaux, qui n’eussent dû être donnés qu’à l’élection , avaient été l’objet de justes réclamations de la part des bourgeois ; mais ceux-ci ne s’étaient pas bornés à des plaintes : excités par deux tribuns populaires, nommés Corru et Testard, ils avaient, malgré les défenses de l’autorité, formé des assemblées, nommé des syndics et parcouru les rues, les armes à la main , en criant : exemption ! liberté ! Le Maire, ayant voulu mettre un terme à ces désordres, avait vu son autorité méconnue, sa personne injuriée et même mise en danger. L’évêque d’Avranches, après une longue enquête, fit droit aux justes griefs des bourgeois, annula les aliénations irrégulièrement faites par le corps de ville, consacra le droit des bourgeois de pouvoir seuls ouvrir boutique dans la ville et de n’y laisser- vendre que le vin provenant de leur crû et par eux seuls. Mais en même temps il cassa les syndics qu’ils avaient nommés, enjoignit à tous d’obtempérer respectueusement à l’avenir aux ordres et ordonnances du Maire et du corps de ville, et leur fit défense de ne plus tenir aucune réunion sans l’autorisation de leurs magistrats. Le calme et la concorde ne pouvaient subitement renaître après d’aussi longs orages. Le baron de Jarnac, gouverneur de la Rochelle, profita de cette agitation des esprits pour persuader à la cour que le seul remède, qui-put rendre le repos-à la commune, était de casser la mairie élective et le corps de ville, et il se fit, comme nous l’avons vu, nommer Maire perpétuel de la Rochelle. (V. 27 mai et fer avril.). Am. Barb. — Appoint. d’Avranches.)
1531 06 12. — Ordonnance du lieutenant général, André Sarrol, qui, après enquête de commodo et incommodo, autorise les fabriqueurs et paroissiens de Saint-Sauveur à agrandir leur église du côté du cimetière de la paroisse, en jetant sur la rue de la Ferté un arceau de quatorze pieds de largeur et de dix pieds de hauteur. Par une délibération du 5 avril précédent, le corps de ville leur avait donné, à cet effet, permission de transporter un peu plus loin l’escalier de pierre placé au coin du cimetière et qui servait à monter sur la muraille de la ville, et même de se servir de cette muraille pour leur église. (Ms. int. invent, des litres de la fab. de St-Sauv.) Ce projet d’agrandissement, qui reçut un commencement d’exécution , comme l’attestent plusieurs autres titres de la même époque (1), fut sans doute abandonné , car il n’en est plus fait mention dans les titres postérieurs.

(1) Le propriétaire de la maisan de Navarre, qui touchait le cimetière , ayant intenté aux fabriciens une action pour dégâts faits à sa maison par les fouilles desmolition, &. ceux-ci se déterminèrent à la lui acheter, le 1er septembre 1531 au prix de 5,000 livr. Cette maison et le cimetière, qui est devenu un chantier de bois, existent encore.


1531 12 23. - L’année précédente, le corps de ville avait adressé à François Ier une requête pour être autorisé à élire membres du corps de ville les enfants d’échevins et pairs dès l’âge de 18 ans, et même de 16 ans , « afin, y est-il dit, qu’ils fussent mieux instruits de longue main à la conservation de la chose publique. » Il fesait valoir que la plupart des bourgeois n’étaient pas originaires de la Rochelle , mais étrangers, que le commerce y avait fixés et auxquels il serait dangereux de confier l’administration de la commune, et aussi que les enfants des pairs « ont accoustumé, dès leur bas âge, estre imbus et endoctrinés les uns aux lettres et aux universités , les autres exercés au commerce et partie aux armes et que l’on a accoustumé les envoyer , en leur jeune âge, en diverses régions et nations estrangères et maritimes, tant pour apprendre le langage desd. pays, que pour apprendre les mœurs et conditions des habitans d’iceulx. » Guillaume.de Vieilseigle, lieutenant-général du sénéchal du Poitou, avait été envoyé à la Rochelle pour faire une enquête à ce sujet. D-e nombreux témoins furent entendus : les uns déclarèrent que par suite des progrès de l’instruction, les jeunes gens de 18 ans étaient alors plus instruits que, dans le temps passé, ceux de 25 ; d’autres que » la ville estoit assise en pays maritin, où l’air est grous et dangereux , par le moyen duquel les gens de la ville ne vivent guère vieux communément et raro attendent leurs enfants atteindre l’âge de majorité ; que pour la pénurie des enfants de la ville, difficilement s’en trouveroit, du temps de leurs pères, qui eussent atteint l’âge de 25 ans. » En conséquence , le commissaire royal conclut dans un sens favorable à la demande des magistrats de la Rochelle. Mais le grand conseil du Roi consulté émit l’avis, le 23 décembre 1531, que les enfants des pairs et échevins ne devaient pas être appelés à faire partie du corps de ville avant l’âge de 21 ans. Des lettres patentes du mois de février suivant consacrèrent cette opinion, en y ajoutant même cette restriction, que le nombre de ceux de cet âge ne dépasserait pas le chiffre de vingt. (Aug. Gallant. — Proc.-verb. du commissaire.)
1536 04 01. — Entrée en charge du baron de Jarnac, nommé Maire perpétuel de la Rochelle, en vertu des lettres patentes de François Ier, du mois de juillet précédent, qui avaient abrogé la mairie élective et annuelle et détruit l’ancien corps de ville. (V. 27 mars.) Il choisit pour sous-Maire Jean Foucault, qui, bien qu’il fit précédemment partie du conseil de la commune , poursuivit avec la dernière rigueur tous ceux qui firent éclater leur mécontentement de la perte de leurs antiques institutions et franchises. Aussi quand, douze ans après, le gouvernement municipal fut rétabli sur l’ancien pied et que les membres du corps de ville furent réintégrés dans leurs charges, Foucault en fut exclu, et des revers de fortune l’ayant réduit à une extrême pauvreté, « le peuple, le tenant pour infasme, s’en éjouist et y vist comme le jugement de Dieu. » (A. Barbot.) ,
1537 08 22. — Tempête affreuse. « Le débord de la mer fut si grand par les tourmentes, rapporte A. Barbot, qu’elle faillit de submerger entièrement l’isle de Ré, et se vit, en ce jour, ce qui ne s’estoit point veu, que les-deux mers, qui circuissent et bornent lad. isle, se joignirent l’une l’autre, au grand estonnement de tous les habitans d’icelle , qui croyoient estre perdus et fist lad. mer un grandissime dégast aux biens de lad. isle et de ceux de ceste ville qui y en ont. »
1538 04 17. — Les 15, 16 et 17 , les vignes gelèrent tellement à la Rochelle et partout le royaume « qu’il n’est mémoire de telle vimaire (désastre) de gelée, et le peu de vin qu’on récolta avait si mauvais goût que le prix n’en augmenta guères et ne valut qu’environ 25 livres tournois le tonneau. (Baudouin).
1540
1541 04 12. — Les Rochelais étaient anciennement, en vertu de leurs privilèges, exempts de tous droits sur le sel produit par leurs marais. Mais cette immunité, comme tant d’autres dont ils. jouissaient, ne pouvait s’accommoder avec les besoins toujours croissants de la royauté, et chaque jour ils étaient obligés d’entrer en lutte avec les officier. du Roi pour défendre leurs antiques prérogatives. Depuis un certain temps déjà, sans être assujettis à la gabelle établie par Philippe-le-Bel, ils avaient été soumis, ainsi que ceux des îles voisines, au droit de quart du sel, qui, au grand mécontentement général, avait été, en 1537, porté au quart et demi. Mais les murmures se changèrent en révolte ouverte quand, le 12 avril 1541, fut publié à la Rochelle l’édit de François Ier, cfui étendait aux pays maritimes de l’ouest l’impôt de la Gabelle, si onéreux déjà et rendu plus vexatoire encore par les exigences et la rapacité des agents chargés de sa perception. Toutes les populations du littoral, jusqu’à Bordeaux, refusèrent de payer, chassèrent ou tuèrent les officiers royaux et partout retentit le cri : Mort aux gabelous 1 (A. Barbot. — H. Martin.) — V. 1er janvier.
1542 02 21. — Selon une vieille coutume Aunisienne, évidemment d’origine féodale, le jour du mardi-gras (qui, en 1542, tombait le 21 février) était consacré à la perception d’une sorte de tribut carnavalesque, destiné au plaisir du roy, s’il estoit présent, ou de ses officiers, s’il estoit absent, et qu’on appelait la pelotte du roi. Tous ceux de l’estât de noblesse ou de pratique du gouvernement de la Rochelle, qui s’étaient mariés dans l’année, devaient payer une contribution, dont la quotité était déterminée , proportionnellement à leur fortune, par le lieutenant général, et qui était employée à faire les frais d’un magnifique banquet. Chacun d’eux était tenu de présenter en outre , comme hommage, trois pelottes ou balles, qui servaient à un divertissement populaire ou joûte d’agilité. Le procès-verbal de l’une de ces fêtes nous a été conservé sur un registre du gouverneur, de l’année 1542. Tous les officiers royaux de la ville et du gouvernement avaient été invités à se réunir, selon l’usage, au carrefour de Monconseil, d’où le cortège se rendit ensuite dans la prairie appelée la Corderie-les-Cours, en dehors de la porte des Deux-Moulins. (1) Là, les nouveaux mariés apportèrent les hommages et devoirs dûs au roi. A leur tête était l’avocat Mathurin Tarquex, important personnage sans doute, puisque, l’année suivante , François Ier déjeûna chez lui avant de quitter la Rochelle ( V. 2 janvier 1542). Il présenta trois pelottes, dont l’une était aux armes du roi et les deux autres blanches ; chacun des tributaires en fit autant et ceux qui manquèrent à l’appel furent condamnés à l’amende et à être pris au corps. Toutes les pelottes mises ensuite dans un chapeau furent offertes, selon la coutume, au lieutenant du gouverneur (en l’absence de celui-ci ), au prévôt et aux autres officiers, qui prirent chacun une de celles qui étaient décorées des armoiries royales ; les blanches furent distribuées aux principaux personnages, qui les lancèrent dans la prairie , pour être courues par les plus agiles de la foule attirée par ce spectacle. Le procès-verbal ne dit pas qu’elle était la récompense réservée aux vainqueurs et si, outre la modeste pelotte gagnée, il leur était réservé une place au banquet qui terminait la cérémonie. ( Reg. du gouv. )

(1) Vraisemblablement sur l’emplacement ou a été plantée depuis la promenade du Mail.


1542 08 30. — La publication de l’édit, qui établissait la gabelle dans le pays d’Aunis, exempt jusque là de cet impôt, avait causé un vif mécontentement à la Rochelle ; mais sans y occasionner cependant un soulèvement, comme dans la Saintonge et tout le littoral. (V. 12 avril.) Néanmoins le gouverneur Jarnac, qui ne cherchait que l’occasion d’augmenter sa domination , s’était fait adresser par le Roi les instructions les plus sévères, motivées sur de prétendus projets d’insurrection et, sous ce prétexte, il avait fait entrer dans la ville, le 26 août, une troupe armée de trois ou quatre cents aventuriers. Les bourgeois murmurèrent de cette atteinte portée à leurs privilèges ; ils s’adressèrent au gouverneur pour qu’il eût à faire défense à ces aventuriers de porter de jour et de nuit par la ville, picques, arquebuses avec feu et autres bastons invasibles ; mais Jarnac, n’en tint aucun compte. « Le 30e jour d’aoust, environ 8 à 9 heures du soir, après que ceux de la ville eurent fermé les portes et venoient rendre les clefs desd. portes à M. le Maire, seigneur de Jarnac, estans les portiers de la porte Saint-Nicolas, avec les clefs de lad. porte, rencontrèrent la plus grande part desd. aventuriers, tous en équipage de guerre et enseigne déployée , lesquels tous furieusement s’adressèrent aud. portiers, en blasphémant le nom de Dieu , et disant qu’à présent ils auroient les clefs de la ville et qu’ils ne les porteroient chez led. Maire. » Une lutte s’engagea bientôt ; une foule de bourgeois accoururent pour s’opposer à l’enlèvement des clés ; « lors se commença une meslée telle qu’on n’en sçauroit avoir veu de plus subtile et cruelle, en sorte que de part et d’autre y eut grand nombre de blessez. Enfin, les aventuriers ne pouvant plus soutenir le faix ni résister, se sauvèrent ès maisons d’aucuns bourgeois et les autres furent mis prisonniers, entre lesquels le porte-enseigne desd. aventuriers. la nuit passa en cettuy trouble jusques au lendemain matin qu’encor n’estoit la colère du peuple esteinte. Et environ les 4 heures, quelque petit nombre du populaire se mist en armes, demandant justice au gouverneur, lequel fit response qu’ils avoient les prisonniers et qu’ils en fissent la punition. Puis tost fit led. gouverneur faire informations, lesquelles il envoya au Roy ; etles susd. habitans, de ce advertis, députèrent aucuns sages personnages de leur Rébublique pour aller au pays de Languedoc vers le Roy. » Nous verrons plus tard quelles graves conséquences entraîna cette affaire. (Journal des troubles. — G allant. — Bruneau.) - - V. 19 et 30 déc
1542 12 16. — « Despuis la Mairie de sire Robert de Montmirail, l’an 1199 (1), jusques à présent, dit le chroniqueur Bruneau , les Rochelois ne furent en tel desconfort et servitude qu’en ce mois de décembre 1542. » Leurs plus précieux privilèges en effet avaient été anéantis, leur antique corps de ville supprimé, la Mairie élective et annuelle remplacée par la Mairie perpétuelle de leur tyrannique gouverneur Jarnac (2) ; des sommes considérables avaient été levées sur les habitants ; affranchis jusque-là de l’impôt du sel, ils venaient d’être soumis à la gabelle (3) ; leur ville, exempte de garnison , par privilège de Charles V, était occupée par une soldatesque indisciplinée, dont les excès avaient occasionné plus d’un conflit sanglant (4) ; une députation de huit citoyens, envoyée au Roi, alors à Cognac, pour exposer leurs plaintes et leurs doléances , n’avait même pas pu obtenir d’audience , tant François Ier avait été prévenu contre eux par la perfidie de Jarnac ; enfin on allait jusqu’à assurer que le Roi était tellement irrite, qu’il ne parlait de rien moins que de faire raser la Rochelle. Bien qu’une première assignation eût déjà été donnée au sous-maire et à vingt-quatre notables citoyens, le 16 décembre, par un nouveau décret d’ajournement, il fut enjoint à tous les habitans d’avoir à comparaître, dans le délai de six jours devant leur souverain. En même temps, Jarnac arriva avec la compagnie d’hommes d’armes du marquis de Rothelin, et 200 hommes de pied. Son premier soin fut d’ordonner aux habitants, sous peine de la vie , de porter toutes leurs armes, de quelque nature qu’elles fussent, dans les tours du port et de la Lanterne, qui eurent peine à les contenir. Des canonniers du Roi avaient précédemment exigé que l’artillerie de la ville leur fut remise, et ils avaient distribué les canons dans les principaux carrefours. Enfin un nouvel ordre du gouverneur fesait défense à toutes personnes de sortir de leur maison avant sept heures du matin et après sept heures du soir. Epouvantés de si menaçants préparatifs, les pauvres Rochelois, dit un vieil annaliste , ne sçavoient autre chose faire sy non plorer et se lamenter, en invoquant à leur ayde le seigneur Dieu, et n’est possible narrer la douleur en quoy estoient lors lesd. pauvres Rochelois. (A. Barb. — A. Gallant. — Bruneau. — Ms. int. : Hôtel-de-Ville. — Voyage du roy Francois 1er, etc.) V. 25 décembre.

(1) C’est à tort que nos annalistes et historiens ont répété , après Mérichon, que le Maire de 1199 , qu’ils regardent comme le premier , s’appelait Robert de Montmirail, son prénom était Willem ou Guillaume. (Chartes du temps.) -

(2) V. 27 mars et 1er avril.

(3) V. avril et 12 juin.

(4) V. 30 août.


1542 12 25. — Pendant que les Rochelais, de plus en plus alarmés par l’approche du jour où ils devaient comparaître devant leur souverain irrité (T. 1U décembre.), remplissaient les temples pour prier Dieu, qui tient en sa main le cœur des princes , d’appaiser le courroux de François 1er, « faisant jeusnes et oraisons, donnant aulsmones, faisant processions et aultres bonnes œuvres et opérations », Jarnac et ses hommes d’armes semblaient se plaire à insulter à leur douleur en se livrant aux plaisirs. Ils avaient résolu de courir la lance à l’anneau, le jour de Noël, sur la place du Château, et il fallut que, tout attristés de la défense de leur gouverneur de chanter matines ès églizes à la minuict, comme de tous temps l’on a accoustumé, les habitants leur préparassent une carrière couverte de sable et une potence pour pendre l’anneau. (Ms. int. , Hôtel-de-Ville. — Voyage du Roy François Ier. )
1542 12 30. — Après avoir chassé le cerf à Aguré, domaine du baron de Surgères, et couché la veille à la Jarrie, François Ier arriva, le 30 décembre (1), à la Rochelle , par la porte de Cougnes (2), accompagné de son second fils, le duc d’Orléans , du duc de Vendôme, du comte de St-Pol, du cardinal de Tournon, son premier ministre, des cardinaux de Lorraine et de Ferrare, du garde des sceaux de Montholon, du chancelier d’Alençon et de plusieurs autres grands personnages. « Le Roy avoit commandé qu’on n’allast au devant de luy ; que l’artillerie ne jouast point (3)et que les cloches ne sonnassent. Le gouverneur et Maire perpétuel Jarnac, escorté « des archers et gagers de la ville, garniz de leurs hallebardes et vestuz de leurs livrées accoustumées, qui sont rouge et jaulne » , attendait seul le Roy entre les deux portes. On vit d’abord arriver « les pauvres prisonniers des isles, liez, enserrés, tous montez sur chevaulx et conduitz par les archers du Roy au chasteau de la ville, auquel y a deux grosses tours ordonnées à mettre prisonniers, et le reste dud. chasteau tout ruyné et desmoly. Et tost après, entra en lad. ville le Roy, nostre prince et seigneur », entouré d’un brillant cortège, « qui le conduisit en son logis, qu’on nomme le logis de Uré, près l’église St-Barthelémy , lequel estoit richement paré et garny de riches tapisseries. » Et l’auteur de ce récit ajoute : « estimez en quelles fascheries estoient les Rochellois d’avoir esté privez de faire l’honneur à leur Roy, qu’ils avoient accoustumé de toute antiquité faire ! » (V. du roy François ler. — Aug. Gallant. — Ms. int., Hôtel-de-Ville.)

(1) La date du 2 décembre qui se trouve dans l’histoire d’Arcère , est erronée.

(2) « Icelle porte est forte à merveille, car il y a deux portaulx fort hautz et bien composez , par le devant desquelz il y a un bollevard et batteries , à la manière qu’on les faict de présent, qui est de grande espesseur. » ( Voy. du roy François ler.)

(3) « La ville est garnye d’aussy grosses pièces d’artillerye et en aussy grand nombre que ville de France » , dit l’auteur de la relation du voyage de François Ier.


1542 12 31. — « Le dimanche, dernier jour du moys de décembre, le Roy sortit de son logis, accompagné des princes susdits ( V. 30 décemb.) et reverendissimes cardinaulx, et vint ouyr la messe en l’église Sainct-Barthelémy. Et environ les quatre heures du soir, sortit de sond. logis, à cheval, accompagné des susdits princes et cardinaulx, et passa sous la tour du gros orloge, pour voir le hâvre et port, qui estoit lors garny de beaux et grands navires. Estant arrivé à la tour de la Chesne, mist pied à terre, puis monta sur une batterie et plate-forme , bien belle et ample, laquelle deffend et bat ce costé de la mer. De ce lieu marcha le long de la muraille, contre laquelle flotte la mer deux fois le jour, et passa par la tour du Garrot ( de la Lanterne ), qui est en iceluy pan de muraille , qu’on estime le plus beau qu’il est possible de voir ; car, outre le nombre de plusieurs tours (1), y en a trois de merveilleuse structure, dont l’une est nommée la grosse tour (de Saint-Nicolas), qui est celle où est attachée la chesne ; l’autre la petite tour ou la tour de la Chesne, la tierce la tour du Garrot, lesquelles sont de merveilleuse haulteur, ayant doubles galeries, sans la batterie qui est à la haulteur de lad. muraille. En l’une d’icelles, y a une lanterne de pierre, où l’on met du feu, la nuict, pour la conduicte des navires, et, en chascune d’icelles, y a capitaine bien gaigé. Le Roy passa plus oultre et vint à la porte des Moulins, par le devant de laquelle y a un bollevard merveilleusement fort, qui deffend ceste coste de mer. Le Roy passa encores plus avant et, estant sur un autre pan de muraille , vict, par le dehors, la ville close de deux grandes douves , et une grande prairie en laquelle, quand il en est besoing, l’on met l’eau dedans d’une grande haulteur par aulcuns secl’etz canaulx. Puis voulant monter à cheval, rencontra une compagnie de petits enfans, illec l’attendant à passer, lesquels commencèrent à crier à haulte voix : vive le Roy ! qui leur montra une joyeuse face et, environ les cinq heures, se retira en son logis. Celuy soir, moy estant avec aulcuns des seigneurs et principaulx de la ville , ajoute le narrateur, vint l’un des serviteurs du gouverneur faire à sçavoir que le Roy avoit mandé mond. seigneur le gouverneur, auquel avoit commandé qu’il feist sçavoir aux habitans que, le jour suivant, vouloit souper avec eulx ; dont ils furent grandement esbahis. » ( Voy. du roy François Ier. ) (2) — V. 1er et 2 janvier.

(1) Entre la tour de la Lanterne et celle de la Chaîne il existait plusieurs tours pleines , plus petites, que le Maire Jehan l’Espagnol avait fait construire en 1381. (Ms. intpièces hîstor.)

(2) Pendant le séjour du Roi , quelques prises faites sur les Espagnols apportèrent à la Rochelle une grande quantité de faïences de Valence et de coupes de Venise. François ler s’en fit apporter plusieurs grands coffres, et en offrit aux dames, « et pour la grande beauté qu’il y trouvoit, dit A. Barbot, il retint tout ce qui estoit de lad. vaisselle , qui estoit vingt grands coffres, qu’il feist payer, et commanda qu’on les feist charger pour les portera Rouen ou à Dieppe. »


1543 01 01. — Jamais la Rochelle ne vit éclater de plus vifs transports d’allégresse qu’en ce. jour, qu’elle croyait être celui de sa ruine. Deux jours auparavant (1) François Ier était arrivé dans ses murs, précédé du plus menaçant appareil, et annonçant l’intention de punir d’un châtiment exemplaire la résistance que les Rochelais et les îles voisines avaient opposée à l’établissement de la gabelle. Descendu à l’ancien hôtel de Mérichon, situé vis-à-vis du grand vitrail de l’église de Saint-Barthélémy, entre les rues de Bazoges et des Augustins, le roi avait fait dresser, dans la cour, un magnifique théâtre, sur lequel il tint un lit de justice, entouré des princes du sang, du chancelier, des cardinaux et des plus grands seigneurs. Les plus notables Rochelais, en habits dé deuil, à genoux et tout en larmes, attendaient avec effroi la terrible condamnation dont les menaçait la colère du roi, quand, après leur avoir reproché en termes sévères leur coupable révolte, le monarque, changeant tout coup de langage , leur annonça qu’il leur pardonnait comme un père à ses enfants, et que, sûr désormais de leur fidélité, il regardait les Rochelais comme ses meilleurs amis. Aussitôt la joie la plus vive éclata en bruyants transports et en acclamations enthousiastes ; toutes les cloches de la ville et de nombreuses salves d’artillerie célébrèrent cet heureux événement ; les carrefours s’éclairèrent, le soir, de nombreux feux de joie, et un splendide souper fut offert à Sa Majesté dans la salle de saint Michel (dans la petite rue de ce nom). Le repas fini et les tables enlevées, le roi ouvrit le bal avec les princes d’Orléans et de Vendôme, et le duc .de Saint-Pol ; et trente des plus notables citoyens, qui déjà l’avaient été chercher-, une torche allumée à la main, le reconduisirent ensuite à son hôtel. (Voy., du roy François Ier en sa ville de la Roch. — Gallant, Bruneau, etc.).

(1) C’est par erreur qu’Arcère dit qu’il y arriva le 2 décembre.


1543.01 02 — Après avoir reçu les hommages du conseil de ville et des prinçipaux citoyens, avoir entendu la messe à l’église Saint-Barthelemy et déjeuné chez l’avocat Mathurin Tarquex, seigneur des Fontaines, François Ier partit de la Rochelle, salué par les acclamations de la plus vive reconnaissance.
1543 04 02. — Pendant que François Ier, qui persécutait en France les protestants, s’alliait avec les Turcs contre Charles-Quint , son puissant rival s’unissait de son côté contre lui avec le schismatique Henri VIII d’Angleterre. Le deuxième jour d’avril (1), une flotte espagnole , après avoir fait une vaine tentative contre Bayonne, parut sur la côte de Laleu. Aussitôt cinq à si-x cents arquebusiers Rochelais sortirent de la ville, sous le commandement d’Yves du Lyon, seigneur de Jousseran et de la salle d’Aytré, pour s’opposer à une descente de l’ennemi. « Et fust Yartillerie ordinaire dudit bourg de Laleu, qui estoit dans l’église dudit lieu, menée sur le bord de la coste et rivage de la mer. » Cette démonstration, paraît-il, suffit pour intimider les Espagnols. Mais comme ils pouvaient revenir plus nombreux et assistés de forces anglaises, Antoine de Bourbon, roi de Navarre, lieutenant-général pour le Roi en Guienne et dans le gouvernement de la Rochelle, dépêcha en toute hâte un gentilhomme en cette ville, tant pour exhorter les Rochelais à faire bonne contenance devant les ennemis de la France, « que pour voir la force du peuple qui estoit en icelle. Et montres (revue) ayant esté faictes, il s’y trouva huit à neuf cents harquebusiers fort bien armez. » (A. Barbot.)

(1) La date du 29 avril, donnée par Arcère, est fausse.


1544 09 15. — « En 1544, on acheva la fontaine des Petits-Bancs (1), qui commença à couler le 15 septembre. » (Ms. des recherches curieuses. ) Elle avait coûté 12 à 13,000 liv. L’usage des pompes n’étant point encore répandu, ces premières fontaines étaient de simples bassins , creusés plus ou moins profondément dans le sol selon le niveau de l’eau, et auxquels on descendait par un ou deux escaliers. La fontaine des Petits-Bancs était fort profonde en terre , nous apprend Colin , et son escalier droit très dangereux. En 1599 ou en 1601 , elle fut élevée au-dessus du sol et on y adapta quatre pompes. Merlin blâme ce changement qui, dit-il, altéra la bonté de l’eau. Longtemps les infiltrations de l’eau de mer empêchèrent de s’en servir. En 1670, « les canaux qui conduisent l’eau du réservoir du May-vert à la fontaine des Petits-Bancs, nommée à présent Dauphine , ont été nettoyés et cimentés, dit un manuscrit de la bibliothèque (intitulé Abrégé chronologique de l’hit, de la Rochelle), et le bassin de ladite fontaine a esté garny ou doublé de plomb, pour empescher les mauvais effets du mélange des eaux de la marée, pluviales et égoûts. » On lui donna ce nom de fontaine Dauphine quand, en 1673 (2), elle fut reconstruite, par les soins de l’intendant Colbert du Terron , parce qu’on surmonta sa coupole du buste du Dauphin (fils de Louis XIV), que supportaient plusieurs dauphins. La frise était décorée des écussons des principaux fonctionnaires de la ville. (Conain. — Masse. — Jaillot.)

(1) Elle prit le nom du carrefour où elle fut bâtie , et qui est désigné sous le nom de carrefour des Petits-Bancs dans des actes de 1352 et 1353.

(2) Arcère dit en 1675 ; mais Masse, qui donne la date de 1673 , m’a paru plus digne de foi, d’autant que M. du Terron n’était plus intendant en 1675.


1545 01 19. — Une caraque génoise, chargée de poudre et de munitions de guerre pour l’armée navale du Roi , s’étant échouée , au mois d’octobre précédent, près de la Rochelle , on l’avait déchargée et on avait transporté 200 barils de poudre dans le cellier d’une maison, appartenant à la confrérie de Saint-Jean du Perrot, et située vis-à-vis l’église de Saint-Jean. Ce jour là, vers dix heures du matin, le feu prit aux poudres et une épouvantable explosion, qui fut entendue de plus de dix lieues à la ronde, fit croire un instant aux Rochelais , glacés d’effroi, « qu’ils étaient parvenus au jour terrible du dernier jugement. » Une douzaine de maisons furent totalement détruites , et un beaucoup plus grand nombre fortement endommagées ; vingt et quelques brasses du grand mur , qui unissait la tour de la Chaîne à celle de la Lanterne, et qui avait huit à neuf pieds d’épaisseur, s’écroulèrent ; l’admirable église de Saint-Jean et son clocher furent presque anéantis, et celle du couvent des Carmes éprouva d’immenses dégâts ; enfin 3 chose plus triste encore, 100 à 120 personnes furent tuées et un nombre très considérable gravement blessées. On ne put pas découvrir la cause de cet affreux malheur. (Proc. verb. des commissaires. — A. Barbot).
1545 02 06. — Le corps de ville approuve le traité passé avec Me Guillaume Nicolas, principal du collége, et par lequel la commune s’engageait à lui donner 600 livres par an , pour lui et les quatre régens, ses collaborateurs. (Invent. des privilèges). Le premier établissement d’un collège communal à la Rochelle ne date donc pas, comme on le croit généralement, de l’année 1565 seulement : on doit le faire remonter à l’année 1504, époque à laquelle la commune acheta, dans la rue Bazoges , deux maisons contigues pour en faire les grandes écoles. Ces maisons , qui étaient, pour ainsi dire, encastrées dans l’hôtel d’Huré, auquel il confrontait au sud et .à l’est, étant humides et mal aérées, le maire Jean de Conan, dans l’intérêt de la santé des enfants et des professeurs, y fit faire, en 1516, de très-grandes réparations (1). En 1538 le corps de ville, pour assurer la prospérité de l’établissement communal, défendit « à tous manans et habitants de ceste ville d’envoyer leurs enfants à autres escholles qu’ès grandes-escholles publiques, dédiées et ordonnées par la ville pour le publicq. » Cette mesure ayant sans doute augmenté beaucoup le nombre des élèves, la commune, trois ans après, sollicita et obtint de François Ier la permission de construire et établir un collège, pour l’instruction de la jeunesse, au lieu de la ville le plus commode qu’il aduiseroit et d’allouer 600 livres de gages aux principal et régens. Cependant soit qu’on ait reculé devant la dépense que devait entraîner cette construction , soit qu’on n’ait pas trouvé de local convenable , il n’apparaît pas que le corps de ville ait usé de la faculté qui lui était accordée, avant l’époque à laquelle il fut autorisé par Charles IX à acheter une partie du couvent abandonné par les Cordeliers, sur l’emplacement duquel le collége est toujours resté depuis. (Liv. de la paterne, — terrier de l’hôp. Saint-Barthélemy. — j4. Barbot.)

(1) Je crois que ce sont les armoiries du maire de Conan , que l’on voit encore au-dessus d’une porte intérieure de la maison du commandant Vivier, dans la rue Bazoges


1545 06 16. — Arrivée à Chef-de-Bois de dix-huit galères venant du Levant, destinées à une descente en Angleterre et ayant pour amiral le baron de La Garde. Le même jour, l’amiral, accompagné de ses officiers, vint à la Rochelle où le lieutenant général du Lude leur lit une brillante réception. « Le lendemain le soubz-Maire commanda au Roy de l’arquebuze (V. 17 mai) d’assembler le plus grand nombre des arquebusiers de la ville qu’il pourroit ; ce qu’il fit, en moings de deux heures, en nombre de neuf cents braves hommes arquebuziers, qui marchèrent en ordre et passèrent devant le logis de mond. seigneur du Lude, tirant chascun leur coup pour saluer lesd. capitaines, dont ils furent fort joyeux M. du Lude, le soubz-Maire et grand nombre de messieurs (du corps de ville) allèrent visiter lesd. galères, lesquelles s’approchèrent fort près de la ville ; et fusrent disner dans l’admirale , en laquelle leur avoyt esté préparé un festin fort somptueux ; et estoient toutes les galères bien parées, fort richement couvertes et garnyes de plusieurs riches enseignes, chascune des couleurs de leur capitaine. Elles demeurèrent près de la ville plus de huit jours, durant lesquels elles se munirent d’eau, de vin et autres rafraîchissements. » Quelques jours auparavant, était arrivée au même lieu de Chef-de-Bois une grande galère de Marseille avec la même destination, sous le commandement de Pedre de Strozzi, qui avait reçu les mêmes honneurs. « Elle estoit fort richement parée, d’escarlate rouge, à grandes bandes de damas noyr, avec quantité de belles enseignes, esquelles y avoit pour devise un croissant. » (Baudouin. )
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