Histoire Passion - Saintonge Aunis Angoumois

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1622 - Royan : le siège de la ville par le roi Louis XIII

dimanche 9 novembre 2008, par Pierre, 2360 visites.

22 ans après l’Édit de Nantes, les huguenots et Louis XIII reprennent les armes pour 10 ans de guerres et de sièges : Saint-Jean d’Angély en 1621, Royan en 1622, et La Rochelle en 1627-28. La Saintonge et l’Aunis sont encore une fois dans la tourmente.

Un siège rapidement mené, au terme duquel les assiégés eurent la vie sauve, ce qui ne fut pas toujours le cas dans cette période troublée, et en particulier dans le Languedoc.

Sources :
- Histoire de France depuis l’établissement de la monarchie françoise dans les Gaules - Gabriel Daniel, de la Compagnie de Jésus – Paris – 1756 – Books Google
- Mémoires 1579-1640 de François de Bassompierre - M. Petitot - Paris - 1822 - Books Google
- Mémoires du cardinal de Richelieu sur le règne de Louis XIII, depuis 1610 jusqu’a 1638 - Armand Jean du Plessis Richelieu - Claude Bernard Petitot - Paris - 1837 - Books Google

mai 1622 - Le siège de Royan

Le roi ayant chassé monsieur de Soubise du bas Poitou, se rendit à Niort & ensuite à Xaintes. Il avoit donné ordre au duc d’Epernon d’investir Royan avec un corps de quatre mille hommes. Le baron de Saint-Seurin frère de celui qui avoit été pris à l’attaque de l’isle de Rhé, commandoit dans cette place.

Le lendemain 29, comme le Roi arriva à Saintes, il en sut nouvelle. Il séjourna à Saintes le samedi, dimanche premier mai , et lundi suivant, tant pour faire avancer son armée que pour donner audience aux ambassadeurs des cantons des Suisses qui l’étoient venus trouver pour intercéder pour les huguenots de la France. Je leur fis festin, puis les menai à l’audience, en laquelle ils eurent pour réponse du Roi que quand les huguenots, ses sujets rebelles, rentreroient en leur devoir, il auroit les bras de sa clémence ouverts pour les recevoir, et les renvoya de Saintes en corps, d’où il partit le mardi 3 de mai pour venir coucher à Saujon où M. d’Épernon le vint trouver, auquel il fit bonne chère, comme M. le prince y avoit disposé Sa Majesté. Le Roi lui proposa de grossir son armée de quelques troupes qu’il lui donneroit, et qu’il entreprît de réduire Royan en l’obéissance de Sa Majesté ... (Mémoires de François de Bassompierre)

Les Rochelois s’étoient imaginé qu’il falloit au moins six mois pour la prendre. La garnison étoit nombreuse, la place défendue par un double fossé, taillé dans le roc , & entourée de la mer par deux côtés.

L’ancien fossé avoit vingt-deux piés de profondeur & quarante de large, & le nouveau étoit large de trente & profond de douze. Le château des seigneurs de Royan, de la
maison de la Tremoille défendoit l’entrée du port ; & les huguenots, suivant leur usage, avoient eu soin d’ajouter de nouvelles fortifications aux anciennes. Le duc d’Epernon s’étant emparé du fauxbourg de Royan, fit sommer Saint-Seurin de rendre la place, & l’invita en même temps à une conférence. Saint-Seurin muni d’un sauf-conduit le vint trouver avec quelques officiers de la garnison. Cette démarche déplut aux zélés du parti ; ils en informèrent l’assemblée de la Rochelle, qui craignit que Saint-Seurin ne se laissât gagner par le duc d’Epernon. Elle envoya promptement à Royan des officiers plus déterminés à rejetter toute espèce d’accommodement, tels que Favas & la Noue. Ceux-ci ne furent pas plutôt dans la ville, qu’ils prirent des mesures pour en ôter le commandement à Saint-Seurin, & pour se défaire de ceux qu’ils croyoient capables d’entrer dans ses vues. On cria dans toutes les rues : vive Soubise, & le lieutenant du gouverneur fut tué d’un coup de pistolet, sur le pontlevis du château.

Saint-Seurin étoit alors en conférence avec monsieur d’Epernon, & quelques-uns de ses officiers : on tira sur eux dix-huit coups de canons , qui par bonheur ne leur firent aucun
mal. Saint-Seurin s’étant ensuite présenté pour rentrer dans la place , on refusa de lui ouvrir les portes, & on le renvoya chargé d’imprécations & d’injures. Le duc d’Epernon comprit alors qu’il ne viendroit pas à bout de soumettre Royan par la négociation, & il n’avoit pas assez de troupes pour la prendre par force.

Le roi fut instruit de ce qui s’étoit passé à Royan en arrivant à Xaintes, il s’avança jusques à Saujon où le duc d’Epernon le vint trouver. On voulut engager ce duc à continuer le siège de Royan, & l’on lui offrit de renforcer le corps de quatre mille hommes qu’il commandoit : mais il refusa constamment de se charger d’une commission si difficile, quelque chose que lui pût dire le prince de Condé, & il soutint toujours qu’il ne falloir rien moins que toute l’armée du roi pour prendre cette place. Il fut donc résolu que le roi iroit assiéger en personne avec toutes ses forces.

Les troupes se mirent en marche, & l’on s’assura en passant, de la ville & du château de Taillebourg. Le célèbre ingénieur Pompée Targon servit au siège de Royan, où l’on fit deux attaques. Le bastion de Soubise fut emporté à la première par le régiment de Navarre. Les assiégés y avoient fait une mine qui fut éventée. Ils en firent sauter une autre à la seconde qui emporta quantité de soldats & quelques officiers : mais il fallut enfin céder à la valeur des troupes du roi. Les rebelles demandèrent à capituler le onze de Mai, c’étoit le sixieme jour du siége depuis l’arrivée du roi. On leur accorda la vie & la permission de se retirer à la Rochelle.

Louis s’étoit comporté pendant le siège avec une intrépidité qui avoit fait trembler plus d’une fois pour sa vie. Un jour il monta trois ou quatre fois sur la banquette de la tranchée pour reconnoître à découvert, & il s’y tint si long-temps sous le feu des ennemis, que les officiers qui étoient avec lui, fremissoient du péril où ils le voyoient exposé. Il régla lui-même le travail de la nuit suivante avec autant de présence d’esprit qu’un vieux capitaine, & autant de capacité que le plus habile ingénieur.

Ce soir même je fus voir le Roi en son quartier , lequel me dit que , le lendemain à quatre heures du matin , il vouloit venir à notre tranchée , et que je l’attendisse au commencement d’icelle à une longue ligne que je fis toute la nuit hausser pour le faire arriver en sûreté. Il vint donc le samedi 7 , accompagné de M. d’Épernon et de M. de Schomberg : c’étoit la première fois qu’il y étoit jamais venu. Il me fit l’honneur de me dire : « Bassompierre, je suis nouveau ; dites-moi ce qu’il faudra faire pour ne point faillir. » A quoi je ne fus guère empêché, car il fit plus généreusement que pas
un de nous n’eût fait , et monta trois ou quatre fois sur la banquette des tranchées pour reconnoître à découvert, s’y tenant si long-temps que nous frémissions
du péril où il se mettoit avec une plus grande froideur et assurance qu’un vieux capitaine
n’eût su faire , et ordonna du travail de la nuit suivante comme s’il eût été un ingénieur. Je lui vis faire en retournant une action qui me plut extrêmement ; car, après être remonté à cheval , à un certain passage que les ennemis connoissoient , ils tirèrent un
coup de pièce qui passa à deux pieds au-dessus de la tête du Roi qui parloit à M. d’Epernon ; je marchois devant lui et me tournai appréhendant le coup que je vis venir pour le Roi. Je lui dis : « Mon Dieu, Sire, cette balle a failli à vous tuer. » II me dit : « Non pas moi, mais M. d’Épernon ; » et ne s’étonna ni ne baissa la tête comme beaucoup d’autres eussent fait. Puis ensuite, comme quelques-uns qui l’accompagnoient se fussent écartés, il leur dit : « Comment ! avez-vous peur qu’elle tire encore ? Il faut qu’on la recharge de nouveau. » J’ai vu plusieurs et diverses autres actions du Roi en plusieurs lieux périlleux, et dirai sans flatterie ni adulation que je n’ai jamais vu un homme, non un Roi, qui y fût plus assuré que lui. Le feu Roi, son père, qui étoit en l’estime que chacun sait, ne témoignoit pas une pareille assurance.

L’après-dînée M. d’Épernon et M. le comte , que je devois nommer le premier, vinrent en notre tranchée ; et comme en retournant nous fussions allés sur le bord de la mer à une prairie pour considérer seize vaisseaux que les Rochelois avoient à l’ancre là auprès, ils levèrent les ancres , nous voyant grande troupe , et s’approchèrent à cinquante pas pour nous tirer. (Mémoires de François de Bassompierre)

Après la prise de Royan, Louis résolut de passer en Guienne, & de marcher droit à Sainte-Foi.

Le Roi, au sortir de Rié, alla droit assiéger Royan, recevant en chemin les troupes qu’il avoit fait amasser de diverses parts ; et, au lieu que les rebelles se vantoient que cette place soutiendrait un siège de six mois , elle fut si bien attaquée qu’elle fut rendue en six jours[Le 11 mai.], peu avant la fête de la Pentecôte, que le Roi alla passer à Châtelard.

Durant ce siège , arrivèrent à Sa Majesté deux nouvelles différentes, l’une que la ville de Tonneins, qui étoit assiégée dès long-temps, avoit été prise et remise en son obéissance le 4 mai. L’autre , de la révolte du Mont-de-Marsan contre son service, le 2 de mai, avec le marquis de Castelnau qui en étoit gouverneur. La perte de cette place étoit d’une grande importance ; ce qui fit que le premier président de Toulouse, sans perdre temps, envoya traiter avec ledit marquis, et convint avec lui de lui faire délivrer vingt mille écus, moyennant lesquels il remit cette place entre les mains de Sa Majesté, qui la fit raser incontinent. Le Roi , après avoir ordonné le comte de Sois- sons pour commander l’armée qu’il laissa en Poitou et Aunis pour tenir La Rochelle bloquée et retenir les huguenots du plat pays dans les termes de l’obéissance qu’ils devoient, s’achemina en Languedoc, par la Dordogue et l’Agénois, pour attaquer Sainte-Foy, où le sieur de La Force s’étoit retiré. (Mémoires du Cardinal de Richelieu)

Voir en ligne : 1622 - Le siège : une page de l’histoire de Royan

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