Histoire Passion - Saintonge Aunis Angoumois

Accueil > Grands thèmes d’histoire locale > Villes, bourgs et villages > 17 La Rochelle > 1089-1858 Éphémérides historiques de la Rochelle revisitées > 1629-1649 Éphémérides historiques de la Rochelle revisitées

1629-1649 Éphémérides historiques de la Rochelle revisitées

vendredi 17 avril 2020, par Pierre, 264 visites.

Les Éphémérides historiques de La Rochelle, publiées par J-B Jourdan en 1861, sont une véritable mine d’informations sur l’histoire de cette ville. Cet ouvrage essentiel est composé de 847 notices sur les événements du riche passé de cette ville. Pour chacune de ces notices, les sources d’archives sont mentionnées, et l’auteur compare les sources, leurs éventuelles contradictions.
Un ouvrage qui est aussi déconcertant pour le lecteur, puisque les événements y sont classés du 1er janvier au 31 décembre, toutes années confondues, ce qui rend impossible d’y retrouver la chronologie sous-jacente.
Nous avons "revisité" cet ouvrage en reclassant les 847 notices dans leur ordre chronologique du 21 mars 1089 au 12 novembre 1858.
Réalisée en période de confinement, propice aux travaux au long cours, cette nouvelle présentation facilitera, nous le pensons, les recherches des amateurs de l’histoire de cette ville au riche passé.
Nous avons conservé l’intégralité du contenu des 847 notices, avec leurs notes de bas de page. Pour faciliter la lecture, ces notes suivent immédiatement le texte principal de chaque notice.

Page précédente Table alphabétique des matières Page suivante

ÉPHÉMÉRIDES ROCHELAISES.
Tout le monde sait que ce fut par un édit de Charles IX , donné à Roussillon, en Dauphiné, le 9 août 1564, que le premier jour de l’année fut fixé pour l’avenir au 1er janvier. Antérieurement dans l’Aquitaine , dont faisait partie la Rochelle, l’année commençait le 25 mars, contrairement à l’ancienne coutume de France, qui fixait le premier de l’an au jour de Pâques. Toutefois, l’année municipale rochelaise continua de s’ouvrir le jeudi après la Quasimodo, jour de l’installation du Maire, dont l’élection avait lieu chaque année le dimanche de la Quasimodo.


1629 01 15. — Vérification et enregistrement par le Parlement, le Roi y étant, de la déclaration royale qui avait suivi la reddition de la Rochelle à Louis XIII. Cette déclaration portait en substance : que le culte catholique , dont l’exercice avait été suspendu depuis plusieurs années à la Rochelle, serait rétabli, mais que le libre exercice du culte protestant serait maintenu ; que les ecclésiastiques rentreraient en possession de leurs anciens domaines non aliénés ; que le grand temple , construit par les protestants sur la place du Château, serait transformé en cathédrale, après que le Roi aurait obtenu du Saint-Père que le siège de l’un des évêchés voisins fût transféré à la Rochelle (1) ; que les cinq paroisses anciennes de la ville étaient réduites à trois ; que l’hôpital communal de Saint-Barthelemy ( aujourd’hui d’Auffrédy ) était donné aux frères de la Charité , et que le soin des femmes, désormais séparées des hommes, serait confié aux religieuses hospitalières ; qu’il serait érigé sur la place du Château une croix , sur le piédestal de laquelle une inscription perpétuerait le souvenir de la réduction de la Rochelle à l’obéissance du Roi (2) et qu’il serait fait chaque année, à perpétuité, une procession solennelle pour rendre grâce à Dieu de ce mémorable événement ; qu’amnistie pleine et entière était accordée, sans exception, à tous ceux qui avaient pris part à la dernière guerre ; mais que la mairie et le corps de ville de la Rochelle étaient à jamais supprimés et tous les privilèges et franchises dont avait joui jusque là la commune abolis ; que tous ses biens et revenus étaient réunis au domaine royal et que les murailles, remparts et fortifications de la ville seraient rasés et ses fossés comblés, de telle façon que la charrue put passer sur leur emplacement, à l’exception toutefois des tours de Saint-Nicolas, de la Chaîne et de la Lanterne, et de la portion du mur d’enceinte qui fesait face à la mer ; que nul ne pourrait s’établir désormais à la Rochelle sans une autorisation expresse du roi ; qu’aucun protestant n’y pourrait demeurer, s’il n’y était déjà domicilié avant la descente des Anglais à l’ilede-Ré en 1627- ; que les habitants ne pourraient avoir chez eux ni armes, ni poudre, ni munitions d’aucune sorte ; enfin qu’il serait établi à la Rochelle un intendant, dont le pouvoir s’étendrait depuis la Loire jusqu’à la Garonne. (Déclaration -de Louis XIII.) Ainsi finit l’antique et célèbre commune rochelaise, qui ne comptait pas moins de cinq siècles d’existence.

(1) Ce fut seulement en 1648 qu’une bulle du Pape Innocent X, transféra l’évêché de Maillezais à la Rochelle.

(2) Cette disposition ne fut exécutée qu’en 1650 , par la construction de la Fontaine Royale, qui se terminait par une pyramide surmontée d’une croix de bronze dorée. Mutilée et défigurée par le temps , cette fontaine a été détruite depuis quelques années seulement.


1630
1630 02 14. — Prise de possession par les Jésuites de l’ancien collége communal de la Rochelle. Après la soumission de la Rochelle, Louis XIII, « considérant le fruit que les pères Jésuites pouvoient faire en la ville de la Rochelle pour la conversion des âmes, » leur avait fait don de la salle Saint-Michel (v. 1er janvier) et de ses dépendances, en y comprenant les fossés adjacents des anciennes fortifications, et en promettant que, s’il croyait devoir établir un collége dans la ville , il leur en donnerait la direction. L’année suivante, les catholiques Rochelais ayant adressé au Roi un placet pour obtenir un collège, dirigé par eux, Louis XIII s’empressa de leur abandonner l’ancien collége de la ville, à la condition qu’ils laisseraient la maison Saint-Michel aux pères Húcollets. « Afin que les dits Jésuites ayent moïen de se nourrir et entretenir au dit collège, suivant leur institut, qui ne leur permet pas de prendre aucun sallayre de leurs escolliers, disent les lettres patentes , Sa Majesté leur accorde présentement et à toujours 2,000 livres de rente annuelle, à prendre sur les premiers et plus clairs deniers du domaine royal de la dite ville. » (Lettres patentes de Louis XIII. — Guillaudeau. ) — V. 6 février 1630.
1630 03 05. — L’intendant Coignet de la Thuilerie met les religieux de la Charité en possession de l’hôpital de Saint-Barthélémy, qui leur avait été donné par Louis XIII. (Proc.-verb. de prise de posses.). — V. 15 janvier 1629. — Ils s’y étaient cependant provisoirement installés dès le 10 novembre 1628, et avaient rendu de grands services pendant la peste, qui avait succédé au siège. La Rochelle se trouva ainsi dépouillée définitivement de l’hôpital fondé, en 1203, par Auffrédy, et dont ce généreux citoyen lui avait, peu de temps après, abandonné la propriété.
1630 03 24. — Célébration de la première messe au grand temple de la place du Château. — Toutes les églises de la Rochelle ayant été détruites, en 1568, par les protestants, et Louis XIII ayant, après le siège, ordonné, par l’article 9 de sa déclaration, que le grand temple serait transformé eh cathédrale, pour l’évêché qu’il se proposait d’établir à la Roche le, les catholiques, en attendant la reconstruction de leurs églises, avaient été obligés de se contenter.de la chapelle de Sainte-Marguerite (V. 19 janvier). Mais comme celle-ci ne pouvait suffire aux besoins du culte, et que, d’un autre côté, la translation à la Rochelle de l’un des évêchés voisins soulevait de nombreuses difficultés, les pères de l’Oratoire , qui jouissaient des cures des trois paroisses de la ville , avaient obtenu d’être mis en possession du grand temple dès le 24 décembre 1629. (Maudet. Jaillot.)
1630 11 03. — « On a commencé à prescher au Temple neuf, en la Ville-neuve. » ( Guillaudeau. - Colin.) En expulsant les protestants du grand temple , qu’ils avaient construit sur la place, pour en conférer la jouissance aux paroissiens de Saint-Barthelémy, en attendant qu’il fut érigé en cathédrale ( V. 20 juin), Louis XIII avait concédé aux premiers un terrain dépendant des anciennes fortifications pour bâtir un nouveau temple, avec promesse d’une somme de 6,000 livres, pour ayder à faire les frais d’iceluy. Il les avait en même temps autorisés à continuer leurs exercices religieux dans la salle Saint-Yon , jusqu’à ce que le temple de la Ville-neuve fut terminé. Malgré leurs réclamations, l’allocation promise ne leur fut pas donnée ; le roi les autorisa seulement à faire une quête sur les habitans de la ville de la religion prétendue réformée. C’est à l’aide des deniers ainsi recueillis qu’avait été élevé le prêche de la Villeneuve, dont l’une de nos rues porte encore le nom ; mais moins vaste et bien plus simple que le grand temple de la place du château. (Art. accordés par S. M. à ceux de la religion, etc.) V. 1er mars — 14 juillet — 12 septembre.
1630 11 08. — Après la reddition de la Rochelle , on avait abandonné aux protestans le cimetière de l’église Saint-Jean , qu’on appelait le cimetière du Perrot ; mais sur les réclamations du curé de cette paroisse, l’intendant de la Thuillerie rendit, le 8 novembre, une ordonnance faisant défense aux huguenots d’enterrer leurs morts dans les cimetières des catholiques. On leur concéda alors, près de leur nouveau temple, un terrain de peu d’étendue, qu’on nomma le cimetière de la Ville-neuve, et qui fut bientôt rempli. Au mois de décembre 1635, ils obtinrent de l’intendant de Villemontée un nouvel emplacement, vis à vis la rue des Trois-Marchands (Chef-de-Ville), borné à l’occident par les fossés de la ville, au midy par le canal qui va desdites douves au pont de la Gourbeille (1), moyennant 30 liv. de rente annuelle, payées d’abord au duc de Saint-Simon, à cause de son fief de Saint-Louis, puis aux frères de la charité, qui revendiquèrent plus tard la propriété de ce terrain. (Proc.-verb. de prise de posses. du fief de Saint-Louis. — Terrier de l’hôpit. Saint-Barth. — Quillaud. — Rég. des prolest. — Notes de Jaillot.) - V. 15 Mars.

(1) Ce pont, jeté sur la Verdière , près du pont, servait à communiquer de la grande rive au faubourg du Perrot. Il devait son nom au genre de supplice que l’on y fesait subir à certains condamnés et principalement aux femmes de mauvaise vie , que l’on mettait dans une cage dé fer ou corbeille et que l’on plongeait ensuite plusieurs fois dans la mer, au gros de l’eau : ce que l’on appelait gourbeiller. (Titres divers.)


1630 12 06. — Les religieuses de l’institut de Sainte-Ursule, ordre de Saint-Augustin , avaient obtenu, au mois de décembre de l’année précédente, des lettres patentes, qui les autorisaient à fonder un monastère à la Rochelle ; mais le consentement de l’évêque de Saintes s’était fait attendre jusqu’au mois d’octobre suivant, et ce fut le 6 décembre 1630 seulement que cinq religieuses et une sœur converse, du couvent d’Angers, arrivèrent à la Rochelle, accompagnées de l’oratorien Treton-Duruau. Le présidial les attendait dans le grand Temple et, après un Te Deum, il les conduisit processionnellement à l’ancien bâtiment des grandes écoles, appartenant naguères à la commune (V. 6 fév, et 25 avril), et que le Roi leur avait donné. Soit que cette maison fut trop petite , soit plutôt qu’elle eût été consummée par un incendie (1), en 1633 elles allèrent habiter une maison appartenant aux Jacobins et située dans la paroisse de Notre-Dame. Sept ans après, elles achetèrent plusieurs maisons, voisines de leur première demeure , et y établirent leur couvent, en transformant en chapelle un grand cellier , qui fesait face aux ruines de Saint-Barthelémy (2). Leur monastère embrassait tout le massif de maisons compris entre les trois rues des Augustins , de la Chaudellerie et de Bazoges jusqu’à la nouvelle chapelle des sœurs de l’Espérance. Lorsqu’en 1792 leur établissement fut fermé, elles étaient au nombre de vingt-trois religieuses et de huit sœurs converses. Après la tourmente révolutionnaire , quelques-unes des anciennes Ursulines firent l’acquisition du couvent des Augustins, et en prirent possession en 1804. ( Notes de Jaillot. — Mém. des pères de l’Oratoire, — Masse. — Arcère.) — V. 6 et 17 mai.

(1) On l’appela pendant quelque temps la maison brûlée. (Note de Jaillot.)

(2) Leur eglise est très jolie , dit Masse , mais leur couvent ne se compose que d’un ramassis de maisons de particuliers.


1630 12 12. — Lettres de provision des titres de gouverneur et lieutenant général du pays d’Aunis, ville et gouvernement de la Rochelle, accordés par Louis XIII au cardinal de Richelieu, après la démission de Thoiras. Le 30 décembre , le commandeur de la Porte arriva à la Rochelle pour prendre possession de ce gouvernement au nom de son neveu. « A la présentation des lettres de provision au présidial (le 4 janvier) ajoute Colin , fut fait mention de la généalogie de M. le cardinal, estre du roy Louis-le-Gros. »
1631 05 22. — « Fut publié en l’audience présidiale le don fait par le Roy de la maison de ville à M. le cardinal de Richelieu et autres gouverneurs de la Rochelle. » (Guillaudeau.- Colin.) Richelieu avait été nommé , au mois de décembre précédent, gouverneur de la Rochelle , de l’Aunis et d’une portion de la Saintonge, en remplacement de Thoiras, et il conserva ce titre jusqu’à sa mort. Depuis la fin du siège cependant, il n’apparaît pas qu’il soit venu dans notre ville : il délégua ses pouvoirs à son oncle maternel, Amador de la Porte, grand prieur de France. (Titres divers.)
1631 06 19. — Lettres patentes de Louis XIII, qui rétablissent les pères Cordeliers à la Rochelle. Expulsés par les Jésuites de leur ancien couvent, ils obtinrent de la libéralité du duc de Saint-Simon l’emplacement sur lequel s’élevait naguère le bastion appelé de la Vallée, parce qu’il avait été construit sous l’administration de François Prévost, seigneur de la Vallée , et ils y bâtirent un nouveau monastère ; qui embrassait tout l’emplacement compris entre les rues de Saint-François et de La Porte-Murée, la place des Cordeliers et les Remparts. Il s’étendait même primitivement plus loin , car Masse nous apprend qu’en 1689, on prit, pour les nouvelles fortifications, une partie de leurs vastes jardins. Il ajoute que leur couvent était l’un des plus jolis de la ville.
1631 06 28. — Arrêt du parlement qui , sur les poursuites du clergé de l’Aunis et contrairement au règlement fait en 1381 (V. 13 juin), qui réduisait au centième des fruits la dîme réclamée par les curés, fixe au quarantième le droit à payer à ceux-ci par les habitants. (Colin.)
1632 09 02. — Le feu ayant pris dans une maison voisine du couvent des Récollets, et remplie de goudron, de cordages goudronnés et autres matières inflammables, le vent, qui était grand, poussa les flammes jusque dans la tour de Moureilles, appartenant naguères à la commune, à laquelle elle servait de dépôt pour ses privilèges et vieux titres. Elle avait été donnée depuis peu aux Récollets pour en faire un clocher et, ce jour là même, ces religieux en avaient pris possession. « Fut ladite tour embrâsée et toute la charpente, qui estoit belle et grande, consummée par le feu, n’y restant que les murailles, tellement endommagées par le feu qu’elles ne pourront plus servir. » dit Guillaudeau. Les dégats ne furent pas aussi grands que le prétend notre chroniqueur, puisqu’en 1090 Louis XIV racheta des Récollets la tour à laquelle ils avaient donné leur nom , pour la convertir en magasin à poudre. Elle figure encore sur un plan de 1773, et il est croyable qu’elle a été détruite lors de la construction de l’arsenal, en 1786. ( V. 29 janv. et 9 mars. )
1632 11 20. — Après la répression de la révolte de Gaston , frère du Roi, Richelieu avait déterminé la reine Anne d’Autriche , qui avait suivi Louis XIII en Languedoc, à passer par la Rochelle pour se rendre à Paris, heureux de lui faire les honneurs de son gouvernement et fier de lui montrer le théâtre de ses exploits. Mais le cardinal était tombé gravement malade à Bordeaux, et avait eu la douleur de se faire remplacer par son oncle, le commandeur de la Porte, et par l’archevêque de Bordeaux. Dès les premiers jours du mois, des ordres avaient été adressés à l’intendant de Villemontée, pour préparer la plus magnifique réception à celle qui était pour le cardinal plus qu’une souveraine. Les douze commissaires, chargés de ces préparatifs, n’avaient rien épargné pour répondre aux désirs du somptueux ministre, et avaient appelé de Bordeaux, de Nantes, de Niort et autres villes des peintres, des sculpteurs, des architectes, les ouvriers les plus en renom. Ils étaient parvenus, avec une merveilleuse activité , à transfigurer cette malheureuse ville, désolée et couverte de ruines , en la plus peuplée, esclalante et magnifique cité, dit un contemporain , quand le 20 novembre, vers midi, les guetteurs, placés sur les clochers, annoncèrent que la Reine approchait. Déjà , dès le matin , les grands de la ville , à cheval, et les notables habitans, au nombre de 2,000 environ, tous en manteau noir (à cause du deuil de la cour) et l’épée au côté, partagés en cinq compagnies, ayant chacune à leur tête un des anciens Maires, avaient été audevant de Sa Majesté. Anne d’Autriche avait à ses côtés, dans son carosse, Mesdames de Chevreuse , de La Trémouille, de Montbazon, de Senecé, de Liancourt et de La Flotte. Un contemporain a rempli tout un volume des longs et emphathiques discours, compliments en mauvais vers, qui lui furent débités, des inscriptions latines et françaises et devises adulatrices, semées sur son passage ; de la longue description du costume et de la place des différents corps et principaux personnages, des trois immenses arcs de triomphe dressés à la porte Saint-Nicolas, au carrefour des rues St-Nicolas et de la Sardinerie, et à l’entrée de la rue du Palais ; des peintures et statues allégoriques , des innombrables écussons qui les décoraient ; des orchestres variés, placés sur chacun d’eux ; des rues jonchées de fleurs et de feuillage ; des maisons tendues de riches tapisseries , fournies par la noblesse du pays et par les principaux habilans ; du pont de St-Sauveur magnifiquement décoré ; des surprises nouvelles ménagées à chaque carrefour que devait traverser la Reine, depuis la Néréide au maillot couleur de chair , dont le corps se terminait en porcille ( sorte de poisson ) et qui, sortant de sa grotte marine, offrit à la princesse les plus rares coquilles et un morceau d’ambre gris pesant près d’une livre, jusqu’au groupe Azamoglans rustiques, avec leur brillant costume d’Anatolie, qui entonnèrent un chant grave dans le vray ton dorien ; de ces mille beautés, blanchissantes et resplendissantes. les plus grandes dames de la ville, inondant le carosse de la Reine d’une pluie de fleurs et d’une rosée d’eau d’ange, qui fleuroit merveilleusement ; des pompes religieuses succédant aux manificences mondaines, dans le grand temple , où fut chanté un Te Deum ; du pompeux décor de la porte d’entrée de l’hôtel Legoux (F. 2 nov.) , où était préparé le logement de la Reine ; enfin du somptueux festin, servi dans la grande salle de l’Hôtel-de-Ville, où l’ambre, le musc et le benjoin allumés faisaient un air si doux, que l’on se croyoit transporté dans la terre de promission, et dont les mets sans nombre et les plus recherchés, servis dans une vaisselle d’or ciselé, surpassaient les délices de la Médie , les voluptés romaines, jusques aux salles d’Apollon, les profusions de Cléopâtre, les tables enchantées d’Alquif, de Méluzine, d’Armide ou de Psychée, pendant que le petit Messier, page du cardinal, unissait sa mélodieuse voix aux sons des instruments, etc., etc. (1). Cette brillante journée, digne de l’ancienne magnificence de nos aïeux, devait avoir plus d’un lendemain. (Relat. de ce qui s’est passé à l’entrée de la Reine. )

(1) Les plus hauts pesonnages de la suite si nombreuse de la Reine avaient pu seuls être invités au festin de l’Hôtel-de-Ville ; tous les autres , sans exception , avaient été reçus et traités par les principaux citoyens, qui avaient déployé une telle prodigalité dans leur hospitalité,


1632 11 21. — Le lendemain de l’arrivée d’Anne d’Autriche, les pères jésuites lui donnèrent, dans la cour de leur collége où avait été élevé un vaste théâtre , le spectacle d’un drame qui, sous le titre de l’Hercule Gaulois, célébrait les victoires et conquêtes de son royal époux. La représentation s’était ouverte par une sorte de prologue, dans lequel dix-huit jeunes gens, de nations étrangères et vêtus de leur costume national, vinrent adresser à Sa Majesté un compliment, chacun en leur langue maternelle , tant estoit nombreuse la jeunesse étrangére, qui de tous les endroits de la terre venoit s’instruire aux leçons de ces pères. A ce spectacle succédèrent des joûtes nautiques, dans le milieu du port, et dès que la nuit fut venue, les combattans réunirent leurs efforts contre un gros navire, étincelant de feux et représentant les forges de Vulcain. Le Dieu vainqueur fit sortir de ses fourneaux ardens un château flamboyant, flanqué de quatre pyramides, qui firent éclater dans les airs des feux innombrables, au milieu desquels on lisoit fort distinctement, parmi les fleurs de lys, les noms du Roi et de la Reine , qu’après le départ de la princesse, il leur fallut vivre de faisans et d’ortolans le reste du mois de novembre. (Relalion de ce qui s’est passé, &.) et des poissons enflammés, et de toutes formes, sillonnèrent la surface des eaux (1). Le jour qui suivit fut consacré à un simulacre de combat naval. Dans la rade de Chef-de-baie, était mouillée une escadre, commandée par le chevalier des Roches. La Reine se rendit à bord de son vaisseau sur une élégante galiote, de couleur azur et ornée de son chiffre et de fleurs de lys d’or ; la voile en était de satin et les bancs couverts de tapis de Turquie. A ses côtés prirent place les dames de sa cour, l’archevêque de Bordeaux, le duc de Chevreuse, le command.1 de la Porte et de la Meilleraye, cousin de Richelieu ; le reste de la suite était dans quatre autres galiotes, et trois orchestres dilférens, montés dans trois barques, les accompagnaient tour à tour de leurs instrumens. Les mâts et les cordages des vaisseaux disparaissaient sous les pavillons et banderolles de mille couleurs ; tous les matelots, habillés de rouge, étaient sur les vergues, et les soldats sous les armes rangés le long des haubans. Une délicieuse et magnifique collation avait été dressée sur deux tables. Après le repas, les navires se partagèrent en deux divisions, dont l’une , composée de 25 voiles, avait arboré le pavillon anglais, sous le commandement du brave marin rochelais Bragneau. On simula le combat qui, quatre ans auparavant, avait eu lieu, à la même place, entre les flottes française et anglaise ; mais la Reine, ayant quelque tendreur d’une si vive image de bataille, demanda qu’on la descendît à terre , et assista de son carosse, placé à la tête de la digue , à la fin du combat, qui se termina par un étrange épisode. Au moment où la fausse armée anglaise gagnait le large , battue par la flotte française, parut dans le pertuis d’Antioche un grand navire , portant un pavillon rouge avec croissant d’argent : c’était un pirate d’Alger, commandé par un jeune descendant des Abencérages, nommé Mustapha , et dont le nombreux équipage, coiffé du turban, accueillit à coups de flèches les Français, qui étaient allés le reconnaître. On attaqua aussitôt son navire, et après un combat opiniâtre , dans lequel Mustapha , fort inférieur en force, perdit la plus grande partie des siens, le chef algérien eût la présence d’esprit de se mettre sous la sauvegarde de la Reine , vers laquelle il fut conduit et qui lui fit grâce. Dans sa reconnaissance, il lui fit don de ses plus précieux joyaux , et l’on assure que, peu de temps après, il se fit chrétien. En rentrant en ville , la Reine alla souper à l’Hôtel-de-Ville, où, après le repas, fut donné un ballet, dont la première entrée se composait de bouffonneries, parmi lesquelles un grand pâté fumant, etc. ; des bergers, avec leurs gastinelles (costume de la Gâtine), dansèrent ensuite la Poitevine ; puis deux cavaliers espagnols et leurs dames exécutèrent gravement la ridicule, inventée et dansée par le baron d’Ambleville ; enfin parurent des personnages de diverses nations, qui charmèrent les assistans par la variété de leurs danses nationales. (Relation, etc. — Colin.)

(1) Ce feu d’artifice avait été exécuté par M. Morel, commissaire général des artifices. (Relation, etc.)1632 11 23. — Après trois jours passés en fêtes continuelles, la Reine Anne d’Autriche part de la Rochelle , si satisfaite de la réception qui lui avait été faite , qu’à son arrivée à Paris , elle déclara à Louis XIII qu’elle n’avoil jamais cogneu esire Reyne que durant le temps qu’elle avoit esté à la Rochelle. Les Rochelais avaient poussé la générosité jusqu’à ne pas vouloir laisser partir les officiers de chez la Reyne, sans les gratifier de présens. On ne peut s’expliquer comment ces fêtes si splendides n’auraient coûté à la ville que 7,702 livres 10 sols, chiffre donné par un titre original, qu’en admettant que les somptueux festins de l’Hôtel-de-Ville, résidence du gouverneur, avaient été payés de la bourse du galant cardinal. (Relat. de ce qui s’est passé, etc. — Colin. — Ms. int. analectes.) En reconnaissance du magnifique accueil des Rochelais, la Reine obtint pour eux la remise des dettes qu’ils avaient contractées pendant le siège, et que l’on voulait faire payer par la commune , dont on avait confisqué tous les domaines.


1633 09 18. — Arrivée devant Saint-Martin (île de Ré), du Grand Armand, vaisseau de 2000 tonneaux , disait-on, que le cardinal de Richelieu avait fait construire au hâvre de la Roche-Bernard. L’archevêque de Bordeaux, chargé de le conduire, soit à Blavet, soit dans la rivière de Seudre, était parti de la Rochelle avec les meilleurs capitaines et matelots de ces côtes pour l’aller chercher. Il l’amena dans la Seudre après avoir perdu en route le grand mât, qui fut brisé par une tourmente. Au mois d’août suivant, les grands jours ayant été tenus à Poitiers, un grand nombre de conseillers allèrent visiter ce merveilleux navire. (Colin.) C’est vraisemblablement le même vaisseau qui, cinq ans plus tard, sous le nom de la Couronne, fesait partie de la flotte envoyée en Fontarabie. (V. 30 juillet.)
1634 03 20. — L’article 13 de la déclaration royale, qui suivit le siège de 1628, est ainsi conçue : « Voulant en la mémoire de plusieurs de nos bons serviteurs, décédez pour nostre service, conserver le cimetière bénit au terroir de Coreilles, auquel ils ont esté inhumez , et la chapelle en laquelle les religieux Minismes de Saint-François de Paule ont célébré continuellement le service divin , administré et mis en terre lesdits gens de guerre (.auquel exercice mesme plusieurs d’entr’eux ont aussy finy leurs jours), nous voulons et ordonnons que ledit cimetière soit conservé cy-après en ladite nature, sans qu’il puisse estre à jamais profané , et qu’en ce lieu soit construit un couvent de religieux dudit ordre des Minismes ; et pour cet effet acheté huit arpens de terre au même endroit ; et qu’à la porte principale de l’église dudit couvent soit gravé, sur deux tables de cuivre, aux deux costés de ladite porte, un sommaire récit de l’ouvrage de la digue, construite au travers du port (1) de ladite ville et de nostre armée navale ; ausquels, en nous servant, la pluspart de nos serviteurs inhumez audit cimetière ont finy leurs jours. » Le monastère des pères Minimes ne fut pas apparemment construit de suite, car des lettres patentes de Louis XIII, du 20 mars 1634, en confirmant le don ci-dessus, autorise ces religieux à couper vingt-quatre arpens de bois dans sa forêt d’Aulnay, pour faire bâtir leur couvent. (Mervault. — Notes du père Jaillot.) — La pointe de Coureilles prit dès lors le nom de Pointe-des-Minimes.

(1) La plupart des anciens titres appellent port l’espace compris entre les pointes des Minimes et de Chef-de-Baie, et havre ce que nous nommons aujourd’hui le port.


1635 10 15. — Le ban et l’arrière-ban de la Rochelle,pays d’Aunis et des îles ayant été convoqués à la Rochelle, presque toute la noblesse aunisienne se trouva réunie, le 15 octobre, au palais de Justice, jour et lieu de la convocation. Mais il n’y eût que Messieurs de Lozeré, seigneur de Rochefort, et de Furgon, seigneur de Saint-Christophe , qui se déclarèrent prêts et en estai de servir le Roy, les autres ayant allégué divers moyens d’excuse. Le lieutenant général Fouchier, qui présidait l’assemblée, les invita à se trouver le lendemain à l’hôtel du commandeur de La Porte (1), pour y nommer les trois d’entr’eux, entre lesquels le Roi aurait à choisir celui qui les conduirait à l’armée. Le parti du commandeur intrigua pour faire élire, au nombre des candidats, M. de Polignac, seigneur d’Argence, de Dompierre et de Fourras , et le faire choisir par M. de La Porte, à cause de son avarice et vilenie, combien qu’il fut fort riche. Il fut en effet un des élus, avec M. Daniel Grain de Saint-Marsault, baron de Châtelaillon, et fut nommé, au nom du Roi, par le commandeur ; de quoy il s’excusa fort, mais la partie étoit faite contre luy, afin de luy faire dépenser de l’argent. Il fut donné à toute la noblesse un délai de trois semaines pour se trouver à la Rochelle, en équipage de guerre , et y recevoir des ordres de Sa Majesté. (Colin.)

(1) V. 22 mai 1631. Il habitait l’Hôtel-de-Ville. Tallemant des Réaux, qui n’est pas prodigue d’éloges, en parle ainsi : « C’étoit un homme de bien et un homme d’honneur. je l’ai vu fort aimé à la Rochelle , dont il étoit gouverneur. » — V. 22 mai.


1637 04 16. — Lettres patentes de Louis XIII, qui rétablissent les Dominicains dans leurs anciens domaines de la Rochelle. L’établissement dans cette ville des Jacobins, Frères prêcheurs ou Dominicains daterait, d’après une note de Jaillot, de 1226 ou 1228, et la construction de leur couvent de 1235 (1). Ce dernier embrassait presque tout l’espace compris entre les rues des Prêtres, des Cordouans, de Notre-Dame, du Charriot-d’Or et des Frères-Prêcheurs. Il fut ruiné , comme tous les autres , pendant les troubles religieux du XVIe siècle, et coupé par une nouvelle rue, qui prit le nom de Saint-Dominique, leur patron. Comme une grande partie de son emplacement avait été aliénée à des particuliers, qui y avaient établi des constructions et qui se prévalaient de la prescription pour les conserver, de nouvelles lettres de Louis XIII relevèrent les religieux de toutes déchéances ou exceptions qui pouvaient leur être opposées, cassèrent et annulèrent tous les actes d’aliénation, et rétablirent les premiers possesseurs dans tous leurs anciens biens et domaines. (Jaillot, - Reg. du présidial). Le 18 mai 1791, leur monastère et leur église furent fermés en vertu des décrets de l’assemblée nationale et ce qui en reste sert aujourd’hui de caserne aux vétérans. (Perry).

(1) Arcère s’est trompé en attribuant au frère de Saint-Louis, Alphonse, comte de Poitou, la fondation de cette maison religieuse ; car deux des frères prêcheurs du couvent de la Rochelle assistaient à une assemblée de théologiens tenue à Paris en 1238 (note de Jaillot) , et Alphonse ne reçut l’investiture du comté de Poitou qu’en 1241.


1637 09 22. — « Seize grands navires de guerre de Dunkerque vinrent devant Saint-Martin (île de Ré), où ils brûlèrent quelques navires hollandois et en emmenèrent d’autres et, le lendemain , partirent à la pointe du jour. » (Colin.)
1637 10 12 (Siège de). — » Le mardy 12(1), le Roy arriva devant la Rochelle et prit son logement à Estré ; il ne faut pas demander s’il y eut belle musique de coups de canon et de mousquetterie en tous les quartiers de l’armée pour sa bienvenue. » ( Mervault. ) Guillaudeau ajoute qu’il logea en la maison des Rouhaus, qu’on appelait aussi des Réaux (2). Il était accompagné du cardinal de Richelieu, qui établit ses quartiers au Pont-de-la-pierre , maison seigneuriale située près de la mer, entre Aytré et Angoulins. Les Rochelais formèrent aussitôt le projet d’aller, par mer, enlever le cardinal pendant la nuit ; mais le Roi, informé du complot, s’y transporta avec des troupes et déjoua l’entreprise. Richelieu pourvut dès lors à la sûreté de sa demeure, en la fesant fortifier de retranchemens à l’épreuve du canon. ( Mém. de Richelieu. )

(1) Thibeaudeau s’est trompé, en disant dans son histoire du Poitou que Louis XIII était arrivé au camp le 10.

(2) V. 27 janvier.


1638 06 02. — Une question sur laquelle les protestants et les catholiques de la Rochelle étaient fréquemment en discussion était celle de la tenture des maisons le jour des grandes processions de l’église, obligation à laquelle les premiers refusaient de se soumettre. (1) A quoi qu’ils eussent obtenu de Louis XIII d’en être dispensés, ils avaient consenti, pour les processions de la Fête-Dieu et de l’octave de 1638, à ce que l’intendant pourvut, à leurs frais, à la tenture de leurs maisons. Celui-ci en chargea les juges de police, qui traitèrent au prix exorbitant de douze mille livres. Les protestants se récrièrent sur l’élévation de ce chiffre. Les dixainiers, mandés par l’intendant, déclarèrent que dans le peu de temps qui leur restait, il était impossible qu’ils pussent se procurer les douze ou quinze mille draps nécessaires. Alors M. de Villemontés rendit, à la date du 2 juin une ordonnance par laquelle, sans tirer à conséquence pour l’avenir, les protestants, demeurant sur la ligne que devait parcourir la procession, seraient tenus de fournir des linceulx blancs en quantité suffisante pour ladite tenture. (Ms. pièces fugitives.)

(1) Le ministre Admyrault soutenait qu’on ne pouvait le faire sans prévariquer, mais le ministre Ph. Vincent disait que, sans approuver le but, on devait déférer aux ordres de l’autorité.


1638 07 30. — L’amiral-archevêque de Bordeaux, Henri de Sourdis qui, déjà au siège de la Rochelle, avait fait ses preuves de capacité militaire à côté de Richelieu , après quelque temps de séjour à l’île de Ré pour rallier sa flotte, part pour Fontarabie, avec 21 navires de guerre, laissant derrière lui le beau vaisseau la Couronne, de 2,000 tonneaux , le plus grand navire qu’eut encore possédé la France, et une douzaine de bâtiments hollandais , qui devaient le rejoindre bientôt. Déjà il avait expédié en avant douze autres bâtiments, dont l’un était commandé par l’ancien amiral rochelais, Jean Guiton. Le nom de l’héroïque Maire de 1628 semble perdre de son prestige à être trouvé ainsi, dix ans après, au service du vainqueur de la Rochelle, et l’un des obscurs lieutenants d’un archevêque : on préférait croire à la légende populaire , qui le fait disparaître mystérieusement après le siège, n’ayant pu survivre à la ruine de sa patrie. Moins d’un mois après (le 22 août), le vaillant prêtre-guerrier incendiait ou coulait bas toute l’escadre espagnole, à la hauteur de Guitaria. (Colin. — Le prés. Hainault. - H. Martin.)
1638 08 08. — Consécration de l’église des Jésuites, sous l’invocation de la Vierge, par l’évêque de Saintes, Jacques Raoul. (Gazette du temps. — Arcère.) C’est celle qui sert aujourd’hui de chapelle au Collège. — V. 14 février.
1638 12 02. — Naissance de Paul Colomiès, fils du médecin Jean Colomiès et petit fils de Hiérosme Colomiès, ministre protestant de la Rochelle non moins docte qu’éloquent (1). Très versé dans les langues savantes et notamment dans l’hébreu, qu’il étudia sous le célèbre Cappel, critique éclairé et théologien distingué , Paul Colomiès a publié un grand nombre d’ouvrages d’histoire , de critique littéraire et d’érudition , des traductions, et même un recueil d’épigrammes et de madrigaux. Il quitta la Rochelle peu de temps avant la révocation de l’édit de Nantes, et passa en Angleterre, où il devint prêtre de l’église anglicane et bibliothécaire de la riche bibliothèque de l’archevêque de Cantorbery, Sancrost. Il mourut à Londres, moins de onze années après son arrivée en Angleterre, à l’âge de 54 ans. (Règ. de l’état-civ. des protest. — Arcère.)

(1) Dumbar lui a adressé ces vers :
Doctrina an fuerit tihi vel facundia major,
Docte Columberi , res dubitanda mihi.
Alter es aurisono nain tu Chrisostomus ore :
Socratis et genium cognitione sapis.
Doctrinæ tamen illa tuœ facundia cedat ,
Mirandum hæc populo te facit, illa polo. Centuriæ


1640
1640 05 22. — L’armée navale du Roi, composée de 16 grands navires, arrive sur nos côtes. « Ses officiers , rapporte Colin , firent une infinité d’insolences en ceste ville. Le directeur principal de cette flotte estoit le commandeur Desgouttes, qui disoit que, quand ils avoient arboré le pavillon blanc, toute justice et autorité devoit cesser autour de leur armée. Ils s’assemblèrent bien deux ou trois cents autour du logis de l’assesseur criminel Colin , pour enlever de force nn prisonnier, comme ils le firent. De quoi les officiers du présidial ayant informé et décrété le chevalier de Chastelliers , led. commandeur Desgouttes alla , de grand matin , suivi de plus de trois cents hommes devant le palais, avec espées, pistolets et bastons, pour empescher que le premier des trois briefs jours ne fust proclamé, et menaçoit de faire descendre l’armée el l’arlillerie des vaisseaux à terre pour foudroyer la ville, la piller et brusler : estant lesd. sieurs supportés par M. le grand prieur de France de la Porte, grand oncle du marquis de Brezé. » (qui devait commander la flotte). Le présidial porta plainte au conseil du Roi et au cardinal de Richelieu. On ne lui donna pas satisfaction de suite, dans la crainte de désorganiser la flotte ; mais l’année suivante, le grand Prieur fut blâmé et on lui déclara « que les gens de guerre étoient à terre justiciables de la justice ordinaire et que s’ils ne vouloient estre soumis à cette jurisdiction, ils eussent à rester sur leurs vaisseaux. » (Colin.)
1641 04 20. — La cour des Salins prend possession de l’hôtel de Marsan , où elle tint désormais ses séances. (Colin.) V. 9 janvier et 1er février.
1641 12 03. - Nous savons déjà les nombreuses oppositions qu’avait soulevées l’établissement à la Rochelle de la cour souveraine des Salins (V. 9 janvier ) ; Colin nous apprend quel fâcheux éclat eurent par fois les luttes de préséance, qui s’élevèrent entre ses membres et ceux du présidial. Le 19 mai précédent, sans doute à l’occasion du mémorable jubilé prêché par les capucins (1), les présidiaux avaient devancé au grand Temple, qui servait alors d’église à la paroisse St-Barthelémy, Messieurs des Salins ; quand ces derniers arrivèrent, ayant à leur tête l’intendant de Villemontée, leur premier président, ils trouvèrent le banc réservé aux magistrats occupé par ceux du présidial. « Le président de Lescale (2), dit notre chroniqueur , fit place à M. de Villemontée , mais il ne voulut faire place à Messieurs des Salins. C’est pourquoi M. de Villemontée, qui estoit en robe rouge , sortit et Messieurs des Salins avec luy. Puis il retourna, avec sa robe noire , seul et prit place aud. banc, au-dessus de ceux du présidial. A cause de quoy, MM. de Lescalle et Habert, avocat du Roy , eurent ajournement personnel au conseil et furent interdits pour quelque temps. Et eurent lesd. Salins arrêt de préséance au-dessus desd. Présidiaux. » Cela ne suffit pas pour les satisfaire : ils voulurent avoir leur revanche sur le théâtre même où avait eu lieu l’humiliation, et le 3 décembre suivant, ils firent enlever de l’église le banc des présidiaux. L’évêque de Saintes, qui était alors à la Rochelle et l’un de ceux qui avaient combattu leur institution, les somma d’avoir à faire replacer le banc ; comme ils ne tinrent aucun compte de l’injonction, le prélat les frappa d’excommunication. Ils se pourvurent alors devant le conseil, par appel comme d’abus, et un arrêt rendu en leur faveur leva l’excommunication épiscopale. ( Colin. )

(1) « Au mois de may 1641, on célébra à la Rochelle un jubilé particulier fait à la requeste des Capucins, qui preschoient dans les cantons et fesoient dresser des chaires an coin des rues » La cérémonie finit par une procession générale, où assistaient l’évêque de Saintes, M. de la Porte, gouverneur, qui venoit d’être nommé grand prieur de France , le duc de la Rochefoucault , le grand prieur d’Aquitaine , l’intendant de Villemontée, etc. (Ms. int. Recherches curieuses.)

(2) C’est de lui que la rue de Lescale a emprunté son nom.


1642 01 03. — Une violente tempête, qui dura plusieurs jours, jeta à la côte, près de Tasdon , un gros corsaire algérien, monté par 140 Turcs et 25 Chrétiens. Les hommes furent envoyés aux galères, et le vaisseau servit de magasin pour l’armée navale du roi. (ms. recherches curieuses).
1642 05 18. — « Arriva le soir par mer le maréchal Horn, suédois , qui retournoit de voir le Roy vers Narbonne , le remercier de sa libération et échange que S. M. avoit fait pour luy de Jean de Vert, impérial. On eut ordre de le saluer le plus honorablement qu’il seroit possible. » (Colin.)
1643 02 28. - La disposition de la déclaration de Louis XIII, qui, après la soumission de la Rochelle, avait ordonné que l’un des évêchés voisins serait transféré dans notre ville (V. 15 janvÙw), n’avait pas encore reçu d’exécution. Le cardinal de Richelieu, à son lit de mort, avait désigné au Roi l’abbé de Beaumont, « comme l’homme le plus digne de fonder l’église de la Rochelle , et d’y faire triompher la vérité de l’erreur, en qualité de premier évêque de la Rochelle. » Se conformant à ce vœu, Louis XIII fit expédier, le 28 février 1843, à Hardouin de Beaumont de Perefixe (le futur archevêque de Paris et l’auteur de la Vie d’Henri IV), un brevet qui l’appelait à l’évêché de la Rochelle. Mais les difficultés qui entravèrent encore pendant plusieurs années l’établissement du nouvel évêché, firent renoncer le prélat à son titre d’évêque de la Rochelle. (Oraison fun. de Beaum. de Perefixe. — Cart. de Massiou.)
1643 05 22. — « Les huguenots s’estant assemblés extraordinairement en leur presche de la Ville-Neuve, eurent une telle terreur panique qu’ils s’enfuirent tous. On dit qu’il apparût quelque spectre ; autres parlent diversement : on n’a pu bonnement sçavoir ce que c’est. » (Feuilles détachées du journal du père Jousseaume.)
1645 01 29. - Tourmente épouvantable qui jette à la côte 30 ou 35 navires, la plupart anglais. L’un d’eux, de 200 tonneaux, fut porté jusqu’au pied d’un moulin à vent, situé sur un tertre élevé de douze pieds au-dessus du niveau de la mer. A l’île de Ré, la mer traversa de l’un à l’autre côté de l’île, et, sur le continent, elle fit irruption, en plusieurs endroits, jusqu’à une lieue dans les terres. ( Lettre d’un négociant, insérée dans le recueil des Recherches curieuses).
1645 10 07. - « Plusieurs personnes inconnues et vagabondes courant les rues nuitamment, sans feu ni chandelle, avec pistolets, masques et espées, faisant violences, outrages et insolences aux passans, de telle sorte que les habitans n’osoient sortir, le soir, dans les rues, où se trouvoit grand nombre de filous et gens de néant », le lieutenant-général criminel rendit, le 7 octobre, une ordonnance « qui fesoit défense à toute personne, de quelque qualité et condition qu’elle fut, d’aller la nuit en les rues, après le son du couvre-feu, sans avoir de feu à se conduire et esclairer, sous peine d’être appréhendée comme coupable ou complice des crimes commis nuitamment. » ( Titre du temps.)
1647 09 10. — Mariage de Jacob Duquesne de Malbroc, gentilhomme breton , capitaine de vaisseau du Roi et frère du célèbre Duquesne, avec Suzanne Guiton, fille du héros Rochelais. (Reg. des prolest. — Callot.) — De cette union sont issus plusieurs chefs d’escadre, lieutenants-généraux des armées navales et deux contre-amiraux : le marquis Duquesne-Guiton et le vicomte Duquesne, contre-amiral en 1851 et décédé en 1853. (Barbot de la Trésorière, Annales hist.) — V. 29 mai..
1648 05 02. — Ce ne fut que vingt ans après la déclaration de Louis XIII, prescrivant la translation à la Rochelle de l’un des évêchés voisins, que, par une bulle d’Innocent X, du 2 mai 1648, l’évêché de Maillezais, d’abord transféré à Fontenay-le-Comte, fut définitivement établi à la Rochelle, grâce, dit-on, à l’initiative prise dans le conseil de régence de Louis XIV par Saint-Vincent-de-Paul, pour l’adoption de cette mesure. A la circonscription de l’évêché de Maillezais , on ajouta l’Aunis avec l’Ile-de-Ré, détachés de l’évêché de Saintes , qui perdit quatre-vingt-douze paroisses à cette nouvelle organisation. Le nouveau diocèse de la Rochelle se trouva ainsi composé de trois cent trente-et-une paroisses (1) (en y comprenant les cinq de la ville), partagées en quatre archiprétres ; ceux de la Rochelle, de Surgères (y compris Rochefort), de l’Ile-de-Ré et d’Ardin, et en quatre doyennés : ceux de Fontenay, Bressuire, St-Laurent et Vihiers. (Jaillot. — Ms. de la bib. — B. Fillon.)

(1) Ce démembrement privait l’évêque de Saintes d’environ 6,000 liv. de revenu, dont il fut indemnisé par des immeubles dépendant de l’évêché de Maillezais. Les revenus du nouvel évêque de la Rochelle , dit Masse, étaient de plus de 50,000 livres.


1648 10 18. — Jacques Raoul, seigneur de la Guybougère, qui avait été, avant d’entrer dans les ordres, conseiller au parlement de Rennes, sénéchal et maire de Nantes, depuis évêque de Saintes et, en dernier lieu, de Maillezais, ayant été nommé évêque de la Rochelle, lors de la translation en cette ville de l’évêché de Maillezais, prend possession de son nouveau siège dans le grand temple de la Rochelle, érigé en cathédrale. Il n’en continua pas moins de résider à Maillezais, et mourut, en 1661 , au château épiscopal de Lhermeneau, près de Fontenay (1). (Arcère. — Ms. de la biblioth.) — V. 26 juin et 8 août.

(1) Il publia un recueil d’ordonnances synodales , pour rétablir dans son diocèse la discipline ecclésiastique, fort relâchée depuis les guerres de religion. — 1658, chez Blanchet, à Fontenay. Ses armoiries étaient placées sur la Fontaine-Royale de la place du Château. Il portait d’argent au poisson d’or , accompagné de quatre annelets du même , trois en chef et un en pointe. (Masse.)


1649 08 11. - Léger tremblement de terre à la Rochelle. (Merl.)
1650
Page précédente Table alphabétique des matières Page suivante

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Se connecter
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Lien hypertexte

(Si votre message se réfère à un article publié sur le Web, ou à une page fournissant plus d’informations, vous pouvez indiquer ci-après le titre de la page et son adresse.)

Ajouter un document

Rechercher dans le site

Un conseil : Pour obtenir le meilleur résultat, mettez le mot ou les mots entre guillemets [exemple : "mot"]. Cette méthode vaut également pour tous les moteurs de recherche sur internet.