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1652 - Relation de ce qui s’est passé à Monguyon (17) entre les troupes de M. le prince, et celles du sieur de Folleville

dimanche 7 octobre 2018, par Pierre, 1525 visites.

Les guerres de la Fronde, entre les Princes réunis sous la bannière du prince de Condé, et les armées du jeune roi Louis XIV, ont mis à feu et à sang la Saintonge et l’Aunis.

Les reportages sur ces combats sont nombreux. Ils sont aussi des outils de propagande.

En lisant à travers les lignes, on a le sentiment que le combat de Montguyon a eu un résultat incertain, même si le parti du Prince de Condé en revendique la victoire.
Le style du document en rend la lecture agréable.

Source : Bibliothèque de Cognac, fonds Albert, série in-4°, t. XIX, p, 717, via Archives Historiques de la Saintonge et de l’Aunis - Tome XII - 1884

LE COMBAT DE MONTGUYON.

Relation de ce qui s’est passé à Monguyon entre les troupes de M. le prince, commandées par M. le comte de Maure, et celles du sieur de Follevile.

A Bourdeaux, par G. de La Court, imprimeur ordinaire du roy et de son altesse, n s. d., in-4", 8 pages. Bibliothèque de Cognac, recueil Albert, série in-4°, t. XIX, p, 717.

Les ennemis de monsieur le prince, qui avoient creu que son absence serviroit à leurs desseins, sont maintenant persuadez que, pour estre esloigné d’eux, il ne laissera pas de les vaincre.

Tous ces advantages que les troupes qu’il a laissées en cette province ont remportés depuis peu sur eux, partout où elles ont eu les occasions de les combattre, monstrent clairement que la réputation de ce prince et la justice de la cause qu’il soustient peuvent gaigner des victoires là mesme où il n’est pas présent.

Vous avez appris le combat qui fut donné dernièrement dans le Périgord ; vous allez voir la suitte de cette victoire dans ce qui s’est passé à Mont-Guyon. Nous en donnons un peu tard la relation au public, parce que, les premières nouvelles ayant apporté d’abord quelque confusion désavantageuse à la vérité, il a falu attendre que le temps les aye un peu esclaircies. Sur l’advis qu’on eut que le sieur de Folleville, après avoir esté battu dans le Périgord, s’estoit retiré dans Montguyon avec 500 chevaux ou environ, monsieur le comte de Maure, non content d’avoir employé sa prudence à conserver la ville de Libourne, voulut encore porter sa valeur au dehors pour aller combattre les ennemis. C’est pourquoy, le 25 de ce mois de may, il alla passer la rivière de Lisle avec un corps de 300 chevaux, composé des gendarmes de monsieur le prince, de ceux de M. le duc d’Anguien et des chevaux légers de M. le prince de Conty avec le régiment de Marchin. Bien que ces troupes surmontassent en courage celles des ennemys, elles estoient inférieurs en nombre et ne sembloient pas estre en estat de les pouvoir attaquer. Aussi elles avoient eu ordre d’attendre le sieur de Marche, qui devoit les venir joindre avec deux cens chevaux ; mais celuy cy ne s’estant pas trouvé au rendé-vous, pour avoir esté employé à quelque autre entreprise, ces braves creurent néantmoins qu’ils ne devoient pas se retirer sans faire quelque chose de remarquable et qui fit paroistre le dessein pour lequel ils s’estoient ainsi avancés.

Ils marchèrent du costé de Montguyon, à dessein d’y aller surprendre les ennemis avant qu’ils peussent se reconnoistre. Mais, comme les nostres furent proches de ce bourg, ils changèrent de résolution et il fut jugé plus à propos de leur dresser une embuscade. C’est pourquoy le comte de More envoya un party de 30 maistres conduit par le sieur de Cabreré jusques aux portes de Montguyon pour essayer de les attirer hors de leur poste.

Mais le sieur de Folleville ayant reconnu ce dessein, mit incontinent sa cavalerie en bataille, et puis, quand tout fut en bon ordre, il destacha un escadron pour pousser nos coureurs et pour venir reconnoistre nos troupes lequel, après s’estre approché assez près, se retira sans combattre. Comme nos troupes n’estoient pas encore en bataille, elles se retirèrent en un endroit où elles peussent se ranger plus commodément. Bien-tost après les ennemis marchèrent droit à nostre cavalerie et s’advancèrent jusques à la portée du pistolet. A mesme temps, ils envoyent un bon escadron, qui détourna un peu à costé pour la venir prendre par le flanc. Mais le baron de Gouville, lieutenant des chevaux légers de monsieur le prince de Conty, qui commandoit alors l’aisle droite, ayant apperceu cet escadron, tourne de ce costé là, et le pousse si vigoureusement qu’il le met entièrement en déroute.

Mais, s’il monstra sa valeur en vainquant les ennemis, il fit voir ensuitte sa prudence en ne poursuyvant pas la victoire. Au lieu de pousser les vaincus qui s’enfuyoient devant luy, il revint au champ de bataille où sa présence estoit plus nécessaire. En effet, a grand peine y fut-il arrivé, que le gros des ennemis commence à donner avec beaucoup de courage et ce fut là où se fit le plus grand effort du combat.

Encor bien que le nombre de nos troupes fût incomparablement moindre que celuy des ennemis, et qu’on eust envoyé une grande partie des chevaux légers avec les gardes de son Altesse sous la conduitte du sieur Desroches. pour se saisir d’un passage qui les eust peu incommoder, néantmoins ceux qui restèrent dans cette occasion combattirent avec tant de vigueur que la cavalerie du contraire party fut contrainte de s’eufuyr en désordre.

D’ailleurs aussi une partie de nos cavaliers se trouva dissipée, et, soit que la chaleur de la victoire en eut attiré quelques uns à la poursuitte des fuyards, soit que quelque vaine terreur eut obligé les autres de se retirer, on eut de la peine à les rallier. L’escadron de Couville fit ferme et deffit encor un second escadron des ennemis qui faisoit mine de le vouloir attaquer.

Cependant le comte de Tourville qui commandoit les gendarmes de M. le duc d’Anguien, après avoir en vain essayé avec quelques autres de rallier nos troupes dissipées, se joignit avec ce qu’il peut rappeller des siens au baron de Gouville son beau-frère. Et tous deux ensemble achevèrent de deffaire les ennemis et les poursuyvirent jusques aux portes de Montguyon, où ils les attendirent plus d’une heure, sans que jamais les vaincus eussent le courage de paroistre.

Ainsi le champ de bataille est demeuré aux troupes de M. le prince et la victoire a esté considérable, puisque ceux du contraire party y ont perdu plus de deux cens hommes qui ont esté ou tués sur la place, ou blessés ou faicts prisonniers.

Il faut néantmoins advoüer que cette victoire a coûté cher à ceux entre les mains desquels elle est demeurée. Ce n’est pas que le nombre des nostres qui ont esté tués ou faits prisonniers aye esté considérable ; M. le prince n’a perdu dans cette occasion que douze ou quinze hommes seulement mais la qualité de ceux qui ont acquis cet avantage par la perte de leur vie ou par celle de leur liberté doit rendre cette gloire un peu fâcheuse.

On compte parmy les morts le comte de Villars, les sieurs de Cabreré et de Vigean, lieutenant de cavallerie, qui ont fait merveille dans cette occasion. Le comte de Chastelus, qui commandoit les gens-d’armes de M. le prince, a esté fait prisonnier dans ce combat, où il a donné des preuves de son courage avec les sieurs de Saint-Seurin et de Roc, capitaines, qui ont aussi esté arrestez.

Quelques autres ont esté blessés dans cette occasion, et ont marqué par leur soin, leur fidélité et leur courage. Le marquis de Basillac a esté blessé aux 2 jambes, le chevalier de Feuquières à la joüe, le sieur de Mailly à un bras, le sieur de Mouchat à l’espaule, le sieur de Libersac a receu deux coups de pistolet dans le corps.

Le baron de Gouville mérite une louange particulière en ce lieu, comme il a beaucoup contribué à cette victoire, pour avoir renversé deux escadrons et poursuivy les ennemis jusques dans leurs barricades ; le comte de Tourville y a aussi acquis beaucoup d’honneur il receut dans le combat un coup de mousqueton bien favorable et qui ne fit que percer les habits seulement. Il fit encore une action extrêmement généreuse et qu’il ne faut pas oublier ; c’est que, voyant le sieur Mailly prisonnier parmy les ennemis, il alla le délivrer de leurs mains, tuant d’un coup de pistolet un de ceux qui le tenoient et l’autre à coups d’espée.

Mais il faut réserver la principale gloire de cette action à M. le comte de Maure qui l’a conduite. Il y a signalé son courage et son zèle envers M. le prince il a receu deux coups d’espée, l’un à la teste, l’autre au bras mais on croit que ces blesseures ne seront pas dangereuses. Ayant eu son cheval blessé de trois coups de pistolet, il est demeuré prisonnier parmy les ennemys qui peuvent bien arrester sa liberté, mais non pas tenir sa gloire captive.

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