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1764 - Le Comte de Matha et son fils montent à Paris et s’y installent
mardi 27 mars 2007, par , 3941 visites.
Lorsque François Adrien Boys Delatouche tenait les comptes de son maître Henri Joseph de Bourdeilles, comte du même lieu et baron de Matha (17), il ne pouvait pas imaginer que son petit carnet, document à l’apparence anodine, serait pour nous un riche témoignage de la vie de son époque et nous permettrait d’entrer dans l’intimité de la vie familiale de ce seigneur.
Ce petit recueil de 14 pages, qui va de mars 1764 à mars 1765, ressemble à tous les livres de comptes. Il nous apprend une foule de détails sur la vie quotidienne d’un père et son fils, nobles provinciaux aisés, qui viennent de s’installer dans leur appartement parisien.
Avec le texte intégral du carnet, on trouvera dans cette page un graphique récapitulatif des dépenses et des éléments repères sur les prix de l’époque.
Source AD 17 - 1J 456 - Transcription et commentaires : P. Collenot
Contexte historique de ce document
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Henry Joseph de Bourdeilles [1], baron de Matha, qui résidait quelques années plus tôt au Palais-Royal, paroisse Saint Eustache, vient de déménager pour un hôtel situé rue des Gravilliers, paroisse St Nicolas, dont il est locataire. C’est peut-être la décision de faire venir son fils près de lui qui l’a incité à choisir un quartier un peu à l’écart des mondanités du Palais-Royal où, comme dit la chanson, « toutes les jeunes filles sont à marier ».
- Le château de Lancosme, dans la Brenne
Ce n’est pas le plein centre de Paris, mais on n’en est pas très loin. La paroisse s’appelle St Nicolas des Champs, souvenir du temps où elle était proche de la campagne.
La rue de Gravilliers relie deux artères importantes : le rue St Martin et la rue du Temple. C’est un quartier très vivant.
François Adrien Boys Delatouche nous donne quelques détails sur le déménagement au cours duquel il a fait transporter diverses affaires de Matha à Paris. Un voyage qui a pris du temps : parti de Matha le 6 octobre 1764, il arrive à Paris le 19, au terme d’un trajet dont les étapes, rythmées par les repas des voyageurs et des chevaux, sont successivement La Villedieu, Brioult sur Boutonne, Chaise(Chey), Lusignan, Poitiers, La Tricherie (au sud de Naintré), Châtellerault, le château de Lancosme à Vendoeuvres-en-Brenne (photo ci-contre), Clioux (Clion sur Indre ?), Loches, Tours, Cormery, Amboise, Leure(?), St Laurent des Eaux, Orléans, Toury, Etampes, Arpajon, Sceaux et Paris. Hormis le détour par le château de Lancosme dans la Brenne, dont les raisons ne sont pas expliquées [2] , c’est un trajet assez direct pour Paris. Le parcours journalier est de l’ordre de 70-80 km. Le carrosse est bien chargé et nécessite un attelage de 3 chevaux, avec cocher et postillon.
Après l’arrivée du déménagement, l’installation commence. Il s’agit d’une part d’organiser la vie parisienne du jeune vicomte , qui était provisoirement en pension chez Monsieur de St Maur, et d’autre part d’aménager le nouveau logement.
Ce jeune homme de bonne famille doit être bien éduqué. Il aura des professeurs d’allemand et de mathématiques On fait la tournée de ses « académies [3] » pour l’inscrire auprès des maîtres de voltige, d’armes et de danse. Qui ne penserait à la pièce de Molière, « le Bourgeois Gentillhomme », où le comédien met en scène un bourgeois qui veut acquérir la condition d’un ordre qui n’est pas le sien ? Mais ici il s’agit de l’éducation d’un jeune noble.
L’académie d’équitation à laquelle est inscrit le jeune vicomte est semble-t-il celle de la rue des Canettes [4] , dirigée depuis 1747 par Jean de Jouan. C’est apparemment dans cette académie qu’il est pensionnaire. Le prix de la pension la réserve à la noblesse aisée : les éléments contenus dans le carnet laissent penser qu’il est de 974 livres par trimestre.
Pour aménager l’hôtel particulier de la rue des Gravilliers, on fait quelques travaux : un menuisier fait un peu de rénovation, un tapissier redonne aux murs un air de jeunesse. C’est la farine qui sert de colle pour le papier peint, comme cela se pratique à cette époque. On change la serrure. On installe un poële avec 5 bouts de tuyau. On achète un peu de vaisselle et un peu de mobilier : une table et l’incontournable chaise de commodité [5].
La vie parisienne impose ses standards : Le jeune vicomte porte un costume qui sied à son rang et à la bourse de son papa, une perruque, des bas de soie, et chapeau bordé. Un domestique qui s’appelle Taine est à son service. Un Monsieur St Jean est, semble-t-il, chargé des courses et de la cuisine. Dans les dépenses mensuelles, en sus de l’argent de poche du vicomte, des gages payés aux professeurs, il y a la location de chevaux et une participation à l’achat du sable pour le manège.
Les affaires de Matha restent bien présentes dans l’esprit du Comte : il y a deux affaires judiciaires en cours : l’une concerne les droits féodaux de Matha, sujet qui semble lui donner bien du souci ; l’autre est un procès en cours avec les héritiers Vauthier (nous n’en savons pas plus).
La trésorerie personnelle du Comte est alimentée par Mr Courtin, receveur de Matha, qui lui adresse périodiquement des lettres de change.
On découvre aussi qu’il a une dette de jeu. Il la rembourse en versant à Mr le Commandeur de Lancosme [6] , avec qui il entretient de bonnes relations (voir plus haut le voyage) 16 livres 2 sols 3 deniers qu’il lui doit (argent prêté ou gagné par ce dernier).
Autour de cette famille sans femme (Mme la Baronne n’est jamais mentionnée : peut-être est-elle réfractaire à la vie parisienne ?), on voit graviter tout un univers de métiers variés : des domestiques, cochers de fiacre, porteurs de courrier (dont un savoyard), une lingère, une blanchisseuse, une ravaudeuse, un perruquier, une chapelière et des marchands divers.
Pour les bonnes œuvres, les usages sont respectés : on fait l’aumône aux « frères de charité » et, au début de l’année nouvelle, les étrennes du personnel ne sont pas oubliées. Le jeune vicomte a disposé d’un crédit de 12 livres à l’occasion de la fête de son papa.
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Dépenses pour le jeune vicomte de Bourdeilles |
Quelques prix à Paris en 1764 ( # = livre = 20 sols)
Le port d’une lettre 10 s | Blanchissage de 15 paires de bas 3 # 15 s |
Une livre de chandelles [7] 11 s | Une paire de bas à côtes 4 # |
Une clef de porte 12 s | Une paire de souliers 5 # |
Un droit de cheval (location d’un cheval) 1 # 4 s | 5 bouts de tuyau de poële 5 # |
La location d’un fiacre De 1 # 4 s à 1 # 16 s | 6 bouteilles d’eau des Carmes 5 # 2 s |
Une brosse à habits 1 # 10 s | Le dîner de 3 personnes et 3 chevaux De 5 # 5 s à 6 # |
Un dîner 1 # 15 s | Une chaise de commodité 7 # |
Un bonnet de coton 1 # 16 s | Une paire de bas de soie blancs 11 # 10 s |
Le rempaillage de 2 fauteuils 1 # 18 s | Le transport par carrosse d’une malle de Matha à Paris 15# |
Un souper 2 # | Une paire de bottines 20 # |
Une houppe 2 # | Une culotte de peau (équitation) 22 # |
Une livre de bougies 2 # 12 s | Un voyage de Tours à Paris 30 # |
Une coupe de cheveux 3 # | Un chapeau bordé 33 # 10 s |
Un fleuret 3 # | Un mois de loyer (petit appartement de standing à Paris) 67 # |
Un gant d’escrime 3 # | L’habit du jeune vicomte 171 # 5 s |
Salaires à Paris en 1764 ( # = livre = 20 sols)
Nourriture du personnel 1 # par jour (1 # 5 s pour mari et femme) |
Gages mensuels* du domestique du vicomte 12 # 10 s |
Gages mensuels* du maître d’armes 18 # |
Gages mensuels* du maître d’allemand 33 # 6 s 8 deniers |
Gages mensuels* du maître de mathématique 36 # |
* La durée du travail de ces personnes n’est pas connue
Texte original du livre de comptes
Les définitions des mots oubliés sont tirées de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert (1761)
Compte que rend François Adrien Boys Delatouche a très haut et très puissant Monseigneur Henry Joseph de Bourdeilles, Comte de Bourdeilles, premier baron de Xaintonge et de Périgord, seigneur de la Terre et châtellenie de Gémosac et autres lieux, demeurant à Paris en son hôtel rue des Gravilliers, paroisse de Saint-Nicolas des Champs, de la recette et dépense par luy faite pour mondit seigneur depuis le 19 juin mille sept cent soixante-quatre jusques et compris le quatre avril 1765.
Recettes
premièrement fait recette le comptable de la somme de 124 livres 18 sols par lui ont reçu de M. le Comte de Bourdeilles le 19 juin 1764
plus reçu de M. le Comte le 22 juillet 1764 par les mains de Bourguignon son domestique la somme de 108 livres
plus reçu led jour de M. Courtin receveur du comté de Mastas une lettre de change de 1002 livres tirée à mon ordre par le sieur Loiseau
plus reçu le 29 juillet 1764 de M. le Comte de Bourdeilles la somme de 48 livres
plus reçu le cinq 8bre 1764 de M. Courtin receveur du comté de Mastas suivant une quittance la somme de 100 livres
plus reçu le 18 du mois d’octobre de M. le Comte une lettre de change de 3600 livres
de plus reçu le 16 février 1765 la somme de 1500 livres pour le montant d’une lettre de change tirée à mon ordre par Drahouet fils sur M. Ragueau valeur reçue de M. Courtin, receveur du comté de Mastas
les plus le 27 février 1765 reçu de M. le Comte de Méré 200 livres en une lettre de change sur M. Donaud
plus reçu le 4 avril 1765 de M. Courtin 400 livres en une lettre de change tirée à mon ordre par Drahouet sur M. Ragneau le 19 mars 1765
plus reçu en juin 1765 de M. Courtin une lettre de change de 900 livres sur M. Ragneau
enfin reçu de M. le Comte et par ses mains 600 livres
8582 18
Dépenses
Le fait (mots manquants) dépense comptable de la somme de 1 livre 16 sols payée à M. Mouette notaire le 12 mars 1764 pour une procuration de révocation de M. Pérignon procureur et constitution de M. Fredureau en son lieu
plus donné à M. le Comte le quatre juin 1764 pour donner au clerc de mon frère, 1 livre 4 sols
plus 6 sols donnés à un savoyard le sept juin 1764 pour avoir été deux fois chez M. le Comte pour lui communiquer la requête faite par M. Gaudineau, avocat au conseil, au sujet de la mainlevée de la saisie féodale de Mastas
plus un fiacre, 1 livre 4 sols
plus le 19 dud mois de juin, donné à M. Fredureau, suivant son reçu, et à valoir sur l’affaire de M. le Comte contre M. Vautier, la somme de 60 livres
plus le 22 du mois de juin pour un port de lettre de M. Courtin, 10 sols
plus le cinq juillet 1764 donné à M. Gaudino avocat au conseil, suivant sa quittance, 47 livres pour une requête par lui faite, pour M. le Comte, à l’effet d’avoir mainlevée de la saisie féodale de Mastas
plus ledit jour 10 sols, pour une lettre de M. Courtin
plus le 10 juillet 1764 employé un fiacre pour vaquer aux affaires de M. le Comte, avec M. Gaudineau son avocat, 3 livres 14 sols
plus pour deux lettres de M. Courtin reçues les 13 et 20 juillet 1764, 1 livre 18 sols
plus pour un port de lettre de M. Courtin dans laquelle (plusieurs mots manquants) 2 livres par moi tirée de la poste le 21 juillet 1764, une livre
plus ledit jour 21 juillet 1764 pays et à M. De Grammont pour les harts d’une berline [8] prise pour M. le Comte,18 livres
plus le 22 juillet 1764 me suis remboursé des ordres de M. le Comte, 12 livres que j’avais donné à Monsieur son fils, à l’occasion de la fête de M. le Comte
plus seule, le 23 du mois de juillet 1764 donné à M. de Saint-Maur, suivant son reçu, 96 livres
plus employé le jour 23 juillet, un fiacre pour aller chez Mrs Ragneau, Nardo et Sauvage et vaquer aux affaires de M. le Comte, 1 livre 16 sols
plus le 25 du mois de juillet, remis à M. le Comte suivant son reçu 1002 livres
plus le 27 du mois, un port de lettre de M. Courtin, 10 sols
plus le 30 du même mois de juillet, remis à M. Gaudineau suivant son reçu et pour le lever l’arrêt qui accorde souffrance à M. le Comte pour la foi et hommage de son comté de Mastas la somme de 48 livres
plus le six octobre, jour que je suis parti de Mastas pour me rendre à Paris, pour mon dîner à Villedieu, celui de deux domestiques, et trois chevaux, 4 livres 17 sols
pour le souper à Brioult, 8 livres 16 sols
plus le 7 dud mois d’octobre, pour le dîner à Chaise de trois hommes et de trois chevaux, 5 livres 5 sols
pour le souper à Lusignan, 9 livres
plus le 8 dud mois, pour le dîner à Poitiers, trois hommes et trois chevaux, 6 livres
plus pour le souper à la Tricherie, 8 livres 12 sols
plus le neuf du mois d’octobre pour le dîner de trois chevaux à Châtellerault, 1 livre 16 sols
plus le 20 du mois d’octobre, donné aux gens de M. de Lancosme, des ordres de M. le Comte, 48 livres
plus à Bourguignon, 3 livres par lui avancées à M. le Comte
plus payé à M. le Commandeur de Lancosme pour argent perdu au jeu par M. le comte, 16 livres 2 sols 3 deniers
plus le 10 novembre jour que je suis parti de Lancosme pour le dîner à Cliou, deux hommes et deux chevaux, 4 livres
plus le jour 10 novembre 1764 pour le souper à Loches, deux hommes et deux chevaux, 5 livres 10 sols
plus le 11 dud mois, pour le dîner et souper à Loches, quatre livres compris les domestiques
au domestique de M. de Lancosme qui m’a conduit à Loches, 3 livres
pour place à la messagerie de Loches à Tours, 2 livres
au charretier, 12 sols
plus le 12 novembre 1764, pour le dîner à Cormeri, 1 livre 15 sols
pour le souper à Tours, 2 livres
plus le 13 dud mois pour le dîner à Tours, 1 livre 15 sols
pour le souper à Amboise, deux livres
plus le 14 du même mois, pour le dîner à Leure, 1 livre 15 sols
plus se le 15 du même mois pour le dîner à St Laurent des Eaux, une livre 15 sols
pour le souper à Orléans, 2 livres
plus le 16 dud mois pour le dîner à Orléans, 1 livre 15 sols
pour le souper à Thoury, 2 livres
plus le 17 du mois, pour le dîner à Étampes, 1 livre 15 sols
pour le souper à Harpajon, 2 livres
plus le 18 dud mois, pour le dîner à Sceaux, 2 livres
pour la place au carrosse de Tours à Paris, 30 livres
au cocher et au postillon, 3 livres 12 sols
à un des gens de M. de Lancosme qui a été me retenir une place au carrosse, pour sa nourriture de deux jours et sa peine, 6 livres
pour port de paquets, 3 livres
pour un port de lettre payé à l’aubergiste du Lion d’argent, 6 sols
plus le 19 novembre 1764 employé un fiacre pour vaquer aux affaires de M. le Comte, singulièrement pour acheter un habit à Monsieur son fils, 6 livres
plus ledit jour payé à M. Martinon, marchand suivant son reçu pour un habit pour Monsieur le Vicomte, 171 livres 5 sols
plus le 20 dud mois de novembre employé un autre fiacre à courir les académies [9] de M. Jouan et Dugas pour retenir une place pour Monsieur le Vicomte et toucher la lettre de change de 3600 livres et autres courses, 4 livres 11 sols
pour passe des sacs desd 3 bos, 18 sols
plus le 22 du mois payé à M. de St Maur selon son reçu et pour dépense par lui faite pour la nourriture de Monsieur le Vicomte, et des gens, 1130 livres 16 sols
plus à M. de St Maur, suivant son reçu, 200 livres
plus remboursé à M. de St Maur pour fiacres par lui employés pour Monsieur le Vicomte, 4 livres quatre sols
plus à Monsieur le Vicomte, tant pour son mois de décembre que pour une paire de bas de soye, une bourse à cheveux et un ceinturon, 33 livres
plus pour quatre repères de manchettes, éperons, poignets en fil pour Monsieur le Vicomte, 16 livres 1 sol
plus le 26 du mois de novembre payé au nommé Piette suivant son reçu, 22 livres, pour une culotte de peau fournie à Monsieur le Vicomte
plus le 27 du mois, payé à la demoiselle Garisson, lingère suivant son reçu, pour trois aulnes et un quart de toile pour Monsieur le Vicomte, 8 livres 2 sols 6 deniers
plus le trois décembre 1764 payé pour la façon de deux douzaines de chaussons pour Monsieur le Vicomte de Bourdeilles, cinq livres
payé à un tapissier qui a tendu la chambre de Monsieur le Vicomte, 9 livres
plus payé à un menuisier qui a travaillé à faire les menues réparations de l’appartement de Monsieur le Vicomte, 4 livres 10 sols
pour une livre de chandelle, 11 sols
plus payé à la veuve Le Vigueur chapelière, pour un chapeau bordé pour Monsieur le Vicomte et suivant son reçu, 33 livres 10 sols
plus le 4 décembre 1764 payé à M. Jouan, pour un premier quartier de la pension de Monsieur le Vicomte, suivant son reçu, 974 livres
plus pour la bienvenue de Monsieur le Vicomte, celle de M. de St Maur et du domestique de l’académie, 103 livres 18 sols
pour une paire de bottines, 20 livres
plus payé à la veuve Rigaud, suivant son reçu pour faïence par elle livrée à Monsieur le Vicomte, 22 livres 5 sols
plus pour deux paires de boucles d’argent fournies à Monsieur le Vicomte, les siennes étant cassées, 16 livres 10 sols
plus payé le cinq du mois de décembre au bureau des carrosses pour le port de ma malle depuis Mastas jusques à Paris, 15 livres
plus à Monsieur le Vicomte pour quatre bonnets de coton, 7 livres 4 sols
pour une paire de bas de soye blancs, 11 livres 10 sols
plus pour deux paires de bas à coste pour les bottes, 8 livres
plus payé à un perruquier qui a fait les cheveux de Monsieur le Vicomte et l’avoir accommodé plusieurs fois à l’académie, 4 livres 16 sols
pour une table, 16 livres
pour six livres de chandelle à 11 sols, 3 livres 6 sols
pour le rempaillage de deux fauteuils, 1 livre 18 sols
un huilier de cristal, 3 livres
un moutardier de cristal, 1 livre 4 sols
huile et vinaigre, 1 livre 4 sols
pour un ruban de tête pour Monsieur le Vicomte, 1 livre 16 sols
pour le mois de novembre de gage du domestique de Monsieur le Vicomte, 12 livres 10 sols
pour la première gaule au suisse [10], 1 livre 4 sols
plus le 6 décembre 1764, remboursé à M. de St Maur suivant son reçu 92 livres 12 sols 3 deniers pour la nourriture de ces Messieurs et des gens et autres menues dépenses, comme frais de déménagement et voiture depuis le 21 novembre jusques au 4 décembre 1764, 92 livres 12 sols et 3 deniers
une vergette [11] pour les habits, 1 livre 10 sols
à Mlle Garisson lingère, pour fournitures faites à Monsieur le Vicomte et suivant son reçu, 23 livres
une lettre de M. Courtin, 10 sols
plus le 8 décembre donné à Camus et sa femme pour leur nourriture depuis le 3 octobre jusques au 9 dud mois, 6 livres 5 sols
à la femme Camus pour avoir raccommodé des chemises à Monsieur le Vicomte et avoir travaillé avec son mari au déménagement, 1 livre 4 sols
lettre de M. Courtin, 11 sols
plus le neuf décembre, une chaise de commodité pour ces Messieurs, 7 livres
plus le 11 décembre à St Jean pour 16 jours de nourriture jusqu’au premier décembre, 16 livres
pour le blanchissage de ces Messieurs, 3 livres 17 sols
une livre de bougies pour ces Messieurs, 2 livres 12 sols
au maître à voltiger, 24 sols
pour le droit de quatre chevaux montés par Monsieur le Vicomte, 4 livres 16 sols
encre pour Monsieur le Vicomte, 10 sols
au prévôt de danse, 6 livres
au prévôt d’armes, 6 livres
papier et farine pour calfeutrer l’appartement de ces Messieurs, 8 sols
papier pour Monsieur le Vicomte, 1 livre 4 sols
plumes, 6 sols
sucre pour ces Messieurs, 3 livres
plus le 16 décembre donné à Monsieur le Vicomte pour gants et jarretières, 6 livres
plus le 22 décembre remboursé à M. de St Maur, 32 livres
scavoir pour aumône faite aux frères de charité, 3 livres
serrure pour l’appartement de ces Messieurs, 3 livres 10 sols
blanchissage de 15 paires de bas, 3 livres 15 sols
marque de quatre bonnets, 4 sols
ravaudage de bas, 6 sols
pour le droit de deux chevaux, 2 livres 8 sols
remboursé au Sr Carré 21 livres a lui dues par Monsieur le Vicomte
pour le mois de décembre du maître de mathématiques, 36 livres
pour le mois du maître allemand, 33 livres 6 sols 8 deniers
fiacre employé aux affaires de M. le Comte, 1 livre 10 sols
à Monsieur le Vicomte pour sa contribution au sable du manège, 3 livres
plus le 31 décembre pour le blanchissage d’un mois de ces Messieurs, 9 livres 2 sols
pour un fiacre en port du sable, 1 livre 8 sols
plus cinq bouts de tuyau de poêle, 5 livres
plus pour le montage d’un poêle et avoir fait boucher une cheminée, 5 livres
pour une peau de mouton employé à l’appartement de ces Messieurs, 1 livre 10 sols
papier et farine, 8 sols
clous, 4 sols
plus un serre-tête et un dictionnaire allemand pour Monsieur le Vicomte, 21 livres 14 sols
six livres de chandelle, 3 livres 6 sols
pour deux leçons dues à l’ancien maître de mathématiques, 6 livres
souliers pour Monsieur le Vicomte, 5 livres
à Monsieur le Vicomte pour les étrennes des gens de M. de Jouan, 60 livres
plus le 31 décembre à St Jean pour son mois de nourriture, 31 livres
droit de cheval pour Monsieur le Vicomte, 1 livre 4 sols
à Camus et sa femme pour nourriture de 23 jours à une livre cinq sols, 28 livres 15 sols
plus le six janvier 1765, lettre de M. Courtin, 1 livre 5 sols
plus le 10 du mois, droit de cheval pour Monsieur le Vicomte, 1 livre 4 sols
à Motté, maître d’armes de Monsieur le Vicomte pour le premier mois, bois et lumière, 48 livres
pour un fleuret, 3 livres
pour un gand, 3 livres
pour chandelles, 6 livres
pour une clé de porte de l’appartement de ces Messieurs, 12 sols
pour aumône faite aux frères de charité, 1 livre 10 sols
pour le mois de Monsieur le Vicomte, 15 livres
pour les gages du mois de décembre de Lainé, 12 livres 10 sols
pour un fiacre employé par Monsieur le Vicomte à voir sa famille, 1 livre 12 sols
plus le 10 janvier 1765 lettre de Courtin, 10 sols
plus le 2 février deux lettres, 18 sols
à Monsieur le Vicomte pour son mois de février, 15 livres
pour trois chevaux, 3 livres 12 sols
pour six livres de chandelle à 11 sols, 3 livres 6 sols
pour le blanchissage de ces Messieurs pendant le mois de janvier, 8 livres 10 sols 9 deniers
pour blanchissage de huit paires de bas de soie, 2 livres
au maître allemand pour son mois de janvier, 33 livres 6 sols 8 deniers
plus une houpe [12] pour Monsieur le Vicomte, 2 livres
plus le 17 février donné à M. de St Maur suivant son reçu 200 livres
pour le mois de février du maître d’armes de Monsieur le Vicomte, 18 livres
pour un cheval, 1 livre 4 sols
une paire de souliers pour Monsieur le Vicomte, 5 livres
pour le blanchissage de 12 paires de bas, 3 livres
lettres, 1 livre
six livres de chandelles, 3 livres 6 sols
plus le 17 février à St Jean pour son mois de janvier, 31 livres
à Camus et sa femme pour leur nourriture du mois de janvier, 38 livres 15 sols
à Mr Dautretau pour six mois de loyer et suivant son reçu, 400 livres
à Monsieur le Vicomte, pour ses jours gras, 12 livres
plus le 21 février une boîte de six bouteilles d’eau des Carmes, 5 livres 2 sols
à Camus pour port de lettres envoyées à M. le comte par St Jean, 2 livres 13 sols
plus le 22 du mois de février à M. Fredureau acompte de l’affaire de M. le compte contre les héritiers Vautier, 72 livres suivant le reçu
plus le 23 dud mois à St Jean pour son voyage, 48 livres
à St Jean pour sa nourriture depuis le premier février jusqu’au 23 du mois inclusivement, 23 livres
à M. de Saint-Maur pour gages de Lainé des mois de janvier et février 1765, 21 livres
pour le mois de janvier au maître de mathématiques de Monsieur le Vicomte, 36 livres
pour la coupe des cheveux de Monsieur le Vicomte, 3 livres
plus le 27 du mois de février, lettres, 14 sols
plus le deux mars 1765 à M. Dejouan suivant son reçu et acompte du quartier de Monsieur le Vicomte, 400 livres
à Monsieur le Vicomte pour son mois de mars, 15 livres
à M. de St Maur pour blanchissage de cinq semaines, 10 livres 14 sols
plus au nouveau domestique pour service, 1 livre 4 sols
au perruquier pour accommodage de ces Messieurs, six livres
pour blanchissage de six paires de bas, 1 livre 10 sols
lettre, 7 sols
plus le quatre mars pour un cheval, 1 livre 4 sols
plus le 4 dud mois, au maître allemand pour son mois de février, 33 livres 6 sols 8 deniers
plus au maître de mathématiques pour son mois de février, 36 livres
plus led jour 4 mars au tailleur de Monsieur le Vicomte de Bourdeilles suivant le reçu étant au bas de son mémoire, 73 livres 14 sols
[1] Henry de Bourdeilles, est le fils de Claude (+1704), marquis de Bourdeilles et d’Archiac, comte de Matha, baron de la Tour-Blanche, et de Marie Boutet. Il est marié à Marie Suzanne Prévost de Touchimbert, dame de Saveille. Le jeune vicomte, leur fils, est né en ?. Il a donc ? ans en 1764
[2] On verra plus loin qu’il existe des liens entre Henry de Bourdeilles et le seigneur de Lancosme.
[3] Encyclopédie : ACADEMIE, se dit encore dans un sens particulier des lieux où la jeunesse apprend à monter à cheval, & quelquefois à faire des armes, à danser, à voltiger, &c
[4] Académie de la rue des Canettes. François-Anne de Vendeuil prend la direction de l’Académie en 1705. Lorsqu’en 1747, il est nommé écuyer ordinaire au premier manège de Versailles, Jean de Jouan reprend alors le manège. L’emplacement de l’Académie prolongeait le numéro 26 de la rue des Canettes, et s’étendait jusqu’à la rue du Vieux-Colombier, ce qui correspond au côté Nord de l’actuelle place Saint-Sulpice. Les bâtiments de l’Académie furent démolis plus tard pour former la place Saint-Sulpice. Le duc de Saint-Simon, alors encore vidame de Chartres, fut dans sa jeunesse élève de cette Académie.
Les académies françaises d’équitation étaient destinées aux nobles. Leur rôle ne se bornait pas à l’enseignement de l’équitation. D’autres matières jugées indispensables pour la formation de la noblesse y étaient présentes telles l’escrime, la danse, les mathématiques etc. Ces académies accueillaient des pensionnaires.
[5] Encyclopédie : AISANCE, s. f. (Architecture.) siége de commodité propre & commode, que l’on place attenant une chambre à coucher, une salle de compagnie, cabinet, &c. à la faveur d’une soupape que l’on y pratique aujourd’hui, ce qui leur a fait donner le nom d’aisance ou de lieux à soupape, aussi bien qu’à la piece qui contient ce siége ; il s’en fait de marbre & de pierre de lierre que l’on revêt de menuiserie ou de marqueterie, orné de bronze, tel qu’on en voit aux hôtels de Talmont, de Villars, de Villeroy, & ailleurs. Ces sortes de pieces font partie des garde-robes ; & lorsque l’on ne peut, faute d’eau, y pratiquer des soupapes, on y tient seulement des chaises percées.
[6] Le 27 octobre 1790, un Louis-Alphonse Savary de Lancosme, député d’Indre-et-Loire présentera devant l’Assemblée Constituante un projet de décret sur la mendicité. S’agit-il du même personnage ?
[7] A la même époque, la livre de chandelles coûte 14 sols à Matha
[8] BERLINE, s. f. (Sellier-Carrossier) espece de voiture de la nature des carrosses, fort en usage depuis peu, & tirant son nom de la ville de Berlin en Allemagne, quoique certaines personnes en attribuent l’invention aux Italiens, & prétendent en trouver l’étymologie dans berlina, nom que ceux-ci donnent à une espece de théatre, sur lequel on fait subir à des coupables une ignominie publique. La berline est une allure très commode en voyage : elle est plus legere qu’un char, & moins sujette à verser. Le corps en est élevé sur des fleches, & suspendu par des bandes de cuir ; elle a une espece d’étriers ou de marchepié pour y entrer ; & au lieu de portieres, des paravents que l’on baisse lorsque le tems est mauvais, & que l’on éleve lorsqu’il fait beau. Voyez les Planches du Sellier. Il y a des berlines à un & à deux fonds
[9] ACADEMIE, se dit encore dans un sens particulier des lieux où la jeunesse apprend à monter à cheval, & quelquefois à faire des armes, à danser, à voltiger, &c
[10] Expression dont la signification m’est inconnue. Je la rapproche de la définition donnée dans l’Encyclopédie GAULE, s. f. (Manége) On appelle ainsi dans l’école la branche de bouleau mince, légère & effeuillée, dont la main droite de chaque cavalier est armée ; de-là la dénomination particulière de main de la gaule pour désigner cette même main. La gaule doit avoir quatre pieds ou environ de longueur ; lorsqu’elle en a davantage, on s’en sert moins commodément & avec moins de grâce.
[11] VERGETTE, s. f. en terme de Vergettier, est un ustensile de ménage qui sert à nettoyer les meubles & les habits. On lui donne encore le nom de brosse, qui pourtant ne signifie pas tout-à-fait la même chose que vergette ; mais comme il est d’usage presque par tout de confondre ces deux termes, nous ne les séparerons point, & nous n’en ferons ici qu’un article.
Il se fait des vergettes de plusieurs matieres, de diverses formes, & pour différens usages. On y employe de trois sortes de matieres, de la bruyere, du chiendent & du poil, ou soie de sanglier, qu’on tire de Moscovie, d’Allemagne, de Lorraine, de Danemarck.
[12] HOUPPE, s. f. (Art méchanique) c’est un assemblage de bouts de soie ou de laine, flottans & arrangés sphériquement sur une pelote à laquelle ils sont attachés par un bout, & qu’ils couvrent de tous côtés. La partie qui termine le bonnet quarré de nos ecclésiastiques s’appelle une houppe. L’instrument avec lequel nous poudrons nos cheveux ou nos perruques s’appelle du même nom. Celles-ci sont blanches ; & au lieu de fils de soie, la petite pelote est couverte de poils d’éderdon, ou du duvet le plus leger des autres oiseaux.