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1804 - Blanzac (16) : mordu par son cheval, il meurt de la rage, ou hydrophobie

samedi 20 septembre 2008, par Pierre, 2180 visites.

Mordu par son cheval, il meurt de la rage. Le cheval se porte bien, merci pour lui. Un cas exceptionnel. Mais que dire du diagnostic, 78 ans avant Pasteur ?

Pour situer l’état du traitement de cette maladie en 1807, on se rappellera que Pasteur soignera la rage, 78 ans plus tard, le 6 juillet 1885, en vaccinant pour la première fois un petit berger alsacien de 9 ans. En 1804, la rage est une maladie mortelle contre laquelle la médecine reste impuissante.

Source : Journal de médecine, chirurgie, pharmacie, etc de l’Ecole de médecine de Paris – Janvier 1807 – Books Google

L’image de cheval provient de la chapelle templière de Cressac, commune voisine de Blanzac-Porcheresse. La peinture date du 12ème siècle. Elle décrit une expédition des Croisés en Terre-Sainte. - Photo : P. Collenot - 20-09-2008 (Journées du Patrimoine)

Observation d’une fièvre ataxique qui s’est terminée par une hydrophobie

Recueillie par M. DELAURIERE, docteur en médecine, résidant à Saint-Pierre-d’Archiac, arrondissement de Jonzac, département de la Charente-Inférieure.

M. C., âgé de quarante ans, résidant dans le canton de Blanzac, département de la Charente, d’un tempérament bilioso-nerveux, né de parens sains, et ayant toujours joui d’une bonne santé, avait dissipé, par des spéculations malheureuses, une fortune considérable. Ses créanciers l’avaient plusieurs fois fait exécuter et arrêter. Le désordre de ses affaires altéra à la fin ses facultés intellectuelles ; ses mœurs douces et honnêtes se changèrent en haine et défiance pour tous ceux qui l’entouraient. Sa femme, pour laquelle il avait eu jusques-là les plus grands égards , mourut victime de ses mauvais traitemens ; il martyrisa ses enfans ; il tenta plusieurs fois de violer sa propre fille ; il cherchait dispute au premier qu’il rencontrait. La moindre contrariété le faisait entrer dans des accès de fureur qui se rapprochaient de ceux que l’on observe dans la manie.

Le 15 vendémiaire an 13 [7 octobre 1804], il fut atteint d’une fièvre intermittente quotidienne qui dura sept jours. Les accès étaient accompagnés de quelques symptômes nerveux, tels qu’un sommeil interrompu par des rêves qui lui représentaient des objets de terreur, un pouls petit et irrégulier, et des urines aqueuses. Une vingtaine de jours après, la fièvre se ralluma avec tous les caractères de fièvre ataxique, comme frissons irréguliers, pouls petit et fréquent, délire taciturne, grand abattement, stupeur, réponses vagues aux questions que je lui faisais, gestes ridicules, vue perçante, langue sèche et tremblante. Je le mis a l’usage de quelques cuillerées d’un vin généreux, du quina à assez forte dose , et je lui appliquai les vésicatoires aux jambes.

Trois jours après l’invasion, prostration extrême des forces, aphonie , pouls très-déprimé. J’administrai des cordiaux, et lui appliquai des vésicatoires entre les épaules. Le quatrième jour, les facultés physiques s’animèrent, et tous les symptômes de l’hydrophobie se manifestèrent ; tels que chaleur brûlante , sorte de fureur, visage rouge, yeux étincelans, regard farouche, avec impression de crainte, penchant à mordre, aversion pour la lumière, convulsion à l’aspect des liquides, pouls assez fort. Il resta dans cet état jusqu’au sixième jour, que j’allai le voir. Je lui présentai de l’eau, mais d’aussi loin qu’il la vit, il entra dans un accès de fureur terrible, qui augmentait à mesure que je m’approchais. Je lui présentai un miroir, qui produisit le même effet. Je fis ôter ces objets ; alors il prit un air suppliant et inquiet, et il regardait autour de lui comme pour s’assurer, si on ne cherchait pas à le surprendre. Il mourut le lendemain dans les convulsions les plus fortes que j’ai vues de ma vie.

Nota. J’ai découvert qu’il avait été mordu par son cheval, trois mois avant sa mort. Ce qui empêche de croire à une hydrophobie communiquée, c’est que le cheval se porte toujours bien, et qu’on ne peut considérer celle dont il s’agit ici, que comme symptômatique [1]


[1II parait d’ailleurs constant que la morsure des animaux herbivores hydrophobes, ne communique pas la rage. Si la maladie décrite dans l’observation qu’on vient de lire, ne portait pas, d’une manière aussi évidente, tous les caractères de l’hvdrophobie symptomatique, on aurait peut-être pu la regarder comme une hydrophobie traumatique, produite par la morsure du cheval. Plusieurs faits prouvent que la morsure des animaux sains peut aussi bien que toutes les autres blessures par instrumens piquans, produire cette espèce d’hydrophobie. On connait entr’autres l’histoire très-détaillée que Lister a donné de la maladie d’un homme qui, ayant été mordu par un chien, devint hydrophobe et mourut. Le chien qui l’avait mordu était sain, et lui survécut. (V. Sepulchret.)

T. L.

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