Histoire Passion - Saintonge Aunis Angoumois

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1541 - 1548 - Contre la gabelle en Aunis et Saintonge : révoltes et répression

vendredi 11 janvier 2008, par Razine, 2509 visites.

Le terme de gabelle après s’être appliqué sous les premiers capétiens à toutes sortes de taxes s’est restreint au XVIème siècle à l’impôt sur le sel. En raison du système de taxation inégal entre les provinces et des prix de revient inégaux, on vit apparaître un commerce de contrebande sévèrement réprimé par l’Etat. En 1541, l’impôt unique aggrava la situation des sauniers. Le sel d’exportation et le sel de pêche, (exempts jusqu’alors de taxes) constituaient l’or blanc pour l’économie de la région, riche en marais salants. Cette nouvelle forme d’imposition suscita dans la population de sérieuses révoltes. L’Etat soucieux de maintenir l’impôt pour alimenter le trésor, dut employer la force pour maintenir ses droits. La répression fut particulièrement dure en 1548.

Source : Aunis et Saintonge – L. Canet – année 1934

 Révoltes de 1541-1542

Carte des greniers à sel de France
ca. 1720 - Source BNF

Sous Louis XII, les taxes de gabelles étaient réparties en : grandes gabelles, petites gabelles et pays francs, de quart de sel. En ce qui concerne cet impôt, la France comprenait 3 divisions géographiques de taxation. La Saintonge et l’Aunis étaient regroupées avec la Guyenne proprement dite. Les marchands apportaient leur denrée dans des bureaux : Saintes, Tonnay-Charente et Pons pour la Saintonge. La valeur de la denrée était fixée entre le marchand et l’employé, qui percevait au profit de l’Etat une taxe égale au quart du prix fixé. On délivrait ensuite au marchand un certificat lui permettant de vendre le sel. Parfois le prix était fixé à la sortie des marais salants. Les prix de base variaient par trimestre et selon la province. Le prix de revient étant donc très inégal d’une région à l’autre, ce système de taxation engendrait un commerce de contrebande. Malgré les édits de 1517, 1535 et 1541 sanctionnant toujours plus durement les faux sauniers, la contrebande causait au trésor un grand dommage.

L’édit de 1541 supprima grandes gabelles et quartage remplacés par un impôt unique, mais cette ordonnance ne fut pas appliquée. L’édit du 7 avril 1542 ramenait le droit à 24 livres mais en taxant le sel d’exportation et de pêche qui de tous temps ne subissaient pas l’impôt, cette disposition ruinait la région dont les habitants prirent les armes et se livrèrent à toutes sortes d’exactions.

La Rochelle placé au milieu des marais salants et centre de commerce important pour l’exportation fut en plein cœur de la révolte d’autant que son gouverneur, le Comte Chabot de Jarnac, par une mauvaise administration avait fortement contribué à échauffer les esprits. François 1er vint avec des troupes à La Rochelle où de nombreux mutins des Iles étaient emprisonnés. On s’attendait à des châtiments rigoureux en réalité il montra une certaine clémence. Le 1er janvier 1542 eut lieu un lit de justice en présence de membres du Parlement de Bordeaux et les représentants de la Rochelle et des provinces soulevées. L’avocat Le Blanc, demanda au roi sa clémence et la restitution des marais salants confisqués, unique ressource des insurgés. Le roi reprocha aux coupables leur procédé criminel mais il déclara devant une foule en liesse « qu’il aimoit mieux suivre la pente de son cœur et qu’il ne vouloit être leur roi que pour être leur père ».

 Révolte de 1548

- La révolte fut sérieuse sur les côtes, confiantes en leurs moyens naturels de défense. L’insurrection toucha Royan, Marennes et Arvert, ainsi que les Iles : Ré et Oléron. Le régime ayant grand besoin d’argent se décida en 1544 à une réforme radicale avec l’extension des greniers à sel. Il fallut toute une année en Saintonge pour créer les magasins et instituer un personnel de surveillance qui devint rapidement tyrannique (fausses constatations de délits, amendes injustifiées qui eurent pour voie de conséquence révoltes et émeutes).

- Le roi pressa Monsieur de Lude et les nobles, de pacifier la région. Mais les mutins étaient nombreux et exaltés. Henri II se décida donc à de sérieuses opérations militaires et donna des ordres pour désarmer le pays dont les habitants durent déposer et apporter incontinent « piques, hallebardes, javelines, espieux, bâton, hacquebuttes, arbalètes, arcs, rondelles, boucliers, espées, dagues, poignards, sinon couteaux pour leur usage ». Toutes les cloches des églises « sans aucune excepter » sauf permission royale comme à St Jean d’Angély, durent être abattues, rompues et mises en pièces ».

 Inventaire fait au château de Royan en novembre 1548

Inventaire des cloches

- De la paroisse de Saint-Sulpice : 4 cloches, 2 grosses et deux moyennes apportées par Liot Bronchart, Jehan Norment, André Marie, Jean Vouilhac l’aîné.

…………………………………………………………………………………………………

- Les paroisses de Saint-Jean et de Saint-Martin de Saujon, 8 petites dont les 2 plus grandes sont rompues, dispersées et enfoncées dans une barrique, avec eschelles (clochettes) servant aux processions. Ce sont J. Delisson, François Boutecore, Jacques Jucail, Raoullet Thouzeau, Philippon Montromme, Jacques Bigot, Raoullet Auguet, François Texier et Guillaume Besson qui les ont mises.

- Deux habitants de Saint-Augustin, Mathurin Leclerc et Jean Morlon, en ont délaissé deux petites, entournées avec leur tour ; Thomas Horry de Saujon, deux également.

- Les habitants de Semussac, 2 grosses et 2 moyennes.

- 7, dont 4 grosses et 3 moyennes ont été laissées par la paroisse de Cozes, 4 par celle de Médis, plus 1 encore « en feu », et 2 eschelles qu’on porte aux processions.

- 4 par Meschers ; 4 par St Pierre de Royan, avec une roue garnie de 11 eschelles ; 2 pour Royan, 4 en la « basse court » de Royan par les habitants de la paroisse de Vaux ; 3 par ceux de St Georges de Didonne, 6 par ceux de Mornac et enfin 3 par ceux de Breuillet.

Cet inventaire est signé au nom de François de la Trémoille, par Loubest du Gua, écuyer, capitaine du château de Royan.

Inventaire des armes

Vient ensuite inventaire des armes et bâtons apportés par les habitants de la chastellenie de Royan :

-  13 douzaines d’arbalètes, 12 arquebuses, 5 esquailles, 3 brigandines, 91 épées dont plusieurs sans foureaulx telles quelles, 22 dacques, 32 piques et 5 douzaines et demie de javelines, bâtons à deux bouts et dardelles.

Suit l’énumération des pièces d’artillerie, bastions d’armes et autres des mêmes paroisses à savoir des fauconnaux garnis de chasses et montés sur roues en fonte, des arbalètes, des arquebuses, des piques, des javelines, des bâtons à deux bouts, des épées, des broches de fer, des rondelles…

Si François Ier se montra clément en son temps, la répression en 1548 fut beaucoup plus dure et rondement menée. Il y eut des exécutions, pendaison de mutins dans les campagnes, mais aussi des personnages plus en vue y laissèrent la vie, dont le colonel roturier de Saintonge, Taillemagne qui fut rompu vif, la tête cerclée d’une couronne de fer rouge.

Enfin par l’ordonnance de 1549, la gabelle fut supprimée comme un impôt « odieux au peuple ». Le système du quart et demi quart de sel fut rétabli dans les provinces où il existait en 1542. En 1553, les provinces de l’ouest obtinrent l’abolition de tout impôt sur le sel, moyennant une somme de 1 200 000 livres. Elles restèrent jusqu’en 1789, séparées par une ligne douanière du reste de la France sous le nom de provinces rédimées.

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