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1757 - La Royal Navy arrive en force en rade d’Aix... et abandonne son projet de débarquement

lundi 28 juillet 2008, par Pierre, 2028 visites.

Une nouvelle version, de source française, de cet évènement extraordinaire que fut l’arrivée d’une imposante armada Anglaise en rade de l’Ile d’Aix, devant Fouras. Les témoins de l’évènement ne sont pas encore revenus de leur surprise et commentent son épilogue inattendu.

Source : Vie privée de Louis XV, ou principaux évènemens, particularités et anecdotes de son règne - Londres - 1781 - Books Google.

A propos de cet évènement mémorable, voir les autres documents présentés sur le site.

Carte de la rade de l’Ile d’Aix
Belin (1703-1772) - BNF Gallica

Il s’agissoit de s’emparer de Rochefort, port de Roi important, essentiel sur-tout à l’approvisionnement des Colonies & aux constructions, où il se seroit rendu maître des forces navales, qui y étoient alors assez, considérables. On auroit pillé, dévasté les magasins, les arsenaux, la fonderie & on auroit brûlé, fait sauter ce qu’on n’auroit pu emporter, les chantiers, les formes [1], les atteliers, les bâttimens de toute espece ; &, par la manière d’embarrasser la rivière de Charente, peur-être eût-on mis ce Port hors d’état d’être rétabli, au moins sans des dépenses énormes. L’exécution n’étoit point difficile ; on avoit choisî l’instant le plus favorable, soit pour entrer en rivière, & forcer l’entrée du port, défendu seulement par deux vaisseaux de ligne, soit pour faire un débarquement à terre entre cette Ville & celle de la Rochelle, où il n’y avoit point de troupes. Les hautes marées secondoient l’une & l’autre entreprise ; & Rochefort, sans fortifications & sans défendeurs, n’attendoit que le vainqueur pour se rendre. Il étoit même impossible d’y envoyer un nombre suffisant d’autres troupes que de Paris, le lieu le plus prochain, ou il y en eût, c’est-à-dire à environ cent trente lieues. Il est certain qu’avec la plus grande diligence, la première division ne pouvoit pas arriver avant le 12 Octobre, & que les ennemis auroient eu le tems suffisant de faire tout le dégât qu’ils auroient voulu, de ravager, de mettre à contribution toutes les Provinces voisines, avant d’avoir en tête une armée capable de les battre & de les repousser.

Les renseignemens nécessaires à l’expédition secrete, c’est ainsi qu’on -la qualifïoit, avoient été donnés par des gens du métier dignes de confiance , qui déposoient comme témoins oculaires. Le Capitaine Clerke avoit fourni une description détaillée du plan & de la ville de Rochefort, qu’il avoit vu & visité, en 1754, à son aise & avec la permission même du Commandant. Il en résultoit qu’il n’y avoit rien de si facile que d’insulter la Place, & de remporter par un assaut brusqué, ou plutôt qu’elle étoit hors d’état de le soutenir. On ne pouvoit douter qu’elle ne fût encore aussi négligée, & l’on devoit avoir à cet égard la plus grande sécurité.

Un nommé Thierry, Matelot François, de la Religion Protestante, qui avoit été, vingt ans & au-delà, Pilote sur la côte de France, & avoit servi, en cette qualité, à bord de plusieurs vaisseaux de Roi, avoit confirmé la possibilité d’un coup de main sur l’isle d’Aix, Fouras & Rochefort. II avoit donné des instructions sur la manière d’entrer dans la rade & d’en sortir ; sur celle de remonter la rivière, sans danger, jusques au Vergeroux, bien avant en deçà de l’embouchure de la rivière : il y avoit représenté le débarquement comme sûr & facile, à deux lieues seulement de la Ville ; & le trajet de cet endroit à Rochefort, comme sans aucun obstacle du coté de la nature ou de l’art.

Le Gouvernement devoit prendre d’autant plus de confiance au récit de ces deux personnages, que l’un , étant Anglois & Ingénieur, n’avoit aucune raison de tromper, & possédoit les talens propres à asseoir un jugement éclairé sur ce qu’il avoit vu ; que l’autre, plus suspect d’abord, avoit subi un long & sérieux examen pendant deux heures de suite , & qu’il avoit répondu à tout avec une promptitude & une présence d’esprit qui avoient étonné & convaincu les Ministres.

Ce premier point amplement discuté dans le Conseil de Sa Majesté Britannique, on en avoit agité un second non moins nécessaire : l’état des forces intérieures de la France ; le nombre de ses troupes, & dans quels endroits elles étoient employées. D’après un mémoire venant des bureaux du Lord Holdernefs, qu’on proposa comme d’une exactitude vérifiée, on évalua à 230,000 hommes les troupes actuelles de la France, sur le pied des nouvelles augmentations, & en répartissant celles qui composoient nos armées , celles envoyées dans nos Colonies & aux Indes, en déduisant les garnisons de Minorque & des villes frontières, il se trouva qu’il ne restoit pas plus de dix mille soldats sur la côte, depuis Saint-Valery jusqu’à Bordeaux. C’est ce calcul qui détermina la quantité des troupes à embarquer en nombre égal, dans le cas où les troupes françoises se trouvoient, comme par miracle, toutes rassemblées d’une étendue immense pour la défense d’un seul point. Le commandement en fut confié au Général Mordaunt, Seigneur de la plus haute naissance. On avoit jugé moins nécessaire de choisir un Chef expérimenté, qu’un jeune homme ayant en partage la témérité de son âge, qualité la plus propre au coup de main dont il s’agissoit. Quant à la flotte, de plus de quatre-vingt voiles, dont seize vaisseaux de ligne, elle étoit sous la direction de trois Amiraux distingués, Knowles, Broderick & Hawke. Ce dernier présidoit en chef à l’expédition maritime.

Bien pourvu de tout, principalement d’un train d’artillerie considérable, la flotte avoit mis à la voile le 7 Septembre, & quoique très-contrariée, étoit arrivée à tems pour le succès de l’expédition, puisque le 20, où elle parut, on n’avoit fait aucun préparatif de défense, qu’il n’y avoit pas plus de trois cens hommes de troupes réglées rassemblées à Fouras, & que les batteries n’étoient pas établies. L’isle d’Aix, le Boulevard le plus formidable qu’on pût opposer aux ennemis, fut attaquée & prise en moins de trois quarts-d’heure. Une tentative aussi heureuse auroit dû les encourager ; ils pouvoient juger par la facilité de cette conquête, de la négligence dont on avoit pourvu à tout, de la confusion, du désordre & de l’effroi qui regnoient sur la côte & dans le port. On étoit si persuadé de l’inutilité des efforts qu’on feroit, qu’on songeoit moins à repousser les leurs, qu’à pourvoir à la meilleure manière de se rendre. Non-seulement M. de Rhuis, à la téte de l’administration du port, avoit envoyé dans les terres tous les papiers de l’Intendance, mais son argenterie & ses effets de toute espece. M. le Comte de Goesbriant, le Commandant, l’avoit imité ; & tous deux avoient si peu caché leur pusillanimité, qu’elle étoit passée dans tous les ordres des citoyens. Les bâtimens & les ouvriers du port, au lieu d’être employés au secours de la place & à sa défense, l’étoient à ce honteux service.

Ce fut sur-tout la nuit du 25 que l’excès du découragement se manifesta. C’étoit le commencement de la haute marée, le vent & le tems étoient à souhait ; la flotte avoit fait une évolution qui annonçoit un projet de débarquement ; la plage étoit merveilleuse pour son exécution ; point de batteries sur ce lieu, appellé le platin d’Angoulin , trop peu de troupes pour ne pas être repoussées à la première attaque ou balayées par l’artillerie ennemie ; le chemin étoit ouvert, nul espoir de rèsistance ; les grademagasins fixés à leur poste dans le port, avoient ordre de rendre les clefs au premier officier Anglois qui se présenteroit. Les Commandant & Intendant de la marine avoient rassemblé respectivement à leur hôtel leur corps dans l’attente de l’événement, pour se trouver à l’abri des premières insultes d’un vainqueur insolent, ou être compris avantageusement dans les articles d’une capitulation. Le Capitaine de port du Mesnil, alloit de tems en tems sur le balcon de l’intendance, observer ce qui se passoit en rade ; il faisoit un clair de lune superbe, à distinguer tous les objets avec la lunette. Un profond silence regnoit, mais la peur faisoit quelquefois supposer du bruit ou du mouvement sur les vaisseaux Anglois : alors la terreur redoubloit ; enfin l’heure de la marée étant passée, on en fut quitte pour l’humiliation de cette scene, tache à jamais ineffaçable à la marine de ce département. C’étoit sur ses vaisseaux, ou sur ses remparts ; ou les armes à la main, qu’elle devoit entrer en pourparlers, & non dans l’enceinte obscure d’une maison.

On fut encore en allarmes les 26, 27 & 28, tant que durèrent les hautes marées ; mais elles diminuoint à mesure, & l’on avoit eu le tems de rassembler quelques troupes & de faire des retranchemens.

Enfin le premier Octobre on vit disparoître cette formidable flotte, sans avoir fait autre chose que conquérir un rocher, jetter quelques bombes inutiles sur Fouras, & enlever des barques & un canot, où étoient des Dames de la Rochelle, que les vainqueurs renvoyèrent très-poliment. On ne pouvoit croire qu’ils fussent ainsi disparus sans la plus légère tentative de débarquement. Dans leur surprise, les habitans de la Rochelle & de Rochefort se rendoient sur ce fameux platin, se félicitoient & s’embrassoient de joie, en considérant à combien peu de chose ils devoient leur salut. Une ruse assez adroite de M. de Langeron, Lieutenant-général, commandant à Fouras, contribua à en irnposer aux ennemis. Pour grossir à leurs yeux sa petite troupe, il faisoit passer en revue de tems en tems & revenir ses soldats avec leurs habits retournés, ce qui en pouvoit annoncer de nouveaux sous cette autre uniforme. Quelques émissaires qu’on engagea à se laisser prendre exprès, entretinrent les Anglois dans cette idée, & d’après leur rapport postérieur conforme à l’événement, cette manœuvre dont on rioit à terre, comme puérille, avoit réussi.

A Londres, ce peuple fier qui condamne toujours les généraux lorsque le succès ne suit pas leurs entreprises, fut indigné d’une retraite trop semblable à celle de l’Orient. On auroit cru que l’exemple de ce qui s’étoit passé à celle-ci, auroit donné plus de confiance aux généraux de l’expédition actuelle, & ils en devenoient plus coupables. Il y eut un conseil nommé pour les juger ; on s’attendoit à voir renouveller la catastrophe de l’Amiral Byng ; mais quoiqu’au fond plus blâmables que lui, la loi les absolvoit, en ce que leurs ordres étoient conditionels, & que pour les condamner on ne pouvoit partir que de suppositions de faits, l’enquête auroit du se faire en France ; chose impraticable & absurde.

Les éclaircissemens desirés auroient surtout été tirés d’une relation manuscrite, que nous tenons d’un témoin oculaire, & que nous rapporterons à l’article des pièces pour servir à l’histoire (N° X).


 N°. X. Sommaire de ce qui s’est passé pendant l’apparition & le séjour de la Flotte Angloise, commandée par l’Amiral Hawke, sur les Côtes d’Aunix & de Saintonge, depuis le 20 Septembre jusqu’au 2 Octobre 1757.

Le mardi 10 Septembre 1757, on battit la générale à Rochefort, à neuf heures du soir, sur l’apparition de la flotte Angloise dans les Pertuis. Le Prudent & le Capricieux, commandés par MM. Desgouttc & la Filliere l’aîné, Capitaines de Vaisseaux, étoient alors en rade ; ils travaillèrent à rentrer en rivière & y réussirent.

Le mercredi 21, à six heures du soir, autre générale, pour avertir que l’Escadre approchoit, quelle étoit composée de 18 [2] gros vaisseaux, 3 frégates, 58 bâtimens, 2 galiotes à bombes & 2 brûlots.

Le jeudi 22, on vit arriver la formidable flotte vers les 6 heures & demie du soir près de Fouras. L’isle d’Aix la cachoit : il ne s’en fallut pas de dix toises que le premier vaisseau ne l’abordât. M. du Pin de Belugard, Capitaine de vaisseau, qui commandoit dans le fort de Fouras y étoit alors occupé à faire les plattes-formes, dont quatre à cinq n’étoient pas encore en état : il n’y avoit alors que 150 hommes d’un détachement de Béarn & autant de Bigorre & environ 700 .gardes-côtes. Le Lieutenant-Colonel de Rouergue, commandoit les troupes qui étoient hors du fort.

Le vendredi 23, M. de Langeron, Lieutenant Général, y arriva à six heures du matin. Il fit venir le peu de troupes de la marine & des Suisses, qui composoient un bataillon de 800 hommes, commandés par M. du Poyet, Capitaine de vaisseau, qui étoit campé au Vergeroux. On visita le matin un petit bois qui étoit entre le fort de Fouras & la redoute de Vergeroux. Dans la même journée il fut retranché avec une promptitude extraordinaire. Dès le matin, douze des plus gros vaisseaux étoient en rade, à l’endroit où mouillent ordinairement nos vaisseaux : à midi & demi le Magnanime, l’un de leurs vaisseaux, s’échoua sur une roche qui est vis-à-vis la batterie de l’isle d’Aix ; deux autres vaisseaux approchèrent le plus qu’ils purent, & le feu du Magnanime fut si vif, que la batterie de seize canons que commandoit M. de la Boucherie Fromenteau, Lieutenant d’Artillerie, fut entièrement bouleversée , & les Canoniers qui ne purent soutenir la mitraille, mirent ventre à terre & M. de la Boucherie ne put les faire relever. Il y eut dans l’action un Canonier de tué ; 7 à 8 blessés : M. de Puibernier, Enseigne de vaisseau, reçut un coup de fusil dans la cuisse & une contusion au visage ; Un Officier de Milice qui commandoit dans le fort, amena le pavillon ; d’autres assurent qu’il fut coupé par un coup de canon, qui emporta la drisse. Quoi qu’il en soit, l’attaque du fort & sa reddition n’ont duré que trois quarts-d’heure [Elle en a duré cinq.]

A sept heures du soir le Régiment Royal Dragons, se rendit à Fouras : on craignoit avec raison & épouvante qu’ils n’attaquassent pas Fouras & n’entrassent en rivière, où les défenses n’étoient point encore arrangées. S’ils avoient pris ce parti, nous étions perdu sans ressource, & il n’auroit plus été question du port de Rochefort.

Le samedi 24, ils ne furent pas plus entreprenans & notre crainte augmentoit toujours.

Le dimanche 25, elle fut poussée à l’extrême, parce que la flotte fit une évolution : les plus gros vaisseaux, au nombre de neuf, resterent au mouillage de l’isle d’Aix & le reste de la flotte se rangea devant le Platin d’Angoulin en ligne ; on disoit que dans cette disposition les gros vaisseaux attaqueroient le fort de Fouras & de l’isle Madame , les autres s’empareroient de l’entrée de la rivière & que ceux qui étoient devant le Platin, arrangeraient leurs troupes de débarquement sur leurs chaloupes & batteaux plats, & partiroient de-là pour entrer en rivière & faire leur descente au Platin ; qu’ils s’y formeraient, cette partie n’étant gardée que par les Régimens de Béarn & de Bigorre, qui n’étant point complets avoient encore fourni 300 hommes, le tout commandé par M. Rouffiac : enfin ils n’ont rien tenté & nous ne devons notre salut qu’à leur inaction & à la providence ; la flotte a demeuré toujours dans cette position jusqu’à son départ.

Les 26, 27 & 28, qui étoient les plus fortes marées, avec un tems favorable furent employés par plusieurs de leurs chaloupes à sonder la côte & nos forts les faisoient retirer, lorsqu’ils s’approchoient à la portée du canon : pour-lors nous avions environ 8000 hommes sur nos côtes, savoir, 3000 à Angoulin, commandés par M, de Rouffiac, 2000 à Fouras, par M. de Langeron, & 3000, dans la Saintonge, depuis le travers de l’isle Madame jusqu’à Soubise ; sans compter ce qu’il pouvoit y avoir à Oleron & du côté de Brouage & Marenes ; ces derniers étoient commandes par M. de Surgeres. Nous étions pour lors à Rochefort en assez bon ordre. Il y avoit sur nos remparts 62 pièces de canon depuis 8 jusqu’à 36 livres de balle.

Le Jeudi 29, une galiote à bombes s’approcha le plus qu’elle pût de Fouras & y jetta cinq bombes, qui tombèrent à plus de 100 toises du fort. Nos deux chaloupes canonnières, qui étoient dans une petite anse de Fouras, commandées par MM. Beaumanoir & Féron, Enseignes de vaisseau du port de Brest, s’avancèrent & tirèrent plusieurs coups de leur canon de 14, dont trois portèrent à la galiote. Sur le signal qu’elle fit, il se détacha une frégate & plusieurs chaloupes qui la remorquèrent ; elle étoit déjà à la bande : d’autres disent qu’elles ne firent que l’accompagner.

Le vendredi 30, tout fut tranquille & demeura dans la même position, à la réserve des vaisseaux de guerre qui laissèrent la rade de l’isle d’Aix & furent joindre tous ceux qui étoient toujours restés en ligne devant le Platin d’Angoulin & on s’apperçut qu’ils se laissoient dériver avec le jusant dans la rade de Chef de Baye : plusieurs petits bâtimens qui étoient restés en rade de l’isle d’Aix ; firent la même manœuvre, en sorte que la rade se trouva sans aucun bâtiment. Sur le soir on s’apperçut qu’une frégate revenoit à la voile ; elle resta quelque tems en travers devant l’isle d’Aix.

Le premier Octobre, ils évacuèrent avec un bon vent de N. E., lorsqu’il y avoit moins d’apparence de le croire & dans la matinée disparurent entièrement.

Le dimanche 2 dudit mois, dès le matin, le camp fut levé en partie & nos troupes de Marine, ainsi que les Suisses, rentrèrent à Rochefort.

On ne sait quelle route l’Escadre a prise ; ce qu’il y a de certain, c’est qu’elle a disparu.

Il y a apparence que la maison du Roi, qui a commencé à partir le 29, recevra contre-ordre en route, non pour s’en retourner, mais pour s’arrêter.

 Traitement fait à la Garnison & aux Habitans de l’isle d’Aix, par les Généraux Anglois

La garnison a été faite prisonniere de guerre ; le régiment de Milices, les Canoniers & Matelots ont été embarqués sur la flotte Angloise, ainsi que les cinquante maçons qui. étoient dans l’isle pour les travaux du Roi : ce qui fait en tout 500 hommes.

Les Officiers d’Artillerie & Bombardiers ont été remis sur leur parole, & ne pourront servir pendant toute la guerre. Les fortifications ont été rasées par les mines qu’ils ont fait jouer, où ils ont perdu cinq de leurs gens.

Deux coulevrines & plusieurs mortiers, ainsi que la cloche du fort & celle de l’église, ont été embarquées dans leurs vaisseaux-, & ils ont cassé les tourillons aux canons qu’ils ont laissé.

Les vivres qui se sont trouvés dans l’Isle, appartenant au Roi, ont été donnés par les ennemis aux Habitans, pour les indemniser de leurs pertes, sous les conditions qu’on ne les leur oteroit pas après leur départ.

Ils ont aussi donné environ 2000 livres, pour être distribuées auxdits Habitans, en considération du dommage qui avoit pu leur être fait.

Un matelot, qui vouloit violer une femme de l’isle, en a été empêché par plusieurs Officiers Anglois ; ils l’ont fait punir à leur bord, & ont boursillé entr’eux une somme de cinquante écus, qu’ils ont fait remettre à cette femme, pour l’indemniser de l’incendie que la fureur de ce matelot avoit occasionné dans sa maison.

Voici quel étoit l’état du port, lorsque les Anglois y sont venus : on pourra juger des pertes que notre Marine auroit faite.


[1On appelle formes de vastes enceintes creusées au niveau du lit de la rivière, revêtues de pierre, pour la construction ou le radoub des vaisseaux. Elles sont fermées par des portes qui les tiennent à sec, & qu’on ouvre lorsqu’on veut mettre le bâtiment à flot pour le lancer dans la Charente,

[2Il y avoit 18 vaisseaux , 4 frégates , 2 galiotes, 2 brûlots & 80 bâtimens de transport.

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