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1789 - Saintes (17) : cahier de doléances de la ville

dimanche 6 août 2006, par Pierre, 1661 visites.

Cahier de doléances de la ville de Saintes, toutes corporations regroupées.

C’est aussi une charge violente contre le maire de la ville, et les reproches qui lui sont faits sont au milieu des doléances des habitants.

Ville de Saintes

C’est ici le lieu, Sire de faire entendre à votre Majesté les plaintes particulières de votre ville de Saintes ; toutes les corporations se réunissent pour demander :

Que la formation de la municipalité subsiste dans le mode actuel, des officiers municipaux, ainsi qu’il est fixé par l’arrêt du conseil du 22 septembre 1772 ; qu’au surplus, il plaise à votre Majesté de retirer l’arrêt du conseil du 9 avril 1777, qui règle la forme des assemblées générales pour qu’elles soient composées à l’avenir de deux députés du clergé, deux de la noblesse, deux du présidial, deux de l’élection, deux des juges et consuls en charge, deux des avocats, un des médecins, deux des bourgeois vivant noblement, un des notaires, deux des procureurs, un des chirurgiens, deux du corps des marchands, quatre des corporations et divers métiers et que les offices singuliers de maire, lieutenant de maire, procureur du roi, contrôleur, trésorier et secrétaire soient éligibles tous les trois ans et les autres officiers tous les deux ans. Qu’en cas de vacance de l’office de lieutenant général de la police, les fonctions en soient attribuées aux officiers municipaux, à la charge pour la ville du remboursement réglé sur le pied de la dernière évaluation qu’en aura fait le titulaire.

Que les municipalités aient aussi la connaissance de la voirie concernant les pavés et alignement des maisons, articles réglés dans cette ville d’une manière ridicule et nuisible aux propriétaires.

Que le logement effectif des troupes soit aboli et suppléé par une construction de caserne aux frais de la province et que provisoirement, les logements des officiers soient payés par le trésorier de l’hôtel de ville et subsidiairement par les habitants.

La suppression du rôle d’industrie qui décourage, humilie et ruine les commerçants déjà imposés pour leur négoce sur le rôle de la taille.

Que les habitants soient affranchis de la nouvelle taxe pour la corvée, attendu leur assujettissement à l’entretien des pavés et autres obligations relatives à leur état.

Que le fils aîné et le premier commis des juges et consuls soient exempts de la milice et que le tirage en soit confié aux officiers municipaux et non au subdélégué dont l’arbitraire a été des plus funestes et même exemption pour les clercs des avocats,, notaires, procureurs.

Que les juges consuls soient admis aux cérémonies publiques après le corps de ville.

Qu’il soit défendu aux marchands étrangers, juifs, colporteurs ou forains de déployer et vendre leurs marchandises dans la ville et ses faubourgs, hors les temps de foire.

Qu’il soit aussi défendu aux marchands étrangers et autres d’acheter en quelque temps que ce soit des meubles d’or ou d’argent, pierreries et autres bijoux.

Que sous le bon plaisir de votre Majesté les droits sur les vins soient fixés d’une manière simple et si claire que les débitants ne puissent plus être exposés à des procès ruineux.

Qu’il soit sursis à la faction de nouveaux ponts jusqu’à la réunion des Etats Provinciaux qui jugeront le meilleur moyen de pourvoir à cet objet. Votre ville de Saintes, réclame vivement, Sire, le droit de pouvoir incessamment s’élire un nouveau maire et le Sieur Gaudriaud, qui occupe cette place depuis plus de trente ans y parvint d’abord par adresse, s’y maintint par cabale, pendant quelques années, et finit en 1772 à la faveur de son intrigue, par faire acheter à la ville reconnue pour très pauvre, toutes les charges municipales pour la somme de 41200 livres ; ses partisans gémissent de l’avoir aidé, le firent pourvoir à vie à la mairie et obtinrent la confirmation de son élection par arrêt du conseil ; ils ne tardèrent pas à s’en repentir depuis cette époque si fatale pour les habitants, le Sieur Gaudriaud pourvu, outre son titre de maire, de ceux de subdélégué, de procureur du roi de la maréchaussée a fait ressentir de mille manières à ses concitoyens le cruel effet de son caractère hautain,despote et oppressif.

Ils lui reprochent entr’autres griefs d’avoir surchargé par animosité quelques-uns d’entre eux de logements successifs de la troupe tandis qu’il dispensait de cette charge quelques-unes de ses créatures, de s’être emparé militairement de maisons de plusieurs, non seulement sans leur en payer les loyers mais encore sans tenir compte des dégradations ni même vouloir les faire constater par des procès-verbaux, d’avoir pour d’autres réduit le juste prix du loyer de leurs maisons à la moitié et ce qui est plus criant encore, de leur avoir fait donner des quittances finales de plusieurs années de loyer pour de simples paiements d’une ou deux années seulement, sans permettre qu’il fût fait de réserve dans les quittances.

D’avoir fait emprisonné, menacé des têtes de garnison et de la maréchaussée différentes personnes pour les causes les plus injustes, d’avoir usé de violence directe et personnelle même sur de malheureuses femmes dans des occasions où on lui faisait les représentations les plus légitimes, de s’être approprié et avoir disposé arbitraire ment de pierres, bois et autres matériaux appartenant à la ville, de s’être permis lors du tirage des milices, les distinctions et les injustices les plus révoltantes, d’avoir tantôt refusé à des ouvriers qu’il employait pour différents ouvrages relatifs à la ville les salaires les plus pressants, tantôt d’avoir restreint le montant de leur mémoire à la moitié et même moins en leur faisant cependant souscrire une quittance pure et simple du total,de s’être rendu depuis longtemps le maître absolu du registre de délibérations de l’hôtel de ville où il a constamment dominé despotiquement les volontés et les suffrages.

Les excès de ce maire sont devenus, Sire , à tel point révoltants qu’il fut exclu de la dernière assemblée de la province par acclamation avec des qualifications déshonorantes.

La ville qui le suspecte par les trop justes raisons qu’elle a détaillées et dont elle offre la preuve, sollicite avec insistance la liberté de le remplacer enfin par un citoyen ; vous balancerez d’autant moins, Sire, à accorder cette grâce à la ville de Saintes qu’elle a acheté la mairie et que sa réclamation est fondée sur des sentiments naturels aux Français et qu’on ne saurait trop encourager, l’honneur et le patriotisme.

Nous venons, Sire, de mettre sous vos yeux les plaies qui affligent la Saintonge et sa capitale ; votre coeur paternel qui les connaît pour la première fois en sera touché. Déjà elles vous ont fait connaître leur voeu pour des Etats Provinciaux dans l’espoir d’y trouver des soulagements qui ne pourraient être trop prompts, permettez, Sire, que nous réitérions nos supplications à ce sujet et surtout la pétition particulière du tiers-état pour être admis à voter par individu et non par ordre. Nos insistances sur ce point essentiel sont autorisées par la justice, la raison, l’édit des administrations provinciales ; nous les renouvelons avec d’autant plus d’empressement et de force que nous attachons à leur succès l’idée d’un bonheur qui ne peut exister sans cette première et importante condition.

Votre bienfaisance, Sire, ne nous refusera pas cette justice à laquelle les deux premiers ordres ont promis de n’apporter aucune opposition, elle sera pour nous un nouveau motif de reconnaissance d’amour et de respect pour votre personne sacrée.

219 signatures terminent ce cahier, avec une réserve d’un ou de plusieurs signataires : « sans approuver les faits particuliers imputés au Sieur Gaudriaud maire, attendu que nous n’en avons aucune connaissance. »

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