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Les villes disparues : Tamnum , Novioregum, par Léon Massiou (1924)

mardi 30 octobre 2007, par Pierre, 6922 visites.

La localisation de deux villes antiques de la province des Santons reste aujourd’hui encore un mystère. Les hypothèses ne manquent pas, mais la preuve indiscutable reste à trouver.

Le site archéologique du Moulin du Fâ à Barzan (17)
Photo : P. Collenot - 06/2007

Léon Massiou fait le tour de la question en 1924.

Aujourd’hui, le site du Fâ à Barzan (17) est candidat pour Novioregum, mais pas encore élu ... Toutes les techniques de l’archéologie moderne sont mobilisées (voir en fin d’article).

Document à télécharger : les animations 2008 au moulin du Fâ

Source : Revue de la Saintonge et de l’Aunis - Année 1924 - p. 143

 Les villes disparues : TAMNUM — NOVIOREGUM

En dehors de la mention qui en est faite dans l’Itinéraire d’Antonin et la Table Théodosienne, dite de Peutinger, aucun document antérieur à la fin du XVIIe siècle ne nous a conservé le souvenir de l’antique ville de Tamnum, certainement un des joyaux de la brillante civilisation gallo-romaine et n’en a signalé ni l’emplacement ni l’importance.

Nicolas Alain, dans son opuscule « de Santonum regione » n’y fait aucune allusion.

L’Ingénieur Masse est le premier qui, dans ses Mémoires très précieux au point de vue de la topographie de l’Aunis et de la Saintonge et qui ont été écrits pendant la période de 1694 à 1715, décrit l’emplacement présumé de la ville de Tamnum sans toutefois tenter aucune hypothèse sérieuse d’identification.

Voici en quels termes s’exprime Masse :

1° Mémoires — 1712-1715 — P. 431 du Sud-Est d’Arces [1], environ à 1.000 toises de Talmont à un endroit appelé « La Garde », j’ai vu, à 2 ou 300 toises du bord de la Garonne, la base d’une tour de 13 à 14 toises de diamètre où on prétend qu’il y avait autrefois une ville fameuse et un port et j’ai vu, presqu’au sommet de la hauteur, des débris d’un cirque enfoui dans la terre et que le vulgaire appelle « castra » et on trouve, dans les terres labourées, quantité de débris de choses anciennes, mais le vulgaire ni l’histoire ne m’a pu découvrir positivement comment s’appelait cet endroit : tout ce qu’on sait est qu’au-dessus de celte tour, il y a un moulin à vent qu’on appelle le Fas qui, en ancien patois, voulait dire le phare.

2" Recueil des plans de Saintonge (1695-1715). Mémoire relatif aux plans qui sont dans la feuille 56, T. IV. 131 b. figure 9. "
- A. Arces :
- B. Maison de La Garde. Il paraît, au Sud de cette maison, les fondations d’un cirque et on ne connaît plus rien à la partie de l’Ouest qui, apparemment a été démolie, comme l’on fait actuellement du reste des fondations qui consistent en trois murs d’une maçonnerie de moellons qui règnent parallèlement les uns aux autres de 3 à 4 pieds d’épaisseur et distants de 10 à 12 pieds les uns des autres et il y a des fondations de piliers butants au mur de la dernière enceinte qui étaient, apparemment, les bases de colonnes qui régnaient autour de cet édifice qui avait environ 50 toises à son plus grand diamètre. Ce cirque était bâti sur le penchant d’une montagne et, pour peu qu’il fût élevé, il pouvait découvrir par-dessus le sommet de la hauteur, du côté de l’Est, une grande étendue de pays et, du côté de l’Ouest où il ne paraît plus de fondations, on découvrait l’embouchure de la Garonne et le Médoc et une grande étendue du pays tout autour de ce cirque, supposé qu’il en eût été un, car il y a si longtemps qu’il est détruit, que personne n’en peut rien dire de positif. Le vulgaire l’appelle : château de La Garde, mais il n’y a guère d’apparence qu’il ait été un château, car autrefois on les bâtissait peu de la régularité que paraissent ses fondations que l’on connaît bien avoir été un ovale parfait, outre qu’il ne paraît point y avoir eu de fossés ni aucune tour qui avançât hors de l’enceinte comme étaient bâtis la plupart des anciens châteaux et il y en avait encore moins qui eussent trois enceintes de murailles régnantes parallèles comme partant du même centre, ce qui peut encore affirmer que ses fondements étaient un cirque est qu’à l’Ouest, on voit les fondations d’une tour C à 400 toises, d’une grosse maçonnerie qui avait 12 à 14 toises de diamètre, sur laquelle il y avait un moulin que l’on appelle du Fâ ou du Far, que le vulgaire assure avoir été un fanal et qu’il y avait, au sud de ce moulin, un port D et que le terrain qui est entre ce moulin et la Maison de Garde B est rempli de briques antiques, de morceaux de tuiles, de cruches et d’urnes, quelques morceaux de marbre et autres morceaux de pierre étrangère et quand on laboure la terre qui est toute cultivée dans ce quartier et va d’une pente assez raide, de l’Est à l’Ouest, les laboureurs trouvent par là autour quantité de vestiges de fondations de murs et on y a trouvé quantité de monnaies anciennes et de médailles des Romains et autres.

Les peuples ne disent que par-tradition, que ça a été autrefois une ville fameuse et un bon port de mer. Il y en a même qui assurent avoir ouï dire à leurs aïeux qu’ils avaient vu des anneaux à un gros mur qui est au Sud du Moulin du Fâ et de la Maison de la Garde où ils prétendaient qu’était le port à l’endroit D, qui est présentement un pré distant de la rivière de Garonne d’environ 200 toises au Nord-Est de la conche d’Ory et de Pilloua.

Quelques-uns croient que cette ville était le Portus Santonum des Saintongeais, car aucun ne peut dire ni en quel temps cette ville a été bâtie, ni par qui elle a été détruite, ni comment elle s’appelait. Elle était bâtie, en partie, sur le penchant de la montagne qui est assez raide et partie dans la plaine et cet endroit est distant d’environ 15 à 1.600 toises du côté de l’Ouest de la ville de Talmont.

3° Mémoire sur la carte du 8e quarré de la générale de Médoc, d’une partie de la Guienne et Saintonge, 28 mai 1709. Environ à 1.100 toises de Tallemont, la tradition assure qu’il y avait jadis une ville fameuse que quelques-uns croyent que c’était le Santonum portus, mais ce nom est fort incertain : les uns disent qu’elle s’appelait « Teste de Saintonge » et autres Santonne, mais il est incontestable, à la certitude du nom, qu’il y ait eu, en cet endroit, une ville ou gros bourg, etc..

La Sauvagère (Recherches sur les ruines romaines de Saintes et des environs), tout en discutant sur la position de Tamnum, reste muet sur les vestiges qu’avait signalés Masse. Bourignon (Recherches topographiques, historiques, etc., sur les antiquités romaines de la province de Saintonge) situe exactement ses vestiges. « Tamnum ou Lamnum était une mansion dont les ruines se voient encore, à un quart de lieue de Talmont, dans la paroisse de Barzan ; elles sont répandues au loin dans la campagne : ou y remarque particulièrement un môle qui a 7 ou 8 pieds d’élévation actuelle et 150 pas de circonférence dessous lequel est une voûte dont le centre est aplati. On a bâti sur cette masse, le moulin du Fâ. On trouve, dans les environs, beaucoup de briques romaines ».

De la station romaine de Tamnum il ne reste absolument hors de terre, écrit M. le Chevalier de Vaudreuil dans son Mémoire présenté à la Société d’Archéologie de Saintes, à la date du 2 mai 1839, qu’une masse de constructions à peu près circulaire que Bourignon a décrite et sur laquelle est édifié un moulin qui a reçu le nom de Moulin du Fâ, contraction de Fanum.

« Les habitations qui entouraient ce temple ont subi une destruction totale ; il semble même que les ustensiles et les vases qu’elles renfermaient aient été non pas brisés mais pilés ; les fragments que l’on retrouve, en grand nombre, sur le sol, sont réduits en parcelles très petites. Mais si la surface de ce lieu n’offre rien que d’affligeant, pour les yeux de l’Archéologue qui sait que là fut une station romaine qui méritait d’être inscrite sur l’Itinéraire d’Antonin et sur la Table Théodosienne, il ne tarde pas à concevoir l’espérance que la terre y recèle encore des objets d’une valeur plus saisissable et plus appréciable que ceux que la charrue continue de triturer ; il y avait des édifices considérables : certains murs ont une épaisseur de 8 à 9 pieds ».

M. l’abbé Lacurie, Président de la Commission des Arts et Monuments du département de la Charente-Inférieure signale, en 1860, que « partout, en fouillant le sol, on découvre des pans de murs d’une grande longueur, de solides fondations, des tuiles, des marbres de toutes couleurs ».

En 1877, M. J. Eutrope Jouan, Président de cette même commission, signale, dans la Monographie de Barzan lue à la séance du 26 avril, des substructions importantes, des débris de tuiles à rebord et des fragments de marbres.

Enfin, en 1888, M. l’abbé Julien Laferrière fait au Comité des travaux historiques et scientifiques une communication sur les emplacements où l’on trouve de nombreux restes de constructions gallo-romaines à proximité du Fâ, communication reproduite dans le Bulletin Archéologique du Comité, la même année, n° 3, p. 4H.

M. l’abbé Laferrière s’exprime ainsi : « Cette petite ville que la Table de Peutinger met à XXII lieues de Blavia et à XIII lieues de Saintes et que l’Itinéraire d’Antonin place à XVI milles de Blavia et à. XXVII de Saintes, à cause du détour par Novioregum, aurait été située sur le territoire actuel de la commune de Barzan, canton de Cozes, arrondissement de Saintes, au lieu dit : « le Moulin de Fâ » ; la petite ville de Tamnum aurait donc été établie au fond d’une sorte de golfe, sur la pente des collines qui le circonscrivent ».

A l’exception des citations que je viens de résumer, la plupart des opinions émises par de nombreux auteurs modernes sur l’emplacement de Tamnum, sont de la plus haute fantaisie : j’estime donc devoir limiter mes renseignements bibliographiques et considérer qu’ainsi que le dit fort justement M. l’abbé J. Laferrière dans sa communication au Comité des travaux historiques et scientifiques en 1888, « les constatations faites sur l’importance des vestiges que l’on rencontre autour du Fâ et sur les hauteurs de la Garde fixent définitivement et très exactement un point de la géographie des Gaules, à l’époque des Antonins, c’est-à-dire l’emplacement réel de Tamnum sur lequel, croit-il, les auteurs n’ont rien écrit de positif ».

Je tiens donc pour d’autant plus certaine la situation de Tamnum sur les hauteurs de la Garde, que la concordance des distances s’établit assez exactement. La Table indique en effet, XXII lieues de Blavia à Lamnum, soit environ 55 kilomètres, distance réelle si l’on se tient sur les plateaux — et XIII lieues de Tamnum à Médiolanum représentant 31 kilomètres 658, soit à peu près la distance de Saintes à Talmont.

 Fouilles

Sans parler du vandalisme qui s’est exercé sur cette ville au moment de sa destruction qui remonte vraisemblablement à la période d’invasion des barbares dans les premières années du Ve siècle, dans des temps déjà éloignés, probablement à l’époque de l’édification de l’église de Talmont et des églises des environs, il a été fait une énorme exploitation de tous les matériaux utilisables, ainsi que le démontre surabondamment la coupe des fouilles opérées sur divers points.

Le Fâ - base de colonne recyclée en margelle
Photo : P. Collenot - 06/2007

Dans les temps modernes, de nombreux fragments de débris romains ont été employés pour les prestations sans aucun discernement : des fûts de colonnes servent de margelles à tous les puits de la commune et des communes environnantes.

Les premières fouilles dont l’histoire locale nous conserve le souvenir paraissent être celles faites par M. Marchais, maire de la commune de Barzan, en 1839, et relatées dans le Mémoire du Comte de Vaudreuil : ces fouilles ne semblent avoir donné aucun résultat marquant.

En 1884, un cultivateur découvre un énorme tronçon de colonne cannelée de 0 m. 85 de diamètre et une corniche admirablement travaillée de 1 m. 40 de long exactement semblable aux plus belles corniches de Saintes, de 0 m. 65 de largeur et autant d’épaisseur : ce débris de colonne est conservé au Moulin du Fâ et la corniche dans le jardin de Mme Lamotte à Talmont : un autre fût de colonne se trouve à la ferme de Champ-Dorat.

Le Fâ - Chapiteau au feuillage
Photo : P. Collenot - 06/2007

Ces pierres qui étaient enfouies, à une trentaine de mètres du moulin, proviennent certainement de l’édifice qui était élevé sur son emplacement, ainsi que trois fûts de colonne, de différents ordres, conservés dans le transept de droite de l’Eglise voisine de Talmont, sous un arceau pratiqué dans l’épaisseur du mur comme l’enfeu d’un tombeau.

Aux mois d’août et de septembre 1923, j’ai fait exécuter à mes frais et avec une subvention de M. Métadier, ancien maire de Talmont, actuellement maire de Royan, des sondages poussés assez profondément sur plusieurs points qui entourent le moulin du Fâ, jusqu’à 3 m. 50. qui m’ont démontré l’existence, à trois endroits différents, de deux monuments de vastes dimensions de l’époque gallo-romaine et d’un grand bassin qui témoignent l’importance de cette ville.

De ces fouilles, j’ai extrait de nombreux débris de sculptures, de chapiteaux à feuilles d’acanthe, de frises, fragment de colonne rostrale, marbres de toutes natures avec moulures, un pied de statue en marbre finement ciselé, des débris de poterie rouge dite terre samienne dont un portait la marque d’Atilianus Atiliani (Officina), diverses pièces de monnaie, argent et bronze, des 2e et 3e siècles, une pièce de bronze de Vespasien : Imp. Caes Vespasien Aug. cos. VIII P. P. Au revers, de chaque côté de la statue de la Victoire, les lettres S. C. (senatus consultus). Tous ces débris, pieusement conservés par M. Moreau, propriétaire actuel du Moulin du Fâ, constituent déjà un petit musée fort intéressant sur lequel il veille avec intelligence. En recherchant le sol naturel, je suis parvenu à un sol contenant des débris de poterie gauloise.

A une assez grande distance du moulin du Fâ, sur le flanc d’un monticule, émergent du sol les murs d’un théâtre antique dont le demi-cercle est parfaitement dessiné.

Il n’est pas possible de déterminer jusqu’où les nombreux restes de constructions peuvent s’étendre, mais je pense que des fouilles conduites avec soin pourraient procurer des débris fort intéressants, de quelque valeur archéologique, qui valent la peine d’être recherchés et je me propose de poursuivre une nouvelle campagne de fouilles, au cours de l’été prochain, avec les subventions ou ressources de diverses natures dont il me sera possible de disposer.

 HYPOTHÈSES SUR LE FA

M. Lièvre, bibliothécaire de la ville de Poitiers, dans un Mémoire communiqué au Congrès des Sociétés Savantes de la Sorbonne, en 1887, intitulé « Les Fanac du sud-ouest de la France », dont la Revue Poitevine du 15 juin 1888 a donné un compte-rendu, a vu une pile romaine dans le Fâ de Barzan.

Cette opinion est nettement controuvée par la nature des débris découverts autour du moulin.

On peut admettre, avant l’occupation romaine, c’est-à-dire antérieurement au premier siècle de l’ère chrétienne, l’existence, sur ce point, d’un monument quelconque d’une destination douteuse, affecté soit au culte, soit aux besoins de la navigation, car le moulin du Fâ construit sur un coteau assez élevé, mais entièrement dénudé, dominant la rive droite de la Gironde S s’aperçoit à une très longue distance.

Mais l’examen des vestiges actuels ne peut permettre de méprise sur sa destination à l’époque gallo-romaine. Le moulin est bâti sur un massif de maçonnerie circulaire constitué par un blocage de pierres et de ciment dont la solidité a défié les injures du temps et dont la circonférence est d’environ 90 mètres.

Le soubassement constitué en pierres de petit appareil a l’apparence d’un môle gigantesque : le revêtement qui en a été arraché sur presque tout le pourtour, mesure plus de deux mètres au-dessus du sol actuel. Les sondages pratiqués ont permis de constater que la base de la plus grande circonférence paraît reposer, sur le sol naturel, à plus de trois mètres de profondeur du sol actuel.

« On pénètre dans le dessous, à la fois par une brèche latérale qui a été pratiquée, au sud par le propriétaire du moulin et par une ouverture carrée pratiquée du côté nord, lors de la construction de l’édifice.

La voûte est faite de blocage et forme plafond : elle est supportée en son milieu par un seul pilier, en sorte qu’elle ressemble à s’y méprendre au sol d’une carrière ».

« Cette partie de l’édifice n’a jamais été déblayée à fond : elle est pleine de terres d’alluvions qui n’ont point été entamées. Un trou carré qui a le galbe des puits romains mettait anciennement en communication l’intérieur du temple avec ce sous-sol et peut-être avec une source ». (L’Abbé Julien Laferrière)

Si l’on accepte, pour bonne, l’étymologie de Fanum désignant primitivement un lieu consacré par une cérémonie puis ensuite l’édifice qui s’y éleva temple ou Sacellum, nous sommes enclins à nous ranger à l’opinion de M. l’Abbé Laferrière qui croit à un ancien temple circulaire « le temple a exactement, dit-il, la même forme en plan et à peu près les mêmes dimensions (33 m. environ au lieu de 43 m. 85 de diamètre) que le Panthéon d’Agrippa, à Rome. Comme lui, il était précédé d’un portique auquel, vu la différence du niveau du terrain, on devait accéder par un escalier situé du côté et sous les maisons construites tout auprès ».

M. Bouly, Curé d’Hardelot (Pas-de-Calais) spécialisé dans la recherche des vestiges de monuments anciens, venu à Royan en octobre 1923, sur l’invitation de M. Métadier, maire de Royan, a précisé le sens dans lequel devraient être exécutées les recherches :

- Dégagement de la crypte où la couche de terre d’alluvion, dépasse trois mètres de hauteur.
- Recherche des six colonnes régnant sur la façade du temple à gauche et à droite du moulin et dont les bases sont enfouies à deux mètres de profondeur.
- Mise à jour de l’escalier monumental partant du moulin et s’enfonçant à huit mètres de profondeur dans la direction de l’église de Talmont.

 Église de Talmont

LE PORT

Masse situe le port dans la couche d’Ory ou de Pilluau.

D’après M. Eutrope Jouan. il paraît admissible « qu’à l’abri de. l’immense roche qui forme une anse sur le rivage, un chenal et un petit port dussent exister car les Fosses-Pérot étaient garnies de grandes dalles de pierre de taille dont quelques-unes étaient munies d’anneaux de fer suivant le dire des plus anciens habitants ».

On montre, près du village de Chant-Dorat ou Chandorat, un endroit où on prétend qu’on a découvert un quai dans lequel étaient encore scellés les anneaux destinés à amarrer les bateaux.

Au-devant de la métairie de Chandorat, la prairie forme un encaissement ayant le niveau des bords du fleuve qui la submerge encore aux grandes marées.

NOVIOREGUM

Après avoir définitivement situé l’emplacement de Tamnum, je m’efforcerai dans des travaux ultérieurs et après une étude faite, sur place, de la presqu’île d’Arvert, d’identifier Novioregum.

J’ai démontré, dans deux mémoires antérieurs :
- 1° - Anchoine. Ville disparue sous les dunes de la Coubre (Recueil de la Commission des Arts et Monuments Historiques de la Charente-Inférieure T. XVIII-1909, p. 151 à 163).
- 2° - d° Revue de Saintonge et d’Aunis T. XXXIII-1912
p. 6 à 14), que, vers la fin du IXe siècle existait, au-delà de l’embouchure de la Gironde, vers les Combots, dans le prolongement des falaises de Terre-Nègre un port sur l’Océan, communiquant avec la Seudre ou le coureau d’Oléron : j’espère établir un jour que ce port était le « Portus Santonum » qui a fait couler tant d’encre et a suscité tant d’hypothèses ridicules, ce point coïncidant, suivant Ptolémie, comme latitude, avec Mediolanum, 46°45.

J’espère pouvoir également établir que la station Novioregum qui n’aurait jamais dû être confondue ni avec Royan, ni avec Toulon, se trouvait probablement, au point de la presqu’île d’Arvert appelé « Paterre » ou sur un point tout au moins très proche, la civilisation dans nos régions, étant beaucoup plus florissante qu’on ne le croit communément, à l’époque gallo-romaine et les vestiges ,de cette occupation étant beaucoup plus abondants qu’on ne le suppose.

Si je cherche dans l’étymologie du mot Novioregum une indication de nature à nous éclairer sur son emplacement probable, je puis faire état de la signification de Novio. Le mot est celtique : on le retrouve dans le vocable Gaulois Novia, noia, qui signifie : eau, marais. Novium : gurges in quam aqua ex molendino cadit. seu canalis and alveus molendini. Noa, ex ipsi ; vocibus gallis Noe. Noue, locus pascuus, sed uliginosus et aquis irriguus (Du Cange).

La signification de regum est-elle plus douteuse ? Du Cange : glossarium ad scriptones mediae et infimae latinitatis T. V. P.. 1283 indique Regus : rivus, rivulus, petite rivière d’où il semble qu’il ne saurait y avoir confusion avec les formes anciennes du mot Royan : Rugianum (XIe siècle) Roianum (XIIe siècle).

Novioregum devait donc être situé à proximité d’une rivière, d’un chenal ou de terrains marécageux, fréquemment inondés : n’est-ce pas là la particularité de la presqu’île d’Arvert, de Saint-Sulpice et Breuillet dans la direction de la Tremblade, bordée d’un côté par les marais de Saint-Augustin et de Bréjat et de l’autre par laSeudre.

De plus, la concordance des distances de Tamnum à Novioregum XII lieues (environ) 29 kilom.) et de ce dernier point à Mediolanum (XV lieues, environ 36 k. 500) ne s’établit-elle pas vers Paterre ou Avallon, où abondent les vestiges gallo-romains. Sur ces données, je crois qu’il y a lieu : 1° d’admettre comme certain que le Portus Santonum, Novioregum et Royan ne sauraient être confondus plus longtemps, et 2° d’orienter uniquement les recherches relatives à l’identification de Novioregum, vers les points ci-dessus désignés.

LEON MASSIOU.

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Jacques Dassié - Archéologie aérienne

Jacques DASSIE a apporté sur ce sujet controversé une réponse à laquelle n’avait pas pensé Léon Massiou. Voir sur son site l’état actuel de cette question.


Voir en ligne : Le site du Moulin du Fâ à Barzan (17)


[1Canton de Cozes, arrondissement de Saintes (Ch.-Inf.).

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