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1372 - Du Guesclin reconquiert la Saintonge et l’Angoumois sur les Anglais

jeudi 4 mars 2010, par Pierre, 2327 visites.

Sièges et batailles navales : la guerre sur terre et sur mer fait rage en Saintonge, en Angoumois et en Poitou. C’est une phase de reconquête temporaire de ces provinces par Bertrand du Guesclin, pour le roi de France. Les chroniqueurs nous en donnent une version probablement embellie, pour la fierté de leur commanditaire.

Source : Chronique des règnes de Jean II et de Charles V : les grandes chroniques de France. Tome 2 / publiée pour la Société de l’histoire de France par R. Delachenal - Paris - 1910-1920 - BNF Gallica

La bataille navale anglo-espagnole au large de La Rochelle mentionnée ici est présentée avec beaucoup plus de détails par Froissart. Voir cette page

La bataille de Chizé (79) - 21 mars 1373
Chroniques de Froissart - BNF Gallica

1372 - Des nefs anglesches que François gaaignierent, et comment la ville de Poitiers se rendi française.

En celli mois de juillet, le Roy envoia en Poitou monseigneur Bertran du Guesclin, connestable de France (1), le quel y prist pluseurs forteresses (2), et aussi le navire du roy de Castelle vindrent devant la Rochelle (3), et d’aventure rencontrèrent sur la mer environ XXXV nefs (4) du roy d’Angleterre, et se combatirent devant la dite ville de la Rochelle (5), et furent les Anglois desconfiz, et y furent pris le conte de Pannebroc (6), messire Guichart d’Angle (7) et pluseurs autres que le roy anglois envoioit ou pays pour le conforter, et gaingnerent moult grant finance les Espaignolz avecques les prisonniers, dont ilz orent plus de VIII vins (8), et grant foison ot de mors des diz Anglois. Et assez tost après monseigneur le duc de Berry, frère du roy de France, et le dit connestable en sa compaignie, alerent devant Poitiers et se rendy la ville à eulz, comme à messages du roy de France (9), et se mistrent les habitans en l’obéissance du dit roy de France, et tantost assaillirent le chastel et le pristrent et les Anglois qui estoient dedenz.

Item, assez tost après, le captai de Buech, qui estoit lieutenant du roy d’Angleterre es pays de Poitou et de Xantonge, se combati à aucuns des gens du roy de France, devant une ville appellée Soubise (10), et fu le dit captai desconfit et pris, et pluseurs de sa compaignie (11).

Si demourerent les Anglois moult foibles sur le pays, et les gens du roy de France y estoient fors, car le duc de Berry et le duc de Bourgoigne, frères du roy de France, y estoient, le dit connestable de France et grant foison de gens d’armes avecques. Si chevauchèrent le pays et pristrent moult de villes et forteresses. Et vindrent le lundi, VIe jour de septembre l’an MCCCLXXII dessus dit, devant la Rochelle, et orent des traictiez ensemble, et par avant aussi en avoient euz. Et le merquedy ensuyvant, VIIIe jour du dit mois, se mistrent ceuls de la dite ville de la Rochelle en l’obéissance du roy de France et entrèrent les diz seigneurs de France dedenz la dite ville, à très grant joie de ceuls de la dite ville. Et en ycelli mois de septembre se rendirent ceuls de Angoulesme (12), ceuls de Saintes (13), ceuls de Saint-Jehan d’Angeli (14), et pluseurs autres bonnes villes et forteresses.


1. Une armée française, placée sous le commandement effectif de du Guesclin, quoique le duc de Berry figurât dans l’état-major, était massée depuis le mois de juin sur les frontières du Poitou ; mais elle n’entra, semble-t-il, en campagne que quand on connut l’issue de la rencontre entre les deux flottes anglaise et castillane (Froissart, Chroniques, t. VIII, p. XXXI).

2. Montmorillon, Chauvigny, Montcontour, etc.

3. Dom Henri exécutait les clauses d’un traité d’alliance offensive et défensive, conclu entre lui et les envoyés de Charles V, sous les murs de Tolède, le 20 novembre 1368 (Arch. nat., J 603, n° 59 bis). Son propre intérêt l’y obligeait, aussi bien que le respect de la foi jurée, car il lui fallait prévenir les entreprises du duc de Lancastre, qui, ayant épousé la fille aînée de Pierre le Cruel, se faisait appeler roi de Castille et revendiquait l’héritage de don Pèdre.

4. P. Paris : « Environ trente-six nefs ». C’est d’ailleurs le chiffre donné par Ayala (Cronicas de los reyes de Castilla, t. II, p. 31).

5. Pour tout ce qui concerne la double bataille navale de la Rochelle (22-23 juin), voy. Ch. de La Roncière, Histoire de la marine française, t. II, p. 15-18.

6. Jean Hastings, second comte de Pembroke (1347-1375), veuf en premières noces de Marguerite, quatrième fille d’Edouard III, et remarié (1368) avec la fille de Gautier de Masny.

7. Guichard II, seigneur d’Angle, de Pleumartin, de Rochefort-sur-Charente, comte de Huntington, était maréchal d’Aquitaine. Au moment de la conclusion de la paix de Brétigny, il était capitaine de la Rochelle et c’est lui qui remit la ville aux commissaires d’Edouard III. Il devint l’un des plus fermes appuis de la cause anglaise et l’ami particulier du prince de Galles. Mort en Angleterre le 4 avril 1380 (Ch. Guérin, dans Archives historiques du Poitou, t. XVII, p. 258, n. 1).

8. Cf. Ayala, Cronicas de los reyes de Castilla, t. II, p. 32. Le comte de Pembroke fut cédé à du Guesclin en échange des seigneuries de Soria, d’Almazân et d’Atienza, et en déduction d’une somme de 130,000 francs d’or, à valoir sur le prix de rachat de ces terres. Mais l’affaire fut plutôt mauvaise pour le connétable, Pembroke étant mort avant même d’avoir payé le premier acompte de sa rançon (Ayala, op. et loc. cit. ; Froissart, Chroniques, t. VIII, p. XXX, n. 2 ; p. XCVI, n. 3). D’autres prisonniers de marque furent encore donnés à du Guesclin, sans doute pour payer tout ou partie du duché de Molina, revendu également (Ayala, Ibid.).

9. La reddition de Poitiers a dû avoir lieu le samedi 7 août 1372 (Froissart, Chroniques, t. VIII, p. XXXIV, n. 1).

10. Charente-Inférieure, arr. de Marennes, cant. de Saint-Agnant.

11. Le lundi 23 août 1372 (Froissart, Chroniques, t. VIII, p. XXXVIII, n. 2).

12. Vers le 8 septembre (Froissart, Chroniques, t. VIII, p. XL, n. 1).

13. Le vendredi 24 septembre (Ibid., p. XLI, n. 2).

14. Le lundi 20 septembre (Ibid., p. XL, n. 2).

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