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1666 - 1710 - Naissance et développement de Rochefort

vendredi 31 août 2007, par Jacques Duguet, 5000 visites.

Rochefort (17) - La Corderie Royale
Photo : P. Collenot - 2006

En 1666, Rochefort est une paroisse rurale d’environ quatre cents communiants quand Louis XIV en prend possession, par rachat sur le seigneur engagiste, Jacques Henry, seigneur de Cheusses. Au décès du roi soleil, en 1715, c’est un arsenal qui a construit, armé et réparé des dizaines de bâtiments, une ville de 12 à 15.000 habitants et une campagne transformée. Cette profonde mutation ne s’est pas effectuée sans grandes difficultés. L’arsenal a surgi à grands frais de prés marais inondables, naturellement destinés à l’élevage. La ville a constamment souffert du manque d’eau potable, d’une insalubrité génératrice de maladies et du « mauvais air » dû au voisinage des marais. Elle n’a pas reçu d’église paroissiale décente. La campagne a perdu sa forêt et a été réduite par l’édification d’un faubourg. Une horticulture de proximité s’est développée dans plusieurs villages et des habitants ont quitté la terre pour les travaux de l’arsenal. Ces évolutions ont été conduites ou contrôlées, avec plus ou moins de réussite, par quatre intendants aux tempéraments et aux méthodes de travail fort différents.

Résumé d’une partie de mon ouvrage intitulé "Histoire de Rochefort des origines aux environs de 1710", publié par la Société de Géographie de Rochefort.

 Charles Colbert de Terron (1666-1674)

Charles Colbert de Terron arrive dans le diocèse de Saintes en 1653, en qualité de gouverneur de Brouage. Pendant une douzaine d’années, il fait des efforts pour rendre la vie au port, sans succès, mais il y acquiert une connaissance du milieu des marais maritimes qui lui sera d’une grande utilité à Rochefort. En effet, le 1er décembre 1665 le Conseil du roi décide que de Terron recevra de l’engagiste de Rochefort les instruments de l’engagement de la châtellenie et qu’il fera dres-ser un procès verbal de l’état des lieux, pour préparer la liquidation du rem-boursement. Cependant, il reçoit l’ordre de prendre possession avant la liquidation et, le 4 mai 1666, la prise de possession est effective.

L’arsenal

Il se lance alors avec ardeur dans un programme ambitieux car Colbert est pressé mais, au mois d’août, il reconnaît qu’il a « mené un peu vite la construction de la corderie, l’étuve et les forges » et qu’il n’y a encore rien d’utilisable, alors qu’il a dépassé les fonds prévus. Il est vrai que des difficultés majeures sont apparues, notamment pour la corderie que l’ingénieur Blondel a dû asseoir sur un lit de madriers, dans le sol instable du marais. Colbert estime que l’achèvement de l’étuve, la construction de deux vaisseaux à Tonnay et la mise en chan-tier d’un autre à Rochefort doivent suffire pour l’année.

Les travaux sont ensuite assez rondement menés pour que, malgré l’hostilité du terrain et l’insuffisance chronique des subsides, le port soit en activité en quelques années. Les premiers canons sortent de la fonderie à la fin de 1669. Dès le début de la même année, on a commencé le creusement d’une forme de radoub. Les travaux vont moins vite que prévu parce que, comme pour la corderie, « on ne trouve rien de solide ». C’est seulement le 11 juin 1671 que de Terron annonce à Colbert qu’il ne reste plus qu’à déboucher l’entrée. La forme est mise en service en juillet. Elle a nécessité vingt-huit mois de travail.

Au printemps de 1670, neuf grands corps de vaisseaux sont sur les chantiers. Le 25 juillet, Seignelay assiste au lancement d’un vaisseau. Il compte vingt bâtiments devant l’arsenal. Trois sont sur le chantier depuis un an. Colbert, qui est pressé, estime que c’est trop long. Dans un projet de règlement, en octobre, il prévoit qu’un vaisseau soit bâti en six semaines ou deux mois, trois mois au plus !

Dans la même année, des rumeurs malveillantes circulent à la Cour. On parle de sommes folles englouties dans la vase pour des bâtiments qui ne sont pas solides. Rochefort est appelée « la ville d’or ». Il est vrai que, depuis 1666, on travaille à « la journée du roi », qui est coûteuse, que l’instabilité du sol augmente les frais et que les matériaux sont plus chers à Rochefort qu’ailleurs parce qu’ils viennent de loin. Colbert fait le déplacement pour s’informer sur place de la qualité des réalisations. Il arrive le 16 avril 1671. Le chantier lui est présenté par l’architecte François Le Vau. Il repart rassuré : les constructions sont chères mais solides.

Les plus nombreux des bâtiments doivent être édifiés dans un « grand parc », le long de la Charente, au sud de la corderie. Ce parc doit être entouré par des canaux sur trois côtés. Un grand canal doit le traverser en son milieu et sur toute sa longueur. Le 15 novembre 1671, François Le Vau. signale qu’il est alors « fort avancé ». Cependant, dès 1673 les canaux de ceinture sont envahis par la vase. Le Vau demande alors de l’argent pour le curage, pour la réparation des deux varaignes et l’établissement de deux autres, afin de faciliter des nettoyages périodiques. On fait les deux varaignes demandées mais le curage complet ne sera réalisé qu’en 1678.

La ville

Dans les premiers mois, de Terron installe un campement d’ouvriers et de vivandiers, puis il fait construire des « cayennes ou maisons de bois et de petites maisons de maçonnerie », pour loger les ouvriers. Cependant, l’afflux de population nécessite bientôt l’aménagement d’une ville. Non sans hésitations, on adopte un plan en damier, avec des îlots plus ou moins réguliers, surtout au nord où on conserve le grand jardin seigneurial. En mars 1669, de Terron est autorisé à concéder à des particuliers, par baillettes, des « emplacements » pour bâtir, moyennant un cens symbolique d’un denier par carreau. Dans l’esprit du roi, il s’agit que « ledit lieu soit bientôt rempli de nombre d’habitants qui se puissent instruire dans l’art de la navigation et produire quantité de bons matelots et gens de marine ».

En 1670 il y a des maisons dans vingt-huit îlots, seulement dans la partie méridionale, qui est du domaine royal. Les habitants ont profité de l’avantage accordé par le roi. On ne trouve pas trace de lotissement : les parcelles sont de dimensions très variées. Dans la même année, deux bâtiments royaux implantés en ville, fonderie et magasin aux poudres, sont achevés. En mai, on se préoccupe des vivres. Le munitionnaire royal choisit alors, avec de Terron, un emplacement pour établir des magasins avec greniers, caves, celliers, fours et hangars. Cet emplacement longe une sorte de marigot que la Charente entretient lors des crues et des marées hautes, qu’on va canaliser. Une fois encore, les travaux réservent des surprises. Le terrain du corps de logis qui longe le canal se révèle impropre au creusement de caves à vin qui risquent d’être inondées. Entre le 10 août 1671 et le 17 août 1672 on dépense plus de 30 000 livres. On se propose de continuer à concurrence de 30 000 livres en 1673. De Terron ne verra pas l’achèvement.

On commence le pavage des rues en 1671, par la principale artère, la rue Royale, qui reçoit environ 3.800 m2 de pavés. En 1672 et 1673, on achève la Rue Royale et on pave une partie de la rue de Martrou. En 1674, c’est le tour de la rue Dauphine, longue de 260 toises et large de 10. De Terron quitte alors Rochefort, laissant à son successeur le soin de poursuivre.

Il a construit la « maison du roi », à l’emplacement de l’ancien château. La chapelle a été bénie le 22 décembre 1672, sous le vocable de saint Charles. Le 18 août précédent, l’architecte Le Vau a signalé qu’une halle a été édifiée « au dessus » du manoir de Cheusses, sur l’ordre de Colbert de Terron qui y a dépensé plus de 7 000 livres.

Le commerce et les communications

Afin d’obtenir au meilleur marché possible des marchandises pour l’arsenal, l’intendant cherche à organiser des foires. Les échanges de vue avec Colbert commencent en 1671 mais ce n’est qu’en 1673 qu’on décide d’appliquer des lettres patentes de 1599 qui octroyaient trois foires. La première foire, dite de la saint Martin, dure trois jours. Ce n’est pas un succès. Le 20 novembre, de Terron écrit à Colbert qu’il y a eu plusieurs marchands mais peu de marchandises.

En 1671, quand une visite du roi à Rochefort est envisagée, de Terron propose de « rendre les chemins commodes et aisés », de construire une bonne route entre Rochefort et Tonnay-Charente, où le roi doit loger, et d’élargir et consolider des ponts. Le roi ne vient pas mais l’intendant s’emploie désormais à désenclaver la ville. En 1672, un marché est conclu pour établir une chaussée qui raccourcira le chemin de Rochefort à la Rochelle. En 1673, d’autres marchés sont passés, pour les routes vers Brouage et Tonnay-Charente. Le Vau signale la construction d’une chaussée vers Martrou, le pavage de la « levée » de Rochefort au moulin de Fichemore, c’est-à-dire du chemin de Tonnay-Charente.

L’Eglise

En 1669, de Terron fait venir des Capucins de Tonnay-Charente, comme prédica-teurs et comme confesseurs. Il les installe dans des logements de fortune, puis décide de construire un couvent, dans un îlot libre de la ville proche de la place. La première pierre de la chapelle est posée en 1673. Le 22 octobre de la même année, la construction est bien avancée et l’intendant prévoit qu’elle sera en état d’être livrée au culte pour le Carême de 1674. Cependant, les travaux pour les bâtiments et les murs de clôture traînent en longueur et ne seront achevés que bien après le départ de Terron.

L’augmentation de la population crée des difficultés au curé de Notre-Dame, Ambroise Rullié. Dès 1671, celui-ci doit faire appel à son frère, Louis Ruillé, pour l’aider en qualité de vicaire, mais la solution consiste à fonder une paroisse intra muros. Or la Cour ne parvient pas à prendre une décision avant le départ de l’intendant.

Le départ

Au début, de Terron a résidé à La Rochelle, avec sa femme et ses filles qu’il y avait placées quand il était à Brouage, pour leur éviter le danger du paludisme. A partir de 1672, il a occupé la « maison du roi » mais il a bientôt ressenti les effets du « mauvais air ». En mai 1673 il a parlé de quitter la place car il avait eu de nombreuses indispositions. Il a obtenu un congé qu’il a passé en Champagne, tout en se tenant au courant des affaires de Rochefort. En novembre, il est encore tombé malade et a demandé à être rappelé. Il était pourtant encore en service en 1674, dirigeant de sa chambre les travaux de défense contre les Hollandais.

Il quitte définitivement Rochefort le 15 août 1674. En octobre, le roi lui fait parvenir un brevet de pension de 4.000 livres, pour « les longs services » qu’il a rendus « en qualité d’intendant général de la Marine de Ponant, dans le rétablissement de ses forces maritimes, où il a travaillé pendant vingt-trois années entières, fait bâtir tous les magasins de l’arsenal de Rochefort, plus de quatre-vingts vaisseaux de guerre, et a servi Sa Majesté pendant tout ce temps avec tout le zèle et la capacité nécessaires pour faire réussir un si grand dessein ». Que pourrait-on ajouter à cet éloge mérité du fondateur de l’arsenal et de la ville de Rochefort ?

 Honoré Lucas de Demuin (1674-1683)

Le successeur de Terron, Honoré Lucas, seigneur de Demuin, est un Picard de petite noblesse. Sa carrière se déroule d’abord au pays natal. C’est à la fin de 1673 qu’on décide de l’envoyer à Rochefort, pour y travailler sous les ordres de Colbert de Terron qu’il doit remplacer. Il prend son service vers le 10 janvier 1674. De Terron s’en montre satisfait et, au bout de trois mois, il juge son adjoint capable de le remplacer. Demuin doit être investi en juillet, mais, à cause de la menace de l’ennemi, de Terron reste jusqu’au 15 août.

L’alimentation en eau potable

Une des premières préoccupations de Demuin est l’alimentation de Rochefort en eau potable. En 1670, Seignelay y étant tombé malade, le roi a envoyé un médecin qui a constaté que des eaux croupissaient dans les rues et a soupçonné la mauvaise qualité de l’eau de boisson. Le problème de l’alimentation en eau potable était donc posé mais n’a pas été résolu.

En décembre 1674, le nouvel intendant propose d’utiliser les eaux d’une source de la paroisse de Tonnay-Charente. On lui répond qu’avant d’engager 9 ou 10 000 livres pour la réalisation de ce projet, le roi veut savoir si on ne peut pas utiliser une source plus proche de la ville. Peu après, cependant, Demuin est autorisé à passer un marché. L’eau de Tonnay-Charente est conduite, par des tuyaux, à une fontaine aménagée près de la corderie et offerte aux habitants mais en la payant. Cependant, ceux-ci continuent à utiliser l’eau de leurs puits, qui est gratuite et à portée de la main.

L’hôpital

En 1671, de Terron s’est préoccupé de la création d’un hôpital à Rochefort pour remplacer celui de Tonnay-Charente, mais ce n’est qu’en 1674 que le roi prend une décision. Il faut encore attendre quatre ans pour que la Cour dépêche à Rochefort des ingénieurs pour dresser des plans. L’emplacement choisi est situé au nord du magasin aux vivres. Deux ans s’écoulent encore : le 29 novembre 1680 Demuin transmet un devis, qui est discuté. Enfin, en juin 1683, les bâtiments sont prêts et l’hôpital de Tonnay-Charente est transféré à Rochefort, alors que Demuin est remplacé par Arnoul.

Les officiers

Le logement des officiers ne cesse de susciter des difficultés que Demuin est incapable de surmonter. En 1675, le roi lui demande un plan des locaux occupés, pour ordonner une nouvelle distribution, mais celui-ci va au-delà. Il propose, en mars 1676, une série d’améliorations qui comporte en particulier « une auberge pour la commodité des officiers ». Colbert, qui n’approuve pas ce luxe, écrit au dos du mémoire : « à une autre fois ». Un nouveau problème surgit en 1682 quand les officiers, se plaignant du « mauvais air », ne veulent plus loger dans leur caserne. Demuin propose alors une nouvelle répartition, qui est jugée « si extraordinaire et si dépourvue de bon sens » que Seignelay lui-même s’en charge, lors d’un passage, dans le courant de l’automne.

En 1675, l’intendant reçoit l’ordre de faire préparer un local pour servir de prison aux officiers qui sont alors détenus à la Rochelle. Il ne se presse pas mais, plus d’un an après, il doit signaler qu’un capitaine de vaisseau emprisonné à la Rochelle sort le soir. Alors le roi renouvelle son ordre et, aussitôt, une aile ajoutée à l’ancien hôtel de Cheusses en 1670 est affectée aux officiers prisonniers. L’ordre royal précise qu’il faut aménager et griller deux chambres hautes, pour les détenus coupables de fautes légères. Les autres seront installés en bas, dans des chambres voûtées. Un concierge, qui ne se dessaisira pas des clés, gardera la maison et les prisonniers, pour lesquels il ne devra avoir aucune complaisance.

Une nouvelle forme

En 1677, la forme de radoub construite en 1671 est devenue insuffisante. Un maître charpentier hollandais est envoyé sur place pour étudier les travaux à effectuer afin d’en améliorer le rendement. Demuin s’étant porté garant de la qualité de la proposition, il reçoit l’autorisation de commencer le travail. Qu’en fait-il ? Ce n’est pas avant juillet 1680 qu’on entend de nouveau parler de la forme. Alors, Tourville, qui surveille le radoub d’un vaisseau, insiste sur l’insuffisance d’une forme unique. Demuin élabore donc un projet pour une seconde forme, mais le projet est écarté car il est jugé trop onéreux. En novembre, il revient sur la nécessité d’une nouvelle forme, alors que le radoub du Content n’en finit pas. Son intervention est d’abord mal accueillie ; on lui reproche de toujours proposer des nouveautés au lieu « d’employer utilement ce qui est déjà fait ». Cependant, quelques jours plus tard, on lui demande un devis, mais … il n’y a pas de suite. Quinze mois plus tard, en 1682, trois grands vaisseaux sont au port, en attente d’être radoubés. Demuin propose maintenant d’établir une forme au Vergeroux, puis au canal du port. Seignelay déclare d’abord préférer Rochefort au Vergeroux, en un endroit à rechercher avec soin pour éviter les pilotis. Mais, en octobre, sur place, il se détermine pour le Vergeroux. Demuin n’interviendra pas car il est disgracié peu après.

Les remparts et les portes de ville

En 1674, la ville n’est pas protégée quand une flotte hollandaise menace les côtes. L’alerte fait naître l’idée de fortifier l’arsenal et la ville. En peu de temps, on passe alors d’un projet de simple fossé avec parapet de terre à un mur avec tours et fossé, mais Rochefort ne sera pas pour autant déclaré place forte. On veut éviter une rivalité entre le secrétaire d’État de la Marine, chargé du port, et celui de la Guerre, qui superviserait la place forte où des troupes de terre seraient installées. L’année 1675 est occupée par des échanges de vues.

Enfin, le 5 mars 1676, un marché est passé entre Demuin, au nom du roi, et un maître maçon, pour la construction de deux portes « qui seront appelées de Charente et de Martrou » et pour les murailles d’enceinte de la ville. Les portes devront être terminées à la fin du mois de mai. Quant aux murailles, l’entrepreneur les élèvera par morceaux, selon les ordres de l’intendant.

Au début de 1677, Demuin écrit à la Cour que l’entrepreneur est prêt à commencer les murs. Il envoie des mémoires qui montrent que les travaux sont rondement menés. Le ministre s’interroge d’ailleurs sur la qualité de la réalisation mais il envoie des subsides. Les crédits prévus pour l’année sont très largement dépassés mais il veut que les murs soient achevés avant l’arrivée prévue du roi. La venue du roi étant annulée, les crédits sont gelés.

On travaille encore en 1679. Malgré les pluies qui interrompent les travaux, à la fin de l’année les courtines de l’ouest et du nord sont achevées. On en reste là jusqu’en juillet 1680. Seignelay s’oppose alors à la construction de la courtine du sud, du côté de Martrou. On se contentera d’un fossé et d’un mur sans redan. On rappelle à Demuin qu’il ne faut pas « donner dans l’envie de faire une place de guerre de Rochefort », et même ce dernier travail devra être commencé seulement après que le roi en aura donné l’ordre exprès et aura déterminé le fonds, c’est-à-dire l’an prochain.

On ne trouve pas trace de travaux en 1681. En juillet et août 1682, on ordonne de tasser de la terre derrière le mur, sans trop le charger, et de réparer une partie de la maçonnerie qui s’est écroulée. En octobre suivant, Seignelay arrive à Rochefort et constate… que Demuin a fait travailler sans attendre les ordres. L’intendant est alors appelé à la Cour pour s’expliquer. Il retourne à son poste en décembre mais, en janvier 1683, il reçoit l’avis officiel de sa révocation. Il est probable qu’outre cette grave faute, on lui reproche les vexations qu’il a fait subir aux protestants, dont Seignelay a été informé lors de sa visite.

Les Eglises

En 1678, pour résoudre les problèmes de la pastorale, Demuin propose de construire une église dans la ville mais on lui répond que le roi ne peut envisager une aussi grande dépense. En 1680, cependant, le roi est disposé à faire bâtir une église « convenable, à la grandeur de l’établissement de Marine », mais, en attendant, il faut voir s’il est possible d’agrandir la vieille église Notre-Dame. Un architecte établit un plan mais, encore une fois, il n’y a pas de suite.

En 1681, Demuin propose de convertir en église le magasin à poudre. Le roi accepte. Il demande un devis que l’intendant lui envoie : 13 700 livres. Comme la construction de deux nouveaux magasins à poudre exigerait une dépense de 26 000 livres, le projet est jugé trop onéreux et abandonné. Les curés de Notre-Dame continueront à exercer leur pastorale dans les plus mauvaises conditions.

D’autre part, Demuin applique avec zèle les recommandations de la Cour préoccupée d’extirper l’hérésie, au point que, en 1679, Colbert éprouve le besoin de le rappeler à la modération. L’année précédente, il a eu une altercation avec l’ingénieur de la Favollière qui lui a tenu « des discours impies ». L’intendant a été assez maladroit pour que l’ingénieur, se sentant offensé, lui administre un soufflet, à la suite de quoi il a été emprisonné. Colbert a alors écrit à Demuin de « régler son zèle », le roi n’ayant pas apprécié.

En 1682, l’Église réformée de Rochefort n’est plus en mesure de comparaître au synode provincial. Dans une statistique fournie par Demuin au roi la même année, sur 930 familles recensées à Rochefort il n’y en a plus que 12 qui soient encore protestantes. Celui-ci minimise peut-être les chiffres, compte tenu du nombre de protestants signalés à Rochefort par la suite dans les visites pastorales de l’évêque de La Rochelle, mais il a obtenu des centaines de conversions qui ont été reçues par les capucins.

Au sujet des mœurs, Demuin n’est pas moins zélé. En 1677, le curé Ruillé affirme qu’il n’y a pas de femmes de mauvaise vie, « parce que l’intendant y veille ». De fait, Demuin a eu recours au prévôt de la Marine et à ses archers pour les chasser.

Le départ

L’intendance de Demuin a été marquée par des conflits fréquents avec la Cour. Des négligences dans les détails du service lui ont été fréquemment reprochées. Mais il y a plus grave : on l’a soupçonné de couvrir des affaires louches, voire d’en profiter. En août 1682, Seignelay épluche ses comptes pour l’année 1678. Il cons-tate que l’intendant a vendu des « objets » du roi sans procéder à des enchères régulières, qu’il a passé des contrats d’affrètement sans préciser les dates de commencement et de fin et sans avoir fait signer le contrôleur et le capitaine du port… La liste est longue des négligences et des irrégularités. Demuin finit par exaspérer la Cour au point qu’il tombe en disgrâce et est remercié en 1683. Il se retire à Paris, puis à Demuin, où il meurt le 6 mai 1684.

 Pierre Arnoul (1683-1688)

Le successeur de Demuin, Pierre Arnoul, est né à Paris, en 1651. En janvier 1683, il est installé à Rochefort, où les ordres du roi lui sont envoyés à partir du 27. Il a alors moins de 32 ans.

La question de la forme de radoub

Dès le 10 février 1683, il reçoit l’ordre de s’approvisionner en matériaux pour la construction d’une forme. En effet, Seignelay est décidé à faire construire une grande forme pouvant recevoir deux vaisseaux en même temps. Arnoul choisit l’emplacement et dresse un plan qu’il envoie au ministre. Le devis dépasse la somme prévue mais Colbert accepte. Le premier coup de pioche est donné dans l’été de 1683.

L’emplacement choisi est situé près de la maison du roi. Comme pour les autres ouvrages installés dans le marais, les difficultés techniques ne tardent pas à surgir. On rencontre des sources et du sable. Arnoul fait savoir à Seignelay qu’il a fallu augmenter de trois pieds la profondeur de la fouille. Et le travail traîne en longueur. A la fin de 1684, la dépense dépasse l’estimation alors que la première forme n’est pas terminée. L’intendant reçoit blâme sur blâme. On lui reproche d’avoir décidé sans avoir mûrement étudié. Seignelay est mécontent de l’emplacement choisi : « en travers devant la maison de Sa Majesté », « d’un très mauvais effet pour la symétrie de l’arsenal ».

Aussi, en avril 1685, ce n’est pas Arnoul mais le commissaire Le Vasseur qui reçoit l’ordre de terminer la première forme et d’avancer la seconde. Cependant, en mai, les ouvriers désertent le chantier car ils n’ont pas été payés. On envoie alors 20 000 livres, avec la recommandation de continuer le travail « avec toute la diligence possible ».

Achevée, la forme n’est pas étanche. Il faut employer une machine avec des chevaux pour puiser l’eau qui sourd continuellement. C’est ainsi que, le 4 juin 1687, Seignelay se plaint d’une dépense excessive pour l’entretien des chevaux. Arnoul aura commencé une opération qui a coûté cher et ne l’aura pas terminée.

Un projet de canal

Ne manquant pas d’initiative, il conçoit un projet d’adduction d’eau de mer par un canal creusé entre le fort de la Pointe et le port, pour alimenter une fosse dans le parc. On lui fait savoir que le roi n’est pas disposé à faire une telle dépense. Il commence cependant le canal… qui ne sera jamais achevé. En 1688, lors de son départ, il n’y a pas d’autre fosse que celle qui a été aménagée en 1669, dans la partie inférieure d’un canal de drainage.

Les femmes de mauvaise vie

Demuin a chassé les femmes de mauvaise vie mais celles-ci reviennent bientôt. En 1684, le roi signe une ordonnance enjoignant à Arnoul de chasser de la ville « toutes les femmes ou filles débauchées et impudiques qui s’y trouveront » et il défend à celles-ci d’y revenir, sous peine de recevoir le fouet et d’être marquées de la fleur de lys.

L’ordonnance doit être publiée et affichée. Arnoul s’exécute mais les filles sont revenues moins de deux ans après. En août 1687, de la Rochelle, il écrit à Seignelay qu’il en a fait mettre huit ou dix en prison et, comme il n’y avait pas assez de place, il a fait faire, « un petit endroit séparé » pour en mettre une ou deux, mais il a fallu en mettre jusqu’à six ensemble, qui « ont percé la muraille et se sont enfuies ». Il suggère d’avoir « un plus grand logement » où l’on puisse faire travailler les femmes, comme à Brest et à Toulon, et il prie son correspondant de « donner des ordres au munitionnaire pour les faire nourrir parce que les sœurs grises ne veulent pas s’en charger ». Le roi ordonne d’interner les filles à l’hôpital général de la Rochelle. Arnoul suggère de les faire raser en public avant de les emprisonner, mais Seignelay juge suffisant de les raser en prison.

Les Eglises

En arrivant à Rochefort, Arnoul est frappé par l’exiguïté de la chapelle Saint Louis, très insuffisante pour la population du bourg estimée à 8 ou 9 000 communiants. Elle est desservie par le curé de Notre Dame qui a, de plus, la charge de deux églises paroissiales. Il en fait part à Seignelay, qui l’approuve et reprend l’idée de transformer le magasin à poudre. Sur ce, Arnoul fait établir un devis, trop élevé, donc sans suite. Deux ans plus tard, en 1685, l’intendant fait une nouvelle proposition qui n’a pas plus de succès que les précédentes. Quand il achève son séjour à Rochefort, la chapelle est en l’état où il l’a trouvée.

A l’égard des réformés, il se montre plus modéré que Demuin mais il doit bien constater que les nouveaux convertis ne le sont trop souvent que du bout des lèvres. C’est ce qu’il signale à la Cour : « On s’aperçoit aussi qu’il ne vient presque point d’enfants de nouveaux convertis pour être baptisés à l’église, ce qui m’a obligé de rendre une ordonnance pour obliger les pères, les sages femmes et les médecins qui assisteront aux accouchements à les déclarer dans le jour, à peine de 400 livres d’amende ».

Le départ

Seignelay lui reproche une activité brouillonne, un style diffus et un manque de clarté dans ses lettres, de la négligence et trop de confiance en des collaborateurs qu’il a de la peine à commander. Il aime les déplacements, recherche les missions et sollicite fréquemment des congés. Il est absent de Rochefort pendant tout le premier semestre de 1684. Il l’est encore entre le 1er avril et le 10 mai 1685. L’année suivante il obtient un autre congé, en septembre, dont il profite jusqu’au mois d’avril 1687. Colbert réagit mais peu après Arnoul est autorisé à s’absenter pendant deux mois pour se soigner. Au début de 1688, son congé expiré, il ne rentre pas à Rochefort. Seignelay lui demande s’il a l’intention de rejoindre son poste. Il ne fait savoir que deux mois plus tard qu’il ne reviendra pas, en raison de son état de santé, tout en prétendant d’ailleurs percevoir son traitement entier jusqu’à l’arrivée de son remplaçant. Celui-ci, Michel Bégon, n’arrive que dans les premiers jours d’octobre, de sorte que Mauclerc, commissaire ordonnateur, aura assuré l’intérim pendant près d’un an. Faut-il penser que c’est « le mauvais air » de Rochefort qui rendait Arnoul malade ? Toujours est-il qu’il reprendra bientôt du service et ne s’éteindra qu’en 1719, plus de 30 ans après avoir quitté Rochefort.

 Michel Bégon (1688-1710)

Des débuts difficiles

Michel Bégon a cinquante ans quand il arrive à Rochefort, pourvu d’une longue expérience au service du roi. Cependant, ses débuts sont particulièrement difficiles. En 1689, on prépare une expédition destinée à rétablir Jacques II en Angleterre. Au commencement de 1690, Rochefort arme cinquante-trois bateaux pour la flotte de Tourville. Dans la même année, on construit deux vaisseaux et quinze galères. Aussi acharné au travail et aussi consciencieux et ponctuel qu’il soit, il est débordé et reçoit de Seignelay des lettres de reproches, souvent cinglantes. Au moins a-t-il la satisfaction d’apprendre que Tourville a battu la flotte anglaise à Beachy-Head. Après la mort de Seignelay, le nouveau secrétaire d’État, Louis Phelipeaux, n’est pas plus tendre pour l’intendant. Les années 1691 et 1692 sont dures pour la Marine ; c’est le désastre de la Hougue. Des reproches injustes accablent Bégon. Il en tombe malade.

La ville

Pendant qu’on arme et on radoube, il faut construire ou améliorer. En ville, il est nécessaire de remplacer les maisons basses par des maisons à étage, afin d’augmenter la capacité d’accueil. En effet, les logements sont chers parce qu’en nombre insuffisant. De plus, les officiers ne se contentent pas d’édifices modestes plus ou moins insalubres. Bégon propose des maisons à deux étages mais Seignelay hésite et on s’en tient à un étage et un grenier ou galetas. Un arrêt du Conseil d’octobre 1689 accorde aux propriétaires un délai d’un an pour mettre leurs maisons en conformité, avec menace de dépossession en cas de non observation.

Or des maisons basses qui ont été édifiées au « mortier de terre », aux moindres frais, avec des fondations sommaires, sont incapables de supporter une élévation. Il faut donc les démolir et en construire de nouvelles. Aussi n’est-on pas étonné qu’en 1693 et 1698 Bégon soit obligé d’accorder de nouveaux délais. En 1706 encore, il demeure des maisons basses dans la rue Dauphine, une des principales artères de la ville.

L’église et le cimetière

En 1687, les prêtres de la Mission, qui ont été chargés d’une nouvelle paroisse, créée intra muros, ont pris possession, comme église paroissiale, de la petite chapelle Saint Louis, toujours fort insuffisante. Aussi, ne cessent-ils de demander une église décente et bien située. On trouve une solution de fortune au bout d’une dizaine d’années : le prolongement du bâtiment jusqu’à la rue Saint-Paul, avec l’aide du corps de ville qui y consacre une partie des deniers d’octroi. En 1697, Bégon procède ainsi à l’adjudication des travaux.

Les prêtres n’en continuent pas moins à réclamer une église digne d’une paroisse urbaine et bien située. Ils demandent une partie du jardin du roi, mais Bégon s’oppose fermement à l’érection en ce lieu. Il est encore plus catégorique quand les prêtres envisagent d’adjoindre un cimetière à l’église. En juillet 1700, le Peletier vient à Rochefort pour régler le problème. Il veut bien accorder le terrain aux religieux mais à condition de n’y jamais ouvrir de cimetière. Ainsi, le cimetière paroissial qui existe depuis 1693 au moins, au nord de la ville, dans le redan de la sablière, sera maintenu. Le 21 avril 1701, enfin, les missionnaires reçoivent la propriété du terrain convoité depuis longtemps. Ils le conserveront mais ils attendront pour qu’une église y soit bâtie… jusqu’à la Révolution. Le terrain sera alors en jardin. Il sera vendu par lots, comme bien national.

Le problème de l’eau

Nous avons vu que Demuin a fait venir de l’eau de Tonnay-Charente dans une fontaine près de la corderie. Bégon fait capter de nouvelles sources, toujours à Tonnay-Charente, qui alimentent une autre fontaine sise près de la maison du roi, au bout de la rue Saint Charles. Les habitants peuvent puiser l’eau gratuitement mais ils n’en usent guère, car la distance à parcourir, quoique inférieure à la précédente, est encore trop grande pour beaucoup d’entre eux. De plus, le travail est mal exécuté et, après quelques années, les canalisations donnent des signes de faiblesse et nécessitent de fréquentes réparations. Les habitants doivent se satisfaire des eaux de leurs puits, pourtant infectées « de toutes les ordures d’une ville aussi peuplée que Rochefort ».

Les hôpitaux

L’hôpital est débordé en période de « mauvais air », « entre la saint Jean et la saint Rémy », et en période d’épidémie. Bégon se plaint de manquer de crédits. Ainsi écrit-il, en août 1694 : « Je n’ai point d’ordre d’acheter 50 lits et 20 couchettes pour l’hôpital de Rochefort, mais j’ai ordre d’y recevoir les malades, qui ont été depuis six mois quatre fois plus nombreux que les années précédentes, y ayant actuellement deux cents malades qu’on ne peut pas coucher sur la paille, ni attendre un ordre de la cour pour faire les dépenses de toutes natures qui ne peuvent souffrir aucun retardement. J’ai demandé les fonds aussitôt que la dépense a été faite ».

Il aide sa femme à fonder un hôpital pour recevoir une vingtaine de femmes malades et quarante-cinq orphelines. L’entretien en est assuré par une rente de 2 000 livres sur les fonds de la Marine, une taxe sur les terrains à bâtir concédés dans le jardin du roi et sur les boutiques donnant sur la voie publique.

Projet d’un port de commerce

La ville vit au rythme des activités de l’arsenal. Dans les périodes creuses, les ouvriers sont sans travail. Certains possèdent quelques terrains qui leur procurent une partie de la nourriture mais les plus pauvres sont dans le besoin. C’est pourquoi, à la requête des habitants, Bégon cherche à créer un port de commerce. Il demande le droit d’entrepôt mais il n’obtient que l’exemption des droits d’entrée sur les vins, les eaux-de-vie et les boissons, par un arrêt du 3 octobre 1690.

Manque d’argent et froid exceptionnel

A partir de 1704, Bégon doit faire face au mécontentement des soldats et des ouvriers du port qui ne sont payés qu’avec beaucoup de retard. La situation est catastrophique en 1709, les conséquences du gel s’ajoutant au manque d’argent. Il la présente ainsi, le 22 janvier : « On n’a travaillé dans ce mois que deux jours et demi. Le froid est si grand qu’il n’est pas possible de faire aucun ouvrage et jusqu’à ce que le temps change, tout restera dans l’inaction. Le munitionnaire ne peut plus faire de biscuit faute de farine. On a même été obligé de se servir, pour en faire, d’environ 300 quintaux de fin minot qui étaient destinés pour les colonies et qu’on remplacera. Les moulins à eau et à vent ne vont point et même les habitants de cette ville manquent de farine parce qu’on ne peut en apporter d’aucun endroit. Le prix en est augmenté des deux tiers depuis quinze jours, ce qui réduit les ouvriers qui ne sont point payés dans une misère que je ne puis assez vous exprimer ».

En avril de la même année, il parle de désespoir pour les ouvriers de l’arsenal qui attendent treize mois de salaire, sans compter ce qui leur est encore dû pour les années 1704 et 1706. Quant aux « officiers, écrivains et autres entretenus auxquels il est dû deux ans, ils sont dans une véritable nécessité et la plupart sont menacés de ne plus rester dans leur auberge, ceux qui les nourrissent ne pouvant pas leur faire davantage de crédit ».

Le faubourg et les villages

Quand Bégon arrive à Rochefort, un faubourg est esquissé. Les rues dessinent un quadrillage analogue à celui de la ville, mais plus ample, de sorte que les parcelles constituent de longues lanières qui permettent d’entretenir des jardins derrière les maisons. Celles-ci n’ont que quelques pieds de façade mais peuvent être agrandies aux dépens des jardins.

L’arrêt d’octobre 1689 ordonnant d’élever les maisons de la ville d’un étage détourne évidemment les gens aux ressources modestes, qui s’installent dans le faubourg naissant. L’année 1692 est particulièrement riche en transactions en vue de constructions. La seule contrainte perceptible pour les nouveaux habitants du faubourg concerne les alignements. Chacun peut élever à sa guise une maison basse, conformément à une tradition locale tenant compte d’un climat qui oblige à de fréquentes révisions des toitures.

Les activités des habitants des villages sont modifiées par la proximité de l’arsenal. Chaque village a un ou plusieurs ouvriers au port, qui gagnent chaque jour à pied le lieu de leur travail,. Certains prennent leur repas de midi dans des auberges. Plusieurs villages, surtout Marseille, reçoivent de nombreux jardiniers qui portent leurs légumes en ville, au marché hebdomadaire. Des moulins à vent sont édifiés sur les points hauts, pour satisfaire des besoins croissants en farine.

La fin

Bégon n’aura pas été épargné par les épreuves physiques. Comme beaucoup d’autres, il a été atteint par les fièvres et l’épidémie de 1691 l’a rudement secoué, mais il est demeuré en place. Cependant, ce sont les coliques néphrétiques qui l’ont malmené le plus gravement. Il a subi deux opérations, en 1704 et en 1709. Il décède le 14 mars 1710. Son corps est porté processionnellement à la chapelle des capucins, où il est inhumé.

C’est le seul des quatre premiers intendants à avoir terminé sa carrière à Rochefort. Il a eu le mérite de faire courageusement face à des difficultés incessantes, malgré ses ennuis de santé. Il a transformé en partie l’aspect de la ville et mené à bien des améliorations ou des aménagements. Cependant, ses initiatives n’ont pas toujours abouti. Ainsi, il n’a pas résolu le problème de l’eau. Surtout, il s’est obstiné à refuser un emplacement dans le jardin du roi pour l’édification d’une église paroissiale digne d’une ville royale, ce qui a reporté au XIXe siècle la construction d’une nouvelle église Saint Louis.

Sans minimiser son œuvre, on doit constater qu’aujourd’hui la propagande touristique l’exagère, allant jusqu’à présenter Rochefort comme édifiée par lui, alors que le fondateur de la ville et du port est Colbert de Terron. Les maisons à étage et grenier ou galetas dont Bégon a surveillé la construction sur ordre royal ont dû être haussées plus tard, de sorte qu’aucune construction particulière actuelle ne peut être imputée à son action.

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