Histoire Passion - Saintonge Aunis Angoumois

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1749 - Protestants - Des "assemblées du désert" aux prisons de La Rochelle

samedi 21 avril 2007, par Pierre, 6037 visites.

Méreau protestant de la paroisse de Barret (16)
Un jeton, signe de reconnaissance dans les périodes troublées

En 1749, participer aux "assemblées du désert" est un délit qui mène aux prisons de la Rochelle.
Beaucoup vont perdre la liberté, certains seront envoyés aux galères, et/ou vont y laisser la vie. L’expatriation sera la solution pour un grand nombre.
Compte-rendu de 27 interrogatoires

État des personnes détenues dans les prisons de La Rochelle pour cause des assemblées qui se sont tenues en Saintonge.

Ce document a été publié partiellement dans les Bulletins et Mémoires de la Société Archéologique et Historique de Charente. Année 1875. Il est présenté ici dans sa version intégrale (AD 17).

Lieux cités dans ce document :
- Annezay (17)
- Bonneuil (16)
- Bouteville (16)
- Cozes (17)
- La Crèche, comm. de St Sulpice de Mornac

(St Sulpice de Royan 17)

Lieux
- La Hoguette à Montendre (17) ?
- La Nérotte (16) ?
- Mainxe (16)
- Montendre (17)
- Pons (17)
- Royan (17)
- Saint-Fort sur Gironde (17)
Lieux
- Saint-Palais (17)
- Saint-Preuil (16)
- Saint-Savinien (17)
- Saujon (17)
- Segonzac (16)
- Sonneville (Linières-Sonneville 16)

Source : AD17 - C 139, 6 - Transcription par P. Collenot.

NOMS DES PRISONNIERSTITRES DES ACCUSATIONSINTERROGATOIRESOBSERVATIONS PARTICULIÈRES TIRÉES DES INTERROGATOIRES
JACQUES BASSET, de la paroisse de Segonzac, âgé de 48 ans. A lu aux assemblées, et est présumé y avoir presché. Dit n’avoir point été aux assemblées il y a plus de trois ans, et qu’il ne présume pas que personne puisse dire l’y avoir vu prescher, ou faire des lectures. Connoit Pradon pour l’avoir vu prescher, mais ne luy a jamais parlé. Se souvient cependant de s’estre mis en marche pour aller à une assemblée qui devoit se tenir dans les bois de Minxe, mais qui n’eut point lieu à cause de l’absence de Pradon. A toujours fait profession de la Religion protestante.
PIERRE LEGEAY, de la paroisse de la Nerotte, âgé de 38 ans. A fait des prières aux assemblées. A dit avoir été deux fois aux assemblées depuis Noël ; nie avoir fait aucune prière dans ces assemblées ; qu’il avoit bien un Nouveau Testament dans sa poche, niais qu’il ne s’en étoit point servy. A dit n’avoir point vu Basset son cousin dans ces assemblées. Convient avoir été marié par le curé de sa paroisse, et avoir fait pendant quelque tems le devoir catholique, mais qu’il a cessé de le faire, qu’il a été arrêté faisant, le cathéchisme à des enfans dans un petit bois, le dimanche 23 février 1749.
DANIEL PUISSANT, de la paroisse de Sonneville, âgé de 45 ans. Émissaire des prédicans. A dit avoir été trois fois aux assemblées dans les bois de la Combe des Loges, dénie d’avoir été chargé de la part de Pradon ou autres d’avertir du jour que se tiendroient les assemblées, et dit n’y avoir fait aucunes fonctions. Convient que c’est le curé de sa paroisse qui l’a marié ; qu’avant son mariage, il faisoit profession de la Religion catholique, assistait à la messe et aux offices divins, qu’il s’est confessé, et a reçu la communion, mais que depuis son mariage il a embrassé la Religion protestante.
BOURDONNEAU habitant de La Crèche, paroisse de St Sulpice de Mornac, âgé de 28 ans A presché dans le bois de la Cresche Convient avoir assisté à toutes les assemblées, y avoir vu prescher Pradon, et Du Bessé, qu’il n’a jamais fait le métier de prédicant n’en ayant pas été jugé capable par les Ministres, qui ne l’ont pas voulu admettre quoiqu’à la vérité il scache lire, et écrire N’a jamais fait profession de la religion catholique, n’est point marié, mais est fiancé depuis quatre ans avec Marie Corbeau, et a toujours habité depuis.
CADOREAU, teinturier à Pons, âgé de 38 ans A retiré Pradon chez luy, un témoin dit l’y avoir vu A assisté deux fois aux assemblées, mais qu’il ne scavoit pas que cela fût deffendu, qu’il n’a jamais retiré chez luy Pradon, n’y Du Bessé, et qu’il ne leur a jamais parlé. Qu’il est marié par le S. Bachelot alors curé de St Martin de Pons qui luy a donné la bénédiction nuptiale il y a dix huit ans. Que ne faisant point profession de la religion catholique il se rappelle cependant que quelque tems avant de se marier il fut à la messe, assista aux offices divins, se confessa et communia, mais qu’après avoir été marié il n’a plus fait aucun exercice de la religion catholique.
JEAN GUERY, sindic de la paroisse de St Preuil, âgé de 43 ans. Pris a une assemblée après avoir été averty par l’exempt de maréchaussée de n’y point aller. A été trois fois aux assemblées, qu’il n’y a point l’ait de lecture, mais a récité les prières comme les autres ; qu’il est vray qu’un officier de maréchaussée est venu au bourg de S’ Preuil, et l’a averty comme plusieurs autres qu’il étoit deffendu d’assister aux assemblées, qu’il’ n’y a point été depuis, qu’il revenoit de Lignières lorsqu’il a été arrêté et qu’on a cru qu’il revenoit d’une assemblée. A reçu la bénédiction nuptiale par le curé de sa paroisse ; que sa mère, de la Religion catholique, l’y avoit élevé, qu’il l’avoit exercée toute sa vie, et que ce n’est que depuis quatre ans qu’il exerce la Religion protestante.
MARIE LEVREAU, veuve GIRAUDEAU, de la paroisse de Lignières, âgée de 42 ans. Reçoit des prédicans chez elle. A dit avoir été deux fois aux assemblées depuis Noël, qu’elle n’y a vu prescher que Pradon ; qu’elle connaît bien Trouillié et qu’elle ne sçait que par ouy-dire qu’il avoit lit des lectures et chanté des pseaumes ; dénie d’avoir reçu chés elle Pradon ou autre prédicant, et ajoutte que si elle a été aux assemblées, c’est qu’on disoit publiquement que l’exercice de la R. P. R. étoit libre. Dit qu’avant d’être mariée, elle alloit a l’églize, assistoit aux offices divins comme les autres catholiques ; qu’elle a été mariée par le curé de sa paroisse, et qu’elle a cessée d’aller à l’églize parce qu’elle voioit que ses parens n’y alloient point.
MARIE SURENNE, veuve TROUILLE, paroisse de Bonneuil, âgée de 70 ans. Tiennent les discours les plus dangereux, ont fait évader le nommé Trouillé leur fils et frère, qui presche publiquement, ont été fouillées chez elles. On y a trouvé quantité de livres contre la-Religion, des sermons, et des lettres du nommé Bessé se qualiffiant de Ministre du St Evangile, par lesquelles il l’invite à tenir des assemblées. A dit n’avoir assistée à aucune assemblée de Religionnaires, que ses filles et son fils ne sont plus sous sa dépendance, qu’elle ne les a point engagés à aller aux assemblées, et qu’elle n’a point appris que son fils y eut fait de lectures. Qu’elle a été mariée en face de l’Églize catholique, et que quoique le curé de sa paroisse l’eut mariée, cependant ne luy ayant rien dit pour ne plus aller à l’églize, elle n’y a effectivement plus été, et que depuis elle a toujours fait profession de la Religion protestante.
SUZANNE TROUILLÉ , Fille, âgée de 25 ans. id. A dit avoir été une seule fois à l’assemblée qui étoit très nombreuse, que son frère peut bien avoir été aux assemblées, mais qu’elle ignore s’il y a fait des lectures ou chanté.des pseaumes. A été élevée dans la Religion protestante.
JEANNE TROUILLÉ, fille, âgée de 37 ans. id. A dit qu’elle a été deux ou trois fois aux assemblées avec sa sœur, qu’elle ne sçait pas si sa mère y a assistée, qu’il étoit vray que Trouille, son frère, avoit fait des lectures dans ces assemblées, aussi bien que quelques autres en attendant que Pradon vint prescher, mais qu’elle ne l’a point fait cacher et qu’elle ne sçait où il est. A été élevée dans la Religion protestante.
MARIE GAUTHIER, femme BAUMART, de la paroisse de Segonzac, âgée de 48 ans. Ont épousé le père et le fils le jour de Noël dernier, et ont été mariés par le nommé Pradon. A dit avoir été épousée en secondes nopces au presche qui s’est tenu dans les bois de la Combe des Loges le jour de Noël dernier par le ministre Pradon, et qu’ayant épousée Bomart père, sa fille a épousée le fils, qu’ils ont été tous ensemble au presche pour s’y épouser, qu’elle a été trois fois aux assemblées, et qu’elle croit que sa fille n’y a été que le jour qu’elle a été épousée. Qu’elle a été mariée en premières nopces par son curé d’alors, qu’elle a été quelques fois à l’églize avant d’être mariée, qu’elle a assistée à la messe et autres offices, quelque tems après sou premier mariage, mais qu’elle a abandonnée la Religion catholique, ne croyant pas y faire son salut.
JEANNE PISSOT, fille de la GAUTHIER, femme de JEAN BAUMART, âgée de 21 ans. A épousée Baumart fils le jour de Noel dernier ; c’est Pradon qui les a épousés. A dit avoir été trois fois aux assemblées, une fois avant Noël, une seconde fois le jour de ses épousailles. et une autre fois depuis que Pradon et Du Bessé tenoient ces assemblées. N’a été élevée que dans l’exercice de la Religion protestante
DANIEL MARCHAND, de la paroisse de St Preuil, âgé de 64 ans. Arrêté revenant du presche. Dénie de s’être trouvé à aucune assemblée. Fait profession de la Religion protestante.
ISAAC GUERIN, âgé de 26 ans. id. A dit avoir été trois fois aux assemblées, ne sçait les noms de ceux qui s’y sont trouvés avec luy. A été élevé dans la Religion protestante.
PIERRE DELALANDE. Agé de 24 ans. id. A été trois fois aux assemblées, y a vu Jean Guery, Daniel Marchand, Pierre Guerin et Pierre Brun. Dit qu’il est protestant, que cependant il a été quelquefois à la messe et a assisté aux offices divins, que personne ne l’a obligé d’abandonner la Religion catholique, mais que la Religion protestante lui a paru la meilleure.
PIERRE GUERIN, âgé de 32 ans. id. A dit avoir été quatre fois aux assemblées, qu’il y a vu Pierre Le Geay, Daniel Marchand, Jacques Basset, Isaac Guérin, Pierre Lalande et Pierre Brun. Fait profession de la Religion protestante.
PIERRE BRUN, âgé de 37 ans. id. A dit n’avoir point été aux assemblées depuis plus de deux ans, que lorsqu’il a été arrêté il revenoit de Segonzac, et non d’aucune assemblée. Dit que son père l’a élevé dans la Religion protestante, mais qu’avant d’être marié il avoit fait le devoir catholique, assisté à la messe, s’étoit confessé et avoit communié
PIERRE DOGNON, de la paroisse de Boutteville, âgé de 21 ans. Arrêté revenant du presche. A assiste plusieurs lois aux assemblées, deux fois depuis Noël, a vu Trouillé y faire des lectures. A cessé de faire profession de la Religion catholique dans laquelle il a été élevé pour embrasser la Religion protestante qu’il a cru la meilleure.
Pierre BOURDERON, menuisier de la paroisse de St Fort, âgé de 29 ans A fait baptiser son enfant au dernier presche A dit qu’il avoit deux enfans : que le premier avoit été baptisé par le curé de Coze, et que le second né le premier janvier avoit été baptisé par Pradon Ministre ; n’avoir été que deux fois aux assemblées, avoir bien scu les deffenses d’y aller, mais qu’il croioit comme une infinité d’autres personnes que ces deffenses ne subsistoient plus, qu’au surplus il n’a point travaillé à aucune construction de chaire pour les prédicans. A toujours fait profession de la religion protestante ; que le Sr Montfort* curé d’Anezay luy a donné la bénédiction nuptiale, il y a trois ans, qu’il ne l’avoit cependant jamais vu, mais que le nommé Tasseran luy avoit remis un certifficat d’épousailles signé du Sieur Montfort, pour lequel il luy a payé 24# et que c’est à la faveur de ce certifficat qu’il a toujours vécu avec Suzanne Gognon comme étant sa femme.

*Ce Montfort a été condamné aux gallères perpétuelles par un jugement souverain rendu par M. de Barentin.

Jeanne LONGEVILLE, de Royan, âgée de 38 ans S’est acquise beaucoup de crédit autorise par son exemple, et a été deux fois aux assemblées, étant fort à son aise, elle feroit penser qu’ayant beaucoup à perdre, et s’exposant comme les autres on pouvoit se rendre aux assemblées avec asseurance qu’il n’en arriveroit rien. A été deux fois aux assemblées pour entendre le sermon des nommés Pradon et Deschamps ; qu’elle n’ignoroit pas les deffenses, mais qu’elle croioit qu’elles ne subsistoient plus par la grande quantité de monde qui y alloit depuis peu ; n’avoir jamais retiré chez elle aucun prédicant, n’y tenu aucun mauvais propos contre la religion. A toujours professé la religion protestante.
Elizabeth GRASTET, femme de François BABINOT maréchal demeurant à Riberou, paroisse de Saujon, âgée de 38 ans Connüe sous le titre de Ministre de Riberou grande chanteuse de Pseaumes ; les curés du voisinage ne cessoient d’en porter des plaintes. A dit avoir été trois fois aux assemblées, et y avoir entendu le mois de janvier dernier le nommé Pradon, que ce sont ses ennemis qui luy ont fait donner l surnom de Ministre de Riberou, qu’elle n’a eu connoissance des assemblées qui devoient se tenir que par les personnes qui venoient dans son cabaret ; qu’elle n’avoit point ignorée les deffenses, mais qu’elle croioit qu’elles ne subsistoient plus. Convient n’avoir jamais fait profession de la Religion Catholique, qu’elle n’avoit point été à la messe avant d’épouser, et que cela n’avoit point empéché qu’un religieux recolet qui faisoit la fonction de curé à St Palais ne luy eut donné la bénédiction nuptiale.
Etienne VITTEUR, cordonier demeurant au Breuil, paroisse de Saujon, âgé de 33 ans Avertit des jours des assemblées, porte des paquets, est espion des Predicans A dit avoir été neuf a dix fois aux assemblées, a denié avoir été l’espion des predicans, et n’avoir jamais porté aucun paquet, qu’il ne scait pas non plus où Pradon et Bessé se retiroient. Que luy et sa femme ont professé la religion Catholique avant d’être mariés, et plusieurs années après leur mariage, que le curé de Saujon leur a donné la bénédiction nuptiale, qu’ils n’ont abandonné la religion catholique qu’à l’exemple de plusieurs autres de leur voisinage.
JEANNE HILAIRE, fille de PIERRE HILAIRE, de la paroisse de Sonneville, âgée de 20 ans. Arrêtée avec Pierre Hilaire, son père. Qu’elle a été trois fois aux assemblées depuis Noël, y a entendu les nommés Deschamps et Pradon, que le ministre n’étant pas venu à la dernière, ce fut le nommé Trouillé qui y supléa, fit la lecture et les prières. Qu’il est vray que le curé de la paroisse avoit fait déffenses a son père d’enseigner davantage, mais qu’on ne lui avoit pas fait les mêmes deffenses et qu’elle avoit continué à la place de son père pour gagner sa vie. Elle a toujours professé la Religion catholique, hors depuis un an qu’un oncle nommé Isaac Gauthier, de la paroisse de Bonneuil, la luy avoit fait embrasser.
PIERRE HILAIRE, de la paroisse de Sonneville, âgé de 51 ans. Tient école ainsy que sa fille dans la paroisse de Sonneville. Cet homme a été bany par sentence prévôtale rendue à Angoulême. A dit n’avoir jamais été aux assemblées, mais que sa femme, sa fille et son garçon y ont été, et ne peut pas dire combien de fois ; qu’il n’a point été bany, et ne sçait ce que c’est que la sentence prévôtale dont on luy parle, qu’il a toujours exercé la Religion Catholique, Apostolique et Romaine, que c’est le curé de sa paroisse qui l’a marié, que deux de ses garçons et sa fille font le devoir de catholiques, mais qu’il croit qu’il a un troisième fils qui ne le fait point parce qu’il est avec un de ses parens qui est protestant, qu’il est vray qu’il n’a point de permission de M. l’Evesque pour tenir école, que son curé sçavoit qu’il la tenoit depuis 1716 qu’il avoit commencé : que ce n’est que depuis 2 ans que le curé l’a fait cesser sur de faux raports des instructions qu’il donnoit de la Religion protestante.
Marie-Judith PALASTRE, se disant femme de Bernard Brossart Clinet, et disant demeurer à Montendre où elle a été arrêtée, âgée de 24 ans Elle demeuroit à St Savinien avant son prétendu mariage, où elle menoit avec son mary une vie si scandaleuse que M. l’evesque de Saintes demanda des ordres du Roy pour la faire mettre dans un couvent. Ces ordres ayant été adressés à M. de Pleurre, son père la fit évader de sorte qu’il fut impossible de les mettre à exécution ; le père convaincu de l’avoir soustraite fut mis en prison, et remis en liberté au bout de quinze jours, la fille et le nommé Brossart s’éloignèrent, et étant revenu beaucoup de plaintes de la manière dont ils vivoient dans la paroisse de La Hoguette, ils ont été arrêtés l’un et l’autre. A été deux fois aux assemblées, mais n’y a point épousé. Est protestante, et l’a toujours été, que c’est un prêtre qui luy a donné la bénédiction nuptiale, que ce n’étoit point le Curé de sa paroisse, mais qu’il étoit étranger. Est enceinte de cinq ou six mois.
Bernard BROSSARD CLINET, vivant de son bien, demeurant à Sommerac, annexe de la paroisse de La Hoguette, âgé de 29 à 30 ans Donne fort mauvais exemple dans la p[aroi]sse, y vivant avec la née Marie Judith PALASTRE avec laquelle il se dit marié Dit n’avoir point été aux assemblées. Ne fait point profession de la Religion Catholique, est marié depuis environ onze mois avec la née PALASTRE de St Savinien, c’est un prêtre qui leur a donné la bénédiction nuptiale, dont il ne scait point le nom, et que c’est dans une pleine au grand air qu’il les a épousés, a professé la religion protestante jusqu’à l’âge de 13 ans ; qu’ensuitte il a professé pendant plusieurs années la religion Catholique, s’est confessé, et a communié, et que s’il a cessé ce n’est à la sollicitation de personne, mais qu’il a reconnu luy même que la religion protestante étoit la meilleure

Nota. Quelque tems auparavant le mariage dud. Brossard le Curé de St Savinien ayant porté plaintes à Mr l’Evesque de Saintes du scandale qu’occasionnoient le né Brossard et le née Marie Judith Palastre dans sa paroisse, où elle demeuroit alors, M. l’Evesque obtint des ordres du Roy pour mettre cette fille dans un couvent, son père informé de l’intention de Mr l’Evesque eut soin de faire évader sa fille. Ce n’est que sur les plaintes du désordre dans lequel ces deux jeunes gens vivoient dans la paroisse de La Hoguette paroisse de l’extrémité de la Généralité où ils étoient allés se réfugier qu’on a pris le party de les faire arrêter.

Jeanne LAFOND, fille marchande, demeurant à Montendre, âgée de 32 ans Se trouve chés presque tous les huguenots à l’article de la mort, et provoque des assemblées dans les maisons où elle chante les Pseaumes et Clément Marot A dit avoir été deux fois depuis deux mois aux assemblées, qu’elle n’y a chanté des pseaumes ny fait de lectures ; qu’elle n’a point assisté de protestants à la mort ; qu’elle se rappelle qu’il y a trois ou quatre ans qu’on avoit fait des deffenses de tenir des assemblées, et d’y assister, mais qu’elle a crû qu’elles ne subsistoient plus par le grand nombre de religionaires qui y ont couru. A toujours été protestante.

Liste des personnes dénoncées pour avoir fait bénir leurs mariages par un pasteur du désert. (Élection de Cognac.)

Un interrogatoire du 7 septembre 1752 par François Dieulafait, écuyer, sieur de Taifaville, conseiller du Roi, prévôt général des pays d’Aunis et Saintonge, Généralité de La Rochelle (C. 137, 33), nous fournit les noms suivants des personnes qui ont assisté aux prêches du désert.

Ont comparu :

JEAN BALLET, laboureur au Four la Chaux, paroisse de Mainxe. Marié par un ministre à Marguerite Bernard. Son fils, né le 12 avril 1752, a été aussi baptisé au désert par un ministre.
RENE THOMAS, chapelier à Jarnac. Marié à Marguerite Ménard, le 16 avril 1751, par le ministre Pellissier, au désert.
MARGUERITE VIDEAU Mariée à Pierre Rondeau, marchand à Moulineux, par un ministre, dans un prêche à deux lieues de Jarnac.
HENRY MAUXION, tailleur d’habits à Jarnac-Charente. Marié à Marie Ballet, par le ministre Pellissier, le 6 avril 1751, au désert.
ISAAC BOUHIER, tonnelier à Jarnac-Charente. Marié à Anne Garnier, par le ministre Pellissier, le 6 décembre 1750, au désert.
JEANNE GENTY, demeurant à Jarnac-Charente. Mariée à Jean Bouju, tisserand, par le ministre Gibert, au désert.
JEAN MESNARD, tisserand à Jarnac-Charente. Marié à Marie Bouju, par le ministre Gibert, le 18 juillet 1752, au désert.
PIERRE PARIS, tonnelier à Jarnac-Charente. Marié à Marie Pissot, par le pasteur Gibert, le 4 mai 1752, au désert.
CHARLES GARNIER, chapelier, demeurant à Jarnac-Charente. Marié à Marguerite Glemet, par le pasteur Gibert, le 4 mai 1752, au désert.
JEAN MATIGNON, marchand de toiles à Saint-Preuil. Marié à Marie Grondin, par un ministre, au désert.
MARIE BLONDET, demeurant paroisse de Bonneuil. Fiancée à un Religionnaire.

Ont été dénoncés

VAQUIER, marchand graisseux à Barbezieux. Lecteur des assemblées des Religionnaires.
DUPUY, charron à Barbezieux. Bedeau ou clerc des Religionnaires.
JEAN MICIIELET, de Jarnac. Marié au prêche avec Anne Rousseau.
JEAN PISSOT, de Jarnac. Marié au prêche avec Mocquet.
JEAN VIDEAU. de Jarnac. Marié au prêche avec Videau.
GADRAT Marié au prêche avec Catinneau, de Marencheville.
DESSABLE Marié au prêche avec Renier, de Marencheville.
MONLOUIS Marié au prêche avec.Beau du Louis.
JEAN BALLET. Marié au prêche avec Baud, des Illaux, de Marencheville.
JEAN BALLET fils. Marié au prêche avec Elisabeth Pissot, de Chez-Bouju.
PIERRE VOYS, sieur de Fonbelle. Marié au prêche avec Suzanne Le Roy.
PIERRE TROUILLIER l’aîné, frère du condamné aux galères pour cause de religion. Marié au prêche avec Gautier dit l’Intendante.
GAUTIER dit I’INTENDANT. Marié au prêche avec une fille de Bonneuil.
PIERRE BARBRAUD. maréchal. Marié au prêche avec Jeanne Hastico.
PIERRE GAURY Et Marie Blondet ont fait baptiser un de leurs enfants par un ministre.
MARC BLONDET Et sa femme ont fait baptiser. un de leurs enfants par un ministre.
PIERRE BOUMARD. Marié au prêche avec Marie Bidhouer.
RONDELAIT Marié au prêche avec Trouillier.
PIERRE GAUTIER. Marié au prêche avec Texier.

Liste des détenus interrogés sous la prévention d’avoir assisté aux prêches du désert.

La même liasse contient les interrogatoires de :
- PIERRE HILLAIRE, maître d’école, âgé de 51 ans, demeurant à Segonzac. — 22 mars 1749.
- JEANNE HILAIRE, maîtresse d’école, 20ans, de Champagnon, paroisse de Segonzac. — 22 mars 1749.
- JEAN MERCERON, meunier, de Criteuil, 27 ans. — 22 mars 1749.
- DANIEL PUISSANT, journalier, 45 ans, de Sonneville. — 16 mars 1749.
- PIERRE DOGNON, tailleur, 21 ans, de Boutteville. — 16 mars 1749.
- PIERRE BRUN, vigneron, 37 ans, de Saint-Preuil. — 16 mars 1749.
- MARIE SURENNE, veuve de PAUL TROUILLIER, 70 ans, de Chemarou, paroisse de Bonneuil. —15 mars 1749.
- SUZANNE TROUILLIER, 25 ans, de. Chemarou, paroisse de Bonneuil. — 15 mars 1749..
- JEANNE TROUILLIER, 37 ans, de Mahon, paroisse de Bonneuil, — 15 mars 1749, — sœur de JEAN TROUILLIER qui a lu la Bible et fait chanter les psaumes aux assemblées tenues par Pradon.
- DANIEL MARCHAND, 64 ans, de Saint-Preuil. — 15 mars 1749.
- PIERRE GAY, 38 ans, de la Nérole, paroisse de Segonzac. — 15 mars 1749.
- MARIE LEVREAU, veuve PIERRE GIRAUDEAU, 42 ans, de Lignières. — 15 mars 1749.
- PIERRE DELALANDE, vigneron, 24 ans, de Sécheville. - 15 mars 1749.
- ISAAC GUERIN, journalier, 26 ans, de Saint-Preuil, — 15 mars 1749,
- JEAN GUERRY, tisserand, 43 ans, syndic de la paroisse de Saint-Preuil. - 15 mars 1749.
- JACQUES BASSET, tisserand, 48 ans, de Segonzac, — 15 mars 1749.
- PIERRE GUERIN, journalier, 32 ans, du Breuil de Segonzac. — 15 mars 1749.
- ANNE GAUTIER, femme de JEAN MICHELET, 30 ans, de Mainxe, paroisse de Chez-Juillié. — 5 novembre 1749.
- JEAN TROUILLIER, marchand de bétail, 50 ans, de Bonneuil, — 5 mars 1751, — condamné aux galères perpétuelles le 7 mai 1751 pour avoir tenu des assemblées religieuses.
- JEAN RAVEAU, 36 ans, de Saint-Preuil. — 9 décembre 1752.
- MARC BLONDET, laboureur, 44 ans, de Bonneuil. — 23 décembre 1752.
- JEAN RAVEAU, laboureur, 38 ans, village de Pubart, paroisse de Saint-Preuil. — 20 décembre 1753.
- ANDRE MONTEXIER, fermier, de Ségeville, paroisse de Saint-Preuil, 29 ans. — 1754.

NOTA. — Tous les interrogatoires se terminent par celle déclaration des prévenus : « qu’ils sont de la R, P. R., dans laquelle ils entendent vivre et mourir, y ayant été élevés par leurs père et mère. et qu’on fera d’eux ce que l’on voudra. »


A ces interrogatoires sont annexés les certificats suivants :

(Timbre de la Généralité de La Rochelle. )

Nous soussigné certifions que le seize Juillet mil sept cent cinquante deux, avons béni le mariage de JEAN MATIGNON, marchand, fils légitime de JEAN MATIGNON et de feue MARGUERITE BITAUD, de la paroisse de St Preuil avec MARIE GRONDAIN, fille légitime de PIERRE GRONDAIN et de MARIE LAURANT, de la parroisse de Bonneuïl, le tout diocèse de Xainte, selon la forme ordinaire de nos Eglises sans qu’il nous y ait apparu aucun empêchemt civil ni canonique en présance d’un nombre suffisant de témoins, côme plus appert par notre Registre.

GIBERT, pasteur [1].

Je aprouve l’écriture cy dessus et la déclare sinsére et véritable.
A St Preuil, ce 19e Septembre 1752.

Signé : MATIGNON frère l’aisné.


4 mai 1752.

Certificat de bénédiction par le pasteur Gibert, du mariage de CHARLES GARNIER, chapelier, fils légitime de feu CHARLES GARNIER et d’ANNE VIDAUD, de la ville de Jarnac Charente avec MARGUERITE GLEMET, fille légitime de FRANÇOIS GLEMET et d’ELISABETH DE MORTIER, de la même ville.


18 juillet 1752.

Certificat de la bénédiction par le pasteur Gibert du mariage de JEAN BOUJUT, fils légitime de JEAN BOUJUT et de feue JEANNE DURASSIER, de la ville de Jarnac Charante avec JEANNE GENTIL, fille légitime de feu JACQUES GENTIL et de JEANNE MASSON, du lieu de la Mirolle, paroisse de Segonzac.


Même date.

Certificat de bénédiction du mariage de JEAN MENARD, fils légitime de JACQUES MENARD et de MARGUERITE GUERIN, des Basses Champagniéres, paroisse de la ville de Jarnac Charante avec MARIE BOUJUT, fille légitime de JEAN BOUJUT et de feue JEANNE DURASSIER, de la susdite ville.


16 avril 1751.

Je soussigné déclare à tous ceux qu’il appartiendra, que le sezieme avril mil sept cens cinquante et un, j’ai béni le mariage de RENE THOMAS, fils légitime de feu RENE et de JEANNE GLEMET de la ville de Jarnac en Saintonge, diocèse de Saintes, avec MARGUERITE MESNARD, fille légitime de feu PIERRE et de MARGUERITE FAURE, veuve de Pierre Hurlaud, de la susdite ville.

Acte reçu par maître Cauroi, notaire royal, le jour de sa datte.

En foi de quoi, me suis signé, et ai donné le présent certificat extrait fidèlement du registre pour servir où besoin sera. Au désert, en présence de témoins.
PELLISSIER, Ministre D. S. Ev.


16 avril 1751.

Certificat de la bénédiction par le ministre Pellissier, du mariage de HENRI MOUXION, fils légitime de feu JEAN et de MARIE LASALLE de Jarnac en Saintonge, avec MARIE BALLET, fille légitime de feu PIERRE et de MARIE ALLARD. Acte reçu par maître Maurin, notaire royal.


6 décembre 1750.

Certificat de la bénédiction par le ministre Pellissier, du mariage d’ISAAC BOUHIER, fils légitime d’ISAAC et de MARIE GARNIER avec ANNE GARNIER, fille légitime de feu CHARLES et d’ANNE VIDEAU, toutes les parties de la paroisse de Jarnac Charante.


4 mai 1752.

Certificat de la bénédiction par le pasteur Gibert, du mariage de PIERRE PARIS, fils légitime dé MOYSE PARIS et de feue MARGUERITE MARTIN, du faubourg du Moulin de la ville de Jarnac Charente avec MARIE PISSOT, fille de JEAN PISSOT et de feue MARIE BALLET du Four à Chaux psse de Mainxe.


[1(1) Jean-Louis Gibert fut condamné à être pendu, comme prédicant, le 14 juillet 1756, mais la sentence ne put être exécutée qu’en effigie. Son frère Etienne fut condamné aux galères perpétuelles. Il mourut pasteur à Guernesey en 1817.

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