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1788 - Glossaire des moulins et des meuniers - 2ème partie (L-Z) (Encyclopédie Panckoucke)

mardi 26 mai 2009, par Pierre, 8330 visites.

Le moulin (à eau ou à vent) est un concentré d’ingéniosité et de symboles. Il utilise une énergie renouvelable pour fabriquer le produit alimentaire le plus simple et le plus universel : la farine. Au 18ème siècle, il a atteint l’apogée de sa technique. Il a aussi donné naissance à un riche vocabulaire spécifique.

340 définitions sont données ici.

Nota : Ce glossaire ne contient pas ou peu de vocabulaire local ou régional de la meunerie. A l’occasion de nos lectures, nous pourrons être amenés à compléter ce glossaire des mots locaux ou régionaux.

1ère partie (A-J)

Vocabulaire de l’Art du Meunier

A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V

L

Lanterne ; pignon à jour fait en forme de lanterne. Elle est composée de deux plafonds égaux, appelés tourteaux, percés de trous à des distances égales dans leurs circonférences, pour recevoir les fuseaux, placés verticalement, & qui fixent la distance entre le plafond d’en-bas & celui d’en-haut, qui couvrent horizontalement ces fuseaux : au centre de chaque tourteau, est une ouverture garnie de fer ; elle sert à y faire passer le gros fer qui traverse les meules , & communique à celle de dessus le mouvement que la lanterne reçoit du rouet.

Lanterne de bluterie ; c’est une lanterne qui engrène dans un hérisson adapté exprès sur le grand arbre pour en saisir les fuseaux & la faire tourner ; par ce moyen, avec des chaînes ou cordages, & des poulies de renvoi qui correspondent à cette lanterne, on fait mouvoir des bluteries rondes & autres, qu’on place dans les chambres des grands moulins ; quelquefois on fait mouvoir aussi la bluterie du dodinage par une lanterne qui engrène dans un hérisson.

Lanterne à monter le bled ; on l’établit de manière qu’elle puisse engrener horizontalement dans le rouet ; son axe est prolongé comme l’arbre d’un treuil : on y attache une corde qui répond par des poulies de renvoi à la chambre ou grenier où doit être déposé le blé ou la farine. On pratique des trappes dans les planchers pour donner passage aux sacs enlevés par cette mécanique ; & lorsqu’on veut lui donner du mouvement , on fait engrener les fuseaux de la lanterne dans les chevilles du rouet ; alors la corde qui tient le sac qu’on veut enlever, se roulant sur le treuil de la lanterne , en un instant le sac est monté dans le lieu où il doit être placé : on a soin d’attacher au sac une petite corde, qu’un homme tient dans la salle d’où part le sac : elle lui sert à gouverner son mouvement de manière qu’il ne s’accroche point aux bords des trappes, & qu’il y passe sans difficulté ; un autre homme le reçoit au lieu où il est apporté, & le range pendant qu’il est encore soutenu en l’air au lieu où il doit rester, au moyen de ce qu’on lâche la corde qui le soutient, suivant sa demande. Quand le sac est arrivé à la hauteur désirée, la lanterne est repoussée du rouet, par une méchanique simple, & elle reprend sa place de repos. Lorsqu’on peut faire cet établissement dans un moulin, on y supprime le travail pour monter les sacs faits à l’ordinaire, qui demande beaucoup plus de temps & de mains d’hommes.

Lanterne de tarare ; c’est une lanterne mue par le rouet ou par un hérisson , qui par son jeu commande son mouvement au tarare.

Lattes ; morceaux de bois de traverse dans les ailes d’un moulin, pour recevoir les toiles contre lesquelles frappe le vent.

Litron ; le litron, mesure de Paris, est la seizième partie du boisseau.

Lourd des meules ; on entend par lourds, les parties les plus denses d’une meule , qui conséquemment ayant plus de pesanteur, rompent l’équilibre du tout. Pour remédier à ce défaut, qui nuit essentiellement au moulage , parce qu’il empêche de mettre facilement d’aplomb la meule courante, on coule du plomb sur les parties les plus légères de la meule , afin de rétablir l’équilibre.

Lumière ; c’est une ouverture faite dans une pièce de charpente qui la perce de part en part : ce qui la distingue de la mortoise qui n’a qu’une profondeur pénétrant seulement une partie de la pièce.

Luon ; c’est dans un moulin à vent une pièce de bois de trois de long sur 4 à 6 pouces de gros, laquelle est emmortoisée par un bout dans une autre pièce de bois près du rouet.

A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V

M

Machine ; c’est le nom qu’on donne à un petit hérisson de fer d’environ 2 pieds de diamètre, & dont les dents engrènent dans celles du rouet, pour enlever le blé dans le comble du moulin.

Main de l’auget ; c’est le côté de l’auget avalant-l’eau , qui est prolongé pour que le frayon en tournant puisse le frapper.

Manche de bluteau ; on adapte aux bluteaux placés dans les huches, une petite manche dans sa partie supérieure, à peu de distance du palonnier, qui sert à recevoir les grains moulus à la sortie de l’anche des meules.

Marteaux ordinaires ; on en tient toujours 3 ou 4 de grosseurs différentes dans un moulin, pour le service qu’exige perpétuellement les diverses manœuvres & ouvrages à y faire.

Marteau à rebattre ; c’est celui qui sert à piquer & rayonner les meules ; sa tête est mince & son plat affilé. On en a toujours deux ou trois dans un moulin, un peu différens en proportions.

Masse ; c’est un des outils nécessaires à un meunier : elle sert à chasser les coins de braies, ceux qu’on insère entre les meules, lorsqu’on veut lever la meule courante, & à plusieurs autres gros ouvrages.

Mécanisme du moulin à eau ; pour le concevoir il faut faire plusieurs observations.

- 1°. Cette machine hydraulique reçoit son mouvement de l’eau qui arrive sur la roue, remplit ses godets & la fait tourner.
- 2°. L’arbre qui sert d’essieu à cette roue, est aussi l’axe du rouet. Le rouet fait donc autant de tours que la roue.
- 3°. Le rouet étant garni de dents ou chevilles qui engrènent dans les fuseaux de la lanterne, cette lanterne fait beaucoup plus de tours que le rouet, parce qu’elle a peu de fuseaux, tandis que le rouet a un grand nombre de chevilles. Ainsi, quoique le nombre des chevilles du rouet & celui des fuseaux de la lanterne ne soient pas réglés dans tous les moulins dans une proportion semblable, pour prendre un exemple sur des rapports des plus ordinaires, si le rouet a 56 chevilles & la lanterne 8 fuseaux, la lanterne fera 7 tours contre le rouet un.
- 4°. Le gros fer formant L’axe de la lanterne, & étant placé de manière qu’il pivote sur le palier, il s’ensuit qu’il fait autant de tours que la lanterne.
- 5°. Le gros fer étant coiffé de l’anille, & l’anille saisissant la meule courante, il est clair que cette meule fait autant de tours que le gros fer.

De ces observations il résulte que d’un côté la meule courante, le gros fer & la lanterne mis en mouvement font un nombre de tours égaux, & que d’un autre, le rouet du moulin fait autant de tours que la roue. Si l’on prend donc un temps donné, par exemple une minute, & que dans cet espace la roue du moulin fasse 8 tours, si le rouet a 56 chevilles, la lanterne 8 fuseaux & comme on l’a supposé ci-dessus, la meule courante fera 7 fois 8 tours ou 56 tours dans une minute, ce qui est un bon mouvement. Si la roue fait 9 tours dans une minute, alors la meule courante tournera plus gaiement, & fera 7 tours de plus dans une minute, ou au total 63 : enfin, si la roue fait 10 tours par minute, la meule courante en fera 70 ; ce qui est un mouvement très-gai, & qu’on ne doit pas passer, car alors le mouvement deviendroit trop vif & la farine s’échaufferoit en se formant. Les meilleurs meuniers pensent que lorsqu’on a obtenu pour la meule courante 60 tours par minute, on ne doit pas chercher à parvenir au-delà : mais aussi, si on tombe au-dessous, le moulage en se ralentissant devient pauvre, les sons restent gras, & le grain s’aplatit plutôt qu’il ne se pulvérise : enfin, au-dessous de 50 tours, un moulin n’est propre qu’à la mouture commune. Après avoir expliqué la manière dont la meule courante, qui tourne perpétuellement sur la meule gisante, reçoit son mouvement, & à quel point il convient de le fixer, il faut donner une idée de ce qui a rapport au débit des meules, c’est-à-dire, à la quantité de grain qu’un moulin peut moudre dans un temps quelconque, comme par exemple 24 heures. Cela dépendant de plusieurs causes, il est nécessaire de voir travailler un moulin pour l’apprécier. Il y a des moulins qui moulent un setier en un jour, & d’autres qui en moulent jusqu’à 40. En général’ le bon débit d’un moulin, dépend de la quantité d’eau qui y arrive, de la hauteur de la chute, de la perfection de son mécanisme & de la manière dont il est conduit. Un mécanicien bon géomètre voit & calcule tous les résultats qu’il peut attendre de ce que lui présente le local d’un emplacement ou on le charge de construire un moulin : & d’après les avantages & les désavantages qu’il a reconnus, il proportionne toutes les parties & les pièces qui entrent dans cette construction. Il ne s’agit point ici d’entrer dans aucun calcul mathématique, mais de donner seulement des idées des points sur lesquels on peut se régler.

Lorsque l’eau abonde dans un moulin, & qu’elle a une forte chute, on y fixe d’abord le mouvement au degré de vîtesse qu’exige un bon moulage. Comme on y peut faire agir une force capable de surmonter les résistances, on y emploie des meules plus épaisses & plus fortes, qui pouvant recevoir plus de grain, peuvent aussi le moudre sans perdre rien de l’activité de leur mouvement. L’inclinaison plus ou moins grande qu’on peut donner à l’auget en le suspendant, & le mouvement plus ou moins vif qu’il peut recevoir du frayon, servent à régler ce qu’il faut verser de grain sur les meules.

Si l’eau est trop forte dans un moulin, le Mécanicien qui le construit remédie à ce défaut, .en multipliant les fuseaux de la lanterne , & les portant au nombre de 10 , 12 & même plus, ou en donnant moins de diamètre au rouet, ou en espaçant les pas de ses chevilles un peu plus largement.

Si l’eau n’est pas abondante dans un moulin, le mécanicien constructeur cherche à regagner de la vitesse en donnant à sa roue le plus grand diamètre qu’il lui est possible, en tenant conséquemment son rouet plus grand, en serrant davantage les pas de ses chevilles, en diminuant les fuseaux de la lanterne, & les réduisant à 7 ou à 6 ; en employant des meules plus minces & d’un poids moindre. Mais si tous ces soins produisent des avantages, ils ne compensent jamais celui de l’abondance de l’eau. Ainsi la meilleure opération quand l’eau est courte, est de la retenir s’il est possible pendant un temps, pour en avoir une quantité suffisante, afin que lorsqu’on la donne, le moulin travaille bien : il y a alors un gain sensible, soit pour la qualité de la farine, soit pour la quantité qu’on en peut faire. Il vaut beaucoup mieux ne faire travailler un moulin que 12, 15 ou 18 heures par jour, & qu’il marche bien, que de le faire travailler perpétuellement, & qu’il marche mal.

L’habileté du meunier ou du garde-moulin, contribue beaucoup au plus grand débit & au bon moulage du grain , soit par ses soins à ce que les meules soient bien d’aplomb, rapprochées convenablement l’une de l’autre , bien piquées & enrayonnées , que tous les virans & travaillans jouent aisément, & marchent comme ils le doivent, soit en remédiant à propos aux plus petits inconvéniens, & à tout ce qui peut faire naître des résistances ; enfin, il donne perpétuellement aux meules une quantité de grain proportionnelle à leur mouvement & à leur force.

Meules ; les meules sont des tronçons cylindriques de pierre dure, grise, rougeâtre ou blanche, de 6 à 18 pouces d’épaisseur, & de 6 pieds à 6 pieds 6 pouces de diamètre ; leur office est de briser le grain & de détacher la farine de ses sons & enveloppes. Les meules de pierre grises & rougeatres sont les meilleures, mais elles sont communément plus ardentes que celles de pierre blanche ; ces dernières sont plus douces & sont en général de la farine plus blanche , mais elles débitent moins.

Chaque moulin a deux meules égales en diamètre, posées bien de niveau, & placées de manière que leur axe mathématique soit exactement dans la même ligne verticale. L’inférieure se nomme la gissante ou le gîte, parce qu’elle est immobile ; la supérieure, qui pivote sur le papillon du gros fer au moyen de l’anille, se nomme la courante, & reçoit son mouvement du jeu de la lanterne & du rouet ; la première a sa surface supérieure relevée en cône droit de quatre lignes au cœur ; on la nomme pour cela boudinière : la courante au contraire est concave, & même elle doit avoir un peu plus de creux que la boudinière n’a de saillie, pour permettre le partage au grain : on la nomme flanière.

Chaque meule a quatre parties distinctes, le bord, la feuillure, l’entre-pied & le cœur. Le bord est la circonférence extérieure de la meule. La feuillure est à 6 pouces en de-là, en allant vers le centre. L’entre-pied vient ensuite ; & enfin le cœur qui est la partie voisine de l’oeillard. La meule commence à écraser le grain vers le cœur ; le gruau se forme à l’entre-pied ; la farine s’affleure & se fait à la feuillure & jufqu’au bord. Le produit total de la mouture est emporté ensuite par la force centrifuge dans l’orifice pratiqué aux archures au droit de la anche, & se dégorge par cette ouverture.

Les meules s’orientent comme le papillon du gros fer ; elles ont leurs bouts & leurs plats comme lui. Quand on les met en moulage, on observe de placer les plats du papillon parallèlement à la roue, & les bouts parallèlement à la roue, & les bouts parallèlement à son arbre, en bordant bien de niveau, c’est-à-dire, en mettant bien de niveau les bords de la meule courante.

Le piquage & rayonnement des meules se fait en menant du cœur vers les bords des rayons : ces rayons doivent avoir 15 lignes de largeur à l’extrémité de la feuillure, & être séparés dans cette partie de deux pouces à deux pouces & demi entre eux. Ils doivent avoir aussi une saillie de l’épaisseur d’une feuille de papier. Quand on moud des menus grains plats, il faut faire les rayons de 9 à 10 lignes, & les espacer de 18 à 20 lignes, c’est-à dire, les rapprocher & les multiplier davantage.

Les meules d’une seule pièce étant rares, on trouve dans beaucoup de moulins des meules composées de plusieurs carreaux joints ensemble ; mais ces sortes de meules ne font jamais d’aussi bonne farine que celles qui ne sont que d’une seule pièce. La pierre dont on forme les meules étant une espèce de meulière, elle est sujette à avoir des petits trous ou pores ; on les appelle éveillures : quand elles sont trop fortes, on les remplit avec un mastic composé de farine de seigle & de chaux.

La meule courante s’use plus vite que la gissante ; une bonne meule courante dure dans un moulin, travaillant bien, 25 ans, & la gissante 50. En donnant ci-dessus les proportions ordinaires des meules, on n’a entendu parler que de celles des moulins des provinces septentrionales : elles sont en général plus petites dans les provinces méridionales ; on ne leur y donne guère que 4 pieds à 4 pieds & demi de diamètre, mais on leur donne plus d’épaisseur.

Meules ardentes ; ce sont celles qui sont fort coupantes, & plutôt encore par les inégalités naturelles de la pierre, que par la manière dont elles sont rebattues.

Meule boudinière ; nom qu’on donne à la meule gissante, parce que sa surface de dessus est un peu convexe.

Meule courante ; c’est le nom qu’on donne à la meule de dessus , qui est la seule qui tourne.

Meule fianière ; nom qu’on donne à la meule courante, parce que sa surface inférieure, qui joue & tourne sur la meule gissante , est un peu concave.

Meule gissante ou gîte ; c’est le nom qu’on donne à celle de dessous ; elle repose dessus un chassis placé sur le plancher du beffroi ; on l’appelle gissante, parce qu’elle est fixée à demeure, & ne tourne point.

Méteil ; c’est un mélange de froment & de seigle. On sème beaucoup de méteil dans les fermes, & les petits habitans en sèment quantité dans leur champs, quoiqu’en général le seigle mûrisse un peu plus tôt que le froment, & qu’on soit alors forcé de les récolter ensemble ; le méteil est pour l’ordinaire réservé pour la nourriture du cultivateur.

Mesurage ; si on a établi des règles pour fixer les mesures, il n’y en a point de certaines pour le mesurage. La manière de le faire, opère une grande différence dans le poids , sur-tout pour les grains & farines. Un marchand & un bourgeois, étant dans le cas d’acheter des objets considérables, pour éviter d’être trompés, doivent faire tous leurs marchés, au poids ; par-là ils se garantiront des tricheries & tours d’adresses, sur lesquels les revendeurs & regratiers fondent leurs plus grands profits. Mais il est bon qu’ils fassent mesurer aussi, parce que dans l’opération du mesurage, on est plus à portée de bien examiner la qualité de ce qu’on achète.

Meunier ; c’est l’homme qui conduit un moulin, ou comme propriétaire ou comme fermier. Dans les grandes villes & leurs environs, on les paie communément en argent. L’abondance des moutures fait qu’en général le prix y est moins cher que dans les cantons peu peuplés. A Paris & aux environs, on paie depuis 15 sols jusqu’à 20 f pour la mouture simple d’un setier, & 30 sols pour la mouture économique. Dans les provinces & dans les pleines campagnes, on paie en grain, & le meunier prend depuis la douzième jusqu’à la vingt-quatrième partie du grain pour son salaire, avant de vider le sac & d’engrener, suivant la variété des usages des lieux.

Mine ; mesure de Paris, c’est la moitié d’un setier, pour la farine comme pour le grain.

Minot ; espèce de farine.

Minot ; mesure de Paris, il est de trois boisseaux pour le froment, le seigle, l’orge, la farine & pour tous les grains en général , excepté l’avoine , dont le minot est de 6 boisseaux.

Minute ; c’est un petit hérisson. On place souvent à la tête de la huche en dehors un rouleau de bois, sur lequel on arrête les attaches du bluteau, & on fait servir un des bouts de ce rouleau d’axe à une minute : alors ce petit hérisson s’emploie, en le montant ou lâchant de quelques crans, à tendre & roidir le bluteau au point convenable pour qu’il blute bien. On se sert encore de minutes pour beaucoup d’autres opérations dans un moulin, lorsqu’elles n’exigent pas une grande force.

Moudre gras ; lorsque les meules sont fatiguées, & que le rayonnement est usé , elles aplatissent le grain au lieu de le réduire en poussière ou fleur de farine ; c’est ce qui annonce qu’elles ont besoin d’être rebattues, & ce qu’on appelle moudre gras.

Moudre rond ; c’est un moyen moulage. Lorsque la meule courante ne tourne ni trop vite, ni trop lentement, qu’il n’est pas nécessaire de trop rapprocher les meules ni de les trop élever l’une de l’autre pour qu’elles aillent aisément, on dit que le moulin moud rondement.

Moulage ; ce mot a trois sens principaux,
- 1°. On s’en sert pour désigner l’action des meules ;
- 2°. ce que cette action produit ; c’est-à-dire, qu’on désigne souvent par ce mot le grain broyé, dans l’état où il se trouve lorsqu’il sort de dessous la meule ;.
- 3°. l’ensemble des parties du moulin,qui agissent & servent à produire le moulage.

Moulage pour pain de munition ; il doit être fait, les meules fort rapprochées ou atterrées, à cause qu’on ne retranche point le son dans le pain de munition, & qu’on cherche à le pulvériser autant qu’il est possible ; au lieu que dans les autres moutures, on tend à l’enlever légèrement de dessus le grain, sans qu’il retienne de substance farineuse.

Par une Ordonnance du 22 mars 1776, la ration du soldat, toujours fixée à 24 onces de pain, devoit être composée de moitié froment & moitié seigle, dont la farine seroit blutée à raison de l’extraction de 20 livres de son sur 200 livres de grain : mais depuis le premier janvier 1779, le ministère a fait suspendre l’exécution de cette ordonnance, & on a fourni aux troupes le pain de munition sur le pied de trois quarts de froment & un quart de seigle, sans aucune extraction de son.

Les gens les plus instruits, qui ont le mieux étudié cette matière, & qu’aucun intérêt particulier ne domine, pensent que la vraie proportion seroit de ne mettre que deux tiers de froment contre un tiers de seigle, selon l’ancien usage avant 1776, & d’extraire du grain un dixième de gros son ; cela formeroit un pain très-sain pour les troupes & ne feroit pas une différence sensible dans la dépense. Le son ne nourrit point ; ainsi il est juste de le soustraire. Si on met trop de seigle dans le pain, comme moitié, il fermente promptement, & l’acide de ce grain le fait moisir, en été sur-tout. Une forte proportion de froment, jointe à l’extraction du gros son, renchériroit trop la ration. La mixtion de deux tiers froment & d’un tiers seigle, avec l’extraction d’un dixième de son, lève toutes ces difficultés, & procure un pain salubre à-peu-près au même prix, la différence d’une ration à l’autre n’étant pas d’un vingtième.

Quant à la fabrication du pain de munition, sur un sac de farine pesant 200 livres, on met 115 liv. d’eau, & on fait 90 pains de munition, formant chacun deux rations, & pesant trois livres, ou ensemble 270 livres.

Moulin ; c’est une forte machine qui, opérant un grand travail, épargne la main d’oeuvre dans beaucoup d’arts ; il y en a de bien des espèces différentes ; mais relativement à la préparation des grains , ils se réduisent à quatre sortes, les moulins à eau dont l’usage est très-ancien en France ; les moulins à vent, dont l’usage n’est connu en Europe, que depuis les croisades, & qui ont été inventés en Asie ; les moulins à chevaux ou bœufs, qui sont les moins en usage, sur-tout en Europe ; & les moulins à bras auxquels on n’a guère recours que dans les cas de nécessité, parce qu’un homme travaillant bien ne peut pas moudre plus de 15 livres de froment en une heure de temps.

Les moulins à eau reçoivent leur mouvement d’un courant d’eau, qui passe dessous la roue, ou arrive dessus , ce qui les divise en deux espèces. Lorsque la roue plonge dans un courant qui passe au-dessous du moulin, on la fait marcher au moyen d’aubes qui y sont adaptés ; c’est ce qui a fait appeler cette sorte de moulin, moulins à aube ou moulins en-dessous. Si l’eau arrive au-dessus de la roue du moulin, on la reçoit dans des cellules ou godets formans des espèces de pots pratiqués dans la circonférence de la roue, & qui se remplissant, la font tourner. On appelle ces moulins par cette raison, moulins à pots ou en-dessus.

Moulins banaux ; ce sont ceux qui appartiennent à un Seigneur par droit de son fief, & où tous ses vassaux sont obligés de faire moudre leurs grains, sous une redevance fixée par ses titres.

Moulins des environs de Paris. A 10 lieues à îa ronde de Paris, sur une surface contenant environ 300 lieues quarrées, on compte 500 à 550 moulins à eau, dont on estime la mouture à douze cent mille setiers. Il y a au moins autant de moulins à vent, dont la mouture n’est estimée qu’au tiers ; ainsi cette quantité de moulins ne peut pas fournir aux besoins du pays, & à ceux des villes de Paris, de Versailles & des petites villes de cet arrondissement ; aussi apporte-t-on à Paris des farines de plus loin. Cette observation devroit exciter beaucoup de meuniers & de propriétaires de moulins, qui se bornent à la mouture rustique, à entreprendre la mouture économique dans leurs meilleurs moulins , afin de faire de belles farines pour la capitale & les villes qui l’avoisinent, ce qui leur seroit d’un plus grand profit.

Moulin à pots ; c’est un moulin dont la grande roue reçoit l’eau par en-haut : c’est ce qui le fait appeler aussi moulin en-dessus. On n’établit ces fortes de moulins que dans les lieux où l’eau est peu abondante, mais où l’on dispose d’une grande chute. La force de la chute de l’eau contribue beaucoup à la vitesse du mouvement de la roue. On a observé dans un moulin dont la chute étoit de 16 pieds, qu’il ne dépensoit que le tiers de l’eau d’un moulin de 8 pieds de chute, pour moudre une quantité égale de grains.

Mousse ; les meuniers attentifs ont soin d’en avoir toujours dans leur moulin de préparée & bien épluchée, pour boucher tous les petits trous & ouvertures par lesquels l’eau servant à leur travail peut se perdre, soit dans la reiliere, soit dans l’auge, soit dans les godets de la roue, tenant toutes les jonctions de pierres ou de planches bien calfeutrées comme les coutures du bordage d’un bateau.

Mouture à la grosse ; c’est celle qui se pratique dans les moulins où il n’y a point de bluteau. Le grain moulu s’emporte dans les maisons des boulangers ou des bourgeois, comme il sort de dessous la meule, & c’est chez eux que se fait le blutage. Cette sorte de mouture est fort en usage dans nos provinces méridionales & dans plusieurs autres cantons. Aux environs de Gonesse, il y a beaucoup de moulins où on moud à la grosse pour les boulangers de ce lieu.

Mouture méridionale ; c’est celle où l’on moud le blé premièrement, & où on le blute ensuite à part.

Mouture septentrionale ; c’est celle où on se sert de meules beaucoup plus grandes que dans la mouture méridionale.

Mouture pour le bourgeois ; c’est lorsque le blutoir n’est pas si fin que celui pour la mouture du riche, ni si gros que celui de la mouture du pauvre, en sorte qu’il passe du son avec la farine.

Mouture pour le riche ; c’est lorsque le bluteau est assez fin pour ne laisser passer que la fine fleur de la farine.

Mouture pour le pauvre ; c’est lorsque le bluteau est assez gros pour laisser passer le gruau & la grosse farine avec partie du son.

Mouture économique ; cette mouture est la plus profitable de toutes. On parvient, au moyen des difïérens blutages qu’on y emploie, à séparer parfaitement les sons des gruaux ; & en repassant à la meule tous les gruaux que rendent ces divers blutages, on tire beaucoup davantage de farine ; on la tient divisée suivant ses qualités.

Un setier de froment pesant 240 livres poids de marc, moulu économiquement, doit rendre 185 livres de farine & 50 livres de son ; savoir, 8 boisseaux ou 100 livres de fleur ou première farine , 4 boisseaux ou 48 livres de farine de premier g uau ou gruau blanc ; deux boisseaux ou 25 livres de farine de second gruau ou gruau gris, & un boisseau ou 12 livres de farine de gruau bis ; 6 boisseaux de gros son, pesant 24 livres ; un boisseau de remoulage ou second son, pesant 7 livres ; 2 boisseaux de recoupes & recoupettes, pesant 19 livres. Si on additionne toutes ces pesées, on trouvera un déchet de 5 livres occasionné par le travail du moulage, du remoulage & des bluteaux.

Il n’y a guère plus d’un siècle que la monture économique est devenue en usage ; elle a trouvé, malgré son utilité, de l’opposition dans son établissement, comme il arrive d’ordinaire pour toutes les idées nouvelles. Il faut un temps pour surmonter l’erreur & détruire les préjugés.

On appelloit par dérision, farine de Champagne, les farines provenant des gruaux, & il étoit défendu aux boulangers de les employer. La mouture économique a enfin pris le dessus sur toutes les autres ; elle s’est fort multipliée & perfectionnée depuis quelques années.

Mouture rustique ou de paysan ; elle ne diffère de la mouture en grosse, que parce que le moulin fait travailler un bluteau commun, où le grain moulu est tamisé en sortant des meules. Cette mouture est si imparfaite, que d’un fetier pesant 240 livres, elle ne rend que depuis 80 jusqu’à 120 liv. de farine ; tout le reste passe en son ou recoupes.

Muid de grain ; il est composé de 12 setiers. Le muid de froment doit peser au moins 2800 liv.

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O

Oeillard ; c’est l’ouverture qui est au centre des meules ; celui de la meule gissante est rempli par la boîte & les boitillons ; mais celui de la meule courante reste ouvert des deux côtés de l’anille , pour que le grain sortant de l’auget, tombe dedans, & puisse arriver entre les deux meules.

Orge ; L’orge est plus légère que le froment : le setier, mesure de Paris, ne pese que 212 à 225 livres ; elle rend beaucoup de son. Par la mouture rustique, on n’en tire que 70 à 75 livres de farine du setier, & par la mouture économique 120 à 130 livres.

Orgueil ou cremailllère ; outil servant d’appui a la pince pour lever la meule.

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P

Pajotage ; on entend par ce mot, la subversion des jantilles de la grande roue dans l’eau, au fond de la coursière , soit par le défaut de pente suffisante à cette coursière ou au canal qui reçoit ses eaux, ce qui occasionne un refoulement. Le pajotage est fort nuisible au mouvement d’un moulin, parce qu’il oppose une force qui agit en sens contraire à celle de l’eau qui sort de l’auge & qui remplit les godets. La roue est donc obligée de vaincre cette résistance, ce qui retarde d’autant son mouvement.

Palier ; c’est, dans un moulin, une pièce de bois , d’un demi-pied de largeur & cinq pouces d’épaisseur, sur neuf pieds de longueur, entre ses deux appuis, & dont les deux bouts, taillés en dos de carpe, portent sur deux pièces de bois qu’on nomme braies. Le palier se plie & devient élastique sous le poids de la meule , de la lanterne & de l’axe du fer qu’il supporte.

Palier de heurtoir ; pièce de bois emmortoisée dans les hautes pannes, ayant dans son milieu une semelle à laquelle est fixé le heurtoir.

Palonnier ; c’est un rouleau de bois ressemblant au palonnier d’une voiture, qu’on attache à l’extrémité supérieure du bluteau , & qui sert, au moyen des accouples, à le contenir fermement vers la tête de la huche.

Panneaux ; pièces de menuiserie qui font le pourtour des meules.

Papillon du gros fer ; on appelle ainsi la partie da fer qui passe dans l’anille ; on amincit le gros fer dans cette partie, en l’aplatissant, pour qu’il s’ajuste mieux dans l’anille.

Paremens ; morceaux de bois qu’on ajuste avec les chanteaux pour fermer le rouet du moulin à vent.

Pas ; c’est la distance qui se trouve entre chaque cheville du rouet. On donne au plus grand 5 pouces & au plus petit au moins 4. On règle proportionnément de même la distance des fuseaux de la lanterne, pour que l’engrenage se fasse facilement sans secousse ni soubresaut.

Pas de crapaudine ; ce sont plusieurs petits creux placés dans la crapaudine. Le meunier fait porter le pivot du gros fer, tantôt dans un pas, tantôt dans un autre, suivant qu’il se fatigue ou s’use : cela fait que la crapaudine sert plus longtemps , sans qu’on soit forcé de la démonter & reforger.

Passemens ; ce sont de petits cordages ou cordons qui servent à mieux assujettir & contre-tenir les orifices de la manche & du pied du bluteau , afin qu’ils ne vacillent point & que le blutage se fasse bien. On les bride plus ou moins pour trouver la meilleure position possible du bluteau & en faciliter le travail. La plus grande partie des meuniers les suppriment, & trouvent moyen d’assujettir leurs bluteaux sans y joindre des passemens.

Pertuis ; ancien terme qui signifie une ouverture, un orifice ; on l’a conservé dans le langage des arts. Le pertuis d’une vanne d’un empalement, est l’ouverture par laquelle l’eau s’échappe.

Peser la meule ; c’est chercher son équilibre en apuyant sur les quatre points, pour voir si elle ne pèse pas plus d’un côté que de l’autre.

Petit chable ; c’est celui du treuil qui sert à monter les sacs.

Petit palier ; on a donné ce nom à une solive placée parallèlement au grand palier, qui sert à soutenir le pivot inférieur du babillard.

Petit treuil ou treuil d’en-bas ; on l’appelle aussi moulinet. Il est armé de quatre barres ; on y fait aboutir un des bouts de la vindenne qu’on vire dessus pour faire tourner le grand treuil. Le petit treuil se place ordinairement horizontalement, en faisant porter un des tourillons de son arbre dans le mur de goutte avalant-l’eau de la salle du moulin : on soutient l’autre bout par un pilier ou pied droit scellé dans la sole de cette salle.

Pied de la huche ; c’est la partie où aboutit l’orifice du bluteau, par lequel il se décharge des sons & gruaux.

Pince ; on a toujours besoin dans un moulin d’une forte pince ; elle sert dans les manœuvres à soulever les meules & aux autres gros ouvrages.

Pipes ; ce sont de petits coins de fer que l’on chasse entre l’anille & les plats du papillon, pour les fixer ensemble.

Pipoir ; outil servant à ferrer les pipes ou petits coins de la meule d’un moulin à eau.

Piquage & rayonnement ; il se fait en rebattant les meules. Pour cet effet, on conduit, du cœur de la meule à l’extrémité de la feuillure, des rayons qui s’élargissent en proportion égale, en gagnant sa circonférence. On ne les creuse que de l’épaisseur d’une forte feuille de papier ; tellement qu’il y ait alternativement un rayon creux & un plat formé par la superficie de la meule, qu’on laisse intacte. On ne donne aux rayons creux que la moitié de la largeur qu’on laisse aux rayons plats. Une meule bien repiquée ou rebattue, expédie davantage, c’est-à-dire, qu’elle moud plus de grain dans le même espace de temps, sans que la roue tourne plus vite ; on en a fait l’expérience dans des moulins ou on a trouvé que cela alloit à plus de moitié en sus, quand l’ouvrage étoit bien fait. Lorsqu’un moulin va fort gaiement, il faut repiquer les meules tous les 15 jours ou toutes les trois semaines.

Plafond ou doublage de la roue ; c’est un assemblage de planches de chêne, sur lesquelles on cloue ou cheville les jantiiles. Le plafond détermine la largeur ou épaisseur de la roue à pot ; on la règle sur l’abondance de l’eau qui arrive sur la roue ; c’est sur le plafond que le ciel des augets est cloué.

Plats de la meule ; on entend par cette expression les deux extrémités du diamètre de la meule, pris dans la même direction que les plats du papillon du gros fer.

Plat à mont l’eau ; on appelle ainsi dans un moulin à eau, le côté de la meule où l’une des fleurs de l’anille est posée, & qui regarde le coté d’où vient l’eau.

Plat avalant-l’eau ; c’est le côté opposé qui regarde l’eau qui fuit.

Plats du papillon du gros fer ; ce sont les côtés les plus larges de la partie où il est aminci. On oriente les plats du papillon parallèlement à la roue du moulin, avant de mettre la meule courante en moulage.

Plumarts ; ce sont des pièces de fonte de cuivre ou de bois, servant de chevet aux tourillons qui arment les extrémités de l’arbre tournant d’un moulin.

Poilette ; on appelle ainsi une boite de fer enchâssée & clouée dans le palier, au milieu de laquelle est placée la crapaudine , sur laquelle tourne le pivot du gros fer.

Pointe ou pivot du gros fer ; c’est son extrémité inférieure qu’on acère fortement, & qu’on termine en pointe , pour qu’il puisse rouler facilement dans le pas de la crapaudine placée sur le palier.

Porte-tremillon ; ce sont deux traverses qui passent d’un des trémillons à l’autre, & sur lesquels ils sont cloués ; i !s servent à les élever, à les contretenir, & forment avec eux une espèce de châssis, au milieu duquel on place la trémie.

Poteau d’exillon ; on place les poteaux d’exillon à mont & avalant du beffroi, vis-à-vis les extrémités du palier : leurs tenons sont reçus haut & bas dans des mortoises taillées dans les traverses du beffroi ; ils servent à arc-bouter l’exillon.

Poteaux corniers ; on appelle ainsi les poteaux qui sont aux angles de la cage d’un moulin ; ils ont 19 pieds de long sur 10 à 11 pouces de gros.

Poulie de renvoi ; il y en a beaucoup de placées dans un grand moulin, suivant les différentes mécaniques qu’on établit sur son rouage. C’est l’habileté du meunier ou du mécanicien qu’emploie à l’aménagement de son moulin , qui décide le lieu où il les faut fixer pour produire un bon effet.

Poulie de renvoi du treuil à monter les sacs ; c’est une poulie attachée au plancher de la cage du moulin, à quelque distance de ce treuil, sur le rouet de laquelle passe une corde qui tient au sac de farine ou de grain qu’on a élevé en l’air, au moyen de quoi, on le fait arriver dans l’endroit où on veut le déposer , en halant dessus cette corde ou la lâchant,

Poutrelle ; on donne ce nom à une solive glus ou moins forte, scellée dans les murs d’amont et d’aval du moulin, qui sert à soutenir un des bouts de l’arbre du treuil d’en haut.

Prespiration ; c’est la pénétration de l’eau dans les terres qui l’avoisinent. On fait un quai, un mur dont les pierres sont liées à chaux & ciment, ou un courroi de glaise, pour retenir l’eau d’un canal, ou d’un courant d’eau, & empêcher qu’elle ne se perde par la prespiration.

Produit du froment en pain ; on estime en général ce produit à-peu-près égal au poids du grain, parce que l’eau qui s’incorpore dans le pain à sa fabrication, remplace le son qu’on sépare & distrait dans la mouture par le blutage. Le produit, quand les farines prennent bien l’eau, excède même le poids du grain d’un seizième ou un dix-huitième par la mouture économique. Un setier de blé, mesure de Paris, doit rendre 185 livres de farine : on met les deux cinquièmes d’eau pour le moins en sus du poids de la farine en fabriquant le pain. Il s’évapore dans la cuisson la moitié de l’eau employée pour pétrir ; donc, avec 185 livres de farine, on doit faire au moins 246 livres de pain. Par ce calcul il se trouve 6 livres de pain d’excédant sur le poids ordinaire du setier, qui est de 240 livres.

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Q

Quenouille ; c’est la même chose que la baguette du bluteau ; ce mot est peu en usage.

Quêter mouture ; dans beaucoup de cantons, & surtout dans les villages éloignés des grandes villes, les meuniers qui n’ont point de moulins banaux , sont en usage de courir les villages & habitations avec des bêtes de somme, pour demander aux habitans leurs grains, dont ils leur rapportent ensuite la farine ; c’est ce qu’on appelle quêter mouture.

Quintin ; espèce de canevas apprêté en couleur bleue ; il porte le nom de la ville de Bretagne où il s’en fabrique le plus. Il a une demi-aune de large ou à-peu-près, & sert principalement pour les bluteaux ronds, & sur-tout ceux de dodinage.

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R

Rame ; c’est le terme dont on se sert dans les provinces méridionales du royaume, pour désigner le grain moulu, sortant de dessous la meule. Dans ces pays on n’est point dans l’usage d’adapter des bluteaux aux moulins ; le blutage se fait chez le bourgeois ou chez le boulanger. On met la rame en tas ; on la laisse fermenter & se refroidir ; on ne la blute que 5 ou 6 semaines après qu’elle est sortie des meules. Cet usage, imité dans les provinces septentrionales, seroit dangereux à cause de la grande humidité & de la différence de température.

Rebattre les meules ; c’est les repiquer, pour qu’elles puissent moudre le grain plus facilement.

Recoupe ou petit son ; c’est le son qui provient des gruaux appelés bis ou gros gruaux , lorsqu’ils ont été repassés sous la meule ou reblutés au bluteau cylindrique. Nous disons reblutés, car beaucoup de meuniers ne portent pas leur travail & leur économie jusqu’à remoudre les gruaux bis. La recoupe pèse 6, 7 & jusqu’à 8 livres le boisseau, suivant la qualité du blé.

Recoupette ; on a donné ce nom au son que rejette le bluteau cylindrique, & à celui qui provient des gruaux que son blutage produit. C’est le plus mince de tous les sons, ce qui sans doute a déterminé à se servir d’un diminutif pour le désigner.

Reillere ; conduite de pierres ou de bois, par où l’eau est amenée sur la roue d’un moulin à pots.

Remoulage ; c’est le second son qui est composé principalement de la seconde écorce du blé. Il provient des gruaux blancs, autrement appelés gruaux fins ; on le confond & mêle souvent avec les recoupes, mais ce n’est pas une économie. Le remoulage mis à part, pèse 7 à 9 livres le boisseau, mesure de Paris. Comme il y reste un peu de farine, ce que sa couleur blanche annonce, on l’achète par préférence pour engraisser les volailles.

Rengrener ; c’est remoudre le gruau, comme on a moulu le grain.

Repassage des sons & gruaux ; dans les petits moulins ou l’on ne moud que pour les gens de campagne & le petit peuple, & ou l’on moud peu de froment, mais beaucoup de grains mêlés, seigle, orge & autres espèces, on n’opère pas aussi économiquement que dans les grands moulins, qui fournissent la farine de froment aux villes et préparent celle qui fait le plus beau pain. Le plus souvent on ne se sert que d’un seul bluteau dans les petits moulins, & il n’y a point de dodinage. Comme il s’ensuivroit qu’on perdroit une quantité considérable de farine, si on ne repassoit pas sous la meule les sons & gruaux qui proviennent du premier blutage, tous les petits meuniers attentifs à leur intérêt, ont ce soin, pour conserver leurs pratiques & diminuer la prévention sur leur infidélité. Pour faire ce repassage ils altèrent un peu les meules, mais ils ne chargent point le bluteau.

Repasse ; on nomme ainsi une grosse farine que l’on repasse par un blutoir, pour la séparer du son.

Reprises ; les meuniers se servent de ce terme pour exprimer les sons & gruaux qui restent après la première mouture du grain, quand on a tiré au bluteau la fleur ou la première farine.

Rhabiller des meules ; c’est les rebattre & les mettre en état de service.

Rivet (le,) ou les rivets ; ce sont des planches de bois dur qui ont à-peu-près la moitié de la largeur des jantilles, & qu’on y cloue par dessus pour les consolider, en les posant à fleur de la circonférence extérieure de la roue, & les faisant aboutir sur le bout des embrasures.

Roue ou la roue à pot ; est la grande roue placée à l’extérieur du moulin, laquelle reçoit l’eau de la reillère ; elle a pour essieu l’arbre du moulin, pour raies ses embrassures, pour jantes les jantilles soutenues de leur rivet & plafond.

Rouet ; c’est le nom qu’on donne à une grande roue dentée, adaptée à l’arbre de la roue à pot, & placée dans l’intérieur du moulin parallèlement à celle-ci. Ces dents ou chevilles sont perpendiculaires au ceintre de ses jantes, & elles sont espacées comme les fuseaux de la lanterne qu’elles engrènent, pour imprimer le mouvement à la meule courante, dont l’axe est commun avec celui de la lanterne. Le rouet doit avoir à-peu-près la moitié du diamètre de la roue à pot.

Rouet de bluteau cylindrique ; il est simple comme celui d’une poulie ; on le place ordinairement entre le grand rouet & le mur de tampane : on lui donne le diamètre qui lui est nécessaire pour que le bluteau ait un bon mouvement ; il est formé avec des planches de chêne de deux ou trois pouces d’épaisseur, bien assurées sur le grand arbre qui lui sert d’axe ou de moyeu : on creuse une gorge sur toute la circonférence de ce rouet, ou l’on place la chaîne du bluteau lorsqu’on veut le faire travailler, Cette chaîne passant en même temps sur la gorge du rouet pratiqué dans le tampon de l’axe du bluteau , & ce dernier rouet ayant un diamètre très-petit en comparaison de celui établi sur le grand arbre, il fait mouvoir très-vîte le bluteau, parce que, ses révolutions sont bien plus courtes.

Rougir la farine ; quand le mouvement des meules est trop vif, elles rougissent la farine qu’elles font, soit parce qu’elles pulvérisent le son par le grand mouvement de la meule courante, soit parce qu’elles échauffent la farine ; c’est un grand défaut qu’il faut éviter dans la mouture.

Rouleau des meules ; c’est un rouleau de bois ressemblant à un boulet ramé, qu’on passe entre les meules, lorsqu’on lève ou rabat la meule courante.

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S

Sabot ; mot en usage , principalement dans nos provinces méridionales, & dont on se sert au lieu de celui d’auget.

Sac à son ; c’est un sac qu’on attache à l’extrémité de la huche, & qui reçoit tout ce que le bluteau rejette.

Sac de farine ; il doit contenir, suivant le poids admis à la halle de Paris, 320 livres de farine, & peser 325 livres : on passe 5 livres pour la tare du sac. Cependant l’usage fait qu’on accorde 13 livres pour le sac dans les ventes qui se font aux halles, le sac de farine devant contenir 24 boisseaux, pesant 13 livres poids de marc.

Sas ; c’est à proprement parler un tamis de soie de cochon ou de sanglier ; ce terme, qui est ancien, ne s’emploie plus par les ouvriers qui s’en servent, que synonymement à celui de tamis.

Seigle ; il pèse souvent plus que le froment, rarement moins. Un setier de bon seigle, mesure de Paris, ne rend par la mouture rustique que 120 à 130 livres de farine, & par la mouture économique 180 à 185 livres. Sa farine doit avoir, lorsqu’il est bien choisi, une odeur agréable de violette ; il la perd en partie par la mouture économique, qui dissipe par le repassage ou remoulage la substance la plus volatile du grain.

Sellette ; chassis de menue charpente qui sert à assujettir le haut du frayon.

Setier, mesure de Paris ; est de 12 boisseaux pour la farine & tous les grains de même, excepté l’avoine, dont le setier est de 24 boisseaux. Le setier de son se livre à la mesure de 25 boisseaux, comme la farine.

Signolle ; espèce de dévidoir construît sur l’axe ou arbre du grand treuil, pour que la vintaine avec laquelle on le fait mouvoir, puisse s’envelopper dessus. Pour cet effet on monte sur une des extrémités de l’arbre de ce treuil quatre raies qu’on assure fermement dans les mortaises à 3 pieds plus ou moins ; on en place de même 4 autres parallèlement aux premières ; ensuite on attache d’une raie à l’autre 4 traverses sur leur extrémité supérieure, & sa corde, dite vintaine, s’enroule ou se dévide dessus ces traverses. Dans beaucoup de moulins, sur-tout lorsque les meules sont grandes & épaisses, on fortifie la signolle par des arcs-boutans qui vont d’une traverse à l’autre, & même par des jantes qui enveloppent les raies.

Soles du beffroi ; ce sont deux poutres parallèles à celles dites empoutreries, qui soutiennent par en-bas l’assemblage du beffroi ; on y pratique des mortaises pour recevoir les tenons des piliers.

Sommier ; pièce de bois de 12 pieds de long sur 24 pouces de gros, sur lequel le moulin tourne.

Son ; le son est la peau du grain ; il est séparé parfaitement par le dodinage ; on le met, après cette opération, à part dans le moulin. Le grain est mal moulu lorsqu’il reste au son quelques parties de farine. Par l’examen du son sortant du bluteau, on voit si le grain est moulu gras, & si les meules ont besoin d’être rebattues.

Son gras ; terme adopté pour désigner le son qui retient beaucoup de farine par le mauvais moulage, ce qui arrive principalement, lorsque le grain s’applatit plutôt qu’il ne se broie entre les meules. Les blés humides rendent aussi du son gras, sans que cela provienne du mauvais état des meules, mais de son humidité qui empêche la farine de se pulvériser.

Son lourd ; c’est le terme dont les meuniers se servent pour désigner celui dont la pesanteur provient plutôt de l’épaisseur de l’écorce du grain, que de la quantité de farine qu’il retient.

Son maigre ; quand, par l’opération d’un bon moulage, la première peau du blé a été enlevée sans qu’il y soit resté de farine , on distingue ce son par le nom de son maigre ; il est séparé en-suite des farines & gruaux par le travail des bluteaux. Si ce son est long ou roulé en petites feuilles comme des copeaux, c’est une marque d’une excellente mouture.

Son de menu grain ; les sons du seigle , de l’orge, de l’avoine , sont fort inférieurs en qualité à ceux du froment ; & celui du sarasin est moins bon encore. Comme la valeur de ces sons est foible, on ne les partage pas en classes ou espèces, ainsi que ceux du froment.

Sonnette ; on établit toujours une sonnette près le moulage, pour avertir le garde-moulin d’engrainer, s’il s’endort, ou s’il néglige de regarder à temps si le grain mis dans la trémie finît d’être moulu. Pour qu’elle ne sonne que lorsqu’il est convenable d’engrainer, on enfonce la corde qui y répond, dans le grain, de manière qu’elle ne s’échappe & ne redevient tendue, que quand il n’y a plus de grain qui la couvre. Comme cette corde tient à l’auget ou au baille-blé , & à un tourniquet attaché sur la trémie, le frayon lui donne un mouvement suffisant pour faire tinter continuellement la sonnette.

On a une seconde sonnette dans les moulins où l’on est en usage d’aller quêter mouture, que le garçon qui va en chercher dans les villages, sonne devant les portes de chaque habitant.

Souche ; c’est, dans un moulin, un morceau de bois de 15 pouces de diamètre sur 6 pouces d’épais, placé au milieu du palier du petit fer, ayant dans son milieu un pas ou la crapaudine, dans laquelle tourne le bout inférieur du petit fer.

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T

Tambour de tarare ; c’est un tronçon cylindrique & creux comme la caisse d’un tambour, & ouvert des deux bouts, qui forme la boîte de cette machine. Les ailes du tarare jouent au milieu de ce tambour.

Tamis ; on s’en servoit, avant qu’on eût inventé les bluteaux, pour séparer les farines & gruaux du son. Il y en avoit de diverses espèces, de crin, de toile dite canevas, même de peau apprêtée & piquée comme les cribles.

Tampane ; c’est le pignon de la cage du moulin, que le grand arbre traverse, & qui forme un des côtés de la coursière, où la roue du moulin tourne.

Tampon ; c’est un morceau de bois rond, ou chapeau, appliqué au sommet de l’axe d’un bluteau ou d’un crible cylindrique & d’un tarare : on y pratique une gorge pour lui faire faire l’effet d’un rouet, & pouvoir par ce moyen faire tourner ces machines.

Tarare ; espèce de ventilateur à ailes, d’un bois, léger & fort mince, qui est renfermé, dans un tambour ouvert des deux bouts ; il sert à nétoyer le grain : on le meut, ou à bras, au moyen d’une manivelle qu’on place à l’extrémité supérieure de son axe, ou on lui imprime du mouvement par quelque mécanisme adapté aux virans & travaillans du moulin.

Souvent il se meut au moyen d’une petite lanterne placée horizontalement au-dessous du palier, dont les fuseaux engrènent dans les chevilles du rouet à mesure qu’elles arrivent à l’extrémité de son diamètre horizontal ; sur l’arbre de cette lanterne est une poulie qui reçoit sur son rouet une corde, laquelle répond à une autre poulie tenant à l’axe du tarare, & qui le fait tourner.

Dans d’autres moulins, on pose une grande poulie horizontalement sur la tête du frayon ; elle répond par des cordes à d’autres poulies de renvoi, dont une tient à l’axe ou au tampon du tarare, qui, par leur jeu, est mis plus simplement & tout aussi vivement en mouvement que par une lanterne.

Au-dessus du tarare on place une trémie, où se verse le grain à vanner & nétoyer ; & sous cette trémie, on ajuste un auget qui reçoit le grain de la trémie & le reverse sur les ailes du tarare près son axe. Quelquefois on supprime cet auget ; mais alors l’orifice de la trémie doit être plus étroit.

Tète de la huche ; c’est la partie où sont attachés le palonnier & le sommet du bluteau.

Terres propres à nourrir ; les peuples qui s’en servent pour leur subsistance, les ont presque toujours employées dans des compositions d’alimens, plutôt qu’en nourriture simple. Tel étoit chez les anciens l’alica, tel est le fromage de cachou, les nids d’hirondelle à la Chine, & les terres bolaires dont font usage les Mogols, les Persans, les Turcs & les Tartares, Mais comme cet article a peu de rapport à ceux que nous traitons ici, il suffit d’observer que ces terres ont besoin d’être moulues, bien préparées & purgées de toutes les parties qui ne sont pas nourrissantes, de même qu’on extrait les sons des grains.
On trouve de ces terres en beaucoup d’endroits, en Europe , aux environs du Vésuve, aux environs de Lisbonne, où elles sont appelées terres de Buccaros. Suivant les relations des voyageurs, on en trouve en Egypte, aux environs du Cap-Verd, en Guinée & plusieurs autres endroits de l’Afrique. L’Asie en produit encore davantage ; sur-tout l’Arménie, le Bengale & la Chine : enfin en plusieurs lieux de la Terre-ferme de l’Amérique on en a découvert. Dans tous ces pays, les peuples qui les habitent en font usage comme d’une nourriture animale. Les physiciens & plusieurs savans pensent que ces terres ne sont que le produit des volcans ; ce qu’il y a de certain, c’est qu’on en rencontre plus communément dans leur voisinage.

Tirasses ; ce sont de petites plaques de fer percées de trous qu’on attache au palonier du bluteau, qui, traversant la cloison de la tête de la huche, sortent en dehors. On les arrête en plaçant une cheville de fer dans un de leurs trous : elles servent à roidir le bluteau ou à le lâcher au point où on le désire.

Toiles des ailes d’un moulin a vent ; c’est un gros coutil qui a la largeur de la moitié d’une des ailes.

Tourillons ; ce sont deux fortes chevilles de fer enfoncées dans le cœur de l’arbre du moulin, à chacune de ses extrémités, limées, arrondies & polies dans l’extrémité saillante : on fait porter le grand arbre sur ses deux tourillons. Pour qu’il puisse tourner facilement, ils doivent être bien exactement fixés au centre de l’arbre, & le mettre dans un parfait équilibre.

Tourillons du treuil d’en-haut ; dans les grands moulins, où les meules sont larges & fort pesantes, ces tourillons sont de fer acéré & poli comme ceux de l’arbre du moulin. Mais dans les petits moulins on les forme dans le corps du bois de l’arbre du treuil, en arrondissant ces extrémités comme on fait celles de l’essieu de bois d’une charrette ou d’un tombereau.

Tourniquet de sonnette ; on l’attache de façon qu’avec la corde qui y tient, il puisse tourner par le mouvement que lui communique le frayon, & qu’en faisant sonner la sonnette, il réveille l’attention du garde-moulin, & l’avertisse qu’il est temps d’engrainer.

Tourteaux ; nom que l’on donne au plafond d’en-bas d’une lanterne & à celui qui en forma le dessus : on fait ceux de la lanterne des meules de morceaux de bois de chêne bien assemblés & épais de 4 pouces & même plus ; pour donner plus de force à cette lanterne.

Tourtes ; on donne dans un moulin ce nom aux deux pièces circulaires de la lanterne qui sont destinées a recevoir les fuseaux.

Trattes ; ce sont deux pièces de bois qui font partie de la chaise servant à supporfer la cage d’un moulin.

Traverses d’empoutrerie ; ce sont des pièces de charpente placées dans le sens de l’arbre du moulin, qui font l’assemblage des pièces d’empoutrerie, lesquelles en reçoivent les tenons.

Traverses de sîgnolle ; ce sont des barres ou tringles de bois posées parallèlement à l’arbre ou essieu du treuil sur l’extrémité des raies, 8c qui s’étendent d’une raie à l’autre.

Traverses de soles ; pièces de charpente placées amont & avalant l’eau du moulin, formant l’assemblage de la sole du beffroi, leurs tenons étant reçus dans des mortaises ouvertes vers l’extrémité des deux soles.

Trémie ; c’est une auge dont les bases sont quarrées, & qui a la forme d’une pyramide tronquée & renversée. Sa base inférieure forme une ouverture étroite par laquelle le grain tombe dans l’auget placé dessous. Il est essentiel que la trémie soit toujours bien suspendue au-dessus des meules.

Trémie de tarare ; on la place au-dessus du tarare, & l’on y verse le grain qu’il doit nétoyer.

Tremillons ; ce sont deux traverses ou barres de bois posées parallèlement amont & avalant l’eau, qui servent à soutenir la trémie du moulin.

Trempure (la) ; pièce de bois de cinq à six pouces de gros & d’environ neuf pieds rie long, qui fait l’effet d’une bascule ou d’un levier. Il sert à hausser & baisser à volonté le palier d’un moulin.

Treuil servant a lever les meules ; on l’appelle aussi grand treuil ; il est posé horizontalement dans le haut de la cage du moulin : on fait ordinairement entrer un des bouts de son arbre & son tourillon dans le mur de tampane ; on établit l’autre bout & son tourillon sur une poutrelle scellée dans les murs de goute de la cage du moulin.

Treuil servant à enlever les sacs ; la construction en est arbitraire. Ordinairement & dans les petits moulins sur-tout, son arbre sert de moyeu à une roue dont les jantes sont soutenues de quatre raies formant entr’elles des angles droits. Sur l’extérieur des jantes ou de la circonférence de la roue, on cloue 15 ou 16 pieds de biches, qui servent à contenir une corde lâche, sur laquelle on pèse pour faire tourner cette roue. Par son mouvement le diable se roule autour de l’arbre du treuil, & enlève alors le sac à la hauteur désirée ; ensuite on le conduit, au moyen d’une corde qui y est attachée & qui passe par une poulie de renvoi, soit sur le plancher du beffroi, soit en telle autre place que l’on veut.

Un des bouts de l’arbre de ce treuil est reçu dans un des murs de la cage du moulin, & l’autre bout est soutenu par une potence de fer qui est attachée au plancher, ou par un support de bois qu’on appelle Bourdonnière.

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U

Usine ; terme générique par lequel on désigne non-seulement la cage du moulin , mais aussi le logement du meunier, les greniers à blé ou farine, les écuries, étable, la cour, en un mot tous les bâtimens qui dépendent du moulin.

Ce terme est fort ancien dans notre langue, & s’emploie pour exprimer l’ensemble des bâtimens qui composent toute forte d’établissemens domestiques, & d’ateliers de manufactures.

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V

Vanne ; c’est une planche ou l’assemblage de plusieurs planches, qu’on fait mouvoir à volonté dans une coulisse ou rainure , & qui barrant un courant d’eau, sert à l’arrêter totalement ou en partie.

Vanne de décharge ; elle sert à fermer le pertuis du déversoir, afin que toute l’eau aille au moulin.

Vanne mouloir ; on la pose à l’arrivée de l’eau, à l’entrée de la reillere, & on la lève plus ou moins, suivant la quantité d’eau qu’on veut donner au moulin.

Verrins ; sont de fortes vis de bois de charpenterie.

Vindenne ; c’est une corde grosse au plus comme le tiers du chable. Elle est fixée & arrêtée d’un bout solidement sur la signolle : après avoir fait faire plusieurs tours à cette corde sur la signolle, on arrête son autre extrémité sur un tourniquet ou petit cabestan ; on force ensuite, en virant, la vindenne de se rouler ou dévider sur l’axe du petit cabestan : en même temps le chable se roule sur l’arbre du grand treuil, & enlève la meule à laquelle il est attaché. On conçoit facilement que cet appareil multiplie les forces & donne le moyen, avec le secours de peu d’hommes, de soulever. & transporter même une meule.

Volans ; ce sont de longues pièces de bois qui font partie des ailes d’un moulin à vent.

Ce Vocabulaire est extrait en grande partie du Manuel des Moulins à pot, imprimé en 1786.

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