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1789 - Les "Antiquités de Saintonge et d’Angoumois", de Bourguignon, en souscription dans une gazette

dimanche 26 octobre 2008, par Pierre, 1229 visites.

C’est le moment de souscrire, après il sera plus cher (16 livres au lieu de 12). Le livre de Bourignon est un classique de l’archéologie régionale du 18ème siècle.
Nous sommes en mai 1789. La gazette fait magazine : critiques littéraires, recette pour enlever les taches d’encre ; en politique intérieure, il y est à peine question des États généraux.

Source : L’esprit des journaux françois et étrangers - Paris - Mai 1789 - Books Google

L’auteur, d’après la Biographie Saintongeaise de Pierre-Damien Rainguet (1831)


BOURGUIGNON ou BOURIGNON François Marie, BOURIGNON [1] (François-Marie), né à Saintes, en 1755, d’une famille d’artisans , fit ses humanités au collège de cette ville , et s’appliqua dès sa jeunesse à l’étude des antiquités, que favorisait si bien sa ville natale par les nombreux monuments gallo-romains qu’elle possédait alors. Bourignon ne tarda pas cependant à comprendre que, dépourvu de fortune, il lui importait de chercher un emploi plus lucratif que celui d’antiquaire. Il se rendit à Paris, pour y étudier la chirurgie. L’amour de la poésie l’emporta, et il s’appliqua, de concert avec quelques vaudevillistes, à la composition de petites pièces de théâtre qui lui assurèrent des triomphes faciles, mais sans beaucoup de profit. Bientôt il rentra dans sa patrie sans avoir pris le temps de cultiver l’art de guérir, et se livra de nouveau à des recherches sur les antiquités de Saintes et des lieux environnants. Il établit, dans sa ville , un petit journal hebdomadaire intitulé : Affiches de Saintonge et d’Angoumois, qu’il sut rendre intéressant en y mêlant des articles scientifiques et littéraires ; plusieurs abonnés répondirent à son appel.

La révolution française étant survenue, Bourignon en embrassa les principes avec chaleur. Il fut nommé lieutenant-colonel de la garde nationale ; son journal devint dès lors l’écho des plus violentes déclamations républicaines [2]. Emporté par une ardeur peu commune, il parcourut les campagnes pour y prêcher les doctrines révolutionnaires, et il compromit, dans ces exercices forcés, sa frêle santé d’homme de lettres. On assure, de plus, que les mauvais traitements qu’il éprouva dans une commune, de la part de personnes opposantes et attachées à l’ancien ordre de choses, ne contribuèrent pas peu à son état maladif. Bourignon mourut au commencement de l’année 1793 [3], victime de son enthousiasme démocratique.

Il a laissé : Recherches topographiques, historiques, militaires et critiques, sur les antiquités gauloises et romaines de la province de Saintonge ; Saintes, Meaume, an IX , in-4° de 312 p. Cet ouvrage remarquable parut huit années après le décès de son auteur [4]. L’éditeur, ayant eu besoin, pour le texte et les notes, de plusieurs caractères grecs , les fit demander à La Rochelle sans pouvoir les obtenir ; mais il ne se déconcerta point. Il fit graver chaque mot, à Saintes, par un orfèvre. La singulière structure de ces caractères forme un des côtés curieux de l’ouvrage. Les Recherches topog. et hist. devaient comprendre deux volumes in 4° [5], et plusieurs dessins qui se gravaient sur cuivre à Paris ; le peu d’aisance de l’éditeur [6] ne lui permit jamais de les retirer de chez le graveur, qui n’en acheva même pas la collection. Peu d’exemplaires de cet ouvrage furent débités par Meaume. C’est longtemps après sa mort, que M. Charrier, père, libraire à Saintes, acheta des héritiers de l’éditeur, et à vil prix, la presque totalité de l’édition, qui est maintenant à peu près écoulée. Nous avons encore de Bourignon : Amusements littéraires, vers et prose. La première édition parut à Londres, en 1778, in-12 de 71 p. [7], et fut dédiée à M. P.- R.-A. de Bremond ; la seconde édition vit le jour à Paris, en 1779, in-8°. — Observations sur quelques antiquités romaines déterrées au Palais-Royal, 1789, in-8°. — Dissertation sur le vieux Poitiers, station romaine à 5 lieues de cette dernière ville, et que l’auteur regarde comme le Fines de la table de Peutinger, suivie d’une Lettre sur la ville même de Poitiers ; Cenon, près Poitiers, 1786 , in-12 de 50 p. — Le Revenant, comédie en un acte et en prose, attribuée à tort à M. de Senné. Notre auteur travailla, de plus, au vaudeville intitulé : l’Oiseau perdu et retrouvé [8].

Qu’aurait dit Bourignon, s’il eût prévu qu’un demi-siècle après ses importants travaux sur les antiquités saintongeaises, son pays eût détruit ou laissé détruire l’arc de triomphe de Germanicus [9], qu’il avait étudié avec tant de soin et dont il nous a conservé la double inscription dans son ouvrage ? Quels blâmes sévères n’eût-il point infligé aux projets barbares de ses concitoyens, et dont le plus inexplicable consiste à relever, au XIXe siècle, avec d’anciennes et de nouvelles pierres , un monument du Ier siècle ? Comme si l’on pouvait improviser des antiquités ! Vrais jalons de l’histoire, les monuments ne doivent-ils pas, pour parler à l’esprit des hommes, être contemporains des faits historiques qu’ils rappellent ?....

Source : Biographie saintongeaise - Pierre-Damien Rainguet - Paris - 1831 - Google books

 Le texte de la Gazette de 1789

Recherches topographiques, historiques, militaires & critiques sur les antiquités gauloises & romaines des provinces de Saintonge & d’Angoumois , enrichies de 16 planches en taille-douce ; par F. Marie Bourignon, associé des académies d’Arras & de Bordeaux, du cercle des Philadelphes du Cap-François, des musées de Paris & de Bordeaux, du college des philalethes de Lille, correspondant de l’académie des inscriptions & belles-lettres, de la société royale de médecine de Paris, de celle des antiquaires de Londres, & rédacteur propriétaire du journal de Saintonge & d’Angoumois.

Proposées par souscription a Saintes au bureau du journal, rue de la Souche ; à la Rochelle chez P. L. Chauvet, imprimeur du roi.

Qui est enim quem non moveat clarissimis monimentis, testatae consignataque antiquitas ?

 Prospectus

Cet ouvrage dont plusieurs fragmens ont été publiés dans le Journal des Savans, années 1780, 1781, 82, 85, & 86 dans le Journal Militaire dans les feuilles de Saintonge & autres affiches des provinces ; va paroître au jour sous les auspices de feu M. Seguier, l’un des plus savans antiquaires de ce siècle, & de plusieurs membres distingués de l’académie des inscriptions & belles-lettres qui ont honoré l’auteur de leurs suffrages. Il est divisé en vingt-quatre chapitres, suivis de quelques dissertations détachées sur des antiquités de Poitiers & de Bordeaux. Après une apologie raisonnée de la science des tems ; l’auteur, dans le premier chapitre, qui a pour objet l’origine des Saintongeais, déclare la guerre aux vieilles erreurs consacrées par la tradition, & sans s’arrêter aux prétendues annales gauloises, presque toujours défigurées par des fables grossières, il fixe l’époque où ce peuple commence à jouer un rôle intéressant dans l’histoire ancienne.

Cet article est semé d’anecdotes curieuses & de traits intéressans, sur l’habillement des anciens Santons, sur quelques productions de leur territoire fort estimées des Romains, & sur des étymologies locales.

On continue successivement, dans les autres chapitres, à donner la description des ruines de Saintes, & de son capitole, d’un arc de triomphe, des temples, d’un hypogée, d’un amphithéatre, d’un aqueduc, d’une maison de campagne des Romains, des piles & mausolées, phares, camps, bains, tertres, briquetages, chaussées, puits, citernes, réservoirs, canaux ou conduits souterrains, tombeaux, cénotaphes, inscriptions publiques, sépulcrales & votives, mosaïques, statues, têtes, lampes, vases, bas-reliefs, anneaux, cachets, fibules, amphores, pierres gravées, camées, peintures a fresque, meules, briques singulières, tuiles avec des moulures, fragmens de granit & de marbre de toutes les couleurs, frises, corniches, chapiteaux, colonnes, bases, socles & autres débris d’architecture, & généralement de tous les monumens antiques existans en entier dans la province, ou desquels il ne reste plus que des vestiges. Ces ruines ont été dessinées sur les lieux & sous les yeux même de l’auteur.

Il y a aussi des recherches,
- 1°. sur plusieurs stations antiques & sur la voie romaine qui traverse le pays des Santons ; on y prouve que Cognac n’est point l’ancienne Mansion Condate, & que ce dernier nom convient mieux a Merpins, bourg, situé au confluent de deux rivieres, la Charente & le Né,
- 2°. sur les villes de Pons & Jonzac, ces deux villes ne sont point citées dans les géographes anciens, dans les itinéraires & les notices de l’empire, on y trouve cependant quelquefois des vestiges d’antiquité, comme médailles, vieux murs,&c. ;
- 3°. sur l’ancien nom de la ville d’Angoulême, capitale du peuple appellé Agesinates par Pline le naturaliste ;
- 4°. sur le promontoire & le port des Santons, sur l’isle d’Oleron, sur celle d’Antros, dont le sol s’élevoit & s’abaissoit avec la marée, selon le rapport de Pompenius Méla ;
- 5°. sur des eaux minérales de la vallée d’Archingeay, & sur la maison de campagne d’Ausone, consul & poëte du quatrième siècle : on publiera une médaille d’or frappée a Saintes en l’honneur de cet écrivain, cette pièce qui ne se trouve dans le cabinet d’aucun souverain, & qui par conséquent est unique dans le monde, a passé dans la collection de l’auteur.

Pour éviter la sècheresse que fait naître ce genre de travail, on ne s’est pas borné a donner une notice exacte des monumens, on y a ajouté des détails qui pouvoient jetter quelque intérêt sur ces matieres isolées ; en conséquence, à l’article de l’amphithéatre, on a parlé de la pompe des jeux, de l’ardeur des Romains pour les spectacles, & des anecdotes qui y avoient rapport ; en donnant la description d’un camp, on a traité de la castra-métation des anciens & de leur discipline militaire. En général l’ouvrage est écrit avec une exactitude scrupuleuse, que le public est en droit d’exiger d’un historien ; il est accompagné de notes historiques & autres propres à faciliter l’intelligence des termes d’architecture & de tactique, & revêtu d’autorités.

Le prix de la souscription pour cet ouvrage qui formera un volume in-8vo., caractere de cicéro, d’environ 700 pages, 12 livres broché, pris a Saintes ou a la Rochelle ; on est libre de payer cette somme dès ce moment, ou de se faire inscrire aux adresses indiquées, en envoyant seulement une soumission signée. La souscription sera fermée le dernier de juin prochain, & l’ouvrage paroîtra irrévocablement à la fin de l’année, quoiqu’on n’auroit pas un nombre suffisant de souscriptions. On ne tirera qu’un très petit nombre d’exemplaires, et l’ouvrage se vendra en 1790 un tiers en sus du prix ci-dessus fixé pour les souscripteurs ; on suivra pour la distribution, l’ordre d’ancienneté, parce qu’on s’est fait une loi de donner les meilleures épreuves aux premiers ; on se chargera, pour 3 livres de plus, de faire passer l’ouvrage franc de port par la poste dans tout le royaume.

 Modèle de soumission

Je soussigné, m’engage a prendre les recherches sur les antiquités de Saintonge, &c. : au prix de ... lorsqu’elles seront imprimés, à ... le ... signé

Il faut affranchir le port des lettres & de l’argent.

Lu & approuvé , ce 13 décembre 1779

De Sauvigny

Vu l’approbation, permis d’imprimer, ce 14 décembre 1779

Le Noir


Secret pour enlever les taches d’encre de dessus le linge



Ce secret est d’autant plus utile qu’il est infaillible & que l’encre perd absolument le plus beau linge.

On a beau se servir de jus de citron pour l’enlever, la tache disparoit à la vérité mais la malignité de l’encre demeure toujours attachée au linge : elle le ronge & il ne manque jamais de s’y faire un trou peu de tems après à l’endroit où étoit la tache.

Voulez-vous un remède au moins aussi sûr, sans être sujet au même inconvénient ? Prenez une chandelle moulée dont le suif est ordinairement plus pur que tout autre ; faites-la fondre, &, après avoir quitté votre linge, trempez l’endroit gâté dans ce suif fondu : mettez en suite votre linge au sale. Il sortira parfaitement blanc des mains de la blanchisseuse, sans qu’il se fasse jamais de trou à l’endroit taché.

Ce secret a été éprouvé très souvent & a toujours fort bien réussi.

(Journal de Normandie)


[1S’appelait d’abord Bourguignon. Tout-à-coup il changea son nom en celui de Bourignon, prétendant l’avoir vu ainsi écrit sur les registres de Cognac. C’est sous l’ancien nom de Bourguignon que furent publiés, à Londres, en 1778, les Amusements littéraires, dédiés à M. P. de B... d’A – voir ci-après.

[2V. Biogr. univ, de Michaud.

[3V. Rech. topog. et hist., avis de l’édit., p. XIII.

[4Bourignon avait bien songé a publier lui-même son livre, par souscription ; un prospectus, annonçant deux volumes in-4°, avait été imprimé à Paris, chez Caillcau , en 1780 ; mais, sans doute , l’auteur recula ensuite en face d’excessives dépenses.

[5La partie retranchée contenait certains documents biographiques de l’époque gallo-romaine dont nous aurions pu tirer un grand profit.

[6On assure que Meaume consomma sa ruine à l’occasion de cette entreprise, et qu’après avoir cédé son imprimerie, il se retira dans l’Ile d’Oleron, où il se fit instituteur. S’il en fût ainsi, M. Français de Nantes, premier préfet de la Charente-Inférieure, eut probablement des reproches à se faire, lui qui avait pressé Meaume d’imprimer ce livre, et qui ne lui vint pas en aide.

[7Not. communiq. par M. Anatole de Bremond d’Ars.

[8En 1803, M. Vanderquand, professeur à l’école centrale de Saintes, écrivit un précis de la vie de Bourignon, qui fut probablement imprimé à Saintes, après avoir été revu par M. le comte de P. de Bremond.

[9En 1843, époque, dit-on, où Victor Hugo, un des créateurs de la science archéologique moderne, passait par la ville de Saintes

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