Histoire Passion - Saintonge Aunis Angoumois

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1586 - Henri de Navarre fait le bilan des conférences de Saint-Brice (16)

dimanche 25 janvier 2009, par Pierre, 1107 visites.

Au cours des conférences de Saint-Brice, près de Cognac, Catherine de Médicis a tout essayé, sans succès, pour faire fléchir Henri de Navarre. Ce dernier explique à ses partisans ce qui s’y est passé, et comment il envisage la suite de l’action.

Source : La France protestante ou vies des protestants français qui se sont fait un nom dans l’histoire, depuis les premiers temps de la réformation jusqu’à la reconnaissance du principe de la liberté des cultes par l’Assemblée nationale - Eugène et Emile Haag - Paris - 1858 - Books Google

Le château de Saint-Brice, près de Cognac
Photo : P. Collenot - 10/2008

Instruction du roi de Navarre à ses amis, après l’entrevue de St-Brice.

Le roi de Navarre, protecteur des églises réformées de France, estimant être de sa charge et de son devoir, après tant d’orages qui ont passé, de visiter et confirmer en bonne espérance ce qui reste de la dissipation, a bien voulu dépêcher le sieur de N, pour représenter à tous ceux qu’il trouvera de la religion en la province de N., ce qui est de l’état des affaires communes d’icelle.

Et à cet effet ledit sieur de N. se transportera par devers les seigneurs gentilshommes, et autres personnes de moïen et de qualité, qui sont retirées en leur maison ou en autres lieux de ladite province, pour la rigueur des édits (si faire se peut qu’il les puisse trouver), et leur dira, comme aïant finalement, après tant d’empêchemens et remises que la défiance apporte, vu la reine mère du roi, près Cognac, il n’a voulu entrer en aucun traité de paix, mais seulement écouter tout ce qu’on lui devoit proposer pour y parvenir, aïant promis de ne rien faire de telle importance, sans l’avis des églises, de ses parents, amis, alliés et serviteurs.

Dans le parc du château de Saint-Brice
Photo : P. Collenot - 10/2008

Que reconnoissant l’honneur que ladite dame lui faisoit, en la peine qu’elle avoit prise en cet âge, et en ce temps, de le venir trouver de si loin il auroit, après plusieurs discours qu’elle lui auroit faits, de son désir et inclination à la paix, consenti une trêve de deux mois ès provinces circonvoisines, à savoir, haut et bas Poitou, Loudunois et Mirabalois, Angoumois et Saintonge, tant deçà que delà la rivière de Charente, ville et gouvernement de Brouage, païs d’Aunis, ville et gouvernement de La Rochelle, pour ce pendant envoyer quérir les députés, tant desdites églises de France, que des alliés et confédérés dehors du royaume, pour traiter de ladite paix.

Mais qu’ayant député et envoyé M. de Turenne et six personnes d’honneur à Cognac, pour accorder des conditions nécessaires a l’entretenement de ladite trêve, icelle dame (entre autres discours) lui auroit déclaré que le roi ne vouloit souffrir qu’une seule religion, à savoir la sienne, ce qu’elle auroit bien voulu lui déclarer franchement, pour ne tromper personne, lui commandant de le dire audit seigneur roi de Navarre, et à ceux de son parti. Ce qu’aïant ledit sieur rapporté, comme le seigneur retournoit pour la troisième fois au lieu de l’entrevue, ladite dame lui en auroit aussi pour la troisième fois fait plus particulière déclaration, et commande de le faire entendre aux seigneurs et gentilshommes étant avec lui, et rapporter le lendemain la réponse à ladite dame ; ce que lui remontrant le seigneur roi être impossible d’accorder, après avoir supporté tant d’années la pesanteur des armes pour conserver ce point, et que si ainsi étoit, il n’eût été besoin qu’elle eût pris tant de peine pour la perdre ; elle insista néanmoins de telle sorte que ledit sieur roi prit congé d’elle. Et aïant le soir même à Jarnac fait entendre à toute l’assistance ce qu’elle lui auroit dit, tous aïant unanimement répondu qu’il étoit impossible, d’un commun avis il dépêcha le lendemain matin devers elle les sieurs de Montguion et de La Force, pour la supplier très-humblement leur déclarer de rechef si telle étoit la dernière résolution du roi, parce qu’ils étoient aussi tous résolus, après avoir répandu leur sang et combattu pour une aussi juste querelle, de vivre et mourir encore pour la manutention d’icelle, et sur ce finir la trêve, qui expiroit six jours après.

Sur quoi elle renvoïa monseigneur de Montpensier et M. le maréchal de Biron pour s’excuser, qu’elle n’avoit ainsi cruellement parlé, et que ce discours était d’avis et non de résolution, demandant toutefois délai jusqu’au sixième du mois prochain, pour renvoyer M. de Rambouillet devers le roi savoir sa réponse. Attendant laquelle dite trêve a été continuée, selon les articles qui en ont été accordés.

Depuis ledit seigneur roi est revenu en La Rochelle, d’où il a pareillement dépêché un gentilhomme vers S. M. pour lui faire entendre comme le tout s’est passé ; à cette fin qu’elle connaisse en quel devoir ledit seigneur roi de Navarre s’est mis.

Ce que semblablement il a voulu faire auxdites églises et aux principaux faisant profession de la religion, pour les rendre capables, de la façon qu’on y a procédé : afin que nos adversaires ne donnent point à entendre les choses autrement qu’elles ne sont à leur accoutumée, pour nous rendre odieux les uns aux autres, étant leurs ordinaires artifices pour nous diviser.

Semblable dépêche fait ledit seigneur roi de Navarre aux autres provinces et seigneurs étrangers, qui tiennent notre parti et desquels on espère le secours.

Maintenant qu’ils sauront l’état auquel nous en sommes, ledit sieur roi les prie de lui donner leur avis sur ce qui est à faire, désirant en ce qui concerne principalement le service de Dieu et le repos commun de toute l’Église, y marcher, comme il a fait ci-devant, non de son opinion seule, mais par le conseil et consentement de tous.

Leur faire entendre que compatissant à la misère, aux peines et vexations que tant de personnes souffrent en leurs âmes, corps et biens : aux gémissemens de tant de pauvres familles écartées et privées de leurs commodités, il a toujours désiré pour leur délivrance qu’il plût à Dieu nous donner une bonne paix ; mais que voïant les ruses et artifices de nos adversaires, et leur dureté, il a patienté, aïant trouvé les peines et fatigues légères, quelles qu’elles fussent, pour une si juste querelle.

En quoi il a senti une très grande faveur et assistance de Dieu, aiant vu ce qu’il n’eût osé penser, et fait ce qu’il n’eût jamais cru. Sur quoi il exhorte ceux qui sont demeurés fermes, attendant la volonté de Dieu, de persévérer et espérer bientôt une bonne issue.

Et ceux qui par infirmité ou une infinité de maux, ont été contraints de succomber, qu’ils gardent leurs cœurs à Dieu et ne laissent éteindre le zèle dont ils sentent encore le feu, espérant leur délivrance, afin que moiennant icelle et la grâce de Dieu, ils puissent se réunir et joindre au corps dont ils sont parties.

Qu’ils s’assurent et les uns et les autres, qu’il ne fera jamais paix que les choses ne soient rétablies autant deçà que delà la Loire : et que ledit seigneur roi pourvoira à toutes sûretés nécessaires pour la retraite, en cas d’inconvénient : autrement ne se fera rien.

Que comme le roi de Navarre leur porte, et à tout ce qui les concerne, une singulière affection, qu’ils lui rendent aussi le réciproque, afin que Dieu bénissant une telle correspondance, nous puissions tous sentir à son honneur et gloire, le fruit qu’une telle union et concorde apporte à la confusion des ennemis.

Toutes autres particularités nécessaires à ce sujet représentera ledit sieur de N. auxdits de la religion, selon ce qu’il a vu et entendu par le cours des affaires, étant impossible de le réduire entièrement par écrit.

Et sur toutes ces choses les assurera de la ferme et constante résolution dudit seigneur roi, et de ceux qui l’assistent, d’emploïer leurs vies et moïens pour la gloire de Dieu et délivrance de son Église.

A La Rochelle, le 29 déc. 1586. Ainsi signé, HENRI. Et au dessous, BERZIAU.

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