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1716 - L’année de la grande sécheresse

mercredi 21 mars 2007, par Pierre, 3714 visites.

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Une sécheresse dramatique, en 1716
Les témoins en Saintonge, Aunis et Angoumois racontent ...

- 1- Marthon (16)

Si l’hiver de 1709 se fit ressentir par la violence et la longue continuation de ses frimats et de ses glaceons qui enlevèrent presque tous les grains qui estoient sur la terre et causèrent une si grande cherté dans tous le royaume, lon peut dire que lete de 1716 n’a pas été moins rude par ses chaleurs excessives et sa longue sécheresse.

Quelque instantes prières qu’on fit à Dieu pour obtenir de l’eau par le moyen des processions qui se firent cette année dans toutes les paroisses du royaume, il fut toujours sourd aux demandes de son peuple, de manière que la terre demeura pendant plus de huict mois sans estre arrosée presque d’une seule goûte d’eau.

Ceux qui se trouvèrent éloignes des rivières et des fontaines, et mesme la plus part des rivières furent desséchées, chose que les plus anciens n’avoient jamais veue, toutes les mares furent mises à sec et il ne resta a fond qu’un certin limon gras que l’on prit pour en fumer les près ou bien les vignes.

Les bleds qui se recueillirent furent si peu de choses que la récolte n’auroit pas ete suffisante pour la moitié des hommes sans quelques bleds vieux qui se trouvent et mesme l’on peut dire que tous les pays ne furent pas si malades que ceux cy. Il ne se recueillit dans ce pays ni bled d’Hespagne, ni baillarge, mais bien du froment autant que les années précédentes. Le bled ne fut pas autrement cher.

« En l’année 1731, la sécheresse fut si longue (l’auteur n’a pas continué). »

Registres de Marthon. Notes de J. Allard, curé.


- 2- Bassac (16)

Grande sécheresse depuis février jusqu’à la mi-septembre, et par suite disette de blé et fourrage ; on envoyait chercher l’eau de fort loin à la rivière de Charente.

Manuscrit du prieur de l’Abbaye de Bassac – dans Bull. et Mémoires de la Sté Archéologique et Historique de Charente 1878-1879


- 3- Bouex (16)

L’année mil sept cent seize a esté sy stérile par la grande chaleur et sécheresse qu’il a fait qu’il demeura sans tomber de pluye depuis le mois de février jusqu’au mois de septembre, ce quy a causé que la récolte de lad. année a estée fort médiocre particulièrement en baliarge, légumes et bleds despaigne, a paine a-t-on pu amasser les semances ; on a aussi recueilly peu de fromant ; il ne faut pas douter si le pauvre peuple a esté consterné et dans des inquiétudes particulières, non seulement à leur égard, mais encore par la disette du foin et le peu de paille qu’on a recueilly pour la subsistance de leur bétail. Il ne c’est jamais veu non seulement sur la rivière du Bandiat, mais encore sur touttes les autres circonvoisines la rareté du foin si grande que nous l’avons veue la presante année. Ceux qui avoit accoutumé d’amasser les années premières vingt a trante brasses de foin n’en ont pas recueilly la valleur d’une. Le pré des teyros quy est des meilleurs de ce peys dans toutte son étandue n’a pas eut quatre charois de foin. J’en avoit achepté de trois particuliers pour 54 l. dont il n’y en a eut que les trois carts d’un charois ; les reguins, non plus que les raves non point reussy ; la solle des prés estoit sy brûlée qu’on desesperoit quil en puisse revenir, il ne faud pas douter sy dans touttes les églises l’ont a fait des prières publiques, aussy bien dans les villes qu’a la campagne, par tout l’on ne voyoit que procession et dévotions particulières, afin que Dieu calma sa colère contre son peuple et nous donna de la plûye ce quy est arrivé sur la fin du mois de septembre quy accomoda un peu nos raisins, quy n’ont pourtant pas reussy pour faire de bon vin. Ceux de 1715 enporte le prix quy ce laisse pourtant à 20 l. la barrique, et le nouveau à 10 l. ; l’on n’auroit jamais cru que touttes choses neusse pas plus vallu d’argent que ce quelle font, la grande rareté dargent quy est universelle a fait que le foin, le blé, le vin et le bétail cest donné à bon prix, le fromant mesure de Marton n’a pas monté au delà de 3 l. 10 s. la mesure 3 l. Les cochons ont esté d’un prix sy bas que pour 10 à 12 l. on avoit un lard raisonnable, il y eut une abondance et des plus grandes de gland aussi bien que de fruit quy n’a pas laissé destre d’un grand secours, le foin a aussi diminué de la moitié ; dans son commancement, 50 l. la brasse, a presant 18 l. à 20 l. quy est au mois de mars ; l’hyver a esté fort modéré, les apparances pour la récolte prochaine nont jamais donné tant d’espérance, et sy touttes choses ne réussis pas l’on ne doit jamais espérer en rien.

Relation de Léonard Blanchier, maître chirurgien à Bouex.
Publié dans Bulletins et Mémoires de la Société Archéologique et Historique de Charente - Année 1892 - Communication de M. Nelson Pautier

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