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596 - 1792 - Histoire de l’abbaye Notre-Dame de Saintes

vendredi 6 mars 2009, par Jean-Claude, Pierre, 4210 visites.

Abbaye aux Dames de Saintes
Dessin : Jean-Claude Chambrelent

Créée à la fin du VIe siècle, détruite par les normands, elle renaît au XIe siècle par la volonté de Geoffroi Martel et de sa femme Agnès, qui avaient - selon eux - beaucoup à se faire pardonner.

C’est le début d’une longue et riche histoire révélée par son cartulaire.

Notice historique, nomenclature des abbesses et armorial, notice archéologique, organisation de la vie conventuelle, domaines et ressources, description et histoire du Cartulaire : avec cette étude de Théodore Grasilier (1871), vous saurez tout sur cette grande et célèbre abbaye.

Voir aussi :
- un diaporama sur l’Abbaye aux Dames
- le Cartulaire de l’Abbaye Notre-Dame de Saintes

Source : Cartulaires inédits de la Saintonge par l’abbé Théodore Grasilier - Niort - 1871
- T. 1 : Cartulaire de l’Abbaye de Saint-Etienne de Vaux, de l’Ordre de Saint-Benoit, suivi des chartes du prieuré conventuel de Notre-Dame de la Garde en Arvert, de l’Ordre de Granmont
- T. 2 : Cartulaire de l’abbaye royale de Notre-Dame de Saintes, de l’Ordre de Saint-Benoit.

 I - Notice historique sur l’abbaye

De l’antique abbaye fondée à Saintes en 596, par saint Pallais, évêque de cette ville, sur la rive droite de la Charente [1], il ne restait, plus au XIe siècle que des ruines, triste résultat des incursions normandes. Ses domaines étaient tenus en fief par les vicomtes d’Aunay, qui y logeaient un de leurs vassaux. (Ch. I.)

A cette époque Geoffroy-Martel, comte d’Anjou, qui venait d’épouser Agnès de Bourgogne, veuve du duc d’Aquitaine, Guillaume-le-Grand [2], se trouvait, sinon de droit, du moins de fait, maître de la Saintonge. Les deux époux conçurent le projet de fonder sur l’emplacement de l’abbaye de Saint-Pallais, un monastère de religieuses. Ils trouvèrent le vicomte d’Aunay, le jeune duc d’Aquitaine et autres seigneurs, disposés à seconder leur pieux dessein et à céder les terres et les droits féodaux dont ils désiraient doter le nouvel établissement. (Ch. 5.) Ces seigneurs ajoutèrent encore, aux libéralités des fondateurs, des dons considérables. L’abbaye se trouva ainsi dès sa naissance établie sur ce pied d’opulence et de grandeur qu’elle a conservé jusqu’à la fin du siècle dernier.

Bientôt, grâce à ces puissantes ressources et à l’activité de l’architecte, l’église et les lieux réguliers sont presque achevés, et le 2 novembre 1047 on procède à la dédicace du monastère et à Installation de l’abbesse. Les chefs de la noblesse de l’Anjou, du Poitou, de la Marche et de la Saintonge, ayant à leur tête Guillaume Aigret, duc d’Aquitaine, et ses frères, accompagnent Geoffroy et Agnès. Le prélat consécrateur est l’archevêque de Bordeaux, auquel sont venus se joindre les archevêques de Besançon et de Bourges, les évoques de Saintes, de Nevers, d’Angoulême, de Périgueux, de Nantes et de Limoges, huit abbés, l’évêque nommé de Poitiers, et de nombreux dignitaires ecclésiastiques. (Ch. 1 et 2.) L’éclat de cette imposante solennité fut tel, que le jour même, dans un moment d’enthousiasme , Geoffroy Martel ajouta à ses précédentes libéralités le droit de pêche sous le pont de Saintes et autres concessions. (Ch. 79.)

La charte de fondation du temporel du monastère est signée de tous les princes et gentilshommes présents : son érection en abbaye indépendante sous la règle de saint Benoit, ses privilèges spirituels, l’institution de la première abbesse, nommée Constance, font l’objet de la seconde charte signée et promulguée par les prélats invités. (Ch. 2.)

Le monastère est dédié à Notre-Dame. Pendant une durée de 743 ans, il verra se succéder sans interruption trente abbesses, la plupart d’une naissance illustre. C’est à elles que l’abbaye, à toutes les époques de son existence, est redevable du maintien de ses droits et de sa discipline.

L’accroissement rapide de la prospérité temporelle et des prérogatives est surtout l’œuvre des six premières abbesses. Grâce à elles, les religieuses de Notre-Dame eurent peu à souffrir des expéditions plus ou moins désastreuses de Guy-Geoffroy obligé de reconquérir la Saintonge et une partie de ses états sur les neveux et héritiers de Geoffroy-Martel. Ce duc, au contraire, protège l’abbaye, confirme et augmente les concessions octroyées à Constance et àLethburge qui lui succède vers 1066.

A cette dernière abbesse succède Hersende Brune. C’est elle qui obtient du duc d’Aquitaine que les colons de l’abbaye ne pourront être contraints de faire le service de guerre hors de la Saintonge. (Ch. 43.)

C’est à cette même abbesse qu’Elie, comte de Périgord (1079), donne le prieuré de Saint-Silvain-de-la-Mongie, fondé à la fin du Xm€ siècle par Boson-le-Vieux, comte de la Marche. (Ch. 21 et 130.)

Sous Florence qui succède à Hersende (1100—1107), les usurpations violentes de Guillaume VIII sont bientôt réparées par d’amples restitutions et des concessions nouvelles. Une circonstance vient encore mériter à l’abbaye de nouvelles faveurs de ce duc. Sibylle, sa tante maternelle, y prend le voile, et en devient abbesse à la mort de Florence (avant 1119).

C’est l’époque des croisades. L’abbaye reçoit de plusieurs seigneurs avant leur départ pour l’Orient, des dons considérables. Ces dons sont souvent une compensation pour des torts causés au monastère. Plus d’une fois, en effet, les abbesses avaient à lutter contre la cupidité et l’humeur batailleuse de la noblesse.

Agnès de Barbezieux qui, après Sibylle, occupa pendant quarante ans la chaire abbatiale (1134 —1174), continua cette tâche pénible que rendit plus difficile encore rétablissement de la domination anglaise dans nos contrées. Mais Agnès était fille de Guy-Geoffroy, et, par conséquent, grand’tante paternelle de la fameuse Eléonore d’Aquitaine. Cette princesse, devenue reine d’Angleterre par suite de son mariage avec Henri II, conserva à l’abbaye les sauvegardes et privilèges accordés autrefois par Louis VII. Malgré les ravages causés par l’invasion anglaise en Saintonge, malgré la ruine presque totale de la ville de Saintes, l’abbaye continua de prospérer sous le gouvernement d’Agnès de Barbezieux. La majeure partie de nos chartes sont des actes de son administration. Le Cartulaire lui-même a dû être écrit pendant les dernières années de sa vie. Nous n’hésitons pas non plus à attribuer à cette abbesse la construction des voûtes en coupole, ainsi que du frontispice de l’église abbatiale, que Ton admire encore malgré bien des mutilations.

Aldeburge, qui succède à Agnès (avant 1181), soutient son œuvre à travers des difficultés nouvelles. L’Aquitaine venait de prendre parti pour Arthur de Bretagne contre son oncle Jean-sans-Terre. Philippe-Auguste, repoussé de l’Aunis par Savary de Mauléon fidèle aux Anglais, vient en Saintonge où il est reçu comme un libérateur. Il donne à l’abbaye dans cette circonstance, en 1204, la sauvegarde insérée dans le Cartulaire postérieurement à sa composition. (Ch. 73.)

Le gouvernement des abbesses suivantes, Théophanie I (1220) et Hilaire 1(1235—1244), n’est marqué que par leurs démêlés avec les seigneurs de Broue, dont elles ont beaucoup de peine à faire réprimer les violences et les déprédations.

La discipline monastique ne pouvait manquer de se ressentir beaucoup des préoccupations causées par les guerres et les fréquentes révolutions dont la Saintonge était alors le théâtre. Les divisions qui se manifestèrent parmi les religieuses, en 1311, à la mort d’Orable Vigier, abbesse depuis l’an 1300, semblent un indice du relâchement auquel Agnès II de Rochechouart entreprit de remédier. Cependant elle ne put y parvenir immédiatement parce que son élection avait donné lieu à des dissensions intestines auxquelles le pape Clément V ne put mettre fin. qu’au bout de deux ans.

Sitôt l’ordre rétabli, Agnès en profita pour introduire les réformes nécessaires ; mais les événements extérieurs* vinrent bientôt troubler de nouveau le calme du monastère [3].

En vertu du traité de 1259, la rive droite de la Charente appartenait à la France et la rive gauche à l’Angleterre. Agnès de Rochechouart se crut donc en droit de refuser l’hommage exigé par Edouard III pour le temporel de l’abbaye. Elle était en même temps bien aise de sè soustraire aux violences et aux exactions des officiers anglais. Sur les réclamations du roi d’Angleterre, une commission fut nommée pour examiner l’affaire. Elle était encore pendante au parlement de Paris en 1323. Edouard réclamait en même temps l’autorité du pape Jean XXII pour contraindre l’abbesse à le reconnaître pour son suzerain [4]. Enfin, en 1326, il déclara la guerre à la France. Des bandes de vagabonds, à la solde de l’Angleterre, connus sous le nom de bâtards, se jettent sur la Saintonge. Saintes est livré au pillage. L’abbaye dont les richesses tentaient davantage la cupidité de ces bandits eut beaucoup à souffrir. Dans une requête adressée au roi de France, les religieuses évaluent leurs pertes à plus de quarante mille livres. Charles-le-Bel, touché de leur sort, leur accorda, par ordonnance du 28 juin 1328, un secours de quatre mille livres tournois [5].

A la mort de ce prince, les hostilités éclatent de nouveau : Saintes retombe au pouvoir des Français en 1330, mais, pour rentrer l’année suivante sous la domination anglaise.

C’est à cette époque (1332) que l’archevêque de Bordeaux entreprit d’exercer sur l’abbaye son droit de visite, oubliant ou ignorant que ce monastère, en vertu de l’acte de sa fondation et d’un privilège sanctionné par les souverains pontifes, relevait immédiatement du Saint-Siège. Devant ces titres, sur lesquels l’abbesse appuyait son opposition, l’archevêque se désista de ses prétentions [6].

L’année suivante (1333), Agnès de Rochechouart mourut, et l’élection de la nouvelle abbesse donna lieu à de nouvelles discussions. Yve Vigier de Lonzac avait obtenu la majorité des suffrages ; Agnès Garnier de Blaye, avec les religieuses qui lui avaient donné leurs voix, protesta contre 1 élection. L’enquête relative à cette affaire, commencée sous le pontificat de Jean XXII, continua sous celui de Benoit XII. Enfin, au bout de dix ans, sur le rapport du commissaire, le consistoire se prononça en faveur d’Yve Vigier, que la mort d’Agnès Garnier laissait sans concurrente. Benoît XII n’en crut pas moins nécessaire, pour obvier à de nouvelles difficultés et mettre Yve Vigier en pleine possession de ses prérogatives, d’adresser quatre bulles, datées du même jour, 18 juin 1342, une à l’abbesse, une autre à sa communauté, une troisième au roi de France, et la quatrième aux vassaux de l’abbaye. Le 29 juin suivant, l’abbesse recevait des mains de Thibaut, évêque de Saintes ; la bénédiction abbatiale [7].

Les listes données par le Gallia christiana et l’histoire manuscrite de l’abbaye font succéder à Yve de Lonzac (vers 1344) une abbesse du nom d’Hilaire III, dont elles placent la mort en 1352. Cette donnée chronologique se trouve en contradiction avec une pièce authentique que nous avons entre les mains. C’est le vidimus d’une bulle de Clément VI, datée de l’an 1351. L’abbesse à laquelle elle est adressée y est nommée Agnès. Le pape l’autorise à jouir en commande des revenus du prieuré de Saint-Sornin de Marennes, en considération de la pénurie extrême où les malheurs des temps et les guerres incessantes avaient réduit le monastère. Dix religieuses y trouvaient « à peine à vivre. » Plusieurs, à la honte de l’état monastique, erraient chez leurs parents, cherchant de maison en maison un asile et du pain [8].

Pour les mêmes motifs, Alix ou Hélide de Rochechouart, qui succède à Hilaire III, laquelle avait succédé à Agnès III, obtient du pape Innocent VI, en 1358, l’autorisation de joindre pour trois ans le prieuré de Saint-Denis d’Oleron à la manse abbatiale [9].

Il est à croire que la détresse continua sous les abbesses suivantes, Marguerite I (1366—1368) et Agnès IV, troisième du nom de Rochechouart (1368—1421). Les trêves n’apportaient même aucun repos au pays, les armées anglaises et françaises continuant à vivre de pillage. L’abbé de Fontdouce, chargé par le pape Martin V d’installer Marguerite II de Pennevère, qui succédait à Agnès IV en 1421, ne put exécuter sa commission qu’au bout de deux ans.

Longtemps après l’entière expulsion des Anglais, en 1472, l’abbesse Jeanne de Villars priait Louis XI de la dispenser d’aller en personne lui rendre foi et hommage pour le temporel de l’abbaye, alléguant non-seulement la dépense et la longueur du voyage, mais aussi le danger de tomber entre les mains des gens de guerre qui couraient encore le pays [10].

On voit néanmoins dès lors l’abbaye se relever de ses ruines et recouvrer la plus grande partie de ses domaines. Anne de Rohan, élue en 1484 pour succéder à Jeanne de Villars, fait faire la chapelle latérale de l’église où l’on voyait encore ses armes au siècle dernier, et plusieurs autres constructions. Son œuvre est continuée par Blanche de La Rochandry (1524 — 1544) et deux abbesses du nom de La Rochefoucauld, Jeanne II (1544 — 1559) et Françoise I ( 1559—1606) [11]

Cette dernière eut à gouverner l’abbaye pendant la crise la plus terrible qu’elle eût eu jusque là à traverser. Les guerres de religion ensanglantaient alors la France. Les couvents et les églises étaient la proie la plus convoitée pax les partisans armés de la Réforme. A leur tête est Condé, acharné destructeur de nos monuments religieux. Le frère de l’abbesse de Saintes s’est joint à lui, et s’empresse de solliciter la démolition de ce monastère. Pleine de confiance dans la protection du ciel et dans l’influence que lui donne son nom, elle adresse à son frère de vives remontrances. L’ordre de destruction commençait à être exécuté ; il est immédiatement révoqué. Ainsi, grâce au courage et au puissant crédit de son abbesse, le monastère échappait à tous les dangers. Enfin, en 1582, en vertu du traité de Saint-Germain-en-Laye, une garnison royale vint assurer la tranquillité du pays [12].

Françoise de Foix II, abbesse de N-D de Saintes
Françoise de Foix III, abbesse de N-D de Saintes

Françoise de la Rochefoucauld voulait en profiter pour rétablir la discipline régulière que tant de circonstances malheureuses avaient affaiblie. L’exécution de son pieux dessein était réservée à Françoise II de Foix qui lui succéda en 1606.

Le monastère était irrégulièrement construit, incommode et malsain. La nouvelle abbesse s’empressa de le rebâtir ; mais deux fois elle vit son œuvre détruite par l’incendie : la première fois le 10 septembre 1608, et la seconde le 8 septembre 1648. Pour obvier à un nouveau malheur de ce genre, elle entreprit la construction du bel édifice voûté à tous les étages, qui subsiste encore. Cette construction commencée en 1659, fut achevée par Françoise III, deuxième du nom de Foix, nièce de Françoise II.

Cette nouvelle abbesse, en qualité de grande-prieure et de maîtresse des novices, avait secondé admirablement sa tante dans le travail de la réforme. L’exemple de ces deux dames, et l’impression salutaire produite par le séjour momentané des Carmélites dans l’abbaye, avant que leur monastère nouvellement fondé pût les recevoir, préparèrent heureusement le retour à l’esprit et aux observances monastiques. Dès 1629, Madame de Foix « première » avait obtenu du pape Urbain VIII une bulle contenant des constitutions regardées à juste titre, comme une des meilleures interprétations de la règle de saint Benoît.

La réforme ne fut imposée qu’aux novices. Elles occupaient un local séparé, dans lequel elles passaient encore cinq années après leur profession. La régularité devint si édifiante que l’abbaye de Saintes était regardée comme une pépinière d’abbesses. Beaucoup de monastères ambitionnaient d’être gouvernés par des élèves des dames de Foix.

Françoise III mourut le 17 octobre 1686, à l’âge de soixante-douze ans. Charlotte de Caumont de Lauzun, nommée pour lui succéder, n’eut qu’à entretenir l’œuvre de ses devancières. Vers 1717, se voyant avancée en âge, elle se fit donner pour coadjutrice Mme Bathilde de Gontaut de Biron, et au bout de quelques années, elle se démit complètement de sa charge. Le roi nomma pour lui succéder Mme Marie de Durfort de Duras.
Cette princesse, en entrant dans le cloître, abandonnait les plus brillantes espérances du monde. Sa haute capacité, son intelligente et tendre sollicitude pour ses filles et son puissant crédit rendirent l’abbaye plus florissante que jamais.

L’uniformité d’esprit et de conduite, résultat de la réforme accomplie par les abbesses précédentes, rendait désormais inutile la séparation des novices. Mme de Duras s’empressa de les réunir aux autres religieuses.
Une circonstance vint en 1742 faire ressortir sa modestie et son attachement à son monastère. Le roi Louis XV lui adressa le brevet d’abbesse de Fontevrault. C’était l’appeler à un poste souvent occupé par des princesses du sang, et à l’honneur de faire l’éducation des filles de France confiées à cette célèbre abbaye. Malgré les plus pressantes sollicitations, Mme de Duras persista à refuser les faveurs du roi, qui fit publiquement l’éloge de son désintéressement.

Le 30 mai 1754, cette illustra dame termina sa carrière après avoir gouverné vingt-huit ans l’abbaye [13].

Mme Marie-Madeleine de Baudéan de Parabère succéda à Mme de Duras. Elle avait embrassé la vie religieuse au monastère de Sainte-Croix de Poitiers. C’est là qu’elle reçut le brevet royal qui la nommait abbesse de Saintes, en date du 10 octobre 1754.

Son crédit empêcha l’évêque de Saintes, Pierre-Louis de La Rochefoucauld, de faire supprimer son abbaye sous le prétexte de discordes intérieures bientôt apaisées [14].

Mais peu d’années après, la tempête révolutionnaire allait porter le dernier coup à cet établissement sept fois séculaire. La Nation est déclarée propriétaire des biens de l’Eglise. En vertu des lois nouvelles, l’abbesse est contrainte, le 29 mai 1792, de faire descendre les cloches de son couvent. Bientôt elle reçoit l’ordre d’en sortir elle-même avec ses religieuses. Elle demande au moins d’y rester à titre de locataire. On le lui refuse d’abord (7 septembre) ; mais, enfin, prenant en considération ses infirmités et son état de maladie grave, le Directoire la dispense de sortir de sa maison (23 septembre), à la charge d’en payer le loyer à compter du premier octobre suivant. Le 30 septembre, madame de Parabère succombait à ses souffrances physiques et morales, et ses religieuses se voyaient peu après expulsées pour toujours de leur monastère [15].

 II - Nomenclature des abbesses et armorial

Nous terminerons cet aperçu historique en donnant la nomenclature et l’armoriai des abbesses de Notre-Dame de Saintes.

- I. Constance (1047—1061). On ignore à quelle famille elle appartenait et dans quel monastère elle avait fait profession.

- II. Lethburge (Avant 1066—avant 1079).

- III. Hersende Brune (Avant 1079 — 1099). Ce surnom de Brune, qui était celui des Lusignan, paraît à D. Estiennot une preuve qu’elle était de cette illustre maison, où l’on portait : Burelé d’or et d’azur.

- IV. Florence (1100—après 1107).

- V. Sibylle (Avant 1119 —1134). Elle était tante maternelle de la comtesse de Poitou et de Saintonge, épouse de Guillaume X, et par conséquent fille de Robert, duc de Bourgogne, fils du roi de France Robert-le-Pieux. Ses armes, d’après les Sainte-Marthe, devaient -être : Bandé d’argent et d’azur de six pièces, à la bordure de gueules, qui est de Bourgogne ancien [16].
- VI. Agnès I de Barbezieux (1134 — 1174). Elle était fille de Guy-Geoffroy, comte de Poitou et duc d’Aquitaine et tante de la reine Eléonore. La maison. d’Aquitaine portait : De gueules au léopard d’or.

- VII. Aldeburge (Avant 1181 —1220),

- VIII. Théophanie 1(1220—après 1230).

- IX. Hilaire I de Pons (1235—1244). Portait : D’argent à la fasce comportée d’or et de gueules de six pièces.

- X. Yve (1244 —1280). Son sceau, décrit par D. Estiennot, représentait un buste de religieuse, et au contre-sceau une abbesse, la crosse en main.

- XI. Hilaire II de Born (1283—avant 1300). La maison de Born portait : D’azur à un chien lévrier passant d’argent [17].

- XII. Orable Vigier (1300—1311). D. Estiennot [18] et quelques auteurs la croient de la famille des Vigier Guymené et parente de Daniel Vigier, évêque de Nantes. Il nous paraît plus probable qu’elle était issue des Vigier d’Archiac et de Lonzac qui portaient : De gueules à 2 pals de vair, au chef d’or.

- XIII. Agnès II de Rochechouart (1311 —1333). Fascé ondé d’argent et de gueules de 6 pièces.

- XIV. Yve II Vigier de Lonzac (1333—1344). Portait comme Orable.

- XV. Agnès III (1344—1351).

- XVI. Hilaire III (1352).

- XVII. Alix, Adélaïde ou Hélide de Rochechouart (1352 —1366). D. Estiennot la croit fille d’Aimery, vicomte de Rochechouart et de Jeanne de Tonnay-Charente, et sœur de Foucaud, évêque de Noyon puis archevêque de Bourges.

- XVIII. Marguerite I ( 1366—1368).

- XIX. Agnès IV, troisième du nom de Rochechouart (1368—1421). Son élection ne fut confirmée par Grégoire XI qu’en 1375.

- XX. Marguerite II de Pennevère (1421 —1438), d’une noble famille du Limousin, qui portait : D’azur à la fleur de lis d’argent accompagnée de 3 poires d’or.

- XXI. Jeanne I de Villars (1438 — 1484). D’une illustre maison de Saintonge, voisine du monastère de Saintes. Elle avait fait profession dans celui de Cussy en Auvergne. Marguerite II s’était démise en sa faveur ; ce qui fut ratifié dabord parle concile de Bale, le28 avril 1438, puis par le pape Eugène IV, le 6 juin de l’année suivante. Elle devait être parente de Louis de Villars, abbé de Saint-Jean-d’Angély vers la même époque (1416—1451). Ses armes que l’on voyait encore du temps de D. Estiennot en plusieurs endroits du monastère et sur un tableau donné par elle en 1470, étaient : D’hermines au chef de gueules.

- XXII. Anne de Rohan (1484 —1523). Des princes de ce nom. Elle était parente de François de Rohan, archevêque et comte de Lyon en 1500 [19]. Ses bulles sont du 4 mars 1484. Sa famille porte : De gueules à 9 macles d’or-, 3,3,3.

- XXIII. Blanche de la Rochandry (1525—1544). Lozangé de lozanges de gueules et de lozanges bandés d’argent* et d’azur de quatre pièces.

- XXIV. Jeanne II, première du nom de la Rochefoucauld (.1544 —1559). Elle était fille de François II, comte de la Rochefoucauld, prince de Marcillac, et d’Anne de Polignac. Ses bulles sont du 2 novembre 1544. Les armes de sa famille sont : Burelé d’argent et d’azur de 10 pièces, à 3 chevrons, dont le premier écimé.

- XXV. Françoise Ière, deuxième du nom de la Rochefoucauld (1559 —1606), sœur de la précédente, était religieuse de l’ordre de S. Augustin au monastère de Poissy, diocèse de Chartres. Elle avait environ 28 ans quand Pie IV lui expédia le 25 janvier 1559 ses bulles, dont nous avons vu l’original.

- XXVI. Françoise II, première du nom de Foix (1606 — 1666). Elle était née le 1er juillet 1580, de Louis de Foix, comte de Gurson et de dame Charlotte Diane de Foix-Candale. Son père venait de périr le 23 juin précédent avec deux de ses frères, au combat de Montraveau près de Nérac [20]. On voit encore à la voûte de la nef de l’église abbatiale les armes de sa famille qui sont : Ecartelé au 1 et 4 d’or à 3 pals de gueules, qui est de Foix ; au 2 et 3 d’or à deux vaches passantes de gueules, acornées, accolées et clarifiées d’azur, qui est de Béarn.

- XXVII. Françoise III, seconde du nom de Foix (1666 — 1686), nièce de la précédente, était fille de Frédéric, comte de Fleix et de Gurson, grand sénéchal de Guyenne, et de Charlotte de Caumont, fille de François, comte de Lauzun. Elle reçut la bénédiction abbatiale des mains de l’évêque de Périgueux en 1674, étant assistée dans cette cérémonie par mesdames Charlotte de Gramont, abbesse de S. Ausone d’Angoulême, et Suzanne de Saint-Aulaire, abbesse de Notre-Dame de Ligueux [21].

- XXVIII. Charlotte de Caumont de Lauzun (1686 —1725), était fille de Gabriel, comte de Lauzun et de Charlotte, fille de Henri de Caumont la Force, marquis de Castelnau. Elle prit possession le 22 juin 1687, et ne se fit bénir que le 12 octobre 1692. Vers l’an 1717, elle se fit adjoindre pour coadjutrice, comme nous l’avons rapporté plus haut, dame Marguerite-Bathilde de Gontaut de Biron, professe de l’abbaye de Chelles, fille de Charles-Armand, marquis de Biron, lieutenant-général des armées du roi, et de Marie-Antonine de Bautru, fille de Armand de Bautru, comte de Nogent-le-Roi, grand-maître de la Garde-robe : elle mourut avant son abbesse, le 20 janvier 1724, âgée seulement de 34 ans. Madame de Lauzun se démit alors de sa charge, et mourut le 25 novembre de la même année [22]. Sa famille porte : Tiercé et bandé d’or, de gueules et d’azur.

- XXIX. Marie de Durfort de Duras (1726 — 1754). Elle était fille de Jacques-Henri de Durfort, duc de Duras, maréchal de France, capitaine des gardes de Sa Majesté, gouverneur et lieutenant-général du comté de Bourgogne et de la ville et citadelle de Besançon, chevalier des ordres du roi, neveu de l’illustre maréchal de Turenne, et de dame Marguerite-Félice de Lévy-Vantadour. Madame de Duras était religieuse professe de la maison de Conflans près Paris. Elle prit possession le 4 août 1726, et mourut le 30 mai 1754 [23]. Les ducs de Duras portent : Ecartelé au 1 et 4 d’argent, à la bande d’azur ; au 2 et 3 de gueules, au lion d’argent.

- XXX. Marie-Madeleine de Baudéan de Parabère (1754 —1793), fille de César-Alexandre de Baudéan, et de Marie-Madeleine de la Vieuville, avait fait profession à Sainte-Croix de Poitiers. Elle fut nommée abbesse de Saintes le 10 octobre 1754. Elle portait : Ecartelé au 1 et 4 d’or, à l’arbre de sinople, qui est de Baudéan ; au 2 et 3 d’argent, à 2 ours en pied de sable.

 III. Notice archéologique.

La construction du monastère de Notre-Dame de Saintes était presque achevée, lorsque s’en fit la dédicace, le 2 novembre 1047. Dans la charte d’érection de l’abbaye, les prélats font l’éloge de l’activité de l’architecte et de ses ouvriers. Le nom de cet architecte est parvenu jusqu’à nous. Dans un des portiques de l’église, on lisait encore son épitaphe à l’époque où D. Estiennot recueillait sur l’abbaye les notes qu’il a laissées manuscrites, c’est-à-dire en 1675. Cette inscription, dont nous avons vainement cherché la trace, était ainsi conçue :

A BERENGARIUM TEGIT HIC LAPIS INCINERATUM

ARTE MONASTERIUM CUJUS FUIT AEDIFICATUM

QUEM PETRA DEFUNCTUM CELAT CELARE VOLEBAT

PETRAS CUI PETRUS......ANTE FAVEBAT. . . [24]

L’œuvre de Bérenger se reconnaît dans les murs latéraux de la nef, tandis que les voûtes et le frontispice présentent tous les caractères du style roman du XIIe siècle. On voit même, au premier coup d’œil, que les piliers formés de colonnes engagées qui servent de points d’appui aux coupoles , ont été construits après coup et appliqués sur un ouvrage plus ancien, avec lequel on ne s’est pas mis en peine de les harmoniser. Ils interrompent, en effet, brusquement les lignes des arcatures qui étaient le principal ornement de la nef. On ne saurait donc faire remonter à l’an 1047 ces voûtes et les décors de la façade. Notre contrée n’offre pas d’exemple authentique du style dans lequel ces parties ont été exécutées, antérieurement à 1125. Aussi nous n’hésitons pas à les attribuer à l’époque où deux princesses, Sybille de Bourgogne et Agnès de Barbezieux, se succédaient sur la chaire abbatiale de Saintes. (1119 —1174.)

Comme beaucoup d’églises de cette époque, Notre-Dame de Saintes avait, entre autres ornements de son frontispice, une statue équestre, dont on ne voit plus que la trace dans le tympan de gauche, ou pour mieux dire, de droite, conformément au langage liturgique. Aucun sujet, peut-être, n’a autant exercé la sagacité des archéologues que ces cavaliers qui offrent tous le même type et les mêmes attributs : cheval au repos, toge et ample manteau, pour coiffure une couronne, jamais de casque, ni d’armes, enfin, sous les pieds du cheval un être humain, dans la posture la plus humble ou roulant à terre [25]. Cette uniformité de type permet de penser qu’on a voulu représenter ainsi partout le même personnage , et qu’on peut appliquer à tous, ce qu’une de nos chartes dit de la statue équestre de Notre-Dame de Saintes ; à savoir que c’était celle de l’empereur Constantin. Un chevalier nommé Guillaume David, bienfaiteur de l’abbaye, vers le milieu du XIIe siècle, désigne lui-même le lieu de sa sépulture, « sous le Constantin de Rome, qui se voit à la droite de l’église » : sub Constantino de Roma, qui locus est ad dexteram partem ecelesiae (Ch. 38).

Depuis cette époque, l’église et le monastère ont subi bien des transformations. Si de stupides démolisseurs qu’offusquaient les bas-reliefs de la façade et surtout les signes héraldiques, n’avaient effacé en les martelant ces documents précieux pour l’histoire, nous retrouverions sans doute l’écusson de l’abbesse Anne de Rohan dans la chapelle construite au commencement du XVIe siècle, et qui masque le côté nord de l’abside, ainsi que dans d’autres endroits qu’elle avait fait réparer.

Quelques blasons ont néanmoins échappé à la destruction. Ainsi, dans la nef, une travée de voûte est ornée d’un léger pendentif sur lequel on voit trois statuettes allégoriques représentant la Foi, l’Espérance et la Charité. Au-dessous l’on reconnaît les armes de la maison de Foix. L’incendie du 8 septembre 1648, dont nous avons parlé, avait atteint l’église ; les deux coupoles de la nef s’écroulèrent. Louis XIV, à la prière de la reine, sa mère, accorda à Françoise II de Foix les fonds à l’aide desquels cette abbesse fit reconstruire cette portion des voûtes. Françoise III, qui lui succéda, fit bâtir le grand dortoir, l’infirmerie et le noviciat tels qu’ils subsistent encore [26].

Les derniers travaux exécutés dans l’église et l’abbaye sont l’œuvre de madame de Durfort de Duras. Elle dépensa plus de 116,000 livres en réparations urgentes dans le monastère et ses dépendances [27]. Elle s’occupa également d’embellissement et de décoration. L’histoire manuscrite de l’abbaye la félicite d’avoir « rendu l’église plus riante et plus commode pour les religieuses et pour le peuple. » Elle avait fait changer la disposition des sacristies et celle des orgues établies par Françoise III [28]. On lui devait encore la grille et les boiseries du chœur, et le riche baldaquin à quatre colonnes d’un beau marbre qui décore aujourd’hui le maître-autel de Saint-Pierre de Saintes.

Les religieuses de Saintes ont toujours donné un cachet de grandeur à toutes leurs œuvres. On en peut juger par l’église et le clocher de Marennes, l’église de Saint-Just, la façade de l’église de Pont-l’Abbé. Ce dernier monument, mieux conservé que la façade de l’église abbatiale, est de peu postérieur et plus richement orné.
Le monastère de Saintes a subi tant de transformations par suite des incendies ou d’autres causes de destruction, qu’il ne subsiste plus des constructions antérieures à 1659 que quelques vestiges des anciens cloîtres. On y reconnaît à leur style, l’époque de la fondation et celle des restaurations opérées par Anne de Rohan et par Françoise de la Rochefoucauld. Notre siècle n’a guère changé autre chose que la destination de ces beaux édifices : mais le contraste entre l’état actuel et le premier ne pouvait être plus complet. On lit sur la porte de l’église : Ecurie pour 63 chevaux, et sur le grand portail de la cour d’entrée : Caserne de l’abbaye.

 IV. Organisation.

- I. Constitutions et usages monastiques.

La charte de fondation place l’abbaye sous la règle de saint Benoît.

La vie monastique a dû y subir plusieurs variations amenées par les réformes successives que les circonstances ont réclamées. La plus ancienne de ces réformes, dont nous ayons trouvé le souvenir, fut celle que des Commissaires apostoliques avaient été chargés d’établir dans tous les monastères de la province de Bordeaux, en vertu de lettres du cardinal Adrien de Boissy, en 1519 [29]. Plus tard, les guerres civiles et religieuses de la fin du XVIe siècle ramenèrent le relâchement de la discipline, auquel ont remédié, comme on l’a vu, Françoise de la Rochefoucauld et les deux dames de Foix. Aucune religieuse n’était admise par madame de la Rochefoucauld, qu’elle n’eût fait serment sur les évangiles de ne point s’opposer à la réforme.

Le peu de détails que nous fournit le Cartulaire sur le genre de vie des premières Bénédictines de Saintes, présente des différences assez notables avec les constitutions monastiques des siècles postérieurs. Ainsi les actes de propriété n’ont pas toujours été regardés comme incompatibles avec le vœu de pauvreté. La charte 140 donne un exemple d’une religieuse pouvant disposer librement de son patrimoine. Généralement, néanmoins, les biens sont en commun, et l’abbesse n’en peut rien aliéner sans le consentement unanime de son chapitre.

Les lois de la clôture sont également bien différentes de ce qu’elles furent depuis. En 1133, nous voyons les religieuses se rendre en procession à Saint-Eutrope, pour y assister aux obsèques de Geoffroy, sire de Pons (Ch. 123). Les portes du monastère s’ouvrent aussi, non-seulement à l’évêque et à son clergé, mais encore à des chevaliers et autres laïcs, pour régler une affaire litigieuse. L’assemblée, à laquelle assiste toute la communauté, se tient sous le cloître devant la porte du chapitre (Ch.. 228). Une autre affaire est traitée dans la chambre même de l’abbesse (Ch. 116).

Des clauses de certaines chartes nous montrent que les fondateurs et bienfaiteurs avaient poussé la sollicitude jusqu’à procurer aux sœurs des divertissements. Dans ce but, on leur avait accordé le droit d’envoyer leur veneur et un oiseleur dans les forêts de Salis et de Baconais. Dans cette dernière, elles faisaient faire tous les ans une grande chasse, pour y faire prendre vivants un sanglier et sa laie, un cerf et sa biche, un daim et sa femelle et un couple de lièvres.

Telles sont les particularités qu’offrait la vie monastique chez les Dames de Saintes avant le XVIe siècle.

- II. Privilèges spirituels et temporels.

Les fondateurs avaient fait hommage de l’abbaye au Saint-Siège, sous la juridiction immédiate duquel ils l’avaient placée. Le métropolitain, ni l’évêque diocésain n’y pouvaient exercer aucun droit de visite.
Les souverains pontifes Léon IX, Nicolas II, Calixte II, Innocent II, Eugène III, Anastase IV et Alexandre IV, ont successivement confirmé les privilèges de l’abbaye de Saintes. En vertu d’un de ces privilèges , renouvelé plus tard par Lucius III, les religieuses et leurs chapelains ne pouvaient être excommuniés que par un légat du pape. Dans le cas où la ville ou le diocèse venaient à être frappés d’interdit, le service divin pouvait continuer à être célébré dans l’église abbatiale, à huis-clos, et sans sonner les cloches.

Comme la plupart des seigneurs temporels, les abbesses ont joui de tout temps du droit de présenter à l’évêque qui les instituait canoniquement, les chapelains et les vicaires perpétuels des églises de leur dépendance. C’est ainsi que quinze cures du diocèse de Saintes, deux du diocèse d’Angers, une du diocèse de Poitiers, et pendant longtemps une de celui de Périgueux étaient à la nomination de l’abbesse de Saintes. Je ne sais sur quel document l’abbé Briand s’appuie pour porter à cinquante-trois le nombre de ces églises. Il n’y a pas moins d’exagération dans ses invectives contre un ordre de choses peu regrettable, sans doute, mais alors légitimement établi [30].

A ces privilèges spirituels, l’abbaye joignait des prérogatives par lesquelles les fondateurs et les ducs d’Aquitaine avaient pris soin de garantir son indépendance temporelle. Les viguiers, prévôts et autres officiers des justices royales ou seigneuriales n’avaient aucun droit sur ses hommes ou tenanciers. Ses terres devaient être respectées dans les chevauchées, courses, expéditions ou exercices militaires.

Les habitations de ses vassaux étaient encore exemptes du logement des gens de guerre ; leurs biens, de certaines contributions dues au roi ou aux seigneurs voisins ; leurs personnes, du service militaire hors de la Saintonge.

Les seigneurs de Taillebourg avaient aussi affranchi de tous droits de navigation les embarcations passant sur la Charente devant les ports de leur dépendance, pour le service de l’abbaye.
L’autorité spirituelle des papes et des évêques avait elle-même sanctionné par les censures ecclésiastiques, ces précieux privilèges, en prononçant contre les violateurs, les terribles anathêmes dont plusieurs chartes contiennent la formule.

- III. Personnel.

L’abbesse était élue par les religieuses réunies en chapitre. L’évêque de Saintes, s’il était moine, et les abbés voisins (levaient veiller à la régularité de l’élection. L’élue était présentée au pape qui l’instituait par une bulle. Cette bulle l’autorisait en même temps à recevoir de la main de l’ordinaire ou de tout autre prélat en communion avec le Saint-Siège, la bénédiction abbatiale. A la suite de cette bénédiction, l’abbesse prêtait le serment exigé, et dont la formule, jointe à la bulle de son institution, lui venait de Rome. Elle signait cette formule, la scellait de son sceau, et l’envoyait au pape par son messager [31].

Bien que l’on dût choisir généralement une religieuse de l’ordre de saint Benoit, on voit par la bulle de provision de Françoise I de la Rochefoucauld que cette abbesse avait embrassé l’ordre de saint Augustin, au monastère de Poissy.

Quand les abbesses étaient tirées d’un autre couvent, les papes leur recommandaient de se conformer en tout aux usages de celui de Saintes, en ce qui concernait l’habit et les autres observances.

En considération de certaines circonstances et du mérite personnel des sujets, on s’écarta quelquefois des règles de l’église relatives à l’âge que devait avoir l’abbesse. Jeanne de la Rochefoucauld n’avait que vingt ans quand elle fut nommée par Paul III, en 1544 [32].

A cette époque, les religieuses de Saintes jouissaient encore du droit d’élire leurs abbesses. Le roi confirmait l’élection, mais elle ne tarda pas à lui appartenir exclusivement, comme on le voit par le Pouillé appelé Pancarte de Rochechouart, transcrit en 1567 [33].

Madame de Saintes (tel était le titre de l’abbesse), jouissait des prérogatives des plus grands seigneurs. Elle était qualifiée, dans les actes publics, très-haute et très-puissante Dame. Quand le duché d’Aquitaine fut réuni à la couronne, ce fut au roi qu’elle dut présenter l’aveu et dénombrement de ses fiefs et droits féodaux, sans autre devoir que le serment de fidélité, à muance de seigneur.

Une des prérogatives les plus considérables des abbesses était le droit de change et de fabrication des monnaies pour toute l’étendue de l’évêché de Saintes. Elles en jouissaient encore à la fin du XVe siècle. Les rois de France se le sont exclusivement réservé dans la suite. L’abbesse avait sa cour de justice, et tenait ses assises dans ses châtellenies. Une fois chaque année, un chevalier, vassal de l’abbaye, devait l’accompagner en voyage, ou lui prêter un cheval. Il était tenu de rendre le même office à celle des religieuses que déléguait l’abbesse, quand elle ne pouvait se déplacer.

Il y avait à l’abbaye de Saintes, trois dignités : le Décanat, la Sacristanie et l’Aumônerie. Les fonctions de Prieure claustrale, de Cellerière et de Bibliothécaire, librorum custos, étaient de simples offices [34].

La Doyenne, qu’on appela plus tard grande prieure, occupait le premier rang après l’abbesse. Après elle, venait la Sacristine, à l’administration de laquelle donnaient une grande importance les libéralités des bienfaiteurs et les domaines dont la Sacristanie avait été dotée. Elle possédait, entre autres, des terres à Chermignac, des maisons et jardins à Pont-l’Abbé, et un moulin sur le pont de Saintes, appelé pour cela le moulin de l’autel, molendinum altaris.

Les actes de la Sacristanie s’inscrivaient parfois dans le missel, comme les obits et anniversaires étaient insérés dans le livre de la Règle.

L’abbesse nommait seule les dignitaires et officières. C’est elle encore qui déléguait pour gouverner les obédiences ou monastères dépondant » de celui de Saintes, les prieures ou obédiencières.

Les religieuses de chœur portaient le titre de dames, domnœ, selon l’usage de l’ordre de saint Benoît. Enfin sous le nom de scolares, les novices figurent comme témoins dans certaines chartes.

Le nombre des religieuses, y compris les sœurs converses, pouvait s’élever jusqu’à cent. En 1333, soixante-six capitulantes prenaient part à l’élection qui suivit la mort d’Agnès II de Rochechouart. Sous Agnès III, les malheurs de l’époque avaient réduit le nombre total à quarante [35]. Au XVIème et au XVIIème siècle, l’abbaye redevint florissante ; et sous madame de Duras, eu 1742, on y comptait soixante-dix-huit religieuses 48 dames, 30 converses) [36] ; enfin, sous la dernière abbesse, elles étaient quatre-vingt-neuf (54 dames, 35 converses) [37].

Les dames appartenaient généralement aux familles les plus distinguées.

Les papes tenaient compte de la naissance dans la nomination des abbesses. Sibylle était petite-fille du roi Robert et tante maternelle de la duchesse d’Aquitaine ; et avec elle vivaient en 1130 Imberge de Périgord, Ema de Jonzac, Alix d’Archiac, Noble de Chalais et autres. A la même époque, Alix de Montausier gouvernait le prieuré de Saint-Sylvain-de-la-Mongie. Agnès de Barbezieux, fille du duc Guy-Geoffroy, avait sous sa conduite en 1148, Alix d’Authon, Péronnelle de Birac, Sibylle de Douhé, de la famille des seigneurs de Broue, Hilaire de Mornac, Marie de Taillebourg. Les illustres maisons de Lusignan, de Rohan, de Didonne, de Pons, de Rochechouart, de la Rochefoucauld, de la Rochandry, de Foix, de Duras, de Culant, de Biron et autres, ont fourni à Notre-Dame de Saintes, des religieuses et des abbesses. Madeleine d’Orléans d’Angoulême, sœur naturelle du roi François Ier, avait fait profession dans ce monastère : elle fut prieure de Pont-l’Abbé, avant de devenir abbesse de Saint-Ausony-d’Angoulême, puis de Jouarre [38].

L’admission dans le monastère de Saintes était une faveur recherchée ; elle était quelquefois obtenue par des bienfaits ou les libéralités des familles. Des parents offraient à cette occasion une fille dans le bas âge [39]. D’autres, à l’exemple de plusieurs saints personnages de l’antiquité, destinaient à la vie religieuse un enfant avant sa naissance.

Des épouses, du vivant de leur mari, venaient avec leur consentement se consacrer à Dieu dans le cloître. Des mères prenaient le voile avec leurs filles. D’autres devaient leur admission à la recommandation de quelque prince ou princesse. La reine Eléonore avait ainsi recommandé une jeune postulante. Le sire de Taillebourg, Geoffroy de Rançon, met son épée au service de l’abbaye, à la condition qu’on y recevra une jeune enfant, puellulam. Deux nobles chevaliers de Broue, en récompense du même service, réclament la même faveur pour leur sœur, et font appuyer leur demande par l’archevêque de Bordeaux et par l’évêque de Saintes.

Le service religieux de l’église abbatiale, en même temps que celui de la paroisse Saint-Palais, était confié à quatre chapelains ou chanoines. Ils étaient nommés par l’abbesse qui les présentait à l’évêque pour leur institution canonique. Muni de son titre, le nouveau chapelain assisté de ses trois collègues ; se présentait à la grille du chœur. L’abbesse, accompagnée des dignitaires de l’abbaye, recevait le serment par lequel il jurait sur les saints évangiles d’accomplir fidèlement les devoirs de sa charge, c’est-à-dire , « indépendamment de l’administration des sacrements et du service paroissial de l’église Saint-Palais, de dire et célébrer les messes conventuelles, à son tour, pendant une semaine, d’y faire tous les services usagés, d’y administrer les sacrements aux daines et sœurs religieuses, tant en santé qu’en maladie, et toutes autres circonstances, même en temps de peste, guerre et autres accidents imprévus. [40] » Ce serment prêté, Madame l’abbesse, en signe d’investiture, remettait au chapelain le surplis et l’aumusse grise. Tel était le costume de chœur des quatre chanoines de Saint-Palais. Ceux de Saint-Pierre leur ont toujours, néanmoins, contesté le droit de le porter en ville ; aussi, quand ils y venaient pour les cérémonies publiques, quittaient-ils l’aumusse à l’entrée du pont, pour la reprendre au retour.

Les chapelains aidaient les religieuses dans l’administration de leur temporel.

Des clercs leur étaient adjoints, pour remplir à l’église les offices inférieurs. Une charte fournit un exemple d’un chapelain qui avait, étant diacre, servi en qualité de sacristain de l’abbaye.

L’abbesse conférait à l’un de ces clercs l’office de secrétaire : c’était le scribe, scriba, scriptor, nommé •ailleurs deviens epistolaris. La plupart des chartes sont rédigées par ce clerc. Plusieurs autres étaient attachés aux cours de justices des châtellenies de l’abbesse. Dans les procès, ils plaidaient pour le monastère. Ils étaient également intendants et receveurs de ses domaines.

On leur adjoignit plus tard un aumônier à gage, pour l’assistance des indigents.

Un prévôt, praepositus, nommé par l’abbesse. exerçait en son nom la justice et tenait d’elle un fief dans le ressort de chaque seigneurie. Les prérogatives de cette charge la faisaient ambitionner, et l’on a vu des familles la revendiquer comme un droit patrimonial, bien qu’elle ne fût jamais héréditaire, pas plus que celle de forestier, forestarius.

Des sergents, servientes, veillaient à la sûreté des personnes et à la garde des propriétés dans chaque domaine du monastère. Quelquefois le sergent était en même temps officier de police, régisseur, et l’homme de confiance de l’abbesse, rector familix.

Un dimier, decimarius, percevait les dîmes et redevances en nature.

L’abbesse avait aussi son page ou valet, famulus, son sergent et son veneur, venator.

Un autre valet et des domestiques pour, le service de l’abbaye complétaient avec les colons, cultores, le nombreux personnel qui, selon l’expression d’une charte « vivait du pain du monastère » (Ch. 37).

Indépendamment de ce personnel, nous voyons encore au service de l’abbaye, avec le titre de capitaine, les sires de Taillebourg, d’Authon et autres. La protection armée qu’ils s’engageaient à fournir s’appelait eapi-tenium, et n’était pas un service entièrement désintéressé.

Enfin, dans les affaires litigieuses d’une certaine importance, l’abbesse s’entourait d’un conseil d’ecclésiastiques et de barons qui dans certains cas formait une sorte de jury.

- IV. Domaines et dépendances.

La plupart des domaines de l’abbaye lui avaient été concédés par les fondateurs presque tous les autres étaient des acquisitions faites ou des libéralités reçues antérieurement au XIII0 siècle, puisqu’elles sont mentionnées dans le cartulaire.

Madame de Saintes partageait avec Monsieur de Saintes (l’évêque) le domaine de la paroisse Saint-Palais. La part de l’abbesse s’appelait le fief de Notre-Dame ou des Nonains.

En dehors du faubourg, elle possédait dans les limites de la seigneurie du Douhet, une maison à Lormont, sur le bord de la Charente, et deux pièces de prés, l’une située près du Jarry, l’autre au pied de l’aqueduc romain qui traverse la vallée de Fontcouverte.

De l’autre côté de la Charente, les fiefs de la Flexelle, de la Conchette et de la Gors, sur la paroisse de Saint-Vivien, et celui de Charmaignes sur la paroisse de Saint-Eutrope étaient du domaine de l’abbaye.

A Thenac, dans la châtellenie de Pons, elle possédait les terres de la Sablière et de Puybadent.

Aux Gonds, dans la seigneurie de l’évêque de Saintes, un fief aux Verniers et une terre longeant le chemin des Arènes, étaient encore du domaine de l’abbaye. Ils formaient avec Puybadent la terre dite de Saint-Palais et appartenaient déjà au monastère fondé par le saint évêque de ce nom, quand on en fit l’abbaye de Notre-Dame.

Sur le pont de Saintes, près de la tour de Maltrible ou Montrible, était le moulin dont nous avons déjà parlé, et que l’abbaye partageait avec le prieuré de Saint-Vivien. Elle avait aussi une rente, sur celui de Lucérat, possédé par le prieur de Saint-Eutrope.

Les maisons de la monnaie se trouvaient dans l’enceinte de la ville près du pont.

Chacun de ces lieux était du ressort de la prévôté de Notre-Dame. Les malfaiteurs qu’on y prenait étaient exécutés aux justices situées dans un verger, au lieu nommé la Fraignée.

En dehors de Saintes, le domaine de l’abbaye s’étendait sur la plus grande partie de la presqu’île de Marennes, entre les deux bras de mer de la Seudre et de Brouage, depuis Montailain jusqu’au Chapus. Le reste de cette contrée était partagé entre les seigneurs de Broue, de Montailin et de Chessous. L’abbesse y avait deux châtellenies, celle de Salles ou Marennes et celle de Saint-Sornin. La première renfermait la paroisse de Saint-Just, les villages de Mozac et de Luzac, du Port-de-Salles, et autres. Saint-Sornin renfermait le prieuré et la paroisse de ce nom avec celle de Broue. Dans le voisinage, l’abbaye possédait trente-cinq livres de marais salants sur les rives de la Seudre et vingt-cinq sur celle de Brouage. Les deux châtellenies de Salles et de Saint-Sornin donnaient à l’abbesse une part dans les recettes des boîtes ou octrois établis dans toute la presqu’île et à Hiers, un droit sur l’aire de Saint-Just, et sur le four et le port de Salles. Elle avait encore le sixième de la dîme des terres et vignes de Broue. Elle recevait du prévôt d’Hiers une rente en blé et en cire, et du prieur des Touches deux muids de sel et deux muids de blé dont un de froment et un de méture.

Le tiers des offrandes faites dans les trois églises de Saint-Pierre-de-Salles, de Saint-Just et de Saint-Sornin, le jour de leur fête patronale, était réservé à l’abbesse. Elle avait encore les droits accoutumés sur les ventes, et ce qu’on appelait le levage des pains et de la viande, sur les marchés qui se tenaient à Salles tous les lundis et sur les deux foires établies au même lieu, aux deux fêtes de l’apôtre saint Pierre (29 juin et 1er août), enfin le péage des bêtes qui passaient à Saint-Sornin.

Nous devons ajouter à ces droits celui que les seigneurs de Mornac avaient concédé aux abbesses de faire recueillir du gland et mener paître un nombreux troupeau de porcs dans la forêt de Salis ou d’Arvert.

La châtellenie du prieuré de Pont-l’Abbé était aussi fort importante. Les abbesses disaient avec raison « noustre ville de Pont-l’Abbé. » On y voit de beaux restes d’une porte fortifiée et une des belles églises de la Saintonge. Cette église, dédiée à saint Pierre, et les églises de Notre-Dame de Valanzay ou Sainte-Radégonde, Saint-Sulpice-d’Arnout, Notre-Dame de Beurlay, Notre-Dame de Broussay, Saint-Michel de la Nuelle, Saint-Macou près Nancras, et Saint-Jean d’Angles, avec leurs dépendances et leurs revenus, ainsi qu’une assez grande étendue de bois, garennes, vignes, marais et déserts étaient du domaine de Pont-l’Abbé. L’abbesse y exerçait tous les droits féodaux, elle y avait un péage à l’entrée de la ville, et y faisait tenir plusieurs foires dans l’an, et le marché tous les vendredis.

La châtellenie de Corme-Royal n’était pas moins considérable. Elle donnait à l’abbesse une part ou le tout des dîmes en certains lieux, comme sur les terres des seigneurs de Pisany, de Balanzac, de l’Isleau et de Ransannes, sur celles du prieur de Sainte-Gemme, sur Châteauverne, et toute la terre qui s’étendait du moulin de Forêt au domaine de Pabons, sur un fief à l’Islate, sur la Clisse et autres lieux. Elle avait tout le domaine de la forêt de Vidre (aujourd’hui forêt de Corme), de la Vergne, de la Touche-Roussin, de la Dorinerie et des deux églises de Saint-Nazaire de Corme, et de Sainte-Madeleine de la Clisse.

L’église et la paroisse de Saint-Laurent du Gua formaient une autre châtellenie comprenant les dépendances et revenus de l’église, la terre du Gua, la moitié du moulin de Chalon, du côté de Saint-Martin (l’autre moitié relevait de Matha), et la terre de Souhe, avec des droits féodaux sur le Coudreau, le port de Chalon, le péage du Gua et autres. Il s’y tenait chaque année une foire le jour de la saint Laurent.

A quelque distance du Gua, dans les marais de la Seudre, se trouvait la petite église de Saint-Martin de Senzillac, laquelle formait un domaine à part.

L’église de Nancras était également, avec ses dépendances, un fief enrichi, dès le principe, de la dîme de tous les défrichements faits et à faire dans la forêt de Baconnais, avec le droit de chasse dans cette forêt.

L’abbaye possédait encore aux environs de Saint-Jean-d’Angély, le prieuré de Saint-Julien de l’Escap, avec sa terre, le village de Saint-Julien et le bois de Sainte-Marie.

Outre ces domaines situés sur le continent, le monastère de Saintes possédait dans l’Ile d’Oleron la châtellenie de Saint-Denis, comprenant l’église et prieuré de ce nom, avec la terre de Chassiron, et la dîme des peaux de toutes les bêtes rousses, telles que cerfs, biches, etc., prises dans toute l’étendue de l’île. Ces peaux étaient destinées à couvrir les livres des religieuses. Une foire annuelle se tenait à Saint-Denis le jour de la fête patronale. Comme le port le plus rapproché de ce point de l’ile d’Oleron est la Rochelle, les maisons que possédait l’abbaye dans cette ville, dépendaient du prieuré de Saint-Denis et servaient de pied-à-terre aux clercs et aux religieuses, avant et après la traversée (Ch. 67).

Les fondateurs de Notre-Dame de Saintes l’avaient également dotée de beaux domaines hors de la Saintonge. Ainsi en Poitou, elle possédait l’église et l’île de Vix, avec le droit de pêche dans les eaux de la mer qui, encore à la fin du XVe siècle, entouraient cette île [41]. Le terrain qu’elles couvraient avait été desséché et cultivé avec soin, ce qui avait fait de cette île une terre considérable, avec un censif fort étendu. Les abbesses y possédaient le château ou maison seigneuriale et y exerçaient tous les droits des grandes châtellenies. Elles en ont toujours conservé la possession jusqu’en 1793.

Il n’en fut pas de même de leurs domaines en Anjou et en Périgord. Après les guerres de religion, l’éloignement des lieux ne permit que difficilement de les revendiquer et d’en empêcher la dégradation et l’envahissement. C’est ainsi que passèrent en des mains étrangères une partie des biens du prieuré de Notre-Dame de Montpollin, l’église de Saint-Germain, les coteaux de Montgadon en Anjou et leurs dépendances et revenus. C’est ainsi que les maisons de la Force, de Biron et autres, se sont emparées du prieuré de Saint-Sylvain-de-la-Mongie, donné par les princes de Talleyrand, et des dépendances des églises de Lamont, de Saint-Pierre-de-Coutures et de Sainte-Foy de Gardonne.

Tous les prieurés que nous venons d’énumérer, n’étaient que de simples obédiences qui ont fini par être réunies à la mense abbatiale.

Dans chacune de ces châtellenies, l’abbesse entretenait un prévôt et des sergents pour l’exercice de toute justice haute, moyenne et basse. Depuis la réunion du duché d’Aquitaine à la couronne, elle faisait hommage pour tous ces fiefs et droits au roi, de qui elle reconnaissait les tenir en franche aumône [42].

- V. Revenus et charges.

Ce riche temporel eut beaucoup à souffrir des guerres qui ont souvent désolé la Saintonge.

Au XIVe siècle, la dîme qu’il paie à Jean XXII, s’élève à 100 liv. tournois. Deux siècles après, le revenu de l’abbaye est évalué en Cour de Rome à 24 ducats d’or de la chambre apostolique. Elle avait été taxée primitivement à cinq sols poitevins de prestation annuelle, au palais de Latran, en reconnaissance du protectorat du Saint-Siège. Enfin au siècle dernier, l’évaluation officielle le porte à 60,000 livres, bien qu’en réalité il ne valut, en 1723, que 47,470 livres.

Mais sous madame de Parabére il atteignait le chiffre de 55,723 livres, sans y comprendre le revenu du prieuré de Montpollin en Anjou. Plusieurs rentes s’étaient perdues, la valeur de plusieurs exploitations, comme celle des salines, avait beaucoup diminué, et les charges restaient les mêmes. On y aurait fait face néanmoins sans les travaux extraordinaires de restauration, nécessités par la vétusté des bâtiments et les deux incendies dont nous avons parlé. Aussi en 1723, le monastère se trouvait-il obéré d’une dette de plus de 30,000 livres. Elle fut soldée dans la suite ; et dans une des dernières années, le compte de l’abbesse constatait un excédant de recettes de 29,177 livres [43].

Il ne fallait pas moins d’un revenu aussi considérable pour supporter toutes les charges du monastère.

On avait à pourvoir à la nourriture et à l’entretien des nombreux habitants et serviteurs de l’abbaye. L’entretien et le luminaire de l’église, au dernier siècle, coûtaient annuellement 2,000 livres, et nous voyons par les chartes que, dès le principe, les cérémonies et les ornements de l’église abbatiale de Saintes étaient d’une splendeur admirable (Ch. 78). Les restes de quelques-unes des églises qui en dépendaient témoignent de la magnificence que les abbesses aimaient à déployer dans ces constructions. L’entretien de plusieurs de ces sanctuaires, presque tous dépourvus de fabrique, était également à la charge de l’abbaye. C’est ainsi que dans les derniers temps, les églises de Corme-Royal, de Nancras, de la Clisse, de Pisany, du Gua, de Broue, de Saint-Sornin, de Saint-Just, de Saint-Denis, de Saint-Julien et de Vix en Poitou, absorbaient encore chaque année une somme de 2,200 livres. Il n’y avait de fabrique qu’à Marennes et à Pont-l’Abbé.

L’entretien des logements et servitudes coûtait annuellement 5,000 livres ; celui des équipages et voitures était également dispendieux [44]. Il fallait encore pourvoir au traitement des quatre chanoines de Saint-Palais, aux honoraires des prédicateurs de l’Avent et du Carême, à la pension des vicaires perpétuels qui desservaient les églises que nous avons nommées, aux gages des nombreux officiers et serviteurs de l’abbaye et de ses dépendances, aux honoraires des médecins, chirurgiens, apothicaires.

La plupart des libéralités faites au monastère étaient grevées de charge telles que aumônes, messes et obits, dont l’acquit s’élevait à une somme considérable.

Dès les premières années, une charte fait remarquer qu’une foule de gens infirmes et souffrants, les pèlerins, les orphelins et les veuves, et des hôtes nombreux trouvaient à l’abbaye tous les secours et les soins nécessaires (Ch. 20). Sous la dernière abbesse, les aumônes distribuées à la porte du monastère et à l’hôpital-général, s’élevaient à 1800 livres par an.

L’hospitalité n’était pas une des moindres charges. Tel seigneur avait stipulé que, en reconnaissance de ses services ou de ses bienfaits, ses officiers trouveraient en passant à l’abbaye, un certain nombre de fois dans l’année, de quoi boire et manger abondamment. La qualité même du pain est spécifiée quelquefois : il sera de celui qu’on sert au réfectoire (Ch. 59 et autres). On ne recevait guère de libéralités des gentilshommes sans leur faire une gratification souvent considérable. Il en était de même quand on concluait avec eux quelque arrangement. Les équipages des gens de qualité reçus à l’abbaye, entraînaient des frais continuels. Plus d’une fois les abbesses ont eu à faire à des princes et princesses des réceptions en rapport avec le rang de pareils hôtes et à la hauteur de leur propre dignité. L’histoire, en effet, compte parmi les plus augustes visiteurs du monastère, la reine de Navarre, qui y séjourna les 3, 4 et 5 mars 1582 [45], et le roi d’Espagne, Philippe V, se rendant prendre possession de ses états, en compagnie de ses deux frères, les ducs de Bourgogne et de Berry (les 24 et 25 décembre 1700) [46]

Une réception d’un autre genre, et moins onéreuse, avait lieu chaque année à l’abbaye le jour des Saints Innocents, jusqu’à ce que l’usage en fût abandonné à la fin du XVIe siècle. Le chanoine F. Tabourin raconte, en effet, dans ses intéressants Mémoires, que de son temps un des enfants de chœur de la cathédrale présidait les offices depuis les vêpres de la veille jusqu’au soir de la fête, en costume d’évêque, escorté de ses jeunes compagnons vêtus en chanoines, tandis que les vrais chanoines remplissaient les fonctions d’enfants de chœur. Les offices terminés, le jeune prélat montait un petit mulet, et son chapitre enfantin, sur les plus beaux chevaux de la ville conduits par des valets en livrée, se rendait avec lui à l’abbaye. Madame de Saintes faisait à la troupe un gracieux accueil, recevait en hommage un millier d’épingles blanches, puis donnait en retour au petit évêque, une paire de gants rouges bien fourrés. La réception se terminait par une brillante et succulente collation servie à ce prélat et à ses chanoines d’un jour, dont les prérogatives finissaient avec la fête [47]. L’abbesse devait encore au chapitre de Saintes, quand il venait en procession à l’abbaye la veille de l’Ascension, « un may de may entouré tout de fleurs despuis le bas jusques en haut. » Le mai fut remplacé depuis par des bouquets distribués en cette occasion aux chanoines et au bas chœur. Enfin, le chapitre renonça à cet usage ; et le bon chanoine Tabourin s’en plaint dans ses Mémoires. « C’estoit, dit-il, un debvoir que ce may de may, qui ne se payoit pas sans subject. » [48]

 V. Le cartulaire.

Ce cartulaire in-folio contenait primitivement 92 feuillets dont quelques-uns sont restés en blanc. Par suite de la suppression de deux de ces feuillets blancs, on a numéroté de nouveau la pagination.

La couverture du volume est formée de deux planches de chêne recouvertes d’une peau de daim ou de cerf.

Cette reliure porte sa date inscrite sur la couverture à l’intérieur, à la fin du livre. L’inscription est ainsi conçue : L’an mil cinq cens et troys le douzième jour du [mois] de juillet Maistre Valduin de Sainpons lung des curés de Saint-Palais les Xainctes et solliciteur de Révérende dame madame Anne de Rohan abbaisse de l’église Nostre Dame hors les murs de Xainctes a fait relier ce présent Cartullaire par commandement de madame.

Une note d’une écriture du XVIe siècle, avertit au bas d’une page que le relieur a fait en cet endroit une transposition, et donne le moyen de rétablir la pagination, en ces termes : Require cetera que pertinent ad prioratum Sancti Sylvani de Mongia, in quarto folio sequenti in quo talem (sic) reperies signum : et le signe indiqué est une crosse abbatiale.

Au folio 85, le texte se trouve interrompu, il y a là une lacune d’un ou plusieurs feuillets perdus avant la reliure.

Le frontispice a disparu.

L’écriture, grande et belle, paraît assez uniforme, bien qu’elle ne soit pas partout de la même main. Le Cartulaire semble, en effet, avoir été divisé en neuf parties. La première se compose des titres de fondation, des bulles des papes, des diplômes des princes et des évêques, et des titres concernant le chef-lieu de l’abbaye, avec quelques actes des évêques et comtes de Périgueux. La deuxième partie renferme les titres de Pont-l’Abbé ; la troisième, ceux de Corme-Royal et du Gua ; la quatrième, ceux de Montpollin en Anjou ; la cinquième, ceux de Saint-Sylvain en Périgord ; la sixième, ceux de Chassiron (Saint-Denis-d’Oleron) ; la septième, ceux de Saint-Julien, de l’Escap ; la huitième, ceux de Vix en Poitou ; la neuvième, ceux de Marennes. A la suite de chaque partie on avait laissé en blanc un nombre de pages proportionné à l’importance de chaque domaine. On en a rempli plusieurs à des époques successives ; de là la différence plus ou moins notable qu’on remarque dans les écritures. Celle de la première main doit être antérieure à la charte de Jean, évêque de Poitiers, 1171 (Ch. 41), et postérieure à la bulle d’Alexandre III, 12 mai 1167 (Ch. 10).

Les titres sont écrits au minium. Les initiales sont également en rouge, de grande dimension et d’une forme élégante. Celle de la première charte est bleue et rouge avec filets blancs ménagés dans chacune de ces couleurs : l’intérieur est rempli par une feuille d’acanthe terminée en volute à chaque extrémité. Nous signalerons encore les lettres du mot Anastasius qui commence la bulle du pape Anastase IV. La première est rouge avec filets blancs, et le premier jambage s’épanouit en forme d’arabesque. Les autres lettres sont noires et rehaussées ou traversées d’un trait rouge.

Le copiste a reproduit fidèlement la forme et les inscriptions des cercles que l’on traçait alors à la main au bas des diplômes des papes. Dans le cercle de Nicolas II, la croix qui partage l’intérieur est cantonnée des quatre mots XPC VINCIT, PETRUS, PAULUS.

Dans les autres cercles, les mots SCS PETRUS, SCS PAULUS sont placés au-dessus de chaque bras de la croix dont le pied coupe le nom du souverain pontife. Chaque cercle a pour exergue la devise particulière à chaque pape. La devise de Nicolas II est : + CONFIRMA HOC DEVS QUOD OPERATVS ES IN NOBIS ; celle d’Urbain II : + BENEDICTUS DEVS ET PATER DNI IHV XPI. ; celle de Calixte II : + FIRMAMENTVM EST DNS TIMENTIBUS EVM ; celle d’Innocent II, + ADIVVA NOS DEUS SALVTARIS NOSTER ; celle d’Anastase IV ; + CVSTODI ME DOMINE VT PVPILLAM OCVLI ; enfin celle d’Alexandre III : + VIAS TVAS DNE DEMONSTRA MICHI. Au bas de chacune de ces bulles est reproduit un monogramme, d’un usage très-ancien, qui se compose des lettres des deux mots BENE VALETE.

Des différences, qui au premier coup d’œil paraissent peu importantes, existent entre ces monogrammes : chaque pape avait, en effet, le sien. Les paléographes reconnaissent que ces différences proviennent de ce que les traits de chaque monogramme sont combinés de façon à donner également cette formule de salut et le nom du pape auquel il appartient.

Le monogramme bien connu de Louis VII, se voit également au bas de trois chartes de ce prince : il est formé des lettres de son nom : LVDOVICVS. L’apposition de ce signe est mentionné dans chacune de ces chartes en ces termes : Nominis nostri karactere corroborari precepimus.

La charte 140, qui est la plus ancienne du Cartulaire, est suivie d’une inscription formée de lettres groupées et entrelacées d’une manière plus ou moins compliquée.

En voici la teneur et la disposition :

ITA FUIT FIR MA -

TVM : QVI MVTAVE -

RIT : ANATHE MA SIT :

Ce précieux manuscrit aurait été racheté pour la somme de vingt-cinq sols, à l’époque des guerres de religion, s’il faut en croire une note de ce temps-là, écrite en tête du premier feuillet. Il échappa de nouveau, en 1793, à la destruction, quand on brûla les archives de l’abbaye. Depuis, il fut découvert et acquis par l’abbé Menpontet, ancien bénédictin de Saint-Jean-d’Angély, mort curé de Saint-Palais de Saintes. Ce vénérable ecclésiastique en fit don à la ville. On s’aperçut un jour que notre cartulaire avait disparu de la bibliothèque publique. Des recherches furent aussitôt ordonnées à la police par l’honorable M. Dufaure, alors ministre de la justice : et peu après on le découvrit dans le cabinet d’un savant de la capitale.

D. Estiennot et D. Fonteneau ont transcrit plusieurs chartes du Cartulaire de Notre-Dame de Saintes. Le Gallia Christiana en reproduit également plusieurs [49]. Enfin Ducange y a puisé pour son Glossaire, des textes nombreux.

Une traduction en avait été faite par D. Fonteneau et un autre bénédictin, D. Boudet, auteur présumé de l’histoire manuscrite de l’Abbaye de Saintes, que nous avons eu occasion de citer au commencement de cette introduction. Nous ignorons ce qu’est devenu ce travail, désigné dans l’ouvrage que nous venons de nommer sous le titre de Cartulaire français [50]


[1S. Gregor. epist. 49, lib. VI.

[2Chronic. S. Mich. apud Script, rer. franc, t. X, p. 176.

[3Hist. manuscrite de l’Abb., f° 44-45. — Gall. christ., tom. II, p. 1129.

[4Rymer, Act. publ. tom. III, p. 968,1010, 1011.

[5Ms Arch. de l’Abb., apud Massiou , Hist. de la Saint. et de l’Aunis, t. III. p. 39 et 40.

[6Hist. ms. de l’Abb. f° 46 v°.

[7Hugues du Temps, Clergé de Fr. t. II, p. 383. — Gall. christ, t. II, p. 4429.

[8Vidim. de la bulle de Clément VI, ms. du trésor de l’Abbaye, 5e boîte de. l’armoire de la fondation, 1ère liasse, n° 15.

[9Vidim. de la bulle d’Innocent VI, ms. du trésor de l’Abb., ibid. n° 7.

[10Ms du trésor de l’Abb., armoire de Saintes, 7e boîte, 1ère liasse, n° 4, coté Y.

[11Hist. ms. de l’Abb., f° 54-55.

[12Hist. ms. de l’Abb., f°55. — Hugues du Temps, Clergé de Fr., t. II, p. 375-384. — Gall. christ, t. II. p. 1123.

[13Hist. ms. de l’Abb., f° 64-67.

[14Briand, Hist. de l’Egl. Sant., t. II, p. 722 et suiv. D’autres attribuent le fait à M. de La Chasteigneraie, prédécesseur de M. de Larochefoucauld.

[15Registre des délibérations du Directoire du District de Saintes, 1791-1792.

[16Hist. généalog. de la maison de Fr. t. I, p. 828.

[17Armorial du Périgord

[18Ant. Bened. F° 101.

[19D. Est. Ant. Bened. f° 102 et s.

[20Hist. ms. des abb. f° 56 et s.

[21Hist. ms. des abb. f° 62.

[22Ibid. f° 63.

[23Ibid. f° 164.

[24D. Estiennot, ms. Antiquitates benedictinœ Santon. f° 120.

[25A Saint-Etienne de Caen, à la cathédrale d’Autun, à Sainte-Croix de Bordeaux, à Civray, à Surgères, etc.

[26D. Est. ms. Antiquit. benedict. Santon. f° 121.

[27Hist. ms. de l’abb. f° 65.

[28D. Est. ms. Antiquit. bened. Santon. f° 121 :

[29Ms. du trésor de l’abb. Armoire de la fondation, 5e boite, 2* liasse. n° 2.

[30Hist. de l’Egl. santone. t. II. p. 683.

[31Mss. orig. Bulles des abbesses Blanche de la Rochandry, Françoise et Jeanne de la Rochefoucauld.

[32Bulle ms. origin.

[33Ms. Biblioth. imper. S. Germain latin. 580.

[34Dans un monastère, quand un revenu fixe est à la disposition de celui qui est chargé d’un emploi, cet emploi s’appelle une dignité ; dans le cas contraire c’est un office.

[35Bulle de Clément VI, citée plus haut.

[36Hist. ms. de l’abb. f° 68, v° s.

[37Mss. Archiv. de la Charente-Inférieure. Déclaration des revenus de l’abb.

[38D. Estiennot, ms. Ant. b uni. Engolism. f° 127. Moréri, Dict. v. Orléans.

[39Renée de Bourbon. 28e abbesse de Fontevrault, en 1491, avait pris l’habit religieux à l’abbaye de Saintes, à l’âge de 8 ans.

[40Ms. orig. Installation de Louis-Joseph Racapé, 15 mars 1787.

[41Ms. orig. Aveu et dénombr. de Jeanne de Villars, 1472.

[42Ms. orig. Aveu et dénomb. de Jeanne de Villars. — Hist. ms. de l’abb. passim.

[43Ms. Archiv. de la Charente-Inf

[44Le 22 octobre 1792, le district de Saintes, considérant que les chevaux de l’abbaye « sont une charge pour la république, décide que la vente en sera faite à la manière accoutumée et aux enchères publiques. » (Regist. des délibér. du dist. de Saintes.)

[45Elle fut reçue le 3, qui était un samedi, par l’abbesse qui lui présenta la croix à baiser. Le lundi 4, après avoir entendu la messe à 11 h. à l’abbaye, elle partit pour St Jean-d’Àngély. (Ms archiv. municipales de Saintes.)

[46Les princes, frères du roi, allèrent entendre la messe à l’abbaye le jour de Noël, (ibid.)

[47F. Tabourin, Mémoires mss. inéd. F° 287,288,

[48Ibid, f° 218, v°.

[49Gallia Christ, t. II. colonne 478 - 489. Ce sont les chartes 1, 3, 55, 2, 215, 22, 430 et 12.

[50Hist. ms. de l’Abb. f° 24.

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