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Histoire de la Tour de Broue (Saint-Sornin, 17), par Denys d’Aussy

mercredi 8 février 2012, par Pierre, 3495 visites.

Qui n’a pas été attiré par la majesté de ce vieux donjon solitaire qui veille sur un empire de marais ? La Tour de Broue, qui a donné son nom à la ville de Brouage, a une histoire connue depuis le XIIe siècle. Denys d’Aussy nous la conte par le menu. La propriété de cette vieille forteresse et du fief dont elle dépendait a été tenue et revendiquée par des acteurs divers et variés, où l’on trouve, entre autres, les seigneurs des maisons de Doë, de Vaussay, de Pons, Martel, de Richelieu et de Savoie, les abbesses de l’abbaye aux Dames de Saintes. Leur intérêt n’était pas la conservation de ce vieux donjon, mais d’abord la propriété et le profit des marais salants qui l’entouraient.

Source : Archives historiques de la Saintonge et de l’Aunis - T XIX - 1891

La Tour de Broue
Dessin de Charles Dangibeaud - AHSA - 1891

Si vous avez à parcourir la triste et monotone campagne qui s’étend de Rochefort à Marennes, vous verrez se dresser au loin, dans les brumes de l’horizon, la haute silhouette de la tour de Broue. Arrêtez-vous un instant devant ces ruines. Rien de plus pittoresque que cette immense muraille tapissée d’un lierre gigantesque, et que semble grandir encore le sol uniforme et plat entourant l’éminence sur laquelle elle s’élève. Devant vous est Brouage, la forteresse aux remparts croulants, squelette d’une ville autrefois commerçante et riche, image d’une puissance évanouie comme celle de la tour elle-même qui lui donna son nom. Artiste ou poète, vous vous abandonnerez à vos rêveries en face de ces plaines silencieuses tant de fois ensanglantées pendant nos guerres civiles du XVIe siècle. Si vous avez l’esprit plus positif de l’antiquaire, vous vous plairez à reconstruire par la pensée les murs du vieux donjon, et vous vous rappellerez ces dissertations savantes qui ont agité sans la résoudre la question de son origine et de sa destination primitive Était-ce là un castrum gallo-romain ? Le phare indiquant aux navires l’entrée du problématique Port des Santons ? ou bien tout simplement le château bâti par quelque seigneur du XIe ou du XIIe siècle pour la défense et la sécurité de ses domaines ? Je n’ai point la prétention d’apprécier la valeur de ces opinions diverses ; je voudrais seulement reconstituer, autant que possible, à travers les siècles, la série des seigneurs qui ont possédé la tour de Broue. Un travail de cette nature est extrêmement difficile, lorsqu’on doit recueillir un à un les documents qui lui servent de base je n’aurais point osé l’entreprendre si un heureux hasard n’avait fait tomber entre mes mains quelques pièces d’une procédure du XVIIe siècle, ou se trouvent rapportés et analysés les chartes, aveux et autres contrats concernant l’ancienne seigneurie de Broue, et celles de Chessoul et de Montaiglin qui, de temps immémorial, étaient réunies. Si donc je ne puis présenter cette étude comme le fruit de longues et pénibles recherches, il m’est du moins permis d’affirmer son exactitude, et c’est là, je crois, le principal mérite d’un semblable travail.

Tous les historiens qui ont parlé de la tour de Broue ont mentionné la chronique rapportée par Besly [1] d’après laquelle Guy Geoffroy, comte du Poitou, au retour d’une expédition aux îles d’Aix et d’Oleron, se serait arrêté et aurait séjourné à la tour de Broue. Ce texte prouve que ce château existait dès le XIe siècle, et, en outre, qu’à cette époque la mer en baignait les pieds.

A la fin du XVIIe siècle, le canal de Brouage était navigable jusqu’au promontoire sur lequel la tour est bâtie, puisque l’on y construisait des navires de quarante tonneaux [2] ; enfin le P. Arcère nous apprend qu’en 1757, on trouvait, à la suite de fouilles, des ancres et des débris de navires non seulement auprès de Broue, mais dans les environs du château de Blénac, à plus de quatorze kilomètres des côtes actuelles. Fleuriau de Bellevue [3] a parfaitement analysé les causes physiques qui, même depuis les temps historiques, ont amené sur cette partie de notre littoral de sensibles modifications. L’envasement du havre de Brouage, la transformation en prairie de l’ancienne saline, sont des faits qui se sont passés sous les yeux de la génération présente ou de celles qui l’ont immédiatement précédée. Si donc nous nous reportons par la pensée au Xe ou au XIe siècle, nous comprendrons facilement pourquoi le nom d’îles était alors donné à toute la contrée comprise entre la Seudre, le canal de Brouage, la pointe du Chaput, et les hautes collines qui ferment au sud-est le bassin encore reconnaissable où les eaux de la mer se répandaient autrefois. Sur de récents attérissements formant trois éminences distinctes, s’élevaient, à l’époque dont nous parlons, les églises de Saint-Pierre de Sales, de Saint-Just, de Saint-Sornin, et, à la limite des marais, sur la côte anciennement baignée par l’océan, les châteaux de Broue, de Chessoul et de Montaiglin. Chessoul et Montaiglin ont depuis longtemps disparu. On peut encore cependant indiquer aujourd’hui le lieu où ils s’élevaient. Non loin de la colline qui a conservé le nom de Montélin, l’ancien Mons Aquilinus des vieilles chartes, près du village des Faveaux, à l’extrémité de la commune de Sainte-Gemme, on voit deux buttes féodales entourées de profonds fossés. Là, suivant la tradition populaire, était le château de Montglin [4]. La butte voisine n’a pas conservé le nom de Chessoul ; mais elle est évidemment l’emplacement même de ce château qui, suivant les anciens titres, était fort proche de Montaiglin.

Dans la charte de fondation de l’abbaye de Notre-Dame de Saintes, Geoffroy Martel et la comtesse Agnès, sa femme, abandonnèrent au monastère les églises de Saint-Saturnin, Saint-Just, Saint-Pierre de Sales, Saint-Martin de Sausillac et Le Gua, avec tous leurs droits utiles, et ensemble la dîme de toutes les terres depuis Montélin jusqu’à la pointe du Chaput. Les salines semblent exceptées de la dime ; et ce qui confirmerait cette opinion, c’est qu’au XIIIe siècle, en 1233, l’abbesse de Saintes et Hugues-le-Brun, comte de La Marche, à la suite d’une transaction, séparèrent par des bornes les marais salants du comte des terres douces appartenant à l’abbaye. Bien que les abbesses de Saintes, comme nous le verrons plus tard, aient soutenu que la concession primitive leur avait été faite à titre de fief, cette prétention est en désaccord non seulement avec les termes mêmes de la charte, mais encore avec les faits, du moins en ce qui concerne les îles de Marennes. Ainsi Marguerite, femme de Rudel, comte de Blaye, mère de Geoffroy Martel, comme ayant droit à la moitié des terres du comté de Saintonge, avait reçu dans son contrat de mariage de l’année 1040 [5], une rente de 2,500 livres assise sur les territoires de Marennes, Pont-Labbé, etc. Plus tard, Rudel abandonna les redevances féodales de la seigneurie de Marennes, moyennant l’engagement pris par l’abbesse de Saintes de lui payer la rente constituée dans son contrat de mariage, rente qui fut rachetée en 1328 par le monastère de Sainte-Marie ; mais rien n’indique que les comtes de Saintonge aient abandonné leurs droits de suzeraineté sur les fiefs du territoire de Marennes, et leurs vassaux continuèrent à leur prêter hommage et après eux aux rois de France, héritiers de leurs droits. C’est ainsi qu’un aveu du XIIIe siècle [6] nous apprend que le château de Chessoul relevait du roi à cause de son château de Saintes ; il en était ainsi de celui de Montaiglin, et, à plus forte raison, de la tour de Broue.

Les ruines qui couvrent le sol autour du donjon de Broue, prouvent que, primitivement, l’enceinte fortifiée devait protéger une certaine agglomération de population. La charte de fondation de l’abbaye de Saintes nous apprend qu’en 1047 il y avait à Broue une église dédiée à saint Pierre et à saint Eutrope [7] un acte du XIIIe siècle mentionne aussi une chapelle [8]. Jusqu’au commencement du XVIe siècle, Broue portait le titre de ville, et avait encore un curé en 1786 [9] ; il est donc présumable qu’elle ne commença à être abandonnée qu’après 1555, alors que Jacques de Pons eut jeté à peu de distance les premières fondations de la ville de Brouage.

Nous croyons qu’il n’est pas sans intérêt de faire connaître quel était, il y a cent ans (1786), l’état des ruines de la tour de Broue. Les détails que nous donnons sont empruntés à un procès verbal rédigé par le juge baillif de la châtellenie de Marennes. Il s’agissait de constater les entreprises d’un sieur Thoulut, curé de Broue, qui, se prétendant propriétaire de la tour et de ses dépendances, démolissait le mur d’enceinte pour en reconstruire son presbytère.

« Nous nous sommes transportés à ladite tour de Broue, dont il ne reste que le mur qui fait face au marais et à la mer au couchant, les parties du septentrion, midy et levant étant tombées par vétusté depuis plusieurs siècles. Observé que ledit fort était de forme quarrée, qu’il n’y a été fait aucune démolition ni dégradation nouvelle, qu’il est entouré d’anciens fossés, creusés de temps immémoriai, que lesdits fossés étoient ceintrés d’une muraille en dedens d’iceux, desquelles murailles il ne reste que quelques vestiges au levant et midy, qu’entre lesdites murailles de ceinture et le fort, il y a une place ou plate forme ronde qui entoure ledit fort, qu’au milieu de ladite plate forme dans la partie du midy, il y avoit un ancien puy, la mardelle duquel formé d’une seule pierre de taille a été enlevée ; que la muraille du contour qui étoit de pierre de taille a été enlevée a la profondeur de douze ou quinze pieds, partie desquelles pierres sont éparses autour du puy qui est actuellement presque combié de terre, et la mardelle a coté d’icelui. Sommes descendus dans l’ancien fossé au levant, où nous avons vu que le mur de ceinture qui subsiste en cette partie entre la plateforme et le fossé est nouvellement dégradée et les pierres enlevées dans l’étendue de soixante pieds de longueur sur environ neuf pieds de hauteur, qu’à la partie saillante du levant au midy les deux angles du mur sont dégradés par l’enlévement de différentes pierres de taille qui formaient la baze de ladite partie saillante, et que dans la partie du même mur du midy au couchant il est dégradé de plus de trente pieds de longueur sur toute sa hauteur par l’enlévement des pierres de revêtement, ledit mur ayant été dérazé Descendus de ladite éminance vulgairement appelé terrier de Broue, et transportés au nord, nous avons observés que sur la partie dudit terrier, au milieu de sa hauteur, il a été fait une excavation considérable de terre et sable par ledit sieur Thoulut, curé, à ce que les susnommés nous ont assurés, et fouillé à plus de trente pieds de profondeur pour y chercher de la terre à verrerie nommée « terre de Broue », et que les déblais desdites terres ont été jetés sur la partie basse dudit terrier jusque sur le chemin qui conduit du marais-gât à la fontaine de Broue.

De là nous sommes transportés à une ancienne chapelle, au midy de la tour, sur ledit terrier, où nous avons observé que ladite chapelle avoit dix-huit pieds de largeur en dedans sur environ trente-cinq de longueur que les murs étoient de quatre pieds d’épaisseur et que ceux du nord et du couchant sont détruits et tombés de vétusté depuis un temps immémorial ; qu’il en existe encore un pan de dix-huit pieds de longueur sur dix-huit à vingt pieds de hauteur au levant, et que depuis peu de mois il a été détruit une partie au midy jusqu’aux fondements, ainsi qu’au levant dont il existe sur le lieu huit à neuf masses de moëllons consolidés par le ciment lesdites masses plus ou moins grosses, et les unes portant les autres, de six pieds de grosseur sur ladite épaisseur de quatre pieds.

Fait et lu à Broue, le 4 mai 1786. Signé Fleury, juge baillif. Fontenelle, procureur fiscal. Houdouin, greffier ordinaire, et Hillairet, prévôt et sergent de siège.

Les plus anciens possesseurs de la tour de Broue et des terres de Chessoul et de Montaiglin qui y étaient réunies, ceux du moins dont le nom est parvenu jusqu’à nous, sont les seigneurs de la maison de Doë. D’après des titres authentiques produits dans une instance contre les agents du domaine, la famille de Doë aurait été en possession de Broue dès l’année 1115 [10]. Dans le bref du 11 juillet 1153, par lequel le pape Anastase IV confirme le privilège de l’abbaye de Sainte-Marie de Saintes, il est dit que, outre les droits sur les paroisses de Saint-Pierre de Sales et de Saint-Just, l’abbesse aura droit aux dîmes des terres de Hugues de Doë. Regnaud de Doë, son fils, selon toutes probabilités, eut en 1162 quelques démêlés avec Hymberge, prieure de Marennes, au sujet des terrages anciennement attribués à Notre-Dame de Saintes ; ils furent réglés à l’amiable, et Regnaud renonça aux dîmes qu’il percevait sur les terres tant douces que salées qui s’étendaient de la pointe du Chaput à Montaiglin. Regnaud se soumit aussi à démolir un four banal qu’il avait fait construire sur ses terres, proche la paroisse Saint-Pierre de Sales, et qui portait préjudice aux droits de l’abbaye de Saintes. En reconnaissance de ces concessions, sa fille fut admise au monastère de Sainte-Marie [11].

Les successeurs de Regnaud de Doë montrèrent la même déférence à l’égard de l’église et rivalisèrent de zèle pour enrichir le prieuré de Sainte-Gemme. Ainsi Ramnulphe de Doë lui abandonna la dîme des terres de Viole et les marais qui s’étendent de Lépine à Nancras, pour y établir des marais salants et y construire un moulin [12].

Hugues II de Doë, seigneur de Broue, donna également, en 1236, au prieur de Bournet, plusieurs marais et leurs appartenances, situés dans la terre et proche le château de Chessoul, joignant aux autres marais salants [13]. Mais le plus libéral de tous fut assurément Geoffroy de Doë : de 1241 à 1257, on ne compte pas moins de huit chartes de concession en faveur des prieurs de Sainte-Gemme [14] c’est d’abord une autorisation générale de faire toutes acquisitions et de recevoir toutes donations dans l’étendue de sa seigneurie (1243), le don de la chapelle de Broue avec tous les droits qui y sont attachés [15] (1253), de la terre de Drandoux dans la paroisse de Saint-Just (1257) [16], du moulin de Calat et enfin de divers fiefs et héritages dans les paroisses de Saint-Symphorien et Saint-Jean d’Angle ; il donna aussi en 1245 l’autorisation à l’abbesse de Saintes de construire un moulin proche le moulin de Pelhart [17]. Geoffroy de Doë avait épousé Jeanne, fille d’Elie de Mornac. Il combattait dans les rangs de l’armée anglaise, et un mois avant la bataille de Taillebourg, Henry III d’Angleterre le remit en possession des terres ayant appartenu à sa femme, dans l’île d’Oleron, en qualité d’héritière d’Elie de Mornac [18].

La fille de Geoffroy de Doë, Aynor, dame de Chessoul et de Broue, concéda en juillet 1279 [19] au prieuré de Sainte-Gemme, la terre d’Arthouan, dans la paroisse de Saint-Just ; elle épousa Gérard de Rochefort [20], qui, moins généreux que ses prédécesseurs, menaça le prieur de Sainte-Gemme de revenir sur les donations antérieurement consenties. Plusieurs transactions intervinrent : en 1235 notamment, la concession du port de l’Epine et des salines, « depuis celle de Constantin jusqu’à Nancras », fut confirmée, à la condition que le droit de haute justice demeurerait réservé [21].

Guy de Rochefort, successeur de Gérard, confirma, de 1313 à 1320, les donations faites avant lui mais il n’en fit point de nouvelles ; l’élan des libéralités religieuses des XIIe et XIIIe siècles s’était ralenti ; bientôt même la réaction allait se manifester.

En 1330, nous trouvons la seigneurie de Broue en la possession de Guy de Vaussay ou Baussay : elle lui avait été transmise par son alliance avec la fille de Guy de Rochefort [22]. En 1339, Guy de Baussay adressa au sénéchal de Saintonge une plainte contre les moines de Sainte-Gemme à raison de l’usurpation des droits qu’il avait coutume de percevoir dans les salines de Marennes. Guy de Baussay eut pour successeur Pierre de Baussay qui, en 1344, reçut de Denys Vigier l’aveu et le dénombrement des marais et héritages qu’il tenait noblement dans la paroisse de Saint-Just au devoir d’une paire d’éperons blancs [23]. Sa fille, Marguerite de Baussay, épousa Guillaume Trousseau, chevalier, seigneur de Chanteaux et de Véretz en Touraine [24] ; il détenait la seigneurie de Broue en 1352 [25]. Elle se maria, en secondes noces, à Simon Burleigh, chevalier anglais, dénommé dans les vieux titres Simon de Burlé. Le 11 mars 1367, ce dernier accordait à la prieure de Marennes main-levée de la saisie, à défaut d’aveu, des héritages détenus par elle dans la ville de Broue [26] ; cinq ans plus tard, au mois d’août 1372, la tour de Broue, défendue par une garnison anglaise, fut assiégée par un détachement de l’armée de Bertrand Duguesclin. Ce n’était pas uniquement le désir de s’emparer de cette importante forteresse qui avait amené les Français sous les murs de Broue : ils venaient délivrer Isabelle de Valois, duchesse douairière de Bourbon, qui y était enfermée dès le 29 juillet précédent. Simon Burleigh et Nicolas Dagworth s’étaient engagés à remettre la duchesse en liberté et à la ramener à Tours ou à Chinon à la toussaint suivante ; mais on avait excepté le cas où « par force d’armes ou autrement ladite dame serait délivrée ». Broue étant tombée entre les mains des Français, Simon Burleigh, par acte daté à Saintes du 24 septembre 1372, reconnut devoir à Louis, duc de Bourbon, mille livres d’or qu’il avait sans doute reçues en à compte sur la rançon de la duchesse [27]. Nous pensons que ce siège dut être pour la tour de Broue la cause première de sa ruine, que complétèrent plus tard les luttes à main armée entre les sires de Pons et les Villequier. Ce qui est certain, c’est que lorsque la guerre fut portée dans le territoire de Marennes, en 1570, cette forteresse ne pouvait plus être utilisée même comme poste militaire ; elle n’est mentionnée dans aucun des combats si fréquents où sont rappelés les noms des moindres localités des environs de Brouage, comme Hiers, Saint-Just, Saint-Sornin, Saint-Jean d’Angle, l’abbaye de Trizay, etc. On peut en conclure que dès cette époque la tour de Broue était démantelée et peut-être déjà dans l’état où nous la voyons aujourd’hui ; il ne s’était pas
en effet écoulé plus de deux cents ans depuis le siège soutenu contre Duguesclin, et l’action du temps n’aurait pas seule suffi à la ruiner au point de ne pouvoir être défendue.

Simon Burleigh avait été précepteur de Richard II d’Angleterre et fut un des principaux conseillers de ce roi et dEdouard III ; mais ses ennemis l’ayant accusé de concussion il fut enfermé à la tour de Londres. Traduit devant le parlement le 12 mars 1388, condamné le 5 mai, la sentence fut, sur l’ordre du comte de Glocester, exécutée immédiatement malgré l’intervention du roi et de la reine. Tout ce que put obtenir Burleigh fut d’être décapité dans la tour de Londres et d’éviter Tyburn [28]

Après la mort tragique de son mari, Marguerite de Vaussay rendit hommage au roi Charles V, le 13 mars 1380, pour sa tour de Broue, châtel et seigneurie de Chessoul et Montaiglin elle mourut vers 1391 sans laisser de postérité sa succession fut recueillie par son neveu Louis, comte de Sancerre, l’illustre compagnon d’Olivier de Clisson et de Bertrand Duguesclin [29] En 1391, le comte de Sancerre reçut l’hommage de Raoul Vigier au devoir de sept jours de garde en son château de Broue. Le 19 juin 1392, il vendit les seigneuries de Broue, Chessoul et Montaiglin à Jean, duc de Berry, fils du roi Jean et gouverneur général en Poitou, Saintonge et Languedoc. Le duc de Berry transmit à Regnaud, sire de Pons, les terres qu’il avait acquises « avec tous leurs droits de justice, fiefs et arriere-fiefs, eaux, pêcheries et autres droits, appartenances et dépendances Par mandement à la date du même jour, le comte de Sancerre ordonna à ses officiers de reconnaître le sire de Pons pour leur nouveau seigneur. En échange des trois seigneuries cédées, le duc de Berry recevait la vicomté de Sarlat [30].

Le sire de Pons avait un grand intérêt à réunir à ses domaines la tour de Broue et ses dépendances. Charles V, dans le but de l’indemniser de la perte de la ville de Bergerac, et surtout pour l’attacher à sa cause, lui avait fait don, le 1er juin 1370, de deux mille livres de rente « desquelles assiette luy seroit faite ès-pays de Xaintonge, Périgord, Limozin, Poitou ou ailleurs en la duché de Guyenne. » ; le 4 mars 1380, l’ile d’Oleron, ses châteaux et forteresses, comme aussi le fort et tour de Broue, lui avaient été abandonnés en déduction de ladite rente pour en jouir tant qu’il plairoit au roy ; le 12 mai de la même année, Charles V ajoutait à cette concession l’isle et bailliage de Marennes avec tous ses droits seigneuriaux, sans autre réserve que le droit de suzeraineté et d’hommage. On remarquera que, bien que la tour de Broue ne fit point effectivement partie du domaine royal, en ce sens que ses propriétaires ne paraissent pas en avoir été dépossédés, ce château, comme tous les forts et forteresses du grand fief d’Aunis, du bailliage de Marennes et de l’ile d’Oleron, avait été de droit réuni au domaine royal de la même façon qu’ils l’avaient été précédemment par le roi d’Angleterre après le traité de Brétigny en 1360 [31]. Regnaud de Pons, en devenant seigneur de Broue, réunissait aux droits que lui avait conférés le roi, les redevances féodales ; il dominait ainsi sur tout le territoire soumis à la prévôté des trois seigneuries réunies ; or, cette prévôté s’étendait « depuis le groin (la pointe) du Chaput jusqu’au moulin de Chaslons (dans la paroisse du Gua), et dudit moulin de Chaslons jusqu’au prieuré de Saint-Nadeau (dans la paroisse de Saint-Sornin du Gua) », c’est-à-dire sur toute la contrée comprise entre la Seudre et le canal de Brouage. En même temps qu’il recevait l’hommage de ses nouveaux vassaux, Regnaud de Pons prenait des arrangements avec le prieur de Sainte-Gemme, relativement aux droits perçus sur la navigation de la Seudre.

En 1187, le comte de Poitou avait abandonné aux moines de Sainte-Gemme les droits de navigation perçus à son profit dans la rivière de Seudre [32]. Plus tard, les seigneurs en établirent de nouveaux ou exigèrent qu’on leur en payât une certaine partie toujours est-il que la prévôté de Broue, inféodée en faveur de Hugues Ogier, avait une certaine part dans le produit du droit de navigation. Un des descendants de Hugues Ogier, Jean Ogier ou Oger, vendit au prieur de Sainte-Gemme les droits qui lui appartenaient dans la rivière de Seudre à cause de sa prévôté. Cette cession fut ratifiée en 1315 par Guy de Rochefort, moyennant vingt sols de reconnaissance à mouvance des seigneurs de Broue et des prieurs de Sainte-Gemme. Les moines de Sainte-Gemme, tant en vertu de la donation primitive que par suite de la cession du prévôt de Broue, avaient donc droit à la plus grosse part des taxes qui rentraient dans la boëte commune de la rivière de Seudre. En 1393, une transaction intervint entre le prieur de Sainte-Gemme et Regnaud de Pons, relativement à ces droits. La même année, le nouveau seigneur confirma la franchise de toutes les terres appartenant à la commanderie des Epaux [33].

Regnaud de Pons mourut en 1427 ; son fils Jacques, sous l’influence et d’après les conseils du sire de La Trémoille, son oncle [34], prit une part active à la sédition de la Praguerie ; en punition de sa rébellion, le parlement de Paris déclara en 1445 ses biens confisqués [35] au profit de la couronne, et Jacques de Pons dut se retirer en Espagne où il demeura jusqu’en 1461. Des commissaires furent envoyés par le roi Charles VII à la recherche des fiefs et arrière-fiefs qui avaient pu appartenir au rebelle : c’est ainsi que, le 17 octobre 1445, René de Consaleu et Jean de Maugesse firent leurs déclarations au sujet du fief de l’isle de Puy d’Amon, dont ils étaient détenteurs.

Le roi disposa, par lettres patentes du 22 octobre 1450, de partie des biens confisqués sur Jacques de Pons, en faveur d’André de Villequier, son chambellan, qu’il avait nommé dès l’année précédente gouverneur de la ville de La Rochelle. Cette donation fut confirmée le 11 décembre 1451, et il fut stipulé qu’elle comprenait avec la tour de Broue et le territoire de Marennes, « l’ostel, terre et seigneurie de Chessoux, qui furent japiéça acquis par feu Regnauld de Pons, père dudit messire Jacques. » [36]. Les vassaux de Broue prêtèrent hommage à leur nouveau seigneur et après lui à Antoinette de Maignelais, sa veuve, à laquelle Charles VII confiait en 1454 la garde de ses enfants mineurs. C’est elle qui rendit hommage au duc de Guyenne, en sa qualité de comte de Saintonge, le 26 mai 1469, pour les îles d’Oleron, Marennes, Arvert, Chessoul et la tour de Broue [37] Cependant, à la mort du roi Charles VII, en 1461, Jacques de Pons était rentré en France, et le sénéchal de Saintonge recevait l’ordre de le réintégrer dans ses biens ; mais la procédure en ce temps-là n’était pas fort expéditive, surtout quand il s’agissait de personnages aussi puissants que les Villequier. Jacques de Pons mourut en 1472, avant d’avoir recouvré ses domaines de Marennes et d’Oleron. Guy de Pons, son fils, à la façon des seigneurs du XIe siècle, en appela à la force pour faire triompher ses droits [38], et matgré la résistance d’Antoine de Villequier, il finit par l’expulser, les armes à la main, de ses domaines de Broue et de Chessoux en 1481. Le parlement rendit bien un arrêt portant qu’il serait informé pour fait de violence contre Guy de Pons, « sa femme, familiers et autres complices de l’éjection et spoliation », et qu’en attendant la décision de la justice, Villequier serait réintégré [39] ; mais cet arrêt ne reçut pas d’exécution et Guy de Pons qui, dès 1474, avait reçu l’hommage de ses vassaux, demeura paisible possesseur des domaines concédés à ses ancêtres. Cependant, la seigneurie d’Oleron ne fut abandonnée que dans les premières années du XVIe siècle [40], et encore les Villequier, se voyant sur le point d’être dépossédés, déclarèrent remettre au domaine royal, à qui ils appartenaient, les biens dont ils étaient détenteurs comme engagistes. Le fait était exact : c’était bien à titre d’engagiste que Regnaud de Pons avait reçu de Charles V les terres de l’ile d’Oleron et le territoire de Marennes, et en lui assurant le payement des deux mille livres de rente primitivement concédées, le roi avait certainement le droit de réunir au domaine les terres qui en avaient été distraites ; mais la maison de Pons ne l’entendait pas ainsi : elle soutenait que les terres d’Oleron, comme le bailliage de Marennes, lui étaient patrimoniaux, aussi bien que Broue, Chessoul et Montaiglin, et que si elle avait acquis ces dernières seigneuries, elle tenait les premières de la succession des Lusignan, comtes de La Marche ; les comtes de La Marche avaient en effet quelque temps possédé l’île d’Oleron. Mais ce que la maison de Pons passait sous silence, c’est qu’en 1307 Guy de Lusignan, le dernier représentant de cette illustre famille, avait renoncé en faveur du roi de France à tous ses droits dans la succession du comte de La Marche, son frère ; il n’avait donc pu léguer à Hélie de Pons, par son testament, des droits qui ne lui appartenaient plus : enfin, Yolande de Lusignan avait, elle aussi, transigé avec Philippe-le-Bel, en 1308, au sujet de ses droits dans la succession de son frère. Le parlement de Paris rendit, le 16 septembre 1514. un arrêt qui, tout en reconnaissant la domanialité des terres concédées à la maison de Pons, la maintenait en possession « de l’ile d’Oleron, tour et fort de Broue, pour en jouir avec tous les droits en dépendant jusqu’à ce que assiette soit réellement faite pour la rente donnée par Charles V à Regnaud de Pons ». Cet arrêt qui aurait dù, ce semble, fixer définitivement les droits des seigneurs de Pons sur l’île d’Oleron et le bailliage de Marennes, fut au contraire le point de départ d’une interminable série de procès, la plupart du temps, il faut bien le dire, soulevés par les prétentions exagérées de la maison de Pons qui ne voulut jamais accepter la qualité d’engagiste. La question de savoir si l’île d’Oleron était ou n’était pas partie intégrante du domaine du roi était encore pendante en 1789 [41].

A Guy succéda François de Pons [42], qui reçut de 1503 à 1509 [43] les hommages des vassaux de la tour de Broue ; de son mariage avec Marguerite de Coëtivy, François de Pons laissa deux enfants : l’aîné, François, avec Pons et les domaines patrimoniaux de la famille, conserva la tour de Broue, Chessoul et Montaiglin ; son frère Jacques eut les baronnies de Mirambeau et de Plassac, la terre de Berneuil, une partie du bailliage de Marennes, ainsi que la paroisse d’Hiers. Ce fut lui qui, jaloux d’accroitre l’importance du havre où les navires venaient charger le sel de ses domaines, jeta en 1555 les premiers fondements de Brouage. Sur les bords du canal de Broue, un vaste attérissement s’était formé par les dépôts successifs des lests qui y avaient été abandonnés ; autour de cet exhaussement factice, Jacques de Pons traça l’enceinte de la ville qui, au XVIe et sur-
tout au XVIIe siècle, fut considérée comme un des ports les plus importants du littoral. L’esprit de l’époque était tourné vers les lettres grecques et latines aussi Jacques de Pons crut-il faire passer son nom à la postérité en la nommant Jacopolis mais le souvenir de l’ancien donjon qui depuis cinq cents ans dominait la contrée était trop présent à l’esprit des populations, pour que l’ambitieuse dénomination de leur seigneur pût se graver dans leur mémoire ; la nouvelle ville conserva le nom de Brouage.

L’importance stratégique de Brouage pendant les guerres de religion est bien connue elle fut souvent l’objectif des efforts des deux partis en lutte, surtout lorsque, sous Charles IX. elle
eut été transformée en véritable place de guerre. Nous n’avons point à retracer les combats qui, pendant plus de soixante ans, ensanglantèrent le territoire de Marennes ; nous rappellerons seulement que, successivement dépossédé par les catholiques et par les protestants qui lui refusaient le droit de conserver à Brouage un gouverneur de son choix, François de Mirembeau, fils de Jacques de Pons, se décida, à la sollicitation de son neveu Lansac, à abandonner sa ville au roi Henry III. Le 17 mars 1578 il cédait « ses châtellenies d’Hiers, Jacopolis-sous-Brouage, le hâvre dudit lieu, les marais salants, terrages de sel et autres droits » ; il devait recevoir en échange la terre de Mortagne-sur-Gironde précédemment acquise de Laurent de Maugiron [44] mais le baron de Mirembeau ne fut jamais mis en possession de Mortagne ; les gens de son conseil prouvèrent sans doute au roi qu’en rachetant Brouage il n’avait fait que rentrer en possession de partie des domaines engagés à la maison de Pons aussi quand François de Pons réclama l’exécution des conventions du 17 mars 1578, le roi lui accorda, à titre d’indemnité, par lettres du 30 juin 1584, la somme dérisoire de cinquante écus.

Nous avons vu que François II, fils aîné de François Ier. de Pons et de Marguerite de Coëtivy, avait conservé les châtellenies de Broue, Chessoul et Montaiglin ; il reçut de 1539 à 1558 [45] l’hommage de la plupart des fiefs relevant de sa juridiction féodale ; il épousa Catherine de Ferrières et laissa pour héritier Antoine de Pons, dernier représentant de la branche ainée de cette antique maison. Ce fut sous Antoine de Pons que le calvinisme s’introduisit dans le territoire de Marennes, grâce à la propagande encouragée par Anne de Parthenay, sa première femme. Plus tard, Antoine de Pons fut un des plus zélés défenseurs de la cause catholique, et vint, à diverses reprises, user de son influence pour faire rentrer dans le devoir ses vassaux révoltés. A sa mort, arrivée en 1591, ses biens se divisèrent entre ses filles [46] car tous ses enfants mâles l’avaient précédé dans la tombe. L’ainée, Anne de Pons, se maria à François Martel, seigneur de Lyndebœuf et de Torp ; elle recueillit dans la succession paternelle les terres de Marennes et d’Oleron. Les vers composés en son honneur par le poète André Mage de Fiefmelin, à propos « de son entrée ès isles de Xaintonge » le 25 décembre 1597, pourraient nous servir à préciser la date de sa prise de possession : si nous n’avions pas celle des hommages qui lui furent rendus comme châtelaine de Broue [47].

Antoine de Pons portait de son vivant le titre de comte de Marennes l’abbesse de Saintes n’avait point osé s’y opposer ; mais après la mort de ce seigneur, Françoise de La Rochefoucaud protesta contre une qualification qu’elle jugeait attentatoire à ses droits de dame-châtelaine de Marennes. Quand bien même Marennes leur eût appartenu, il est certain que les seigneurs de Pons n’avaient point le droit de l’ériger en comté de leur propre autorité, le souverain, d’après la loi féodale, ayant seul le pouvoir de le faire, mais à plus forte raison leur qualité d’engagiste leur interdisait-elle de semblables prétentions. Aussi un arrêt du parlement de Bordeaux, du 18 juin 1602, fit-il défense aux Martel de s’attribuer « la qualité de comte de Marennes, à leurs officiers de qualifier ledit lieu d’autre titre que châtellenie ou bailliage, à peine de 4,000 escus d’amende [48]. Malgré cela, l’usage, plus puissant que les arrêts du parlement, continua à accorder aux Martel le titre de comte, même dans la Saintonge c’est ainsi qu’Armand Maichin écrit vers le milieu du XVIIe siècle « Marennes est possédé à titre de comté avec l’estendue de son ressort par l’illustre maison de Martel, descendue de celle de Bacqueville en Normandie. » L’erreur de Maichin a été reproduite par le P. Anselme et les écrivains modernes qui ont parlé de Marennes.

Anne de Pons mourut en 1611 ; le 16 juillet 1612, ses trois enfants se partagèrent sa succession Isaac Martel eut les terres de Marennes, Broue, Chessoul, Montaiglin, ainsi que l’île d’Aire ; Anne et Marie, ses deux sœurs, conservèrent la baronnie d’Oleron.

Isaac Martel épousa en premières noces Elisabeth Puchot de Gerponville et en secondes la veuve de Charles de La Mothe.Fouqué, Elisabeth de La Cassagne, dame de Tonnay-Boutonne. Il maria, en 1613, Gédéon, son fils aîné, à Elisabeth de La Mothe-Fouqué, sa belle-fille.

En ce temps-là, le monastère de Notre-Dame de Saintes avait pour abbesse Françoise de Foix « Elle était, dit l’auteur de l’Histoire de l’église santone, simple et modeste, communicative et gracieuse ; elle charmait les cœurs, qui, sans résistance et sans peine, sympathisaient avec ses vues. » Je suis bien forcé d’ajouter qu’à ces rares qualités elle joignait une fermeté toute virile et une inébranlable ténacité ; elle entreprit contre la famille Martel une lutte à outrance, tant pour soutenir ses prérogatives honorifiques, comme dame de Marennes, que pour s’opposer à ce qu’elle regardait comme des empiètements sur sa légitime autorité.

Les revendications féodales des abbesses de Saintes avaient donné l’éveil sur la nature et l’origine des droits des seigneurs de Marennes ; un de ces spéculateurs qui s’engageaient à poursuivre à prix d’argent la réintégration, au domaine royal, des biens illégalement ou abusivement détenus, Etienne Goutte, avocat aux conseils privés du roi, obtint qu’en vertu des lettres accordées le 24 septembre 1631, les seigneurs de Marennes seraient tenus de produire leurs titres de propriétés, tant pour leurs terres de l’ile d’Oleron que pour celles de Marennes, y compris Broue, Chessoul et Montaiglin. En 1639. Gédéon Martel avait gain de cause en ce qui concernait ces trois châtellenies reconnues comme patrimoniales, mais l’affaire restait pendante pour la baronnie d’Oleron [49].

Gédéon Martel mourut en 1656, laissant un fils, Henry, qui ne lui survécut qu’un an, et plusieurs filles. La mort d’Henry Martel fut le signal de la reprise des hostilités avec l’abbesse de Saintes « En 1657 les frères des demoiselles Martel s’estant converty et enfin mort bon catholique, la mère et les sœurs huguenotes, continuèrent leur entreprinse de haute lutte. Sans aucun droit dans l’église, contre l’opposition de madame de Xaintes et sans permission, le firent enterrer dans le lieu le plus honorable de l’église... »

L’arrêt qui intervint en 1661, maintint les droits de l’abbesse de Saintes, avec d’autant plus de raison que l’église de Marennes avait été rebâtie par elle en 1635, et que son titre de patronne primait tous les autres ; il fut on conséquence décidé « que les listres, escussons et armes dudit Martel posés tant au-dedans qu’au-dehors de l’église, seroient effacés, le banc placé dans ladite église mis au-dessoubs de celluy de l’abbesse... que le corps d’Henry Martel demeureroit au lieu où il a esté enterré, sans qu’il puisse y estre mis tombe ou pierre faisant épitaphe » [50].

Ainsi, les seigneurs de Broue durent non seulement abandonner leur titre de comtes de Marennes, mais renoncer aux droits honorifiques qui auraient été l’indice de la prédominance de leur juridiction féodale sur celle de l’abbesse de Saintes dans la ville de Marennes. Celle-ci, encouragée par ses succès, voulut aller plus loin encore et exigea les devoirs féodaux et les lods et ventes sur toute l’étendue des terres dont elle prétendait posséder la seigneurie indivisérnent avec la famille Martel. Dans un factum où elle prend le titre de dame « de Marennes et de Broue en partie », elle établit « que la dixme qui lui appartient est confuse dans les terrages du seigneur de Broue et du prieur de Sainte-Gemme, non par simple présent, mais par société de fief, que ladite dame dit posséder avec eux comme un devoir noble, direct et foncier. elle réclamait en conséquence les droits de lods et ventes nouvellement acquis aux terres salées du pays de Marennes » [51].

Comment et par quels moyens l’abbesse de Saintes aurait-elle pu faire prévaloir cette théorie qui nous parait une véritable hérésie en matière de droit féodal ? Ce n’est pas assurément en se fondant sur les anciens aveux qui établissent fort clairement la distinction entre les dimes dues à l’abbaye et les devoirs féodaux rendus au seigneur [52] ; les prétentions de l’abbesse furent repoussées, et il lui fut fait défense, par arrêt du grand conseil du roi des 29 février 1648 et 20 juillet 1665, de continuer à porter le titre de « dame de Broue en partie ».

Des cinq filles laissées par Gédéon Martel, une seule, Marie-Charlotte, se maria ; elle épousa, suivant contrat du 23 décembre 1653, François-Paul de La Cropte, marquis de Beauvais, écuyer du prince de Condé, et sa fille, Uranie de La Cropte, née en 1654, se trouva, à la mort de son oncle Hector de La Mothe-Fouqué et de ses tantes Catherine, Elisabeth, Henriette et Judith Martel, seule héritière de la baronnie de Tonnay-Boutonne, du bailliage de Marennes et des chàtellenies de Broue, Chessoul et Montaiglin.

Nous avons fait connaître ailleurs [53] les principaux traits de la vie de mademoiselle de Beauvais, qui, après avoir été élevée au faite des grandeurs, connut tous les degrés de l’infortune. Sa mère, Chartotte Martel, s’était ainsi que son frère convertie au catholicisme après la mort de son mari, elle se retira dans le monastère des ursulines de Saint-Jean d’Angély. C’est là qu’elle mourut en 1660, exprimant dans son testament la volonté formelle que sa fille demeurât dans cet asile jusqu’à l’époque de sa majorité. Uranie de Beauvais fut appelée à la cour par le comte de Fontaine-Martel, son parent, et admise au nombre des filles d’honneur de la duchesse d’Orléans. Sa merveilleuse beauté lui attira bientôt des hommages qui auraient ébranlé une vertu moins solide que la sienne ; elle se vit rechercher par un prince du sang royal, le comte de Soissons, qui brava, pour obtenir sa main, la critique de l’opinion publique et l’opposition de sa famille. Admise à tous les honneurs dus à son rang, puis enveloppée dans la disgrâce dont fut frappé son mari, après la défection de son frère le prince Eugène, la comtesse de Soissons quitta la France, pour y revenir bientôt après la mort du comte, chassée de ses états par le duc de Savoie, et abandonnée par ses enfants eux-mêmes. Elle passa les dernières années de sa vie dans le couvent des religieuses de la rue de BeIIechasse à Paris ; elle y mourut en 1717, « point vieille, dit Saint-Simon, et encore belle comme le jour ». Comme nous l’avons dit plus haut, son oncle et ses tantes l’avaient laissée seule héritière, et elle recueillit dans leurs successions la baronnie de Tonnay-Boutonne, les terres de Marennes et la tour de Broue. Quelque temps avant sa mort, elle écrivait au comte de La Cropte de Chantérac, son cousin « Marennes a esté partagé entre mes oncles et mes tantes sur le pied de 360,000 livres : pour la rareté de l’argent et la diminution des terres, j’en diminue le tiers et je crois que, présentement, Marennes, à bon marché, vaut 260,000 livres ; avec cent mille francs d’argent comptant, on acquittera sûrement et au-delà toutes les dettes, il resterait cent quarante mille francs du prix de la terre. A l’aage que j’ai et à mes incommoditez, personne ne refusera de m’en donner à fonds perdus 14,000 livres par an... je ne donnerai jamais cette terre à moins de douze mille livres de pension viagère... » La mort ne permit point à la comtesse de Soissons de réaliser son projet. Ce furent ses deux enfants, Emmanuel de Savoie et la duchesse de Saxe-Hilburghausen qui vendirent Marennes et Broue le 19 avril 1719, à l’un de ces agioteurs que le système de Law avait, du jour au lendemain, transformés en grands seigneurs, Fargès, « un homme de rien », dit le Journal historique de Barbier,« qui avait gagné cinq cent mille livres de rentes, mais n’en avait pas moins le secret de ne plus payer ses dettes » ; il prêta serment de foi et hommage entre les mains du garde des sceaux, Voyer d’Argenson [54] ; mais il ne trouva point d’argent pour payer son acquisition, et le territoire de Marennes fut rétrocédé aux héritiers du prince Eugène. La duchesse de Saxe, Anne-Victoire de Savoie, en demeura seule propriétaire par suite du décès d’Eugène de Savoie, son neveu elle revendit ses droits sur les seigneuries de Broue, Chessoul et Montaiglin et les terres qui en dépendaient, par contrat passé devant Caron, notaire à Paris, le 27 octobre 1744, à Nicolas Vallet, négociant, fils du greffier de la juridiction consulaire de Saintes. Ce Vallet, qui possédait des salines fort étendues à Marennes [55], devait être sans doute très riche, ou, s’il ne l’était pas, il le devint par son mariage avec Françoise-Thérèse Fontaine, fille du fameux financier Samuel Bernard qui, comme le dit Saint-Simon, « culbuta Lyon par sa prodigieuse banqueroute, dont la cascade fit de terribles effets, et qui, cependant, avait trouvé moyen de gagner beaucoup à cette banqueroute » [56]. Nicolas Vallet de La Tousche acquit une charge de secrétaire du roi, maison et couronne de France, conférant la noblesse sous certaines conditions qu’on ne remplissait pas toujours ; c’était le complément indispensable de sa nouvelle situation.

Nous avons vu comment, au XVIIe siècle, à la suite des démêlés qui s’étaient élevés entre la famille Martel et l’abbesse de Saintes, cette dernière avait vu ses prétentions à la coseigneurie de Broue repoussées et les droits séculaires des anciens seigneurs maintenus ; mais au XVIIIe siècle, madame de Saintes eut à se défendre contre un antagoniste autrement redoutable que ne pouvaient être les descendants appauvris des sires de Pons. Le duc de Richelieu, comme héritier de son grand-oncle le cardinal, était engagiste de vastes terrains autrefois vendus au roi avec Brouage par le baron de Mirambeau prétextant a que la forteresse de Broue a toujours été considérée comme la défense de l’île de Marennes et de Hiers [57], le duc fit prévaloir sa suzeraineté féodale sur celle de l’abbesse, puis usant, au nom du roi, du droit de retrait féodal, il fut autorisé, par arrêt du parlement de Paris du 2 août 1749, à racheter de Vallet de La Touche tous les droits acquis par lui de la duchesse de Saxe. A partir de ce moment, l’autorité du maréchal de Richelieu s’étendit sur tout le territoire des anciennes seigneuries de Broue, Chessoul et Montaiglin ; il fit même revivre à son usage le titre de comte de Marennes sans y avoir plus de droits que ceux qui l’avaient précédemment porté ; mais Marie de Durfort de Duras, abbesse de Saintes, ne songea point à le lui disputer. Lors de la vente des propriétés du maréchal de Richelieu, le 7 avril 1808, la tour de Broue et le tertre sur lequel elle est bâtie avaient été distraits sur la demande des agents du domaine [58] ; le gouvernement abandonna plus tard toute prétention sur ces ruines. Elles ont été récemment acquises par madame la comtesse de Saint-Légier d’Orignac, qui a tenu à préserver des dévastations des hommes plus redoutables encore que les outrages du temps, les débris d’un des monuments les plus intéressants de la Saintonge. En lui dédiant ces quelques pages, nous ne faisons que lui témoigner notre reconnaissance au nom de tous ceux qui aiment les souvenirs des aïeux.


LA TOUR DE BROUE

1633, 30 avril. Arrêt du grand conseil du roi. Entre Etienne Goutte, avocat au conseil privé, ayant traité pour la liquidation et le rachat du domaine du roi en Guyenne, Languedoc et Saintonge, d’une part et messire Gédéon de Martel, seigneur de Marennes, Broue, Chessou et Montaigiin, à lui joint René du Grenier, baron du Pin, Henri d’Authon, sieur de Pontlezières, dame Hélie de La Forge de Nossay, aïeule et tutrice des enfants mineurs de messire Henri d’Authon et messire Henri d’Albret, sire de Pons, baron de Miossans. Copie du temps sur papier appartenant à M. D. d’Haussy [59].

EXTRAIT DES REGISTRES DU GRAND CONSEIL DU ROY ENTRE maistre Etienne Goutte, advocat au conseil privé du roy, ayant traitté pour la liquidation et rachapt du domaine du roy, en Guyenne, Languedoc et Saintonge, d’une part, requerant l’enthérinernent des lettres en forme de requeste civile du 24 septembre 1631, ce faisant qu’il soit remis en tel estat qu’il estoit auparavant l’arrest du conseil du 19 desdits mois et an, et maintenu aux droits de lods et ventes en la seigneurie de Marennes et que l’étendue des fiefs de Chessou et de Broue soit réglée suivant et conformément aux anciens adveus et dénombrements rendus au roy par les seigneurs desdits fiefs d’une part ; et messire Gédéon Martel, seigneur de Marennes, Broue, Chessou et Montedlin, deffendeur, d’autre ; et entre ledit Martel, demandeur et requérant que messire René du Grenier [60], baron du Pin ; Henry d’Authon [61], sieur de Ponthezières ; dame Jeanne-Marie Hélie de La Forge de Nozie [62], ayeule et tutrice des enfants mineurs de messire Henry d’Authon et messire Henry d’Albret [63] sieur de Pons, baron de Miossans, soient condamnés se joindre avec ledit Martel à l’encontre dudit Goutte en ladite instance de requête civile, faire cesser ses poursuites, et l’acquitter et indemniser chacun pour leur part et portion, en principal, dommages-intérêts et dépens, tant en demandant qu’en défendant d’une part, et lesdits du Grenier, d’Authon, de La Forge, audit nom, et d’Albret, deffendeurs d’autre ; et entre dame Françoise de Foix [64], abbesse de l’abbaye de Notre-Dame hors les murs de la ville de Xaintes, receue partie au procès, demanderesse et requérant que deffences soient faites audit Martel de prendre la qualité de comte de Marennes, ains seulement de seigneur en partie de la terre, seigneurie, chastellenie ou baillage de Marennes ; que les armes, que ledit Martel a fait mettre avec les marques et titres de comte dudit Marennes et Chessou, seront ostées et ledit Martel condamné à recognoittre ladite de Foix, seule dame spirituelle et temporelle en partie dudit Marennes d’une part, et ledit Martel défendeur d’autre :

Veu par le conseil les écritures desdites parties, lesdites lettres, ledit arrest du XIX septembre 1631, par lequel auroit esté ordonné que ledit Martel jouira des droits de lods et ventes, prélation, cens, rentes et autres devoirs seigneuriaux et féodaux, sur les marois salants et autres héritages appartenant et dépendant desdites terres et seigneuries de Chessou, Broue et Montedlin et baillage de Marennes, et fait deffences audit Goutte de le troubler et empescher dans la jouissance et perception desdits droits et ledit Goutte condamné rendre et restituer audit Martel tous les deniers par lui et ses commis pris et perceus pour raison desdits droits sur les possesseurs et propriétaires desdits marois et autres héritages et dépendances desdites seigneuries d’Hiers et Brouage appartenant au roy, sans préjudice de l’instance pendante audit conseil privé du roy, pour la réunion au domaine dudit baillage de Marennes prétendu par ledit Goutte, deffences au contraire, sentence de messire Gaspard Coques, conseiller du roy, maistre des requestes de l’hostel, du 11 febvrier 1631
par laquelle deffences sont faites audit Goutte de lever aucuns droits de lods et ventes, cens, rentes, douzième des fruits, ny prétendre aucun droit de prélation sur les marois salants et autres héritages tenus desdites terres et seigneuries de Chessou et Broue mentionnés par les adveus et dénombrements rendus :

  1. Par Julienne et Anne de La Bernardière à... de Vaussay, de l’hôtel des Bernardiéres [65], daté de l’an 1330.
  2. Par Denys Vallet à Pierre de Vaussay, de 1344.
  3. Par Peronnelle Logese au comte de Sancerre, du 14 aoust 1352.
  4. Par Guillaume de Rosannes du fief de La Gastaudière rendu à Simon de Burlay, du 26 avril 1367.
  5. Par Pierre de Brouillac, ecuyer, à Marguerite de Vaussay, du fief de Tislebois, du 13 febvrier 1382.
  6. Par Guillaume Robert au sieur de Pons, du 17 septembre 1392.
  7. Par Germain du Breuil audit de Pons, du 11 desdits mois et an.
  8. Par Hippolyte Sorbier, au sieur de Villequier, de La Maynardière, du 24 aoust 1453.
  9. Par Jean de Saint-Gelays, du fief de La Motte [66] et ville de Saint-Jean d’Angle audit de Villequier, du 14 novembre 1453.
  10. Par Dormal de La Moulière, du fief de La Blanchardière au sieur de Pons, du 20 may 1474.
  11. Par Jean Coindrie, de l’hostel du Fief-Levraut audit sieur de Pons, du 1er octobre audit an.
  12. Par Guyot Vigier, des choses qu’il tient aux Pibles audit sieur de Pons, du 25 may audit an.
  13. Par Jeanne Thomas, de certains terroirs audit sieur de Pons, du 25 febvrier 1503.
  14. Par Marie de Surgon [67] dame de Dampierre en Aulnix à François de Pons, du 18 febvrier 1508.
  15. Par Jean Jousselin audit sieur de Pons, du 7 juin 1511.
  16. Par Henry de Pellevoysin et damoiselle Bonossandière audit de Pons, du 26 janvier 1516.
  17. Par François Gomard [68], seigneur d’Eschillais, du fief de Cagouillat audit sieur de Pons, du 5 mars 1539.
  18. Et par Daniel Poussard [69], sieur de Saint-Bris, à dame Anne de Pons, de l’an 1600. Sauf au procureur du roy à se pourvoir à l’encontre desdits dénombrements où il se trouveroit lettres contraires pour nous. Ledit Goutte et ses commis condamnés rendre et restituer aux propriétaires desdits marois et autres héritages contenus par lesdits dénombrements, ce qui se trouvera luy avoir été payé pour lesdits droits et ordonné que ceux qui possèdent des marois et autres héritages non compris auxdits dénombrements satisferont aux ordonnances desdits commissaires, mettront la déclaration de ce qu’ils tiennent au greffe de ladite commission dans six sepmaines pour tout delay aux peines mentionnées en icelles, nonobstant opposition ou appellation et sans préjudice d’icelles, et sur le surplus des demandes, fins et conclusions des parties, qu’elles se pourvoiront ainsi qu’elles aviseront bon être.
  19. Copie de transaction passée entre ladite dame abbesse de Xaintes et le prieur de Sainte-Gemme sur des demandes entre eux respectivement faites du 9 septembre 1477.
  20. 0. Copie collationnée du dénombrement fourny au roy pardevant les officiers de Xaintes par Marguerite de Vaussay, du 12 may 1380.
  21. Copie d’arrest du conseil d’estat par lequel Anne de Pons, dame de Lyndeboeuf, auroit esté renvoyée en nostre parlement de Paris pour voir desclarer lesdits titres de Marennes, isle d’Oleron et tour de Broue, appartenances et dépendances réunies à nostre domaine, et ordonner que copie collationnée de l’inventaire de ladite de Lyndebœuf seroit mise ès-mains du procureur général du roy audit parlement pour faire instruire et juger ladite instance en six mois, du 5 aoust 1608.
  22. Copie du traité fait par ledit Goutte avec le roy pour le rachapt et réunion à son domaine des isles d’Oleron, Marennes, seigneuries de Chessou, Broue et Montaidlin, au baillage dudit Marennes, Hiers, Brouage et leurs dépendances, du 2 may 1624.
  23. Advertissement dudit Goutte produit audit conseil du roy en l’instance par luy intentée contre messire Jacques de Nonpier [70], sieur de La Force, mareschal de France.
  24. Sentence du sieur de La Thuillerie, par laquelle auroit esté ordonné que ledit Martel bailleroit dans huitaine, par desclaration distincte et séparée, l’étendue des terres de Chessou et Broue.
  25. Arrêt dudit conseil du dernier septembre 1622, par lequel Théodore Leblanc, Pierre Curtin, Pierre Villequier et autres propriétaires de marois salants de Marennes, Hiers, Brouage, Saint-Just et autres lieux circonvoisins, sont condamnés payer audit Goutte, audit nom, les droits de lods et ventes desdites terres, héritages et marois salants, par eux acquis desdits seigneurs de Marennes, Saint-Just, Hiers, Brouage et autres lieux circonvoisins du domaine du roy
  26. Autre arrêt dudit conseil du dernier septembre 1623, par lequel, sur la requeste civile obtenue par le syndic des habitants du bourg de Marennes, Hiers, Brouage, Saint-Just et autres lieux du baillage de Marennes, les parties ont esté mises hors de cause et de procès, et, ayant esgard à l’opposition de messire Isaacq Martel, deffences auroient esté faites audit Goutte de prendre et lever aucuns droits de lods et vente, cens, rentes et douzième partie des fruits, prétendre aucun droit de prélation sur les marois salants scitués dans l’estendue des terres et seigneuries de Chessou et Broue, et auparavant faire droit sur l’opposition dudit Martel pour les marois salants scitués en ladite terre et seigneurie de Marennes, et requeste dudit Goutte à fin de réunion audit domaine du roy desdites terres et seigneuries de Marennes et isle d’Oleron ordonne que les parties contesteroient plus amplement dans trois mois pardevant le commissaire qui seroit député par le conseil, et que ledit Goutte feroit appeler ceux qui jouissent de ladite terre d’Oleron.
  27. Procès verbal dudit sieur de La Thuillerie de la descente par luy faite sur lesdits lieux, des 11 novembre et 2 décembre 1630.
  28. Figure desdits lieux de l’ordonnance dudit sieur de La Thuillerie accordée entre les parties.
  29. Copie de la donation faite par Guillaume, comte de Poitou, au prieur de Sainte-Gemme, de plusieurs terres et héritages, de l’an 1086.
  30. Copie collationnée de donation faite par Hugues de Doë, seigneur de Broue, à l’abbaye de Bournets [71], de plusieurs marois et leurs appartenances, scitués dans sa terre proche et devant le chasteau de Chessou joignant aux autres marois salants, de l’an 1236.
  31. Copie des lettres de Geoffroy de Doë, seigneur de Broue, par lesquelles il confirme les donations faites par les prieurs de Hiers, Faureveaux [72] et de Montedlin, fondés par ses prédécesseurs au prieur de Sainte-Gemme, de l’an 1243.
  32. Copie de la concession faite par ledit Geoffroy de Doë audit prieur de Sainte-Gemme, de pouvoir recevoir donations et faire acquisitions en l’étendue de ses terres et seigneuries, de l’an 1243.
  33. Copie de la donation dudit Geoffroy de Doë audit prieur de Sainte-Gemme du moulin de Calat, de l’an 1245.
  34. Copie de la concession faite par ledit Geoffroy de Doë à l’abbesse de Xaintes, de bâtir un moulin proche celuy de Pelhart. [73], de l’an 1245.
  35. Copie de la donation faite par ledit Geoffroy de Doë audit prieur de Sainte-Gemme, de tous les droits qu’il avoit dans les fiefs de Maurevaud et Maynards, scitués en Marennes, de l’an 1248.
  36. Copie de la donation faite par ledit Geoffroy de Doë audit prieur de Sainte-Gemme, de trois fiefs scitués en l’isle de Marennes, proche le village de Rurale, de l’an 1248.
  37. Copie de la donation faite par ledit Geoffroy de Doë audit prieur de Sainte-Gemme, de tout le droit qu’il avoit au marois appelé les Marois, scitués en la paroisse de Saint-Jean d’Angles, de l’an 1241.
  38. Copie de la donation faite par ledit Geoffroy de Doë audit prieur de Sainte-Gemme, de la chapelle de Broue, avec tous les droits y attribués, tant en ladite terre douce que salée, de l’an 1253.
  39. Copie de la donation faite audit prieur de Sainte-Gemme, de plusieurs droits en la paroisse de Saint-Syphorien, en terres douces et salées, du mois de juin de l’an 1256.
  40. Copie de la donation faite par ledit Geoffroy de Doë audit prieur de Sainte-Gemme, du droit qui luy appartenoit en la terre dans le Brandoux, paroisse de Saint-Just, de l’an 1257.
  41. Copie de la donation faite par Aynor, dame de Chessou, audit prieur de Sainte-Gemme, de la terre d’Arthouan [74] du mois de juillet 1279.
  42. Copie de la transaction passée entre Gérard de Rochefort, seigneur de Broue, et ledit prieur de Sainte-Gemme, sur les donations faites audit prieuré par ledit Geoffroy de Doë, par laquelle sont deslaissés audit prieur plusieurs marois salants sur le chenal de l’Epine, le village d’Arthouan, et autres marois ès environs d’icelluy, de l’an 1282.
  43. Copie de la donation faite par ledit de Rochefort audit prieur de Sainte-Gemme, de quelques héritages scitués dans la terre de Montaislin, de l’an 1289.
  44. Copie de transaction passée entre ledit Gérard de Rochefort et ledit prieur de Sainte-Gemme, par laquelle il confirme la donation audit prieur du port de L’Epine et des salines, despuis celles de Constantin jusqu’à Nancreais [75], à la réservation de la haute justice, de l’an 1295.
  45. Copie de la donation faite par Geoffroy de Doë à Hugues Oger, de la prévosté de Marennes et de l’anoblissement de toutes les terres qu’il possède, sans date, mais attestée avoir esté veue, suivant l’acte de l’an 1313.
  46. Copie du codicille de Guy de Rochefort, par lequel il confirme plusieurs donations par luy auparavant faites, de l’an 1315.
  47. Copie d’une attestation dudit Guy de Rochefort, contenant qu’il avoit veu les lettres de la donation faite par ledit Geoffroy de Doë, audit prieur de Sainte-Gemme, du marois de Germain, qu’il confirme de nouveau, de l’an 1320.
  48. Copie de la donation de Rampnulphe de Doë audit prieur de Sainte-Gemme, de la dixme de Viole et du marois près du lieu de L’Epine jusqu’à Nancras, pour construire un moulin et faire salines, sans date.
  49. Copie de la plainte rendue par Guy de Vaussay au séneschal de Xaintonge de l’usurpation, par ledit prieur de Sainte-Gemme, sur les droits qu’il avoit accoustumé de recevoir sur les salines de Marennes, de l’an 1339.
  50. Copie de reconnoissance de Guillaume Trousseau, chevalier, sieur de Chessou, pour raison des rentes prétendues par le commandeur de l’hôpital des Espaux, du 9 janvier 1352.
  51. Copie de main-levée donnée par Simon de Burlay à la prieure de Saint-Sornin en Marennes, des héritages scitués en la ville de Broue, saisis sur ladite prieure du 11 mars 1367.
  52. Copie de la donation faite par ladite Marguerite de Vaussay, du fief de Tislebois [76]de Saint-Just avec moyenne et basse justice, à Bertrand Moynard, à la redevance de cinq sols à chaque mutation, du 25 may 1378.
  53. Copie de lettres de don fait par le roy Charles V à Regnaud de Pons, ses hoirs et ayant-cause, en considération de ses services, de deux mille livres de rente desquelles assiette luy seroit faite ès-pays de Xaintonge, Périgord, Limosin, Poictou, ou ailleurs en la duché de Guyenne, en toute justice haute, moyenne et basse et autres droits, à la réserve des droits royaux, hommage, ressort et souveraineté, pour les tenir par luy et les siens à perpétuité, du premier juin 1370.
  54. Copie des lettres du roy Charles, par lesquelles il auroit baillé et assigné audit de Pons, en déduction desdites deux mille livres de rente, l’isle et baillage de Marennes avec tous les droits seigneuriaux, appartenances et dépendances, pour le prix qu’ils pouvoient lors valoir en assiette de terre, pour en jouir par luy, ses successeurs ou ayant cause perpétuellement et à toujours, à la réserve de la foy et hommage, ressort et souveraineté, du 12 may 1380.
  55. Copie des lettres du roy Charles, de confirmation desdits dons et assiettes par lesquelles, outre les soixante livres de rente sur le commun de la paix du Mur des Barres de la montagne d’Auvergne [77] assignées audit de Pons en déduction de ladite assiette, auroit esté baillé audit de Pons pour parfaire ladite assiette des deux mille livres de rente l’isie d’Oleron, chasteaux et autres forteresses estant en icelle et le fort et tour de Broue, pour en jouir tant qu’il plairoit au roy, du 4 mars 1380.
  56. Copie du contrat d’eschange par lequel Jean, fils de France, duc de Berry et d’Auvergne, auroit transporté audit Renaud de Pons les terres et seigneuries de Chessou, Broue et Montaislin avec tous les droits de justice, terres, seigneuries, fiefs, arrière-fiefs, eaux, pescheries et autres droits, appartenances et dépendances, et ledit de Pons auroit transporté audit duc de Berry sa vicomté de Sarlat, ses appartenances et dépendances et autres terres y spécifiées par ledit contrat, du 19 juin 1392.
  57. Mandement du comte de Sancerre, desdits jour et an, aux officiers desdites seigneuries.
  58. 7. Papier de recepte faite par Raymond Duon, du revenu des terres de Chessou, Broue et du baillage de Marennes, depuis le 3 octobre 1394 jusqu’à pareil jour 1395.
  59. Autre papier de recepte commune du revenu de la rivière de Seudre, depuis le 4 décembre 1461 jusqu’au 20 octobre 1466.
  60. Acte de main-levée audit de Pons desdites seigneuries sur luy saisies par les commissaires députés pour la réunion du domaine aliéné de la couronne du premier juin 1410, suivant le mandement de la chambre des comptes de Paris, du 19 juin audit an.
  61. Extrait de la chambre des comptes de Paris du revenu dudit baillage de Marennes, sans date.
  62. Acte de foy et hommage rendu au roy par Françoys de Pons, des terres de Chessou, Broue et Montaislin et autres lieux, du 26 febvrier 1504.
  63. Copie d’acte de foy et hommage rendu au roy par Françoys de Pons, des terres de Chessou, Broue et Montaislin et autres seigneuries du 4 décembre 1517.
  64. Copie de main-levée audit de Pons, des terres et seigneuries sur luy saisies, faute de foy et hommage non faits, du 21 may 1520.
  65. Copie de la transaction passée entre ledit Regnaud de Pons et ledit prieur de Sainte-Gemme, pour raison des droits prétendus par ledit prieur sur ladite rivière de Seudre, de l’an 1393.
  66. Copie de transaction passée entre ledit François de Pons et M. Pierre Bourgier, curé de Saint-Just, par laquelle ledit de Pons auroit accordé plusieurs droits audit curé, et de tenir tous les marois de ladite cure en franche aumosne, du 13 avril 1508.
  67. Transaction passée entre ledit de Pons et Françoys Ardillon, par laquelle ledit Ardillon auroit vendu audit de Pons les droits des prévostés du baillage de Marennes et de ladite terre de Chessou, moyennant vingt-cinq livres de rente en assiette, du 8 mars 1510.
  68. Transaction passée entre ledit de Pons et René Chaudrier, par laquelle ledit Chaudrier et damoiselle Jeanne de Volomers, sa femme, auroient deslaissé audit de Pons par retrait féodal une sartière à faire deux cents livres de marois, et desclaré tenir noblement de ladite seigneurie de Chessou des marois y mentionnés, du 5 mars 1511.
  69. Adveu et dénombrement à Guy de Vaussay par Julienne et Anne de la Bernardière, du fief et maison de la Bernardiere [78] héritages et marois en dépendant à cause de ladite seigneurie de Chessou, au devoir de sept jours de garde par an audit chasteau de Broue, de l’an 1330.
  70. Adveu et dénombrement rendu par Denys Vigier, vallet, à Pierre de Vaussay, seigneur de Chessou et Broue, de quelques marois et autres héritages scitués en la paroisse de Saint-Just, au devoir d’une paire d’esperons blancs, de l’an 1344.
  71. Adveu et dénombrement rendu par Péronnelle Léger [79] au comte de Sancerre, seigneur de Chessou et Broue, de plusieurs fiefs, maisons et héritages y mentionnés de l’an 1392.
  72. 1. Adveu et dénombrement rendu par Guillaume de Rosanes à Simon de Burlay, seigneur de Chessou et Broue, du fief de la Gastaudière et autres fiefs et héritages, par lequel il reconnoit qu’il appartient au roy le quart et un quart du fief d’Apeleton, du 26 avril 1367 [80].
  73. Adveu et dénombrement rendu par Pierre de Brillac à Marguerite de Vaussay, et par Guillaume Mesnard, du fief de Tislebois en la paroisse de Saint-Just, au devoir de cinq sois à muance de vassal, du 12 de febvrier 1382.
  74. Adveu et dénombrement rendu audit comte de Sancerre, seigneur de Chessou et Broue, par Raoul Vigier, des fiefs de la Bernardière, de Frissé et autres héritages, au devoir de sept jours de garde audit château de Broue, de l’an 1391.
  75. Adveu et dénombrement rendu audit de Pons par Guillaume Robert, des héritages et droits y mentionnés, au devoir de sept jours de garde audit château de Broue, du 17 septembre 1392 [81].
  76. Adveu et dénombrement rendu audit de Pons par Germaine de Bully, veuve du feu sieur du Hamel, de sept aires de marois salants, scitués en la paroisse de Saint-Sornin, an devoir d’un éperon doré, du 11 septembre audit an (1392).
  77. Cahier contenant les copies de plusieurs adveus et dénombrements rendus au seigneur de Chessou et de Broue, ès-années 1392, 1393 et 1394.
  78. Adveu et dénombrement rendu audit de Pons par Thomas Dostrier, du fief de la Bouchardière et autres fiefs, au devoir de sept jours de garde au château de Broue, à la redevance de soixante sols de morte-main, du troisième de novembre 1395.
  79. Adveu et dénombrement rendu audit de Pons par Pierre Hardillon, du fief et isle de Puy d’Amon et autres héritages et marois, au devoir d’un éperon blanc, du 7 novembre 1411.
  80. Adveu et dénombrement rendu audit de Pons par Guillaume de Rosanes, du fief de la Gastaudière et de plusieurs autres héritages, au devoir de sept jours de garde audit château de Broue, de l’an 1411.
  81. Deux adveus, dénombrements et hommages rendus audit de Pons par Aymar et Regnaud Hardillon, prévôt de ladite châtellenie de Chessou, des droits de ladite prévôté et de l’étendue d’icelle, despuis le groin du Chapus en Marennes jusqu’au prieuré de Saint-Nadeau, en terres douces et salées, des 1er mars 1419 et 1er aoust 1420.
  82. Acte de desclaration faite par Arnaud de Consaleu et Jean de Maugesse pardevant les commissaires depputés pour la recherche des francs-fiefs et nouveaux acquêts de ce qu’ils
    possèdent relevant dudit sieur de Pons, audit lieu de Puy d’Amon, du 17 octobre 1445.
  83. Adveu et dénombrement rendu à Villequier, seigneur de Chessou et Broue, par Hippolyte Sorbier, de plusieurs héritages y mentionnés, au devoir de sept jours de garde audit chasteau de Broue, du 27 aoust 1453.
  84. Adveu et dénombrement rendu audit de Villequier par Jean de Saint-Gelais, du chasteau de La Mothe et de Saint-Jean-d’Angle, et de vingt-cinq livres de marois, au devoir d’un touret d’or, du 15 novembre audit an (1453).
  85. Adveu, dénombrement et hommage rendus à Antoinette de Maignelais, dame de Chessou et Broue, par Françoys Ragouls à cause de Marie Hardillon, sa femme, de plusieurs héritages, au devoir d’un marc d’argent, du 10 juin et 13 juillet 1455 [82]
  86. Adveu et dénombrement rendu à ladite de Magnelais par Guillaume Destrier, du fief de La Bouchardière et autres héritages, au devoir de sept jours de garde audit château de Broue et à la redevance de soixante sols de morte-main, du 15 septembre 1457.
  87. Copie d’aveu et dénombrement rendu à ladite de Magnelais par Michele de Gombrade, veuve du sieur Jean Vigier, du fief de Frusse et de plusieurs terres et marois, au devoir de sept jours de garde audit château de Broue, du 3 octobre 1459.
  88. Aveu et dénombrement rendu à Guy de Pons, seigneur de Chessou et Broue, par Mathurine Rigauldy, veuve de Raymond de Montilz, comme tutrice de ses enfants, du fief de La Gastaudière et autres héritages, au devoir et redevances y mentionnés, du 7 octobre 1473.
  89. Adveu et dénombrement rendu audit de Pons par Aymar de Beaumont, des fiefs de La Morlière, de La Blanchardière et autres héritages, scitués en la paroisse d’Hiers, au devoir de quinze sols à muance de seigneur, du 20 may 1474.
  90. Adveu et dénombrement rendu audit de Pons par Arnaud Hardillon, de la prévôté du baillage de Marennes, consistant en terres douces, despuis Saint-Sornin jusqu’au groin de Chapus, dudit jour et an (1474).
  91. Adveu et dénombrement rendu audit sieur de Pons par Jean de Saint-Gelais, desdits chasteau de La Mothe et de Saint-Jean d’Angle et autres héritages, au devoir d’un touret d’or, du premier juin audit an (1474).
  92. Adveu, dénombrement et hommage rendu audit de Pons par Jean Coindrie, du fief Levraut et autres héritages scitués en la paroisse de Saint-Just, du der octobre audit an (1474).
  93. Adveu et dénombrement rendu à Françoys de Pons par Pierre Cimetière à cause de Jeanne Thomase, sa femme, de plusieurs héritages scitués en la paroisse de Salles, à la redevance de dix sols monnoyés, du 25 fevrier 1503.
  94. Adveu et dénombrement rendu audit de Pons par Marie Fourgon, de trente livres, vingt-huit livres et cent aires de marois, au devoir d’un touret d’or et d’une longe de soye, du 18 fevrier 1508 [83].
  95. Adveu et dénombrement rendu audit de Pons par Guillaume Guy, de. trente livres de marois, au devoir d’un touret d’or et d’une longe de soye, du 16 may 1512.
  96. Adveu et dénombrement rendu audit de Pons par Louis de Josselin, chapelain d’une chapelle desservie en l’église de Saint-Pierre-de-Salles de Marennes, de quatorze livres deux aires de marois, au devoir d’une longe de soye, du sept juin audit an (1512).
  97. Adveu et dénombrement rendu audit de Pons par Françoys Bouchard, de plusieurs héritages scitués ès-paroisses de Saint-Sornin et Hiers, au devoir de quinze sols à muance de seigneur, du 30 juin audit an (1512).
  98. Copie d’adveu et dénombrement rendu audit de Pons par Jean Maupetit, du fief de la Gastaudière et autres fiefs et héritages, au devoir de sept jours de garde au chasteau de Broue, du 26 juin audit an (1512).
  99. Adveu et dénombrement rendu audit de Pons par Hardy de Pellevoysin, de plusieurs marois et salines, au devoir d’un épervier et d’une longe de soye garnie de deux sonnettes, du 26 janvier 1516.
  100. Copie de la desclaration fournie audit de Pons par Henry Lecomte, de plusieurs terres et héritages scitués en la seigneurie d’Hiers, du penultième de mars 1519.
  101. Adveu et dénombrement rendu à Antoine de Pons par Françoys Gommard, du fief de Cagouillac et autres héritages scitués dans la paroisse de Saint-Sornin, aux devoir et redevances y mentionnés, du 5 de mars 1539 [84].
  102. Procès verbal d’assignation au prieur des Touches, pardevant les officiers dudit de Pons, pour rendre les foy et hommage au devoir qu’il doit pour les terres et fiefs qu’il possède en l’étendue desdites seigneuries, du 18 janvier 1530.
  103. Adveu et dénombrement rendu audit de Pons par Josselin Vigier du four à bans sur les habitants et tenanciers de la seigneurie de Nieuville, paroisse de Saint-Sornin, au devoir de deux éperons dorez et de deux aigrettes blanches et vives, du 4 novembre 1540.
  104. Procuration passée par Jean Chaudrier, écuyer, sieur de Nieuville, pour rendre foy et hommage audit de Pons de quinze livres de marois tenus noblement à cause de Chessou et Broue, de l’an 1539.
  105. Adveu rendu audit de Pons par le procureur dudit Chaudrier des dites quinze livres de marois et autres héritages, au devoir d’un espervier garni de ses longes et sonnettes, du 4 avril 1540.
  106. Desclaration du curé de Broue aux officiers dudit de Pons, de six livres de marois et autres héritages qu’il tient en franche aumosne de ladite seigneurie de Broue, du 15 avril audit an (1540).
  107. Adveu et dénombrement rendu audit de Pons par René de Linerme, sieur de Saint-Genis, du fief de Puy d’Amon et de plusieurs terres et héritages y mentionnés, au devoir d’un éperon blanc et autres redevances, du 17 dudit mois et an (1540).
  108. Adveu et dénombrement rendu audit de Pons par Françoyse Chaudrier, de quinze livres de marois et autres héritages y mentionnés, au devoir d’un espervier, une longe de soye et deux sonnettes, du 21 avril 1550.
  109. Copie de desclaration passée au lieu d’Hiers par Jacques Lecomte, de plusieurs héritages et marois salants, du 3 may 1558.
  110. Adveu, dénombrement et foy et hommage rendus à la dame Anne de Pons par Jean Gaillais et Guillaume Guillot, de trente livres de marois assiz en la prise de la Bataille, des 13 et 29 novembre 1598.
  111. Adveu et dénombrement rendu à ladite de Pons par Daniel Poussard, de plusieurs marois scitués sur la rivière de Seudre, en ladite seigneurie de Chessou, du 23 novembre 1600 [85].
  112. Bail à rente de quelques marois et sartières scitués en la rivière de Seudre, appelés le Nouverat, par le prieur de Sainte-Gemme à Raoullet Duchemin, à la redevance de la dixième partie des fruits payable au receveur de la boëte commune de ladite rivière, du 12 avril 1335.
  113. Autres baux à rente d’autres marois scitués en ladite rivière de Seudre, par ledit prieur de Sainte-Gemme à Jean Coindrie, à charge de payer la dixième partie des fruits au receveur de la boëte commune de ladite rivière de Seudre, des 2 décembre 1456 et 21 juin 1462.
  114. Bail à rente d’une sartière à faire marois, scituée en la seigneurie de Broue, par les officiers dudit lieu à Benoist Gaumont, à la redevance de vingt sols et deux chapons de rente, du 15 may 1489.
  115. Bail à rente de neuf livres de marois par ladite dame de Pons à Daniel Delacourt, à la redevance de cinq sols par chascun an, du 30 juillet 1605.
  116. Copie du contrat de vente par Jean Ogier audit prieur de Sainte-Gemme, de tous les droits qui luy appartenoient sur la rivière de Seudre, à cause de sa prévosté, et qui s’estend despuis Saint-Laurent du Gua jusqu’au Chapus, moyennant cent vingt livres, de l’an 1312.
  117. Copie de l’acte de confirmation de ladite franchise et toutes redevances des terres de la commanderie des Espaux et de plusieurs privilèges, par ledit Regnault de Pons, du 26 may 1393.
  118. Acte d’anoblissement de vingt-deux livres de marois, scituées au grand marois de l’Acheneau, par Simon de Burlay à Jean Girard, au devoir d’une cuillère d’argent pesant une once, du 4 octobre 1367.
  119. Acte d’anoblissement desdites vingt-deux livres de marois par le prieur de Sainte-Gemme, au devoir de cinq sols, du 25 avril 1368.
  120. Copie des quittances desdits devoirs payés au seigneur de Chessou et Broue par les possesseurs desdits marois, des 20 avril, 25 aoust 1392 et 16 fevrier 1453.
  121. Acte d’anoblissement de vingt-huit livres de marois par Jacques de Pons en faveur de Pierre Fourgon, au devoir d’un touret d’or et d’une longe de soye, du 27 novembre 1473.
  122. Acte d’anoblissement du fief Levraut, scitué en la paroisse de Saint-Just, par Guy de Pons, seigneur de Chessou, en faveur de Jean Coindrie, au devoir d’un touret d’or à muance de seigneur et de vassal, du 26 septembre 1474.
  123. Acte d’anoblissement de vingt-cinq livres de marois, scituées près le groin du Chapus, par Françoys de Pons en faveur de Françoys de Raumer, écuyer, du 14 février 1519.
  124. Acte de ratiffication de ladite vente par Guy de Rochefort, seigneur de Broue, moyennant vingt sols de reconnoissance payables audit seigneur de Chessou en chascune mutation de seigneur et prieur de Sainte-Gemme, de l’an 1315.
  125. Contrat de vente de la moitié de seize livres de marois assiz en la seigneurie de Chessou, et de quatre livres d’autres marois en ladite seigneurie, par Pierre Chauvet et Jean Simone, pour la somme de quatre-vingt-un escus, du 19 juillet 1406.
  126. Copie du contrat de vente de vingt-huit livres de marois par ledit Françoys de Pons à Pierre Fournons, à la charge de relever noblement dudit chasteau de Chessou, au devoir d’un saint Pierre d’or, du 28 janvier 1519.
  127. Contrat par lequel ledit de Pons auroit baillé audit Fournons vingt-cinq livres de marois en échange de trente livres de rente en assiette, à la charge de relever noblement de luy, du 18 avril 1521.
  128. Sentence du juge de Marennes et seigneurie de Chessou, par laquelle main-levée auroit esté faite au prieur des Touches, du fief des Touches sur luy saisi, faute de droits et devoirs non payés à la seigneurie de Chessou et Broue, de l’an 1515, et de la confirmation d’icelle fondation [86] par Jacques de Pons, des 2 septembre 1466 et 16 janvier 1550.
  129. Arrêt du parlement de Paris, par lequel ledit de Pons et Arthus de Villequier ont esté absous de la demande du procureur général pour raison desdites terres et seigneureuries de Marennes, Broue, Chessou, Montaislin, leurs appartenances et despendances, et ordonné que ladite seigneurie de Marennes seroit estimée suivant les lettres du don fait audit Regnauld de Pons et baillée audit de Pons en desduction desdites deux mille livres de rente pour en jouir par luy, ses successeurs et ayant-cause, du 16 septembre 1514.
  130. Autre arrêt du parlement de Paris, par lequel après l’estimation faite de ladite terre et seigneurie de Marennes, ses appartenances et despendances à somme de 489 l. 15 s. 6 d. de rente en assiette, a esté ordonné qu’elle demeureroit audit de Pons en desduction desdites deux mille livres de rente suivant ledit arrêt, sans comprendre en ladite estimation le droit prétendu en ladite rivière de Seudre par le procureur généra ! et auparavant faire droit pour ce regard, auroit esté ordonné que les parties informeroient respectivement dans le lendemain des roys, du 27 aoust 1520.
  131. Autre arrest du parlement de Paris, par lequel ledit de Pons a esté absous des demandes du procureur général pour raison de ladite rivière de Seudre, du 27 mars 1521.
  132. 32. Autre arrest du même parlement, par lequel auroit esté adjugé au roy les droits de lever et prendre dix sols sur chascun thonneau de bled et vin, et quatre deniers par livre de saux (sels) et autres marchandises qui se chargent aux ports et havres d’Oleron, Marennes, Broue, Chessou, Montaislin et ailleurs comme droits royaux, et pour les autres fiefs en l’estendue desdites terres et seigneuries, ledit de Pons a esté envoyé absous des demandes, fins et conclusions dudit procureur général du roy, du 27 aoust 1520.
  133. Autre arrest dudit parlement de Paris, par lequel a esté ordonné que jusqu’à ce que l’assiette soit faite pour le surplus desdites deux mille livres de rente restant à parfaire, desduction faite desdites 489 l. 15 s. 6 d. pour ladite terre de Marennes, et de la somme de 60 l. sur le commun de
    la paix du Mur-des-Barres des montagnes d’Auvergne [87] ledit de Pons jouira de ladite terre et seigneurie d’Oleron et ses appartenances, du 15 de juin 1523.
  134. Copie du contrat par lequel le roy Henry III avoit accordé aux héritiers dudit Françoys de Pons la somme de cinquante escus, à cause de l’esviction par eux soufferte des terres de Mortain et autres baillées par le roy audit de Pons en échange des terres, châtellenies d’Hiers, Jacopoly-sur-
    Brouage, havre dudit lieu, marois salants, terrages de sel et autres droits, du dernier juin 1584 [88].
  135. Copie du contrat de partage fait entre défunts Anne de Pons, ayeule dudit Martel, et Antoinette de Pons, dame de Miossans, du 8 juillet 1597.
  136. Transaction entre ladite de Miossans et la dame de Pons, dame de Guercheville, du 3 juillet 1593.
  137. Partage fait par ladite Anne de Pons entre défunt Isaacq Martel, père dudit Martel, et Anne et Marie Martel, ses enfants, du 27 janvier 1614.
  138. Copie de la donation faite par Geoffroy, comte de Xaintonge, et Agnès, sa femme, à ladite abbaye de Xaintes, de toutes les terres, vignes, bois, marois et autres héritages scitués en Marennes despuis Montaislin jusqu’au Chapus,entre les rivières de Seudre et Brouage, et de plusieurs paroisses et héritages, de l’an 1047.
  139. Arrest du parlement de Bourdeaux, par lequel deffences sont faites à ladite dame de Lyndebœuf, mère dudit Martel, de s’attribuer la qualité de comtesse de Marennes et à ses officiers dudit lieu de qualifier ledit lieu de Marennes d’autre titre que de châtellenie ou baillage, à peine de quatre mille escus, et que les règlements auparavant donnés sur l’exercice et fonction de la justice seront gardés et observés, du 7 septembre 1602.
  140. Arrest du parlement de Paris, par lequel sur la requeste civile obtenue par ledit Martel contre ledit arrest du parlement de Bourdeaux, il auroit esté débouté de l’enthérinement d’icelles, du 17 avril 1621.
  141. Arrest du conseil par lequel, sur l’intervention dudit Isaacq Martel, et demande par luy faite pour estre maintenu en la qualité de comte de Marennes et que deffenses fussent faites à ladite abbesse de Xaintes de prendre la qualité de dame en partie de Marennes, auroit esté ordonné, sans avoir égard à ladite intervention, que ladite abbesse jouiroit du droit de dixme sur les moulins par elle prétendus, du 28 avril 1632.
  142. Copie de la desclaration du roy en faveur de ses sujets de la religion prétendue réformée, du 21 novembre 1622.
  143. Arrest du conseil des 23 juin 1631, 23 juillet, 2 aoust et 2 septembre 1632, par lequel ledit Martel auroit accordé la surséance des contraintes par corps par luy contre ledit Goutte obtenues pendant un mois, des 19 may 1631, 23 juin et 11 aoust 1631.
  144. Autre arrest dudit conseil, par lequel ladite abbesse de Xaintes a esté receue partie audit procès, des 6 septembre 1632, 12 juillet, 24 septembre et 19 dudit mois 1632.
  145. Contredits dudit Goutte et Martel requeste de ladite abbesse de Saintes servant de contredits en salvations de ladite abbesse, requeste du sieur d’Albret et de Miossans servant de contredits, et tout ce que par les parties a esté mis et produit pardevers ledit conseil.

DIT A ESTÉ Faisant droit sur lesdites instances, sans avoir esgard aux dites lettres de requeste civile que le conseil a ordonné et ordonne que ledit arrest du 19 septembre 1631 sera exécuté selon sa forme et teneur et a, ledit conseil, condamné et condamne ledit Goutte aux despens, et, auparavant faire droit sur les demandes, fins et conclusions de ladite de Foix, que les parties contesteront pins amplement dans deux mois devant le commissaire qui, à ce faire, sera depputé par ledit conseil, despens réservés. Le présent arrest a esté mis au greffe dudit conseil à Paris le 28 septembre 1632, et prononcé aux procureurs des parties le dernier jour d’avril 1633. Signé Collier. Pour copie collationnée à Paris, le 9 septembre 1659, PETIT.


[1Histoire des comtes du Poitou, p. 377.

[22. Mémoires de l’intendant Begon, t. II des Archives historiques de la Saintonge et de l’Aunis.

[3Etat physique du département de la Charente-Inférieure.

[4Gautier, Statistique du département de la Charente_Inférieure, page 308. « Le bois taillis où était autrefois situé le château de Montaiglin... » (Aveu du 21 juin 1745).

[5Archives départementales, H, 76.

[6Pièces justificatives, n° 61.

[7Insuper dedimus dicte ecclesie, ecclesiam sancti Petri et sancti Eutropii de Broa.

[81241. Don de la chapelle de Broue et des droits en dépendant. (Voir pièces justificatives, n° 37).

[91540, 25 novembre. Aveu par le curé de Broue des biens qu’il détient en franche aumône. (Ibid., n° 105).

[10« Les terres et seigneuries de Broue, Chessoul et Montaiglin ne furent jamais domaines de S. M., au contraire le propre héritage de la maison de Pons ; et depuis l’an 1115 ont été possédés par ceux de la maison de Doë. » (Mémoire, imprimé sans date, pour tes héritiers de Pons contre Etienne Goutte).

[11Voir cartulaire de l’abbaye de Notre-Dame de Saintes, page 157, charte CCXXXVIII.

[12Le prieuré de Sainte-Gemme, fondé par Guy Geoffroy, duc d’Aquitaine, en 1063, reçut en 1086 de nouvelles concessions de terre de Guillaume, comte de Poitou. Il dépendait de l’abbaye de la Chaise-Dieu, en Auvergne. - Pièces justificatives, n° 47.

[13Ibidem, n° 29.

[14Pièces justificatives, nos 31, 32, 33, 35, 36, 37, 38, 39.

[15Ibidem, n" 37. On doit en conclure que cette chapelle était une fondation distincte de l’église consacrée à saint Pierre et à saint Eutrope, mentionnée dans la charte de fondation de l’abbaye de Saintes. Ses ruines existaient encore en 1786. Voir ci-dessus encadré.

[16Pièces justificatives, n° 39.

[17Ibidem, n°33.

[18Rôles gascons, t. Ier, p. 5, anno 1242.

[19Ibidem,n° 40.

[20Gérard de Rochefort appartenait certainement à la famille des seigneurs de Rochefort-sur-Charente ; peut-être était-ce le frère de Geoffroy de Rochefort qui figure dans une charte du mois de mai 1250 (Archives historiques de Saintonge et d’Aunis, t. IV, p. 196) et qui suivit le roi Philippe-le-Hardi dans la guerre faite au comte de Foix en 1271.(Duchesne,tome V, p.552).

[21Pièces justificatives, n° 43.

[22Pièces justificatives, n° 48. Ce Guy de Baussay figure dans un acte de donation publié, t. Ier p. 119, des Archives historiques de la Saintonge et de l’Aunis ; il était issu de la famille des seigneurs de Loudun au XIe siècle. (Voir Beauchet-Filleau, Dictionnaire des anciennes familles du Poitou).

[23Pièces justificatives, n° 69.

[24D’après Beauchet-Filleau, Dictionnaire des anciennes familles du Poitou, Marguerite de Baussay se serait mariée quatre fois 1° En 1318 ou 1320 avec Guy de Montleon 2° avec Guillaume Trousseau, seigneur de Véretz 3° Simon Burleigh, chevalier anglais, et 4° Lestrange de Saint-Gelais. M. Paul Guerin se demande (Archives du Poitou, t. XIX, p. 69) si la femme de Guillaume Trousseau et celle de Simon Burleigh était la même personne ; cela n’est pas douteux d’après les pièces que nous avons compulsées. Quant aux deux autres maris dont on gratifie Marguerite de Baussay, nous croyons à une erreur de Beauchet-Filleau ; le premier mariage aurait eu lieu en 1318 ou 1320, Marguerite aurait eu alors au moins 15 ans ; le dernier mariage avec Lestrange de Saint-Gelais étant célébré en 1389, elle aurait eu a cette date au moins 74 ans. Enfin elle est morte en 1391 et non en 1392, puisque le comte de Sancerre, son héritier, reçoit l’aveu d’un vassal de Broue en 1391.

[25Pièces justificatives, n" 49.

[26Pièces justificatives, n« 50.

[27Archives nationales, p. 1,358, n° 567, et Humard-Breholles, Inventaires, I, 567. Voir aussi Bulletin de la société des Archives historiques de Saintonge et d’Aunis, t. II, p. 340. C’est sans doute à ce siège que fait allusion Massiou en disant « qu’en 1371 les Angtais, chassés de toutes leurs positions de Saintonge et d’Aunis, se jetèrent dans la tour de Broue comme dans un lieu de refuge » (t. I° p. 177). Nous devons aussi relever l’erreur commise par M. de La Fontenelle de Vaudoré dans son Histoire d’Olivier de Clisson (Paris, 1825, page 138). D’après la Chronique de Duguesclin, la duchesse de Bourbon aurait été renfermée dans la tour de Broe. La Fontenelle dit la tour du Brault « dans les marais entre La Rochelle et Luçon. ». Le fort du Brault ne fut construit qu’au XVIe siècle, pendant les guerres religieuses, pour défendre le passage de la Sèvre.

[28Le procès de Simon Burleigh est conservé dans le manuscrit 2,454 de la bibliothèque bodleïenne d’Oxford. Voir Kerwin de Lettenhore, Froissart, t. XII, p. 248, 260 et 389, note.

[29Pièces justificatives, n° 73. Louis de Sancerre, né en 1340, était fils de Jean de Sancerre et de Marguerite de Baussay (ou Vaussay).

[30Pièces justificatives, n° 55. Regnaud VI de Pons (Voir Courcelles, Histoire des pairs, t. IV, p. 36) « Le sire de Pons se desclara françois ; mais sa femme, n’ayant pas voulu suyvre son party, conserva le chasteau de Pons aux Anglois (1371). » Froissart, c. 647, p. 247.

[31Rymer, Acta publica, t. VI, p. 217. Lettre d’Edouard III du 26 octobre 1360.

[32Factum pour messire Gédéon de Martel et autres cohériliers d’Anne de Pons contre Etienne Goutte. Sans date.

[33Dans la commune de Meursac.

[34Regnaud de Pons avait successivement épousé : 1365, Marguerite de Périgord ; 1411, Marguerite de La Trémoille, et enfin Catherine de Montberon.

[35La confiscation n’était admise en Saintonge et en Poitou que pour crime de lèse-majesté. Ces provinces étaient redevables de cette immunité au roi Jean. (Voir Beschet, Usance de Saintonge, p. 20 ; Lelet, Coutume du Poitou, art. 8, p. 11). L’arrêt de confiscation est du 28 juillet 1445 et non 1449, comme l’avance une note du t. VI des Archives histor. de Saint. et d’Aunis, p. 239. (Voir Blanchard, Ordonnances, t. Ier, col. 266).

[36Arch. hist. de Saint. et d’Aunis, t. VI, p. 237.

[37Arch. hist. de Saint. et d’Aunis, p. 240. Il est à remarquer que la seigneurie de Montaiglin n’est pas désignée parmi celles qui furent abandonnées à André de Villequier.

[38« La maison de Pons était si puissante que celle de Villequier ne put pas luy résister... Ils se maintindrent quelque temps par armes et par procès. » (Le Berthon de Bonnemie, Memoire sur l’isle d’Oleron, Bordeaux, 1699).

[39Arrêt du parlement de Paris du 22 juin 1482 ; Arch. hist. de la Saint. et de l’Aunis, t. VI, p. 242 et suivantes.

[40En 1500, Arthur de Villequier était encore seigneur d’Oleron. (Voir Arch. hist. de Saint. et d’Aunis, t. VI, p. 250).

[41Au fond, toute la question reposait sur une équivoque. L’île d’Oleron n’avait jamais en totalité fait partie du domaine du roi d’Angleterre ; mais il y possédait des terres d’une certaine étendue, notamment fa forêt d’Availles, et des droits considérables. Ce sont ces terres et ces droits qui, lors de la réunion d’Oleron à la France, furent incorporés au domaine du roi, et abandonnés en jouissance à Regnaud de Pons. Le baron de Bonnemie, dans son Memoire sur l’isle d’Oleron (Bordeaux, 1699), explique très bien comment les biens engagés à la maison de Pons ne pouvaient être considérés comme patrimoniaux. On ne s’explique donc pas trop pourquoi le P. Arcère (Hist. de La Rochelle, t. Ier, p. 86 et suivantes) soutient la thèse contraire en se basant sur la donation faite à Guy de Lusignan par le prince Edouard, fils d’Henry III d’Angleterre, donation, dit-il, « faite par acte authentique et dont on n’a point prouvé l’extorsion ». L’ile d’Oleron avait, en effet, été comprise dans l’apanage du Prince noir qui, cédant aux instances de son oncle Guy de Lusignan (dont le père avait épousé Isabelle Taillefer, comtesse d’Angoulême, veuve de Jean-sans-Terre), lui abandonna viagèrement l’ile d’Oleron : mais le roi d’Angleterre, dans une charte du 26 octobre 1248, révoqua cette donation comme faite contrairement à ses intentions et obtenue à l’aide de moyens frauduleux (alio modo quam bono). Edouard lui-même, le 4 novembre 1259, révoqua sa précédente libéralité. Quels droits pouvait conférer un acte deux fois annulé ? C’est pourtant cette donation qui servait de base aux prétendus droits des sires de Pons à la baronnie d’Oleron. J’ai dit qu’en 1789 la question de la domanialité d’Oleron était encore pendante ; je possède en effet deux mémoires manuscrits : le premier porte la date de 1771, il soutient la patrimonialité des terres d’Oteron et a pour auteur Anthoine Le Comte, conseiller du roi et son procureur général au parlement de Toulouse, seigneur des terres et châtellenies de Matha et des Chàteliers en Oleron ; le second est intitulé : Mémoire concernant l’isle d’Oleron, qui justifie évidément qu’elle est du domaine du roy.

[42François de Pons, comte de Montfort, mourut avant son père ; mais les hommages ci-dessus rapportés prouvent qu’il avait été mis en possession de la châtellenie de Broue.

[43Pièces justificatives, n° 92 et suivants.

[44Archives historiques de la Saintonge et de l’Aunis, t. VI, p. 364.

[45Pièces justificatives, n° 103 et suivants.

[46Antoine de Pons n’eut que deux filles de son mariage avec Anne de Parthenay-Soubize Anne et Jeanne. Cette dernière embrassa la vie religieuse. Il eut de sa seconde femme, Marie de Montchenu Henry de Pons, tué à Rome ; Pons de Pons, mort jeune ; Antoinette, qui porta à son mari, Henry d’Albret, comte de Miossens, le titre de sire de Pons.

[47Pièces justificatives, n° 135.

[48Un arrêt du grand conseil du roi, du 17 avril 1621, rendu sur opposition, débouta aussi la famille Martel de ses prétentions en ce qui concernait les droits honorifiques de la seigneurie de Marennes.

[49Arrêt du 7 septembre 1639 donnant main-levée pour Marennes, Montaiglin, Chessou, tour et fort de Broue ; il est rapporté en extrait par le P. Arcère, Histoire de La Rochelle, t. I, p. 88. (Voir Archives départementales, H, 76 : Addition de production que baille Gédéon Martel, défendeur, contre dame Françoise de Foix, abbesse de Saintes.

[50Archives dép., H, 76 Factum de l’abbesse de Xaintes contre les demoiselles Martel ; Ibid., Arrêt du grand conseil de 1661.

[51Jusqu’au XVIIe siècle, les salines de Saintonge demeurèrent en dehors de la loi féodale. « Aux terres salées du bailliage de Marennes, Broue et Chessou, dit l’art. VII de l’Usance de Saintonge, ne se payent point lods et ventes et n’y a aussi lieu de retention féodale. » Le plus ancien commentateur de la coutume de Saintonge, Jacques Desvignes, mentionne cette anomalie mais, au temps où écrivait Beschet, un arrêt du grand conseil, rendu dans l’intérêt du roi, comme seigneur d’Hiers, venait de décider que les marais salants seraient soumis comme les autres propriétés aux droits de lods et ventes. Les seigneurs s’empressèrent de se prévaloir de cette interprétation et exigèrent les droits de lods et ventes, tant en terres douces que salées.

[52Voir aveu du 14 septembre 1472 dans Archives hist. de Saintonge et d’Aunis, t.VI, p.476. – Ce dénombrement établit d’une manière fort exacte la distinction des terres tenues en franche aumône, comme le prieuré de Saint-Sornin de Marennes, avec tous droits de seigneurie et juridiction, et celles sur lesquelles s’exerçait simplement le droit de dîme, comme sur les terres mouvant du seigneur de Broue, les terres de Marennes depuis Montaiglin jusqu’au Chapus, etc.

[53Revue des questions historiques : 64e livraison, La dernière Comtesse de Soissons.

[54Voy. Bulletin des arch. hist. de la Saint. et de l’Aunis, t. IV, p. 245.

[55Bulletin des arch. hist. de la Saint. et de l’Aunis, t. IV, p. 137.

[56Mémoires de Saint-Simon, t. IV, p. 336.

[57Le Terme, Règlement général sur les marais. Rochefort, 1826.

[58Ibidem, p.301.

[59Il existe aux Archives nationales, V5 1287, in-f° de la page 1182 à la page 1248, une pièce sur parchemin « Arrêt du grand conseil du 11 mai 1675 entre Françoise de Foix, abbesse de Saintes, et la demoiselle Martell, relatif au droit de propriété de la seigneurie de Marennes. »

[60René du Grenier était fils de Loup du Grenier, seigneur de la Pelonnière et du Pin, qui avait épousé Anne Martel, tante de Gédéon. C’est à tort que le P. Anselme, t. VIII, p. 211 et 212, de son Hist. généalogique, le dénomme du Gravier. Voir Bulletin des Archives, IX, 350.

[61Seguin d’Authon, grand sénéchal de Saintonge, avait épousé en premières noces, suivant contrat du 21 juillet 1601, Anne Martel, fille d’Isaac Martel et d’Anne de Pons, et en secondes Elisabeth Herbert, dame de la Forest, veuve d’Henry Gombaud de Champfleury ; il eut de son premier mariage Jean d’Authon, chevalier, baron d’Authon, d’Oleron et de Thorigny en Touraine, marié à Marie Hélie de La Forge, veuve de René de Nossay, d’où vint Henry d’Authon, seigneur de Pontheziéres, en l’ile d’Oleron, marié à Suzanne Gombaud.

[62« Nozie », mauvaise leçon pour Nossay.

[63Henry d’Albret avait épousé Antoinette de Pons, fille d’Antoine, sire de Pons, mort en 1591 (Voir Courcelles, Hist. gén. et hérald. des pairs de France, t. IV, p. 50), et de Marie de Montchenu, sa seconde femme.

[64Françoise II de Foix, fille de Louis, comte de Gurson, et de Diane de Foix-Candale, fut abbesse de Sainte-Marie de 1606 à 1666. (Gallia christ. t. II, col. 1130 A).

[65La famille Bernard qui avait donné son nom à l’hôtel des Bernardiéres était originaire de Saintes. Le 7 avril 1488, Guillaume Bernard, sieur des Bernardières et de Chadignac, rend hommage à Jehanne de Croizille pour sa terre de Chadignac nouvellement acquise (acte aux archives du château de Chadignac) il fut maire de Saintes en 1503, ainsi que son fils Arnaud Bernard, procureur du roi, en 1517. Ce même Arnaud Bernard échangea, le 17 mai 1537 (acte aux archives du château de Chadignac), la seigneurie de Chadignac avec Denys Regnaud, bachelier és-lois, procureur au présidial, contre sa terre des Bernardières, qui avait autrefois appartenu à sa famille.

[66Il résulte de ce titre que le château de Saint-Jean d’Angle était connu sous le nom de Château de La Motte.

[67Mauvaise leçon pour Furgon. Marie Furgon épousa Jacques de Curzay, maître d’hôtel ordinaire de la reine. (Voir Arcère, Histoire de La Rochelle, t. Ier, p. 148).

[68François Goumard, seigneur de la Tour et d’Echillais, fils de Jean et de Françoise du Bois, abjura le protestantisme après la Saint-Barthélemy. En 1577, il commandait un des forts élevés par les catholiques pendant le siège de Brouage et fut tué pendant une sortie. (Voir d’Aubigné, Histoire Universelle, et France protestante, t. V, p. 337).

[69Daniel Poussard, chevalier, seigneur de Saint-Brice, près Cognac, fils de Charles Poussard, mort en 1584, et de Marguerite Girard. Il épousa Charlotte de Beaupoil et mourut sans laisser de postérité, vers 1635. Ce fut lui qui reçut le roi de Navarre et Catherine de Médicis pendant les conférences qui eurent lieu au château de Saint-Brice en 1586-1587.

[70« Nonpier », mauvaise leçon pour Nompar Jacques Nompar de Caumont, maréchal de France, né vers 1559, mort en 1652.

[71L’abbaye de Bournet, en Angoumois, fondée en 1113 ou 1125. (Voir Gallia Christiana, t. II, col. 1030 E, 1031 A).

[72Il faudrait peut-être lire aux au lieu de par, et Faveaux, nom d’un village voisin de Montélin.

[73Le moulin de Pelhart existe encore sur le chenal du même nom, dans la commune de Saint-Sornin de Marennes.

[74Artouan, dans la commune de Saint-Just.

[75Nancras, chef-lieu de commune du canton de Saujon.

[76Il faudrait peut-être lire Trelebois, nom d’une locatité de la commune d’Arvert, canton de La Tremblade, arrondissement de Marennes.

[77Le Commun de paix (Voir Ducange, aux mots Commune pacis, compensus et paxagium) était une taxe établie dans la seconde moitié du XIIe siècle par Hugues II, comte de Rodez, sur les quatre baronnies de son comté (La Guiole, Cassagnes, Laroque-Valzergues et Saint-Geniez d’Olt) et sur quelques autres localités du Rouergue, pour assurer la répression des brigandages qui désolaient alors ce pays. Cette taxe fut payée au roi quand le Rouergue fut réuni à la couronne ; elle existait encore en 1789, et les cahiers de la province en demandèrent instamment la suppression aux états généraux. C’est à tort que Ducange et Laurière prétendent que cette taxe aurait été établie pour assurer le maintien de la Trêve de Dieu. De même d’Olive (Questions notables, liv. II, ch.9, p. 286) lui donne pour origine la nécessité de défendre le pays contre l’invasion anglaise. Le Mur des barres est Mur de Barrez, chef-lieu de canton de l’arrondissement d’Espalion (Aveyron).

[78Cet aveu, ainsi que les deux suivants, a déjà été mentionné ci-dessus, n° 1,,2 et 3.

[79« Péronnelle Logese ». Voir ci-dessus n° 3.

[80Aveu déjà mentionné ci-dessus, n° 4.

[81Mentionné ci-dessus, n° 6.

[82Voir sur Antoinette de Maignelais Archives historiques de Saintonge et d’Aunis, t. VI, p. 240.

[83« Marie Fourgon », mauvaise leçon pour Furgon. Claude Furgon, écuyer, seigneur de Saint-Christophe, fut maire de La Rochelle en 1524.

[84Aveu déjà mentionné ci-dessus, n° 17.

[85Aveu déjà mentionné ci-dessus, n° 18.

[86Sans doute de la fondation du prieuré des Touches. Les Touches, en la commune de Saint-Just, canton de Marennes.

[87Voir supra

[88Voir Archives historiques de la Saintonge et de d’Aunis, tome VI, page 364.

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