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1627 - 1628 - Lettres du Cardinal de Richelieu pendant le siège de La Rochelle - 3

3ème partie : Octobre - Novembre 1627

jeudi 3 mars 2016, par Pierre, 1533 visites.

Le roi Louis XIII, guéri de sa longue maladie, s’est installé à Aytré, à quelques kilomètres de la Rochelle. Avec Richelieu, il organise une expédition navale dans l’île de Ré occupée par les Anglais. On remarquera la minutie de sa préparation.
C’est un succès, et les Anglais abandonnent l’île en catastrophe. Les drapeaux qui leur ont été enlevés sont transportés dans la liesse populaire à la cathédrale Notre-Dame de Paris.
Richelieu va maintenant consacrer toute son énergie au siège de la Rochelle. Il fait abattre 400 arbres dans la forêt de Rochefort pour la construction de la digue.

Voir aussi :
- 1627 - 1628 - Le siège de La Rochelle d’après les Mémoires du cardinal de Richelieu
- 1627 - Les Anglais débarquent en l’île de Ré pour secourir la Rochelle assiégée

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CDXIX.

Bibl. imp. Fonds Baluze, Pap. des arm. lett. paq. iv, n" 2 et 3, fol. 244. - Minule de la main de Charpentier.

 A M. LE PRINCE.

1er octobre 1627.
Je vous fais ce mot pour vous dire que le roy vous a fait dépescher vostre pouvoir pour l’armée qui sera vers le Languedoc [1]. Il est tel que vous pouvez désirer, puisqu’il n’est pas restraint particulièrement pour le Languedoc, mais en Dauphiné, Guyenne et tout autre quartier de ces costes de delà, où la rébellion des mauvais sujets du roy vous conviera d’aller [2]. L’armée sera composée de 8 régimens et de 8 compagnies de cavalerie. Le roy ayant trouvé bon que j’aye l’honneur de vous voir, nous adviserons ensemble aux moyens de les faire subsister. Ce pendant je vous supplie de croire que je suis, etc.


CDXXII.

Bibl. imp. Fonds Baluze, Pap. des arm. lett. paq. i, n° 1, fol. 15. — Original.
Arch. des Aff. étr. France, 1627, tom. 43, fol. 254.-Minute de la main de Charpentier.— Même manuscrit, fol. 237. — Copie2.

 A MONSEIGNEUR FRÈRE UNIQUE DU ROY.

4 octobre 1627.
Monseigneur, Je suis extraordinairement estonné d’apprendre par les lettres qu’escrit M. de Toiras, l’extrémité où il dist estre, veu que le sieur de Taraube dist au roy, vers le 15 septembre, qu’ils avoient du pain et des febves pour deux mois, et que, depuis, la barque de Richardière y est entrée. Le sieur de Saint-Surin mesme nous a donné le terme jusques vers la fin du mois. Vostre prudence a pourvu à tout ce qui se pouvoit faire en ceste extrémité. J’espère maintenant que les pinasses ou autres barques y auront entré, m’asseurant, monseigneur, que vous les aurez fait commander par des gens aussy courageux que Coursole, pour la seconde fois, a tesmoigné estre lasche.

Des gens déterminés surmonteront les difficultés qui paroistroient grandes à des poltrons. J’ay tousjours bien creu, comme il vous plaist me le mander par vostre lettre, qu’Oleron estoit le lieu d’où devoit partir le grand secours quand il se fera ; et pour cest effet, le Plessis de Juigné s’y trouvera bien à propos. En une extrémité comme celle-cy, on pourroit encore prendre Navarre, et le Plessis-Praslain, laissant pour garder le bourg et le chasteau d’Oleron les deux régimens qui ne sont pas encore parachevés. Il dépendra de vostre prudence de voir ce qu’il sera à propos de faire. Si mesme vous voulez tout prendre ce qui est dans Oleron, tout sera prest d’obéir à vos commandemens. Il importe grandement au roy de ne perdre pas ces deux isles* l’une pour la force, l’autre pour l’embouchure des rivières qu’elle tient, et l’abondance des vivres qui en fourniroit non-seulement La Rochelle en ceste occasion, mais en toute autre. Il-n’y a rien qu’il ne faille faire pour les sauver. J’estime que le grand secours ne se doit pas tenter qu’avec six mille hommes effectifs. Ceux qui sont esloignés, monseigneur, ne peuvent voir si clair, en ceste affaire, que vous pourrez faire, ayant une pleine et parfaite cognoissance de ce qui est nécessaire et de ce qui se peut. J’espère en vostre courage, vostre conduite et bonne fortune, et demeure, comme je dois estre, Monseigneur, Vostre très humble, très obéissant et très affectionné serviteur, Le Gard. DE RICHELIEU.
De Richelieu, ce 4 octobre 1627.


CDXXXIl.

BibI. imp. Fonds Le Tellier-Louvois, 9334, fol. 3o. - Original.

 A M. L’ÉVESQUE DE MAILLEZAIS, EN OLERON.

13 octobre 1627.
Monsieur, Le roy ne sçavoit point que la compagnie de M. de Cluy fust desjà entrée dans Oleron, quand je vous ay envoyé la lettre par laquelle il la mande ; c’est pourquoy, puisqu’elle est entrée, Sa Majeste trouve bon qu’elle y demeure jusqu’à un autre mandement.

Et cependant M. de Marconnay se hastera de venir le plus tost qu’il pourra. Ayant ouï dire que le désarmement des huguenots d’Oleron a esté fait fort légèrement, la mauvaise volonté qu’ils ont tesmoignée fait que Sa Majesté désire qu’ils soyent désarmez de nouveau, faisant un ban qui porte commandement à tous les huguenots d’apporter leurs armes au magasin du bourg du chasteau, sur peine de confiscation de tous les biens de ceux qui seront trouvés en avoir recelé. Et, afin qu’il ne puisse y avoir de fraude, par le mesme ban, il sera promis le tiers des dits biens à ceux qui descouvriront le décèlement d’armes. Vous ajusterez, s’il vous plaist, cela avec M. de Coutenan, et ferez dépescher ceste affaire.

Je renvoieray La Borde après-demain, et seray très aise, quand il sera arrivé, que vous veniez faire icy un tour pour vous voir et vous gouverner à loisir, et vous asseurer de vive voix, comme je fais par ceste lettre, que je suis, Monsieur, Vostre très affectionné confrère à vous rendre service, Le Card. DE RICHELIEU.
Netray [3], le 13e octobre 1627.


CDXXXIV.

Bibl. imp. Fonds Le Tellier-Louvois, 93342, fol. 31. - Original.

 A M. L’ÉVESQUE DE MAILLEZAIS.

15 octobre 1627
Monsieur, Le roy désirant faire passer le sieur du Plessis-Praslin au fort de la Prée, je vous fais ce mot pour vous prier de favoriser son embarquement en tout ce que vous pourrez. Le sieur Taraube a amené cinquante barques de Bordeaux avec leurs matelots en Brouage ; il n’est question que de faire fournir des vivres pour un mois pour ses 800 hommes, c’est-à-dire la valeur de trente tonneaux en farine, pain ou biscuit, six tonneaux de vin, quatre tonneaux de febves et pois, mil livres de beurre, mil livres de chandelle, vingt bœufs et vingt pourceaux, quatre milliers de poudre menue grenée, deux milliers de grosse, quatre milliers de mesches, et deux milliers de plomb en balles, s’il se peut, deux barriques de vinaigre.

Il est question de faire embarquer tous ces vivres en deux jours, s’il se peut, pour ne perdre aucun temps de faire partir les dites troupes. Si M. de La Rocheallart a fait charger des barques et traversiers des victuailles cy-dessus, il faudra s’en servir et non pas les prendre d’Oleron ; mais il ne faut pas s’attendre l’un sur l’autre. Je vous prie ne venir point nous voir que le régiment du Plessis-Praslin ne soit parti.

Il faut fournir à cet embarquement trois cens pics et pales, et autres instrumens propres à se retrancher.

Je vous prie ne rien oublier de ce que dessus, et encore que je suis, Monsieur, Vostre très affectionné confrère à vous rendre service.
Le Card. DE RICHELIEU


CDXXXV.

Arch des Aff. étr. France, 1627, tom. 44, fol. 4. - Minute de la main de Charpentier.

 POUR LE ROY [4].

[Vers le 15 octobre 16271.] [5]

Monsieur doit parler au roy du désir qu’il a de s’en aller.

Sa Majesté luy peut dire, s’il luy plaist : Mon frère, je ne sçay à quoy vous pensez quand vous pensez à vous en aller. Je ne vous en veux point de mal, parce que je sçay bien que ce sont quelques-uns de ceux qui sont auprès de vous qui vous le persuadent.

Quand vous y serez résolu je ne vous en empescheray pas, voulant que toutes vos actions soient libres.

Mais bien vous diray-je que vous ferez une action qui tesmoignera à tout le monde que vous affectionnez peu les affaires de la guerre, que vous n’aimez pas ma personne, puisque vous vous en esloignez, et que vos desseins ne favorisent pas le bien de l’estat.

Quand vous voudrez partir, je vous prieray de ne le faire pas, et vous lairray faire. Tout le monde verra qui aura tort. Et vous cognoistrez l’obligation que vous aurez à ceux qui vous donnent de si bons conseils.


CDXXXVI.

Bibl. imp. Fonds Le Tellier-Louvois, 9334 fol. 26. - Original.

 A MONSIEUR L’ÉVESQUE DE MAILLEZAIS, EN OLERON.

16 octobre 1627.
Monsieur, Je vous envoye ce laquais en toute diligence pour vous prier de faire passer, dès ceste nuict, une barque ou deux chaloupes chargées de biscuits, de quelques bariques de chairs et fourmages au fort de la Prée ; d’autant que je viens d’apprendre que, si dans deux jours elle n’est secourue, ceste place est perdue. Je me promets que, quelque temps qu’il face, vous ferez passer, à rames ou à voiles, quelques chaloupes. Je vous en conjure de tout mon cœur, comme s’il estoit question de ma vie. Je suis, Monsieur, Vostre très affectionné confrère pour vous servir, Le Card. DE RICHELIEU.

Ce 16, à 10 heures du soir.


CDXXXVIII.

Arch. des Aff. étr. France, 1627, tom. 41, fol. 340. — Minute. Quelques mots de la main du cardinal.

 A M. DE MENDE ET A M. DE MARSILLAC.

16 octobre [1627].
Fault maçonner tout le dessoubz du premier pont où on met le lest.

Fault rompre ledit pont et continuer la maçonne autant que la charge du vaisseau le permettra, c’est-à-dire autant que ledit vaisseau pourra souffrir pour estre en estat de naviguer, et estre conduit où on le veult mener.

La maçonne qui sera faicte aux vaisseaux sera à chaux et à ciment.

Les plus grandes pierres qu’on y pourra mettre seront les meilleures, particulièrement au fond et aux bords. Il les fault bien lier ensemble avec des crampons de fer, affin que, si le vaisseau vient à estre bruslé, la masse de pierre demeure et ne puisse estre deffaicte.

Il fault laisser un endroit non maçonné dans le vaisseau, vers le milieu, où un homme puisse entrer, par où on puisse faire jouer la pompe, et par lequel aussy on puisse percer le vaisseau quand on le voudra enfoncer.

Il fault lier et enchaisner toutte ceste maçonne de pièces de bois qui passent tout au travers, en long et en large par divers endroicts, avec des mortaises qui empeschent que la maçonne ne se puisse déprendre.

Il faudra voir s’il vault mieux laisser deux puits des deux costés qu’un au milieu, affin que le vaisseau ne balance point, mais que la couche en soit esgalle.

On estime que les deux puits seront meilleurs qu’un seul au milieu.


CDXXXIX.

Bibl. imp. Fonds Le Tellier-Louvois, 93342, fol. 34. — Original.

 A MONSIEUR L’ÉVESQUE DE MAILLEZAIS.

19 octobre 1627.
Monsieur, Je vous prie de faire trouver, si vous pouvez, une demye douzaine de vieilles flustes d’Holande ou autres corps de vieux vaisseaux presque inutiles à la navigation, tels que vous pourrez trouver, vers Royan et autres lieux, et les faire maçonner à chaux et à ciment, ou à Royan, ou en Brouage, selon le mémoire que je vous envoye.

Je ne vous mande point pourquoy c’est faire, parce que vous le jugerez bien ; seulement vous convieray-je de faire faire diligence ; - tout ce que j’ay à vous dire est que, vous tenant expéditif comme vous estes, je tiens ceste affaire faite 12 ou 15 jours après que vous aurez receu ma lettre. Aussy en ay-je affaire vers le 6e novembre.

Je vous prie aussy de voir s’il n’y a point moyen, partant d’Oleron avec des vaisseaux à feu, de mettre le feu à ceux des Anglois qui sont devant le fort de la Prée. Il faudroit faire faire ceste entreprise par quelqu’un qui entende bien cela ; et, comme vous sçavez, la faire de nuict, par un bon vent. Sanson pourroit, avec la galère, favoriser la retraite de ces gens, laquelle cependant se fera, à mon jugement, sans grand péril, puisque les grands vaisseaux ne peuvent lever l’anchre la nuict.

Je n’escrits qu’à vous seul de ceste affaire, d’autant qu’il la faut faire exécuter secrètement et sans bruit.

Quand le Plessis- Praslin sera passé à la Prée, il faut faire entrer incontinent le Plessis de Juigné, et préparer de nouveau tout ce qui est nécessaire pour le passage de Navarre, deux jours après la sortie duquel on fera entrer incontinent le Plessis d’Espernon. Je suis, Monsieur, Vostre très affectionné confrère à vous rendre service, Le Card. DE RICHELIEU.

Ce 19 octobre 1627.


CDXLII.

Bibi. imp. Fonds Le Tellier-Louvois, 9334 i, fol. 39. — Original.

 A MONSIEUR L’ÉVESQUE DE MA1LLEZAIS, EN OLERON.

20 octobre 1627.
Monsieur, Je vous prie me mander précisément le jour que passera le Plessis-Praslin ; et haster tellement les préparatifs nécessaires pour faire passer Navarre par après, que trois jours après il le puisse suivre. Au reste, donnez ordre que les barques qui passeront ces régimens, après qu’elles auront fait leur passage, reviennent promptement en Oleron, car nous en voulons faire encore passer d’autres, et faites préparer trente chates, et autres basteaux propres à faire passer de la cavalerie. Je vous supplie de tenir toute ceste affaire la plus secrète que vous pourrez, ne parlant de ces préparatifs qu’à la Borde, et disant à tout le monde qu’on ne veut faire passer que le Plessis-Praslin. Je suis, Monsieur, Vostre très affectionné confrère à vous rendre service.
Le Card. DE RICHELIEU.
De Netray [Aytré], ce 20 octobre 1627.


CDXLIV.

Arch. des Aff. étr. France, 1627, tom. 41, fol. 3^7. — Original.

 A M. DE GUISE.

21 octobre 1627.
Monsieur,
 [6] M. de Mande est party il y a quatre jours pour vous aller trouver, selon que vous m’avez tesmoigné le désirer. Je vous ay envoyé par luy tout ce qui estoit nécessaire pour vuider les difficultés que le trésorier apportoit au payement des monstres de l’armée pour deux mois. Sa Majesté approuvera ce que vous ferez. Partant, monsieur, s’il se présente quelque nouvelle difficulté vous la vuiderez, s’il vous plaist, selon que vous l’estimerez à propos. Je suis au désespoir des mauvaises poudres que le grand maistre de l’artillerie a fait fournir ; le roy en est en telle colère qu’il ne se peut rien y ajouter ; comme aussy pour les canonniers qu’il vous a envoyez. J’avoue que ces fautes sont d’importance, et si j’estois en la place de ce gentilhomme, je voudrois mourir après les avoir commises [7].

Je vous envoyé un ordre du roy pour faire que les régimens d’Estissac, du filz de M. le marquis de Tliémines, du marquis de Coaquin, s’embarquent selon que vous l’estimerez à propos. Je m’asseure que vous n’oublierez rien de toute la diligence qui se peut faire pour estre prest plus tost que les Espagnolz vous joignent.

Le roy va faire jetter trois ou quatre mil hommes en l’isle de Ré, de façon qu’en ce temps, si vous donnez, sans rien hasarder, jalousie, nous chasserons asseurément les Anglois sans les Espagnols, dont la tardiveté est un peu trop grande.

Les vents qui ont duré depuis 3 mois ont extrêmement incommodé les Anglois et nous ont donné un de leurs vaisseaux de 300 tonneaux, qui a eschoué en Brouage ; mais par malheur les hommes se sont sauvés, hormis deux, dont il y a un gentilhomme bien esquipé.

Si telles tempestes reviennent, ilz auront de la peine à demeurer dans la rade Saint-Martin. Ce gentilhomme anglois prisonnier dit que Bouq. [8] a receu ordre de s’en aller ; et de plus de dix parts on a advis qu’ilz ont rembarqué leurs canons de fonte, et n’ont laissé à terre que des breteuils (?). Je vous mande en cela ce qui se dit, ne sachant pas ce qui en est.

Je le souhaite avec passion, et de vous tesmoigner que je suis, Monsieur, Vostre très humble serviteur, Le Gard. DE RICHELIEU.
De Netray, ce XXIe octobre 1627.


CDXLV.

Arch. des Aff. étr. France, 1627, tom. 41 fol. 346. - Minute de la main de Charpentier.

 A M. DE MARSILLAC.

22 octobre 1627.
Marsillac, Si vous ne m’eussiez point dit en partant que vous aviez mil pistoles à moy, je vous en eusse baillé et les affaires n’eussent pas esté retardées.

Je vous envoie deux mil pistoles pour payer les matelots et ce qui sera le plus pressé ; mais je ne prévoy pas que vostre armement puisse estre prest quand les vivres le seroient. Je doute que vous ayez des gens de commandement pour cest effet. Car si Richardière [9] est pris, comme on dit, je ne voy plus que Canteloup [10], lequel je laisse à vostre obtion de retenir, si vous estimez qu’il vous soit plus utile que d’aller quérir des vaisseaux à feu, ce qui sera bien long.

Si vous ne pouvez estre prest pour le gros d’eau qui vient, il vaut mieux attendre un autre temps, maintenant que nous sçavons que la citadelle n’est pas pressée, que de perdre de gaieté de cœur un équipage, et redonner cœur aux Anglois par ce moyen. Je laisse toute ceste affaire à ce qu’estimera plus à propos M. de Mande, car, à dire le vray, s’il n’y a des gens bien résolus sur l’embarquement je n’en ay pas bonne opinion.

Si cependant, quand le gros d’eau sera venu, il se rencontroit un vent extrêmement favorable, on pourroit armer six barques sur lesquelles vous mettriez six-vingt soldats ; et les huit pinasses, qui en porteroient encore 80, qui seroit un grand secours pour la citadelle ; mais je présuppose que le temps fust si favorable qu’apparemment les ennemis ne peussent empescher le passage, car autrement, si le vent n’estoit favorable et qu’on prévist qu’il fallust rendre un grand combat, il faudroit estre plus fort. Tout cela est remis à ce que M. de Mande, vous et M. Valin jugerez pouvoir estre fait.

Si les tempestes reviennent pareilles à celles qui sont passées, les ennemis seront contraints de quiter la rade Saint-Martin ; en ce cas-là il ne faudra pas manquer d’y faire jeter tout ce que vous aurez de prest, et avoir tousjours des barques chargées à ceste fin.

Si on peut passer à ce gros d’eau qui va venir, je vous prie n’en perdre pas l’occasion, et, en ce cas, retenir Canteloup, en qui j’ay beaucoup de confiance, avec ses matelots.

Les hommes que vous passerez du régiment d’Urbelière, choisissez-les ou non. Je m’asseure qu’il y aura beaucoup de ses capitaines et lieutenans qui voudront passer.

Il faut mettre à la hune des premières barques du convoy qu’on fera passer des gens bien résolus, avec des coutelas bien tranchans, pour couper les câbles que les Anglois tendent d’un vaisseau à l’autre, s’ils sont tendus haut ; et à la proue, d’autres avec des faux renversées, aiguisées comme des rasoirs, avec des haches et coutelas pour les couper, s’ils sont tendus bas.

Quant aux vaisseaux à maçonner, puisqu’il n’y en a que de neufs aux Sables, et que cela revoqueroit1 les meilleurs bourgeois des Sables, je suis d’advis que vous n’en preniez point ; faites-moy seulement maçonner vingt grandes barques, ensuite de quoy on en fera maçonner vingt autres ; mais il est besoin d’expérimenter comme cela réussira. Je pensois que vous auriez desjà mis la main à l’oeuvre ; ne perdez plus de temps ; pourveu que les barques soyent grandes, elles serviront bien.

Le sieur l’Amy a très grand tort de n’avoir pas esté d’icy quérir son argent à Niort ; faites qu’il y aille diligemment, et toute la despense que vous ferez, faites-lui en tenir contrôle, comme il a fait de la despense que vous avez faite aux Sables depuis qu’il y est, afin que je sois remboursé par ses mains, non seulement des mil pistoles que vous luy avez prestées, mais des deux mil que je vous envoie ; et ce sur le fonds que je luy feray ordonner pour pouvoir, avec celuy qu’il a, parachever toute la despense que vous avez à faire.

Si M. de Mande est aux Sables, ce que je ne crois pas, il verra ceste lettre pour prendre ses mesures sur icelle, et vous suivrez ce qu’il estimera à propos ; sinon, vous verrez de vous-mesme ce qu’il y aura à faire. Seulement vous diray-je qu’il y a deux temps auxquels il ne faut pas perdre l’occasion de passer : l’un si la tempeste escartoit les Anglois de devant Saint-Martin ; l’autre, si au gros d’eau il venoit un vent du tout favorable, auquel cas les ennemis ne sçauroient du tout empesçher le passage.

Je vous envoye 4 de mes soldats, à qui j’ay donné charge de demeurer jusqu’à ce que le gros d’eau soit passé, afin que vous les fassiez embarquer chacun sur une barque différente, au cas que vous puissiez passer.


CDL.

Bibl. imp. Fonds Le Tellier-Louvois, 9334 V fol. a5. — Original.

 A MONSIEUR L’EVESQUE DE MAILLEZAIS.

- [ Du 20 au 26 octobre 1627] 
Monsieur, Je vous prie sur tous les plaisirs que vous me sçauriez faire, de tenir la main que le Plessis-Praslin passe au premier vent à la Prée, avec les vivres que j’ay donné charge à La Borde d’y faire passer quand et quand. Je vous prie aussy faire tenir des barques prestes pour que 4 jours après nous puissions faire passer Navarre ; et donner ordre que les barques qui auront passé le Plessis-Praslin reviennent droit en Oleron. Je vous prie encore de faire tenir des chates ou autres vaisseaux plus propres à faire passer de la cavalerie, pour passer cent chevaux ; et d’autant que la cavalerie ne peut passer sans foin, vous en ferez chercher, selon le mémoire que je vous envoyé ; comme aussy des ais dont on a besoin pour des logemens, et du bois et charbon pour se chauffer. Aussy tost que vous me manderez que le Plessis-Praslin sera passé, et que vous aurez toutes les barques nécessaires pour faire passer Navarre et la cavalerie, je me rendray en Brouage, mais je vous prie n’en dire rien qu’à mon cousin de la Meilleraye, et à La Borde. Au nom de Dieu faites que le Plessis-Praslin passe au premier jour, et que dans huit jours nous puissions faire passer Navarre et cent chevaux. Mandez-moy justement ce que vous pourrez faire, et le temps préfix.

Je suis votre très affectionné confrère à vous rendre service.
Le Card. DE RICHELIEL.


CDLI.

Arch. des Aff. étr. France, 1627, tom. 41, fol. 350.- Minute de la main de Charpentier et de celle de Sourdis, évêque de Maillezais, avec quelques mots de la main du cardinal.

 A M. DE SCHOMBERG [11].

26 octobre 1627.
Pour partir du bourg du Château, il faut est-suest [12] sud-surouest.

Pour partir de Saint-Denis, il faut ouest surouest, ou sud et susurouest.

Pour partir de Coup-de-Vache, du Plomb, d’Enandes [13], il faut nordnord-est, est-suest.

Pour partir des Sables, il faut norouest nord et nordest.

 [14]En ces saisons d’ordinaire régnent les vents de norouest [15], ouest et surouest, quelquefois sud-surouest.

Et on juge que, de toute cette lune, ou n’aura autre temps que de susurouest3, surouest et ouest.

Et partant, que les plus seurs embarquemens sont d’Oleron et d’Olonne.

Ma pensée est donc que pour jouer au plus seur, veu l’inconstance des vents, qu’il faut avoir des gens embarquez de tous costez [16] pour ne manquer pas à faire passer promptement des gens de guerre.

Je crois que s’il y avoit mil hommes embarqués aux Sables, ils seroient les premiers à passer ; car bien qu’il faille passer toute l’armée des ennemis, cet inconvéniant n’est pas considérable, vu qu’on la laisse à main droite rasant les terres de Poictou, ce qui se faiet sans danger, vu que les ennemis ne peuvent lever l’ancre la nuit.

Les deux capitenes des galliottes qui sont revenus depuis vingt-quatre heures de la Pree y ont veu Saint-Preuil, qui estoit sorti luy cinquième du fort, qui estoient allés pour communiquer quelque dessein qu’ils exécuteroient infailliblement s’ils avoient mil hommes. Ils disent de plus que, s’ils avoient deux mil hommes et cent chevaulx, ils chasseroient les ennemys. qui ne sont pas deux mille cinq [cents] en estat de combattre ; et de faict on [n’]assiège plus la citadelle, et quelques uns des ennemys sont logés à La Flotte [17] et Sainte-Marie, qui sont, à mon advis, les cartiers sur les quels on doict faire entreprise. Je crois en vérité que si on en avoit enlevé quelqu’un, Bouquinquant enleveroit le reste.

Je ne puis assez m’estonner de la lettre qui a esté envoiée de la citadelle [18]. Je vous advoue que ce procédé est bien estrange, vu que, si les Anglois apprennent cet estonnement (?), cela leur donnera l’audace de demeurer plus longtemps.

Je vous promets que je ne perdrai pas un moment, ni un soupir de vent pour le subjet qui m’a amené. Je ne suis pas quelquefois malheureux, j’espère et désire que Dieu me continue ceste grâce en ceste occasion.

De Brouage, où la maligne a esté plus grande aujourd’hui [19] qu’elle n’a esté depuis trente ans, et le passe [20] si gailliart qu’il ne falloit point ouvrir la bouche qui ne vouloit boire des coups de mer ; j’espère que je m’aguerrirai.

Ces capitenes m’ont dict que les Anglois, qu’on appelle bouquins, disent qu’on les peut appeler tels, parceque quelques uns ont buquiné une de nos chèvres. A ce propos vous me manderez, s’il vous plaist, quele nouvele on a de l’ambassade de Couvonge vers madame de Chevreuse, et si les bouquins de terre ferme arment aussi puissamment que les marins. Ce billet ne sera veu , s’il vous plaist, que de vous.


CDLII.

Arch. des Aff. étr. France, 1627, tom. 41, fol. 362. — Minute.

 A M. DE SCHOMBERG.

29 octobre 1627.
Monsieur, Le roy ayant envoyé six cens hommes aux Sables et cinquante chevaux avec le reste de Durbelière ,

Y ayant 1,200 au Plomb et cent chevaux, Et le reste icy [21] et à la Charante, il est impossible, avec l’ayde de Dieu, qu’il n’en passe bientost dans l’isle de Ré.

Je crois qu’on ne pouvoit prendre un meilleur ordre que de diviser ainsi ces troupes en divers postes, afin que de tous vents on fasse faire de costé ou d’autre descente en l’isle.

Je vous dépesche ce porteur pour vous dire que, par l’advis de tous mariniers, qu’il ne faut point changer cet ordre.

Si M. de Beaumont a esté embarqué cette nuit passée, il aura passé.

On estime que la cavalerie et les gens de pied qui sont aux Sables passeront les premiers, et cependant il est vray qu’en ces saisons Oleron est mieux paré pour ce passage. Souvenez-vous que la plus part de tout ce qui est icy couche sur la paille ; le bourg, qui n’a que cent maisons et très mauvaises, ayant trois fois plus de monde qu’il n’en peut loger ; partant vous ferez fort bien d’envoyer le plus de volontaires passer au Plomb, venant avec petite compagnie en un lieu où vous en trouverez une bien grande. Vous trouverez que Brouage et Oleron ne sont pas ce qu’on nous a dict, mais bien que je suis véritablement Vostre très affectionné serviteur.

M. de Nismes m’a dit que les 10 milliers de poudre qu’on debvoit envoyer aux Sables d’Olonne n’y sont point arrivez. La poudre d’icy n’est que du charbon ; il est impossible de faire ny soustenir une guerre si le roy est servy comme cela.

Faut escrire à Pompée Targon et au marquis de Rosny.


CDLIV.

Arch. des Aff. étr. France, 1627, tom. 4i, fol. 363. — Copie. - Quelques mots de la main de Richelieu.

 A MM. DE LA ROCHEALLART ET LABORDE [22].

30 octobre 1627.
Mémoire pour M. de La Rocheallart et Laborde, qu’ils suivront ponctuellement, sans s’arrester à aucun aultre ordre contraire qui leur puisse estre donné [23].

Demain au matin ils m’envoyeront douze traversiers ou barques des meilleurs à vuide, avec les matelots ; Et la patache des fermiers pour M. le maréchal de Schomberg.

Quant aux huict barques pour la cavalerie qui sont à Brouage1, on embarquera les cinquante chevaux légers du roy avec chacun un cheval , selon que M. de Marillac l’ordonnera.

Pour le reste des barques à gens de pied2 qu’on pourra esquipper, on donnera celles qui se trouveront pour Piedmont et Ramhures.

Mais, quoy que s’en soit, je veux avoir dans demain matin douze traversiers des meilleurs qu’il y aye en Brouage, entre lesquels soient ceux de Colle3, La Brune et Bruno, qui apporteront les victuailles dont M. de Maillezays a envoyé mémoire à Laborde.

Souvenez-vous tous deux que je me sentiray offencé au dernier point si vous n’exécutez ce que je vous mande.
Faict ce samedy 30e, à 4 heures du soir.


CDLVIII.

Bibl. imp. Fonds Le Tellier-Louvois, 9334*, fol. 42. — Original. Il y a quelques passages de la main de Richelieu.

 COMMISSION POUR LE SIEUR DUMESNIL.

4 novembre 1627.
Il faut faire une ordonnance portant deffences de prendre les bœufs, sous peine de la vie, à tous soldats et gens de guerre, et d’interdire la culture des terres.

Ordonnance pour tous les habitans, païsans et autres, qui auront à se plaindre des gens de guerre qui auront esté dans l’isle, soit de violences, soit de mauvais paiement, qu’ils ayent à venir trouver M. de Vertamont, commissaire envoyé par Sa Majesté.

Faut faire tenir les matelots qui ont servy en ces occasions exempts de logemens.

Loger neuf compagnies du régiment de Brézé au chasteau, deux à Saint-Ulgent et une en Aune [24] ; Le Plessis de Juigné, à Saint-Pierre ; Le Plessis d’Espernon, à Saint-Denis et la Brée ; Cluy et le Coudré, à Sanselle et Saint-George [25].

Faut faire apporter la contribution du bled et du vin de ceux qui n’ont point encore fourny, comme de Cherée et autres lieux, sans rien prendre de ceux qui ont contribué.

M. de Maillezais fera dresser, s’il luy plaist, un estat général de tout ce qui a esté despensé en l’isle d’Oleron, tant pour les gens de guerre, canon, plomb, poudre, fournissement de magasins, fortiffications, embarquemens de Launay, du Plessis Praslin, de M. de Schomberg et tous autres, et généralement de toutes choses.

Il fera faire un autre estat de l’estat auquel restent les magasins, tant pour les armes, munitions et vivres, et des moyens qu’il a de les remplir du pays ; et ce qu’il faudra d’argent.

Il prendra la peine aussy d’en faire faire autant pour Brouage par La Borde.

Inventaire de toutes les armes qu’on a prises aux habitans d’Oleron, qui sera signé de M. de Coutenan.

Inventaire de toutes les armes qu’on a reçues, de toutes celles qu’on a données, avec les récépissez de ceux qui les ont eues.

N’en sera plus donné à l’advenir à qui que ce soit, qu’en payant ; sçavoir est : dix livres pour mousquet, autant pour pique et corselet, et quarante livres pour armes de gens d’armes.

Faut faire achever la commission de M. de Vertamont quand il sera guéry, et confisquer le sel, vin, bleds des rebelles.

Inventaire des armes prises à Alvert [26], signé par le Plessis de Juigné et la Rocheallart, pour ce qu’il aura receu.

Refournira les magasins de plomb, mèche, deux mil picques de Biscaye, halebardes, deux mil mousquets d’Abbeville.

Fera fondre les deux coulevrines et quatre bastardes qui sont commencées à Sainctes, et plus s’il peut.

Fera faire des poudres les plus excellentes qu’il pourra à Limoges, à Bressuire et autres lieux.

Se souviendra de ne faire plus bastir de magasins au fort que de bonnes matières, avec chaux et sable, et les encoigneures, chesnes sous poutres et plintres de pierre de taille.

Fera faire un estat de l’artillerie, tant de Brouage que d’Oleron, pour me l’envoyer.

Faudra embarquer, dans trois ou quatre jours, le reste de Navarre, pour escorter le reste des vivres qu’on envoiera dans trois ou quatre jours ; puis leur envoyer leur esquipage hors du Brouageois, à main droite.

Il faut faire faire le procès aux matelots qui ayans pris de l’argent du roy ont quitté leurs bords, et les punir rigoureusement. M. de Maillezais fera, s’il luy plaist, recevoir le pain de Paléologue et l’envoyera en Ré.
M. de Maillezais est prié de faire exéquuter ce que dessus.

Le Card. DE RICHELIEU.

Fait à Brouage , ce 4e novembre 1627.


CDLX.

Imprimée. - Armoriai général de d’Hozier : Rechignevoisin de Guron, reg. iv, p. 49.1.

 AU RÉVÉREND PÈRE GURON [27], GOUVERNEUR DE MARAN , À MARAN.

[7 novembre 1627.]
Monsieur, Je baille demain matin au sieur Hébert de l’argent pour fournir des vivres à Maran, pour la Prée, et païer les barques selon que demande du Lac ; il vous ira trouver. Si tu veux m’obliger à supporter toutes tes imperfections durant ta vie et tes humeurs grapillantes, fais entrer de ton chef quelques barques à la Prée, chargées de vivres, et je vous païeray le tout ; en outre faittes en sorte que les vivres de Bigottau et ceux dudit Hébert soient heureusement et promptement trajetez.

Il faut en faire passer une partie au Plomb, affin que plus commodément on secoure le fort de la Prée, c’est-à-dire les gens de guerre qui y sont descendus. Si dans trois jours tu me mandes que tu y ayes faict entrer abondance de vivres, je te diray ce que je feray ; si encore trois jours après tu me fais sçavoir quelque nouveau secours, tu cognoistras par quelque action ma resjouissance. Père, il ne fault point tarder ; vous me donnerez la vie si vous faites entrer des vivres [28]. Adieu, Père, c’est le cardinal de Richelieu2.


CDLXI.

Bibi. imp. Fonds Le Tellier-Louvois, 9334*, fol. 5.— Original.

 A MONSIEUR DE MAILLEZAiS.

7 novembre 1627.
Monsieur de Maillezais sçaura qu’il est important de faire passer promptement des vivres à la Prée, et partant aura soin de faire charger cent mil pains que doit fournir Paléologue pour les passer à la Prée le plus tost qu’il pourra. Et d’autant que nous espérons que de la Prée on fera entrer des vivres de vive force dans Saint-Martin, il sera bon d’y envoyer cinq ou six cens quintaux de biscuit, des pois et des febves ; il faudra se servir du reste du régiment de Navarre pour escorter ce convoy.

M. de Maillezais se souviendra que, pour nous exempter de débourser de l’argent de notre bourse pour munir les magasins d’Oleron et de Brouage, il sera bon qu’il face faire, par le dit Paléologue, jusques à douze cens quintaux de biscuit, sçavoir est, deux ou trois cens par sepmaines. Bigoteau sert si mal que, si Paléologue fait bien, ses bons services l’establiront à l’armée.

Les barques de M. de Nismes ne sont point encore venues aux Sables. Je ne sçay si le vin de Taraube sera venu en Brouage ou en Oleron, mais je sçay bien qu’on en a bon besoin en Ré. 1 Il faut faire mener en Brouage le vin des fermiers de Soubise, qui en ont quarantedeux tonneaux.

Mon lieutenant obligera son général extraordinairement s’il faict envoyer promptement des vivres à la Prée. Je l’en prie, je l’en prie et l’en conjure de tout mon cœur. Adieu, mon lieutenant ; c’est vostre général, LE GRAND MAISTRE DE LA NAVIGATION.
A Nétray 2, ce 7 novembre 1627.

Je vous prie envoyer diligemment charger les cent mil pains de Paléologue pour les faire passer à la Prée ; car pour les premiers que l’abbé de Beauveau a fait charger, je croy que M. de Schomberg les aura pris.


CDLXVII.

Bibl. imp. Fonds Le Tellier-Louvois, 93342, fol. 47- - Original.

 A MONSIEUR L’ÉVESQUE DE MAILLEZAIS, EN BROUAGE.

8 novembre 1627.
Monsieur, Vous m’avez donné une bonne nouvelle, si elle est vraye.

Je vous prie me mander à toute heure ce que vous aprendrez de l’entrée de nostre secours [29].

Je voudrois avoir donné beaucoup et que la Melleraye fust entré dès hier [30], comme vous me mandez. En tout cas le vent est fort bon maintenant, ce qui fait que je ne doute point que ceux qui n’ont pas entré n’entrent ceste nuit. Je vous suplie vous souvenir de faire porter promptement des vivres, pain, vin, chairs, febves, beurre, molue et frommages, avec escorte du reste des soldats de Navarre ; je vous envoyeray toutes les expéditions que vous désirez. Maintenant je vous renvoye à la haste, pour vous presser de faire entrer des vivres. Le sieur Mercier est revenu de Bordeaux, qui dit avoir laissé à Blaye vingt-cinq barques qui viennent après luy. Au nom de Dieu, ayez tousjours des barques prestes pour faire de temps en temps les embarquemens des vivres.
Vostre très affectionné confrère à vous rendre service, Le Card. DE RICHELIEU.
Ce 8 novembre 1627.


CDLXVllI.

Bibl. imp. Fonds Le Tellier-Louvois, 93342, fol. 46. — Original.

 A MONSIEUR L’ÉVESQLE DE MAILLEZAIS.

8 novembre 1627.
Monsieur, Je n’ay pas voulu différer à vous mander que nous venons d’avoir nouvelles présentement que sabmedy dernier Buquinkham donna une attaque générale à Saint-Martin, où il perdit six cents hommes. Morgant a esté tué et force noblesse, et plusieurs de qualité prisonniers. Le roy n’y a perdu que sept hommes, Saldaigne et Grandval y ont esté blessez [31]. Au mesme temps les gardes, le Plessis-Praslin et Beaumont, qui estoient à la Prée, entrèrent en la flotte et y bruslèrent trois grands vaisseaux anglois, et se retirèrent. Buquinkham a escrit une lettre 3 qui porte qu’il va encore entreprendre une chose sans raison4. La Melleraye entra sabmedy avec trois cents hommes de son régiment, quarante gentilshommes volontaires, et vingt-six gendarmes de la compagnie de la reyne. Marillac est entré avec deux cents hommes, ceste nuict.

Après cela je n’ay rien à vous dire, sinon que vous me ferez le plus grand plaisir que je puisse recevoir de vous, de faire passer promptement des vivres, et du pain surtout, en la plus grande quantité que vous pourrez.

J’ay envoyé à M. de Beauclerc, pour expédier le département et l’ordonnance dont vous m’avez escrit, lesquels j’envoyeray au premier jour. Ce pendant je demeure, Monsieur, Vostre très affectionné confrère à vous rendre service, Le Card. DE RICHELIEU.

De Netré, ce 8 novembre 1627.


CDLXIX.

Arch. des Aff. étr. France, 1627, tom. 4i, fol. 341. - Copie 1. Même collection, 1628, tom. 46, fol. 347. — Copie 1.

9 novembre [1627]
Le 15 octobre le roy se résolut de faire entrer six mil hommes dans Ré, et trois cens chevaux pour en chasser les Anglois.

Deux jours après, M. le cardinal de Richelieu envoya en Oleron pour faire embarquer le régiment du Plessis-Praslin qui y estoit, et le faire descendre en la Prée, afin de commancer à pouvoir tirer quelques lignes et redoutes, depuis le fort de la Prée jusqu’à la mer, pour favoriser l’entrée du reste des trouppes.

Le régiment de Beaumont, qui estoit au Plomb, eust la mesme charge. Six jours après, huit cens hommes de ces deux régimens y entrèrent, le reste ne l’ayant peu faire à cause des venta, qui ne permettent pas de faire tousjours ce qu’on veut.

Le vingt-cinquiesme, M. le cardinal de Richelieu partist d’auprès le roy pour aller en l’isle d’Oleron faire embarquer le régiment de Navarre, celuy de la Melleraye et cinquante gendarmes de la reyne.

Trois jours après, M. le mareschal de Schomberg y vint avec cinquante chevaux légers du roy, cinquante de la compagnie de Bussy, le sr de Montalet avec les mousquetaires du roy, quatre cens hommes du régiment de Piedmont, autant de Rambure et quatre cens gentilshommes volontaires.

Quoyqu’il n’y eust des préparatifs que pour l’embarquement des premières trouppes susdites, le jour de la Toussaincts tout fut embarqué.

Trois jours durant, cet embarquement fut battu de tempeste et contraint de relascher, tantost en Brouage, tantost en Oleron, tantost en Charente, tantost en l’isle d’Aix ; tant y a que le sabmedy sixiesme novembre, la Melleraye entra avec trois cens hommes de son régiment, quarente gentilshommes volontaires et vingt-deux gendarmes de la compagnie de la reyne.

Le lendemain, M. le mareschal de Schomberg entra avec la pluspart du reste des troupes.

Le lundy huitiesme, tout fut mis en bataille, et on alla aux ennemis. Aussytost ils commencèrent à se retirer ; M. le mareschal de Schomberg les suivit. Comme ils furent devant l’isle de Loye, séparée de Ré, et en laquelle on ne peut entrer que par un pont qu’ils avoient fait pour favoriser leur retraitte ils se résolurent de faire teste pendant que les autres se retireroient. On les chargea, en sorte qu’il y est demeuré cinq colonnels, plusieurs capitaines, douze cens hommes, outre six cens qui avoient esté tuez le jour auparavant, à une attaque qu’ilz avoient voulu faire à la citadelle ; on a gaigné trente drappeaux, trois pièces de canon, plusieurs de leurs chefs et officiers sont demeurez prisonniers, et, entre autres, le général de leur cavalerie, le milord Montjoye, frère du comte d’Holand, qui a dit que Boukingham y est blessé d’une mousquetade. Sans les marets avantageux où les Anglois se sont retirés, il ne fust pas resté un seul des ennemis qui se sont maintenant embarquez, excepté le sr de Soubize, qui, dès le commencement de la retraite, eut tant de haste de se mettre en seureté qu’il se mit à l’eau jusques au col pour gaigner une chaloupe. [32]

Sa Majesté a receu, en ceste occasion, ce qu’elle attendoit de la bonne conduite et du courage de M. le mareschal de Schomberg, et des sieurs de Marillac et de Thoirax, qui sortit de la citadelle avec huit cens hommes du régiment de Champagne. Toute la noblesse y a si bien fait qu’il est impossible d’en remarquer un seul aux actions duquel on puisse trouver à redire. Le général des galères [33] y a esté blessé à une espaule, Villequier, d’une mousquetade dans le corps, et Porcheux a aussy la cuisse cassée d’une mousquetade.

Le roy a pris une peine incroyable à ceste affaire, pourvoyant à tout de son chef, et prévenant par sa prudence tous les inconvéniens qui pouvoient arriver.


CDLXXI.

Bibl. imp. Fonds Le Tellier-Louvois, 93343, fol. 48. - Original.

 A MONSIEUR L’ÉVESQUE DE MAILLEZAIS.

9 novembre 1627.
Monsieur, Une victoire attire l’autre ; les Anglois aians perdu 600 hommes en l’attaque qu’ils firent sabmedy à St-Martin, en perdirent hier douze cens [34] en la retraitte qu’ils firent en l’isle de l’Oye, où M. de Schomberg les poursuivit comme il falloit. Outre les morts, il y a plusieurs de leurs chefs et officiers pris, vingt enseignes, et le milord Montjoye, chef de leur cavalerie, frère du comte de Holand, qui dit que Bukingham y a esté blessé d’une mousquetade. Le roy n’y a perdu personne de marque, et peu de soldats. M. le général des galères y a receu une blessure assez légère, M. de Villequier une plus grande, et le sieur de Porcheux y a eu une jambe cassée. Les Anglois ont quitté le bourg St-Martin aux nostres, qui en ont repris possession à leur tour. Ils s’embarquent tous pour reprendre la route de leur pays. Ensuite je vous diray qu’il n’est question que d’envoyer du pain de munition en l’isle, et prendre garde qu’il soit bon, car celuy qui estoit en Charante estoit la pluspart gasté. Je suis Vostre très affectionné confrère à vous rendre service, Le Card. DE RICHELIEU.
De Netray, ce 9 novembre 1627.


CDLXXII.

Arch. des Aff. étr. France, 1627, tom. Ui, fol. 372. — Minute.

 A M. DE SCHOMRERG [35].

10 novembre 1627.
Monsieur, Il m’est impossible de vous tesmoigner la joye que j’ay du bon succès que le roy a eu contre les Anglois, et de l’honneur que vous y avez acquis. Sa Majesté est grandement satisfaite de vostre conduite, ce n’est pas d’à ceste heure que vous avez donné des preuves de vostre courage. Beaucoup disent icy que Bouquingham est demeuré sur la place, ou mort, ou fort blessé ; une seconde dépesche de vostre part en rendra certain. Vous le serez, s’il vous plaist, que je suis véritablement, Monsieur, etc.


CDLXXIII.

Bibl. imp. Fonds Le Tellier-Louvois, 9334 l, fol. 5i. — Original.

 MÉMOIRE DE CE QU’IL FAUT FAIRE EN BROUAGE ET OLERON [36].

12 novembre 1627.
Sera donné asseurance aux vaisseaux flamands pour venir au port de Brouage et rade d’Oleron. Les magasins de Brouage et d’Oleron seront à prix faict, et ce qui se trouve maintenant dans les magasins sera apprécié pour estre payé à la fin du combat. Il faut à chacun deux cens tonneaux de bled, cent tonneaux de vin, 4,0002 de lard, 1,000 de chandelles, 2,000 d’huile, 20,000 de bois, 20 tonneaux de charbon.

Il y aura coneur (contrôleur) dans les magazins, qui aura soin que ce nombre soit toujours en iceux.

Sera fait prix aussy pour le bois et chandelle, lequel on régalera (sic) sur chaque gouvernement.

Sera distribué à chaque cappitaine ou autre officier les soins particuliers de chaque affaire de la place, comme aux uns l’artillerie, l’autre les fortiffications, l’autre les magasins, et ainsy des autres ; et tous les samedis s’assembleront tous ensemble pour rendre compte de leur sepmaine, et mettre ordre pour la suivante, dont ils recevront l’ordre du sieur de La Rocheallard.

Seront faites les étapes selon l’ordonnance du roy.

Les esquipages des régimens de Navarre et Plessis-Praslin sortiront de l’isle pour se rendre dans S-Savinien [37], sans passer dans le gouvernement , s’il se peut.

On fera travailler en diligence aux dehors de Brouage, selon le marché fait avec le sieur du Carlo, dont je donne copie, et me feraon renvoyer le plan apostillé de ma main que je laisse à du Carlo.

Il faut trouver un entrepreneur qui puisse, dans le mois de mars, rendre le fort du costé du bourg fait de terre seulement, selon le plan que j’en donne, qui sera communiqué et résolu au sieur d’Argencour, et puis renvoyé. y Fault faire refaire les embrasures, parapets et guérites de Brouage le plus tost que faire se pourra, parce qu’au printemps il les faut abattre.

Il faut faire publier, dans le gouvernement de Brouage, une ordonnance portant commandement à toutes les communautés d’apporter des mémoires de ce qu’ils auront fourni dans les magasins, comme aussi toutes les plaintes qu’elles auront à faire contre les gens de guerre, affin qu’il y soit remédié.

Sera achepté du cuivre, le plus que l’on pourra, pour continuer les fontes de Xaintes ; et fera-on prix, si l’on peut, avec les Flamands bien cautionnés, d’en apporter pour le vin ou le sel qu’on leur donnera.

Les décomptes du fort d’Oleron seront faits sur le mesme pied que ceux de Brouage, selon les prests qui leur auront esté faits. Et doresnavant aura pour garnison cent hommes.

Travaillera à me faire accomoder quatre vaisseaux maçonnés, dont il y en a deux dans le port d’Oleron.

Il suffira que Paléologue fournisse cent mille pains pour Ré, et des trois cens mil qui restent, les deux seront changés pour cent tonneaux de bled, et le troisiesme en biscuit.

Laborde prendra possession de mon domaine d’Hyers [38] Retirer le contrat d’Alvert [39] du Plessis de Juigné.

Faut entretenir les deux galiotes fortes d’hommes, qui auront chacune deux chaloupes pour aller aux commandemens, et n’entretenir plus aucune autre chaloupe ; et sur la grande galère seulement six hommes pour la garde d’icelle, sur laquelle on mettra l’équipage des deux galiottes, quand on en aura besoin.

Sera mis ordre pour recevoir les quatre deniers qui se payent à Royan.

Sera mis douze des Turcs sur les deux galiotes, et le reste en Oleron.

Fault envoyer les galiotes des ports et rades de Brouage, Oleron, Ré, Chef de bois [40], Esgalle [41] et Olonne.
Le Card. DE RICHELIEU.


CDLXXIV.

BibI. imp. Fonds Le Tellier-Louvois, 9334, fol. 49. — Original.

 A MONSIEUR L’ÉVESQUE DE MAILLEZAIS, EN OLERON.

12 novembre 1627.
Monsieur, Je vous envoyeray au premier jour vos expéditions pour la coadjutorerie de Bordeaux [42], que le roy m’a accordée pour vous.

J’escriray demain à monsieur de Coutenan pour qu’il mette en liberté le trésorier de sa compagnie, n’entendant pas qu’on face ces violences aux lieux où j’ai pouvoir souhz l’auctorité du roy et de la reyne ; cependant gardez l’argent dont vous estes saizy.

Le roy m’a commandé de faire venir les esquipages du Plessis-Praslin et Navarre droit à Fouras [43], se voulant servir des régimens en son armée ; trois ou quatre barques en feront raison.

J’approuve vostre advis de n’envoyer plus tout ce qu’on avoit préparé de vostre costé en Ré, mais pour les premiers cent mil pains qui debvoient estre prestz il y a quatre ou cinq jours, et puis plus.

Je vous prie donques y faire porter cent mil pains.

Quant au reste, vous en garnirez nos magazins, prenant en biscuitz, bleds ou farines, les autres trois cens mil que Paléologue devoit fournir.

Vous sçavez bien que deux cens mil pains valent cent muids de bled. Mon advis seroit que vous prissiez cent muids de bled, et cinquante mil pains en biscuit.

Je n’ay point receu les propositions que vous m’escrivez avoir envoyées pour faire nos magazins à peu de fraiz.

Quant aux mesnages des vins et des selz, expliquez-moi justement à quoy reviendroit ceste affaire.

J’ay trouvé la despesche que je n’avois point veue. Je trouve bon que vous en acheptiez cinq ou six cens tonneaux, si le prix en doibt hausser, comme vous me le mandez.

J’approuve la proposition que vous me faites de faire payer les trois quartiers des gens d’armes de la reyne qui ont servy, des deniers revenant bons.

Je vous en envoyeray une ordonnance.

Le marquis de la Flocelière [44] a esté payé icy de deux monstres ; il est raisonnable qu’il face payer ses hostes, je vous prie l’en solliciter.

Vous m’avez faict plaisir de faire mettre le jeune Bigoteau en prison, puisqu’il ne veut pas fournir ; son père ne fait pas mieux icy, et est sur le point d’estre cassé.

Je seray fort aise de veoir le projet de la proposition que vous me faictes des marchands qui offrent de fournir les magazins de Brouage et d’Oleron, en leur donnant deux mil francs, ou 8 cens escus, et spéciffier tout ce qui y doibt estre ; et demeurer d’accord que tous les mois on verra les magazins, et quand on voudra, de peur que par malice ilz ne pensent destituer la place de vivres, et par ainsy luy faire courir fortune. Il faut que ces marchands soient bien solvables.

On pourroit leur faire une vente de tout ce que nous avons à présent dans nos magazins, à la charge de les payer dans trois mois, qui leur seroit une commodité ; et, en après, leur donner les deux mil livres ou huict cens escus que vous proposez.

Il faudra bien aussy prendre garde de stipuler à combien ils donneront les vivres, et que le débit en soit raisonnable.

Je vous laisse faire pour les selz. Vous me manderez à quel prix ils sont.

Il n’est pas raisonnable que la compagnie de monsieur de Coutenan tire du magazin plus que pour les seize hommes qu’elle a effectifs.

J"attendray vos effets et vos responses, et demeure, Monsieur, Vostre très affectionné confrère à vous rendre service, Le Card. DE RICHELIEU.

A Netray, ce 12 novembre 1627.


CDLXXV.

Arch. des Aff. étr. France, 1627, tom. 41, fol. 373. — Minute de la main de Charpentier.

 A M. DE LAROCHEFOUCAULT.

12 novembre 1627.
Monsieur, Je suis bien fasché de vostre maladie, dont je vous souhaite une prompte guérison, affectionnant véritablement vostre personne autant que vous le pouvez souhaitter. Je m’asseure que la deffaite des Anglois n’y servira pas peu, veu la passion que vous avez au service du roy.

Quand à ce dont vous m’avez escrit, je vous diray que le roy n’est point résolu d’y pourvoir encore.

Il ne me reste qu’à vous asseurer, comme je fais, qu’en ce en quoy j’auray lieu de vous servir vous cognoistrez que je suis, etc.


CDLXXXIII.

Bibl. imp. Fonds Le Tellier-Louvois, 93342, fol. 56. - Original.

 A MONSIEUR L’ÉVESQUE DE MAILLEZAIS.

19 novembre 1627.
Monsieur, Je vous remercie du casaquin que vous m’avez envoyé, dont je me serviray fort bien.

Quant aux fortiffications, du Carlo estant malade et le calcul des corvées estant tel que vous me l’avez mandé, si vous pouvez faire marché à quelques Besserras (sic) puissans pour me faire dans six mois les dehors que j’avois marchandés à du Carlo, je rompray le marché sous prétexte de ne vouloir pas qu’on tire tant de corvées du gouvernement comme il en est porté dans le marché, et sous prétexte encore de vouloir faire faire plus diligemment le dit travail ; cela me semble aisé, vu qu’il n’est question que de remuer de la terre, qui est molle comme du beurre. Mais surtout il faut le donner à un entrepreneur qui travaille dès ceste heure, car j’ay cela en teste. Partant, je vous en prie et conjure autant que je puis. Il n’est plus question des brûlots, les Anglois s’en estant allez. Je ne sçay ce qu’avoit le baron de Saint-Just dont vous me parlez, ny s’il a esté tué dans le service du roy ou contre ; vous vous expliquerez, s’il vous plaist, davantage.

Quant à Marennes, je n’ay ny le moyen, ny la volonté de faire ce que vous me proposez.

Je vous recommande tousjours ma fortification, et vous prie me mander, au premier jour, que vous aurez fait marché à quelqu’un qui travaille desjà.

Dites à M. d’Argencour qu’il m’envoye des blancs de ce qui luy est deub, pour qu’on puisse retirer son argent. Je suis Vostre très affectionné confrère à vous rendre service,
Le Card. DE RICHELIEU.
Ce 19 novembre 1627

Il faut convertir le pain qui a esté fait par Paléologue en biscuit pour nos magasins. Aussytost que Tiriot sera venu, que j’ay envoyé quérir à Paris, j’yray en Brouage, pour faire marché de la maçonne des bastions qu’il faudra faire [45] ; je seray bien ayse de trouver tout bien rangé et tout bien garny.


CDLXXXIV.

Arch. des Aff. étr. France, 1627, tom. 41, fol. 382. — Minute.

 LETTRE DU ROI A DOM FRÉDÉRIC DE TOLÈDE.

21 novembre 1627.
Mon cousin, Dieu m’ayant fait la grâce de défaire les Anglois jusqu’à tel point qu’après qu’il en est demeuré sur la place deux mille, entre lesquels il y a quatre coulonnels, cinquante capitaines et plusieurs autres officiers, après avoir eu cinquante de leurs drapeaux, quatre de leurs canons, le général de leur cavallerie, le grand maistre de leur artillerie et plusieurs autres principaux officiers, ce qui en est resté s’est retiré en Angleterre. Je vous fais ceste lettre pour vous dire qu’il n’est pas besoin pour ceste heure que vous sortiez l’armée navale de mon frère le roy vostre maistre de ses ports pour venir en mes costes. Vous demeurerez donc, attendant les ordres du rov mondit frère, vers lequel j’ay envoyé. Et ce pendant je prie Dieu qu’il vous ayt en sa sainte garde.


CDLXXXV.

Bibl. imp. Fonds Le Tellier-Louvois, 9334, fol. 67. - Original.

 A MONSIEUR L’ÉVESQUE DE MAILLEZAIS.

21 novembre 1627.
Monsieur, Je vous envoyé une ordonnance du roy pour faire couper quatre cens pieds d’arbres, dans la forest de Rochefort, pour employer à nostre estacade. Et parce que je sçay quelle est vostre diligence, je vous prie d’envoyer promptement quelques-uns que vous jugerez propres à cet effet, et faire trouver des barques pour amener les dits arbres, le plus tost qu’il se pourra, à la pointe de Coreille [46].

On n’a besoin que des pieds des dits arbres, et faudra faire réduire les branchages d’iceux en bûches, et les faire porter en Brouage et en Oleron pour en remplir les magasins, en les faisant bailler par compte à ceux qui en ont la garde. Souvenez-vous que l’estacade où je les veux employer est l’estacade pour mes vaisseaux, qui est mon travail particulier ; et par conséquent, je vous prie que dans huict jours j’aye une partie de ce bois amené à Coreille. Ceste lettre n’estant à autre fin, je ne la vous feray plus longue que pour vous asseurer que je suis, Monsieur, Vostre très affectionné confrère à vous rendre service.
Le Card. DE RICHELIEU.
Ce 21 novembre 1627.

Je vous prie de m’envoyer Aubraire avec sa chaloupe bien esquipée de bons matelots.


CDLXXXVI.

Arch. des Aff. étr. France, 1627, tom. 41, fol. 374. — Mise au net, corrigée et devenue minute ; quelques mots de la main de Richelieu.

 A M. DE GUISE.

23 novembre 1627.
Monsieur, Le roy m’a commandé de vous escripre qu’aussy tost que vous aurez nouvelles que la flotte d’Angleterre aura passé le Conquest, vous vous rendiez aux rades de Ré, avec son armée navalle, et que ce pendant vous envoyiez en diligence vers la rivière de Bordeaux deux dragons [47], les vaisseaux commandés par les chevaliers de Mailly, Guitaud4 et des Roches, deux Olonnois et deux Bordelois, pour escorter des vaisseaux qu’on y a maçonnez pour enfoncer dans le canal de La Rochelle. Les Rochelois sont sortis avec douze ou quinze pataches ou barques, pour prendre les dits vaisseaux et quelques raffraîchissemens en Médoc ; si ces chevaliers les rencontrent, je ne doubte pas qu’ils ne nous donnent des preuves asseurées de leur courage. Quand vous serez icy arrivé, le roy faira faire monstre à son armée navale 5, et trouve bon ce pendant que vous ravitailliez vos vaisseaux pour les mois de janvier et febvrier, des provisions que le sieur de la Grée avoit fait préparer pour la flotte d’Espagne. On a icy nouvelle que les Donquerquois sont partis. S’ils vous ont joint, vous serez en estat d’achever par mer ce qui a esté commencé par terre si heureusement, quand mesme les ennemis se présenteroient, ce qu’ils ne feront pas 1. Je le désirerois pour vostre gloire, comme estant, Monsieur, Vostre très affectionné serviteur.

J’adjouste encore ce mot pour vous dire que le roy m’a commandé de vous escripre que si quelqu’un des capitaines fait difficulté de vous obéir en ce que vous luy commanderez, particulièrement en la diligence que vous voudrez faire pour exécuter les ordres que le roy m’a commandé de vous envoyer de sa part, que vous luy ferez plaisir de les casser pour apprendre aux autres à vous obéir, selon que Sa Majesté le désire. Je vous en prie en mon particulier.


CDLXXXVII.

Bibl. imp. Fonds Le Tellier-Louvois, 9334’, fol. 58. — Original.

 A MONSIEUR L’ÉVESQUE DE MAILLEZAIS, EN OLERON.

24 novembre 1627.
Monsieur, J’approuve le marché que vous avez fait pour le fort d’Oleron ; vous m’avez fait très grand plaisir ; je vous prie d’y faire travailler.

N’envoyez plus de pain dans Ré, mais faites venir celuy qui est dans la Charente, par mer, au platin [48] d’Angoulin, pour l’armée, où il n’y en a point, Bigoteau fournissant fort mal.

Le roy veut faire sortir, à ma prière, toute la cavalerie d’Oleron, hormis cinquante chevaux, qu’il faudra prendre des derniers gens d’armes de la reyne. M. de Rivau peut emmener sa brigade se rafraischir.

Le Plessis de Juigné mesme viendra icy à l’armée.

Quant au Plessis-Boissonnière, faites faire monstre à ses huit compagnies par le commissaire Zamet. J’escris à la Borde qu’il paye la monstre qui est celle de licentiement. Je suis d’advis que vous le faciez sortir de l’isle, et hors d’icelle faire faire la monstre de peur qu’il pille après estre licentié.

Le roy seroit bien aise que deux ou trois cents, les meilleurs soldats de ce régiment, voulussent venir en celuy des gardes ; si vous pouvez faire cela vous luy ferez plaisir.

Je trouve bon que vous faciez armer une ou deux pataches avec les galiotes pour tenir la Charente libre.

Quant à Brouage, vous me manderez ce que vous pouvez faire par l’advis de M. d’Argencour, et je vous ferai sçavoir ce que j’estime à propos. Ce pendant je demeure, Monsieur, Vostre très affectionné confrère à vous rendre service
Le Card. DE RICHELIEU.
Ce 24 novembre 1627 [49].


CDLXXXVIII.

Arch. des Aff. étr. France, 1627, tom. 41, fol. 383. — Minute de la main de Charpentier.

 LETTRE DU ROI A LA REINE MÈRE.

25 novembre 1627.
Je ne doute point que la joye que vous me tesmoignez par vostre lettre avoir receue de la deffaite et de la retraitte des Anglois n’ait esté telle que vous me représentez, sçachant la part que vous prenez à tout ce qui touche la gloire de ma personne et la réputation de mon Estât. Je vous envoieray au premier jour les drappeaux et les canons qui ont esté pris sur eux. Je suis venu icy, à Surgères [50], me divertir pour quelques jours, ayant laissé ordre de tout ce qui doit estre fait pendant mon absence. Je prends tellement l’entreprise que j’ay ici à cœur que je n’auray point de repos que je n’en sois venu à bout.

Quoyque le pays soit fort mauvais, je n’y trouve à redire si ce n’est pour estre esloigné de vous, de qui je seray tousjours, en quelque lieu que je sois.


CDLXXXIX.

Arch. des Aff. étr. France, 1627, tom. 4i, fol. 384. — Minute de la main de Charpentier.

 A LA REINE MÈRE.

25 novembre 1627

Madame, La joye que j’ay sceu que Vostre Majesté a receue de la deffaite des Anglois a redoublé la mienne.

Le roy se porte, grâces à Dieu, aussy bien qu’il ayt jamais fait. Il est allé pour quatre jours à Surgères chercher du divertissement, dont ce lieu-cy est fort despourveu [51]. Sa Majesté a résolu de renvoyer à la reyne d’Angleterre tous les prisonniers sur leur foy, à condition qu’ils ne pourront porter les armes contre Sa Majesté jusques à tant qu’ils soient libres par eschange des prisonniers françois, ou autrement ; ce que je puis vous asseurer qu’il fait en vostre considération [52]. Je suis très aise de la prise de Montaigu. Je crois que Vostre Majesté l’aura fait venir maintenant à Paris. Si elle ne l’a fait, il sera de besoin d’envoyer la cavalerie de Champagne et de Picardie pour le quérir et l’amener dans la Bastille seurement.

Le roy a mandé M. de Guise pour venir avec l’armée de Ré. Dans la fin du mois qui vient, j’espère que le port sera barré. C’est tout ce que je puis dire à Vostre Majesté, sinon que je suis et seray à jamais, etc.


XD.

Bibl. imp. Fonds Le Tellier-Louvois, 9334’, fol 60. — Original.

 A MONSIEUR L’ÉVESQUE DE MAILLEZAIS, EN OLERON.

26 novembre 1627.
Monsieur, Je vous envoye le capitaine Canteloupe, à qui je donne à commander le vaisseau anglois qui est en Brouage. Cependant, tandis qu’on l’esquipera, je vous prie qu’il vienne avec une patache armée, la meilleure qui se trouvera en Brouage, et les deux galiotes. Elles raderont à Chef de Bois [53], tantost à Lesguillon, à la Palisse et autres lieux proches d’icy, estant impossible de pouvoir plus voir continuer les insolences rocheloises. La galère doit estre preste. Faites que tout vienne le plus tost qu’il sera possible ; mais ce pendant envoyez la patache et les deux galiotes. Je suis, Monsieur, Vostre très affectionné confrère à vous rendre service,
Le Card. DE RICHELIEU.

Je vous prie faire couper des bois en quelque lieu que ce puisse estre, selon l’ordonnance que l’on vous envoie. Conclusion, nous en sommes tellement pressez qu’il n’est pas possible de plus. J’estime qu’il est plus à propos de donner les magasins à prix fait, selon que vous m’en avez parlé, qu’autrement.

Pour les vaisseaux que vous prendrez pour maçonner, vous en ferez faire le prix et on les payera.
Ce 26 novembre 1627.
Je vous prie encore faire les prix des magasins, les faire mettre en bon ordre et n’oublier rien des conditions.


XDI.

Bibl. imp. Fonds Le Tellier-Louvois, 9334 fol. 59. — Original.

 A MONSIEUR DE MAILLEZAIS.

27 novembre 1627.
Monsieur, Sur l’advis que je viens d’avoir présentement que le comte d’Holan de paroist avec trente ou quarante vaisseaux proche de l’isle de Ré, j’escrits à M. de Coutenan que, fors le régiment du Plessis-Boissonnière, dont le roy se veut servir pour faire la recreue de son régiment des gardes, il ne laisse point sortir les autres trouppes qui sont en Oleron, jusqu’à ce qu’il ayt eu nouvel ordre de Sa Majesté.

C’est pourquoy je vous fais aussy ce mot, sur ce sujet, afin que vous teniez la main, s’il vous plaist, qu’il ne sorte rien des dites trouppes que le régiment susdit. Vous jugez bien l’importance qu’il y a de ne l’en pas desgarnir jusques à ce que ceste nouvelle armée ne puisse plus donner lieu de jalousie. C’est ce qui fait que, sans vous en dire davantage, je demeure Vostre très affectionné confrère à vous rendre service,
Le Card. DE RICHELIEU.

Il est nécessaire de faire garnir promptement les magasins.
Ce 27 novembre 16271.


XDII.

Bibl. imp. Fonds Le Tellier-Louvois, 9334, fol. 61. - Original.

 MAILLESAIS.

28 novembre 1627.
Monsieur, J’ay veu les marchez des fortifications, que je n’entends pas trop bien ; mais je m’en remets à tout ce que vous et M. d’Argencour en ferez.

Quant au projet des magasins [54], je ne l’approuve pas, parce que, comme vous verrez par l’appréciation des choses qu’il y faut mettre que je vous envoye, qui ne se monte pas à vingt-quatre mil livres, il se trouveroit qu’outre qu’il faut que j’en avance la moitié, je paierois deux mil quatre cens livres pour l’intérest de l’autre moitié que les munitionnaires fourniroient, qui seroit une usure manifeste. S’ils ont envie de servir, il n’est pas raisonnable que ce soit à ceste condition, mais ils se doibvent contenter de retirer l’intérest de l’argent qu’ils avanceront à la raison du denier seize , et considérer que le privilége qu’ont les gouverneurs de faire vendre les provisions de leurs magasins pour les renouveler, et ce à l’exclusion des autres vivres, leur peut apporter un grand avantage, pour en faire faire la vente alors que les vivres sont les plus chers.

Nous n’aurons point besoin de grandes fournitures de pain en Oleron, le roy en retirant touttes les trouppes qui y sont, fors le régiment de Brezé [55].

M. de Coutenan se moque de donner ordonnance à un régiment pour des chevaux, et le Plessis de Juigné a tort d’en user ainsy. Je vous prie que l’ordonnance de M. de Coutenan ne soit point effectuée.

Vous ferez payer, s’il vous plaist, à la compagnie de M. de la Flosselière, leurs hostes et le magasin.

J’envoie à la Borde une deffense du roy pour empescher que personne n’emporte du sel ; il la faut faire imprimer et signifier où il faudra.

J’approuve les eschanges que vous voulez faire du sel, et approuve encore que les galiotes coulent à fonds les barques qu’ils (sic) trouveront chargées sans congé. Deux ou trois coulées à fonds empescheroient les autres.

Je désire que la galère et les galiotes viennent en diligence à Chef de Bois, ne pouvant plus souffrir les insolences des Rochelois.

Si les trois pataches que vous me mandez devoir estre prestes sabmedy le sont, je suis d’advis que vous m’envoiez la galère, une galiote et deux pataches, et que vous reteniez une galiote et une patache pour nettoyer la Charente.

Canteloup commandera la meilleure des pataches que vous nous envoierez ; mais je vous prie faire partir ledit équipage sans délay, pour venir à Chef de Bois. Si quelqu’un, par mauvaise volonté, diffère à venir, je le casseray.

La devise pour les canons est Ratio ultima regum, et pour les armes, ce sont celles du roy avec une ancre au-dessous, dans laquelle est escrit : « le cardinal de Richelieu. ». Je trouve bon que la chaloupe soit peinte de blanc et de tanne, mais il y faut mettre des L et des M couronnées entremeslées.

J’ay envoyé pour reprendre le Turc dont j’attends des nouvelles.

J’envoye M. de Beauveau pour ne revenir point qu’avec la galère et la galiote. Ce pendant je demeure Vostre très affectionné confrère à vous rendre service, Le Card. DE RICHELIEU.
Ce 28 novembre 1627.


XDIII.

Bibl. imp. Fonds Le Tellier-Louvois, 933" t. fol. 62. — Original.

 A MONSIEUR L’ÉVESQUE DE MAILLEZAIS.

30 novembre 1627.
Monsieur, Je renvoye encore pour haster les pataches que vous m’avez mandé que vous avez armées, la galère et les galiottes ; en passant ils nettoyeront la rivière de Charente.

Je fais estat qu’il y aura tousjours une patache et une galiotte vers l’isle de Ré et la Charente, une autre vers l’embouchure de la rivière de Marans , la galère et une patache à Chef de Bois quand elle y pourra rader, à Saint-Martin ou à l’Esguillon.

Le roy a des impatiences incroyables de voir venir ce petit esquipage, et je me meurs sur le pied, pour ne le contenter pas au point et si tost que je le désire.

Pour responce à vostre lettre, vous pouvez achepter tout le sel qui est à Brouage, si vous pouvez à dix, unze ou douze francs, mais il faudroit vous despescher avec la Borde, car autrement les greniers du roy en seront bien mal garnis.

Je vous envoyé Chauvin, qui est un des commis de feu Aleaume, pour tenir pied à boule en Oleron, et faire exécuter les marchez que vous avez faitz, selon les desseings que M. d’Argencour arrestera ; je vous prie que je voye des exécutions, et me croire, Monsieur, Vostre très affectionné confrère à vous rendre service.
Le Card. DE RICHELIEU.
Ce 30 novembre 1627.


XDIV.

Arch. des Aff. étr. France, 1627, tom. 4i, fol. 383 verso. — Minute de la main de Charpentier.

 LETTRE DU ROI A LA REINE MÈRE.

[Vers la fin de novembre 1627.] Madame, Je vous envoyé par [56] les drappeaux et les canons que j’ay pris sur les Anglois. Après que vous les aurez veps dans la cour du Louvre, vous ferez porter, s’il vous plaist, les drappeaux, avec les cérémonies accoustumées, à Nostre-Dame, et mener les canons à l’Arsenal. Les drappeaux donneront lieu à tous ceux qui les verront, en un lieu si saint comme Nostre-Dame, de m’aider à rendre grâces à Dieu de la victoire qu’il luy a pieu me donner de mes ennemis et des siens. Je le supplie me continuer ses grâces, et me donner le moyen de vous faire voir de plus en plus que je suis.


[1Il s’agit de la révolte fomentée par MM. de Rohan et de Soubise, et dont ils s’étaient déclarés les chefs, celui-ci commandant sur la mer et l’autre dans les provinces, en même temps qu’il avait la direction générale de cette guerre.

[2« Le roi, dit le cardinal dans ses Mémoires, se résolut d’y envoyer le prince de Condé, ennemi juré des huguenots.

Le duc de Montmorency, auquel, à raison de son gouvernement, il sembloit que cette commission dût être donnée, ne paroissoit pas y être propre, pour ce qu’en tous les mouvemens passés il n’avoit pas

[3Aytré, commune à 4 ou 5 kilomètres au sud-est de la Rochelle. Nous trouvons toujours, dans ces lettres, ce nom écrit Netray ou Netré. Le Mercure le change aussi en annonçant l’arrivée de la cour devant la Rochelle. « Le roi, dit ce journal, arriva le 12 à Estré, lieu où il campa sa personne pour le siège de la Rochelle.
« Monsieur son frère, luy ayant quitté son logis, se logea à Dampierre (Dompierre ), le cardinal de Richelieu au Pont la Pierre, et les sieurs garde des sceaux et le conseil à la Jarne. » (Merc. franç. XIV, 145.) — Pont-la-Pierre, que n’indiquent point la plupart des cartes, est entre Angoulin el Bongrenne. La Jarne, commune voisine d’Aytré, se trouve à 6 ou 7 kilomètres sud-est de la Rochelle, et Dompierre à environ 6 kilomètres nord-est.

[4Au dos : « Response du roy à Monsieur, lorsque le roy estant arrivé à l’armée Monsieur s’en vouloit aller. »

[5Ce projet d’allocution du roi à son frère n’est pas daté ; nous croyons qu’il faut le classer vers la mi-octobre. Le roi arriva à l’armée le 10, et le lendemain Monsieur lui fit voir l’armée, déployée en bataille entre la Jarrie et Aytré. « Mais, dit Richelieu, mon dit seigneur frère du roi ne tarda guère à s’ennuyer à l’armée depuis l’arrivée de S. M., et lui parla incontinent de lui donner son congé. »
(Mém. liv. XVIII, p. 383.) Ce fut sur le dessein de Monsieur, connu à l’avance, que le cardinal prépara cette allocution pour le roi. Richelieu la donne dans ses Mémoires sans dire qu’elle fût son ouvrage.
Il ne dit pas non plus si elle produisit quelque effet sur les résolutions de Monsieur ; on peut le supposer, puisque nous voyons encore ce prince, à la fin d’octobre, en l’armée de l’île de Ré, présidant à un embarquement de troupes et à des travaux de fortification, peu de jours avant la fuite de la flotte anglaise. (Merc. Franç. t. XIV, 174, 175.)

[6Ordinairement le cardinal ne met point cette distance entre le mot Monsieur et le commencement de ses lettres, hormis quand il écrit aux princes souverains. Dans les autres cas, les deux premiers mots sont toujours à la fin de la ligne sur laquelle est le mot Monsieur, quand il ne commence pas immédiatement après ce mot. Plus tard Richelieu n’a point conservé avec le duc de Guise cette étiquette épistolaire.

[7On sait que ce gentilhomme était le marquis de Rosny, fils de Sully.

[8Buckingham. On n’a pas voulu sans doute déguiser le nom de l’amiral anglais sous cette abréviation si transparente ; ce doit être une distraction du secrétaire.

[9« Le capitaine Richardière, bon homme de marine. » (Mém. liv. XVIII, 38q.)

[10Capitaine de mer, qui, dès le commencement d’août, avait été envoyé en Olonne pour faire armer les vaisseaux. (Mém. liv. XVIII, 330.)

[11On lit au dos de cette pièce, et de la main de Richelieu : « Dépesche faite à -M. de « Chomberg, de Brouage, le 26 octobre1627. »

[12Ce mot est de la main du cardinal, qui a effacé le mot Il sud-est » qu’avait écrit Charpentier. On voit ici et ailleurs l’espèce d’affectation que mettait le cardinal à se servir du mot pratique.

[13Nous ne pouvons trop faire remarquer qu’il arrive quelquefois au secrétaire de figurer le son qu’il entend ; ici il avait d’abord écrit « Et Nandes, » ce qui a été effacé. Dans la même ligne, le manuscrit met « Coup-de-Vache,. et c’est aussi le nom que donne la carte de Cassini-à un lieu situé tout près de Marcillé ; on le nomme Coude-Vache dans les Mémoires de Bassompierre. Le Théâtre géographique de la France, de Tavernier, atlas contemporain, donne les deux dénominations dans deux cartes différentes. Mais une carte spéciale du pays d’Aunis et de l’île d’Oléron, dressée postérieurement pour l’Histoire de la Rochelle, écrit. Queue-de-Vache, » et cette dernière dénomination semble avoir été adoptée. Enandes, que la carte de Cassini écrit. Enandre, » le Plomb et Queue-de-Vache sont trois petits ports de la côte de l’Aunis, à 5 ou 6 kilomètres au nord de la Rochelle.

[14Ici, en marge, de la main du cardinal : pour partir de la Charante pareils vents que du Plomb, sauf le nord, qui est contraire. »

[15Il y avait nord-ouest ; le cardinal a effacé le d, et il a ajouté les six mots suivants.

[16C’est conformément à cette pensée que trois jours auparavant le roi adressait à M. de Guron l’ordre suivant, dicté sans doute par Richelieu : « Le roy ordonne au P. Guron de faire que tous les maistres de barques qui sont à Maran rentrent en leurs barques avec tous leurs équipages, et facent ce qui leur sera ordonné par le sieur de Beaumont, et face (sic) chastier ceux qui ne voudront obéyr.— Fait à Nétré, le 23e jour d’octobre 1627.
« Il donnera aussy vingt hommes avec des piques pour mener les poudres jusques à Enande par eau, quand le commissaire l’en advertira. LOUIS ; c’est de ma propre main. » (Armorial général de d’Hozier, registre IV, p. 48.) Ici Sourdis tient la plume jusqu’à la fin. Cette expédition est racontée en détail (p. 177) dans la Relation que nous citons plus bas. On y nomme les compagnons de Saint-Preuil, qui n’auraient pas été quatre, mais trois seulement.

[17Village entre Saint-Martin et la Prée ; Buckingham y avait mis cinq cents hommes.

[18Cette lettre, dans laquelle Toiras exposait la position critique où le manque de vivres allait mettre l’île de Ré, avait été apportée par Saint-Preuil, qui avait quitté la citadelle dé Saint-Martin le 25 octobre au soir. Voyez un petit livre intitulé : Relation de la descente des Anglois en l’isle de Hé, etc. Paris, 1628, in-8° de 247 pages.
« Ces lettres, est-il dit dans cet écrit, estonnèrent extrêmement S. M., toute la cour, et l’armée. » L’auteur soutenait que « la place estoit ravitaillée pour plus de deux mois et demy. » Nous avons trouvé à la bibliothèque Sainte-Geneviève cette relation, tout à fait inconnue aujourd’hui, et qui est assurément celle dont Richelieu parle, sans la désigner nettement, lorsqu’il dit, en se plaignant des menées qu’il impute à Toiras : « Pour ce qu’il lui sembloit qu’en la relation qui avoit été faite de l’île de Ré, on ne donnoit pas à lui seul toute la gloire, mais à la vigilance et résolution du roi de faire secourir cette place, il s’emporta à dire qu’il eût bien voulu savoir qui étoit la bête et l’insolent qui avoit fait ce livre. Cependant il savoit fort bien que ç’avoit été le garde des sceaux. » [Mém. de Rich. liv. XIX, t. IV, p. 188, éd. de Petitot.) Si le garde des sceaux avait pris la responsabilité de ce livre, il n’en est pas moins évident qu’il l’avait écrit sous l’inspiration du cardinal et pour le servir. On y peut même remarquer certaines expressions qui étaient familières à Richelieu. Cette circonstance donne un intérêt tout particulier à cette relation.
Ce n’est pas sans raison que Toiras en fut profondément blessé, et elle eût suffi pour exciter, entre lui et le cardinal, cette inimitié qui ne tarda pas à éclater.

[19On lit dans la Relation de la descente des Anglais : « Le mesme jour (25 octobre), ledit seigneur cardinal de Richelieu partit d’auprès du Roy pour aller en Broûage et depuis en Oleron, où il arriva le 28e ensuivant. Son soin dès le commencement jusques à la fin a esté inimitable, et S. M. a eu en luy une prompte et merveilleuse diligence et fidélité à exécuter tout ce qu’il luy a pieu luy commander. Il fit ce voyage en un très mauvais temps ; mais l’ardeur de rendre ce service au Roy luy faisoit mes priser toutes incommoditez. (P. 183.) On voit que ce n’est pas seulement la vigilance et la résolution du roi qui sont ici vantées, comme l’insinuait tout à l’heure Richelieu : c’est la louange du cardinal qui revient à tout moment dans ce livre, et ne fait que mieux ressortir l’injustice des at taques dirigées contre Toiras. Il n’est pas inutile de remarquer que Marillac, qui immole ici Toiras à Richelieu, ne tarda pas à être lui-même une des victimes du cardinal.

[20II y a bien « le passe ; » c’est sans doute une inadvertance : « la passe ? »

[21En Oléron, où le cardinal était arrivé la veille.

[22Laborde reçoit ici la commission d’envoyer de Brouage des bateaux vides et d’autres transportant des vivres. Nous l’avons vu, à la date du 17 août, chargé de travaux du génie, et portant des fonds pour les fortifications et les magasins. (Lettre à M. d’Angoulême, p. 567 et 568.) Richelieu d’ailleurs dit dans ses Mémoires (Liv. XVIII, 389) que Laborde commande une compagnie de chevau-légers. Rien n’est plus ordinaire que de voir Richelieu employer à diverses besognes les hommes intelligents dont il se servait.

[23Toiras avait mandé, le 25 octobre, qu’il n’avait plus de vivres que jusqu’au 13 novembre. De ce moment on redoubla d’activité pour le secourir. Les ordres si pressants que donne ici le cardinal se rapportent à cette circonstance. On peut voir à cette date, dans les Mémoires de Richelieu (1. XVIII, 387-390), avec quelle ardeur unanime tous concouraient à la défense du pays attaqué par les Anglais, depuis le roi jusqu’au moindre soldat.

[24Ce petit endroit est voisin du château d’Oléron, et nous devons supposer que c’est ce nom que le secrétaire de Richelieu a écrit d’une façon peu lisible. Nous ne trouvons Saint-Ulgent sur aucune carte ; mais l’atlas de Tavernier, le plus détaillé que nous ayons consulté, donne un SaintOrgean, à la pointe méridionale d’Oléron, et peu distant aussi du chàteau de cette île.

[25Richelieu a ajouté cette ligne en marge. Entre Saint-Georges et Saint-Pierre-d’Oléron ; la carte de Cassini écrit « Sanzelle, » et celle du pays d’Aunis, « Saucelle. »

[26Sans doute Arvert près de la Tremblade, vis- à-vis la pointe méridionale d’Oléron. Quant au mot « Sainctes, » un peu plus bas, il faut à peu près le deviner ; mais nous y avons été aidé en voyant, dans une lettre du 18 décembre, à M. de Maillezais, que l’on fondait alors des coulevrines à Xaintes.

[27Plusieurs lettres du cardinal à Guron ont un caractère de familiarité et de plaisanterie dont Richelieu usait quelquefois avec ses plus intimes, mais ordinairement dans une certaine mesure ; Guron est celui avec lequel il s’abandonne plus volontiers.
Cette lettre, où le tutoiement enjoué se mêle d’une manière inattendue à la forme cérémonieuse du pluriel, mérite d’être remarquée. Ce surnom badin de « père » que Richelieu donne ici à Guron, et qu’il lui avait déjà fait donner dans une lettre signée du roi lui-même (p. 682, note 4), a trait sans doute à quelque anecdote dont s’était amusée la cour. Ce pourrait être, si nous prenons au sérieux les gaietés du cardinal, une allusion à ce Guron converti, et même devenu convertisseur après une jeunesse assez mal réglée, tel que nous le font les plaisanteries de Richelieu, qu’on n’a peut-être pas oubliées « M. de Bullion se recommande à vous (lui écrivait-il le 26 mai) ; la goutte luy fait porter une partie de la peine due à ses fautes passées. Si vous aviez tous deux ce que vous avez bien mérité, la Rochelle ne seroit pas en peine de chercher les moyens de se délivrer de vous.. Et, dans une autre lettre : « . M. de Guron, qui se rend père en temps de paix pour preschei la foy, se rend Mars en temps de guerre pour desfaire les ennemis dacelle ». Au dos de cette lettre, Guron a mis « 7 novembre ;)I c’est sans doute la date de la réception ; mais la lettre a pu être reçue le même jour qu’elle avait été écrite.

[28D’Hozier a imprimé deux billets écrits à Guron, de la propre main du roi : l’un du 2 novembre, l’autre du 6. Dans le premier , le roi dit : « Vous sçaurez de quelle importance m’est le secours de l’isle de Ré, et comme les trouppes que je y ay envoyées me seront inutiles sans que je leur face fournir les munitions qui leur sont nécessaires, allin qu’en dilligence vous teniez la main à ce que cent mille pains et quatre cents quintaux de biscuit soyent mis sur les barques que du Lac vous meyne, et que Bigoteau ou ses gens feront fournir. » Dans la lettre du 6, le roi presse de nouveau Guron : « Je renvoye Bonot en diligence à Maran pour me faire apporter promptement trente mil pains à Serrigny. Faites-lui donc fournir tout ce qui sera nécessaire ; car c’est l’un des plus signalez services que vous me puissiez rendre » (D’Hozier, reg. iv, p. 49.) Richelieu communiquait au roi son ardeur, et le faisait parler comme il parlait lui-même. — Un autre jour, le 12 novembre, le roi écrivait encore à Guron, mais il s’agissait de tout autre chose : « Vos soldats qui sont au passage d’entre l’Arceau et Sarigny, disait le roi, m’ont fait disner bien tard aujourd huy, ayant arresté mon pourvoyeur et son poisson, depuis onze heures de nuict jusques à ce matin soleil levé, quoyqu’ils eussent cognoissance de mon passeport et de mes livrées et couvertures. C’est pourquoy je vous fays cette lettre pour vous dire que vous y donniez un tel ordre que cela n’arrive plus. »

[29Malgré les vents contraires, Schomberg était arrivé le 7 au soir derrière l’isle de Ré, et il prit terre le lendemain, à la marée, vers trois heures du matin, avec 54 barques, le reste des troupes n’ayant pu passer à cause du mauvais temps (Mercure français, t. XIII, p. 885). Au reste, la bataille eut lieu ce jour même, et les Anglais furent complétement défaits. Richelieu ignorait encore ce qui s’était passé ; il ne l’apprit que, le lendemain, comme on le voit par les deux lettres suivantes.
Il n’était pourtant qu’à quelques lieues de là ; mais les communications étaient lentes alors, surtout par mer.

[30La Meilleraie passa, en effet, dans Ré du 6 au 7 ; Richelieu le note plus tard dans ses Mémoires, liv. XVIII, p. 402.

[31Ils moururent de leur blessure, l’un le lendemain, l’autre trois jours après. Le Mercure françois donne les détails de ce combat, livre XIII, page 884 et suivantes.

[32Cette retraite des Anglais est tracée sur une carte de l’île de Ré, dressée à l’époque des événements. On la voit dans le Théâtre géographique du royaume de France, par Tavernier (feuille 38e).
Le pont construit alors par les Anglais entre l’île de Ré et l’île de Loye s’y trouve marqué, et l’on y a figuré les troupes qui passent.

[33Pierre de Gondi, duc de Retz, auquel succéda, en 1635, François de Vignerod, marquis du Pont de Courlai, beau-frère du cardinal de Richelieu.

[34Seize cent soixante-cinq hommes furent comptés morts sur la place, dit le Mercure françois dans le récit qu’il fait de cette victoire (t. XIV, p. 202 ). C’est le chiffre qu’on a voulu faire connaître au public ; il y a quatre cent soixante-cinq hommes de plus que Richelieu ne le dit ici à son confident.
Ajoutons cependant que la présente lettre fut écrite au moment de l’affaire, tandis que le récit du Mercure, rédigé assez longtemps après, pouvait bien avoir été fait sur des renseignements plus exacts.

[35Schomberg avait écrit au roi le soir même de l’affaire ; sa lettre commençait ainsi : « Sire, j’ay fait en un mesme jour la descente en Ré, veu lever le siège et desfait et chassé l’armée angloise. Il y a là quelque réminiscence de César. La lettre est datée de Saint-Martin de Ré, le 8 novembre ; elle se trouve aux archives des Affaires étrangères, France, t. XLV. fol. 24 (1627, 1628, 1629).

[36En tête de cette pièce une main moderne a ajouté : « touchant le siège de la Rochelle. » Le siège de la Rochelle ne se fit réellement que l’année suivante ; mais le cardinal l’a préparé de longue main, et parmi les mesures prescrites ici, dont quelques-unes n’ont aucun rapport à la Rochelle, il en est qui doivent en effet avoir pour but cette grande affaire. N’oublions pas, toutefois, que Richelieu a d’abord essayé de dissimuler les projets qu’il méditait contre cette métropole des réformés. La défaite des Anglais le mit plus à son aise, et il commença dès lors à agir ouvertement.

[37Saint-Savinien-du-Port, petite ville de l’ancienne province de Saintonge, aujourd’hui département de la Charente-Inférieure, à 16 kilom. de Saint-Jean d’Angely.

[38Entre Brouage et Marennes, à un kilomètre environ de l’un et de l’autre. Ce domaine dépendait sans doute du gouvernement de Brouage.

[39Nous avons déjà remarqué dans une lettre précédente ce nom ainsi écrit pour Arvert.

[40Nous trouvons toujours cette désignation dans nos manuscrits ; le véritable nom est « Chef-de-baie ; » et les cartes du temps nomment ainsi l’une des deux pointes qui forment la petite baie située en avant du port de la Rochelle.

[41Ce mot est en partie caché par la reliure. Nous ne trouvons aucune rade de ce nom entre Chef-de-baie et Olonne ; serait-ce « Esguillon » que le secrétaire aurait voulu écrire ? La petite rade de l’Aiguillon ou Esguillon, située vers l’embouchure de la Seure, était défendue par un fort.

[42On a vu (note de la lettre du 24 février) que l’évêque de Maillezais succéda à son frère le cardinal archevêque de Bordeaux, en 1628. Cet archevêque mourut le 8 janvier, ainsi M. de Maillezais put se trouver archevêque avant d’avoir reçu les expéditions de coadjuteur.

[43Bourg de l’ancienne province d’Aunis, aujourd’hui département de la Charente-Inférieure, à 8 kilomètres environ au sud de la Rochelle.

[44Il commandait alors une compagnie dans Oléron. En 1620 il s’était signalé dans le parti de la reine mère à la bataille du Pont-de-Cé : « Le marquis de la Flosselière, dit Richelieu (Mém. liv. XI, 90), qui fit fort bien en cette occasion, s’étant toujours maintenu en un poste avancé qu’on avoit donné à partie de sa mousqueterie dans des haies, dont il n’incommodoit pas peu les ennemis. » Les ennemis, c’étaient le roi et ses troupes, expression remarquable sous la plume de celui qui a fait tomber de si hautes têtes pour le maintien de l’autorité royale ; mais il en était devenu le représentant. Ce la Flocellière était de la famille de Brezé, et par conséquent allié à celle de Richelieu.

[45On trouve à tout moment la preuve que le cardinal faisait par lui-même tout ce qu’il pouvait faire, et se remettait rarement aux autres de la surveillance des choses qu’il avait à cœur.

[46La pointe de Coreilles qu’on écrivait aussi Coureilles, et qu’on nommait encore pointe des Minimes, était une espèce de promontoire doublement protégé et par son élévation et par les fortifications dont il était muni. Il défendait, du côté du sud, l’entrée du petit golfe au fond duquel est située la Rochelle. De l’autre côté est Chef-de-baie dont il a été fait mention ci-dessus.

[47Espèce de vaisseau rond en usage surtout dans la première moitié du XVIIe siècle.

[48Côte plate aux environs d’Angoulin, à peu près à une demi-lieue au sud de la Rochelle, et voisine d’Aytré. Au lieu d’Angoulin le manuscrit a mis d’Ang"* ; le secrétaire avait sans doute entendu « Angouléme ».

[49Cette lettre était écrite « de Netré, » ainsi que l’évêque de Maillezais l’a marqué au dos. (Voy. la note d’une lettre du 13 octobre, au même évêque de Maillezais)

[50Bourg de l’ancienne province d’Aunis, aujourd’hui dans le département de la Charente-Inférieure, à 30 kilomètres environ au sud-est de la Rochelle.

[51Le nom du lieu où cette lettre fut écrite n’est pas indiqué, mais le cardinal faisait dans ce temps-là sa résidence à Aytré.

[52Voy. ci-après, une lettre de Richelieu à la reine de la Grande-Bretagne (2 décembre) ; nous expliquons dans la note 2 le véritable motif du renvoi des prisonniers ; la considération de la reine mère y était assurément pour peu de chose.

[53Chef de Baie ; voy. ci-dessus, p. 713. La pointe de l’Aiguillon est un peu plus au nord, devant l’île de Ré. Quant à la Palisse, l’atlas de Tavernier place en avant du fort de la Prée cette petite rade que nous ne trouvons pas nommée sur les autres cartes.

[54On a mis ici, en marge, sans indication de renvoi, les lignes suivantes : « Il faut adjouster aux magasins du foin et de l’avoine.
Au reste il faut spécifier quel vin, parce que celuy d’Oleron n’est pas de garde. »

[55Dans la lettre précédente, du 27, il est dit au contraire qu’on garde toutes les troupes qui sont en Oleron, fors le régiment du Plessis-Boissonnière. Ce régiment ne pouvait pas porter les deux noms.

[56Le nom est resté en blanc dans le manuscrit ; mais c’est le marquis de St-Simon qui fut chargé de cette mission ; il amenait à Paris quarante quatre enseignes et quatre canons, pris à la déroute des Anglais, à St-Martin de Ré ; l’entrée triomphale dans Paris se fit par le faubourg St-Jacques, le 21 décembre, jour de St-Thomas, et un poëte du temps profita de ces circonstances pour associer à la gloire du roi la gloire des saints, dans un sonnet dont voici les derniers vers, dirigés contre des ennemis qui avaient peu de ferveur pour les saints : Sainct Louys par ses voeus fait tomber leurs drapeaux ; Sainct Martin les conqueste au rivage des eaux, Sainct Jacques les reçoit d’une pompe chérie ; Sainct Thomas, en son jour, les fait voir en nos mains, Sainct Simon les présente à la Vierge Marie : Qui n’auroit donc creance au mérite des saincts ?
Cette journée fut à Paris une véritable fête populaire ; on en lit le récit dans le tome XIV du Mercure françois, où se trouve, avec l’histoire de l’année 1628, celle d’une partie de 1627 (p. 213-223).

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