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1651 - Cognac, assiégé par Condé et les Frondeurs, reste fidèle au roi de France - Ses remerciements

mercredi 13 mai 2009, par Razine, 1155 visites.

Un des épisodes marquants de la Fronde en Saintonge et en Angoumois est le siège de Cognac par les troupes frondeuses du Prince de Condé. La ville résiste brillamment et Condé échoue dans son projet. Le roi, reconnaissant, distribue des titres de noblesse.

Pour les Frondeurs, cet épisode pèsera lourd et sera le début d’une série de revers.

Sources :
- Archives de la mairie de Cognac
- Vie du Prince de Condé, éditions de Cologne, 1693
- Études historiques sur l’Angoumois - Marvault

 1651 - Cognac, assiégé par le Prince de Condé, reste fidèle à la couronne - En récompense, le Roi accorde des titres de noblesse au Maire de la ville et à ses successeurs

En 1651 le Prince de Condé se réfugia en Guyenne. En révolte contre l’autorité royale il prit la tête d’une armée. La Fronde soutenue par quelques grands noms de la noblesse dont le Duc de la Rochefoucauld, les hostilités s’ouvrirent en Saintonge et en Angoumois. L’armée royale envoyée par Mazarin sous le commandement du Comte d’Harcourt vint au secours de la ville de Cognac assiégée en novembre 1651 par Condé.

 Novembre 1651 - Le siège de la ville de Cognac

Le Comte de Jonzac, lieutenant du Roi en Saintonge commandait alors la garnison de Cognac. A l’approche des troupes de Condé il se retira dans la ville ainsi que les habitants des campagnes et toute la noblesse des environs. Les portes de la ville furent fermées et l’attente du siège commença. Les assiégés se défièrent aussitôt du Comte de Jonzac que l’on savait acquis à la cause des Frondeurs. Ces derniers échangèrent des missives et Condé persuadé que la ville lui serait remise par traîtrise fit partir de Bordeaux le Duc de la Rochefoucauld et de Tarente afin de prendre part à l’attaque de la place au cas où elle ne se rendrait pas si aisément.

Le siège dura dix jours. Le 1er novembre, à la nouvelle de la prise de Saintes par les troupes de Condé, les habitants de la ville se préparèrent avec courage à l’affrontement devenu inévitable. 800 hommes et gentilshommes se réunirent sur la place publique. Devant le maire nommé Cyvadier ils firent le serment de rester fidèle à la cause royale et de se battre jusqu’au dernier pour que la ville ne tombe point aux mains de l’ennemi. Toute la population était en armes et même les enfants réunis en deux compagnies furent requis pour lancer des pierres du haut des remparts.

Le 5 novembre les habitants informés de la présence de Louis XIV à Poitiers lui envoyèrent Combizant, président et lieutenant au siège de Cognac ainsi que De Romas, échevin et Allenet pour lui demander de donner le commandement de la ville au Sieur de Fontenelles puisqu’il n’avait guère confiance en la loyauté da Comte de Jonzac.

Deux jours plus tard, le Sieur de Bellefond Maréchal de camp, vint par ordre du Roi prendre le commandement de la place. De Fontenelles fit alors fortifier tous les points faibles de l’enceinte de la ville dont la porte Angoumoisine. L’ennemi campait déjà à une demi lieue sur la route d’Angoulême. Le Duc de La Rochefoucauld logé au village de l’Eclopart vint le 7 novembre à la tête de 200 chevaux reconnaître la place. Aussitôt, les principaux chefs réfugiés dans la ville dont De Bellefond, des Fontenelles, le marquis d’Ars, Châteauchenel, d’Authon, le Chevalier de Marcillac et quelques autres suivis d’une soixantaine d’habitants formèrent un escadron vinrent à portée de mousquet des troupes de La Rochefoucauld qui fit tirer au canon. Toute la journée se passa en escarmouches.

Le 8 novembre De Boismorin, prévôt des maréchaux de la ville, suivi de ses gens entra dans Cognac sous les yeux de l’ennemi qui croyait ferme en la trahison du Comte de Jonzac. Le Duc de la Rochefoucauld réalisant que la ville résisterait se porta vers la porte Angoumoisine avec 11 escadrons de cavalerie, 4 bataillons d’infanterie pendant que le Prince de Tarente arrivait par la route de Saintes avec environ 2500 hommes. Les confédérés établirent une communication entre les deux corps d’armée par un pont de bateau sur la Charente. Le soir, les Frondeurs ouvrirent le feu avec des pièces d’artillerie sur les remparts. Un émissaire fut envoyé vers les habitants, les invitant à se rendre tout en les menaçant de canonner davantage s’ils ne livraient pas la place. On ne ferait point de quartier en cas de résistance, mais la ville resta sourde à cette injonction. Le feu des ennemis dura trois nuits ruinant une partie de la porte St Martin où les ennemis ouvrirent une tranchée jusque dans le fossé.

Le jour suivant les ennemis continuèrent leur feu. La pluie abondante tombée depuis quelques jours avait grossi la Charente et les habitants pour augmenter l’inondation ouvrirent les digues de l’étang du Soullanson qui se déversa dans la rivière nuisant ainsi aux communications extérieures des ennemis. Cette situation obligea les troupes de Condé à se déplacer sur le terrain contribuant à affaiblir leur stratégie. Mais la ville commençait à manquer de munitions. Châteauchenel traversa la rivière à la barbe de l’ennemi au péril de sa vie afin de rejoindre d’Harcourt qui promit de venir secourir Cognac. Chateauchenel rentra dans la place deux jours après.

Le Prince de Condé arriva sur ces entrefaites , visita tous les postes et résolut de porter l’attaque à la tour de Lusignan. Du côté de la porte St Martin De Bellefond et des Fontenelles commandèrent de nombreuses décharges d’artillerie tuant tous les confédérés qui se trouvaient dans le fossé. Inquiets les habitants de Cognac envoyèrent dans la nuit un gentilhomme Dubreuil et Guimbert receveur des tailles, demander de nouveau secours au Comte d’Harcourt. Enfin le lendemain, l’armée royale parut devant la ville sur la rive droite de la rivière. Persuadé que les troupes du Comte d’Harcourt allait traverser la rivière sur des bateaux des habitants de Cognac l’ennemi fit avancer 800 mousquetaires pour empêcher la traversée. Seul Boismorin traversa la rivière car les bateaux étaient sous le feu continuel des ennemis. Il revint avec l’ordre du Comte d’Harcourt que les habitants devaient faire une sortie, « les chemises hors de chausses pour se reconnaître » tandis que lui-même agirait de l’autre côté du pont. Ainsi fut fait, les Frondeurs attaqués des deux côtés périrent en grand nombre. Le Comte d’Harcourt fit 500 prisonniers. Boismorin resté dans la place voyant les ennemis défiler sous les remparts descendit dans les fossés pour les poursuivre. Repoussés de tous côtés les troupes de Condé prirent la fuite laissant sur place une grande quantité de munitions. Ainsi se termina le siège de la ville de Cognac qui fit de part et d’autre 600 morts ou blessés. Les assiégés perdirent peu de monde. Les habitants de la ville pour perpétuer le souvenir de leur délivrance décidèrent que l’on ferait tous les ans le 15 novembre une procession commémorative.

 Décembre 1651 – Le Roi accorde des titres de noblesse au Maire de Cognac et à ses successeurs.

« Louis par la grâce de Dieu, Roy de France et de Navarre, à tous présents et advenir, salut. Comme il est important au maintien de la justice et de l’authorité des Souverains, de faire punir avec la sévérité ordonnée par les loix, ceux de leurs subjets qu’y manquent notablement à la fidélité et à l’obéissance qu’ils leur doivent ; c’est aussi un effet digne encore de leur équité et de leur magnanimité de récompenser les actions généreuses et fidèles de ceux qui se sont signalés en les servant et l’estat, et de leur donner des marques de leurs grâces et bonne volonté particulières, et qui passent à la postérité, et que chacun en conçoive des mouvements généreux, capables de les porter à des actions semblables pour mériter une égale récompense ; et considérant que les habitants de nostre ville de Cougnac ès Angoumois ont soubstenu un siège de dix jours pendant la plus fâcheuse saison de l’année, dans une place ouverte, en plusieurs endroits, la fortification en ayant été négligée, pour ce qu’elle est au cœur de nostre royaume, et que personne n’eust prévu que nostre cousin le Prince de Condé qui, partant est obligé de s’employer à la conservation de nostre estat, et à nostre service, eust formé un souslèvement en nostre province de Guyenne, de laquelle nous lui avons donné le gouvernement, et assembler une armée dont il s’est servi pour se saizir d’aulcunes de nos places qu’il a trouvées sans résistance, et avoit attaqué celle de Cougnac, dont ilo se fust aussy emparé, si la valeur des habitants, assistés de quelques gentilshommes du voizinage, et deux officiers seulement de nos torupes soubs lauthorité et les ordres du sieur Comte de Jonzac, nostre lieutenant-général en Saintonge et Angoumois, et gouverneur particulier de ladicte ville et chasteau de Cougnac, n’esut donné temps à nostre cousin, le Comte d’Harcourt, de la secourir comme il a fait ; ayant seulement une partie de nos forces, les habitants ayant fait diverses sorties sur nos ennemis, empêché leurs travaux par l’advancement de leur siège, tué des mineurs attachés aux murailles de la ville, et lors du secours, emporté leurs barricades de leur côté, au mesme temps qu’elles furent attaquées au dehors par nostre cousin, le Comte d’Harcourt. Si bien que le bon devoir qu’ils ont fait pour leur déffanse a esté, non seulement cause de la conservation de ladicte ville soubs notre obéissance, mais d’une des plus belles et glorieuses actions qui puissent estre entreprises dans la guerre. L’armée des rebelles qui l’attaquaient et qui menaçaient de ruiner, non seulement ladicte ville, mais toutes nos provinces de deçà, ayant esté obligés de lever le siège après avoir reçu un eschec considérable par la perte d’une bonne partie de l’infanterie des rebelles, leurs munitions et bagages : ce qui fait que, nous considérant recognoistre une fidellité si exemplaire par une concession advantageuse au général et au particulier, habitants de nostre dicte ville, sçavoir faizons que nous, pour ces cuases et aultres à ce nous mouvants, ayant fait mettre cette affaire en délibération en nostre conseil, et avoir ouy les députés de ladicte ville sur leurs demandes et remontrances, pour les choses qui leur seroient les plus considérables et utiles, de l’avis de la Reine, nostre très honorée dame et mère, d’aulcuns Princes et aultres grands et notables personnages de nostre conseil, et de nostre certaine science, pleine puissance et authorité royale, avons anobli et anoblissons par ces présentes tous les maires de ladicte ville de Cougnac, à commencer par nostre cher et bien-amé Louis Civadier, qui est à présent à charge, à continuer par tous ceux qui lui succèderont en ladicte mairie. Voulons que tant ledict Civadier maire, que tous ses successeurs maires, soient réputés nobles, ensemble leurs femmes et enfants, postérité et lignée, tant mâles que femelles, nés et à naître en loyal mariage ; et ou isceux, leur dicte postérité soent en tous actes et endroits, tant ès jugements que dehors tenus, censés et réputés nobles, portant la qualité d’escuyers, et puissent parvenir à tous degrés de chevallerie et de nostre gendarmerie, et qu’ils possèdent toutes ortes de fiefs, seigneuries et héritages nobles, de quelque titre et condition qu’ils soient ; et qu’ils jouissent de tous honneurs, authorités, prérogatives, prééminences, privilesges, franchises, immunités dont jouissent et ont coutume de jouir et user, les aultres nobles de nostre royaume, et tout ainsy que si les sieurs maires étoient issus de noble et ancienne race, et de porter leurs armoiries timbrées sans qui soient tenus nous payer ny aux Rois, nos successeurs, aulcunes finances ni indemnités dont à quelque somme qu’elles se puissent monter. Nous les avons déchargés et déchargeons, et leur en avons fait et faisons don par ces présentes : que les sieurs marie et eschevins puissent choisir cellui de tous les habitants de nostre dicte ville qu’ils estimeront en leur conscience le plus capable et le plus digne de remplir ladicte mairie ; nous voulons qu’ils procèdent avec toute liberté de leurs suffrages, et que cellui qui aura plus de voix soit eslu marie, sans qu’ils soient obligés de nous présenter trois en estat pour nous choisir un, ou, en nostre absence par le capitaine et gouverneur de noste dicte ville et chasteau de Cougnc, et en l’absence d’iscelui gouverneur et cher, par-devant le lieutenant-général du siège royal dudict Cougnac.

Avons en outre, déchargé et déchargeons les sieurs maire et eshevins, manants et havitant de ladicte ville de toutes tailles, abonnements,subsistances et aultres impositions de quelque nature, qu’elles puissent estre, et pour quelque cause et occasion que ce soit, mesme de logement de nos troupes pendant vingt années, après lesquelles et iscelles expirées, ils continueront le payement de la somme de six cents livres en laquelle ils ont esté abonnés. Leur avons, en outre accordé et accordons par les présentes quatre foires qu’ils establiront en ladicte ville de Cougnac, et en tel endroit qu’ils estimeront plus à propos, avec les mesmes franchises et privilesges, et exceptions qu’y sont accordées, et dont jouissent les habitants de nos villes de Niort et Fontenay ; chacune desquelles foires durera trois jours entiers et consécutifs, dont la première commencera le troisiesme jour du mois de febvrier prochain, la seconde le quinziesme de may en suivant, la troisiesme le jour et feste de Saint Jean Baptiste, et la quatriesme et dernière le jour et feste de Saint-Martin. Et au surplus, avons confirmé et confirmons aux sieurs maire et eschevins, manants et habitants de nostre dicte ville de Cougnac, tous et chascuns les privilèges et exemptions de toutes tailles et abonnements à la somme de six cents livres, franchises et immunités contenues, déclaréees et exprimées par les lettres qui leur ont ci-devant esté accordées par les Roys nos prédécesseurs, voulant qu’ils en jouissent tout ainsy et en la mesme forme et manière qu’ils en ont bien et duement joui et jouissent encore à présent…

Donné à Poitiers, au mois de décembre mil six cent cinquante –un et de nostre resgne le neuvieme ».

Signé Louis.

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