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1672 - Le duel des seigneurs de Courbon et de Miossens

Jacques de Courbon et François-Amanieu d’Albret de Miossens règlent par le duel leurs affaires de famille

mardi 26 juin 2007, par Razine, 2771 visites.

Le duel de Jacques de Courbon fit grand bruit en son temps car il opposa un tout jeune homme au redoutable bretteur François-Amanieu d’Albret de Miossans (Miossens), celui-là même qui tua en duel le mari de la célèbre Marquise de Sévigné.
Cette fois Miossens y laissa la vie.

Sources : Bulletin de la Commission des Arts et Monuments de Charente-Inférieure - Année 1888

Voir : le procès de Jacques de Courbon après ce duel

Le château de la Roche-Courbon (17)
Photo : P. Collenot - 2007

La cause trouve ses origines dans des démêlés familiaux soit à l’occasion de droits de propriété revendiqués par Françoise héritière de Guy de Courbon sur les pêcheries de la Seugne. ou au sujet d’un partage de succession. Françoise de Courbon avait donné procuration à son mari Jacques de Pons pour procéder contre François de Courbon, son frère. De là les familles se vouèrent une haine implacable. Une autre cause plus communément rapportée dans les pièces du procès se trouve relatée dans le premier interrogatoire : c’est l’outrage qui avait esté faicte à sa mère (de Jacques de Courbon) dans sa personne par le Comte de Miossens.

Le duel eut lieu non loin du Petit Niort sur la route de Bordeaux. Courbon ayant laissé pour mort le Comte de Miossens fut arrêté sur ordre de l’épouse Elisabeh de Pons « écroué sans avoir égard ni à son rang, ni à son âge, ni à sa blessure, puis conduit avec son cousin Vallans dans les prisons de la conciergerie de Bordeaux le 10 février ». De la relation de ce duel selon les parties : celle de Courbon et bien sûr de l’accusation représentée dans la personne de la veuve du Comte Elisabeth de Pons, il résulte que les juges eurent à démêler s’il s’agissait d’un meurtre ou d’une rencontre fortuite et non préméditée entraînant la mort, qui aurait donc été donnée involontairement selon Jacques de Courbon.

Le procès-verbal de l’accusation dit que Courbon et son cousin Vallans couchèrent au Petit Niort, la nuit du 28 au 29 janvier 1672. Le lendemain étant partis à Blaye où un sergent de leur compagnie les attendait, ils joignirent en route une calèche qu’ils reconnurent à ses livrées pour être celles du Comte de Miossens lequel venait de Mirambeau où il avait couché avec sa suite. Le Comte ayant reconnu Courbon ordonna d’arrêter pour le laisser passer. C’est alors que ce dernier lui demanda «  s’il ne voulait pas lui faire raison de l‘outrage faicte à sa mère en sa personne »). Après des échanges de paroles les jeunes gens abandonnèrent la route pour se diriger jusque sur un terrier. Courbon lâcha en l’air un coup de pistolet. Le Comte de Miossens pour l’examiner et pour voir si elle n’était pas rouillée, tira son épée du fourreau, il passa également en revue celle de son écuyer afin de choisir celle des deux qui serait le mieux à sa main. Puis il demanda à son valet de chambre de le débotter ayant mis des talons trop hauts. Courbon s’offrit de se mettre nu pied s’il voulait laisser ses souliers….. Après quelques passes et quelques essais, le comte porta un coup à Courbon dans l’estomac dont il fut blessé grièvement et qui l’obligea à passer sur le comte et, en passant, il lui donna un coup d’épée dans le corps, et le porta par terre étant aux prises avec lui ».

Voici un extrait des procès-verbaux et interrogatoires de la défense de Jacques de Courbon dont les originaux ont été déposés au greffe du Parlement de Bordeaux :

« Les ressentimens du Comte de Miossens contre toute la famille de Courbon, se seraient augmentés de ce que le suppliant, ayant eu ordre du sieur Collebert de Terron, notre intendant de justice, dans la province d’Aunix, de lever des « soldats pour notre service, il (Jacques de Courbon) aurait après avoir esté au chasteau par respect, pour y faire veoir son ordre fait battre la caisse, dans la ville de Ponts ; d’où il serait arrivé que le sieur comte de Miossens s’estant rencontrés le 29 janvier 1672 du matin, sur le chemin de Blaye et de Bordeaux, l’un avec ses gens allant à Bordeaux, dans une calèche, l’autre à Blaye, pour y joindre un sergent de sa compagnie, à qui il avait donné quelque argent, pour y lever des soldats, le sieur comte de Miossens, après quelques reproches faits au suppliant de cette antienne animosité et des marques du nouveau ressentiment sur ce battement de caisse, qu’il disait avoir été fait sans civilité ny respect, ce qui n’était pas véritable, l’aurait obligé à mettre l’espée à la main, ce qu’ayant fait pour la défense de sa vie, et le sieur de Valan, son parent, qui l’accompagnait, contre l’escuyer du dit sieur de Miossens, l’évènement aurait esté, que le dit sieur de Miossens après lui avoir porté un coup à l’estomac, duquel il aurait esté sy grièvement blessé, qu’il en aurait trébuché, il se serait enferré dans son espée ; desquels coups l’un et l’autre seraient tombés par terre : aveq cette différence, que le dit sieur de Miossens y serait demeuré mort, et que le suppliant serait resté sur le lieu pendant plus de huict heures, nageant dans son sang, sans se pouvoir lever ny remuer, et de faict, qu’il serait resté en ceste estat, jusqu’à ce que un soy disant juge, tantost de la Prévosté royalle de Vitreze, tantost de l’abbaye de Pleine selve, envoyé par les officiers du dit sieur mareschal d’Albret, serait venu l’enlevez sans luy déclarer comment ny de quelle authorité ; et l’ayant mis entre les mains des gens de ses parties, ils l’auraient fait transporter dans les prisons de Blaye, dès le trantiesme du dit mois de janvier, pour le mettre dans le gouvernement et encore plus au pouvoir du dit mareschal d’Albret qu’il n’estait ».
Jacques de Courbon soutint donc qu’en allongeant une botte Miossens se serait précipité sur le fer de son adversaire.

Le Comte de Miossens était célèbre pour ses prouesses et hauts faits d’armes ce qui le rendit sans doute téméraire et imprudent vis-à-vis du tout jeune gentilhomme qualifié de mineur dans l’instruction.

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