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1783 - Brouage, les Iles, La Rochelle : tous les échanges commerciaux

dimanche 6 janvier 2008, par Pierre, 1961 visites.

Les eaux-de-vie, le sucre, l’indigo, le "bois d’ébène" de sinistre mémoire : tous les détails sur le commerce de l’Aunis et des Iles, en direction de l’Amérique, jusqu’au compte d’exploitation d’un négociant rochelais avec Saint-Domingue.

Source : Encyclopédie Pankoucke - 1783 - Books Google

On trouvera dans cet article les rubriques suivantes :

- Des droits sur les sels & autres droits qui se paient à Brouage
- Mémoire du sieur Edme sur le commerce de la Rochelle & des autres provinces & isles circonvoisines
- Du commerce de l’indigo.
- Du commerce de la Rochelle avec Сayenne
- Du commerce de la Rochelle aux Isles de la Martinique, la Grenade et la Guadeloupe.
- Des raffineries de sucre de la Rochelle
- Et, sous le banal titre d’Observation, une relation d’une expédition de traite des noirs sur les côtes d’Afrique, en 1703.

 Droits sur les sels & autres droits qui se paient à Brouage.

BROUAGE est une ville de Xaintonge à six lieues de la Rochelle, à trois de Rochefort, à quatre de Tonnay Charente, & à sept de Xaintes. Elle est située sur un canal que forme le flux & le reflux de la mer. Son port étoit bon autrefois, mais, depuis que pendant les guerres de la religion, le prince Condé en eut gâté l’entrée (1586), il n’a pas été possible d’en bien rétablir le canal ; il y entre pourtant d’assez grands vaisseaux de haute mer qui y sont en grande sureté.

Ce qui fait le principal objet du commerce de Brouage, sont ses marais salans, qui l’entourent de tous côtés, & qui fournissent tous les ans une si grande quantité de sel, qu’elle pourroit seule suffire pour la provision de tout le royaume & de tous les pays du Nord. Voyez l’article des sels dans le Dictionnaire.

Ce n’est guères aussi que pour enlever cette marchandise que l’on y voit arriver les vaisseaux François & étrangers ; & le bureau qui y est établi n’est ordinairement occupé que pour la recette des droits sur le sel. On parle ailleurs de la régie de ce Bureau.

Les François & les Etrangers qui arrivent à Brouage, sont également obligés de souffrir la visite des officiers & des gardes des pataches, & de venir faire dans les vingt-quatre heures au bureau du lieu, leurs déclarations, d’où ils sont, d’où ils viennent, où ils veulent aller ; de quel port est leur bâtiment, ce qu’ils ont apporté, & de quelles marchandises ils doivent charger ; ils sont même tenus de dire la quantité de sel qu’ils prétendent prendre.

Le sel se compte par cent, ce qui est un compte marchand composé de vingt-huit muids de sel mesure rase de Brouage, qui reviennent par l’évaluation qu’on en a faite, à vingt cinq tonneaux.

Les droits qui se lèvent à Вrouage sur les sels, sont de différente nature ; les uns appartiennent au roi, d’autres à des particuliers, dont les auteurs ont autrefois levé des charges de nouvelle création ; d’autres qui sont des droits locaux appartenant à la ville, ou du moins qui sont emploiés pour elle ; d’autres qu’on nomme droits domaniaux ; d’autres qu’on qualifie de droits maritimes sur les navires ; d’autres qui sont dûs à M. le grand amiral ; & d’autres enfin qu’on paie aux commis pour l’expédition des congés, billets, passeports & autres tels actes qu’ils délivrent.

 MÉMOIRE du sieur Edme sur le commerce de la Rochelle & des autres provinces & isles circonvoisines.

LA ROCHELLE & PAYS D AUNIS contient cinq lieues de contour ; dans ce circuit l’on compte qu’il y a 84000 quartiers de vignes ; sçavoir 49000 quartiers de vignes à vins blancs & 35000 quartiers de vignes à vins rouges. Année commune chaque quartier de vignes à vin blanc rapporte trois tonneaux de vin.

Un quartier de vignes à vin rouge ne rapporte l’un dans l’autre qu’un tonneau de vin. De cette manière l’on compte que ces 84000 quartiers de vignes rapportent ordinairement chaque année 182.000 tonneaux de vin blanc & rouge ; la plus grande partie de ces vins blancs se brûle en eau de vie, le reste se consomme pour boisson des attisans & domestiques.

Quand la récolte est entière, elle peut doubler cette quantité.

Il se charge à la Rochelle, année commune, 14 à 15000 bariques d’eau de vie pour la Picardie, Normandie, Hollande & Angleterre : ce seul commerce fait mouvoir beaucoup d’argent, parce que les eaux de vie s’achètent argent comptant.

Celles qui s’envoient à l’étranger ou dans les provinces réputées étrangères, doivent au bureau des fermes de la Rochelle les droits ci-après, par barique de 27 veltes.

- Pour la sortie 3 L.
- Prévôté 1 L
- Jauge & courtage 1 L 13 s 9 d
- Soit 5 L 13 s 9 d
- Et les 4 s pour livre, 1 L 2 s 9 d
- Soit 6 L 16 s 6 d

Les eaux de vie qui sortent pour aller dans le royaume, ne doivent par barique de 27 veltes que 1 L 13 s 9 d
Et les 4 s pour livre qui montent à 6 s 9 d
Soit 2 L 6 d.

Il y a auprès de la Rochelle deux isles où l’on fait un commerce très-considérable, qui s’appellent, l’une l’isle de Rhé & l’autre l’isle d’Olleron

ISLE DE RHÉ

L’isle de Rhé contient six paroisses, la ville de Saint-Martin, la Flotte, Sainte-Marie, Ars, les Portes & Lays.

II se recueille, année commune, dans cette isle, 18000 tonneaux de vin, dont la huitième partie se consomme pour les habitans.

L’on compte qu’il s’y fait chaque année 10000 bariques d’eau-de-vie, qui s’embarquent pour l’étranger sans payer aucuns droits.

Il s’y fait aussi une grande quantité de sel qui se vend au cent

Le cent de sel est composé de 28 muids, qui font 25 tonneaux, chaque tonneau pèse au moins deux milliers.

Les marais salans de cette isle produisent, année commune, environ 34000 muids de sel, qui vaut environ 6 à 8 L le muid.

Chaque muid de sel ras paye au roi pour droit de sortie 4 L 10 s 3 d.

ISLE D’OLLERON

L’isle d’Olleron eft composée de six paroisses : l’endroit où est le château est la ville capitale ; les cinq autres paroisses s’appellent : Dolus, S. Pierre, S. Georges, S. Denis & S. Troyant dans les sables.

II se fait chaque année dans cette isle environ 4000 bariques d’eau-de-vie, qui payent pour la sortie dans le royaume 10 sols par barique & 20 sols pour l’étrager.

Les vaisseaux étrangers y vont souvent charger du sel, qui рaye les mêmes droits que ci-dessus.

SABLES D’OLLONNE

La ville des Sables d’Ollone & son élection contiennent 97 bourgs, villages ou hameaux dependans de l’intendance du Poitou.

Le plus grand commerce des Sables est uniquement la pêche de la morue du banc de Terre-Neuve par 70 ou 80 petits bâtimens d’environ 100 tonneaux chacun, partie desquels fait deux voyages par année ;il y a aussi 40 ou 50 chaloupes qui vont continuellement à la pêche du poisson de mer & à celle de la sardine dans la saison.

Il se fait aussi, année commune, environ 20000 muids de sel, qui sert en partie pour les bâtimens qui vont à la pêche de la morue, & qui ne paie aucuns droits ; mais celui qui se vend pour l’étranger ou provinces réputées étrangères paie 2 liv 12 s. par muid, mesure rase de Brouage

 COMMERCE MARITIME DE LA ROCHELLE

La Rochelle seroit l’une des villes les plus florissantes du royaume si ses port & havre n’étoient presque comblés de cailloux, pierres & vases, qui empêchent les vaisseaux marchands de faire un commerce plus étendu dans les isles de l Amérique. L’on ne peut exprimer la difficulté & les risques lorsque les bâtimens entrent ou sortent de son havre ; quoiqu’ils n’aient qu’un peu de lest dans leurs fonds, il faut attendre les grandes marées, encore se perd-il très souvent des vaisseaux par le peu d’eau qu’ils trouvent dans le canal, soit en entrant, ou en sortant.

Le commerce de mer de la Rochelle le plus considérable est celui de l’isle & côte de Saint-Domingue. Les armateurs envoient chaque année environ 22 vaisseaux, depuis 150 jusqu’à 250 tonneaux, dont la plus grande partie sont destinés pour le Cap Francois & Léogane, chargés de vin, eaux-de-vie, farine, bœuf d’Irlande, lard, chandelle &c. & d’autres marchandises seches pour l’usage & consommation des habitans. Les armateurs se déterminent rarement à envoyer leurs vaisseaux jusqu’à la Caille Saint-Louis & l’Isle à Vache, parce que les sucres sont moins bons qu’au Cap, & que les habitans les font trop attendre pour leurs payemens.

Les vaisseaux qui reviennent de la côte de Saint-Domingue, rapportent ordinairement de trois sortes de marchandises, du sucre brut, de l’indigo & des cuirs de taureaux ; il est rare de leur voir rapporter d’autres marchandises, à moins qu’elles ne proviennent des prises sur les Espagnols, sur les Interlopes-Anglois ou Hollandois ou sur les Forbans.

Le sucre brut paye au roi en arrivant 3 pour cent de l’évaluation, estimé à 17 L 12 s. par quintal net ; c’est le propriétaire qui paye ce droit & n’en doit aucun autre s’il le fait sortir du royaume pour l’étranger, ce qui arrive rarement, parce que la plus grande partie de tous les chargemens de sucre brut qui arrivent à la Rochelle se consomme pour les raffineries de cette ville ; ils se vendent depuis 25 jusqu’à 26 livres le quintal, suivant leur qualité, payables à différens termes de 3, 5 & 7 mois, à les prendre dans l’entrepôt, c’est-à-dire que l’acheteur s’oblige d’en payer les droits d’entrée au bureau des fermes, qui consistent, sçavoir ;

Chaque quintal de sucre paye 16 s. 8 d.
Les 4 s. pour liv de 16 s. 8 den. montent à 3 s.. 4 d.
Pour le domaine d’occident chaque quintal doit 1 L 13 s 4 d.

De manière qu’un quintal de sucre brut, non compris les trois pour cent, paye 1 L 13 s 4 d.

Lorsque ces sucres proviennent de vente de nègres, ils ne doivent que la moitié des droits de l’autre part, ce qui fait une différence de 26 s 8 d par quintal ; mais on exige toujours au bureau des fermes le droit de trois pour cent en entier.

Le sucre blanc ou cassonade de Saint-Domingue paye à l’arrivée le droit de trois pour cent de l’évaluation qui est réglée à 28 liv. le quintal dont on déduit la tare à 17 pour cent ; si l’on envoie ces sucres à l’étranger, ils ne doivent aucun autre droit.

S’ils se vendent pour se débiter en France, ils payent au bureau des fermes les droits ci-après.

Comme ces banques qui contiennent les sucres bruts sont très pesantes le vendeur donne à l’acheteur 17 pour cent de tare & en outre quatre livres de trait рour chaque barique

Chaque quintal de sucre blanc doit au roi 6 L
Pour les quatre sols pour livre 1 L 4 s
Pour le domaine d’occident par quintal 2 L.

Ces sucres ou cassonades blanches se vendent suivant leur bonté & qualité depuis 35 jusqu’à 42 L le quintal net pris dans l entrepôt, c’est-à-dire que l’acheteur s’oblige encore de payer au bureau des fermes du roi les droits de 9 L 4 s mentionnés ci-dessus.

Le vendeur donne à l’acheteur 12 pour cent de tare par quintal à cause du poids de la banque & 4 L de trait par chaque barique

Afin de donner une idée parfaite à ceux qui ne sont pas instruits du commerce des sucres que les vaisseaux rapportent des isles de l’Amérique, & du profit que l’on fait sur les marchandises & denrées que l’on y envoie à fret, qui ordinairement n’excède pas de 50 à 70 pour cent, à moins d une disette extraordinaire, ce qui arrive rarement, pour lors l’on profite de l’occasion & l’on peut gagner jusqu’à cent pour cent.

Un particulier envoya à la Martinique les marchandises suivantes.

10 bariques de vin de Bordeaux faisant 5 tonneaux, revenant avec les frais, commission & droits de rivière, à raison de 220 L. le tonneau, fait la somme de 1100 L

50 barils de farine de Nérac à 25 L 10 s le baril, tous frais compris 1175

Pour le fret d’encombrement de douze tonneaux à 100 L, 1200

Port à bord du vaisseau & arrimage 20

Total 3495 L

Vente à la Martinique en troque de sucre blanc à 37 livres le quintal

SÇAVОIR

18 bariques de vin à 140 L la barique, les deux autres banques ayant servi pour remplissage ou ouillage, montent à 2520 L

50 barils de farine de Nérac à 60 L le baril montent à 3000

Soit 5520 L

Sur quoi à déduire pour magasinage, commission & autres dépendes 206 L 8 s.

Reste 5316 L 12 s

Paiement en sucre blanc ou cassonade

24 bariques de sucre blanc, pesant ensemble net 14000 l [poids] à 37 L le quintal, font la somme de 518 L

Pour divers frais & port à bord, 133 L 12 s.

Soit 5313 L 12 s.

Reception & vente desdites 24 bariques de sucre à la Rochelle

Vendu à M… 24 bariques de sucre blanc, payables comptant, prises dans l’entrepôt pesant soit 15440 L

Déduction de 12 pour cent : 1853 L

Trait à 4 liv par barique : 96 l

Soit 1949 l

Net 13491 l à 35 L 18 s le quintal, 4843 L 5 s.

Frais faits pour réception & vente desdits sucres à la Rochelle

Pour les porter au bureau & dans le magasin 14 L 12 s.

Pour les avaries ordinaires & extraordinaires 72 L 10 s

Pour les droits de trois pour cent 98 L 16 s

Pour le fret à un sol de la livre, 14 pour cent déduit, 663 L 18 s

Pour le poids du roi 3 L 15 s.

Aux portefaix pour les peser 3 L 5 s.

Aux commis de l’entrepôt 6 L

Pour la commission à deux pour cent de la vente 96 L 17 s 3 d

Ports de lettres & magasinage 12

Total des droits 971 L 12 s 3 d.

Total du produit net des sucres 3871 L 12 s 3 d

Net produit 3871 L 12 s

Achat 3495 L

Profit 376 L 12 s.

Si ce particulier avoit fait assurer pour l’aller & le retour, il lui en auroit coûté 10 pour cent, ce qui auroit absorbé le gain qu’il a fait sur ses denrées.

Quoique ce profit paroisse modique, comme il est véritablement, il est encore à proportion plus favorable que celui qu’ont fait les armateur depuis trois années consécutives. Plusieurs ont perdu des sommes considérables sur leurs armemens ; si leurs vaisseaux n’avoient pas rapporté des sucres & indigo à fret à très-haut prix, la plupart n’auroient pu continuer leurs armemens ; c’est ce seul article qui les a soutenus dans leur commerce maritime ; & l’on peut avancer en général que ceux qui ont eu le plus de bonheur, n’ont pas gagné au dessus de 15 à 25 pour cent ; les gros frais que les armateurs sont obligés de faire, tant en France qu’à l’Amérique, les droits du roi, les assurances, & le haut prix que les habitans de l’Amérique vendent leur sucre & indigo, causent une perte considérable sur les retours & denrées que l’on rapporte, à cause des déchets ordinaires sur ces sortes de marchandises, qui sont au moins évalués à 6 pour cent.

 Du commerce de l’indigo

L’indigo que les vaisseaux rapportent de Saint-Domingue, est de deux qualités, que l’on appelle vulgairement cuivré & bleu ; ce dernier est plus estimé & vaut ordinairement huit sols par livre plus que le cuivré, s’il est tout bleu sans être mêlé.

L’indigo pris à Saint-Domingue en l’année 1727, a coûté depuis 52 s. jusqu’à 58 s.

Le beau cuivré s’est vendu hors de l’entrepôt, de 3 L à 3 L 2 s. la livre ; le bleu sans être mêlé, depuis 3 L 6 s jusqu’à 3 L 10 s.

Lorsqu’on vend l’indigo, l’on le pèse net, c’est à dire qu’on le renverse sur une toile afin de peser la barique séparément pour en faire la tare.

Le vendeur fait à l’acheteur une déduction de 2 pour cent sur le total du montant de la vente.

L’indigo de la Grenade ou de la Martinique est plus commun que celui de Saint-Domingue & se vend 8 à 10 s. par livre de moins à cause de sa qualité inférieure.

L’indigo paie à son arrivée trois pour cent de l’évaluation estimée à 46 s. la livre ; en outre 5 livres par quintal, & les 4 sols pour livre.

Les cuirs tannés paient au roi les droits de trois pour cent de l’évaluation à 48 liv. le quintal ; ceux en poil paient les trois pour cent de l’évaluation à 5 liv 10 sols par cuir ; ils se vendent ordinairement de 6 à 7 liv. selon leur plus ou moins de pesanteur

 Commerce de la Rochelle avec Сayenne

Les armateurs de la Rochelle n’envoient chaque année qu’un ou deux petits vaisseaux à Cayenne qu’ils chargent devin, eaux-de-vie, farine, chandelle & d’autres marchandises seches propres pour l’habillement & consommation des habitans ; ils rapportent en retour du sucre blanc ou cassonnade, du sucre terré & du rocou en pain & en masse.

Le sucre blanc vaut à Cayenne depuis 25 L jusqu’à 30 L le quintal net.

Le sucre terré depuis 17 jusqu’à 20 liv. le quintal net.

Le rocou en pain, de 15 à 16 sols la livre ; celui en masse, de 14 à 15 sols la livre : II se fait un déchet d’environ quinze pour cent sur cette marchandise, de l’Amérique en France.

Le sucre blanc ou cassonnade de Cayenne, s’est vendu en l’année 1717, depuis 30 jusqu’à 33 liv le quintal, suivant sa qualité, pris dans l entrepôt à la tare de dix sept pour cent & de 4 livres de trait par chaque barique, payable à différens termes.

Ce sucre paie à son arrivée trois pour cent de l’évaluation au bureau des fermes du roi, qui est estimé à 22 liv 8 s le quintal à la tare de dix-sept pour cent. S’il se consomme dans le royaume, il paie 4 L Far quintal & les 4 sols pour livre. S’il fort pour l’étranger, il est exempt de ce droit ; le suc brut de Caïenne paie les trois pour cent de l’évaluation à 17 L 12 sols le quintal.

Le rocou s’est vendu en 1717, pris dans l’entrepôt depuis, 22 jusqu’à 25 s la livre, à la tare de dix sept pour cent, & de 4 liv de trait par barique. Celui qui est en pain vaut quelquefois 1 s. par livre plus que celui qui est en masse.

Tous les droits du rocou montent à 6 den. par livre pesant, ou de 50 s. par quintal, ce qui revient au même.

Le rocou n’est pas d’un grand débit en France, plus on le garde & plus l’on trouve de déchet ; parce que ce n’est qu’une pâte qui seche continuellement.

 Commerce de la Rochelle aux Isles de la Martinique, la Grenade et la Guadeloupe.

L’on apporte ordinairement à ces trois isles les marchandises & denrées mentionnées dans ce Dictionnaire, qu’il est inutile de répéter ici
Les marchandises les plus ordinaires que l’on rapporte en retours de ces trois isles, sont les sucres blancs, du coton en balles, & du cacao.
Le sucre blanc paie les trois pour cent à son arrivée, qui sont évalués à 28 L le quintal, à la tare de dix sept pour cent.
S’il se débite en France, il doit 9 L 4 s de droits par quintal, à la tare de quatorze pour cent.
Le coton de la Martinique & de la Guadeloupe paie les trois pour cent d’évaluation à 81 L 10 s par quintal, l’on déduit pour la tare 7 L par balle.
Les droits d’entrée sont à 30 s. par quintal & les 4 s pour livre.
Le cacao de la Martinique, Grenade & ацtгеs endroits des Colonies Francoises, paie les trois pour cent à l’estimation de 72 liv le cent : l’on déduit la tare à 80 liv par boucaut, à 60 livres par barrique, à 40 liv par tierçon, à 30 liv par quart & à 15 liv par ancre ou demi-quart. Les droits d’entrée se paient à 10 liv du cent, & les 4 sols pour livre.

 Rafineries de la Rochelle.

II y a dans la ville de la Rochelle douze belles rafineries, qui peuvent faire chacune tous les mois environ vingt milliers de sucre blanc en pain ; les unes un peu plus, les autres moins. Ces sucres ne doivent aucuns droits au bureau des fermes pour la sortie, ils se chargent en boucauts pour une partie du royaume sur des rouliers ; ceux destinés pour la Picardie & la Flandre se chargent en temps de paix par mer. Le prix du sucre blanc, depuis longtemps est depuis 65, jusqu’à 70 L le quintal pris dans la Rochelle.

 Observation

Je ne parlerai pas ici de quelle manière se fait le sucre blanc rafiné, parce qu’elle est parfaitement détaillée dans le Dictionnaire, où il est fait mention que le sentiment de plusieurs sçavans des derniers siècles, ont été partages sur la question de sçavoir : si les cannes à sucre sont originaires des Indes Occidentales, ou si elles ont été apportées des Indes Orientales ; je crois qu’elles ont pu se trouver également & naturellement dans ces deux parties si éloignées l’une de l’autre, par les raisons que je vais détailler.

On ne sçauroit douter que les peuples Orientaux & Chinois ont été les premiers qui ont trouvé la manière de rafiner le suc des cannes en sucre candi, & qu’ils le font ordinairement mieux, & moins sujets à se rendre humides que celui qui se fait en Europe.

J’ai fait trois voyages le long des côtes d’Afrique ; le premier fut dans le vaisseau l’Opiniâtre, en l’année 1703, à Loango de Roirie situé par les quatre degrés & demi Sud de la ligne èquinoxiale ; je faisois la traitte des nègres à deux lieues de la côte de la mer pour la compagnie de l’Affrento ; je fus fort étonné de voir plusieurs nègres habitans de ce lieu, qui mâchoient & suçoient des cannes à sucre : je demandai à ces nègres s’ils les cultivoient ou si elles venoient naturellement. Ils me répondirent qu’ils ne les cultivoient pas, & qu’il y en avoit une grande quantité auprès d’une petite rivière. Je dis à un de ces nègres de m’en aller chercher ; il revint six heures après m’apporter un très gros fagot de ces cannes qui n’étoient pas fort remplies de suc, qui avoient quatre à cinq pouces de grosseur & de cinq pieds de longueur. II est à présumer que les cannes a sucre bâtardes ont pu se trouver naturellement dans les pays chauds, puisqu’il s’en trouve dans cette partie de l’Afrique, qui viennent sans être cultivées, dont les nègres ne font d’autre usage que de les mâcher pour en avaler le suc.

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