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Poids, et mesures en Saintonge, Aunis et Angoumois
samedi 8 juillet 2006, par , 13593 visites.
Un diaporama sur la velte de Matha, par Marius Rouger.
En 1810, Jean-Pierre Bachasson, comte de Montalivet, est ministre de l’Intérieur. Il écrit à F. Gattey, membre du Conseil des Poids et Mesures pour le féliciter d’avoir publié une "Table des rapports des anciennes mesures agraires avec les nouvelles".
Dans sa lettre, il écrit : "pendant longtemps encore on aura besoin de connaître les rapports des anciennes Mesures agraires avec le nouvelles"
200 ans plus tard, nous avons toujours bien des difficultés à appréhender dans sa globalité cet aspect tout à fait typique de la vie sous l’Ancien régime.
Car on trouve presque autant de mesures que de seigneurs, des textes réglementaires qui restent lettre morte, des mesures-étalon qui varient dans le temps, avec au final une vie quotidienne compliquée et un lourd handicap pour le commerce.
Même la Révolution ne parviendra pas à faire changer les choses. Finalement, c’est comme pour le passage à l’Euro. Il faut une génération au moins (30 ans) pour que les habitudes changent !
Voir aussi :
17ème siècle en Saintonge : l’exemple de l’arpent
Evolution des prix du 16ème au 19ème siècle en Saintonge
Pour les raisons qui viennent d’être évoquées, les conversions en mesures actuelles proposées ici sont à prendre avec une très grande prudence.
Voir aussi, en conclusion de cette page, les balbutiements du système métrique
En 1790, Claude-Antoine PRIEUR-DUVERNOIS, officier du Génie, rédige un "mémoire sur la nécessité et les moyens de rendre uniforme les mesures dans tout le royaume". Le sujet était particulièrement ardu, car le système des poids et mesures était caractérisé par une diversité à peine imaginable.
Le système métrique a été institué par les lois du 18 germinal an 3 et du 19 frimaire an 8 mais, dans les faits, c’est seulement à partir du 01/01/1840 que tous les poids et mesures anciens furent définitivement interdits sous peine de pénalités. Il aura fallu près de 36 ans pour que le nouveau système entre effectivement en application.
Jusqu’à la révolution, quelques unités de mesure étaient à peu près communes à l’ensemble de la France, mais seulement par leur nom, leur contenu étant variable selon les provinces et les lieux.
Cette variabilité des mesures pose de nombreux problèmes dans la vie quotidienne. Elle est un frein aux échanges, et une source de contestation qui apparaîtra de façon générale lors de la réaction des cahiers de doléances en mars 1789.
Et pourtant, les tentatives du pouvoir royal, puis impérial, pour remédier à cette situation n’ont pas manqué :
en octobre 1557, édit de Henri II, concernant les mesures de Paris,
31 août 1558, déclaration du même roi, pour l’ensemble du royaume.
Chaque tentative se heurte aux habitudes et aux "avantages acquis" seigneuriaux.
Pour limiter la dérive (les seigneurs ayant une tendance naturelle à augmenter subrepticement la taille des mesures-étalon pour améliorer leurs revenus), on leur impose de fabriquer leurs étalons "en dur", de les exposer sur les places publiques, et d’en déposer les cotes au greffe de la sénéchaussée.
Mais, jusqu’à la Révolution, le domaine des poids et mesure restera cahotique.
Dans la liste ci-dessous, on trouvera ces unités de mesure à peu près communes par le nom mais différentes par la valeur, selon les lieux et les époques.
Poids
quintal - 1 quintal = 100 livres = 48,95 kg
livre
- 1 livre de poids = 12 onces
- 1 livre de poids de marc = 2 marcs = 16 onces = environ 489,5 grammes.
marc - 1 marc = 1/2 livre = 8 onces = environ 244,8 grammes.
once - 1 once = 1/16e de livre = environ 30,594 grammes.
gros ou treizeau - 1 gros = 1/128e de livre = 1/8e d’once = 3,824 grammes.
esterlin (à l’usage des bijoutiers) - 1 esterlin = 1,530 grammes.
denier ou scrupule - 1 denier = 1/384e de livre = 1/24e d’once = 1,275 grammes.
maille ou obole (à l’usage des bijoutiers) - 1 maille = 764,852 milligrammes.
felin (à l’usage des bijoutiers) - 1 felin = 382,426 milligrammes
carat (à l’usage des bijoutiers) - 1 carat = 1/3 d’obole = 254,951 milligrammes.
grain - 1 grain = 1/24e de denier = 53,114 milligrammes.
prime - 1 prime = 1/24e de grain = 2,213 milligrammes
Longueur
lieue terrestre,
lieue de poste,
lieue marine,
mille marin,
encablure,
journal,
perche commune,
perche des eaux et forêts,
latte de Guyenne : égale à 7 pieds de Guyenne, soit 2,497 m ? Arpentage de 1684 à Saint-Même : « 784 lattes de Guyenne qui font 1.448 toises de Guyenne, chaque toise de 6 pieds de Guyenne »
latte de Saintonge : 1,846 toises de Guyenne, soit de 3,82 m à 3,89 m
toise dite des maçons (avant 1667) : 1,9595 m
toise dite du Châtelet (à partir de 1667) : 6 pieds de Roi, soit 1,949 m
toise : en Guyenne, vaut 6 pieds de Guyenne, et selon les lieux, de 6 pieds 4 pouces 6 lignes de Roi à 6 pieds 6 pouces de Roi soit de 2,07 m à 2,11 m.
brasse : environ 5 pieds, soit env. 1,62 m
aune : mesure à peu près standard en France, elle sert principalement pour les tissus. Fixée par François 1er en 1544 à la valeur de 3 pieds 7 pouces 8 lignes de la toise du Châtelet, soit 118,84 cm. Redéfinie en 1667, puis en 1745 (3 pieds 7 pouces 10 lignes et 5/6e de ligne) : l’aune garde toujours la même longueur, mais c’est la toise-étalon qui change de longueur.
pas : mesure approximative, comprise entre 2 et 3 pieds
pied de Guyenne : en théorie, mais pas en pratique, vaut 13 pouces de Roi, soit 35,17 cm. Le document de 1641 sur l’arpent semble indiquer un pied de 33,71 cm.
pied de Roi : 12 pouces de Roi, soit 32,47 cm
palme,
pouce de Roi : 12 lignes de Roi, soit 27,06 mm
doigt,
ligne de Roi : 12 points, soit 2,255 mm
trait
point : 0,1879166 mm
Superficie
journal : mesure agraire la plus employée, ayant pour origine la surface qui peut être travaillée en une journée, donc une mesure approximative, qui varie selon la nature du terrain (+ petit en région pentue) et l’énergie du journalier. Voir les différentes définitions utilisées en Saintonge. En simplifiant à l’extrème, aux environs de 1/3 d’hectare.
carreau (Saintonge) : carré de côté égal à 12 pieds de Guyenne (144 pieds de Guyenne carrés).
arpent ou quartier : ancienne mesure gauloise, connue dès le Ier siècle. En général, vaut 100 perches carrées.
arpent de Roi : 0,4221 ha. Peu utilisé en zone rurale
Voir source de 1641 sur l’arpent en Saintonge, avec essai de synthèse ci-dessous.
Valeur de l’arpent dans les châtellenies de Saintonge en 1641 | en pas carrés | en pieds carrés | en journaux et carreaux |
---|---|---|---|
Saintes (église), St Jean d’Angély, Benon, Fontenay, Tonnay-Boutonne, Tonnay-Charente | 72 | 252 | 2 jx 10 cx |
Aulnay, Soubise | 75 | 262,5 | 2 jx 27 cx |
Saintes (châtellenie), Talmont, Richemont, Royan, Parcoul, Champagne, Nancras, Saujon | 85 | 297,5 | 2 jx 190 cx |
Pons, Plassac, Le Viroul, Conac, Montendre, Barbezieux, Chalais, Coyron, Broussac, Archiac, Jonzac, Saint-Magrin, Vougezac (?), Montbouyer, Ozillac, Fontaines, Montlieu, Montignac-Charente, Pont-l’Abbé, Mortagne, Matha, Taillebourg, Rochefort | 90 | 315 | 3 jx 50 cx |
perche carrée,
toise carrée,
palme carrée,
boisselée,
pied carré,
doigt carré,
pouce carré (pouce de Roi) : 7,3275 cm2
trait carré
Volume
toise cube,
corde,
voie,
pièce,
pied cube,
pouce cube (pouce de Roi) : 19,835 cm3
ligne cube
Capacité (liquides)
tonneau : à Cognac, l’unité de vente courante est le tonneau de 4 barriques, contenant chacune 28 veltes de 7,4506 l, soit un volume de 834,467 l pour le tonneau
boucaut : en Saintonge, grande futaille contenant 3 barriques
pipe : celle de Cognac fait 465 = 2 barriques ?l (voir plus bas : Mesures de Cognac et de Merpins)
tierçon : fût d’environ 440 litres (de 60 à 62 veltes)
barrique : selon les lieux, de 200 à 500 l. A Angoulême, la barrique équivaut à 168 pintes, soit 202,30 l..
queue : Encyclopédie, s. f. (Mesure de liquides) particulierement pour les vins dont on se sert en plusieurs endroits, provinces & villes de France. Les queues d’Orléans, de Blois, de Nuys, de Dijon, de Mâcon, sont semblables & reviennent à un muid & demi de Paris, c’est-à-dire qu’elles contiennent chacune 420 pintes de Paris. Savary. (D. J.)
Il semblerait que barrique et queue sont des synonymes (ce point reste à vérifier)
La barrique
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quartaut ou quartaud : 1/4 de barrique, soit de 50 à 125 l selon le lieu
seau ou seilleau (Saintonge) : mesure approximative
velte : 3 pots ou 6 pintes ; à Cognac, 7,4506 l. A Angoulême, elle vaut 8 pintes de Paris. (voir encadré ci-dessus et diaporama ci-dessous)
Un diaporama sur la velte de Matha, par Marius Rouger Clic sur l’image pour avoir la suivante Un diaporama sur la velte Par Marius Rouger
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pot ou quarte : 2 pintes
pinte : varie entre 0,9 et 1,9 l.
La pinte
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chopine : 4 roquilles soit environ 48 cl. A Paris, la chopine était aussi appelée setier, à ne pas confondre avec le setier, mesure plutôt utilisée pour les grains.
cannette
roquille : environ 12 cl. Dans l’inventaire (1787) du château d’Ecoyeux, les bouteilles ont une contenance de 3 roquilles, ce qui ferait 36 cl.
canon : 1/2 roquille, appelée alors demi-posson
Capacité (farine et grains)
pipe : à Angoulême, la pipe fait 12 boisseaux, soit 664,02 l
pochée : mesure approximative, le contenu d’un sac. Dans un inventaire présenté sur ce site, il est indiqué qu’une pochée contient 3 boisseaux mesure de Saintes
boisseau de Paris après 1669 : 13,01 l
boisseau : son volume varie selon la seigneurie, avec des extrèmes qui sont dans un rapport de 1 à 2,7 : voir encadré ci-dessous
mesure : à Angoulême, 1/16e de boisseau, soit 3,4584 l. A Cognac, 1/8e de boisseau
picotin : à Antezant, 1/10e de boisseau, soit 2,5 l.
jointée : mesure approximative, quantité de grain qui peut être contenue dans le creux des deux mains jointes
Le boisseau
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Le boisseau de Brouage, utilisé comme mesure de référence pour le commerce du sel, est défini par décision royale (Louis XV).
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Mesures de Cognac et Merpins (16) d’après le Cartulaire ou Livre Rouge de l’Hôtel de Ville de Cognac - 16ème siècle
Boisseau, seilleau, pinte, pipe, cuiller de minage, écuelle de moulin, aune, carrelure, darne
Le boyceau de Coingnac doibt contenir vingt huict pintes mesure de la ville dudict Coingnac.
Celuy de Merpins vingt neuf pintes. Ung seilleau doibt contenir dix pintes. Une pipe doibt contenir cinq cens pintes. La cuillere du mynage doibt contenir la trente deuxiesme partie dung boyceau. Lescuelle du moulin doibt contenir la seziesme partie dudict boyceau. Laulne de Coingnac doibt contenir troys piez et demy de long. Carreleure de cuyr marchande doibt contenir en tous sens dix points qui font douze poulces. Derne de saumon doibt contenir ceste mesure et la demie a lesquipolent. Derne de mesgre doibt contenir ceste mesure, et la demie a lesquipolent. |
La pinte de Cognac a une capacité de 0,9313 l (voir ci-dessus), ce qui donnerait les équivalences suivantes, qui semblent assez homogènes avec celles données plus haut :
Boisseau de Cognac : 28 x 0,9313 = 26,07 l Boisseau de Merpins : 29 x 0,9313 = 27,00 l Seilleau (seau) de Cognac : 10 x 0,9313 = 9,31 l Pipe de Cognac : 500 x 0,9313 = 465,65 l Cuiller du minage : 26,07 / 32 = 0,81 l Ecuelle de moulin : 26,07 / 16 = 1,63 l L’information ci-contre sur l’aune de Cognac contredit celle donnée plus haut sur le caractère "standard" de l’aune dans le royaume : l’aune de Cognac ferait donc 3,5 pieds soit 117,98 cm contre 118,84 cm pour l’aune standard, pourtant définie par François 1er, enfant de Cognac !!! Mais la définition donnée par le Livre Rouge est peut-être une approximation pour désigner l’aune standard. Darne de saumon et de maigre : Le type de ces deux mesures est représenté sur l’original par deux figures en cuivre, la première ayant en longueur sept centimètres, la seconde neuf centimètres. |
A côté de ces unités communes, chaque province, région, ville, seigneur (le droit de créer ses propres mesures faisait partie des droits seigneuriaux) avait développé son propre système de mesure.
Les balbutiements du système métrique
Sous l’empire napoléonien, en 1810, le système métrique institué le 18 Germinal An III (7 Avril 1795) a déjà 15 ans d’âge légal, mais il n’est pratiquement pas appliqué. Alors pour faciliter la transition l’administration impériale utilise une pédagogie particulière.
On donne aux nouvelles unités de mesure des noms qui contiennent les anciennes appellations :
Mesures de longueur |
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Type | Nom officiel | Nom « vulgaire » | Equivalence | Remplace |
Itinéraires | Myriamètre | Lieue métrique | 10.000 m 5,131 toises de Paris | |
Kilomètre | Mille métrique | 1.000 m 513 toises | ||
Hectomètre | remplace l’expression « portée de fusil » | 100 m | ||
Ordinaires | Décamètre | perche métrique linéaire | 10 m ou 31 pieds | |
Mètre | 3 pieds, 11 lignes 296/1000e | |||
Décimètre | palme | 3 pouces, 8 lignes du pied de roi | ||
Centimètre | doigt | 4,5 lignes | ||
Millimètre | trait | 44/100e de ligne | ||
Mesures de superficie |
||||
Type | Nom officiel | Nom « vulgaire » | Equivalence | Remplace |
Agraires | Hectare | arpent métrique | 10.000 m2 ou 1 arpent et 96 perches des eaux et forêts | |
Are | perche métrique carrée | 100 m2 ou 1 perche et 96/100e de perche de l’arpent des eaux et forêts | ||
Centiare | 1 m2 | |||
Ordinaires | Mètre carré | |||
Décimètre carré | palme carré | 1/100e de m2 | ||
Centimètre carré | doigt carré | 1/10.000e de m2 | ||
Millimètre carré | trait carré | 1/1.000.000e de m2 | ||
Géographiques | Myriamètre carré | lieue métrique carrée | carré de 10.000 m de côté | |
Kilomètre carré | mille carré | carré de 1.000 m de côté | ||
Mesures de solidité |
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Type | Nom officiel | Nom « vulgaire » | Equivalence | Remplace |
Stère | stère | cube d’un mètre de côté ou 29 pieds cubes | ||
Décastère | solive métrique | 1/10e de stère | solive, pièce, marque, cheville | |
Décimètre cube | palme cube | 1/1000e de m3 | ||
Centimètre cube | doigt cube | 1/1000e de dm3 | ||
Millimètre cube | trait cube | 1/1000e de cm3 | ||
Mesures de capacité |
||||
Type | Nom officiel | Nom « vulgaire » | Equivalence | Remplace |
Liquides | Kilolitre | pas de synonyme | 1.000 l ou 3 muids ¾ de Paris | muids, queues, bottes, pipes, barriques, busses, etc |
Hectolitre | pas de synonyme | 100 l ou 107 pintes ou 3/8 de muid de Paris | quartaut, charge, feuillette, demi-muids | |
Décalitre | velte métrique | 10 l ou 10 pintes ¾ de Paris | velte, setier, broc, dourg, coupe | |
Litre | pinte métrique | 1 dm3 ou 1 pinte et 7/100e de Paris | pinte, pot, canon | |
Décilitre | verre | 1/10e de litre ou un peu plus de 1/10e de la pinte de Paris | ||
Centilitre | pas de synonyme | 1/100e de litre ou 10 cm3 |
Messages
1. Ancien Régime - Poids, mesures, monnaies, 13 août 2006, 21:26, par Duguet
D’après les indications du notaire Mesgrier en 1601 et celles du notaire Feniou en 1768, on utilise la mesure d’Angoumois dans la châtellenie de Matha. L’instrument, appelé « gaule » par Feniou, compte 12 pieds. Le journal fait 200 carreaux. La valeur du pied n’est pas indiquée.
Dans « l’Angoumois à la fin de l’Ancien Régime », Munier étudie la question de la valeur du pied.
"Les Domaines de toute espèce, même les bois des particuliers, se mesurent au pied de Guienne, par carreaux et par journaux. Le carreau est un carré de douze pieds de Guienne ou une figure quelconque dont la surface peut être évaluée cent quarante-quatre pieds carrés de Guienne. Le journal est une étendue qui contient deux cens carreaux ou huit cent toises de Guienne. Cette mesure est la plus générale en Angoumois...
Il est étonnant que l’on soit indécis dans l’Angoumois sur l’exacte valeur du pied de Guienne ; les uns lui donnent neuf lignes de plus qu’au pied de Roi, les autres neuf lignes trois quarts, les troisièmes dix lignes, et les derniers réformateurs lui donnent un pouce de plus ; ce qui réduit la toise de Guienne à six pieds quatre pouces six lignes de Roi, à six pieds quatre pouces dix lignes et demie, à six pieds cinq pouces et à six pieds six pouces. On la comptoit autrefois à six pieds cinq pouces dans le Marquisat de Ruffec mais elle est fixée aujourd’hui à six pieds six pouces, ensuite de la vérification que le Seigneur a fait faire du pied de Guienne à Bordeaux, que l’on a trouvé être de treize pouces de Roi. On la compte de cette façon sur le Registre des Mesures déposé au Grêfe de la Sénéchaussée d’Angoulême, mais il y est observé que cette longueur n’a jamais été reçue dans la pratique." (Munier, L’Angoumois à la fin de l’Ancien Régime, reprint B. Sépulchre, p. 41).
Autrement dit, ce qu’on appelle mesure d’Angoumois est la mesure admise à la sénéchaussée d’Angoulême, au pied de 13 pouces de roi appelé pied de Guyenne, et cette mesure n’est pas observée dans les châtellenies. Ceci ne nous renseigne pas sur le pied de Matha.
Un arpentage effectué en 1684 à Saint-Même l’est au « pied de Guyenne » de 13 pouces de roi : « sept cens vingt quatre lattes de Guyenne qui font quatorze cens quarante huit toises de Guyenne, chaque toise de six pieds de Guyenne, chaque pied de Guyenne composé de treize poulces, car il y a un pouce de plus qu’au pied de roy (Archives Historiques Saintonge et Aunis, tome VIII, p. 101).
1. Ancien Régime - Poids, mesures, monnaies, 1er octobre 2006, 18:38, par Pascal
J’ai trouvé un acte de vente de terres à Ozillac (1665), qui met en doute ce beau système dodécagésimal, je cite :
“ung journauld de terre a compte (de) cent carreaux au journauld chascung carreau de dix huict pied en carré chascung carreaux [plutôt pied !] conpanze de douze pouce “.
Ce qui nous ferait pour un pied compté à 12 pouces du Roi, un carreau à 18 pieds x 18 pieds, un journal de 100 carreaux à 3419 mètres carrés.
Alors que, si j’en crois ce qui est dit dans cet article, pour un carreau à 12 pieds x 12 pieds, le journal de 200 carreaux vaut 3039 mètres carrés.
Donc, je crois qu’il est à peu près clair qu’un journal vaut un petit ou un gros tiers d’hectare, selon les sources, les lieux et les époques...
Mais qu’en est-il du carreau... vaut-il 12x12=144 ou 18x18=324 pieds carrés (cad. 15 ou 34 mètres carrés) ?
2. Ancien Régime - Poids, mesures, monnaies, 2 octobre 2006, 07:44, par duguet
3. Ancien Régime - Poids, mesures, monnaies, 2 octobre 2006, 10:13, par duguet
2. Saintonge - Economie - Poids, mesures, et monnaies, 18 octobre 2006, 12:11, par Christian Hervé
Boisseau : selon F. Julien-Labruyère (Paysans charentais, tome I, p. 257), il "varie de 22,10 l à Marennes à 58,99 l à Tonnay-Boutonne, avec une valeur moyenne se situant autour de 25 l à Saint-Savinien, Taillebourg, Pons, Rochefort, Tonnay-Charente, Saint-Jean d’Angély, Matha, Aulnay, Saintes, Cognac, Archiac, Montlieu et Montguyon, et de 45 l à Jarnac, Beauvais-sous-Matha et Oléron." Il renvoie à M. A. Gautier (que je n’ai pas) pour la Charente-Maritime et à Jean George pour la Charente ("Les mercuriales d’Angoulême, de Cognac et de Jarnac", in Mémoires et bulletins de la Société archéologique et historique de la Charente, BSAHC, 1920-21, page 15). Or celui-ci donne en fait, dans le BSAHC de 1920 et page 16 (!) des valeurs de "55 l. 335 pour Angoulême, 30 l. 870 pour Cognac et 49 l. 329 pour Jarnac".
Mais je pense qu’on trouverait un bon point de départ, pour cela et pour bien d’autres mesures, dans les Tables de comparaison entre les mesures anciennes du département de la Charente et celles qui les remplacent, "imprimées en l’an X et rédigées par une Commission dont faisaient partie Munier, ingénieur en chef du département, et Létourneau aîné, professeur de mathématiques à l’Ecole Centrale" (George, ibid., page 14). L’équivalent devrait d’ailleurs exister pour la Charente-Inférieure.
3. Poids, mesures et monnaies en Saintonge, Aunis et Angoumois, 30 septembre 2007, 20:32, par Brigitte
Mon propos est d’abord une question : Je ne vois nulle part dans les unités de surface la notion de LIVRES, or j’ai sous les yeux un texte fondé sur les archives du XVIIè siècles faisant allusion à cette mesure. En voici deux exemples parmi d’autres :
"Le 10 décembre 1601 Abraham Michel achetait moyennant 900 livres de Marie Beaudouin, veuve de Jean Berton le Jeune, trois livres de marais salants en la prise de la Tousche de Cuts en Arvert, tenus à trois sols de rente...."
"En 1624 Marie Constantin faisait construire onze livres douze aires de marais sur le chenal de Putet...."
Toute suggestion est la bienvenue. D’avance merci
1. Poids, mesures et monnaies en Saintonge, Aunis et Angoumois, 30 septembre 2007, 22:59, par Christian
Se fondant sur l’Enquête sur les sels (1866 ou 1868), t. I, page 510, Littré définit la livre comme "l’unité de mesure des marais comprenant 20 aires et leurs dépendances", l’aire étant "le plus petit des bassins carrés d’un marais salant".
2. Poids, mesures et monnaies en Saintonge, Aunis et Angoumois, 1er octobre 2007, 11:59
Merci
bravo pour la rapidité et la précision de la réponse
3. Poids, mesures et monnaies en Saintonge, Aunis et Angoumois, 3 octobre 2007, 09:51, par duguet
La livre ne figure pas dans les mesures de surface parce que ce n’en est pas une. L’aire non plus. L’aire est le bassin de cristallisation dans un marais salant. Dans un même marais, les aires sont à peu près égales mais cette caractéristique n’est pas prise en compte pour les évaluations des propriétés. Une propriété dans une saline se définit par le nombre des aires mais sa valeur dépend du rendement. Comme les propriétés dépassent presque toujours 20 aires, on parle de livres. La livre est alors la somme de 20 aires, contiguës ou non. Cette pratique pose la question de son origine. Pourquoi avoir choisi 20 aires ?