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1773 - Un beau projet pour rendre la Charente navigable de Civray (86) à Cognac (16)

jeudi 25 janvier 2018, par Pierre, 1484 visites.

Carte du cours de la rivière de Charente depuis Chenon jusqu’à La Terne dressée sur le rapport de Mr le Comte d’Eschoisi
Date : 17 juin 1726 - Source : BNF - Gallica

Un beau projet : rendre le fleuve Charente navigable depuis Civray (en Poitou) jusqu’à Cognac (de Cognac à la mer, c’est déjà réalisé). 160 km de rivière à dompter. Un projet tellement beau qu’il a traversé les siècles..., mais n’a jamais pu aboutir.
Le 20 septembre 1775, un Arrêt du Conseil ordonne l’exécution d’ouvrages pour rendre la rivière de la Charente navigable, depuis Civray jusqu’à Angoulême, et en perfectionner la navigation depuis Angoulême jusqu’à Cognac (voir le texte de cet arrêt)
Des études préalables avaient déjà été réalisées, comme le montre ce croquis ci-dessus fourni par le Comte d’Echoisy en 1726.
Les ingénieurs ont fait des plans, d’autres des croquis.
Nous avons retrouvé le projet mis en forme par Pierre Trésaguet (1716-1796), ingénieur en chef des ponts et chaussées de la généralité de Limoges, intitulé "Mémoire sur le projet relatif à la navigation de la Charente" et publié à Limoges le 6 janvier 1773.

Au-delà de son aspect technique, ce document est un exemple typique du travail des ingénieurs du XVIIIème siècle, avec ses plans minutieusement dessinés à la plume et à l’aquarelle.
74 ouvrages (principalement des écluses) sont proposés par Pierre Trésaguet sur le parcours sinueux du "plus beau fleuve du royaume"

Il se dit dans les salons que le Duc de La Rochefoucauld était farouchement opposé à ce projet : il n’aurait pas supporté d’exposer aux regards (ou plus) des gabariers ses beaux jardins de Verteuil. De mauvaises langues, sûrement...

Avec le pointeur de votre souris, survolez les images, et redonnez leur la vie que leur avait insufflé Pierre Tresaguet en 1773 (croquis des lieux avant et après travaux).

Au bas de cette page, un diaporama contenant quelque unes des images les plus significatives de ce document. J’y vais

Voir aussi : 1775 - Louis XVI veut améliorer la navigation sur le fleuve Charente

Source : BNF Gallica

  Sommaire  

Le fleuve Charente : la zone encadrée est celle concernée par le projet de Pierre Trésaguet.

 Une couverture... de poids

 Mémoire sur le projet relatif à la navigation de la Charente

Quelques extraits

Une rivière dont la pente est trop rapide ne peut être rendue navigable qu’en soutenant les eaux d’espace en espace par le moyen de digues et en ménageant dans ces digues des passages qui restent fermés habituellement pour soutenir les eaux et qu’on ouvre lorsqu’il est nécessaire de faire passer des bateaux pour les refermer immédiatement après.

Il y a deux manières connues de disposer ces passages par lesquels les bateaux doivent descendre du Canal supérieur dans l’inférieur, ou remonter de celuy ci dans l’autre : on peut faire à chaque chute des écluses ou sas à deux portes entre lesquelles le bateau monte ou descend avec l’eau qui entre du canal supérieur dans le sas, ou qui s’écoule du sas dans le canal inférieur ; ou bien l’on se contente de simples pertuis ou pas que le bateau franchit en descendant à l’aide du seul courant ou qu’il remonte malgré ce courant à l’aide de machines ou au moyen des efforts de plusieurs couples de boeufs ou de chevaux.
...
La rivière de Charente est précisément dans le cas dont on vient de parler. Sa rapidité, quoique trop forte pour qu’elle soit navigable sans art, n’est cependant pas excessive ; son cours est rempli de moulins, dont les chutes sont presque toutes au dessous de 3 pieds 1/2 et dont les intervalles forment de très beaux canaux suffisamment fournis d’eau en tout tems. Enfin son cours depuis Civray jusqu’à Cognac est continuellement bordé de prairies qui forment le fond d’un vallon très plat et très large. On s’est déterminé en conséquence à ne se servir que de pertuis pour la rendre navigable, à l’exception de trois endroits où la chute étant au dessus de 4 pieds, l’on sera obligé de construire des sas. Ces endroits sont la forge de Ruffec, la digue du moulin Minotte et celle de Lezay et Refoux.

Les pertuis tels qu’ils sont en usage sur la plupart des rivières navigables et en particulier sur la basse Charente ont de grands inconvénients qui en rendent le passage très difficile et souvent dangereux, soit pour les bateaux, soit pour les hommes qui manœuvrent.

Article 1er - Emplacement des écluses.

On s’est le plus souvent assujetti dans ce projet à se servir des canaux de dérivation des moulins pour épargner la dépense d’en ouvrir de nouveaux dans des prairies précieuses au milieu desquelles, comme on l’a déjà dit, la rivière serpente depuis Civray jusqu’à Cognac sans interruption sur 40 lieues environ de longueur en occupant par ses sinuosités toute la largeur du vallon qui a communément 1000 à 1200 toises d’un coteau à l’autre. Non seulement la fouille de ces nouveaux canaux auroit été fort chère, mais il auroit encore fallu sacrifier de très grandes sommes pour l’indemnité des terreins qu’on auroit pris pour leur emplacement.

Comme la rivière a presque partout sur ses bords la même profondeur à peu près que dans le milieu de son cours, on a profité de cette circonstance pour placer le plus souvent les pertuis sur le bord même de la rivière au point le plus haut des digues et le plus éloigné des moulins. Cette position réunit plusieurs avantages :
1- le passage des gabarres cause moins d’incommodité aux moulins et les fait chômer moins longtems
2- La manœuvre et le service de l’écluse et des bateaux en devient infiniment plus facile puisqu’un des bajoyers [1] tenant toujours au rivage, les matelots et les éclusiers n’ont aucune peine à aborder et à se placer sur les bajoyers pour ouvrir commodément les portes. De plus la puissance qui sert à remonter les bateaux se place à volonté dans l’endroit

 Ville et port de Civray, sur la rivière de Charente

 N° 1 Ecluse Minote

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 N° 2 Ecluse Dalidan

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 N° 3 Ecluses de Leret et de Réfoud

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 N° 4 Ecluse de Bridet

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 N° 5 Ecluse de Roche, sous les poiriers

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 N° 6 Ecluse de Comporté

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 N° 7 Ecluse de Saint Mascou

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 N° 8 Ecluse de Roche sous Nieul

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 N° 9 Ecluse de Mérane

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 N° 10 Ecluse du moulin du Rocq

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 N° 11 Ecluse de Chambe

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 N° 12 Ecluse du moulin Boutier

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 N° 13 Ecluse de Follemprise

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 N° 14 Ecluse du moulin de Lisle

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 N° 15 Ecluse à sas de la forge de Ruffec

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 N° 16 Ecluse de la Riche

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 N° 17 Ecluse de Guergueil

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 N° 18 Ecluse de Réfousson

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 N° 19 Ecluse de Condac

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 N° 20 Ecluse de Réjallant

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 N° 21 Ecluse de Montigny

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 N° 22 Ecluse d’Aiguependant

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 N° 23 Ecluse de Vilegard

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 N° 24 Ecluses de Vogué ou de Cuchet

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 N° 25 Ecluses et port de Verteuil

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 N° 26 Ecluse de Régner

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 N° 27 Ecluse de Roche

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 N° 28 Ecluse de Guégarnaud

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 N° 29 Ecluse du Geay

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 N° 30 Ecluse de Durant

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 N° 31 Ecluse de Bayers

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 N° 32 Ecluse de Ferrone

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 N° 33 Ecluse d’Aunac

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 N° 34 Ecluse de Moutonneau

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 N° 35 Ecluse de Fonclaireau

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 N° 36 Ecluse de Baudant

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 N° 37 Ecluse de Mansle

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 Moulin de Goué, ruiné, au dessous de Mansle

 N° 38 Ecluse de Chateaurenau

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 N° 39 Ecluse de Poux

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 N° 40 Ecluse du Moulin Neuf (Echoisy)

 N° 41 Ecluse du moulin de Grave

 N° 42 Ecluse de La Terne

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 N° 43 Ecluse de Villognon

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 N° 44 Ecluse d’Amberac

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 N° 45 Ecluse de Bissac

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 N° 46 Ecluse de la Chapelle

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 N° 47 Ecluse du Moulin Neuf

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 N° 48 Ecluse de Pontour

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 Moulin de Moulins

 N° 49 Ecluse de Vouharte

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 N° 50 Ecluse de Bignac

 N° 51 Ecluse de Basse

 N° 52 Ecluse de la Marchotte ou de Montignac

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 N° 53 Ecluse de Cez ou Parjot

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 N° 54 Ecluse de Marsac

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 Moulin de Guissal

 N° 55 Ecluse de Coursac

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 N° 56 Moulin de Vindelle

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 N° 57 Ecluse de Balzac

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 N° 58 Ecluse de Chalone

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 N° 59 Port et faubourg de l’Houmeau (Angoulême)

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 N° 60 Ecluse de Touverac

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 N° 61 Ecluse de Basseau

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 N° 62 Moulin de Fleurac

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 N° 63 Ecluse de Mote Charente

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 N° 64 Ecluse de St Hermine ou du Fâ

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 N° 65 Ecluse de Laliège

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 N° 66 Ecluse de Saint Simeux

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 N° 67 Ecluse de Malvit

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 N° 68 Moulins de Furet ou Châteauneuf

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 N° 69 Ecluse de Vibrac ou du Pont Bonet

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 N° 70 Ecluse du Pas du Loup

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 N° 71 Ecluse de Saintonge

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 N° 72 Moulin de Gondeville

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 N° 73 Partie du Parc et de la ville de Jarnac

 Partie de la ville de Cognac


Voir en ligne : Mémoire sur le projet relatif à la navigation de la Charente - Limoges ce 6 janvier 1773, Tresaguet

Portfolio


[1Un bajoyer est une des deux parois latérales d’une écluse. Il fait office de mur de soutènement des terres. Les bajoyers peuvent être en bois, en maçonnerie, en béton ou en métal.

Messages

  • Bonjour, ces documents sont extrêmement intéressants pour le chercheur en nautique fluviale que je suis. J’ai eu l’occasion d’étudier le "pertuis Trésaguet" en 1997 alors que je travaillais sur un ouvrage décrivant l’invention progressive de l’écluse, en partant du pertuis archaïque jusqu’à l’écluse "moderne" que nous connaissons. À l’époque, Internet n’existait pas et je me suis basé sur la description de plusieurs pages qu’en fait Jérôme Joseph de Lalande dans son ouvrage fameux "des canaux de navigation" en 1778. Sur ses indications (cotes, mesures, etc), j’ai pu élaborer des dessins montrant le fonctionnement de ce type de pertuis inventé par Trésaguet, et les dessins que vous publiez ici conforment que ma reconstitution était juste, ce qui fait plaisir, je l’avoue. Tout récemment, connaissant son existence par un ami, j’ai retrouvé l’ancienne écluse de Saintonge, tout près de l’actuelle et parallèle à elle, au prix d’un petit cheminement dans les ronces et les orties. Il semble que cet ouvrage du XVIIIe était une véritable écluse à sas et non un pertuis, aussi perfectionné soit-il. En sait-on plus sur les réalisations de Trésaguet ? En tous cas, merci d’avoir mis ces documents accessible au grand public. Cordialement. ChB

    Voir en ligne : Charles Berg

    • Bonjour Monsieur Berg,
      Merci pour votre message.
      Ce projet soutenu par l’intendant Turgot a tout d’une utopie comme on les aimait au XVIIIème siècle.
      Parcourant très fréquemment la route d’Angoulême à Limoges, je passe en un endroit appelé ’Pont-Sigoulant’, sur la Charente, à 2km de la rivière Vienne. J’imagine les gabarres chargées de futs d’eau-de-vie manœuvrant sur un fleuve qui fait à peine un mètre de largeur, lorsque le Duc de Larochefoucauld aura enfin daigné autoriser les gabariers à passer à travers ses jardins de Verteuil... Mais laissons la place au rêve.
      Cordialement.
      Pierre Collenot

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